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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. RAYMOND FORNI

1. Questions au Gouvernement (p. 6658).

ENCÉPHALITE SPONGIFORME BOVINE (p. 6658)

MM. Jean-François Mattei, Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche.

SITUATION AU PROCHE-ORIENT (p. 6659)

MM. Michel Vauzelle, Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères.

MARÉE NOIRE (p. 6659)

MM. René Leroux, Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur.

NÉGOCIATIONS DANS LE CADRE DE L'OMC (p. 6660)

MM. Michel Grégoire, François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur.

RÉVISION DES LISTES ÉLECTORALES (p. 6660)

MM. Robert Gaïa, Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur.

SUPPRESSIONS D'EMPLOIS CHEZ ALSTHOM (p. 6662)

Mme Muguette Jacquaint, M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

ÉTABLISSEMENTS MAGNETI-MARELLI À AMIENS (p. 6662)

MM. Maxime Gremetz, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

TVA SUR LA RESTAURATION (p. 6663)

MM. Michel Bouvard, Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

EXPLOITATION DES TERRES À LA MARTINIQUE (p. 6665)

MM. Pierre Petit, Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outremer.

PROSTITUTION URBAINE (p. 6665)

Mme Françoise de Panafieu, M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur.

RÔLE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE (p. 6666)

MM. Georges Sarre, Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

SITUATION EN YOUGOSLAVIE (p. 6667)

MM. François Léotard, Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères.

TROISIÈME AÉROPORT PARISIEN (p. 6668)

MM. Jean-Louis Bernard, Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement.

Suspension et reprise de la séance (p. 6668)

PRÉSIDENCE DE Mme NICOLE CATALA

2. Fonds publics accordés aux entreprises. - Discussion, en nouvelle lecture, d'une proposition de loi (p. 6669).

M. Jean Vila, rapporteur de la commission des finances.

DISCUSSION GÉNÉRALE (p. 6669)

MM. Gilbert Gantier, Gérard Bapt, Pierre Morange, Christian Cuvilliez, Maurice Ligot.

Clôture de la discussion générale.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

DISCUSSION DES ARTICLES (p. 6675)

Articles 1er , 2, 3 et 3 bis Adoption (p. 6676)

Article 4 (p. 6676)

Amendement no 1 de la commission des finances : MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption.

Adoption de l'article 4 modifié.

Articles 4 bis , 4 ter et 5. - Adoption (p. 6676)

Titre (p. 6677)

Amendement no 2 de la commission : MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption.

Le titre de la proposition de loi est ainsi modifié.

VOTE SUR L'ENSEMBLE (p. 6677)

Adoption de l'ensemble de la proposition de loi.

3. Règlement définitif du budget de 1999. - Discussion d'un projet de loi (p. 6677).

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. Didier Migaud, rapporteur général de la commission des finances.

DISCUSSION GÉNÉRALE (p. 6679)

MM. Charles de Courson, Augustin Bonrepaux, Gilbert Gantier, Christian Cuvilliez, Michel Bouvard.

Clôture de la discussion générale.

M. le secrétaire d'Etat.

DISCUSSION DES ARTICLES (p. 6690)

Article 1er (p. 6690)

MM. Jean-Jacques Jégou, Charles de Courson, le secrétaire d'Etat.

Adoption de l'article 1er

Article 2 et tableau A. - Adoption (p. 6693)

Article 3 et tableau B. - Adoption (p. 6693)

Article 4 et tableau C. - Adoption (p. 6694)

Article 5 et tableau D. - Adoption (p. 6694)

Article 6 et tableau E. - Adoption (p. 6694)


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Article 7 et tableau F. - Adoption (p. 6695)

Article 8 et tableau G. - Adoption (p. 6695)

Article 9 et tableau I. - Adoption (p. 6695)

Articles 10 à 14. - Adoption (p. 6696)

Après l'article 14 (p. 6697)

Amendements nos 1 à 10 de M. Courson : MM. Charles de Courson, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. Retrait.

VOTE SUR L'ENSEMBLE (p. 6699)

Adoption de l'ensemble du projet de loi.

4. Règlement définitif du budget de 1998. - Discussion, en deuxième lecture, d'un projet de loi (p. 6699).

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. Didier Migaud, rapporteur général de la commission des finances.

DISCUSSION GÉNÉRALE (p. 6700)

MM. Christian Cuvilliez, Michel Bouvard, Jean-Louis Idiart, Gilbert Gantier, Charles de Courson.

Clôture de la discussion générale.

DISCUSSION DES ARTICLES (p. 6703)

Article 9 (p. 6703)

Le Sénat a supprimé cet article.

Amendement no 1 de la commission des finances : MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.

L'article 9 est rétabli et se trouve ainsi rédigé.

Article 13 (p. 6705)

Amendement no 2 de la commission : MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Charles de Courson. - Adoption.

Adoption de l'article 13 modifié.

VOTE SUR L'ENSEMBLE (p. 6705)

Adoption de l'ensemble du projet de loi.

5. Ordre du jour de la prochaine séance (p. 6705).


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COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. RAYMOND FORNI

M. le président.

La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures.)

1

QUESTIONS AU GOUVERNEMENT

M. le président.

L'ordre du jour appelle les questions au Gouvernement.

N ous commençons par une question du groupe Démocratie libérale et Indépendants.

ENCÉPHALITE SPONGIFORME BOVINE

M. le président.

La parole est à M. Jean-François Mattei.

M. Jean-François Mattei.

C'est au nom des trois groupes, Démocratie libérale, Rassemblement pour la République et Union pour la démocratie françaiseAlliance, que je souhaite poser une question à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.

Monsieur le ministre, la France a fait de la sécurité alimentaire l'un des enjeux prioritaires de la présidence française de l'Union européenne. A cet égard, l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine est un réel souci et vous vous êtes d'ailleurs exprimé récemment sur le sujet.

