Paul Granet

1931 - 2017

Informations générales
  • Né le 20 mars 1931 à Roquemaure (Gard - France)
  • Décédé le 17 septembre 2017 à Ossey-les-trois-maisons (Aube - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Aube
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Aube
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 9 juillet 1974
Département
Aube
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Aube
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

GRANET (Paul)
Né le 20 mars 1931 à Roquemaure (Gard)
Décédé le 17 septembre 2017 à Ossey-les-Trois-Maisons (Aube)

Député de l’Aube de 1967 à 1981

Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Formation professionnelle, du 8 juin 1974 au 12 janvier 1976

Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Qualité de la vie, chargé de l’Environnement, du 12 janvier au 25 août 1976

Paul Fernand Auguste Granet est né le 20 mars 1931 à Roquemaure, dans le Gard. Il obtient une licence de droit, un diplôme d’études supérieures en lettres, un diplôme de l’Ecole nationale de législation économique et douanière. En 1955, il est inspecteur adjoint des douanes et expert auprès du gouvernement du Laos. En 1958, il intègre l’ENA, promotion « Alexis de Tocqueville ». A sa sortie, en 1960, il entre au ministère de l’Intérieur, comme administrateur civil à la Délégation générale du gouvernement en Algérie. En décembre 1961, il est chargé de mission auprès du préfet du Loir-et-Cher. En 1962, il est chef de cabinet du directeur général de la sûreté nationale, puis de janvier 1963 à octobre 1964, chargé de mission au cabinet du ministre de l’Intérieur, Roger Frey. Il est par ailleurs rapporteur de la Commission chargée de l’étude de la réforme de la région parisienne. Au cours de l’année 1964, il effectue également plusieurs missions comme conseiller politique des ministres de l’Agriculture, de l’Equipement et de la Coopération. De 1965 à 1968, il est directeur général de la Société de technique immobilière.

Lors des élections législatives de mars 1967, Paul Granet entame une carrière politique nationale en se présentant sous l’étiquette UD-Ve (Union des démocrates pour la Ve République, gaulliste), dans la troisième circonscription de l’Aube (Troyes II Nogent-sur-Seine). Il obtient 15 650 voix au premier tour contre 13 749 voix pour Maurice Camuset, conseiller général communiste de l’Aube et maire de Romilly-sur-Seine. M. Thierry recueille pour la SFIO 9 591 voix et André Mutter 7 685 voix pour le Centre démocrate. Bénéficiant de cette réserve de voix, Paul Granet l’emporte finalement au second tour, avec 24 484 voix, soit 53% des suffrages exprimés, contre 21 721 voix au candidat communiste.

Au Palais-Bourbon, il est membre du groupe gaulliste et siège à la commission de la production et des échanges. Spécialiste des questions d’équipement et d’aménagement, il intervient en séance publique, en juin 1967, sur le projet de loi d’orientation foncière et prend part, en décembre 1967, au débat sur les questions orales relatives à l 'aménagement et à l'équipement de la région parisienne.

Le 22 mai 1968, il intervient contre la motion de censure présentée par François Mitterrand et les députés d’opposition contre le gouvernement de Georges Pompidou. Il prône notamment la réforme de l’Université avec davantage d’autonomie, en s’inspirant des exemples anglais et américain.

Après la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle à la suite des événements de Mai 68, Paul Granet se représente, lors des élections législatives de juin, sous l’étiquette gaulliste (UDR, Union pour la défense de la République puis Union des démocrates pour la République). Il recueille 21 651 voix dès le premier tour devançant largement le communiste Maurice Camuset (11 618 voix) dont le score est inférieur à celui de l’année précédente. Bien loin derrière, le candidat socialiste attire 7 264 suffrages et le centriste (Progrès et démocratie moderne) 5 827. Le député sortant gaulliste remporte le second tour dans la même configuration que l’année précédente, recueillant 27 072 voix, soit 61% des suffrages exprimés, face à Maurice Camuset (17 158).

Membre du groupe UDR, il rejoint de nouveau la commission de la production et des échanges.

