Oscar Bardi de Fourtou

1836 - 1897

Informations générales
  • Né le 3 janvier 1836 à Ribérac (Dordogne - France)
  • Décédé le 6 décembre 1897 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Dordogne
Groupe
Centre droit
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 20 février 1876 au 25 juin 1877
Département
Dordogne
Groupe
Union des Droites
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 18 novembre 1878
Département
Dordogne
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 2 février 1879 au 16 mars 1880
Département
Dordogne
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Dordogne

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 7 mars 1880 au 24 janvier 1885

Biographies

Représentant en 1871, député de 1876 à 1880, sénateur de 1880 à 1885, né à Ribérac (Dordogne) le 3 janvier 1836, d'une famille qui donna des conseillers au parlement de Toulouse, fils d'un magistrat de Ribérac, il étudia le droit à Poitiers et exerça avec succès la profession d'avocat à Ribérac. Ses relations de famille et ses préférences personnelles l'attachant au parti bonapartiste, il fut nommé maire de cette ville sous l'Empire.

Lors des élections du 8 février 1871, les conservateurs de la Dordogne l'inscrivirent sur leur liste de candidats à l'Assemblée nationale, et il fut élu représentant de ce département, le 4e sur 10, par 77.342 voix (97 443 votants, 142 476 inscrits). Il prit place au centre droit, et sembla tout d'abord devoir se consacrer particulièrement aux questions administratives. Il vota, d'ailleurs, avec les conservateurs : pour la paix, pour les prières publiques, pour l'abrogation des lois d'exil, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, s'abstint, à Bordeaux, sur le vote de déchéance de la dynastie impériale, et fut chargé, en février 1872, de rédiger le rapport concluant à l'autorisation des poursuites contre M. Maurice Rouvier, représentant des Bouches-du-Rhone, en raison d'articles publiés par lui dans des journaux de province contre la majorité de l'Assemblée. Cette majorité se décida, sur la motion du général Changarnier, à répondre par ce qu'elle appela « l'amnistie du dédain ». Un discours prononcé par M. de Fourtou sur la convention postale conclue avec l'Allemagne (mai 1872) et son opposition, dans la commission des Trente, aux menées des monarchistes dans le but de renverser M. Thiers, attirèrent sur lui l'attention bienveillante de ce dernier, qui lui confia, le 7 décembre, le portefeuille des Travaux publics, en remplacement de M. de Larcy, démissionnaire. M. de Fourtou, devenu membre du gouvernement, inclinait alors vers la République conservatrice.

« Il y a dans l'armée française, a écrit à ce sujet un biographe, M. Edmond Texier (Les Portraits de Kel-Kun, 1875), un usage, ou, pour mieux dire, un règlement qui prescrit de boutonner l'uniforme quinze jours à droite et quinze jours à gauche, et quinze jours encore à droite, et quinze autres jours à gauche, ainsi de suite indéfiniment, jusqu'à l'entière consommation du drap gouvernemental... Ce que les troupiers font d'abord par ordre et plus tard par habitude, certains de nos honorables ont imaginé de le faire par principe et par méthode. Ceux-là sont les prudents et les habiles qui craignent de se compromettre, qui fuient les aventures par peur des accidents et qui tiennent à ménager leur étoffe politique. Le système a du bon ; seulement il faut déterminer d'une façon bien exacte les périodes successives, calculer soigneusement les changements de lune, ne se trouver jamais ni en retard ni en avance avec aucun parti... Pendant trois ans, ni plus ni moins, de 1871 à 1874, M. de Fourtou s'était soigneusement attaché à boutonner tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, et le succès répondait toujours à sa persévérance. La manœuvre n'avait plus de secrets pour lui ; l'observateur le plus minutieux, le sergent le plus attentif, n'auraient pu le prendre sans vert. Etait-ce un droitier ? Non, puisque M. Thiers l'avait choisi pour ministre. Etait-ce un gauchiste ? Pas davantage, puisqu'on l'avait vu figurer dans le groupe Saint-Marc-Girardin. Il tenait le juste milieu des centres ; il en occupait le point idéal ; on aurait pu le choisir comme méridien pour déterminer les latitudes parlementaires. Doux, modeste et réservé, prudent, habile et peu loquace, c'est un conservateur libéral, disaient les uns, c'est un libéral conservateur, disaient les autres, et tout le monde était d'accord pour en dire peu de chose, ce qui était assurément le comble de ses vœux. »