Compte tenu des préoccupations des Français en la matière et des enjeux sociaux, je voudrais vous poser quatre questions.

Premièrement, pouvez-vous nous indiquer quelles sont les premiers résultats de la campagne de dépistage par tests biologiques que vous avez lancée. Que vous inspirent-ils ? Deuxièmement, quarante-quatre nouveaux cas d'encéphalopathie spongiforme bovine ont été identifiées. Comment expliquez-vous cette augmentation alors même que nous avons pris de très nombreuses mesures ? Troisièmement, vous venez de suivre l'avis, sage, de l'Agence française de sécurité alimentaire - AFSSA - et d'interdire l'utilisation des intestins de bovins pour l'alimentation. Mais pourquoi n'interdisez-vous pas l'utilisation des farines animales pour toute l'alimentation animale, et pas seulement pour celle des bovins ? Ce serait une mesure sage, même si elle est difficile à mettre en oeuvre.

Quatrièmement, le Parlement européen vient de voter trois propositions de directives sur la qualité de l'alimentation. Naturellement, certains industriels de l'agroalimentaire ont fait valoir leur désaccord et ont fait savoir qu'ils s'adresseraient au Conseil des ministres, codécisionnaire en la matière. Quelle sera votre position au Conseil des ministres, puisque ce sera aussi celle de la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)

M. le président.

La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.

M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche.

Monsieur le député, je vais m'efforcer de répondre aussi brièvement que possible aux quatre questions que vous m'avez posées.

Oui, c'est vrai, la France a lancé la première le plus important programme de dépistage au monde, puisque celui engagé par les Suisses, qui nous avaient devancés, est réalisé à une échelle beaucoup plus limitée. Les 48 000 tests auxquels il sera procédé visent à permettre de prendre la mesure de l'épidémie et de mieux la connaître quantitativement et qualitativement. Le Gouvernement a décidé de confier la direction, la définition et le suivi de ce programme de recherche d'envergure à un comité scientifique. C'est lui qui a choisi les départements et les cheptels à tester, c'est lui qui, le jour venu, tirera les premiers enseignements de cette étude. Je ne voudrais donc pas qu'ici, dans le cadre d'un débat de caractère démocratique et politique, le Gouvernement s'arroge le droit d'interpréter ce qui reste pour l'instant du domaine de l'évaluation. Respectons la séparation des tâches. Les scientifiques évaluent le risque. Il nous appartiendra ensuite de le gérer.

S'agissant des quarante-quatre nouveaux cas d'ESB, je voudrais être très clair. En 2000, la France a détecté soixante cas d'ESB, dont dix-huit grâce au programme de tests. Aux termes des hypothèses avancées par les scientifiques, il semblerait qu'après l'interdiction des farines animales pour les bovins en 1990 et avant que, en 1996, on ne prévoie pour les autres farines animales - celles destinées aux porcs, aux volailles - le retrait des matériaux à risque spécifié, il ait pu y avoir des contaminations croisées ou des fraudes. Nous saurons vite si tel est bien le cas. En effet, avec une période d'incubation de cinq ans, la décision sur les matériaux à risque spécifié ayant été prise en 1996, nous devrions voir lentement décroître puis disparaître l'épidémie à partir de 2001. Si l'hypothèse scientifique aujourd'hui avancée se trouve ainsi vérifiée nous ne pourrons que nous en féliciter. Si tel n'est pas le cas, il nous faudra envisager et sérieusement étudier d'autres causes.

S'agissant de l'AFSSA, le Gouvernement a immédiatement décidé de suivre son avis recommandant le retrait des intestins de bovins de la consommation. Déjà, au mois de juin, nous avions décidé de retirer l'iléon, la partie extrême de l'intestin. Nous avions, d'abord, demandé à l'AFSSA si des techniques de nettoyage des intestins auraient permis d'assurer la sécurité. Un nouvel avis ayant précisé que ces techniques amélioraient la sécurité sans toutefois la garantir, nous avons décidé d'appliquer la réglementation proposée par l'AFSSA.

Cela signifie, mesdames, messieurs les députés, que pour la confection d'andouilles, d'andouillettes ou de gros saucissons les charcutiers français ne pourront plus utiliser


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des intestins de bovins français ou en provenance de pays à risque ESB. Ils pourront utiliser soit des matériaux synthétiques - ce que les consommateurs n'aiment pas beaucoup -, soit les boyaux d'autres espèces animales - mouton ou porc -, soit des intestins de bovins importés de pays où le risque ESB est nul.

Enfin, vous me demandez si les propositions de directive du Parlement européen sur la sécurité et la qualité alimentaires seront appuyées par la présidence française devant le conseil des ministres de l'agriculture. Ma réponse est oui, sans aucune hésitation. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

Mme Sylvia Bassot.

Et les farines animales ?

M. le président.

Nous en venons aux questions du groupe socialiste.

SITUATION AU PROCHE-ORIENT

M. le président.

La parole est à M. Michel Vauzelle.

M. Michel Vauzelle.

Monsieur le ministre des affaires étrangères, la situation semblant s'améliorer en Yougoslavie, comme l'a illustré votre visite hier à Belgrade, le groupe socialiste a souhaité vous interroger aujourd'hui sur la situation au Proche-Orient dont la gravité reste extrême.

En effet, on parle d'accalmie aujourd'hui, mais à Ramallah, à Rafah comme à Hébron ou à Nazareth, le bilan reste lourd. Hier, nous avons évoqué ici avec M. le Premier ministre l'émotion des juifs de France, mais aussi d'autres citoyens de notre pays, devant les images de guerre qui viennent d'Israël et des territoires palestiniens.

Ces événements ont donc une dimension intérieure très importante ; je sais que vous le mesurez.

