Roger Partrat

1935 - 1988

Informations générales
  • Né le 2 avril 1935 à Saint-etienne (Loire - France)
  • Décédé le 10 août 1988 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Loire
Groupe
Union centriste

Biographies

Biographie de la Ve République

PARTRAT (Roger, Louis, Marcel)
Né le 9 avril 1935 à Saint-Etienne (Loire)
Décédé le 10 août 1988 à Paris

Député de la Loire de 1973 à 1978

Né le 9 avril 1935 à Saint-Etienne, de grands parents ouvriers et commerçants, Roger Partrat est le fils d’Antoine Partrat, conseiller-maître honoraire à la Cour des comptes, qui dirigea le cabinet d’Antoine Pinay, président du Conseil (1952-1953), puis ministre des Finances (1958-1959). Après une scolarité au Collège Stanislas à Paris, il obtient une licence en sciences, puis un diplôme de l’Ecole nationale de statistique et de l’administration économique (ENSAE) ; il étudie également à l’Institut national des statistiques (INS) de l’Université de Paris et prépare un diplôme d’études supérieures (DES) de statistiques mathématiques. Il s’investit dans le mouvement Scouts de France où il est chef de patrouille de 1950 à 1953.
Marié à la pianiste Françoise Moussier, et père de trois enfants, Roger Partrat devient ingénieur économiste, et entre à la Commission des Communautés européennes, comme administrateur, chef de la division des programmes à moyen terme et des politiques structurelles. Il demeurera treize années en fonction.
Il entre en politique progressivement, à la faveur du retrait d’Eugène Claudius-Petit, grande figure du département de la Loire, député de la quatrième circonscription, ancien ministre de la reconstruction et de l’urbanisme, et ancien maire de Firminy. Cet ami de Le Corbusier, qui tenta de faire de sa ville une petite Brasilia, quitte ses terres ligériennes d’élection, en 1973, deux ans après sa défaite à la mairie de Firminy, pour se présenter dans la onzième circonscription de Paris. Investi dans le mouvement associatif, au sein de la branche Europe de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), Roger Partrat a creusé son sillon politique au Centre démocrate de Jean Lecanuet d’abord, puis au Centre démocratie et progrès moderne (CDP) de Jacques Duhamel, à partir de sa création en 1969. Originaire de Firminy, Roger Partrat bénéficie vraisemblablement des réseaux politiques paternels et du parrainage prestigieux d’Antoine Pinay, l’homme de Saint-Chamond. C’est ainsi qu’il présente sa candidature dans la quatrième circonscription de la Loire, qui regroupe les cantons de Bourg-Argental, du Chambon-Feugerolles, de Firminy et de Saint-Genest-Malifaux. Investi par l’Union des républicains de progrès (URP), via le CDP, il est secondé par son suppléant, le docteur Jean Montagnon, premier adjoint au maire du Chambon-Feugerolles. Au premier tour de scrutin, il est devancé par l’un des huit candidats en lice au premier tour, l’ancien député communiste, conseiller général et maire de Firminy, Théo Vial-Massat. L’écart, de 4 000 voix, est rattrapé entre les deux tours, mais l’élection est acquise de peu, le 11 mars 1973 : Roger Partrat obtient 21 269 des 41 578 suffrages exprimés, soit 51,2% des voix. La campagne électorale a été rude. Roger Partrat a fondé presque exclusivement son combat sur la lutte contre le Parti communiste. Sa profession de foi en porte le témoignage, qui stigmatise « une coalition socialo-communiste, disparate, (….) proposant un programme qui, sous des apparences de promesses contradictoires et irréalistes, conduirait au désastre économique et par conséquent au recul social, à la perte de l’indépendance nationale, au démantèlement de l’Europe libre », menaçant la France d’être portée « au bord de l’aventure totalitaire ». La candidature de Roger Partrat a été clairement définie, par lui-même d’ailleurs, comme un éventuel rempart contre le Parti communiste, sous la « coupe » duquel il ne souhaite pas voir « tomber » la vallée de l’Ondaine. Il enjoint les électeurs de ne pas « prendre le risque de vivre ce qu’ont vécu (….) les Hongrois, Polonais et Tchèques ».
Le nouveau député de la Loire rejoint l’Assemblée nationale et s’inscrit au groupe de l’Union centriste. L’année d’après, le 10 juillet 1974, il choisit le nouveau groupe des réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux. Il appartient à la Commission de la production et des échanges, jusqu’en avril 1976, avant d’être nommé membre de la prestigieuse Commission des finances, de l’économie générale et du plan, au sein de laquelle il siège jusqu’à la fin de la législature. Il appartient également à la commission d’enquête sur les pratiques des sociétés pétrolières en France, et à la commission d’enquête sur l’utilisation des fonds publics alloués aux entreprises privées ou publiques de construction aéronautique, à compter du 4 septembre 1976. Il préside cet aréopage dès la semaine qui suit. Il est aussi secrétaire général de l’intergroupe sur l’eau, à compter de 1973.
