Georges Benedetti

1930 - 2018

Informations générales
  • Né le 29 juillet 1930 à Antisanti (Corse - France)
  • Décédé le 19 novembre 2018 à BASTIA (Haute-Corse - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Gard
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Gard
Groupe
Socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 24 juin 1986 au 24 juin 1988

Biographies

Biographie de la Ve République

BENEDETTI (Georges)
Né le 29 juillet 1930 à Antisanti (Haute-Corse)
Décédé le 19 novembre 2018 à Ville-di-Pietrabugno (Haute-Corse)

Député du Gard de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993


Né le 29 juillet 1930 dans la petite commune d’Antisanti qui surplombe la plaine d’Aléria, sur la façade orientale de la Corse, Georges Benedetti est issu d’une famille d’agriculteurs. Son père fut maire de cette petite commune rurale mais mourut pendant la guerre, ce qui valut à Georges Benedetti d’être pupille de la nation. Il fait ses classes à l’école primaire d’Antisanti avant de rejoindre le Lycée Fesch d’Ajaccio. Fils aîné d’une veuve de guerre, il est dispensé de service militaire. Il se lance dans des études de médecine à Paris et devient généraliste à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard.

C’est là qu’il s’engage en politique, puisqu’il adhère au Parti socialiste (PS) en 1960, tout en s’investissant dans la vie associative locale (il préside ainsi l’Amicale laïque de Bagnols-sur-Cèze de 1961 à 1977). Il lui faut pourtant attendre 1976, date à laquelle il devient conseiller général du canton de Bagnols-sur-Cèze, pour assurer sa première fonction politique. L’année suivante, il conquiert la mairie de cette commune où il succède à Pierre Boulot, membre du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), puis Républicain-Indépendant, à la tête de la municipalité depuis 1953. Le mandat de Georges Benedetti ne se déroule cependant pas sans heurts, dans un contexte général de tensions entre le PS et le Parti communiste français (PCF) qui aboutit en septembre 1977 à la rupture du Programme commun de la gauche. Pendant deux années de suite (mai 1977 et avril 1978), les dix conseillers municipaux communistes de Bagnols, sur 27 au total, refusent de voter le budget en raison de la hausse des impôts locaux : le maire retire ainsi en mai 1977 la délégation à ses trois adjoints proches du PCF, tandis qu’en 1978, il menace de démissionner en cas de blocage persistant et reproche aux communistes d’avoir rompu leur engagement à adopter une « solidarité de gestion ».

A l’échelle du Gard, Georges Benedetti préside le groupe PS et Mouvement radical de gauche (MRG) de l’Assemblée départementale. Mais c’est en 1980 que sa carrière politique prend un tournant national. Aux élections sénatoriales, il est suppléant d’Edgar Tailhades, ancien maire de Nîmes, élu sénateur. L’alternance de 1981 permet en outre à Georges Benedetti de remporter, en tant que titulaire cette fois, le siège de député de la 2e circonscription du Gard (Beaucaire, Bagnols-sur-Cèze) : sa première campagne, où il a pour suppléante Nicole Bouyala, proche de Georgina Dufoix et conseillère municipale à Saint-Quentin-la-Poterie, insiste exclusivement sur les dynamiques nationales et sur la nécessité de donner une confortable majorité à François Mitterrand récemment élu président de la République. Pour aboutir à une majorité à même de mener une « politique nouvelle », Georges Benedetti met ses électeurs en garde contre un risque de cohabitation : « Il ne faut pas revenir à l’instabilité de la IVe République. Les institutions de la Ve République permettent la stabilité du pouvoir, pour peu que le Président et la Majorité des députés soient d’accord », prévient sa profession de foi. Au premier tour, le 14 juin 1981, Georges Benedetti se classe en première position, avec 32,73 % des suffrages exprimés (30 465 voix), devant Bernard Deschamps, candidat communiste sortant (30,3 % ; 28 205 voix) et Michel Faure, pour le Rassemblement pour la République (RPR) qui obtient 19,16 % des suffrages (soit 17 837). Point de bilan dans cette campagne, qui préfère les appels rassembleurs : « L’intérêt du Pays est en jeu : il nous faut reconquérir la République ; il nous faut reconstruire la France. Nous sommes les héritiers des Révolutionnaires de 1789, de 1848, de la Commune de 1871, les continuateurs de Jaurès, du Front Populaire de 1936 avec Léon Blum, les héritiers aussi de la Résistance au nazisme ». Au second tour, Georges Benedetti l’emporte sur le candidat RPR, avec, respectivement, 62,65 % (60 937 voix) et 37,35 % (36 333) ; il bénéficie ainsi du retrait de Bernard Deschamps entre les deux tours.

