Jean Ferracci

1884 - 1950

Informations générales
  • Né le 2 mai 1884 à Sartène (Corse - France)
  • Décédé le 9 décembre 1950 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Guinée
Groupe
Socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1947 au 1er janvier 1950

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 2 mai 1884 à Sartène (Corse)

Décédé le 9 décembre 1950 à Paris

Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Guinée)

Conseiller de la République, puis Sénateur de Guinée de 1947 à 1950

C'est à l'âge de 19 ans que Jean Ferracci décide de s'exiler pour s'installer en Guinée française comme agent de commerce. Travailleur actif et efficace, sa réussite est couronnée par son accession à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes, en 1938.

Il manifeste un constant souci des conditions de vie des indigènes, les incitant à les améliorer par des cultures vivrières intensives qui leur permettraient de dégager des surplus commercialisables.

Il se fait également leur défenseur lors de litiges portés auprès du tribunal de première instance de Conakry. Sa popularité croissante l'amène à se présenter, en 1936, au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer, au second tour de scrutin.

La profession de foi qu'il rédige à cette occasion précise ses préoccupations du moment :

« Je vous adresse un dernier appel, amis de toujours ou adversaires d'hier, vous me connaissez tous : sincèrement épris du progrès social, je serai le délégué de la Guinée dans toute l'acception du mot.

Et plus que jamais la Guinée a besoin d'un délégué.

Commerçants et colons, vous manquez de main-d’œuvre ; d'un port doté d'un outillage moderne ; vous avez besoin d'un crédit agricole plus souple et plus large ; vos routes et vos ponts doivent être entièrement réfectionnés, de toute urgence, et être en rapport avec un trafic qui ne peut qu'augmenter ; employés et agents de commerce, vous avez des droits, votre situation doit être améliorée.

Fonctionnaires, l'administration ne fait pas pour vous tout ce qu'elle doit : pas de logements à Conakry ; un traitement de début insuffisant ; si votre famille rentre malade en France tout est à votre charge, médecins, médicaments, hôpital ; des indemnités de misère sont allouées aux agents du cadre secondaire.

Plus de parias aux colonies.

Commerçants, colons et fonctionnaires de tous cadres et de toutes couleurs, tous ouvriers de la grande France, je me porte garant que mes promesses seront tenues. »

Il est ensuite candidat de la SFIO à la première Assemblée nationale constituante, dans le collège des citoyens de Guinée ; il échoue alors à remporter le siège.

Puis il se présente à nouveau, dans les mêmes conditions, à la seconde Assemblée, et l'emporte cette fois par 747 voix sur 1 342 votants.

Là encore, sa profession de foi définit ses objectifs :

«Il s'agit, le 2 juin 1946, d'élire une nouvelle Assemblée qui doit dans le plus bref délai possible présenter au peuple un projet de nouvelle Constitution. C'est à cette œuvre que les nouveaux élus auront à travailler.

« De grands partis politiques se partagent l'opinion de la France et de ses territoires d'outre-mer.

« La Fédération de l'AOF et du Togo du parti socialiste SFIO m'a donné, à l'unanimité, son investiture, en même temps qu'au camarade Yacine Diallo, dans le congrès extraordinaire tenu à Dakar le 12 mai 1946.

Le parti socialiste SFIO va à la bataille électorale, confiant dans le succès et sûr de la fidélité de tous ses membres.

Le parti SFIO a conservé toute son indépendance. C'est le parti toujours épris de liberté individuelle et d'esprit de libre discussion. Animateur de la résistance dès les premiers jours de l'oppression, il a accepté les responsabilités dans l'œuvre de la République renaissante.

Pour que l'œuvre soit féconde, il est indispensable que les Assemblées locales et fédérales fonctionnent le plus rapidement possible, sachent faire connaître et imposer au Gouvernement central les aspirations et les besoins de ces départements lointains de la France.

Jouissant d'une large autonomie bien comprise, elles travailleront à l'œuvre commune de la grandeur et de la prospérité du Pays.

C'est par elles que nous adapterons sans heurts et sans démagogie, aux besoins de tous, aux aspirations de tous, autochtones et métropolitains, les principes d'une vraie démocratie.

L'oeuvre des élus de la Guinée sera délicate à accomplir. Leur tâche sera de faire comprendre à la plus grande majorité de leurs collègues qui l'ignorent, hélas, trop souvent, ce que représentent pour la France métropolitaine, les territoires de la France d'Outre-mer, leurs richesses, la nécessité d'une mise en valeur complète, rationnelle et rapide, et de leur faire comprendre aussi dans quelle union, étroite et loyale, il est nécessaire de collaborer, autochtones et métropolitains, à l' œuvre sociale, pour le bien de tous, sans distinction d'origine, de confession, de race ou de couleur.

Si vous me faites l'honneur de vos suffrages, c'est à cette œuvre que je m'attacherai avec ardeur, en toute sincérité et loyauté ».

Au sein de l'Assemblée constituante, il participe aux débats sur la Constitution, ainsi qu'à celui portant sur l'élection des députés dans les territoires d'outre-mer.

Puis il est candidat, dans le premier collège de Guinée, aux élections du 13 janvier 1947 au Conseil de la République, et est élu par 11 voix sur 16 exprimés. Il est reconduit dans son mandat le 14 novembre 1948, en remportant, dans la première section, 13 voix sur 15 suffrages exprimés.

Membre du groupe socialiste, il siège à la Commission de la marine et des pêches, et à celle de la reconstruction et des dommages de guerre.

Ses fréquents séjours dans son département d'élection, comme son état de santé, qui se dégrade, l'éloignent de la séance publique. Il intervient cependant sur la création d'une assemblée représentative territoriale élue en Cochinchine (mars 1949), puis sur la modification de la législation électorale dans les quatre départements d'outre-mer (novembre 1950).

Lors des élections municipales d'octobre 1947, il a la joie de réaliser son souhait de longue date : devenir maire de sa ville natale, Sartène.

Il disparaît à Paris le 9 décembre 1950.