Maurice Georges

1901 - 1975

Informations générales
  • Né le 5 décembre 1901 à Lérouville (Meuse - France)
  • Décédé le 15 août 1975 à Le havre (Seine-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Seine-Maritime
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Seine-Maritime
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Seine-Maritime
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 30 avril 1975
Département
Seine-Maritime
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

GEORGES (Maurice)
Né le 5 décembre 1901 à Lérouville (Meuse)
Mort le 15 août 1975 au Havre (Seine-Maritime)

Député de la Seine-Maritime de 1962 à 1975

Maurice Georges est une figure centrale de la vie politique havraise d’après-guerre. Ce n’est pas un enfant du pays. Il est né le 3 décembre 1901 à Lérouville, une petite commune de la Meuse, de parents représentants de commerce. Adolescent, il fréquente le lycée de Commerey (Meuse) puis de Laval, et entame ses études de médecine à la faculté de Paris. Docteur en médecine, il est interne des Hôpitaux de Paris, chef de clinique à la faculté de médecine de Paris et enfin, chef de service à l’hôpital du Havre, où il est installé comme oto-rhino-laryngologiste en 1931. Il est notamment l’auteur d’un petit ouvrage médical, L’Intoxication par le tabac, paru en octobre 1956 aux Archives médico-chirurgicales de Normandie.
C’est son mariage qui l’ancre dans la notabilité politique havraise. Le 29 juin 1932, il épouse Anne-Marie Coty, la fille du futur président de la République René Coty, né et mort au Havre. En 1940, Maurice Georges s’engage volontairement comme médecin. Il est alors renvoyé dans son service hospitalier du Havre, puisqu’il est père de quatre enfants. En raison des services rendus sous les bombardements, il reçoit le titre de chirurgien titulaire.
Ce notable provincial, installé à Etretat, se dit selon son épouse « gaulliste de gauche ». Il prône en effet « une participation plus grande des travailleurs au rendement et au bénéfice des entreprises ». Il est en tout cas une figure majeure du gaullisme havrais. Membre du Comité central de l’UNR en mars 1961, renouvelé à ce poste en novembre 1963, il est directeur départemental de l’UNR en décembre 1964. Dans une circonscription très disputée par le PCF, Maurice Georges est d’un anticommunisme irréprochable : sa profession de foi de 1973 se dresse ainsi contre « le programme totalitaire et matérialiste que nous propose le programme socialo-communiste ». Ses prises de position contre l’IVG lors du débat parlementaire en 1973-1974 achève de dresser le portrait d’un notable gaulliste anticommuniste et conservateur, solidement implanté dans la vie politique havraise.
Les élections de novembre 1958 dans la 6ème circonscription du Havre ont été marquées par le succès de l’avocat républicain indépendant Pierre Courant, contre le communiste Louis Eudier, futur adversaire de Maurice Georges. Ancien ministre, président du Conseil général et maire du Havre de 1947 à 1954, Pierre Courant se présente à nouveau en novembre 1962. Mais il est supplanté par Maurice Georges, qui rassemble sur son nom 16 223 suffrages, soit plus de 31,7% des votants dans une vaste circonscription qui compte alors 75 596 électeurs inscrits. Pierre Courant arrive en seconde position, avec 15 019 voix, devant le communiste Louis Eudier, nanti de 13 827 voix. Un quatrième candidat, le socialiste SFIO Lucien Lhonorey, ne peut perturber le jeu politique avec 4 520 suffrages. Maurice Georges s’impose cependant au second tour, avec 31 458 voix (presque 60% des suffrages) contre 17 979 à Louis Eudier, et 62 seulement à Pierre Courant. Jusqu’en 1975, l’opposition ne devait plus parvenir à le déloger.
Aux élections de mars 1967, le score de Maurice Georges recule, mais lui assure une nouvelle victoire. Au premier tour, il remporte 25 910 voix contre une gauche divisée entre le communiste Jacques Eberhard, avec ses 19 681 voix, le PSU Louis Pointier avec 3 943 voix et le candidat FGDS Jean Safar, qui rassemble 4 827 voix. Yves Chegaray, assureur maritime sans étiquette, fait mieux que les socialistes : il cumule sur son nom 6 066 voix, et Robert Lenoble, du Centre Démocrate, 5 173. Le second tour est de nouveau favorable à Maurice Georges : il conserve son siège grâce aux 35 658 voix (54,2% des votants) qu’il concentre. Maurice Georges progresse en voix, mais la gauche, derrière le candidat communiste, est plus menaçante qu’en 1962.