M. de Fourtou suivit dans leur retraite MM. Jules Simon et de Goulard, mais il rentra, pour cinq jours, avec le portefeuille des Cultes, dans le dernier cabinet, de nuance centre gauche, formé le 19 mai 1873, par M. Thiers, contre la démission duquel M. de Fourtou vota, le 24 mai. Cette journée le fit tomber du pouvoir. Mais l'ancien ministre ne tint pas longtemps rigueur à la majorité qui l'avait renversé, et, renonçant à la politique expectante qui lui avait valu ses premiers succès, il prêta tout son appui à la politique du « gouvernement de combat », et reparut bientôt sur la scène parlementaire.

Collaborateur de M. de Broglie et ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts (du 26 novembre 1873 au 21 mai 1874), il déclara, dans son discours du 29 décembre, qu'il « convenait de ramener les intelligences dans la voie de la vérité ». Son passage aux affaires fut signalé par la mise en disponibilité de plusieurs professeurs notés pour leurs opinions « avancées », par le rétablissement de la commission de censure, par le changement du nom du lycée Condorcet en celui de lycée Fontanes, par le projet de décoration picturale de l'église Sainte-Geneviève, dont l'exécution fut confiée à M. Puvis de Chavannes, etc. D'autre part, il adressa aux évêques une circulaire pour les inviter à modifier le ton de leurs mandements à l'égard de certains gouvernements étrangers, et, dans un discours à la distribution des prix de l'Association polytechnique, il se prononça en faveur de l'organisation des pouvoirs du Maréchal.

Le 22 mai 1874, il fut nommé ministre de l'Intérieur dans le cabinet d'affaires présidé par M. de Cissey. Mais il mécontenta de nouveau les gauches par ses mesures de rigueur envers plusieurs fonctionnaires, et par les poursuites exercées contre un certain nombre de journaux de diverses nuances, tels que le Siècle, supprimé sur la voie publique, et l'Union, suspendue en juillet 1874, à cause de l'insertion d'un manifeste du comte de Chambord. Bientôt, des dissentiments survenus entre M. de Fourtou et ses collègues obligèrent le ministre de l'Intérieur à donner sa démission (18 juillet 1874). Le choix qu'il avait fait de M. Welche pour secrétaire général, de M. Aylies pour secrétaire particulier, les nombreux fonctionnaires bonapartistes introduits par lui dans l'administration, irritèrent les membres orléanistes du cabinet. M. de Fourtou s'étant laissé entraîner jusqu'à demander un jour au conseil la révocation du préfet de police, coupable de « tracasseries inutiles » envers le parti de l'appel au peuple, il n'obtint pas gain de cause et se retira.

Redevenu simple député, il s'inscrivit au groupe de Clercq, et, avec une tendance de plus en plus marquée à faire cause commune avec les bonapartistes, vota : contre les amendements Wallon et Pascal Duprat et contre l'ensemble des lois constitutionnelles, et appuya la politique de M. Buffet.

Candidat « constitutionnel » aux élections législatives du 20 février 1876, M. de Fourtou fut élu député de l'arrondissement de Ribérac, par 9 008 voix (14 008 votants, 20 110 inscrits), contre 4 787 voix à M. Claverie, républicain. Il siégea parmi les membres de la droite, devenue la minorité, et, sans prendre dans cette législature une part importante aux discussions, il ne cessa d'être considéré comme un des chefs les plus en vue de la revanche que préparaient, contre la majorité républicaine, les anciens membres du gouvernement « de combat ». En effet, le coup d'Etat parlementaire du 16 mai 1877 eut pour conséquence immédiate l'avènement au ministère de l'Intérieur de M. de Fourtou, avec M. le baron Reille, bonapartiste militant, pour secrétaire général. Aussitôt, nombre de préfets et de sous-préfets des départements, qui presque tous avaient prévenu leur révocation par une démission spontanée, furent remplacés par des fonctionnaires conservateurs, ayant pour la plupart donné des gages au parti de l'Empire ; un très grand nombre de maires furent frappés de révocation, la vente et le colportage des journaux furent soumis à des mesures d'un caractère exceptionnel. Le parti républicain tout entier protesta hautement contre ces actes. Le langage tenu par la presse conservatrice qui soutenait le gouvernement, et même par le Bulletin officiel des communes, qui répandait dans toute la France les plus vives attaques contre les députés de la gauche, soulevèrent dans le parlement et dans le pays une profonde agitation. Des procès en diffamation furent intentés à M. de Fourtou ; mais le ministre ne dévia pas de sa ligne de conduite. Il fut un des promoteurs de la demande de dissolution de la Chambre, formulée au nom du Maréchal, et accepta la tâche de soutenir le 16 juin, devant la Chambre elle-même, le message présidentiel où cette demande était exposée. Elle donna lieu à trois séances des plus orageuses, fut combattue avec une grande vivacité par les principaux orateurs des gauches coalisées, et provoqua, M. Thiers étant entré dans la salle tandis que le ministre occupait la tribune, l'incident célèbre où l'ex-président de la République reçut une ovation de la majorité. À l'issue de la discussion, 363 députés témoignèrent de leurs sentiments à l'égard du cabinet par l'adoption d'un ordre du jour de défiance ainsi conçu :