Inscrit au groupe socialiste, Georges Benedetti siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Ses interventions dans l’hémicycle sont essentiellement centrées sur les questions de solidarité, d’inégalité, notamment en 1981, lors des discussions sur le projet de loi de finances. Il témoigne d’une vision globale des phénomènes comme lorsque, fin 1985, il s’intéresse à la santé et à la production alimentaire mondiale : « N’est-ce pas un autre type de poison que celui sécrété par un monde gavé qui des “maladies de la civilisation” en pillant plus ou moins un autre monde, plus nombreux, où sévit la faim et que l’on maintient trop souvent en état de dépendance alimentaire ? La production alimentaire du globe pourrait atteindre cinq fois son niveau actuel – de quoi nourrir plusieurs dizaines de milliards d’hommes ! Si l’homme est bien informé, il gaspillera et s’intoxiquera moins ; il partagera mieux parce qu’il aura compris où est son bonheur » (4 novembre 1985).

Ce mandat national n’empêche pas le député du Gard de poursuivre son investissement dans les affaires locales puisqu’il est réélu conseiller général, en mars 1981, et deux ans plus tard, maire de Bagnols-sur-Cèze. Entretemps, en mars 1982, il a été élu président du Conseil général du Gard, mais l’élection a été annulée. Paul Gache, conseiller général Union pour la démocratie française (UDF) de Villeneuve-lès-Avignon – qui s’était présenté aux législatives de 1981 contre Georges Benedetti – avait en effet déposé une requête auprès du tribunal administratif de Montpellier : le socialiste Edmond Reboul, élu au premier tour sans être candidat, avait donné sa démission, ce qui avait permis l’élection de Georges Benedetti, sur fond de différents internes au sein de la fédération socialiste du Gard. Mais le nombre de procurations est constesté et la démission d’Edmond Reboul aurait dû entraîner le report de l’élection à une autre session. C’est un autre socialiste, le rocardien Gilbert Baumet, qui est élu à sa place. En avril 1985, Georges Benedetti devient en outre vice-président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon.

Aux élections législatives de 1986 qui, pour la première fois, se déroulent au scrutin proportionnel départemental, il se met volontairement en position non éligible afin de concentrer ses efforts sur les régionales, et laisse à Georgina Dufoix, ministre des Affaires sociales et de la solidarité nationale, le soin de mener la campagne socialiste aux législatives dans le Gard. En mars 1986, tête de liste pour son département, il est réélu conseiller régional. Mais, au mois de juin, le décès du sénateur Edgar Tailhades, dont il est suppléant, lui ouvre le chemin du Palais du Luxembourg. Cette situation paraît insolite car, en mars 1981, en vertu de l’article L.O. 138 du code électoral (« toute personne ayant la qualité de remplaçant d’un député ou d’un sénateur perd cette qualité si elle est élue députée »), il n’était plus sénateur suppléant. Or, après la mort d’Edgar Tailhades, le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua a fait savoir au président du Sénat, Alain Poher, que l’article L.O. 318 prévalait : « Les sénateurs élus au scrutin majoritaire, dont le siège devient vacant pour cause de décès, d’acceptation de fonctions de membre du gouvernement ou de membre du Conseil constitutionnel ou de prolongation au-delà de six mois d’une mission temporaire conférée par le gouvernement, sont remplacées par les personnes élues en même qu’eux à cet effet ». Cette prise de position fait réagir le député Front national (FN) de l’Hérault, Jean-Claude Martinez, qui reproche à Charles Pasqua dans le quotidien Le Monde, de décider de la composition du Sénat : « La suppléance serait-elle une Belle au bois dormant que Pasqua, le prince charmant viendrait réveiller ? ». Le 29 juillet, le Conseil constitutionnel rejette la requête lui demandant d’annuler le remplacement d’Edgar Tailhades par Georges Benedetti : il se déclare incompétent.

