Robert Szigeti

1905 - 1990

Informations générales
  • Né le 5 mars 1905 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 18 août 1990 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Loiret
Groupe
Entente démocratique

Biographies

Biographie de la Ve République

SZIGETI (Robert, Léon, Anselme)
Né le 5 mars 1905 à Paris
Décédé le 17 août 1990 à Paris

Député du Loiret de 1958 à 1962

Robert Szigeti naît le 5 mars 1905 à Paris (10e). Il est le fils de Simon Szigeti, fabricant et commerçant de jouets en bois né en Hongrie, et de Rachel Meyer, sans profession, d'origine alsacienne. Après des études secondaires aux collèges Sainte-Barbe puis Chaptal, à Paris, il poursuit ses études supérieures, dans cette ville, à la faculté des sciences et de médecine.

Marié, diplômé d'un doctorat en médecine, Robert Szigeti s'établit comme médecin généraliste en 1932. En 1939-1940, puis en 1945, il est mobilisé comme médecin capitaine honoraire. Il exerce ensuite comme médecin électro-radiologiste et devient chef de service à l'hôpital de Montargis.

Elu conseiller municipal et adjoint au maire de Montargis en 1945, il est désigné maire de cette ville de sous-préfecture en janvier 1954, suite au décès de Jean Viscardi. En 1955, il devient conseiller général du canton de Montargis, et accède à la vice-présidence de l'assemblée départementale du Loiret. En 1958, il brigue le siège de député de la quatrième circonscription du Loiret, où se présentent sept autres candidats dont deux des quatre députés sortants, André Chêne (PCF) et l'ancien ministre Pierre de Félice (centre-gauche), élus au scrutin de liste en 1956. Tantôt étiqueté radical, tantôt MRP, Robert Szigeti se présente comme indépendant. Dans les premières lignes de sa profession de foi, il affirme : « Candidat sans étiquette, je n'ai jamais appartenu à un parti, je n'ai sollicité ni accepté aucune investiture. » A l'issue du premier tour, il arrive en tête avec 10 689 voix (25,3%), suivi par le communiste André Chêne (9696 voix) et le gaulliste Alfred Lebert (7 328 voix). Elu au second tour avec 18 228 voix, soit 42,4% des suffrages exprimés, il devance de plus de 5 000 voix le candidat UNR qui, comme lui, a bénéficié d'un report massif de voix, et le député communiste sortant (11 631 voix). Au Palais Bourbon, Robert Szigeti rejoint la formation administrative des non-inscrits.

En mars 1959, il est réélu maire, puis devient le premier président du district urbain de l'agglomération montargoise. A l'Assemblée, il rejoint le groupe de l'Entente démocratique le 27 juillet 1959. Fidèle à son engagement, le député du Loiret se montre actif. Ses interventions en séance portent notamment sur les relations culturelles de la France avec les pays étrangers, et sur des questions de santé publique. Le 25 juin 1959, il prend également part à la discussion du projet de loi de programme relative à l'équipement agricole : pour lui, les gouvernants doivent « préparer l'immense travail de l'intégration de l'agriculture, de l'économie agricole dans l'organisation régionale et nationale en pensant aussi et au Marché commun et à l'aide aux pays sous-développés. » En novembre 1959, il prend la parole sur le projet de loi de finances pour 1960, intervenant sur les questions d'augmentation des prix de journée des hôpitaux, de construction de maisons de retraite et d'aide aux vieillards à domicile (13 novembre), puis dans la partie concernant les Affaires étrangères, souligne l'insuffisance des crédits culturels proportionnellement à ceux de l'enseignement, l'importance du contenu de nos exportations culturelles, le rôle du livre, et l'importance de l'Alliance française pour le rayonnement culturel de la France dans le monde. Le député-maire de Montargis participe aussi au débat sur la question orale posée par le député de Seine-et-Oise, Jean-Paul David, relative à la coopération scientifique et technique avec les pays d'Europe occidentale (4 décembre 1959).

Après avoir soutenu le gouvernement Debré en votant les déclarations de politique générale des 16 janvier et 15 octobre 1959, il appartient à la minorité des 122 députés qui approuve la motion de censure, déposée par 57 députés communistes, socialistes et radicaux, suite au refus de l'exécutif de convoquer le Parlement en session extraordinaire, et s'en explique en séance, le 5 mai 1960 : « […] Dans une affaire qui touche à la répartition des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif, il est clair que l'exécutif, pas plus d'ailleurs que le législatif, ne peut unilatéralement trancher un différend constitutionnel. […] L'exécutif a rompu de son seul chef, l'équilibre que chacun croyait assuré par les dispositions de l'article 29. Cet équilibre qui résulte du droit pour le gouvernement de provoquer des sessions extraordinaires a, comme contrepartie, celui de la majorité absolue des députés d'user de la même faculté. On a voulu nous enfermer dans un dilemme qui intéresse non seulement les 287 députés qui ont signé la dernière demande de session extraordinaire, mais tous les députés […]. Ou nous laissons passer, sans marquer notre désaccord, l'acte unilatéral de l'exécutif, et la jurisprudence est créée. Ou nous votons la motion de censure […]. »

