Jules Fourrier

1906 - 1999

Informations générales
  • Né le 17 août 1906 à Angrié (Maine-et-Loire - France)
  • Décédé le 31 juillet 1999 à Toulouse (Haute-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Seine
Groupe
Communiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 17 avril 1906 à Angrie (Maine-et-Loire).

Député de la Seine de 1936 à 1942.

Jules Fourrier naquit dans une famille ouvrière à Angrie, petit bourg du bocage angevin voisin de Candé, dont il fréquenta l'école communale. Orphelin de bonne heure - il n'avait que trois ans à la mort de son père qui était carrier - il fut placé, quand il perdit sa mère, dix ans plus tard, comme apprenti peintre en bâtiment non loin de son bourg natal, à Segré. Ouvrier peintre trois ans plus tard, il part pour Nantes en 1922 et y est très vite attiré par les organisations ouvrières, d'abord sportives (Fédération sportive du travail) puis syndicales (Syndicat du bâtiment nantais). En 1924, il quitte Nantes pour Paris, y retrouve sa place dans une section locale de la F.S.T. et adhère à la C.G.T.U. (Confédération générale du travail unitaire).

Son service militaire accompli dans l'armée du Rhin, à Coblence, de 1926 à 1928, il adhère le 1er avril 1929 au Parti communiste français.

Son action syndicale, dès lors, ne fera que s'amplifier et la condamnation à deux ans de prison (dont il ne fera que deux mois) et 3.000 francs d'amende qu'il encourut à cause de son activité le 1er mai 1930, ne sera pas la seule de sa carrière de militant. Promoteur du mouvement syndicaliste des peintres de la régie de l'Assistance publique où il travaille, il reprend le chemin du quartier politique de la Santé en 1932 et y retrouve les chefs de file du parti : André Marty, Benoît Frachon, Péri et bien d'autres ; c'est de là qu'il sera, en mai 1932, sans succès, candidat dans la 2e circonscription du XVIe arrondissement de Paris comme « emprisonné d'Etat ».

Révoqué à cause de son action par l'Assistance publique, chômeur, mais toujours militant, il finit par être embauché par la municipalité d'Ivry-sur-Seine et devient, en 1933, secrétaire de la section du XVe arrondissement du parti communiste. Sa forte position dans cet arrondissement l'incite à se présenter en 1935 aux élections municipales dans le quartier Saint-Lambert, mais il échoue derrière le candidat socialiste.

Il aura plus de chance l'année suivante, lors du renouvellement législatif des 26 avril et 3 mai 1936. En 1932, lors de sa candidature de principe lancée de la prison de la Santé, il avait recueilli 1.230 voix au premier tour sur 16.422 votants contre 7.679 à Evain qui sera élu au second tour alors que 799 électeurs lui resteront fidèles. En 1936, l'affaire est plus sérieuse : Fourrier, bien ancré dans la 2e circonscription du XVe arrondissement, est présenté, sur un programme de front populaire, par la section locale du parti, et s'il est largement distancé au premier tour par Lionel de Tastes, député depuis deux législatures, qui obtient 7.058 suffrages sur 18.985 votants, alors qu'il en recueille lui-même 4.273, suivi par le S.F.I.O. Cahn avec 3.824 voix, au second tour, la discipline de front populaire jouant à plein, et grâce aussi au maintien d'un républicain de gauche isolé Perségol (1.005 voix), il bat avec 9.065 voix le marquis de Tastes qui en réunit 8.551 sur 18.885 votants.

A la Chambre, Jules Fourrier qui siège dans les rangs du parti communiste, appartient en 1936 à la commission d'administration générale, départementale et communale et à celle de l'Algérie, des colonies et des pays de protectorat dont il est de nouveau membre en 1938 ; c'est alors à ce titre qu'il est désigné comme membre d'une mission parlementaire chargée d'enquêter en Tunisie sur les menées italiennes.

