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ASSEMBLÉE NATIONALE 3e SÉANCE DU 6 FÉVRIER 2001
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Mme la secrétaire dEtat au budget. Monsieur Auber-
ger, nous avons évidemment tenté de prendre en compte
de la manière la plus soigneuse possible les considérants
du Conseil constitutionnel qui justifiait sa censure du dis-
positif de ristourne de CSG, au regard notamment du
principe dégalité devant limpôt. Mais jusquoù ce prin-
cipe doit-il sappliquer ? La question mérite dêtre posée
puisque, en matière dimpôt sur le revenu, le principe « à
revenu égal, impôt égal » nest pas vraiment respecté.
Ainsi, un célibataire rémunéré au SMIC paie limpôt sur
le revenu, alors quun couple qui gagne le SMIC ne le
paie pas.
M. Charles de Courson. Tout à fait !
Mme la secrétaire dEtat au budget. Il est donc faux
de prétendre que ce principe est inscrit dans les tables de
notre loi fiscale.
Par ailleurs, alors que vous avez reproché à linstant à
notre dispositif de ne pas inciter suffisamment le conjoint
inactif à reprendre une activité, vous jugez maintenant
que la majoration de la prime accordée en cas dinactivité
dun des conjoints est insuffisante. Je métonne. On ne
peut pas vouloir à la fois majorer lavantage dun foyer
dont le conjoint est inactif, et en même temps nous
reprocher de ne pas inciter suffisamment celui qui est
inactif à reprendre une activité.
Que proposons-nous quant à nous ? Si, dans un
couple, un inactif reprend une activité à temps partiel, le
montant de la prime est majoré de 250 francs, mais si cet
inactif reprend une activité à temps plein, et cest ce que
nous souhaitons, la prime est majorée de 1 000 francs, en
passant de 2 000 à 3 000 francs. Ce supplément me
paraît tout à fait substantiel.
Mme la présidente. La parole est à M. Charles de
Courson.
M. Charles de Courson. Mes chers collègues, je vou-
drais profiter de lamendement de Philippe Auberger
pour poser un deuxième problème encore plus grave que
celui quil a soulevé, celui de lutilisation de limpôt sur le
revenu pour inciter à la reprise dun emploi.
M. Maxime Gremetz. Ça métonnait, aussi !
M. Charles de Courson. En effet, limpôt sur le revenu
ne distingue que deux situations : le mariage et le célibat.
Le concubinage fiscal au sens de lIR nest pas pris en
compte. Or le mécanisme qui nous est proposé créera
une énorme inégalité entre les couples disposant de reve-
nus identiques et dans la même situation familiale, selon
quils seront mariés, en concubinage ou pacsés.
M. Augustin Bonrepaux. Ah !
M. Charles de Courson. Mais oui, puisque le PACS est
assimilé au mariage après trois ans.
Vous allez créer une rupture dégalité...
M. Maxime Gremetz. Et voilà !
M. Charles de Courson. ... entre les concubins et les
gens mariés, au bénéfice des concubins et au détriment
des gens mariés. Prenons un exemple tout simple : celui
dune famille, papa, maman,...
M. Maxime Gremetz. La bonne et moi. (Sourires.)
M. Charles de Courson. ... deux enfants, avec un
SMIC, puisque cest avec un SMIC que vous obtenez le
montant maximum de la prime. Selon que le couple sera
marié ou non, la prime ne sera pas la même. Ainsi, si le
couple vit en concubinage et a eu lintelligence de se par-
tager les enfants, un sur la déclaration de papa, lautre sur
la déclaration de maman, le montant de la prime sera très
forte, plus forte que si le couple est marié.
M. Germain Gengenwin. Eh oui !
M. Charles de Courson. Or la situation est exactement
la même.
M. Germain Gengenwin.
Heureusement quil est
arrivé !
M. Charles de Courson. Et encore, si le déséquilibre
était en faveur des couples mariés, on pourrait
comprendre, les gens mariés sengageant davantage que
ceux en concubinage.
Mme Nicole Bricq. Oh, ça va ! Pas de leçon de
morale !
M. Charles de Courson. Mais cest linverse qui nous
est proposé.
Madame la secrétaire dEtat, jaimerais savoir comment
le Gouvernement justifie, au regard du principe dégalité,
cet écart entre les couples de concubins et les couples
mariés se trouvant exactement dans la même situation ?
M. Gérard Saumade. Quel rapport avec lamendement
de M. Auberger ?
M. Charles de Courson. Ce problème dépasse lamen-
dement de M. Auberger.
M. Maxime Gremetz. Votre intérêt est tout de même
tardif.
Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire
dEtat.
Mme la secrétaire dEtat au budget.
Monsieur
de Courson, le dispositif du Gouvernement est beaucoup
plus favorable aux couples mariés que ne laurait été celui
du crédit dimpôt voulu par le Sénat.
M. Charles de Courson. Ce nest pas une réponse !
Mme la secrétaire dEtat au budget. En effet, dans le
dispositif du Sénat, de manière mécanique, les couples
mariés ne bénéficiaient pas du crédit dimpôt alors que, à
linverse les concubins, eux, en bénéficiaient, et au tarif
fort, si je puis dire.
Vous évoquez une situation doptimisation fiscale et
sociale dun dispositif. Pour ma part, je ne vois pas en
quoi notre dispositif de prime à lemploi pénalise les
ménages mariés par rapport aux concubins.
M. Charles de Courson. Mais si : cest mécanique.
Mme la présidente. La parole est à M. Philippe
Auberger.
M. Philippe Auberger. Madame la secrétaire dEtat, je
nai pas été convaincu par votre argumentation.
Mme Nicole Bricq. Nous, si !
M. Philippe Auberger. Pour un SMIC, la prime pour
lemploi serait, pour une personne seule, de 1 500 francs,
et, pour un couple, de 2 000 francs. Je trouve cet écart
insuffisant. La prime sélèverait à 2 250 francs pour un
couple touchant un SMIC et demi, et à 3 000 francs
pour un couple touchant deux SMIC.
En fait, je conteste la différence entre une personne
seule et un couple car je la trouve insuffisante. Je propose
que la majoration pour le couple soit de 800 francs, la
prime passant de 1 500 à 2 300 francs. Pour un SMIC et
demi, la prime pourrait atteindre 2 600 francs, et
3 000 francs pour deux SMIC.