Le président Clinton, M. Kofi Annan, M. Javier Solana, comme le Président et le Premier ministre français, sont mobilisés. Monsieur le ministre, comment jugez-vous l'évolution de la situation ? Disposez-vous d'éléments allant dans le sens d'une amélioration ? Que va entreprendre la France sur le plan diplomatique pour contribuer à l'accalmie qui semble être observée et pour sauver et reprendre le processus de paix ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. le président.

La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.

M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères.

Monsieur le député, je ne reviendrai pas sur l'engrenage des derniers jours sauf pour rappeler que, à partir de la provocation initiale, il a porté les deux populations, israélienne et palestinienne, à un degré extrêmement élevé d'antagonisme par crainte, colère et douleur, tout cela mélangé. Ils se sont retrouvés face à face et au bord du gouffre. Nous avons suivi, quant à nous, les premières étapes de cette escalade alors même que le processus de paix continuait à cheminer. Nul n'ignore du reste que la provocation initiale n'a pas été sans rapport avec cette perspective d'une solution que les extrémistes de tous bords rejettent.

Face à l'escalade, nous avons tous conjugué nos efforts.

Le monde entier souhaite la paix. Mais au bout du compte, ce sont les protagonistes directs qui doivent prendre leurs responsabilités et faire les gestes nécessaires pour amorcer la désescalade. C'est à eux qu'il appartient de trouver les mots nécessaires pour rassurer à nouveau ces populations qui, ayant peur les unes des autres, peuvent commettre les pires excès. Ils savent que nous le souhaitons. Nous faisons des propositions en ce sens.

Nous sommes là pour les accompagner.

Au Proche-Orient, le monde entier se relaie autour des protagonistes pour leur demander d'arrêter l'escalade et de reprendre la discussion. En la matière, la France a une autorité particulière, compte tenu de son travail de fond depuis des années, et notamment ces dernières semaines après les percées de Camp David, pour faire cheminer et aboutir des solutions très compliquées, mais possibles, sur Jérusalem, sur les frontières ou sur les réfugiés.

Voilà où nous en sommes. Je ne désespère pas que l'on puisse inverser la tendance. En ce moment, on constate en effet une accalmie. M. Solana, à qui j'ai demandé lundi, en tant que président du Conseil affaires générales de l'Union de se rendre immédiatement sur place pour a pporter la contribution de la politique étrangère commune, m'a fait savoir que certains signes encourageants pourraient se concrétiser dans les heures qui viennent. Si tel est le cas et si la désescalade a vraiment lieu, les instructions nécessaires ayant été données de part et d'autre, indépendamment des responsabilités initiales, il faut immédiatement reprendre la discussion sur le fond.

Au Proche-Orient, rien n'est pire en effet que de se retrouver sans perspectives de solutions et de paix. Les discussions de paix doivent reprendre sans aucun délai.

Nous continuerons cet effort inlassable qui, je l'espère, finira par aboutir. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

MARÉE NOIRE

M. le président.

La parole est à M. René Leroux.

M. René Leroux.

Monsieur le ministre de l'intérieur, comme vous le savez, à cause des fortes marées et des conditions climatiques défavorables de ces derniers jours, une partie de côtes du littoral atlantique a une nouvelle fois subi les conséquences du naufrage du pétrolier Erika de décembre dernier.

Il s'agit non pas de déchets pétroliers résiduels encore présents dans les cuves de l'épave, mais de pétrole qui était emprisonné derrière les rochers ou de certaines nappes posées au fond de l'eau et que la mer est venue chercher et déposer une fois encore sur les plages.

Nous connaissions tous ce risque et nous ne sommes pas surpris de ce qui arrive. Mais aujourd'hui il convient d'agir énergiquement et de faire en sorte que ces répliques de la marée noire s'estompent. Le dispositif de nettoyage des plages avait été considérablement allégé durant l'été, à la demande des élus locaux, afin d'accueillir les touristes dans des conditions convenables et non pas entre deux chantiers de dépollution. Alors que la saison est terminée, le Gouvernement doit prendre des mesures fortes pour mobiliser l'ensemble des acteurs mis à disposition des collectivités avant l'été - militaires, un ités spécialisées - et procéder au renouvellement des contrats à durée déterminée.

M onsieur le ministre, il faut réactiver le plan POLMAR. Il reste en effet un travail considérable à accomplir et l'on ose penser aux retombées que connaîtrait la prochaine saison touristique si le travail de nettoyage n'était pas réalisé avant le printemps prochain.

Quels moyens humains et budgétaires le Gouvernement entend-il mobiliser pour terminer le travail de nettoyage et rendre sa beauté à notre littoral ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)


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M. le président.

La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur.

Monsieur le député, à la suite du naufrage de l' Erika, c'est effectivement le ministère de l'intérieur qui a été chargé d'élabo rer et de mettre en oeuvre le plan de sauvetage. C'est aux préfets de zones qu'il est revenu d'assurer la mise en place des différents dispositifs. Chacun a pu constater l'ampleur des moyens mis par l'Etat, en accord avec les collectivités locales, pour faire face aux problèmes rencontrés. L'été dernier, celles-ci ont toutefois souhaité que le plan soit allégé pour faire face à l'arrivée des touristes.

Aujourd'hui, il est clair que des résultats ont été obtenus mais qu'il reste des difficultés, notamment de l'ordre de celles que vous venez d'évoquer. Le Gouvernement a pris ses responsabilités et tant sur le plan humain que sur le plan financier, les engagements ont été tenus. Le fonds POLMAR, que gère ma collègue Mme Voynet, a été largement mobilisé.

(Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

A ce jour, et c'est du concret, mesdames, messieurs, 672 millions de francs ont été engagés, dont 580 au titre du plan POLMAR-terre.

Les collectivités locales sont bien entendu éligibles à ce fonds. Elles ont d'ores et déjà pu recruter en personnel l'équivalent de 2 700 mois de contrats à durée déterminée. Un abondement du fonds à hauteur de 215 millions de francs va permettre la poursuite de l'effort de l'Etat tel que vous le souhaitez. Si le travail de remise en état est bien engagé, il convient, c'est vrai, de l'achever dans les meilleurs délais.

