Henri, Antonin Dubost

1842 - 1921

Informations générales
  • Né le 6 avril 1842 à L'arbresle (Rhône - France)
  • Décédé le 16 avril 1921 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 décembre 1880 au 14 octobre 1881
Département
Isère
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Isère
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 4 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Isère
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Isère
Groupe
Gauche radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 22 janvier 1897
Département
Isère
Groupe
Gauche radicale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 3 janvier 1897 au 6 janvier 1906
Sénateur
du 7 janvier 1906 au 10 janvier 1920
Sénateur
du 11 janvier 1920 au 16 avril 1921

Biographies

Député depuis 1880, né à l'Arbresle (Rhône) le 6 avril 1842, il fut clerc dans une étude d'avoué à Lyon, devint, à Paris, secrétaire de Bancel, collabora, sous l'Empire, aux journaux d'opposition, le Courrier français, la Marseillaise, et fut nommé, au 4 septembre 1870, secrétaire général de la préfecture de police.

Il quitta ce poste, le 18 octobre, ayant rejoint en ballon la délégation de Tours, fut nommé préfet de l'Orne (3 janvier 1871), tenta de défendre Alençon contre les Allemands, et donna sa démission deux mois après. Il était maire de la Tour-du-Pin, lorsque, le 7 février 1879, il devint chef du cabinet du ministre de la justice, M. Le Royer, puis conseiller d'Etat en service extraordinaire, et conseiller d'Etat en service ordinaire au bout d'un an, en quittant le ministère.

Conseiller général de la Tour du Pin (août 1880), il fut élu, le 19 décembre 1880, député de l'arrondissement de la Tour du Pin, à une élection partielle, en remplacement de M. Reymond, décédé, par 7,208 voix sur 14,500 votants et 18,269 inscrits, contre 6,998 voix à M. Bovier-Lapierre.

Il prit place à l'Union républicaine, prit la parole dans la discussion de la loi sur les syndicats professionnels (juin 1881), et, aux élections générales du 21 août 1881, fut réélu par 9,324 voix sur 11,880 votants et 18,600 inscrits, contre 1,245 voix à M. Bovier-Lapierre et 105 à M. de Virieu. Il reprit sa place à l'Union républicaine, parla sur le droit d'exclure de France les réfugiés politiques (juin 1882); fut rapporteur (juillet) de la commission d'organisation du protectorat en Tunisie; combattit le contre-projet de mairie centrale de Paris présenté par M. Sigismond Lacroix (novembre 1883); fit adopter dans la loi sur les attroupements un amendement appliquant la loi du 7 août 1848 (février 1884); fut rapporteur de la convention franco-tunisienne du 8 juin 1883 (avril 1884), ainsi que du projet de loi sur la caisse des lycées, collèges et écoles primaires (janvier 1885), et du traité du 9 juin 1885 avec la Chine. Il fit partie de la commission du budget, et fut rapporteur des budgets de l'instruction publique et de l'intérieur, etc.

Aux élections générales du 4 octobre 1885, porté sur une liste de concentration républicaine dans l'Isère, il fut réélu, le 3e sur 9, par 62,268 voix sur 112,659 votants et 162,975 inscrits ; il continua de soutenir les ministères opportunistes, vota l'expulsion des princes (juin 1886), et attaqua vivement (février 1887) la surtaxe de 5 francs proposée sur le froment importé. Dans la dernière session, il s'est prononcé

- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement,
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution (chute du ministère Floquet),
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.

On a de lui : Les suspects en 1858 (1869). Des conditions du gouvernement en France (1875). Danton et la politique contemporaine (1883). La situation actuelle et le régime parlementaire (1883).


Né le 6 avril 1842 à l'Arbresle (Rhône), mort le 16 avril 1921 à Paris.

Député de l'Isère de 1880 à 1897. Sénateur de l'Isère de 1897 à 1921.

Ministre de la Justice du 3 décembre 1893 au 30 mai 1894. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 428.)

