Etienne de Raulin

1902 - 1956

Informations générales
  • Né le 17 janvier 1902 à Laval (Mayenne - France)
  • Décédé le 13 février 1956 à Erquy (Côtes-du-Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Résistance démocratique et socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance

Biographies

Biographie de la IVe République

RAULIN-LABOUREUR (Etienne, André, Jules, Marie, Joseph de RAULIN de GUEUTTEVILLE de REALCAMP dit)
Né le 17 janvier 1902 à Laval (Mayenne)
Décédé le 13 février 1956 à Erquy (Côtes-du-Nord)

Membre de la première Assemblée nationale constituante (Maine-et-Loire)
Député de la Seine de 1946 à 1951

Le comte Etienne de Raulin de Gueutteville de Réalcamp est né le 17 janvier 1902 à Laval. Marié à Thiphaine de Launoy, ce père de huit enfants est ingénieur agricole. Son engagement militant débute dans les années vingt au sein de l’Action française, en particulier dans les colonnes de La Gazette de l’Ouest, à Rennes. Puis il fonde à Lyon, en 1929, L’Union française, journal qu’il dirige et qui devient en 1931 l’organe de la Ligue nationale populaire, ex Parti national populaire. Il fait aussi paraître en 1932 une brochure intitulée Vers un ordre social nouveau, dans laquelle il propose une réforme des assurances sociales fondée sur le mutualisme en cas de victoire des républicains modérés. Selon Henry Coston, il appartient un temps au PSF.
Pendant la seconde guerre mondiale, lieutenant-colonel FFI, il œuvre sous le pseudonyme de Laboureur au sein du Mouvement de Libération nationale (MLN). Le conflit terminé, il redevient cultivateur. Son activité résistante au sein du MLN l’amène à devenir membre de l’Assemblée consultative provisoire. Il siège dans les commissions de l’agriculture et du ravitaillement, du travail et des affaires sociales et dans la commission permanente de coordination. Ses interventions portent sur les questions agricoles, le transport et plus généralement sur les conditions d’organisation du ravitaillement, essentiellement à l’occasion de la discussion du budget pour l’année 1945. Etienne de Raulin présente notamment une proposition de loi visant à régulariser en urgence la situation des familles de déportés.
Le 21 octobre 1945, il mène sous le nom de Raulin-Varangot la liste d’union gaulliste du Maine-et-Loire pour les élections législatives à la première Assemblée nationale constituante. Sa liste arrive en quatrième position, avec 31 737 suffrages des 234 113 exprimés, ce qui lui permet d’être élu aux côtés de trois députés MRP, un socialiste et un élu de la liste d’Entente républicaine.
Il siège alors au sein du groupe de la résistance démocratique et socialiste et devient membre de la commission de l’agriculture et du ravitaillement, ainsi que de celle des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression. Son activité parlementaire est particulièrement fournie pendant les sept mois que dure la législature. Il dépose et défend deux propositions de loi, deux rapports et un rapport supplémentaire. Pour la majorité d’entre eux, ces textes visent à établir le statut de combattant de la Résistance, à définir les catégories d’anciens combattants, en souhaitant leur attribuer « les avantages qui leurs sont dus » (rapport du 7 mars 1946 et rapport du 16 avril 1946). Il veille à régulariser au plus vite la situation de leurs veuves et orphelins (rapport du 7 mars 1946). Ses interventions sont nombreuses au cours des débats portant sur le budget de l’année 1946 : les exonérations d’impôts, la situation agricole de la France et le ravitaillement. Particulièrement attaché à la défense du monde agricole, il dépose de nombreux amendements sur la loi relative au statut du fermage, défend la condition des petits exploitants, “ heureux de collaborer à la rédaction d’une loi qui permettra aux familles paysannes de France d’accéder progressivement à la propriété du sol qu’elles exploitent ”. Ces préoccupations l’amènent à nouveau à s’inquiéter des carences du ravitaillement dans le pays. Il est d’ailleurs rapporteur pour avis de la commission de l’agriculture dans la discussion de la proposition de résolution tendant à l’institution d’une commission du ravitaillement. Il profite de la discussion du chapitre budgétaire des « prisonniers, déportés et réfugiés » pour revenir sur le statut des anciens combattants de la Résistance.