« La Chambre des députés, considérant que le ministère formé le 17 mai par M. le président de la République et dont M. le duc de Broglie est le chef, a été appelé aux affaires contrairement à la loi des majorités, qui est le principe des gouvernements parlementaires... etc., déclare que les ministres n'ont pas la confiance des représentants de la nation, et passe à l'ordre du jour. »

Après avoir obtenu du Sénat la dissolution de la Chambre (23 juin), M. de Fourtou prit en main la direction de la campagne électorale, avec la candidature officielle et l'affiche blanche pour moyens ; il fut soutenu par les éloges de la presse monarchiste; mais le gouvernement ayant jugé compromettantes, aux yeux de certains cabinets étrangers, des satisfactions trop marquées données par le ministre de l'Intérieur au parti catholique, M. de Fourtou dut, dans un discours prononcé à Neuvic (Dordogne), se défendre contre la qualification de clérical. « Nous ne sommes pas des cléricaux, dit-il, mais nous entendons que la religion soit respectée... etc. » M. de Fourtou, en possession de toute la confiance du maréchal de Mac-Mahon, l'accompagna dans ses tournées officielles à Bordeaux, à Arcachon, à Périgueux, le reçut dans sa propre maison à Ribérac, et assuma, en outre, comme ministre de l'Intérieur, la responsabilité d'un nouveau manifeste, du 19 septembre 1877, qui convoquait les électeurs pour le scrutin du 14 octobre suivant, et annonçait, pour le cas où la majorité de la Chambre future ne répondrait pas aux vœux du gouvernement, l'intention de s'appuyer sur le Sénat tout seul. On attribua d'ailleurs à M. de Fourtou lui-même la rédaction de ce document, où l'on retrouva son style accoutumé et l'expression de son inspiration personnelle.

Candidat dans la circonscription de Ribérac, M. de Fourtou réunit 11 622 voix sur 17 232 votants et 20 614 inscrits, contre 5 502 voix seulement accordées à M. Claverie, candidat des républicains ; mais celui-ci accusa nettement l'administration d'avoir usé de tous les moyens pour l'empêcher d'entrer en communication avec le corps électoral, et dénonça l'élection comme entachée de pression et de fraude. La majorité républicaine des « 363 » ayant d'ailleurs été réélue en masse par le pays, les ministres du Seize-Mai tentèrent de persévérer dans les voies de la résistance : ils résolurent de conserver leurs portefeuilles, et M. de Fourtou n'hésita pas à prononcer, dès le début de la législature, une apologie de sa conduite qui provoqua, à gauche, d'ardentes protestations et la nomination par la Chambre d'une commission d'enquête sur les abus de pouvoir qui étaient reprochés à l'administration (15 novembre 1877). M. de Fourtou riposta par une dernière circulaire, par laquelle il faisait défense à tous ses subordonnés de seconder l'enquête ordonnée par la majorité ; celle-ci, de son côté, décida d'ajourner jusqu'à la fin des travaux de sa commission la vérification de l'élection de M. de Fourtou et de celle de M. Reille. Mais le ministre de l'Intérieur se décida, le 23 novembre, à quitter le pouvoir. L'enquête ayant établi comme réels plusieurs faits de pression électorale dans divers départements de la France et en particulier dans arrondissement de Ribérac, ces révélations furent portées à la tribune, un an après, par M. Charles Floquet, rapporteur, qui réclama et obtint, dans la séance du 18 novembre 1878, l'invalidation de M. de Fourtou. C'était sous le ministère parlementaire présidé par Dufaure. L'ancien ministre soutint avec son calme ordinaire les attaques du rapporteur, attaqua à son tour le ministère d'alors, et n'exprima qu'un regret, celui de n'avoir pu faire davantage « pour le bien de la France ». Directement mis en cause par M. de Fourtou, M. Dufaure lui fit une dure réplique, et qualifia de « parti sans nom » le parti auquel son adversaire s'était glorifié d'appartenir. Dans la même séance, M. de Fourtou entendit traiter de « mensongère », par Gambetta, cette allégation, qu'il venait d'apporter à la tribune, que « le parti républicain repoussait avec violence tout ce qui n'était pas républicain de vieille date ». Une explication extra-parlementaire s'ensuivit : elle aboutit à un duel au pistolet qui eut lieu le surlendemain sans résultat, au Plessis-Piquet.