Vous l'avez souligné, monsieur le député, la période estivale ne se prêtait pas à la poursuite des chantiers au même rythme que celui qui avait prévalu auparavant. Eh bien, sachez qu'en accord avec le ministre de la défense, des unités militaires et de sécurité civile vont poursuivre leur mission alors que la campagne devait se terminer le 30 septembre. Il m'apparaît même indispensable de réaff ecter des unités sur les chantiers POLMAR en complément des trois cents personnes qui travaillent actuellement sur les sites. (

« Baratin ! » sur les bancs.)

M. le ministre de l'intérieur.

Ces unités seront engagées dans des missions spécialisées, notamment les zones rocheuses, difficiles d'accès, qui nécessitent une grande technicité.

Soyez assuré de ma totale détermination, ainsi que de celle du Gouvernement tout entier. Les moyens mis en oeuvre ne faibliront pas. Il importe que nos côtes, ce patrimoine commun, mesdames, messieurs, retrouvent leur physionomie et que ces régions, qui ont déjà beaucoup souffert, n'aient pas à souffrir davantage. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe Radical, Citoyen et Vert, et sur quelques bancs du groupe communiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) NÉGOCIATIONS DANS LE CADRE DE L'OMC

M. le président.

La parole est à M. Michel Grégoire.

M. Michel Grégoire.

Monsieur le secrétaire d'Etat au commerce extérieur, la conférence de l'OMC à Seattle s'était soldée par un échec retentissant. Aujourd'hui, des négociations ont repris discrètement à Genève concernant l'accord général sur le commerce extérieur. Ces discussions sont engagées sans que quiconque en soit réellement informé.

Pourtant, les conséquences de cet accord sont de nature à bouleverser le quotidien de nos concitoyens en proposant la libéralisation totale de nombreux services, comme dans les domaines essentiels de l'éducation ou de la santé. Ce n'est pas acceptable. Nous nous sommes toujours battus pour l'école pour tous, pour l'accès aux soins pour tous. A n'en pas douter, ce projet d'accord serait un renouveau de la discrimination sociale en fonction de la richesse de chacun. Nous avons déjà assez de difficultés à défendre nos services publics à la française dans le cadre des directives européennes.

M. Jacques Fleury.

C'est vrai !

M. Michel Grégoire.

Les Françaises et les Français sont attachés à la vocation de justice sociale de nos services publics.

Monsieur le secrétaire d'Etat, quelles sont les intentions du Gouvernement dans ces négociations ? De quelle façon la représentation nationale sera-t-elle consultée ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. le président.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat au commerce extérieur.

M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur.

Monsieur le député, le secteur des services emploie dans notre pays plus de 15 millions de Françaises et de Français, parmi lesquels, en effet, ceux du service public.

Les enjeux potentiels sont donc importants, vous avez raison. Mais, soyez rassuré, aucune machine infernale de libéralisation subreptice n'est actuellement en marche à Genève.

Du reste, cela ne se pourrait pas pour deux raisons. La première, c'est que, je le rappelle, l'OMC fonctionne au consensus et n'est en aucune manière en mesure d'imposer quoi que ce soit à un Etat qui ne le voudrait pas. La seconde tient au fait que, dans la négociation portant sur les services, les Etats sont tout à fait libres de ne pas faire d'offre de libéralisation positive.

Par conséquent, la protection de nos services publics de santé ou d'éducation à laquelle, vous le savez, le Gouvernement est particulièrement attaché, réside simplement, mais résolument, dans notre volonté de ne pas les offrir à la libéralisation. L'OMC constate cette volonté. Elle ne nous force d'ailleurs même pas à la justifier. Il n'y a donc pas la matière à diaboliser l'organisation.

Par ailleurs, je crois utile de rappeler, pour ce qui est des services non publics, cette fois, que nous avons là des intérêts offensifs importants en termes d'emplois et d'activités. A ceux qui s'inquiètent - un quotidien du matin a publié une pétition « Négociations services danger » -, je répondrai qu'avec de la fermeté et de l'ambition nous ne devons pas redouter une négociation dont je suis persuadé que la France peut, au contraire, tirer avantage.

Bien entendu, la représentation nationale sera tenue informée du déroulement de cette négociation qui, je le rappelle, était prévue. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

RÉVISION DES LISTES ÉLECTORALES

M. le président.

La parole est à M. Robert Gaïa.

M. Robert Gaïa.

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur. Monsieur le ministre, l'exercice du suffrage universel, selon le principe « un homme, une voix », qui reste un fondement de notre République, suppose des conditions de vote parfaitement régulières. Notre démo-


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cratie ne saurait tolérer des pratiques douteuses qui détermineraient d'avance, le résultat d'un scrutin. On ne saurait accepter que l'on veuille détourner la volonté des citoyens par des manipulations indignes portant, par exemple, sur l'établissement des listes électorales. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Aucune tricherie ne saurait être admise au risque de discréditer l'exercice même de ce droit fondamental qu'est le droit de vote (Exclamations sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants), droit de vote égal pour tous les citoyens français. (Exclamations sur les mêmes bancs.)

Le législateur a prévu une procédure de révision annuelle des listes (Exclamations sur les mêmes bancs), ...

M. Bernard Deflesselles.

C'est incroyable !

M. Robert Gaïa.

... afin de garantir la sincérité des scrutins. (Exclamations sur les mêmes bancs.) Dans toutes les communes de France,...

M. Bernard Deflesselles.

A Aubagne, par exemple ?

M. Robert Gaïa.

... les commissions administratives de révision des listes électorales constituées pour chaque bureau sont composées d'un représentant du maire, d'un représentant du préfet et d'un représentant du président du tribunal de grande instance. Ces commissions ont jusqu'à la fin de l'année pour établir les listes des électeurs qui pourront prendre part au vote pour les élections municipales et cantonales de mars 2001.