En séance publique, il intervient sur de nombreux sujets. Sa connaissance profonde de l’administration et du gouvernement en font un partisan des réformes. Dès le 12 décembre 1968, lors du débat sur le projet de réforme de la région et du Sénat, il critique l’insuffisance des réformes envisagées et tire comme leçon de la crise de Mai 68 une centralisation excessive affaiblissant l’Etat. Paul Granet montre une attention constante à la réforme administrative tout au long de la législature, notamment, le 20 novembre 1969, lors de l’examen des crédits l’Intérieur prévus par le projet de loi de finances pour 1970, puis le 10 novembre 1971, sur ces mêmes crédits prévus pour 1972. Dans le domaine économique, le 16 juin 1971, lors de l’examen du projet de loi portant approbation du VIe Plan, il aborde notamment la question de la réduction du temps de travail et l’échec de la politique de la déconcentration administrative, qu’il juge insuffisante. Lors du débat qui suit la déclaration de politique générale du 23 mai 1972, il renouvelle, comme la majorité, sa confiance, mais s’inquiète de l’écart entre la politique menée, qu’il juge « bonne » et sa perception par l’opinion, qui la conteste.

Paul Granet intervient également à plusieurs reprises sur l’enseignement, question clé après Mai 68 : le 25 juillet 1968, dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur l’Education nationale, à l’occasion de laquelle, selon les mots d’Edgar Faure, il s’agit pour les députés de « faire savoir  [leurs] suggestions et [leurs] avis » et pour le gouvernement de faire « connaître la ligne générale de [sa] pensée ; le 15 avril 1970, dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur les problèmes de l’enseignement ; le 25 mai 1971, dans la discussion générale commune aux projet de loi d'orientation sur l'enseignement technologique et professionnel, au projet de loi relatif à l'apprentissage et au projet de loi sur la participation des employeurs au financement des premières formations technologiques et professionnelles. Il se prononce en particulier pour les réformes, l’autonomie des universités, la liberté de recrutement du personnel enseignant pour les établissements et également l’implication de l’échelon régional dans le cadre d’une décentralisation qu’il souhaite.

Par ailleurs, le spécialiste des questions d’aménagement intervient le 13 novembre 1968 sur les crédits de l’Equipement et du Logement prévus par le projet de loi de finances pour 1969, puis le 7 novembre 1969, sur la Seine amont, lors de l’examen des crédits prévus par le projet de loi de finances pour 1970 en matière d’Aménagement du territoire et, enfin, le 12 juin 1971, sur la proposition de loi tendant à préciser certaines dispositions de la loi d'orientation foncière relatives aux associations foncières urbaines.

Elu d’un département spécialisé dans l’industrie textile, Paul Granet s’inquiète des importations croissantes à bas prix provenant de l’Asie du Sud-Est, d’abord dans le cadre d’une question d’actualité du 15 mai 1970 sur Macao, et ensuite dans une deuxième question d’actualité, au champ plus large, le 26 novembre 1971.

Paul Granet renforce son ancrage local en remportant le canton de Romilly-sur-Seine en 1970, canton détenu jusqu’à présent par le maire communiste de la commune Maurice Camuset, son rival lors des élections législatives.

Sur le plan politique, il prend quelques distances avec le gaullisme traditionnel et sa conception de l’équilibre des pouvoirs. Avec quatre autres députés membres du groupe UDR, il signe un article dans Le Monde du 31 octobre 1972 intitulé « Gaullisme et prospective – Cinq députés en quête d’un Parlement » dans lequel il défend une pratique du pouvoir plus libérale. En revanche, il échoue lors des municipales de mars 1971 à Romilly-sur-Seine contre le maire sortant Maurice Camuset. Lors des élections cantonales de 1973, le canton de Romilly-sur-Seine est divisé en deux. Paul Granet se présente et est réélu conseiller général dans le canton de Romilly-sur-Seine-1.

Il se représente lors des élections législatives dans la troisième circonscription de l’Aube en mars 1973, sous l’étiquette Union des républicains de progrès-UDR. Il se décrit comme le défenseur d’une « politique moderne et d’ouverture » contre le « programme bureaucratique et collectiviste de la gauche communiste ». Au premier tour, 18 956 suffrages se portent sur lui alors que Maurice Camuset pour le Parti communiste n’en obtient que 12 579, le candidat socialiste 10 752 et le candidat Réformateur 4 961. Au second tour, Paul Granet bat de nouveau, avec 26 432 voix, soit 52,98% des suffrages exprimés, Maurice Camuset, toujours maire de Romilly-sur-Seine, qui a pourtant bénéficié d’un bon report des voix de la gauche (22 653 voix).

