Léon, Jean Martinaud-Déplat

1899 - 1969

Informations générales
  • Né le 9 août 1899 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 5 octobre 1969 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 8 mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Seine
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste

Biographies

Né le 9 août 1899 à Lyon (Rhône).

Député de la Seine de 1932 à 1936. Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 30 janvier au 7 février 1934.

Fils d'instituteur, né à Lyon, il joint le nom de son beau-père au sien propre. Il fait des études secondaires dans cette ville puis s'inscrit à la Faculté de droit d'Aix-en-Provence. Après avoir obtenu sa licence, il s'inscrit au barreau de Paris. En 1925-1926, il préside l'association des jeunes avocats, et, à la même époque, il s'inscrit au parti radical qui, dès 1929, le nomme secrétaire général du comité exécutif du parti radical-socialiste.

En 1932, il se présente aux élections législatives dans la 2e circonscription du XIXe arrondissement de Paris contre le député communiste sortant, Jacques Beaugrand. La campagne électorale est d'autant plus passionnée que sept candidats briguent les voix des 14.264 électeurs inscrits. Au premier tour, le 1er mai, Beaugrand, avec 3.292 suffrages, distance légèrement Martinaud-Déplat qui obtient 3.084 voix ; Jérôme-Lévy, républicain socialiste, vient en troisième position avec 2.184 voix. Alloix, de la S.F.I.O., Amieux, républicain de gauche, Rigal, démocrate populaire, et Régnault, républicain indépendant, recueillent respectivement : 1.114, 1.086, 1.019 et 210 voix. Au second tour, restent en présence Beaugrand, Martinaud-Déplat et Jérôme-Lévy. Par le jeu des désistements en sa faveur, Léon Martinaud-Déplat l'emporte avec 5.233 voix sur 11.728 suffrages exprimés. Beaugrand et Jérôme-Lévy améliorent leur score du premier tour : 3.718 et 2.775 voix.

A la Chambre, Martinaud-Déplat fait partie de la commission de l'Algérie, des colonies et des pays de protectorat, et de la commission du commerce et de l'industrie.

Il dépose des propositions tendant à régler les problèmes qui intéressent la circonscription qui l'a élu (quartier du Pont de Flandre) notamment : relations entre propriétaires et locataires inscrits au chômage, aménagement de la zone qui ceinture Paris. Il est l'auteur d'un avis sur l'assainissement du marché de la viande et du lait, d'un rapport sur les magasins à prix unique. Il intervient dans les débats et dépose de nombreux amendements concernant les projets de loi sur les baux commerciaux, la taxation de la viande de boucherie..

En 1934, Daladier lui confie dans le cabinet qu'il constitue le 30 janvier un sous-secrétariat d'Etat à la présidence du Conseil ; mais la durée de ce ministère sera très brève puisque moins d'une semaine après sa présentation les événements du 6 février conduisent Daladier à remettre sa démission.

En 1936, il se représente dans la même circonscription du XIXe arrondissement. Au premier tour, il obtient 6.133 voix sur 16.590 inscrits et 14.887 votants, contre 6.075 au candidat communiste Grésa, 1.219 à Périgaud, socialiste S.F.I.O. et 532 à Masson. Au second tour, par le jeu du désistement entre les candidats du -front populaire Grésa recueille 7.504 suffrages tandis que Léon Martinaud-Déplat subit un échec avec 7.067 voix.

Martinaud-Déplat reste néanmoins un des leaders de son parti. Au début de la guerre, il est nommé directeur de la Presse au haut-commissariat à l'Information, à la tête duquel se trouve Jean Giraudoux.




Né le 9 août 1899 à Lyon (Rhône)
Décédé le 5 octobre 1969 à Paris

Député de la Seine de 1932 à 1936
Député des Bouches-du-Rhône de 1951 à 1955
Garde des Sceaux, ministre de la justice du 20 janvier 1952 au 28 juin 1953
Ministre de l'intérieur du 28 juin 1953 au 19 juin 1954

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889 1940, Tome VII, p. 2388-2389)

Réformé militaire, Léon Martinaud-Déplat exerce les fonctions de directeur de la presse et de la censure au Haut Commissariat à l'information en 1939-1940, puis se retire de la vie politique pendant l'Occupation. A la Libération, il se consacre à la réorganisation du parti radical dans le sillage d'Edouard Herriot dont il épouse de très près les vues constitutionnelles et économiques. Lors du 34e congrès, tenu à Paris en juillet 1945, il défend l'initiative privée contre les excès de l'intervention étatique. Il dirige La Dépêche de Paris, journal officieux du parti radical dont l'audience est restreinte, puis, en 1947, L'Information radicale socialiste, feuille tout aussi confidentielle financée par Emile Roche. En décembre 1948 il succède à Henri Queuille - absorbé par ses tâches gouvernementales - au secrétariat administratif du parti. Véritable maître de l'appareil, il engage le parti radical dans la voie d'une participation gouvernementale permanente. De congrès en congrès il ne cesse de réclamer le retour au scrutin majoritaire à deux tours, la fin du dirigisme, et professe un anticommunisme combatif qu'il exprime également dans les émissions radiophoniques dévolues à l'association Paix et Liberté dirigée par Jean-Paul David. Il se rallie tardivement à une condamnation de la double appartenance qui oblige certains adhérents au RPF, tels Michel Debré et Jacques Chaban-Delmas, à quitter le parti radical en mai 1951.