Au cours de son mandat, le député démocrate-chrétien de la Loire dépose une proposition de loi relative à « certains personnels de la navigation aérienne », le 31 octobre 1973. Il pose une question orale sans débat au gouvernement, cinq questions au gouvernement, et une question orale avec débat. Les thèmes abordés sont de nature économique : situation de la navigation aérienne, sujet, vraisemblablement, de prédilection du député de Firminy ; garantie de salaire aux travailleurs privés d’emploi ; production de l’électricité industrielle ; situation de l’emploi dans la vallée de l’Ondaine-Pilat, sa terre d’élection. Par ailleurs, en cinq ans, il prend la parole en séance publique à vingt-quatre reprises. A chaque fois, il s’agit de sujets économiques ou juridiques particulièrement pointus. Le 22 novembre 1973, il intervient dans la discussion du projet de loi tendant à assurer, en cas de règlement judiciaire ou de liquidation des biens, le paiement des créances résultant du contrat de travail. Il évoque précisément les créances des caisses de congés payés. Le 20 juin 1974, il défend un amendement, qu’il finit par retirer, dans la discussion du projet de loi d’amnistie. L’année d’après, il se consacre au débat sur le texte relatif à la protection des locaux à usage d’habitation. Son amendement, visant à maintenir la possibilité d’attribuer par voie de réquisition des logements à des personnes expulsées ou mal logées, est adopté le 27 novembre 1975. Quelques mois plus tard, au mois de juin 1976, il participe très activement à la discussion sur le projet de loi portant imposition des ressources provenant de plus-values assimilables à un revenu. Il dépose six amendements ; cinq sont retirés ; un est repoussé. Il montre l’importance de l’incorporation des revenus du capital dans les revenus imposables. De manière générale, il déclare que s’il faut écarter l’imposition directe du capital, difficile techniquement, l’imposition des plus-values proposée par le gouvernement peut être acceptée, mais il faut revoir l’ensemble du régime fiscal applicable au patrimoine et prévoir l’indexation de l’épargne populaire. D’après Roger Partrat, le projet paraît très éloigné des conclusions de la commission Monguilan et de celles du Conseil économique et social, du fait du caractère ambigu de son objectif. Pour le député de la Loire, mieux vaudrait frapper avant tout les plus-values à court terme, regrettant que le projet du gouvernement soit trop partiel et technocratique, ce qui nuit à son efficacité. Malgré les progrès qu’il reste à faire, Roger Partrat explique son vote favorable, le 23 juin 1976, en rappelant qu’il s’agit ici de l’introduction d’un principe nouveau dans la législation fiscale, preuve des attitudes réformatrices de la majorité. Il juge équitable que la collectivité reçoive une part des plus-values réalisées le plus souvent grâce à un effort collectif. Enfin, il estime que les dispositions satisfaisantes des amendements n’ont pas vidé le projet de sa substance. Enfin, le 1er juin 1977, dans la discussion du projet de loi instituant le complément familial, l’élu ligérien avance la nécessité d’un aménagement du système fiscal et d’une réforme en profondeur du régime de protection sociale, ouvrant la voie à la nécessité d’une réflexion d’ensemble sur les objectifs d’une politique familiale globale.
Les autres interventions de Roger Partrat, toujours très précises, ont pour cadre les récurrentes discussions budgétaires. Pour lui, l’examen d’un budget doit être l’occasion de « cerner les graves incertitudes de l’avenir immédiat ». Il monte ainsi à la tribune, au fil de la délibération parlementaire, sur les projets de loi de finances pour 1975, 1976, 1977 et 1978. Si ses prises de position sont largement l’objet de la discussion générale, il intervient aussi plus précisément, à l’occasion de la défense des budgets des ministères du travail, de l’aménagement du territoire et des transports. Mais plus rituellement, il devient un spécialiste du budget de la fonction publique. Il en est le rapporteur spécial, dès le 3 novembre 1975, dans le but de souligner la possibilité pour l’Etat de suivre l’évolution en nombre et en structure de son personnel. L’année d’après, il remplit les mêmes fonctions, pour la discussion du même budget ministériel. Il rappelle alors, le 15 novembre 1976, qu’il s’agit d’un budget important dont il n’est pas tenu assez compte. Enfin, pour le budget 1978, il est appelé aux mêmes responsabilités, par la Commission des finances à laquelle il appartient. Le 18 novembre 1978, il rappelle longuement l’importance de la politique de rémunération dans la fonction publique.