Sous cette législature, Raulin-Laboureur vote la confiance au général de Gaulle, puis à Félix Gouin, et soutient les lois de nationalisation du crédit, des assurances, du gaz et de l’électricité. Le 14 avril 1946, il rejette le projet de Constitution adopté ce jour là.
A l’occasion de la campagne législative de mai 1946, Etienne de Raulin-Laboureur, dont la liste est cette fois reconnue par le mouvement national d’Union gaulliste, milite contre le tripartisme et défend sa conception de la future Constitution. Dans le Maine-et-Loire, le renouvellement du 2 juin 1946 voit une forte progression de la liste MRP, qui rafle désormais quatre sièges. La SFIO sauve le sien, alors que Raulin-Laboureur, à la tête de la liste de rassemblement républicain gaulliste, ne parvient pas à se maintenir, avec 20 507 des 246 584 suffrages exprimés, le sixième élu allant cette fois au parti communiste.
C’est dans la quatrième circonscription de la Seine (Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés, Charenton-le-Pont, Villejuif, Sceaux, Vanves) qu’il se présente aux élections législatives du 10 novembre 1946, à la tête de la liste d’Union contre le tripartisme. Dans cette portion de banlieue rouge, les quatre députés communistes et leurs deux homologues MRP sont réélus. Mais la SFIO perd un de ses deux sièges, à l’avantage de la liste menée par Raulin-Laboureur qui, avec 66 200 voix pour 371 575 suffrages exprimés, obtient deux élus.
Raulin-Laboureur siège alors dans cinq commissions du Palais-Bourbon: celle du règlement et du suffrage universel (1946-1947), dont il est élu secrétaire le 22 décembre 1946 ; celle du ravitaillement (1946-1949) ; celle des pensions (1947-1950) ; celle du travail et de la sécurité sociale (1947-1948) et enfin celle des affaires économiques (1949-1950). Il est nommé à la commission spéciale d’enquête chargée de vérifier la gestion et les comptes de la société des éleveurs du Bourbonnais, le 8 juin 1948. Il retrouve d’abord les rangs du groupe UDSR, groupe qui se divise notamment sur la confiance à accorder au deuxième gouvernement Ramadier, puis à ceux de Schuman et de Queuille. S’il intervient fréquemment au nom du groupe, Raulin-Laboureur continue par ailleurs à soutenir l’action de De Gaulle. Il est, avec Soustelle, Malraux, Petit, Chaban-Delmas et quelques autres, de ceux qui entourent le Général lorsque le 7 avril 1947, celui-ci lance depuis Strasbourg l’appel au “ rassemblement du peuple français ”. D’ailleurs, le 9 décembre 1948, Raulin-Laboureur participe à la création à la Chambre d’un groupe RPF d’action démocratique et sociale avec, entre autres, la douzaine de députés du groupe UDSR qui avaient adhéré à l’intergroupe gaulliste, né en août 1947. C’est d’ailleurs sous cette bannière RPF qu’il est élu conseiller municipal de Montrouge en octobre 1947.
Etienne de Raulin-Laboureur est à nouveau un parlementaire particulièrement actif lors de cette législature, et il diversifie encore ses domaines d’intervention. Au travers de sept propositions de loi, de trois propositions de résolution et d’un avis déposés, il s’attache à nouveau à clarifier le statut et les droits des résistants et internés, à l’occasion des débats sur l’amnistie (juin et juillet 1947, mars 1948, novembre 1950). Il propose aussi un texte sur le calcul des allocations familiales, le 14 novembre 1950. Ses interventions en séance sont nombreuses ; il prend, en effet, la parole à trente-cinq reprises, sur des sujets dont les thèmes restent très hétérogènes. Il s’intéresse de près au projet de loi portant amnistie, en déposant plusieurs amendements, aux mois de juin et juillet 1947. Il propose de nombreux amendements au prélèvement exceptionnel de lutte contre l’inflation (mars 1948), sur l’institution de la compagnie Air France, le 29 avril 1948, dans la discussion de la proposition de loi relative aux élections cantonales, durant le mois d’août 1948. Les questions sociales l’intéressent également, puisqu’il s’exprime dans la discussion du projet de loi relatif aux conventions collectives et au règlement des conflits du travail, le 4 janvier 1950. Il entend aussi légiférer sur le calcul des allocations familiales, sujet qui l’amène à prendre la parole à plusieurs reprises, notamment le 30 décembre 1950 et le 13 mars 1951.