En vue des élections du 17 juin, Léon Martinaud-Déplat, qui avait jusqu'alors refusé tout mandat électif, se présente dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône (Aix-Arles) à la tête d'une liste RGR Indépendants elle-même apparentée aux listes SFIO et MRP. L'apparentement n'ayant pas obtenu la majorité absolue, la répartition des sièges s'opère à la représentation proportionnelle. Avec 17 617 voix (mais 18 331 voix personnelles), soit 13,4 % des suffrages exprimés, Léon Martinaud-Déplat est élu. Il est nommé à la Commission des affaires étrangères et à la Commission de la marine marchande.

Absent pour congé lors du vote des lois Marie et Barangé de soutien à l'enseignement privé, il vote l'investiture d'Edgar Faure le 17 janvier 1952 et entre dans son gouvernement comme garde des Sceaux et ministre de la justice, fonctions qu'il conserve dans les cabinets Pinay (8 mars 1952 - 7 janvier 1953) et René Mayer (8 janvier - 28 juin 1953). Comme tel, il dépose de nombreux projets de loi visant à la modification de divers articles du code pénal et du code d'instruction criminelle, ainsi que de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Il est également attentif à l'organisation et au fonctionnement de la justice en Algérie. En octobre et novembre 1952, il doit répondre à une multitude d'amendements, déposés par tous les groupes, lors du débat relatif à l'amnistie des peines prononcées pour faits de collaboration. Il doit également répondre, en mars 1953, à diverses interpellations concernant l'affaire Finaly. Il prend une part importante dans les débats qui entourent la réforme du contentieux administratif et qui aboutiront à l'adoption du décret-loi du 30 septembre 1953 portant création des tribunaux administratifs. Précédemment, il a enjoint aux procureurs généraux - qu'il n'hésite pas à convoquer place Vendôme - de faire preuve de la plus grande sévérité face aux activités communistes. En mai 1952, il prescrit l'ouverture d'une information judiciaire à la suite des manifestations violentes qui ont ponctué la venue à Paris du général Ridgway, et s'associe à son collègue à l'intérieur Charles Brune pour inventer des poursuites contre Jacques Duclos.

Après la chute du cabinet Mayer et l'infructueuse tentative de Pierre Mendès France en faveur duquel il a voté le 4 juin 1953, Léon Martinaud-Déplat appartient au cabinet Laniel comme ministre de l'intérieur. En cette qualité, il est entendu sur les violences ou carences policières qui ont marqué plusieurs manifestations dans la capitale (le 14 juillet 1953 à la Nation, le 15 décembre 1953 au Quartier Latin, le 4 avril 1954 place de l'Etoile). Il défend les positions du gouvernement face à de nombreux amendements aux propositions concernant la police nationale, l'administration préfectorale, l'Algérie et les départements d'outre-mer. Il doit également faire face à la puissante vague de grèves de l'été 1953. Ministre très politique, il joue en coulisse un rôle non négligeable (en liaison avec Emile Roche et le chef de la région de Casablanca, Philippe Boniface) dans la déposition du Sultan marocain le 20 août 1953. Lors de l'élection présidentielle de décembre, il déploie une intense mais vaine activité pour porter Henri Queuille à l'Elysée.

Ayant voté l'investiture de Pierre Mendès France le 17 juin 1954, Léon Martinaud-Déplat se résigne mal à ne pas être reconduit comme ministre et manifeste publiquement son opposition à la politique libérale du président du Conseil en Afrique du Nord. S'il vote la ratification des accords de Genève le 23 juillet, il s'appuie sur les élus radicaux d'Afrique du Nord (Antoine Colonna, Henri Borgeaud) pour dénoncer toute politique d'abandon tant en Tunisie qu'en Algérie. Un incident personnel très vif l'oppose à Mendès France le 10 août, après le discours de Carthage, quand il l'accuse d'avoir cédé au chantage du terrorisme et en appelle à un patriotisme. Le différend est porté au congrès radical de Marseille (15-17 octobre 1954) qui s'achève par une courte victoire, au reste contestée, du secrétaire administratif. Mais au congrès extraordinaire tenu salle Wagram, le 4 mai 1955, ce sont les partisans de Pierre Mendès France qui l'emportent et Martinaud-Déplat est exclu du parti. Entre-temps, ayant voté la chute de son rival le 4 février 1955, il a soutenu de ses votes le gouvernement Edgar Faure, mais son influence politique de « Père Joseph » du radicalisme ne cesse de décliner. Aux élections du 2 janvier 1956 il est reconduit à la tête d'une liste RGR-Indépendants, mais il n'obtient que 20 945 voix (soit plus qu'en 1951) et 13 % des suffrages exprimés. Il perd son siège au profit d'un socialiste, la SFIO ayant conclu un apparentement avec l'UDSR. Revenant à sa profession d'avocat, il abandonne la vie politique tout en demeurant maire de Saint-Antonin-sur-Bayon jusqu'à sa mort survenue le 5 octobre 1969.