La discussion des budgets, ceux des P.T.T. et des travaux publics notamment, lui permettra, par voie d'amendement, d'affirmer ses idées sociales ; il en sera de même dans ses interventions en faveur de la réouverture, en 1938, de l'exposition de 1937 et d'un projet modificatif de la loi sur les loyers de 1926.

Mais sa qualité de député n'entrave en rien, bien au contraire, son action de militant, qui lui vaut même encore d'être poursuivi pour avoir, en 1937, traité avec quelques années d'avance sur la réalité, un lieutenant de Jacques Doriot de « hitlérien français ». Il se consacre aussi à tenter de faire triompher la cause de l'Espagne républicaine pendant la guerre civile qui ravage la péninsule ibérique et à combattre violemment les accords de Munich de septembre 1938 dans lesquels il voit un renforcement donné à la politique d'hégémonie hitlérienne.

Le 23 août 1939, la signature du pacte germano-soviétique va être pour Jules Fourrier à l'origine d'un drame de conscience : l'attaque de la Pologne par les troupes soviétiques, conséquence logique de ce pacte, va le déchirer. Quels que puissent être les liens qui depuis plus de quinze ans l'attachent au parti auquel il a consacré sa « jeunesse » et sa « vie », il ne peut accepter une telle politique et, le jour même, le 17 septembre, démissionne du parti, attitude d'ailleurs partagée par plusieurs de ses collègues communistes.

En janvier 1940, il est mobilisé comme simple soldat à Châteauroux, puis à Limoges où il est versé dans la D.A.T. (Défense aérienne du territoire).

Le 10 juillet 1940, Jules Fourrier rallie Vichy où il vote les pouvoirs constitutionnels demandés par le maréchal Pétain.



Né le 17 avril 1906 à Andrie (Maine-et-Loire)

Député de la Seine de 1936 à 1942

(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1728, 1729)

Rentré à Aubusson à la fin de juillet 1940, Jules Fourrier ne tarde pas à faire l'objet d'une étroite surveillance de la part de la police de Vichy.

Malgré plusieurs perquisitions, bien que placé en résidence surveillée dès le début de 1941, il entre en contact avec des conseillers municipaux SFIO d'Aubusson révoqués par le gouvernement de Vichy, avec des militants socialistes de Montluçon ainsi qu'avec Auguste Chambonnet, sénateur radical de la Creuse. Les bases d'une organisation de Résistance sont jetées et dès lors les tracasseries et les interrogatoires se succèderont pour Jules Fourrier. Octobre 1943 le verra rejoindre le MUR (Mouvements Unis de la Résistance). Arrêté trois mois plus tard, le 8 janvier 1944, il subit la torture, l'évacuation sur le camp de Compiègne, puis la déportation : Buchenwald, Matthausen et enfin Gusen, où il restera jusqu'en mai 1945, date de la libération du camp par les troupes américaines.

Son comportement et les souffrances qu'il a endurées valent à Jules Fourrier la Médaille de la Résistance et celle de combattant volontaire de la Résistance.

Après la Libération, par sa décision du 3 octobre 1945, le jury d'honneur le relève de l'inéligibilité qui le frappait en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de révision constitutionnelle.

Il ne reprend pas son activité politique, se contentant d'assurer les fonctions de secrétaire de la section d'Aubusson des déportés et internés de la Résistance, et de collaborer au MUR d'Auvergne, journal des maquis de cette région. Grand invalide de guerre, Jules Fourrier devient représentant de commerce et milite à la CGT.

En 1956, il se tourne à nouveau vers la politique. S'opposant à la guerre d'Algérie, il participe à la nouvelle gauche avec Gilles Martinet, Claude Bourdet et Pierre Bérégovoy, puis à la fondation de l'Union de la gauche socialiste.

Installé à Toulouse depuis 1949, Jules Fourrier est membre du comité directeur de la fédération de Haute-Garonne des déportés et internés résistants.