Les élections de juin 1968 consacrent cependant la prédominance électorale du gaullisme dans cette circonscription. Maurice Georges est élu dès le premier tour avec 32 905 voix (50,07% des exprimés) contre l’ajusteur communiste Jacques Eberhard, maire de Gonfreville-L’Orcher, crédité de 16 794 suffrages (25,5%). Le scrutin, marqué par l’inquiétude suscitée par les événements de mai, lui assure une incontestable victoire.
Le scrutin de 1973 revient à une configuration plus classique. Maurice Georges se trouve là encore en tête au premier tour, avec 19 456 voix contre le communiste Daniel Colliard, qui rassemble 18 572 suffrages. Le PS Georges Peyratout, pour sa part, concentre 7 980 votes, le PSU Paul Reguer, 2 003 seulement. Mais des personnalités sans étiquette les dépassent à nouveau ; Michel Dubosc, président du Conseil général sans étiquette, rassemble 8 231 voix, de même que Jean-Marc Olivier, du « Mouvement réformateur-Centre républicain », qui en cumule 8 331. Un petit candidat de l’Union centriste nationale obtient 1 050 voix. Le Front national fait son apparition : Pierre Povie rassemble 973 voix. Il faut bien reconnaître que de 1962 à 1973, Maurice Georges n’a jamais été vraiment menacé dans son fief havrais.
Cet ancrage local contribue à en faire un parlementaire très actif, tout au long de ses quatre mandats. Il est membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales sans discontinuer de 1962 à 1975, à l’exception d’un intermède à la Commission de la production et des échanges du 2 avril au 2 mai 1973. A l’Assemblée, Maurice Georges prend part à de nombreux débats. Le 8 avril 1963, il intervient dans la discussion d’un projet de loi qui concerne directement sa ville : la réforme des Ports maritimes autonomes, statut dont bénéficie Le Havre depuis 1920. Maurice Georges souligne le développement considérable des ports concurrents de Rotterdam et d’Anvers, dont les investissements sont financés à 80% par des fonds d’État. En conséquence, Maurice Georges demande à l’Etat français d’accroître son engagement financier dans les grands ports, et affirme « ne pas craindre une étatisation ». Lors de la discussion, il présente six amendements dont la plupart sont retirés.
Les lois d’aménagement constituent l’un des volets de cette promotion du port du Havre. Le 5 décembre 1965, Maurice Georges prend part à la discussion sur le projet de loi portant approbation du Plan de développement économique et social, surtout en ce qui concerne les dispositions qu’il contient à l’égard des grands ports. Ses interventions lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1967 sur les transformations de Paris (27 octobre 1966) et sur les questions d’équipement et de transports (3 novembre 1966) obéissent à la même logique. Pendant la 4ème législature, il prend également part à la discussion sur la déclaration du gouvernement relative à la réforme de la région et du Sénat : il réclame la réunion des deux régions normandes, la création d’une véritable métropole régionale Rouen-Le Havre (12 décembre 1968). Le 7 novembre 1969, il intervient dans la discussion sur la deuxième partie de la loi de finances pour 1970 relative à l’aménagement du territoire : il plaide en faveur de l’avenir de la Basse-Seine, en particulier pour l’aménagement d’une liaison fluviale entre Seine, Moselle, Rhin et Danube, et pour le développement de l’industrie et du port fluvial de Paris. Quatre jours plus tard, il souligne la nécessité de la mise au grand gabarit de la voie fluviale Le Havre-Paris. Les mêmes sujets habitent ses interventions du 6 novembre 1970, à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances pour 1971. Il revient par ailleurs sur les pensions des marins de la marine marchande, sur le salaire forfaitaire des matelots et la nécessité de relever le taux des pensions pour les diverses catégories de marins (7 novembre 1970). Le 17 novembre 1972, le port du Havre et l’aménagement de la Basse-Seine, en particulier en aval du pont de Tancarville, sont au centre de son intervention dans la discussion de la loi de finances pour 1973. Il évoque la rentabilité du paquebot France et son utilisation pour les croisières le 2 avril 1974, lors de la discussion de la loi de finances pour 1975.
