Henri Belcour

1926 - 2003

Informations générales
  • Né le 11 septembre 1926 à Ussel (Corrèze - France)
  • Décédé le 19 novembre 2003 à Ussel (Corrèze - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1967 au 30 mai 1968
Département
Corrèze
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 13 août 1968 au 1er avril 1973
Département
Corrèze
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 8 mai 1973 au 13 novembre 1976
Département
Corrèze
Groupe
Union des démocrates pour la République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1980 au 1er octobre 1989
Sénateur
du 2 octobre 1989 au 30 septembre 1998

Biographies

Biographie de la Ve République

BELCOUR (Henri)
Né le 11 septembre 1926 à Ussel (Corrèze)
Décédé le 19 novembre 2003 à Ussel (Corrèze)

Député de la Corrèze de 1967 à 1976
Sénateur de la Corrèze de 1980 à 1998

Né le 11 septembre 1926 à Ussel, sous-préfecture de la Corrèze, Henri Belcour est le fils de Jean Belcour, médecin à Ussel. Passé par la faculté de médecine de Limoges, il effectue son service militaire en 1951 comme médecin auxiliaire, puis exerce à Ussel, ainsi qu’au centre hospitalier de la ville. Comme son père avant lui, Henri Belcour entre au conseil municipal d’Ussel en 1959 et siège dans l’opposition au député-maire François Var (SFIO), en fonction depuis 1934. Sans ambition politique personnelle, Henri Belcour est, à sa demande, placé dernier sur la liste d’opposition lors des élections municipales de mars 1965. Au soir du premier tour, François Var, mis en ballottage défavorable, se désiste. A la surprise générale, le panachage fait d’Henri Belcour le vainqueur de ces municipales. Deux ans plus tard, il prend son siège de conseiller général à François Var pour le canton d’Ussel-Est, qu’il ne quitte qu’en 1998. Henri Belcour est confortablement réélu à la mairie d’Ussel jusqu’en 2001. Il siège par ailleurs au conseil régional du Limousin de 1973 à 1976 et de 1980 à 1986.

La carrière politique nationale d’Henri Belcour est à certains égards inséparable de celle de Jacques Chirac à partir de 1967. Ce dernier, « jeune loup » de l’entourage du Premier ministre, Georges Pompidou, est à la recherche d’une circonscription pour les élections législatives. Il opte pour la troisième circonscription de la Corrèze, terre de ses aïeux. Il est alors conseiller municipal de Sainte-Féréole, dans l’arrondissement de Brive-la-Gaillarde, et chargé de mission au cabinet du Premier ministre, côtoyant Jean Charbonnel, secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1966-1967), ancien député de la 2e circonscription de la Corrèze et maire de Brive-la-Gaillarde. A cette notable référence, il compte ajouter le soutien d’Henri Belcour, sans étiquette, qui tarde cependant à donner son accord. Sur l’insistance de Jacques Chirac, déterminé à succéder à François Var comme député d’Ussel, Henri Belcour accepte finalement d’être son suppléant éventuel. François Var n’est d’ailleurs pas candidat à sa réélection. Il appelle à voter pour son ancien rival, Georges Emon, membre du Parti communiste français (PCF), contre le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) nommé pour le remplacer, à savoir Robert Mitterrand, frère de François Mitterrand. Tous les candidats de la circonscription sont unanimes sur les enjeux du scrutin de mars 1967, à savoir la dépopulation et l’exode rural, la rénovation du réseau routier, ainsi que la crise de l’agriculture, aux structures peu adaptées à l’économie moderne. Dans leur profession de foi, Jacques Chirac et Henri Belcour, investis par l’Union pour la nouvelle République (UNR), se décrivent comme « deux jeunes hommes, tous deux enfants du pays et issus de vieilles familles corréziennes », ainsi que candidats de la stabilité des institutions de la Ve République. Au soir du premier tour, Jacques Chirac arrive très largement en tête avec 15 299 voix (42,81 % des suffrages exprimés), contre 10 567 voix (29,59 %) pour Georges Emon (PCF). Suivent Robert Mitterrand (FGDS), avec 8 657 voix (24,24 %) et, dernier, Michel Kellerman pour le Parti socialiste unifié (PSU), 1 203 voix (3,37 %). En vue du second tour, Robert Mitterrand et Michel Kellerman appellent à voter pour Georges Emon qui se présente comme le « défenseur de la démocratie et des principes républicains » contre la politique de l’UNR « la plus rétrograde, la plus stérile, la plus dangereuse qui soit ». Le 12 mars, Georges Emon (PCF) totalise 17 985 voix et gagne près de 20 points ; mais il ne parvient pas à faire le plein des voix de gauche du premier tour et est finalement battu par Jacques Chirac qui le devance de 537 voix.