Au Palais-Bourbon, il est apparenté au groupe UDR et se rapproche d’Edgar Faure, ancien ministre d’Etat et ministre des Affaires sociales, qui fait office de pont entre gaullisme et radicalisme, et devient président de l’Assemblée nationale. Paul Granet devient d’ailleurs membre, et vice-président délégué, de son Comité d’études pour un nouveau contrat social.

Il siège de nouveau à la commission de la production et des échanges. Toujours attentif aux problèmes de l’éducation nationale, il pose le 16 mai 1973 une question d’actualité sur les personnels non titulaires. Par ailleurs, le 25 octobre 1973, il intervient en première partie du projet de loi de finances pour 1974, pour défendre la participation, à l’occasion de l’examen des dispositions fiscales.

Lors de l’élection présidentielle de 1974, marquée par la division de la droite de gouvernement entre Jacques Chaban-Delmas, pour la famille gaulliste, et Valéry Giscard d’Estaing pour la famille libérale, il fait partie des membres de l’UDR signataires, derrière Jacques Chirac, de « l’appel des 43 » dans lequel, sous couvert d’une critique de l’éparpillement des candidatures à droite renforçant le danger d’une victoire de la gauche, ils apportent leur soutien à Valéry Giscard d’Estaing, qui est en définitive élu.

Dans le gouvernement de Jacques Chirac, Paul Granet est, en juin 1974, secrétaire d’Etat rattaché au Premier ministre, chargé de l’Insertion professionnelle. Il est remplacé à l’Assemblée par son suppléant, Raoul Honnet.

Dans le cadre de ses fonctions, Paul Granet intervient en séance publique, à l’Assemblée nationale, en octobre 1974, pour défendre le projet de loi relatif à la formation professionnelle continue et, en novembre 1975, le projet de loi relatif au contrôle de ses organismes de financement. Il se montre particulièrement innovant en créant à l’automne 1975, pour répondre à l’inquiétude des jeunes, les stages avec priorité d’embauche, afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail et dans la vie professionnelle (les stages « Granet »). C’est le début des actions spécifiques en faveur de l’emploi de jeunes.

Lors du remaniement du 12 janvier 1976, Paul Granet est nommé secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Qualité de vie, André Fosset, chargé de l’environnement. Il lui revient ainsi de défendre devant l’Assemblée nationale en avril 1976, en première lecture, trois projets de loi essentiels en la matière : celui relatif aux établissements dangereux, insalubres ou incommodes (la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l'environnement), celui relatif à la prévention et à la répression de la pollution marine par les opérations d'immersion effectuées par les navires et aéronefs et celui relatif à la protection de la nature (la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature), premier texte législatif à poser les grands principes du droit alors nouveau de l’environnement.

Paul Granet n’est pas membre du gouvernement de Raymond Barre, qui succède à Jacques Chirac en août 1976.

Sur le plan politique, il intègre l’Union pour la démocratie française (UDF), le mouvement créé sous l’impulsion du président Valéry Giscard d’Estaing le 1er février 1978 dans l’idée de rassembler ses soutiens. Il en devient rapidement le président fédéral, ainsi qu’un membre du comité national des adhérents directs. Puis, il intègre le Parti radical valoisien, dont il deviendra vice-président en avril 1983.

Faisant preuve d’une vision et d’une capacité d’anticipation, Paul Granet a publié en 1975 Changer la ville¸ chez Grasset, pour souligner l’importance d’une maîtrise de la croissance urbaine.

Lors des élections législatives de mars 1978, il est réélu sous l’étiquette UDF. Il bat au second tour avec 29 878 voix, soit 53,3% des suffrages exprimés, le candidat communiste, Georges Didier, conseiller général de l’Aube et adjoint au maire de Romilly-sur-Seine. Il s’apparente au groupe UDF et siège à la commission de la Défense nationale et des forces armées. Il intervient en séance publique sur plusieurs des sujets qu’il suit depuis maintenant trois législatures.

Le 10 décembre 1980, il pose ainsi une question au gouvernement sur la coordination entre le niveau des loyers des HLM et l’allocation logement. Par ailleurs, en matière d’infrastructures, il défend le 9 novembre 1978, lors de l’examen des crédits des transports prévus par la loi de finances pour 1979, un renforcement des moyens pour les voies navigables, dont il souligne le potentiel en matière d’économies d’énergies. Paul Granet s’intéresse aussi aux questions européennes et aux affaires étrangères.