Ce souci de protection du statut et du dynamisme du port du Havre incline Maurice Georges à porter une extrême attention aux questions douanières. Le 25 janvier 1963, il participe à la discussion de la loi de finances pour 1963 : il s’élève alors contre un amendement en faveur de la parité fiscale entre bois étrangers et bois français qui désavantagerait le port du Havre. Le 10 juin 1965, il prend part à la discussion sur les modifications de certaines dispositions du Code des Douanes, et dépose sept amendements. Il prend également part à la discussion de la loi portant réforme des taxes sur les chiffres d’affaires, le 21 juin 1965 puis lors de la seconde lecture le 21 décembre suivant.
Outre le port du Havre, Maurice Georges se consacre aux affaires familiales, en sa qualité de membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il fait preuve, en la matière, d’un très grand conservatisme. Le 1er juillet 1967, il prend part à la discussion de la proposition de loi Neuwirth qui abrogeait la loi du 31 juillet 1920 interdisant la contraception. Il intervient sur les qualités potentiellement déplorables de la pilule sur la « courbe démographique de la France ». En deuxième lecture, le 14 décembre 1967, il présente un amendement qui réclame pour toute prescription contraceptive une ordonnance signée de deux médecins. Il dit sa crainte d’une « prescription trop libérale ». Son amendement n’est pas adopté, mais il est obligé de le défendre vigoureusement à l’Assemblée. Mais c’est surtout le projet de loi sur l’interruption, volontaire de grossesse (IVG) qui mobilise Maurice Georges. Le 14 décembre 1973, il déclare considérer comme impossible la légalisation de l’avortement. Il condamne la loi de 1920 mais demande avant d’élaborer un nouveau projet de loi, que soient combattues les causes sociales, morales et financières de l’avortement. Il annonce par ailleurs qu’il votera contre le projet, trop restrictif à ses yeux sur tous ces points. Le 27 novembre 1974, il justifie les raisons de la prise de position de l’ordre des médecins, réclame un effort supplémentaire en faveur du logement pour combattre en amont l’avortement, et évoque sa crainte d’un « pays vide ». Conformément à ses annonces, Maurice Georges vote contre le projet de loi sur l’IVG le 28 novembre 1974, aux côtés de 188 autres députés.
Ses dernières préoccupations sont plus strictement corporatives et sociales. Le 5 novembre 1963, il prend part à la discussion de la loi de finances pour 1964, autour de la question des rapports entre le corps médical et la Sécurité sociale : il revient alors sur la définition des devoirs du médecin et sur les modalités de contrôle de son exercice. Le 12 octobre 1971, il prend part à la discussion sur le projet de loi de protection des usagers du droit et portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques. Le 18 mai 1972, il prend part à la discussion du projet de loi portant réforme de l’assurance vieillesse des travailleurs non salariés des professions artisanales, industrielles et commerciales et demande une modulation de la contribution en fonction des marges bénéficiaires. Enfin, le 10 mai 1973, il prend part au débat sur la déclaration du ministre des anciens combattants sur la situation du monde combattant. Il évoque la situation difficile des pères, mères et veuves d’anciens combattants, du fait de l’insuffisance des pensions servies aux descendants.
Tout au long de ses mandats, Maurice Georges manifeste une fidélité continue au gouvernement, à deux exceptions près : il vote contre la loi sur l’IVG, adoptée finalement le 28 novembre 1974, mais il s’abstient également lors du vote portant modification de l’article 6 de la Constitution, le 16 octobre 1973. Fidèle à l’esprit des institutions imaginées par le général de Gaulle, il manifeste ainsi son désaccord vis-à-vis du quinquennat et contribue à l’échec de cette réforme voulue par Georges Pompidou.
A cette date, Maurice Georges est âgé de 72 ans. Pour raisons de santé, il décide de démissionner de son mandat de député le 30 avril 1975. Cette démarche compréhensible comporte une conséquence importante : l’organisation, dans les quatre mois qui suivent toute démission de député, d’une élection législative partielle. Or, lors des élections de mars 1973, Maurice Georges a choisi son suppléant en la personne d’Antoine Rufenacht, un jeune énarque alors âgé de 34 ans. Dès septembre 1973, Maurice Georges s’était retiré en sa faveur de son siège de conseiller général du 5ème canton du Havre, qu’il occupait depuis mai 1965. Le dauphin de Maurice Georges est élu député du Havre en juin 1975. Une victoire à laquelle Maurice Georges devait assister, avant de s’éteindre le 15 août 1975. Le romancier Benoît Duteurtre, dans un roman récent, Les pieds dans l’eau, s’est librement inspiré de lui pour évoquer la vie havraise des années 1950.