M. de Fourtou se représenta, le 2 février 1879, devant les électeurs de Ribérac, et fut réélu par 9.131 voix (17 029 votants, 20 842 inscrits), contre 7 782 voix à M. Achille Simon, républicain. Il fut, vers la même époque, ainsi que ses collègues, l'objet d'une proposition de mise en accusation, que soutint M. Henri Brisson, mais qui ne fut point adoptée, et laissa passer, sans mot dire, l'ordre du jour de « flétrissure » que vota la Chambre en mars 1879.

M. de Fourtou vota constamment avec la minorité de droite, notamment contre l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur, jusqu'au 7 mars 1880, époque à laquelle il quitta la Chambre pour entrer au Sénat, avec 353 voix sur 678 votants, lors de l'élection partielle motivée par le décès de M. Magne ; il fut alors remplacé comme député par M. Lanauve. M. de Fourtou prit place à la droite du Sénat, avec laquelle il opina : contre les lois nouvelles sur la presse et le droit de réunion, contre les ministères de gauche qui se succédèrent au pouvoir, contre les crédits de l'expédition du Tonkin, contre la loi du divorce, etc.

Au renouvellement triennal du Sénat (25 janvier 1885), il échoua avec 565 voix sur 1 165 votants. Il échoua également avec toute la liste conservatrice du département de la Dordogne, lors des élections législatives du 4 octobre 1885 : il réunit alors 57 492 voix sur 120 527 votants. M. de Fourtou est conseiller général de la Dordogne pour le canton de Montagrier et administrateur de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans.


Né le 3 janvier 1836 à Ribérac (Dordogne), mort le 6 décembre 1897 à Paris (16e).

Représentant de la Dordogne en 1871.

Député de la Dordogne de 1876 à 1880 et de 1889 à 1893.

Sénateur de la Dordogne de 1880 à 1885.

Ministre des Travaux publics du 7 décembre 1872 au 18 mai 1873.

Ministre des Cultes du 18 au 25 mai 1873.

Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-arts du 26 novembre 1873 au 21 mai 1874.

Ministre de l'Intérieur du 22 mai 1874 au 10 mars 1875 et du 17 mai au 23 novembre 1877.


(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 50.)

Battu lors du renouvellement triennal du Sénat de 1885 et des élections législatives du 4 octobre de la même année, il emporta facilement le siège de député de la circonscription de Ribérac au renouvellement du 22 septembre 1889, dès le premier tour de scrutin. Il fut en effet élu par 9.682 voix sur 17.554 votants, contre 7.583 au républicain Brugère, député sortant. II ne se représenta pas aux élections du 20 août 1893.

Conservateur et révisionniste, Oscar Bardi de Fourtou siège dans les rangs de la droite, mais au cours de cette dernière législature le bouillant parlementaire qu'il avait été n'interviendra que deux fois, à propos des vins de raisins secs (1890) et du tarif général des douanes en ce qui concerne la soie (1891).

Ayant renoncé à être candidat en 1893, Bardi de Fourtou abandonna toute activité politique et mourut le 6 décembre 1897 à Paris, à l'âge de 61 ans.