William, Henry Waddington

1826 - 1894

Informations générales
  • Né le 11 décembre 1826 à Saint-rémy-sur-avre (Eure-et-Loir - France)
  • Décédé le 13 janvier 1894 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Aisne
Groupe
Centre gauche

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 30 janvier 1876 au 24 janvier 1885
Sénateur
du 25 janvier 1885 au 6 janvier 1894

Gouvernement

Chef du Gouvernement
du 4 février 1879 au 26 décembre 1879

Biographies

Représentant en 1871 ministre et membre du Sénat, né au château de Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir) le 11 décembre 1826, petit-fils d'un riche manufacturier anglais établi en France depuis 1780, il fit ses études au lycée Saint-Louis à Paris, puis à l'université de Cambridge, opta pour la nationalité française, et se consacra à l'étude de l'épigraphie et de la numismatique. En 1850, il parcourut en archéologue l'Asie Mineure, et adressa à l'Institut deux Mémoires qui furent couronnés. Dix années plus tard, il se rendit en Grèce et en Syrie pour compléter ses premiers travaux. Au retour, il publia les Mélanges de numismatique et de philologie (1861), l'Edit de Dioclétien établissant le maximum dans l'empire romain (1864), et fut nommé (1865) membre de l'Académie des Inscriptions et belles-lettres. En 1868, il continua, pour la partie relative aux inscriptions grecques et latines, le Voyage archéologique en Grèce et en Asie-Mineure de Philippe Lebas.

D'opinions indépendantes, il s'était présenté une première fois, le 6 août 1865, comme candidat au Corps législatif dans la 4e circonscription de l'Aisne, en remplacement de M. Geoffroy de Villeneuve décédé, et avait obtenu, au 1er tour, 3 927 voix sur 29 813 votants, contre 12 442 au candidat officiel, M. Marsaux, 5 840 à M. de Tillancourt, 5 132 à M. de Montesquiou, 1 424 à M. de Lostanges et 961 à M. Levesque. Il se retira avant le scrutin de ballottage. Le 24 mai 1869, il échoua encore avec 5 750 voix, contre 21 125 au député de l'opposition sortant, M. de Tillancourt, et 5 075 à M. de Montesquieu.

Sous le ministère Ollivier (1870), il fit partie de la commission de décentralisation présidée par Odilon Barrot.

Aux élections du 8 février 1871 pour l'Assemblée nationale, M. Waddington fut élu représentant de l'Aisne, le 3e sur 11, par 69,575 voix (87,823 votants). Il siégea au centre, sans appartenir d'abord à un groupe politique bien tranché, vota pour la paix, pour l'abrogation des lois d'exil, pour la validation de l'élection des princes d'Orléans, fut rapporteur de la loi sur les conseils généraux, se sépara du centre droit pour opiner contre le pouvoir constituant de l'Assemblée, et se prononça contre le maintien des traités de commerce.

Élu, le 8 octobre 1871, membre du conseil général de l'Aisne pour le canton de Neuilly-Saint-Front, il devint président du conseil et, en cette qualité, fit acte formel d'adhésion à la République conservatrice, dans un banquet offert le 27 août 1872 par le préfet du département.

Partisan de la politique de Thiers, il fut appelé par lui à faire partie, comme ministre de l'Instruction publique, du cabinet du 19 mai 1873, et chargé de présenter à l'Assemblée les lois organiques de la République ; mais cinq jours plus tard (24 mai), la coalition de tous les partis monarchiques renversait le chef du pouvoir. Le député de l'Aisne rentra alors dans l'opposition. Le 7 novembre, il proposa de réduire à cinq ans la prorogation des pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon. Il contribua (13 mai 1874) à la chute du cabinet de Broglie, dont il n'avait cessé de combattre les tendances, puis il vota les amendements Wallon et Pascal Duprat ainsi que la Constitution du 25 février 1875.

Elu sénateur de l'Aisne le 30 janvier 1876, par 658 voix (921 votants), il prit encore le portefeuille de l'Instruction publique dans le cabinet Dufaure ; le ministère des cultes fut alors détaché de celui de l'Instruction publique et réuni au ministère de la Justice, M. Waddington étant protestant. Il déposa à la Chambre des députés un projet de loi modifiant la loi sur l'enseignement supérieur et rendant à l'Etat la collation des grades (23 mars), prononça, le 3 juin, un discours remarquable à ce sujet, et exposa (14 Juin) devant la commission du budget l'ensemble de réformes qu'il préparait dans l'enseignement primaire, secondaire et supérieur. Le parti catholique se montra très opposé à ses vues. M. Waddington créa des facultés de droit à Douai et à Bordeaux, et fit adopter par la Chambre des députés son projet de loi sur la collation des grades, projet qui fut rejeté au Sénat le 21 juillet 1876, par 144 voix contre 139.

M. Waddington, qui avait conservé son portefeuille lorsque M. J. Simon prit la présidence du cabinet (13 décembre 1876), quitta le ministère après l'acte du 16 mai 1877, et vota, le 23 juin suivant, au Sénat, contre la dissolution de la Chambre des députés.