Au Sénat, Georges Benedetti co-signe plus d’une vingtaine de propositions de lois ou de résolutions sur des sujets aussi variés que les pensions de retraite, la création d’un Centre national de prévention de la délinquance, ou encore l’accompagnement des personnes handicapées, ainsi que les discriminations dont ils sont victimes, notamment. Il est à l’origine de questions sur les mêmes sujets ainsi que, plus précisément, sur la situation du bassin d’emploi du Gard ou les risques pour les collectivités départementales, de la désectorisation des collèges et des lycées.

En 1988, Georges Benedetti brigue de nouveau un siège de député, toujours dans le Gard, mais dans la nouvelle 3e circonscription (cantons d’Aramon, de Bagnols-sur-Cèze, de Pont-Saint-Esprit. Sa campagne, qu’il mène avec Cyprien Jullian comme suppléant, porte, comme en 1981, sur la nécessité de donner à François Mitterrand, réélu président de la République, une confortable majorité, mais insiste sur la liberté, la responsabilité, la tolérance et le respect de l’Autre, car « la France unie c’est en effet la volonté de promouvoir des valeurs communes à chacune et chacun d’entre nous ». A cela s’ajoutent des motifs plus sociaux, sur les retraites, les jeunes, mais aussi les agriculteurs, thèmes qui nourrissaient son activité parlementaire. Au premier tour, le 5 juin, Georges Benedetti arrive en tête avec 35,28 % des suffrages exprimés (19 472 voix), devant le RPR André Savonne (33,7 % ; 18 601 voix), les deux candidats suivants étant le communiste René Mathieu (16,5 % ; 9 106 voix) et Rémy François (14,51 % ; 8 009 voix), pour le FN. Entre les deux tours, il insiste particulièrement sur la santé et les investissements locaux, l’éducation, « priorité absolue voulue par le président de la République » ou le chômage. Lors de ce scrutin, il attire l’attention de ses électeurs sur la situation économique locale ; il soutient le Centre nucléaire de Marcoule mais aussi le commerce et le tourisme. Il en appelle également à « la construction d’une Europe équilibrée » et « sans frontières ». Le 12 juin, il emporte l’élection, avec 51,58 % des voix (30 875), contre 48,32 % (28 863) pour André Savonne. Il démissionne de son mandat de conseiller régional pour cause de cumul des mandats, mais sera réélu conseiller général du Gard le 2 octobre. Il perd en outre la mairie de Bagnols-sur-Cèze en 1989. Le député du Gard renoue donc avec sa mission de parlementaire au Palais-Bourbon. Inscrit au groupe socialiste, membre de la commission des affaires étrangères, et très temporairement en 1991 de la commission des lois, il intervient naturellement lorsqu’il s’agit du Gard (infrastructures, inondations…), mais aussi de la Corse, à propos du projet portant statut de la collectivité territoriale de l’île (1990-1991), un enjeu délicat qui embarrasse d’ailleurs le Parti socialiste. Il pose notamment le 12 octobre 1988 une question au gouvernement sur les inondations dans le Gard, et une autre question le 24 juin 1992, sur le processus de paix au Proche-Orient.

Alors que c’est Gilbert Baumet qui se présente en 1993 dans la 3e circonscription du Gard, Georges Benedetti abandonne ses mandats : il se tourne de plus en plus vers sa Corse natale, sa culture et sa langue dont il défend l’apprentissage dès l’école maternelle. Il y est membre de nombreuses associations, comme celle des Recherches historiques d’Antisanti. Il meurt près de Bastia, le 19 novembre 2018, et repose dans le berceau familial d’Antisanti.