Pierre, Pascal Duprat

1815 - 1885

Informations générales
  • Né le 24 mars 1815 à Hagetmau (Landes - France)
  • Décédé le 17 août 1885 à En mer ()

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Landes
Groupe
Gauche modérée
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Landes
Groupe
Gauche
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 2 juillet 1871 au 7 mars 1876
Département
Landes
Groupe
Gauche républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 avril 1876 au 25 juin 1877
Département
Seine
Groupe
Gauche républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 14 octobre 1881
Département
Seine
Groupe
Gauche républicaine

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1848 et 1849, de 1871 à 1875, député de 1876 à 1881, né à Hagetmau (Landes) le 24 mars 1815, mort en mer, à bord du Niger, le 17 août 1885, il fit ses études au séminaire d'Aire-sur-l’Adour, qu'il quitta pour voyager en Allemagne.

De retour en France, il se consacra d'abord à l'enseignement, occupa une chaire de professeur d'histoire à Alger, et revint à Paris prendre part dans la presse au mouvement démocratique qui marqua les dernières années du règne de Louis-Philippe. Collaborateur de la Réforme, directeur de la Revue indépendante (1847), il applaudit à la révolution de février, seconda Lamennais dans la fondation du journal le Peuple Constituant, et brigua, lors des élections à l'Assemblée constituante, les suffrages de ses compatriotes des Landes ; ce département le nomma représentant, le 23 avril 1848, le 6e sur 7, par 30,710 voix.

M. Pascal Duprat siégea à la gauche modérée, et se signala, dès le début, par son ardeur à combattre le socialisme et le parti de la Montagne. Il fut, avec MM. Sénard, Billault, d'Adelsward, un des principaux membres de la réunion dite « du Palais-National », qui fit une guerre constante à la commission exécutive. C'est au nom de ce groupe politique que M. Pascal Duprat, dans la séance permanente du 23 juin 1848, prit l'initiative d'une demande de mise en état de siège de Paris. « Je viens, dit-il, soumettre à la Chambre une proposition qui nous a été inspirée par la gravité des circonstances. Les discours sont inutiles ; il nous faut, aux uns et aux autres, des actes, des actes énergiques, des actes qui répondent aux besoins de la situation et aux besoins de la République. Voici le texte : « L'Assemblée nationale décrète : Article unique : Paris est mis en état de siège; tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains du général Cavaignac. » La motion souleva dans l'Assemblée une sensation profonde ; elle fut d'abord assez mal accueillie, et plusieurs représentants, entre autres Germain Sarrut, protestèrent au nom des souvenirs de 1832. « On hésitait beaucoup, a écrit Daniel Stern (Madame d'Agoult), à prendre une mesure de cette gravité qui paraissait à bien des consciences une violation manifeste du principe républicain. D'ailleurs, M. Pascal Duprat n'avait pas d'autorité dans la Chambre, et vraisemblablement sa proposition aurait été rejetée, si M. Bastide n'était monté à la tribune pour l'appuyer dans les termes les plus pressants. » Le décret de la mise en état de siège de Paris fut donc voté, par assis et levé, à une assez grande majorité. Cette mesure détermina la retraite immédiate de la commission exécutive.

Le 9 août 1848, M. Pascal Duprat présenta à l'Assemblée un amendement tendant à « l'abolition de toutes les lois relatives au cautionnement et à la responsabilité du gérant. » Cet amendement fut repoussé et une loi fut aussitôt adoptée, qui rétablissait, au contraire, les cautionnements des journaux quotidiens dans les départements de la Seine et de Seine-et-Marne, à 24.000 francs pour les journaux paraissant deux fois par semaine, 18.000 francs pour les journaux hebdomadaires, etc.

M. Pascal Duprat eut une part directe, comme rapporteur de la commission, à l'abolition du décret du gouvernement provisoire qui avait fixé à dix heures la journée de travail ; il fit porter cette journée à douze heures, après une discussion où il eut Pierre Leroux pour contradicteur. Il vota ensuite :

- pour l'abolition de la peine de mort,
- pour l'amendement Grévy sur la présidence,
- contre le droit au travail,
- pour l'ordre du jour : Le général Cavaignac a bien mérité de la patrie.