M. Bernard Deflesselles.

A Aubagne !

M. Robert Gaïa.

Quelles mesures avez-vous prises pour que ces commissions puissent conduire leur travail dans des conditions et avec des moyens leur permettant de garantir la sincérité des listes électorales ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. le président.

La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur.

Monsieur le député, votre question soulève un problème grave et renvoie à une préoccupation partagée, je l'imagine, par l'ensemble de la représentation nationale. (« Oui, oui ! » sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) J'ai décidé de mettre en place un dispositif de contrôle sans précédent. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Bernard Deflesselles.

Bravo !

Mme Odette Grzegrzulka.

Transparence !

M. le ministre de l'intérieur.

La révision annuelle des listes s'achèvera bien le 30 décembre prochain, pour permettre aux électeurs de voter normalement aux élections municipales et cantonales. J'ai signé une circulaire, le 21 septembre,...

M. Bernard Deflesselles.

Bravo !

M. le ministre de l'intérieur.

... qui permettra aux commissions administratives de réviser des listes...

M. Francis Delattre.

Quel homme !

M. le ministre de l'intérieur.

... afin que ces commissions puissent travailler avec des moyens nouveaux et puissants.

M. Michel Herbillon.

Quel talent !

M. le ministre de l'intérieur.

L'objectif est clair et simple et, là encore, j'imagine qu'il est partagé. Il s'agit de radier les électeurs indûment inscrits en préservant les droits des citoyens de bonne foi.

M. Bernard Deflesselles et M. Michel Herbillon.

Ah ?

M. le ministre de l'intérieur.

Nous mettons en oeuvre des moyens de contrôle réels, monsieur le député.

(« Ah ! » sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Je vous rappelle le contexte. Avec l'organisation du référendum, les préfectures disposent de retours d'enveloppes non distribuées aux électeurs.

M. Michel Herbillon.

Tiens ?

M. le ministre de l'intérieur.

Vous connaissez la nouveauté : possibilité va être désormais donnée aux commissions administratives de croiser ces données avec le fichier du service national de l'adresse de La Poste - qui retrace les changements d'adresse au cours des trente-six derniers mois. (« Oh ! » sur les mêmes bancs.) Je suis très heureux que vous en soyez satisfaits !

M. Yves Fromion.

Nous sommes fichés, c'est épouvantable !

M. le ministre de l'intérieur.

Le résultat attendu est le suivant. Les électeurs ayant changé de domicile seront informés de leur radiation d'office. Selon les cas, ils pourront s'inscrire en temps voulu dans la commune ou dans l'arrondissement de leur nouveau domicile. Ainsi, les électeurs de bonne foi ne seront pas sanctionnés. (« Ah ! » sur les mêmes bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)

A l'inverse, pour les électeurs n'habitant pas ou n'habitant plus à l'adresse indiquée et dont la nouvelle adresse n'a pu être trouvée, la commission administrative disposera d'un indice qui, corroboré par d'autres éléments, notamment le retour de la carte électorale, l'absence d'inscription au rôle des contributions directes, lui permettra de radier les électeurs indûment inscrits. (« Ah ! » sur les mêmes bancs.)

M. Yves Fromion.

Régime policier ! Dictature ? (Sourires.)

M. le ministre de l'intérieur.

La nouvelle procédure représente un pas en avant incontestable. Ce n'est qu'une première étape. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste - « Ah ! » sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Sans doute ne règle-t-elle pas tous les cas d'irrégularité. Et il est vrai que les fraudeurs ont quelquefois l'imagination féconde. (« Oui ! » sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. Bernard Deflesselles.

On pourrait vous en parler !

M. Jean-Louis Debré.

Rendez-nous Chevènement !

M. le ministre de l'intérieur.

La deuxième étape est engagée par la saisine de la commission nationale Informatique et Libertés pour obtenir le croisement avec les fichiers fiscaux. Mon collègue Laurent Fabius et moimême avons saisi la CNIL en espérant qu'un nouveau dispositif opérationnel sera en place pour 2002.

M. Yves Fromion.

Milosevic est un gamin à côté de vous !

M. le ministre de l'intérieur.

Enfin, je n'écarte pas l'hypothèse d'un registre national des électeurs, complémentaire des fichiers municipaux existants. Je confierai


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

bientôt une mission d'étude à l'Inspection générale de l'administration, qui conduira notamment une étude comparative avec les autres législations des pays européens.

M. Yves Fromion.

Quel régime de liberté !

M. le ministre de l'intérieur.

C'est donc un plan en trois étapes qui est en chantier. La première phase est engagée ; les autres suivront dès que possible pour que le droit de vote, sacré en démocratie, ne soit pas entaché d'irrégularité. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. Yves Fromion.

Qui pourra encore voter ?

M. le président.

Nous en venons aux questions du groupe communiste.

SUPPRESSIONS D'EMPLOIS CHEZ ALSTHOM

M. le président.

La parole est à Mme Muguette Jacquaint.

(« Ah ! » sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

Mme Muguette Jacquaint.

Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Depuis plus d'un an, l'actualité économique et sociale est occupée par le projet du groupe Alsthom de supprimer près de 1 500 emplois. Contre ce projet, on a observé une mobilisation importante de tous les partenaires sociaux et des élus. A l'Assemblée nationale, plusieurs députés sont déjà intervenus pour démontrer le non-sens industriel et social de ce plan. Et la mobilisation a connu une efficacité certaine car, à ce jour, la direction n'a pu enclencher la phase active des suppressions d'emplois.