Il rentra au pouvoir le 13 décembre 1877, dans le nouveau cabinet Dufaure, comme ministre des Affaires étrangères, assista, en qualité de plénipotentiaire français, au congrès de Berlin, qui s'ouvrit le 13 juin 1878, pour le règlement de la question d'Orient, y soutint la nécessité d'une rectification de frontières entre la Turquie et la Grèce, en fit adopter par le congrès le principe, sans en assurer toutefois l'application, obtint le maintien du statu quo dans les Lieux-Saints, et refusa toute compensation en Syrie, en Tunisie ou en Egypte, alors que l'Angleterre s'emparait de Chypre, en déclarant qu'il voulait revenir de Berlin « les mains nettes ». De retour à Paris, il rendit compte de sa mission et fut félicité de son attitude par le gouvernement français.

Après la démission du maréchal de Mac-Mahon et la retraite de Dufaure, M. Waddington fut invité par M. Grévy à conserver son portefeuille et à prendre en outre (4 février 1879) la présidence du conseil. Il adopta une politique dont les tendances républicaines parurent exagérées au Sénat et insuffisantes a la majorité de la Chambre des députés. Adversaire des poursuites contre les ministres du 16 mai, il combattit également l'amnistie plénière; d'autre part, il appuya le retour des Chambres à Paris. Comme ministre des Affaires étrangères, il ne cessa de réclamer en faveur de la Grèce, et de travailler à l'accord de la France et de l'Angleterre sur les affaires égyptiennes. La question, tant débattue, de « l'épuration du personnel » provoqua une vive opposition à l'égard du ministère, qui, interpellé le 2 décembre 1879, obtint un vote de confiance. M. Waddington crut néanmoins devoir se retirer le 27 du même mois et fut remplacé aux Affaires étrangères et à la présidence du conseil par M. de Freycinet. Il refusa à ce moment l'ambassade de Londres, fit un voyage en Italie (1880), et vota au Sénat avec le centre gauche. Rapporteur (juin 1881) du projet de loi sur le scrutin de liste, il conclut au rejet, parla (juillet) sur la loi relative à la gratuité de l'enseignement primaire, s'associa à l'amendement Leon Say sur la loi relative aux prétendants (février 1882), mais ne le représenta pas lorsque la Chambre l'eut rejeté, et déclara qu'il voterait contre la loi. En mai 1883, le gouvernement de la République chargea M. Waddington d'assister au couronnement de l'empereur de Russie, Alexandre III, avec le titre d'ambassadeur extraordinaire. Le 18 juillet de la même année, il fut nommé ambassadeur à Londres.

Réélu, le 6 janvier 1885, sénateur de l'Aisne par 1,056 voix (1,374 votants), M. Waddington n'assista plus que rarement aux séances de la Chambre haute et résida le plus souvent à Londres, où le retenaient ses fonctions d'ambassadeur, et où il eut à mener les délicates négociations relatives aux affaires d'Egypte (1884).

Il a été élu, le 16 août 1881, fellow honoraire de l'université de Cambridge.

Veuf de mademoiselle Lutteroth qu'il avait épousée en 1850, il s'est remarié, en 1874, avec mademoiselle King, petite-fille de l'un des fondateurs de la République des Etats-Unis.

Date de mise à jour: avril 2018


Né le 11 décembre 1826 à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), mort le 13 janvier 1894 à Paris.

Représentant de l'Aisne à l'Assemblée nationale de 1871 à 1876.


Sénateur de l'Aisne de 1876 à 1894.



Ministre de l'instruction publique du 18 mai au 25 mai 1873 et du 9 mars 1876 au 17 mai 1877.

Ministre des Affaires étrangères du 13 décembre 1877 au 4 février 1879.

Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du 4 février au 28 décembre 1879.


(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 552.)

William Waddington avait passé la plus grande partie de son dernier mandat de sénateur à Londres, comme ambassadeur de France, poste pour lequel il était particulièrement qualifié, à son double titre d'ancien ministre des Affaires étrangères et d'Anglais d'origine puisque son père avait été naturalisé français peu de temps avant la naissance de son fils. Cet éloignement de la France avait fait perdre à William Waddington à peu près tout contact avec le département qu'il représentait et avec son électorat.

Il n'est donc pas étonnant que, aux élections sénatoriales du 7 janvier 1894, il perdît son siège. Tandis que, dès le premier tour, les trois autres sénateurs sortants, Malézieux, Aimé Leroux et Sébline étaient réélus avec respectivement 1 025, 833 et 777 voix sur 1 363 votants, Waddington n'arrivait qu'en sixième position avec 575 voix. Au deuxième tour, il n'en obtenait plus que 530 et laissait son siège à l'ancien député Macherez qui recueillait 730 voix.

Il ne se consola pas de son échec électoral, lui qui, bien que fils d'un étranger naturalisé, avait dirigé pendant près d'un an les destinées gouvernementales de la France, et il ne devait pas survivre à ce revers du sort. Il allait en effet mourir six jours plus tard, le 13 janvier, à soixante-huit ans, laissant à son frère Richard le soin de continuer de représenter leur nom au Parlement.