Paul Guillon

1913 - 1965

Informations générales
  • Né le 13 janvier 1913 à Vendeuvre-sur-poitou (Vienne - France)
  • Décédé le 6 février 1965 à Poitiers (Vienne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Vienne
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 18 novembre 1962 au 6 février 1965
Département
Vienne
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

GUILLON (Paul)
Né le 13 janvier 1913 à Vandeuvre-du-Poitou (Vienne)
Décédé le 6 février 1965 à Poitiers (Vienne)

Député de la Vienne de 1958 à 1965

Paul Guillon voit le jour dans une famille de vieille souche poitevine. Ses parents exercent tous deux la profession d’instituteurs à Vendeuvre-du-Poitou, puis à Poitiers. Le jeune Paul Guillon se destine à une carrière médicale et poursuit ses études supérieures à la Faculté des sciences de Poitiers, à l’Ecole annexe de médecine navale de Rochefort, puis à l’Ecole de santé navale et coloniale de Bordeaux. Il soutient sa thèse de doctorat en juillet 1936 et envisage rapidement de quitter la métropole. Début 1938, il s’installe au Cameroun pour y servir au sein d’une équipe médicale qui étudie la maladie du sommeil.
Quand éclate la seconde guerre mondiale, en septembre 1939, il est rappelé à Yaoundé et affecté à un groupe sanitaire mobile. Paul Guillon souhaite s’engager dans l’armée d’active en France, mais est maintenu au Cameroun par les autorités militaires. Il effectue de nombreuses tournées en brousse pour combattre une épidémie de méningite au printemps 1940. La campagne de France et la demande d’armistice formulée par le maréchal Pétain le frappent de stupéfaction. Ayant entendu un des appels du général de Gaulle sur les ondes anglaises, il décide de quitter le Cameroun, où seule une minorité souhaite alors se rallier à la France Libre. Il gagne le Nigeria britannique, puis rentre à Yaoundé dès qu’il apprend le débarquement du colonel Leclerc à Douala. En décembre 1940, Paul Guillon demande à être affecté comme médecin-lieutenant auprès du bataillon camerounais. Face aux refus de la hiérarchie militaire, il embarque clandestinement sur un bateau qui conduit des troupes de la France Libre à Freetown et devient médecin-chef du 1er bataillon de la Légion étrangère. Il accompagne cette unité pendant les campagnes d’Erythrée et de Syrie. En décembre 1941, il suit comme médecin-capitaine les troupes du général Koenig. Dans le désert égyptien puis libyen, Paul Guillon se distingue par son courage et son dévouement. Il dispense des soins aux blessés des batailles de Bir-Hakeim et d’El-Alamein. Les postes de secours enterrés où officient les équipes sanitaires sont plusieurs fois pris pour cibles par les avions allemands, faisant de nombreuses victimes. Le 14 juillet 1943, Paul Guillon est fait Compagnon de la Libération. C’est le général Koenig qui, au nom du général de Gaulle, lui remet la Croix de la Libération au cours d’une prise d’armes. Médecin-chef de la 1ère brigade Française Libre, Paul Guillon participe à la campagne d’Italie, y reçoit sa quatrième citation, à l’ordre du corps d’Armée, puis accompagne les forces qui débarquent en Provence le 16 août 1944.
A la Libération, il sert à l’Ecole d’application du service de santé colonial, à Marseille. Sa femme et sa fille, venues d’Alexandrie, le rejoignent au début de l’année 1945. Paul Guillon regagne peu après la vie civile. Reçu au concours de médecin des hôpitaux en 1947, il mène de front une carrière de praticien et des activités de recherche scientifique. Chargé de conférences et de travaux pratiques à l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie de Poitiers, il devient chef de service des hôpitaux dans cette ville.
Dès février 1958, Paul Guillon souhaite avec d’autres que l’Association nationale des Forces françaises libres appelle à un retour au pouvoir du général de Gaulle. Une motion en ce sens sera finalement adoptée lors du congrès annuel de Toulouse le 20 avril 1958. Les événements de mai-juin 1958 confirment le médecin poitevin dans sa conviction que seul de Gaulle peut résoudre le problème algérien.