Aujourd'hui, la situation est nouvelle. Les chiffres annoncés à l'assemblée des actionnaires - hausse de 15 % de bénéfices, 13 % de commandes supplémentaires démontrent le bon état de santé du groupe Alsthom quis'est développé, notamment grâce aux commandes publiques d'EDF, de la SNCF et de la RATP. Dernièrement, la SNCF a commandé 420 locomotives, ce dont n ous nous félicitons. Malgré ces chiffres et ces commandes, la direction maintient ses objectifs. Ses choix vont à l'encontre non seulement de l'emploi, mais aussi de l'économie. Ni la croissance économique en France ni les projections de la croissance européenne et mondiale ne pourront se réaliser sans une politique énergétique forte et diversifiée dont Alsthom, son savoir-faire, ses personnels...

M. Bernard Accoyer.

Ses syndicats !

Mme Muguette Jacquaint.

... sont l'un des maillons.

Face à cette situation, monsieur le Premier ministre, le Gouvernement doit peser de tout son poids pour favoriser l'adoption d'un moratoire aboutissant à l'arrêt du plan de suppressions d'emplois. Il s'agit de permettre aux salariés, à leurs représentants et à leurs élus de faire valoir des solutions alternatives en liaison avec la nouvelle charge de travail et les commandes actuelles.

M onsieur le Premier ministre, quelles mesures comptez-vous prendre pour répondre à l'attente légitime des élus et des salariés d'Alsthom ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur quelques bancs du groupe socialiste.)

M. le président.

La parole est à M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

Madame la députée, comme vous l'avez dit, le groupe Alsthom avait nourri en mars 2000 le projet de supprimer 1 500 emplois. Sans nier le contexte concurrentiel très difficile dans lequel évolue cette entreprise au niveau international, et pour les raisons que vous venez d'évoquer, le Gouvernement refuse de rentrer dans une logique de résignation ou de simple cautionnement d'un programme de restructuration.

(« Très bien ! » sur plusieurs bancs du groupe socialiste.)

Nous avons donc engagé avec les salariés un travail très précis de plusieurs mois. Je suis moi-même intervenu lors de nombreuses réunions pour étudier la situation, site par site. Nous avons, avec le président Forni, M. Jean-Pierre Chevènement et Mme Martine Aubry, mis en commun à plusieurs reprises les solutions que nous pouvions apporter à ce problème très grave. Ces réunions de travail donnent dès à présent des résultats concrets. A Belfort, la pérennité du site est garantie par de nouveaux investissements et des transferts de technologie tout à fait considérables ; par ailleurs, 150 emplois supplémentaires sont préservés et, donc, 150 licenciements évités. A Lys-lezLannoy, Alsthom voulait carrément fermer l'entreprise.

Pourtant il existe un projet de reprise qui permettrait de sauver 200 à 300 emplois. Ce projet, présenté au comité d'entreprise, sera ensuite examiné avec la plus grande attention par la direction générale de l'industrie et par le ministère de l'industrie.

A La Courneuve, Alsthom a été contraint de s'engager sur la pérennité du site, ce que le groupe ne voulait pas faire au départ. Grâce à la pression que nous avons exercée ensemble, il a opéré un transfert important d'activités d'ingénierie pour compenser la baisse, par ailleurs sévère, des effectifs que souhaite organiser le groupe. Le Gouvernement ne cautionne en aucune façon ce plan, même si celui-ci a été complètement revu comme je viens de l'indiquer.

Au-delà des discussions avec les salariés, les élus et les organisations syndicales, nous devons faire prévaloir une vision industrielle cohérente, qui préserve les chances du site français au sein de l'ensemble de l'entreprise. Il est tout à fait opportun de souligner combien la proposition de loi de votre collègue M. Robert Hue (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants) va nous permettre de montrer combien l'intervention des élus, en particulier des députés, peut être fructueuse pour éviter que des aides publiques soient accordées sans discernement à ce type d'entreprises, qui ne doivent jamais être exonérées de leur responsabilité fondamentale envers les territoires où elles sont installées. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

E TABLISSEMENTS MAGNETI-MARELLI À AMIENS

M. le président.

La parole est à M. Maxime Gremetz.

M. Maxime Gremetz.

Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie. Je précise qu'elle m'émeut particulièrement. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Les salariés ne vous intéressent pas ? Je le savais ! (Protestations sur les mêmes bancs.)

M. Jean-Jacques Jégou.

Oh, ça va !


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

M. Maxime Gremetz.

Depuis des mois, les 800 salariés, en majorité des femmes, de l'établissement MagnetiMarelli d'Amiens, et avec eux toute une ville, sont extrêmement préoccupés pour leur emploi et pour l'avenir d'un fleuron de l'industrie automobile. Depuis des mois, la direction du groupe multiplie les manoeuvres, vide de son activité une entreprise performante.

Depuis des mois, alors que l'unique production des tableaux de bord est littéralement transférée dans une autre unité, la fabrication d'équipements de climatisation prévue pour la reconversion du site n'a toujours pas démarré, vous le savez, monsieur le secrétaire d'Etat, et aucune autre activité relais n'est à ce jour annoncée.

Le comportement récent de la direction de ce groupe automobile est de nature à susciter l'inquiétude. Rien de rassurant dans la multiplication des plans sociaux et dans la signature d'un accord « Robien » en 1998, qui a abouti à une réduction importante des charges patronales, à une très forte réduction des salaires et à des conditions de travail épouvantables.

Et pourtant, Fiat et sa filiale Magneti-Marelli font des profits faramineux. Ils ont tout eu : l'exonération des cotisations patronales pour 99 % des salariés et des incitations financières de toutes sortes. Soi-disant pour préserver des emplois, mais les engagements n'ont pas été respectés ! Ils ont profité de la flexibilité, du travail en équipe, du chômage partiel, des cadences infernales, des licenciements au mépris de la loi. Ils ont profité des fonds publics : de la région Picardie, du département de la Somme, de la ville d'Amiens. Après le refus d'informer le comité central d'entreprise, ... (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. Bernard Accoyer.