Au nom de la Commission des affaires étrangères, dont il est membre, Robert Szigeti est nommé rapporteur pour avis de quatre projets de loi. A ce titre il prend une part notable aux débats. Le 23 juin 1960, il considère que le projet de loi relatif à l'accession des membres du cadre auxiliaire de l'enseignement français à l'étranger au régime de l'assurance volontaire pour le risque vieillesse, comporte de nombreuses lacunes malgré les améliorations qu'il apporte aux professeurs non titulaires à l'étranger : « vous savez quel effort la France doit faire pour maintenir et, si possible, développer son action culturelle et économique à l'étranger. Elle a besoin d'hommes qui se dévouent à cette tâche. Ils ne peuvent pas être défavorisés par rapport à leurs homologues de la métropole. » Le 28 juin 1960, il intervient dans les débats sur le projet de loi autorisant la ratification de l'accord de coopération économique et technique entre la France et l'Afghanistan : il émet un avis favorable, en souhaitant que les relations commerciales soient aussi importantes que le rayonnement culturel de la France dans ce pays. Le 4 novembre 1960, sur le volet culturel du projet de loi de finances pour 1961, il attire notamment l'attention sur l'insuffisance de la subvention à l'hôpital Grall de Saïgon et le rôle primordial des relations culturelles dans la diplomatie. L'élu montargois dépose également une proposition de loi modifiant un article du Code du travail relatif à l'indemnité compensatrice de congé payé (25 avril 1961). Le 17 novembre 1961, il met en avant le caractère trop vague du projet de loi cadre, relatif à l'accueil et à la réinstallation des Français d'outre-mer, dépose deux amendements, qu'il retire ensuite, et un sous-amendement. Le 13 décembre 1961, en qualité de rapporteur pour avis de ce dernier projet de loi, adopté au Sénat, il est nommé membre titulaire de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion. Entre temps, le docteur Szigeti confirme son implantation locale en gagnant les élections cantonales à Montargis, et conserve la vice-présidence du conseil général du Loiret (juin 1961).

Le 15 décembre 1961, Robert Szigeti pose une question orale avec débat au ministre du travail, Paul Bacon, sur l'expertise médicale en matière de sécurité sociale : il s'oppose à l'article 7 du décret 59-160 du 7 janvier 1959 qui institue « un fait unique dans le droit. » Pour le député, la simplification de la procédure, sans contre-expertise, constitue un danger : « On connait, monsieur le ministre, la fragilité de toutes les conclusions scientifiques — je suis orfèvre, étant expert — et l'on sait les erreurs graves qu'un homme de science peut commettre en toute bonne foi. […] Donc, retirer toute possibilité de discuter les travaux d'un expert, c'est ouvrir la porte aux plus grands dénis de justice. » En avril 1962, il est envoyé en mission parlementaire au Tanganyika (Tanzanie actuelle) devenu indépendant, avec le député gaulliste de la Seine, Michel Habib-Deloncle, l'élu SFIO du Haut-Rhin, Emile Muller, et un député de l'Allier. Le 27 avril 1962, Robert Szigeti s'abstient volontairement lors du scrutin sur la déclaration de politique générale du gouvernement Pompidou. Le député de Montargis intervient encore en séance le 19 juin 1962 sur les besoins en matière de constructions scolaires et d'équipement hospitalier, dans le cadre de la discussion du projet de loi portant approbation du IVe Plan. Le 4 octobre 1962, Robert Szigeti vote la motion de censure provoquant la démission du gouvernement Pompidou. L'Assemblée nationale sera dissoute le 9 octobre.

En novembre de la même année, il sollicite le renouvellement de son mandat de député, mais est mis en ballottage par Xavier Deniau, haut fonctionnaire d'Etat, « Républicain indépendant pour la Ve République » qui a reçu l'investiture de l'UNR. Le député sortant obtient un nombre de voix légèrement inférieur par rapport à 1958 (10 086), mais un score relativement supérieur (27,9%). Le candidat gaulliste totalise 13 703 voix, Christian Bernu (PCF), 8 136, et l'avocat socialiste Jean-Yves Goeau-Brissonnière, adjoint de Robert Szigeti à la mairie de Montargis, 4 259. Au second tour, le maintien de Christian Bernu cause la défaite de Robert Szigeti, bien qu'une partie de l'électorat communiste vote utile, mais une part non négligeable des électeurs communistes et socialistes a voté UNR : avec 18 122 suffrages (46,9%), le député-maire de Montargis est devancé de peu par Xavier Deniau (19 013 voix), qui entame alors une longue carrière parlementaire, tandis que Christian Bernu en recueille 1 475.

Robert Szigeti est réélu maire en 1965, mais abandonne son mandat de conseiller général en 1967. Il conserve le mayorat de Montargis, et la présidence du district urbain jusqu'en 1971, année où il cesse également ses activités professionnelles. Sa retraite est néanmoins active dans le domaine associatif. Président de l'Office des personnes âgées et de l'université du troisième âge de Montargis, il est aussi vice-président du Comité départemental des retraités et personnes âgées (CODERPA) du Loiret dans les années 1980. De 1976 à 1989, l'ancien député assure également la présidence de la Société des amis de Max Jacob. Confident du poète retiré à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) et mort à Drancy en 1944, Robert Szigeti a entretenu avec celui-ci une importante correspondance, léguée à la bibliothèque municipale d'Orléans en 1991. Auteur de nombreux témoignages sur la vie de Max Jacob, il a d'autre part publié plusieurs rapports et articles médicaux.

Robert Szigeti, chevalier de la Légion d'honneur, décède le 17 août 1990 à son domicile parisien dans le 13e arrondissement.