Il fut réélu aux élections générales législatives du 22 septembre 1889, au premier tour de scrutin, par 9.748 voix contre 3.922 à M. Biessy, sur 14.142 votants. Au cours de cette législature, il appartint à de nombreuses Commissions, dont celle du budget (1890, 1892 et 1893). Spécialiste des questions financières, rapporteur, entre autres, des projets de loi concernant des ouvertures et annulations de crédits sur les exercices 1889, 1890, 1892 et 1893, rapporteur général des budgets des exercices 1893 et 1894 à la discussion desquels il prit une part active, il s'intéressa aussi au projet de loi, adopté par le Sénat, approuvant la convention franco-belge du 30 juillet 1889 relative au service militaire dans les deux pays et dont il rédigea le rapport, ainsi qu'à des pro jets de loi concernant les articles 8 et 9 du Code civil, à la discussion desquels il participa.

Réélu aux élections générales du 20 août 1893 au premier tour de scrutin, par 7.780 voix contre 4.144 à M. Biessy et 2.352 à M. Chenavaz, sur 14.414 votants, il entra, le 3 décembre 1893, dans le Cabinet de Casimir Périer en qualité de Ministre de la Justice. Son court passage aux affaires - le Cabinet ne dura que jusqu'au 30 mai 1894 - fut marqué notamment par l'application des lois sur l'anarchie et par la présentation d'un projet de réforme de la procédure civile.

A la démission du Cabinet, il reprit sa place de député et s'intéressa de nouveau aux questions financières : membre de la Commission du budget pour les exercices 1895 et 1897, rapports sur divers projets de loi, notamment sur la révision des patentes (1895) et discussion du budget de l'exercice 1896.

Il devait donner sa démission de député le 22 janvier 1897, après s'être présenté au renouvellement sénatorial du 3 janvier 1897, dans l'Isère sur une liste républicaine, avec MM. de Rey et Durand-Savoyat ; il fut élu au premier tour, le troisième avec 690 voix sur 1.209 votants. Il ne devait plus quitter le Sénat jusqu'à sa mort. Il fut en effet réélu au renouvellement du 7 janvier 1906, par 986 voix sur 1.206 votants au premier tour de scrutin, ainsi qu'au renouvellement du 11 janvier 1920, au deuxième tour de scrutin, par 748 voix sur 1.180 votants.

Inscrit au groupe de la gauche radicale et radicale-socialiste, son activité dans cette Assemblée fut considérable et tout entière axée sur les questions budgétaires, financières et économiques.

Siégeant à la Commission des finances, dont il devint rapporteur général en 1900, il présenta notamment un rapport sur le privilège de la Banque de France, prit la parole dans la discussion de la proposition de loi sur la réforme du régime de prestations, fut rapporteur de la Commission spéciale chargée de l'examen du projet de loi tendant à modifier certains articles de la loi de 1870 sur les conseils généraux, et prit également part à la discussion du budget général des recettes et des dépenses pour l'exercice 1899.

On lui doit encore un rapport sur le projet de loi ouvrant un crédit extraordinaire pour la reconstruction du Théâtre français et un projet de loi ouvrant un crédit pour l'installation provisoire de la Comédie française et du second théâtre français Odéon.

Devenu rapporteur général, son inlassable activité lui fit présenter, en plus du rapport général, chaque année, de nombreux autres rapports sur tous les projets de loi ayant des incidences financières.

Il intervint ainsi ès-qualités dans la discussion de divers projets de loi ouvrant des crédits comme suite aux événements de Chine. Il soutint également une proposition de loi tendant à l'érection d'un monument à la mémoire des Alsaciens-Lorrains morts pour la France, en 1870-1871. On le vit rapporter un projet de loi ouvrant un crédit au ministère des Beaux-Arts pour célébrer le centenaire de Victor Hugo et un autre projet de loi allant dans le même sens pour célébrer le centenaire d'Edgar Quinet.

On le vit encore soutenir une demande de crédits affectés au Ministère des Affaires étrangères pour le voyage en Russie du président de la République Emile Loubet, en 1902. Il s'occupa enfin de l'assistance aux vieillards, infirmes et incurables, de l'exposition de Liège, de la durée de la journée de travail dans les manufactures de l'Etat. Il vota pour le projet de loi portant séparation de l'Eglise et de l'Etat.