Au cours de son mandat, par les différents votes qu’il émet, Roger Partrat fait montre de son soutien critique aux gouvernements Messmer, Chirac et Barre. Le 12 avril 1973, il approuve la déclaration de politique générale du gouvernement dirigé par l’ancien ministre des armées du général de Gaulle. Le 16 octobre suivant, il vote en faveur de l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant modification de l’article 6 de la Constitution sur les conditions de suppléance des parlementaires. Il fait de même, le 6 juin 1974, sur la déclaration de politique générale du gouvernement de Jacques Chirac, et renouvelle son adhésion à la politique menée, en soutenant la réforme constitutionnelle relative à l’article 25 de la Constitution sur les modifications des règles de la campagne électorale de l'élection présidentielle, le 10 octobre 1974. Contrairement à certains de ses collègues démocrates-chrétiens qui apportent leur soutien au texte relatif à l’interruption volontaire de grossesse, Roger Partrat refuse de donner sa voix au projet de la ministre de la santé, Simone Veil, le 28 novembre de la même année. En revanche, il approuve la réforme du divorce, le 4 juin 1975. A nouveau, il vote pour la réforme constitutionnelle, celle visant à modifier l’article 7 de la Constitution, le 8 juin 1976. Il montre la même volonté d’approbation, en soutenant le gouvernement de Raymond Barre, le 28 avril 1977, qui présente son programme de gouvernement. Enfin, le 21 juin 1977, il est de ceux qui, à la presque unanimité de la représentation nationale, adoptent l’ensemble du projet de loi relatif à l’élection des représentants à l’Assemblée des communautés européennes.
Aux élections législatives de mars 1978, Roger Partrat est candidat à sa propre succession dans la quatrième circonscription de la Loire où il a renforcé son enracinement politique local et national. Il a été élu conseiller régional de la région Rhône-Alpes, en 1973, et membre de son bureau à compter du mois de janvier 1974. Par ailleurs, il siège au conseil politique du Centre démocratie et progrès depuis 1973. Cependant, l’évolution sociologique de la circonscription et la nette progression du Parti communiste dans la vallée de l’Ondaine privent le député sortant de son siège. Le maire de Firminy, Théo Vial-Massat, qui avait battu Eugène Claudius-Petit en 1971, remporte le scrutin législatif en devançant Roger Partrat de 2 400 voix. Au second tour, le député sortant ne recueille que 47,4% des suffrages exprimés.
Membre de l’association internationale des parlementaires de langue française, fonctionnaire européen en détachement, le député battu a des contacts très étroits au sein de la CEE. Premier vice-président du Centre des démocrates sociaux (CDS), parti politique regroupant les élus du Centre démocrate et ceux du Centre démocratie et progrès, il est aussi au cœur d’un des principaux appareils politiques français, membre de la confédération présidentielle de l’Union pour la démocratie française (UDF), qui prépare sa liste pour les premières élections du Parlement européen au suffrage universel, en 1979. Roger Partrat obtient d’y figurer à la 32ème place, ce qui lui permet d’être élu et d’aller siéger à Strasbourg. A ce titre, il entre au bureau politique du Parti populaire européen (PPE). Presque simultanément, par le décret présidentiel du 8 août 1979, il est nommé au Conseil économique et social (CES), au titre des personnalités qualifiées. A ce poste, il est l’auteur du rapport sur l’adaptation économique, comme rapporteur général de la commission spéciale du Plan de l’Assemblée de l’avenue d’Iéna. Il y propose notamment de soutenir l’investissement productif des entreprises, en les faisant bénéficier de « l’effet fiscal d’une réévaluation des bilans », et de mobiliser l’épargne populaire en créant des fonds de placements régionaux susceptibles de relancer les bourses régionales. En ce qui concerne les petites et moyennes entreprises, il est proposé de créer des « sociétés de commerce international pour leur permettre de se grouper pour la détection des marchés étrangers ». Le rapport propose également, afin de promouvoir une « économie plus solidaire », de concevoir, dans le cadre du VIIIème plan, « une organisation de la formation, en concertation avec les représentants socio-professionnels, qui permette l’insertion de chacun dans une perspective d’emploi positive. L’indemnisation du chômage deviendrait alors une rémunération de la reconversion ». Enfin, le rapport demande que le contrôle de la progression de la masse monétaire ne se fasse plus par le moyen de l’encadrement du crédit et que soit instituée une véritable concurrence entre les banques.
Amateur de sports, notamment de football, de tennis et de ski, Roger Partrat disparaît subitement au cœur de l’été 1988, le 10 août, à l’âge de 53 ans. Ses obsèques sont célébrées en l’Eglise Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, le 13 août. Le 15 septembre suivant, une messe réunit l’ensemble de ses amis. Symbole de son appartenance et de sa fidélité à la démocratie chrétienne française dont il était l'un des principaux acteurs, c’est Jacques Barrot, député de la Haute-Loire, voisin de circonscription, et ami très proche, qui prononce un discours au nom de la classe politique que Roger Partrat quitte très jeune, en même temps qu’il quitte la vie.