Nous ne sommes pas au comité central du parti !

M. Maxime Gremetz.

... toutes les déclarations, toutes les rumeurs laissent présager l'annonce officielle de la fermeture du site d'Amiens. Tous ceux qui se sont évertués ces jours derniers à rassurer les syndicats et les salariés inquiets portent une lourde responsabilité. Solennellement et humainement, je dis au Gouvernement que nous ne pouvons laisser faire ! Nous ne pouvons laisser supprimer 800 emplois, faire disparaître un site dynamique, rajouter 800 chômeurs aux 10 000 du bassin d'emplois amiénois !

M. le président.

Il faut conclure, monsieur Gremetz.

M. Maxime Gremetz.

Magneti-Marelli doit respecter la loi française. Le Gouvernement doit dire, selon moi, que si sa décision était confirmée le groupe Magneti-Marelli devrait rembourser les milliards de fonds publics qu'il a perçus depuis des années. Il ne comprend, ce groupe, que ce langage ! Ce langage, il faut le tenir ! Et agir ! Monsieur le ministre, pensez à ces hommes et à ces femmes qui ont tout donné,...

M. Patrick Ollier.

Monsieur le président, le temps de parole !

M. le président.

Monsieur Gremetz, voulez-vous conclure, s'il vous plaît ? (« Oui, oui ! » sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. Maxime Gremetz.

... pour des salaires de misère, à ces hommes et ces femmes qui ont créé tant de richesses, et qui ont des enfants.

Qu'allons-nous faire ensemble, avec les syndicats, le G ouvernement, les salariés pour préserver l'avenir ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.)

M. le président.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie, pour une brève réponse, s'il vous plaît.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

Monsieur le député, nous sommes évidemment préoccupés, comme vous, des 752 menaces qui pèsent sur les travailleuses et les travailleurs de la société Magneti-Marelli à Amiens. L'entreprise a indiqué aux salariés qu'elle recherchait de nouvelles activités, telles que la fabrication d'éléments de climatisation pour essayer de compenser le déclin et d'éviter une perspective terrible. Face à ces menaces, j'estime indispensable que l'entreprise fasse le maximum - il s'agit d'un groupe, et d'un groupe qui a les moyens de le faire - pour assurer le maintien de l'activité industrielle à Amiens, en y développant de nouvelles activités.

L'absence d'informations claires de la part de la direction de l'entreprise sur les perspectives d'activité de ce site n'est pas acceptable, vous avez raison de le souligner. J'ai donc demandé à l'entreprise, et je m'en suis entretenu avec vous voilà quelques semaines, de prendre en compte au plus vite les exigences, de la transparence, de la concertation avec les élus et avec les salariés ou du développement tant attendu et nécessaire de nouvelles activités.

Comme je vous l'ai indiqué récemment, je suis prêt à recevoir les élus, vous-même, le député-maire d'Amiens, afin de faire rapidement le point et d'envisager toutes les mesures nécessaires pour que la redynamisation locale du site puisse être envisagée. Je le fais avec le soutien de Mme Martine Aubry.

(Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

Soyez assurés que nous mettrons tout en oeuvre pour que cette situation ne fasse pas pâtir des centaines de salariés de la désinvolture d'un groupe qui doit être rappelé à ses responsabilités.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. Gilles de Robien.

Très bien !

M. le président.

Nous en venons aux questions du groupe du Rassemblement pour la République.

TVA SUR LA RESTAURATION

M. le président.

La parole est à M. Michel Bouvard.

M. Michel Bouvard.

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

M onsieur le ministre, ce matin, les députés RPR membres de la commission des finances ont à nouveau défendu des amendements en faveur de l'abaissement à 5,5 % de la TVA sur la restauration (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et indépendants.)

et ils continueront la semaine prochaine lors de la discussion de la loi de finances. Je pense à une forme de restauration populaire, traditionnelle, où 50 % des repas sont à moins de cinquante francs et 80 % à moins de quatrevingts francs. Le maintien de la TVA à 19,6 % pénalise d'abord les Françaises et les Français qui souhaitent se rendre au restaurant ou qui ont besoin de cette restaura-


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

tion populaire sur leur lieu de travail. Pour leur part, les entreprises ont bénéficié, à la suite d'une récente décis ion de la Cour de justice européenne, d'un remboursement de TVA, mettant en évidence l'incohérence du système français en matière de TVA sur la restauration.

Nous constatons tous, y compris sur les bancs de la majorité, des distorsions de concurrence. Au niveau intérieur, vis-à-vis de la restauration rapide dont les parts de marché s'accroissent et mettent en cause progressivement une certaine qualité de restauration dans notre pays. Au niveau international par rapport à nos principaux concurrents touristiques européens.

Nous avons appris, après la décision du Conseil d'Etat vous accordant six mois pour régler le problème des distorsions de concurrence, qu'un arrangement serait intervenu avec la Commission pour régler le problème de la restauration collective d'entreprise. Nous nous en réjouissons même si le problème de fond demeure. Pouvez-vous nous confirmer, après l'arrêt du Conseil d'Etat, qu'une solution a bien été trouvée ? Pouvez-vous nous indiquer les démarches que le Gouvernement français a entreprises, depuis le début de la présidence française du Conseil des ministres de l'économie et des finances pour que la restauration française bénéficie enfin d'une mesure que la majeure partie de nos concurrents européens ont obtenue, y compris le Portugal, qui a bénéficié récemment d'une clause dérogatoire ? Il y va de l'avenir de la restauration française, de l'équité mais aussi de la disparition d'un système qui, avec les distorsions qu'il entraîne, n'a que trop duré.

(Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et indépendants.) M le président.

La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Monsieur le député, en ce qui concerne l'arrêt du Conseil d'Etat, je peux vous rassurer : toutes les dispositions sont prises pour qu'il soit pleinement appliqué. Sur ce point, il n'y a pas de difficulté.