Paul Guillon se présente aux suffrages des électeurs sans avoir jamais exercé d’activité politique, à l’occasion des législatives de novembre 1958, dans la 1ère circonscription de la Vienne. Sa candidature se situe, selon sa profession de foi, dans la continuité de son engagement pendant la Seconde guerre mondiale. «Toujours lié par [son] serment de 1940 » au général de Gaulle, il entend « reprendre le collier et aider à nouveau » le Libérateur de la patrie dans sa tâche de rénovation nationale. Le médecin poitevin entend mener de front un mandat parlementaire et l’exercice de son activité professionnelle, afin de pouvoir « toucher du doigt les difficultés de la vie quotidienne ». Soutenu par l’UNR, il se place tête du premier tour avec 14 514 suffrages, soit 28,1% des exprimés. L’appui des cantons urbains de Poitiers-nord et Poitiers-sud, où il obtient plus de 30% des voix, explique ce bon résultat. Le 30 novembre 1958, Paul Guillon est élu député de la Vienne dans une triangulaire face au sortant communiste Alphonse Bouloux et à Henry de Cluzeau, adjoint au maire de Poitiers.
Il s’apparente au groupe UNR à l’Assemblée nationale et le rejoint pleinement en octobre 1959. En juillet 1959, l’ancien Français Libre est élu membre du Sénat de la Communauté. Paul Guillon se montre un député particulièrement actif pendant la première législature de la Vème République. Membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, il en devient le Vice-président en juillet 1961 et devait exercer ces responsabilités jusqu’au printemps 1963. Il prend fréquemment la parole dans l’hémicycle. Ses interventions abordent des sujets très divers. Le 18 juin 1959, il obtient que les députés observent une minute de silence « à la mémoire des morts de la France Libre et de la Résistance ». Rapporteur pour avis des dispositions concernant le Sahara dans le projet de loi finances pour 1962, le vétéran de Bir-Hakeim insiste sur la nécessité de maintenir l’aide française aux populations sahariennes, afin de leur permettre d’exploiter les ressources de leur sol. Sa proposition de loi tendant à l’interdiction de la vente des salmonidés sauvages est examinée par l’Assemblée nationale en juillet 1961 : il en justifie le dépôt par le souci de protéger les poissons des rivières françaises, dans un contexte d’amélioration constante de la qualité des truites d’élevage. Bon connaisseur des problèmes de l’enseignement et de la recherche, Paul Guillon est chargé d’un rapport d’information sur la condition des personnels enseignants en mars 1962.
L’élu de la Vienne soutient la politique de l’exécutif entre 1958 et 1962 : il approuve le programme du gouvernement Debré le 16 janvier 1958, comme la déclaration de politique générale du Premier ministre, le 15 octobre de la même année. Paul Guillon vote la loi Debré sur l’enseignement privé (23 décembre 1959), accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) et soutient le programme du gouvernement Pompidou (27 avril 1962).
L’ancien Français Libre s’affirme comme un gaulliste de la fidélité, et défend l’exécutif à plusieurs reprises contre les attaques de certains de ses collègues sous la première législature. Le groupe UNR le désigne pour exprimer sa position lors du débat sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, le 5 juillet 1962. Paul Guillon reproche à son compagnon dans l’ordre de la Libération d’avoir usurpé le nom du Conseil national de la Résistance pour le mettre au service d’une entreprise de subversion. Successeur éventuel du général Salan à la tête de l’OAS, Georges Bidault se serait rendu coupable d’une « conspiration proprement fasciste », selon l’élu de la Vienne. C’est « au nom de ceux qui en juin 1940 ont répondu à l’appel du général de Gaulle, qui l’ont aidé à rétablir d’abord, à sauvegarder ensuite la démocratie », que Paul Guillon demande la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien Président du Gouvernement provisoire. Le 4 octobre 1962, lors du débat sur la motion de censure déposée par l’opposition, il s’indigne qu’on puisse présenter l’homme du 18 juin comme un mauvais républicain et un démocrate insincère : « on crie au pouvoir personnel, à la dictature, parce que le général de Gaulle veut consolider pour l’avenir le régime républicain dans une France vraiment moderne ». Le député de la Vienne s’en remet, pour vider cette querelle, « à une autorité, la seule souveraine en régime démocratique authentique : l’autorité du peuple ».