M. Armand Fallières ayant été élu Président de la République, le poste de Président du Sénat était devenu vacant. Antonin Dubost fut porté au fauteuil le 16 février 1906 par 241 voix sur 262 votants, sans opposant. Il fut réélu à ce poste sans interruption jusqu'en 1920 et présida presque toutes les séances.

Du haut de sa tribune, il prononça alors de nombreuses allocutions au sujet d'événements importants de la vie nationale et internationale, et, notamment lors de la catastrophe minière de Courrière, lors de la catastrophe de la Jamaïque, lors de la mort du poète italien Carducci, à l'occasion de la perte des sous-marins Pluviose et Vendémiaire et de la catastrophe de la Liberté.

Il dit l'émotion du Sénat lors de l'attentat commis contre la famille royale d'Italie en mars 1912, lors de l'assassinat du roi de Grèce en mars 1913.

En 1914, la France entre dans la guerre pour plus de quatre ans et les allocutions que le président Dubost prononça alors sont toutes marquées de sa foi en la victoire finale.

Dès l'annonce de la déclaration de guerre, répondant à une communication lue par M. Bienvenu-Martin, Garde des Sceaux, au nom du Président de la République, et à une déclaration de M. Viviani, président du Conseil, il assure le Gouvernement et la « Nation armée » du soutien du Sénat. Puis, il ajourna l'assemblée sine die.

A partir de la session suivante, et particulièrement au moment de ses réélections successives comme président, il prononça des allocutions marquées d'un haut sentiment patriotique ; se souvenant qu'il fut longtemps rapporteur général de la Commission des finances, il ne manqua jamais de souligner que la nation ne pouvait mieux répondre au courage des combattants qu'en se dotant de finances saines qui pouvaient seules permettre d'intensifier l'effort de guerre.

En 1917, il s'empressa de saluer le retour du sénateur de l'Oise Noël et du sénateur du Nord Dehove, l'un gardé comme otage, l'autre retenu dans les pays envahis. Il adressa les vœux du Sénat au Gouvernement constitutionnel de Russie et prononça une allocution en l'honneur de la République des Etats-Unis.

En 1918, il salua la libération des provinces françaises envahies, le retour à l'Italie, à la Serbie, à la Grèce, des provinces enlevées. Il put enfin se réjouir, avec la France entière, à l'annonce de l'armistice du 11 novembre et rendit à cette occasion un solennel hommage aux combattants, auquel s'associa le président du Conseil Georges Clemenceau.

Le 13 janvier 1920, il fut réélu sénateur en deuxième position, par 748 voix sur 1.180 votants. Lors du scrutin pour le poste de président du Sénat, il n'obtint au premier tour que 103 voix contre 122 à Léon Bourgeois, alors représentant de la France à la Société des Nations, la majorité absolue requise étant de 124 voix. Au deuxième tour, la majorité absolue étant de 137 voix, Léon Bourgeois en obtint 147, tandis qu'Antonin Dubost ne recueillait que 125 suffrages.

Redevenu simple sénateur, il développa presque aussitôt une interpellation sur la politique financière du Gouvernement, le 14 avril, et fut dès le 19 novembre élu membre de la Commission des affaires étrangères. Il était déjà redevenu membre de la Commission des finances.

Le 16 avril 1921, le président Léon Bourgeois, son adversaire d'hier au fauteuil présidentiel, annonça le décès d'Antonin Dubost survenu le même jour et prononça son éloge funèbre. Il rappela la « longue et admirable carrière » de celui qui « pendant quatorze ans, dirigea les travaux du Sénat avec tant d'autorité et de dévouement... ». Il salua « le républicain de la première heure », « le patriote ardent », et résuma une vie « tout entière vouée à la défense de la République et de la patrie ».

Antonin Dubost, qui avait publié plusieurs ouvrages : Les suspects (1858), Des conditions du Gouvernement en France (1875), Danton et la politique contemporaine (1880), La situation actuelle et le régime parlementaire (1889), Danton et les massacres de septembre (1884), était alors âgé de 79 ans.