Le succès du candidat gaulliste et de son suppléant est lié à la mobilisation d’électeurs s’étant abstenus au premier tour. On dénombre 791 suffrages exprimés de plus au second tour. Il est d’autant plus retentissant que Jean Charbonnel, candidat Ve République comme Jacques Chirac et Henri Belcour, perd son siège dans la deuxième circonscription contre Roland Dumas (FGDS) et que, sans surprise, Jean Montalat (FGDS) est réélu dans la 1ère circonscription (Tulle). Dans la foulée, Jacques Chirac fait son entrée au gouvernement comme secrétaire d’Etat à l’Emploi et Henri Belcour le supplée à l’Assemblée nationale à partir du 9 mai 1967. Membre du groupe Union démocratique pour la Ve République (UD-Ve), le nouveau député d’Ussel intègre la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.

Lors des élections législatives anticipées des 23 et 30 juin 1968 provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, Jacques Chirac se présente à nouveau avec le maire d’Ussel dans la 3e circonscription de la Corrèze. Dans leur profession de foi, le candidat de l’Union des démocrates pour la Ve République et son suppléant se présentent comme les défenseurs de la paix et de la démocratie contre la sédition et l’anarchie. Ils mettent en outre en avant les actions concrètes du gouvernement dans la circonscription en précisant les cantons où elles peuvent être vérifiées. Pour la FGDS, Georges Dumont remplace Robert Mitterrand tandis que le communiste Georges Emon tente à nouveau sa chance, en vain. Jacques Chirac est réélu dès le premier tour avec 19 593 voix (54,37 % des suffrages exprimés) contre 11 092 voix (30,78 %) pour Georges Emon. Georges Dumont est loin derrière avec 4 608 voix (12,11 %). Bernard Mazaud, promoteur du plan de développement du plateau des Millevaches, pour le Mouvement pour la réforme, créé par Edgard Pisani, « entre une droite immobile et une extrême-gauche figée », est dernier avec 745 voix (2,07 %). Jacques Chirac, restant au gouvernement comme secrétaire d’Etat à l’Economie et aux finances, Henri Belcour retrouve le Palais-Bourbon où il est reconduit à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.