Après la dissolution de l’Assemblée nationale et l’approbation par les Français de l’élection du président de la République au suffrage universel direct, Paul Guillon sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire en novembre 1962. Investi par l’UNR, il met également en avant le soutien de Valéry Giscard d’Estaing, ministre des Finances et chef de file des Républicains indépendants, membres de la majorité. Le député sortant de la Vienne insiste sur les mesures sociales décidées par le pouvoir gaulliste depuis 1958, comme l’augmentation de 31,5% des allocations familiales ou la revalorisation des pensions à hauteur de 33% en quatre années. Il se propose de continuer à « servir la France et la République » en soutenant l’action du général de Gaulle. 50,8% des électeurs lui font confiance dès le premier tour, malgré la présence de quatre autres candidats : Paul Guillon, qui arrive en tête dans les huit cantons de la 1ere circonscription de la Vienne, est donc réélu le 18 novembre 1962.
Inscrit au groupe de l’UNR-UDT, il retrouve la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales : la confiance de ses collègues et son importante activité parlementaire lui valent d’être porté à sa présidence le 7 mai 1963. Il intervient souvent en séance publique. Ses préoccupations vont aux questions sanitaires et médicales ainsi qu’aux débats intéressant l’éducation nationale ou la protection de la petite enfance. Soucieux des liens entretenus par la France avec ses anciennes colonies d’Afrique noire, il effectue en 1964 avec d’autres parlementaires une mission au Sénégal, en Côte-d’Ivoire, en Haute-Volta et au Niger et est chargé du rapport d’information. Le 18 décembre 1964, Paul Guillon dépose une proposition de loi tendant à favoriser la conclusion de conventions collectives : il souhaite en effet faciliter le dialogue social et éviter qu’il ne se noue qu’après un conflit.
Le député de la Vienne soutient la politique du gouvernement Pompidou sous la seconde législature. Il se prononce en faveur de la ratification du traité de l’Elysée, qui scelle la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963), vote l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963) et la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964).
Au milieu des années 1960, Paul Guillon semble à l’aube d’une carrière nationale. Secrétaire général adjoint de l’UNR depuis 1963, il est en charge de la formation des cadres du mouvement. Son assise locale se renforce également avec son élection comme conseiller général dans le canton de Poitiers-nord, le 15 mars 1964. Peu avant sa disparition, le président de la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale fait connaître sa décision de se porter candidat à la mairie de Poitiers. C’est très subitement qu’il disparaît, quelques semaines avant le premier tour des élections municipales de mars 1965.
Le président Chaban-Delmas rend hommage à ce Compagnon de la Libération en prononçant son éloge funèbre dans l’hémicycle, le 2 avril 1965. Il évoque la mémoire d’un « pur parmi les purs », à qui « le soupçon du mal était étranger », un élu « plus vulnérable que quiconque au découragement, voire au désespoir face aux déformations, aux mutilations que trop souvent la dure réalité impose aux aspirations les plus nobles ».
Son suppléant Roger Bertholleau, ancien combattant de 1914-1918 et viticulteur, succède à Paul Guillon comme député de la Vienne jusqu’en mars 1967. A cette date, les électeurs de la 1ère circonscription envoient le gaulliste Pierre Vertadier, maire de Poitiers, siéger à l’Assemblée nationale.