Félix, Armand, Etienne Granet

1849 - 1936

Informations générales
  • Né le 29 juillet 1849 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 12 mars 1936 à Saint-raphaël (Var - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 18 décembre 1881 au 14 octobre 1885
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Extreme-gauche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 18 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Gauche radicale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Gauche radicale

Biographies

Député de 1881 à 1889, et ministre, né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 29 juillet 1849, parent du conventionnel François Omer Granet, il fut, après le 4 septembre 1870, nommé secrétaire de la commission départementale des Bouches-du-Rhône.

Il entra définitivement dans l'administration en 1876, comme secrétaire général de la Lozère, passa en février 1877 à Montpellier, fut révoqué au 16 mai suivant à cause de ses opinions républicaines, et rappelé, avec de l'avancement, après la victoire des 363. Préfet de la Lozère le 18 décembre 1877, préfet de la Vienne le 3 septembre 1879, il fut promu en 1880 directeur du personnel au ministère de l'Intérieur, donna sa démission en août 1881 pour se présenter à la députation, et posa sa candidature dans l'arrondissement d'Arles.

M. Granet obtint au premier tour de scrutin 5,216 voix (15,433 votants), et se désista, avant le ballottage, en faveur de M. Clemenceau, qui fut élu. Mais ce dernier ayant opté pour Paris, M. Granet, accentuant son programme dans le sens radical, se représenta le 18 décembre 1881 dans le même département, et fut élu par 8,280 voix (16,012 votants, 26,469 inscrits), contre 5,985 à M. Hélion de Barrême, 1,184 à M. Rabuel et 244 à M. Dide.

M. Granet prit place à l'extrême-gauche, et, sans voter toujours avec les purs intransigeants, suivit en général les inspirations de M. Clemenceau. Il dirigea quelque temps, durant la législature, le journal la Nouvelle Presse, et publia aussi dans la France des articles remarqués. A la Chambre, il prit parti contre l'opportunisme, et contribua, en janvier 1882, à la chute du ministère Gambetta.

L'attitude de M. Granet à l'égard du cabinet Freycinet ne fut pas des plus favorables. Contrairement à l'avis de M. de Lanessan, de M. H. Maret et autres, qui se montraient animés des dispositions les plus conciliantes, il songea aussitôt, de concert avec M. Lockroy, à déposer (6 février) une demande d'interpellation « sur la non-exécution par le cabinet de la résolution prise par la Chambre des députés dans sa séance du 26 janvier ». Cette résolution visait, comme on sait, la révision de la Constitution. Sans vouloir examiner la valeur du « libéralisme nébuleux» de M. de Freycinet, M. Granet s'attacha à établir que le président du conseil était lié par son origine et n'aurait pas dû prendre le pouvoir sans accepter le point de départ qui lui était assigné par la Chambre. « Je sais bien, dit-il, que le cabinet déclare qu'il est partisan de la révision; il demande seulement à l'ajourner à une heure qui lui paraîtra plus propice. Je lui réponds : si vous étiez des ministres nouveaux arrivant dans une situation entière, après une consultation du suffrage universel, vous auriez peut-être le droit de parler ainsi. Mais vous êtes arrivés au ministère dans une situation spéciale, créée par un vote de la Chambre. Vous n'êtes pas libres et il ne vous est pas loisible de répudier cet héritage, ou de l'accepter sous bénéfice d'inventaire: vous êtes liés. La politique serait vraiment trop commode et le pouvoir un peu trop aisé, si, en présence des difficultés créées par une situation, il était possible de faire un choix et d'ajourner les questions embarrassantes... » Après une réplique de M. de Freycinet et un discours de M. Lockroy, un ordre du jour de confiance, déposé par M. Gatineau, fut voté par 271 voix contre 61.