Pour les élections législatives de mars 1973, Jacques Chirac, devenu entre-temps ministre de l’Agriculture, est à nouveau candidat avec Henri Belcour toujours à ses côtés. Si l’on en croit leur profession de foi, les électeurs ont le choix entre « l’expansion économique, le progrès social et l’indépendance nationale » ou « la voie aventureuse » du Programme commun de la gauche qui serait dirigé en sous-main par le PCF. Les deux représentants du gaullisme mettent en avant les réformes gouvernementales entreprises. Ils insistent sur leurs apports à la circonscription et mentionnent notamment la création de 1 500 emplois ou encore la construction de logements sociaux. Ils promettent enfin l’implantation très prochaine de nouvelles industries. Quant aux autres candidats, ils insistent sur les problèmes récurrents de la circonscription que, selon eux, le gouvernement n’est pas parvenu à résoudre en raison de sa logique capitaliste : la dépopulation, l’amorce de la crise industrielle, notamment à Tulle et à Ussel, l’illusion selon laquelle l’activité touristique viendrait pallier la perte des emplois industriels, ainsi que la raréfaction des services publics. Jacques Chirac est réélu au premier tour avec 19 667 voix (51,73 % des suffrages exprimés) contre 10 580 voix (27,83 %) pour le communiste Fernand Clavaud. Le socialiste Georges Dumont arrive troisième avec 6 577 voix (17,3 %), suivi du PSU Michel Kellerman avec 798 voix (2,1 %) et du centriste Pierre Orofino avec 398 voix (1,05 %). Reconduit ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Messmer II, Jacques Chirac cède pour la troisième fois son siège de député à Henri Belcour qui reste à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est élu vice-président de l’intergroupe de l’eau représentant le bassin de la Garonne en décembre 1973. Il intervient, le 7 novembre 1973, dans la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1974 en ce qui concerne l’agriculture et le développement rural. Il évoque la préoccupation des producteurs de viande des régions du centre vis-à-vis de l’évolution récente des cours du bétail de boucherie et demande le relèvement substantiel du prix communautaire d’orientation de la viande bovine. En outre, Henri Belcour s’élève contre l'accusation de « fauteurs de vie chère » fréquemment portée contre les agriculteurs. Il salue enfin l’initiative européenne du président de la République dans la politique agricole commune et appelle à une « politique dynamique d'encouragement à l'élevage ». Henri Belcour vote notamment pour le projet de loi Royer, sur l’urbanisme commercial, en 1973, objet de débats très véhéments pendant trois semaines, dont le but est de préserver le petit commerce en limitant la croissance des grandes surfaces.

Quelques jours après la mort du président Pompidou, Henri Belcour est signataire de « l’appel des 43 », publié le 13 avril 1974 à l’initiative de Jacques Chirac et soutenant la candidature à l’élection présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing plutôt que celle du gaulliste Jacques Chaban-Delmas. Jacques Chirac est nommé Premier ministre, le 27 mai 1974, et Henri Belcour demeure député. Sans intervenir dans les débats, Henri Belcour vote différents projets de lois dont celui sur l’interruption volontaire de grossesse (future loi Veil), le 28 novembre 1974, et le projet de loi portant réforme du divorce et instituant le divorce par consentement mutuel, en 1975. A la démission de Jacques Chirac de son poste de Premier ministre, le 25 août 1976, Henri Belcour démissionne spontanément de son siège de député et se représente comme suppléant de Jacques Chirac. Il le reste au lendemain des élections législatives de mars 1978, remportées dès le premier tour avec 54,29 % des suffrages exprimés, loin devant le communiste Christian Audouin (24,64 %), le socialiste Bernard Coutaud (17,07 %), l’écologiste Guy Marchand (2,64 %) et la candidate de Lutte ouvrière (LO) Micheline Moratille (1,36 %). En accord avec son ami Jacques Chirac, Henri Belcour cesse d’être son suppléant lorsqu’il est élu sénateur de la Corrèze le 28 septembre 1980, un mandat qu’il exerce jusqu’à son retrait lors du scrutin du 27 septembre 1998. Il s’inscrit au groupe du Rassemblement pour la République et siège à la commission des affaires sociales, intervenant de façon privilégiée sur les questions médicales, familiales et agricoles. Il décède le 19 novembre 2003.

Henri Belcour a permis l’installation durable de Jacques Chirac dans cette partie du département de la Corrèze auparavant très attachée à la gauche. Sans ambition nationale et très apprécié par ses administrés, il a su mettre Jacques Chirac, de six ans son cadet, en contact direct avec les forces vives de la circonscription, en particulier les agriculteurs, les entrepreneurs et les personnes modestes. Jacques Chirac resta à jamais fidèle à cette amitié en reconnaissant ce qu’il devait à Henri Belcour, notamment lors d’un hommage funèbre prononcé au moment des obsèques de ce dernier.