Il intervient sur la place à réserver aux représentants des Français du Maroc et d’Algérie au Conseil de la République (13 et 19 décembre 1946) et, défenseur des propriétaires, des commerçants et des artisans, il obtient la diminution du taux de la taxe sur la propriété bâtie en faveur des propriétaires soumis aux lois sur le loyer. Il prend aussi la parole à propos de l’organisation de la marine marchande (30 mars 1950), de l’incompatibilité des fonctions publiques avec le mandat parlementaire (20 octobre 1950). Il s’inquiète du réarmement allemand, le 25 octobre suivant, et propose, avant de le retirer, un contre-projet tendant à soumettre, aux Assemblées françaises, tout texte créant des institutions européennes (14 novembre 1950). Le 18 avril 1951, il traduit sa méfiance vis-à-vis de la construction fédérale de l’Europe au moment de la signature des traités instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le 15 mars 1961.
Le 21 janvier 1949, Raulin-Laboureur est légèrement blessé lors d’un attentat qui coûte la vie à sa secrétaire, Mademoiselle Nemirowski. Ce drame fait l’objet d’une demande d’interpellation auprès du ministre de l’intérieur le 4 novembre, demande qui porte aussi sur l’arrestation d’Antoine de Récy. C’est en effet ce jour là que la Chambre vote à sa presque unanimité la levée de l’immunité parlementaire de de Récy, mis en cause dans l’affaire dite des bons d’Arras. Raulin-Laboureur est l’un des trois parlementaires qui lui manifestent alors publiquement leur soutien. Désapprouvé par le groupe d’action démocratique et sociale (RPF), il est contraint d’en démissionner et reste ensuite député non inscrit. Il se déclare bientôt victime d’un complot et de menaces à répétition contre sa famille et obtient la protection de la police. Alors que l’enquête découvre un lien entre le principal accusé dans l’affaire des bons d’Arras et les auteurs de l’attentat de janvier, interrogé par le juge d’instruction en décembre, Raulin-Laboureur dépose une demande d’interpellation, le 13 janvier 1950, sur la communication à la presse des enquêtes judiciaires. Il en fait de même, le 17 octobre suivant, sur les conditions « particulièrement scandaleuses » de certaines arrestations. Et, le 30 mars 1950, il a répliqué aux attaques de certains députés en renouvelant son soutien à de Récy, à l’occasion d’une prise de parole en fin de séance pour fait personnel. Alors que l’affaire des bons d’Arras subit de nombreux développements, à la suite, notamment, d’aveux litigieux enregistrés sur bande magnétique, il dépose une proposition de résolution demandant, le 17 octobre 1950, puis le 14 mars 1951, que l’on interdise l’usage des magnétophones et outils similaires lors des enquêtes publiques ou privées.
Au cours de ce mandat, Etienne de Raulin-Laboureur vote successivement les investitures de Léon Blum et de Paul Ramadier. Il vote aussi les crédits militaires pour l’Indochine en mars 1947, mais s’abstient en août sur le statut de l’Algérie. En octobre, il est des élus du groupe UDSR qui n’accordent pas leur confiance à Ramadier. En novembre 1947, il participe à l’échec de la tentative de cabinet Blum, puis vote la confiance à Schuman, et le soutient sur le vote qui clôt six jours de débats houleux sur le texte garantissant le droit au travail, face aux mouvements de grève. Il ne prend pas part au scrutin portant sur l’acceptation du plan Marshall, le 7 juillet 1948, mais vote en faveur de la constitution du Conseil de l’Europe, ratifie le Pacte de l’Atlantique en juillet 1949 et demande, le 18 avril 1951, à intervenir sur l’absence de consultation de l’Assemblée à propos de l’adhésion de la France à la CECA. Le 7 mai 1951, il s’oppose à la loi instituant les apparentements en vue des élections législatives qui approchent.
Non candidat à ces élections organisées au mois de juin 1951, il se présente cependant aux législatives partielles d’Ille-et-Vilaine, le 21 octobre 1951, et de la deuxième circonscription de la Seine, le 22 juin 1952, sous les étiquettes « indépendant », puis « Union nationale ». Affecté par les scandales auxquels son nom est désormais associé, il ne recueille plus, successivement, que 4 % et 0,39 % des suffrages exprimés.
Etienne de Raulin-Laboureur est décédé à Erquy, dans le département des Côtes-du-Nord, le 13 février 1956, à 54 ans. Colonel cadre de réserve, il était chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre 1914-1918 et décoré de la rosette de la Résistance.