La même année, M. Granet intervint dans le débat sur la réforme judiciaire pour combattre l'établissement du système électif, réclamé par M. Gerville Réache, et s'appuya principalement sur l'argument suivant: « Le peuple, seul souverain, ne peut exercer directement la justice. Doit-il en déléguer l'exercice à des juges élus à temps? Là est la question. Or, toute élection suppose une lutte, et l'idée de lutte est incompatible avec celle de justice. Tout juge élu aura ses clients et y perdra de sa dignité. » Au vote, le principe de l'élection avec suppression de l'inamovibilité triompha devant la Chambre; mais cette solution radicale ne devait pas être définitive.

M. Granet parla encore, en 1883, sur la loi des récidivistes, sur les affaires du Tonkin, qui lui fournirent la matière d'une interpellation, par laquelle il demanda à M. Challemel-Lacour, ministre des Affaire étrangères, « de ne rien faire de plus sans avoir associé la Chambre à sa politique; » revenant à la charge le 30 octobre, M. Granet interpella une fois de plus le ministère sur la politique coloniale et résuma les griefs de l'opposition: guerre avec l'Annam sans assentiment des Chambres; envoi de renforts au Tonkin sans ouverture préalable de crédits suffisants; négociations mal conduites avec la Chine, etc. Il déposa un ordre du jour de blâme qui ne fut pas suivi de scrutin, la majorité s'étant prononcée pour l'ordre du jour de confiance de MM. Paul Bert et Loubet. En décembre, nouvelle discussion à propos d'une autre demande de crédits pour le Tonkin: M. Granet y prit part comme aux précédentes, et posa au gouvernement diverses questions sur la composition du corps expéditionnaire, le plan d'opérations que l'on entendait suivre, etc. Enfin, au cours du débat soulevé par cette même question du Tonkin, en novembre 1884, M. Granet joignit ses efforts à ceux de MM. Lockroy et Clemenceau, de la gauche, et Delafosse, de la droite. Mais la journée se termina encore par une victoire de M. J. Ferry, qui ne devait tomber que le 30 mars 1885, sous le coup de l'échec de Lang-Son; la demande d'interpellation avait été encore déposée par M. Granet.

Le député des Bouches-du-Rhône se montra moins hostile au cabinet Brisson. Enfin, le 7 janvier 1886, il entra, avec le portefeuille des Postes et Télégraphes, dans le nouveau cabinet dont M. de Freycinet eut la présidence; il le conserva ensuite dans le cabinet Goblet jusqu'au 29, mai 1887. On lui reprocha vivement, pendant son passage aux affaires, certaines mesures relatives au personnel de son ministère et notamment la faveur inexplicable dont 37 « attachés » auraient été l'objet en dehors des règles ordinaires de l'avancement et en absorbant tous les fonds disponibles jusqu'à la fin de l'année.

Lors de la crise gouvernementale qui se termina par la démission de M. Grévy, président de la République, M. Granet fut, avec MM. Andrieux, Proal et quelques autres, de ceux qui conseillèrent au président de laisser traîner les choses en longueur et lui inspirèrent l'espérance de les voir s'arranger.

En dernier lieu, M. Granet se prononça contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), et contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution; il s'abstint sur les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes; il était absent par congé lors des scrutins sur le projet de loi Lisbonne et sur les poursuites contre le général Boulanger.

Né le 29 juillet 1849 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 12 mars 1936 à Saint-Raphaël (Var).

Député des Bouches-du-Rhône de 1881 à 1893.

Ministre des Postes et Télégraphes du 7 janvier 1886 au 30 mai 1887.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 237.)

Aux élections générales du 22 septembre 1889, il fut réélu au premier tour par 5.536 voix contre 2.576 à M. Bonifay et 1.473 à M. Dessaud, l'un et l'autre radicaux.

Au cours de la législature, il fut membre de diverses commissions et présenta deux rapports, l'un sur les opérations électorales de la 2e circonscription de Bordeaux, l'autre sur la proposition de loi relative à la suppression de la publicité des exécutions capitales.

Il prit part à divers débats, notamment à la discussion de deux interpellations, la première sur des nominations dans la magistrature, la seconde sur les opérations électorales de la 2e circonscription de Toulouse.

Il mourut à Saint-Raphaël le 12 mars 1936, à l'âge de 87 ans.