Lors du débat du 15 décembre 1978 qui suit la déclaration du gouvernement sur l’élargissement de la communauté économique européenne, il pointe notamment comme risque une aggravation des disparités régionales et propose d’exiger des pays candidats l'instauration de la TVA. Il s’inquiète également d’une tendance à la rétention des pouvoirs de l'Assemblée européenne en matière de contrôle budgétaire.

Le 19 décembre 1979, dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur la politique africaine, il insiste sur le rôle spécifique de la France en Afrique, mais aussi sur la nécessité de reconnaître tous les régimes politiques. Il défend la mise en place des accords de Lomé sur la coopération commerciale avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, qui leur est favorable. Il dénonce les interventions soviétiques et cubaines sur le continent, dans un contexte d’attachement croissant des Africains à l’indépendance.

A nouveau candidat lors des législatives de juin 1981, dans des conditions difficiles après la défaite de Valéry Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle, Paul Granet doit en outre faire face à la candidature d’un membre du Rassemblement pour la République (RPR, parti gaulliste), Edgar Barbuet.

Au premier tour, il arrive en tête avec 38,65% des suffrages exprimés, devançant le candidat socialiste Michel Cartelet (30,10%), le candidat communiste Georges Didier (19,66%). Pour sa part, le candidat RPR est largement devancé (5,90%). Le candidat communiste se retire, permettant à Michel Cartelet de disposer d’une solide réserve de voix pour aborder le second tour. Le 21 juin, Paul Granet est battu par 47,96% des suffrages exprimés contre 52,04% pour son adversaire socialiste. Lors des élections municipales de 1983, il ne réussit pas à prendre la mairie de Romilly-sur-Seine face au maire sortant Maurice Camuset.

Sur le plan politique, en mai 1984, il est élu président de la Fédération nationale des élus républicains et radicaux.

En mars 1986, Paul Granet est élu conseiller régional de la région Champagne-Ardenne. Membre de la majorité d’union entre le RPR et l’UDF dirigée par Bernard Stasi, il devient premier vice-président de la collectivité régionale.

En revanche, il ne figure pas sur la liste RPR-UDF dans l’Aube pour les élections législatives de 1986, au scrutin proportionnel. Celle-ci est menée par Robert Galley, maire de Troyes, ancien résistant et compagnon de la Libération, ministre sans interruption entre 1968 et 1981, et élu député de l’Aube depuis 1968.

Paul Granet devient en mai 1986 président de la Compagnie nationale du Rhône, fonction dans laquelle il est renouvelé en mai 1989.

Sur le plan politique, il est réélu président de la Fédération nationale des élus républicains et radicaux, dont la nouvelle appellation sera Fédération nationale des élus radicaux et républicains de progrès.

Après la mort d’Edgar Faure en mars 1988, Paul Granet le remplace comme président du Nouveau Contrat social. Il occupe cette fonction jusqu’en 1992, date à laquelle il en devient le premier vice-président. Cette année, il devient également président du Crédit immobilier de Champagne.

En désaccord avec Robert Galley, maire de Troyes depuis 1972, il songe à présenter une liste d’union des socialistes et des centristes pour les élections municipales à Troyes en mars 1989, avant de renoncer. En revanche, il se présente comme candidat modéré indépendant aux sénatoriales de septembre 1989, conduisant la « liste indépendante pour le développement de l’Aube ». Bien que considéré par les observateurs locaux comme l’un des favoris pour ce scrutin, notamment en raison de ses solides soutiens parmi les représentants du monde agricole, incontournable dans le département, il n’est pas élu sénateur. Plus tard, lors du conseil des ministres du 5 avril 1995, il est nommé conseiller d’Etat en service extraordinaire.

Retiré de la vie politique, Paul Granet décède à Ossey-les-Trois-Maisons, le 17 septembre 2017, à l’âge de 86 ans. Marié avec Odette Moneglia, il avait eu deux enfants. Officier de la légion d’honneur, il était également titulaire du mérite agricole, de la médaille d’honneur de la jeunesse et des sports et de la médaille commémorative de l’Algérie.