Il se rapprocha de la gauche après l'élection de L.-N. Bonaparte, dont il combattit la politique, se prononça contre la proposition Rateau, contre l'interdiction des clubs, contre l'expédition de Rome, et obtint, le 13 mai 1849, sa réélection comme représentant des Landes à la Législative, le 2e sur 6, par 27,163 voix (49,762 votants, 82,019 inscrits).

M. Pascal Duprat fit dans les rangs de la gauche et à la tribune de l'assemblée une vive opposition au gouvernement présidentiel, vota contre les lois répressives adoptées par la majorité monarchiste et visant l'instruction publique, la liberté de la presse, le droit de réunion, etc.; protesta contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851, et fut arrêté alors, détenu quelque temps à Paris, puis exilé en Belgique.

Il publia un volume de philosophie politique : De l'Etat, sa place, son rôle (1852), et fonda la revue la Libre Recherche. Il vécut quelques années en Suisse, et devint professeur à l'Académie de Lausanne; de là il passa en Italie et habita Naples et Turin. Lors des premières élections au Corps législatif (29 février 1852), 222 voix indépendantes s'étaient comptées sur son nom dans la première circonscription des Landes; le 2e collège du même département lui donna, le 21 mai 1869, 4,932 voix contre 27,030 au candidat officiel, M. Darracq, élu.

Au 4 septembre 1870, il refusa le poste de ministre plénipotentiaire à Athènes pour solliciter un nouveau mandat législatif. Aux élections générales du 8 février 1871, il obtint dans les Landes, sans être élu, 16,433 voix sur 54,902 votants. Ce fut l'élection complémentaire du 2 juillet qui l'envoya à l'Assemblée nationale. Il réunit alors 33,309 voix (55,536 votants, 84,844 inscrits), et alla prendre place à gauche.

M. Pascal Duprat se mêla activement à la plupart des grands débats parlementaires de cette époque. En décembre 1871, à l'occasion de la prise de possession de leurs sièges par le prince de Joinville et le duc d'Aumale, il provoqua, en leur rappelant leurs engagements, une séance des plus orageuses. Il soutint le gouvernement de Thiers, vota, au 24 mai, contre la démission du chef du pouvoir exécutif, combattit le ministère de Broglie, se prononça contre la loi sur les maires, etc., et vota toutes les mesures qui aboutirent à l'adoption de la Constitution de 1875.

M. Pascal Duprat attacha son nom, le 11 février de cette année, à un amendement célèbre portant que le futur Sénat serait électif et nommé comme la Chambre des députés, par le suffrage universel : cet amendement eut l'étrange fortune d'être adopté séance tenante par la majorité, puis rapporté le lendemain, et tenu pour non avenu.

Aux élections du 20 février 1876, M. Pascal Duprat se présenta comme candidat républicain dans l'arrondissement de Saint-Sever; mais il échoua avec 5,679 voix contre 10,013 à M. de Laborde, élu, et 2,793 à M. Sourigues. Il chercha alors une revanche dans le 17e arrondissement de Paris, qu'il habitait, et s'y porta candidat en remplacement de M. Edouard Lockroy, qui venait d'opter pour Aix. Après une lutte très vive, il l'emporta au second tour, le 30 avril 1876, et fut élu par 6,005 voix (14,269 votants, 20,543 inscrits), contre M. Chabert, socialiste, 5,578, et M. Desprès, conservateur, 2,529.

Il fut des 363 et reçut comme tel, du 17e arrondissement, la confirmation de son mandat, le 14 octobre 1877, par 12,824 voix sur 16,982 votants (20,559 inscrits), contre 3,775 au baron Servatius. Inscrit à la gauche républicaine, il s'associa à tous les votes de la majorité, appuya les invalidations qu'elle prononça, soutint le ministère Dufaure et prêta son concours à la politique opportuniste. En février 1881, il prononça un discours important sur l'attitude de la France dans les affaires de Grèce.

Non réélu en août suivant, il fut nommé ministre plénipotentiaire au Chili. Comme il retournait à son poste après un séjour en France nécessité par son état de santé, il mourut pendant la traversée (août 1885). Comme publiciste, on lui doit plusieurs ouvrages de critique et d'histoire : Timon et sa logique (1845); les Encyclopédistes, leur travaux, leurs doctrines et leur influence (1865); les Révolutions (1870), etc. Il dirigea, depuis 1870, le journal le Peuple souverain, puis une petite feuille quotidienne intitulée le Nouveau journal.