En ce qui concerne un éventuel abaissement de 19,6 % à 5,5 % du taux de TVA pour la restauration, le problème est différent. Si vous le voulez bien, je vais essayer d'expliquer la situation rapidement. En effet, si cette revendication pour une profession importante qui connaît des difficultés recueille la sympathie sur tous les bancs de l'Assemblée, elle se heurte à trois séries de difficultés que personne ne peut ignorer.

La première tient à son coût. (Vives exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. Yves Fromion.

Et la cagnotte ?

M. le président.

Mes chers collègues, la question était intéressante. La réponse le sera aussi. Ecoutez-la ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Ou alors ne posez pas une question si vous ne souhaitez pas entendre la réponse. (Murmures.)

Nous avons donc étudié le coût d'une telle décision : il s'agirait de 20 milliards de francs. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

M. Bernard Accoyer.

Et le coût des 35 heures ? M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Pour financer des sommes de cet ordre, il faut évidemment...

M. Pierre Lellouche.

Diminuer les dépenses publiques ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

... consentir des sacrifices soit en augmentant les déficits - ce que nous ne souhaitons pas (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République) -, soit en amputant des dépenses, soit en accroissant les impôts. On ne peut pas faire comme si le problème financier n'existait pas. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

La deuxième difficulté, que vous connaissez mais que vous avez évacuée un peu rapidement, est d'ordre juridique.

Vous savez, en effet, puisque vous connaissez bien ces problèmes, monsieur Bouvard, que la liste des produits pour lesquels il peut y avoir diminution du taux de TVA figure sur une annexe qui a été arrêtée il y a déjà plus de dix ans : l'annexe H à la sixième directive sur la TVA. Or cette liste ne comprend pas la restauration.

M. Pierre Lellouche.

Qui vous empêche de proposer de l'y inclure ? M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Il est vrai, vous l'avez rappelé à juste titre, qu'une exception a été faite pour le Portugal. Toutefois, il a bien été précisé que cette décision concernerait exclusivement ce pays où avait d'ailleurs été appliqué un taux minoré de TVA dans ce domaine avant 1991, ce qui n'a jamais été le cas en France. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

Vous m'avez aussi demandé quelles initiatives avaient été prises pour avancer dans cette direction. Nous en avons effectivement parlé à nos collègues, mais ils nous ont indiqué qu'ils ne partageaient pas ce souhait. (Protestations sur les mêmes bancs.) Il est enfin une troisième difficulté à laquelle je souhaite vous rendre attentifs, parce qu'elle est rarement soulignée.

En admettant que nous puissions trouver une solution, ce qui semble impossible aujourd'hui à cause des difficultés financières et juridiques, reste une question qu'il faut poser à ceux qui appuient cette revendication : la baisse du taux de TVA est-elle demandée pour diminuer le prix des menus ? (Rires et applaudissements sur divers bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

M. Jean Ueberschlag.

Voilà ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Après m'en être entretenu avec les responsables, je puis vous indiquer que la réponse est négative.

(Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Les restaurateurs, que je comprends tout à fait, soulignent que la profession connaît une situation difficile en raison des horaires de travail qui sont très lourds et de frais très élevés. Ils souhaitent donc une baisse du taux de TVA pour l'améliorer et pouvoir accorder des avantages sociaux.

Je ne discute évidemment pas la nécessité d'apporter des améliorations sociales, mais je ne pense pas que cet objectif pourrait être atteint par une baisse du taux de TVA, dont tout le monde attendrait qu'elle soit répercutée sur le prix des restaurants. (Protestations sur les mêmes bancs.)

M. Yves Fromion.

Cela créerait des emplois !


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

S'il est indéniable que la profession connaît des difficultés, ce n'est pas une baisse du taux de TVA qui permettra de les résoudre.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

EXPLOITATION DES TERRES À LA MARTINIQUE

M. le président.

La parole est à M. Pierre Petit.

M. Pierre Petit.

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.

La Martinique a un développement à vocation agricole.

Pourtant les surfaces cultivées sont passées de 41 000 hectares en 1981 à 37 000 en 1989 et à 30 000 en 1999. Or nous assistons actuellement à une révolte des jeunes agriculteurs qui occupent les terres, prennent en otage les propriétaires et ne veulent pas s'en aller. Cela peut se comprendre puisque nous avons de plus en plus de jachère et de terres sous-exploitées.

Je voudrais donc savoir si le Gouvernement entend procéder, au plus vite, à un recensement des terres en jachère ou sous-exploitées. Il existe certes des textes législatifs en la matière, mais ils sont terriblement mal adaptés à la situation en Martinique, au point que trop de gens passent à travers les mailles du filet.

Quels moyens financiers envisagez-vous d'engager pour nous aider et, surtout, quelles dispositions législatives ou réglementaires allez-vous mettre en oeuvre pour que ne soient plus désespérés les jeunes agriculteurs ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

M. le président.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, si possible pour une réponse assez brève afin que nous puissions prendre la troisième question du groupe du Rassemblement pour la République.

M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer.

Monsieur le député, au moment où l'Assemblée nationale va adopter très majoritairement une grande loi d'orientation pour l'outre-mer préparée par mon prédécesseur Jean-Jack Queyranne et dont nous allons reprendre l'examen ce soir, vous me permettrez de vous répondre brièvement sur le sujet, préoccupant en Martinique, de l'utilisation du foncier disponible pour l'agriculture et l'installation des jeunes agriculteurs.

D'abord, il est exact que la surface cultivée diminue en Martinique. Cependant, le premier remède dépend des collectivités locales qui disposent des plans d'occupation des sols et du schéma régional d'aménagement de la Martinique.

Ensuite, je partage votre désir que les terres en jachère ou insuffisamment cultivées soient recensées. Des instructions seront données en ce sens aux services de l'Etat en accord avec Jean Glavany, le ministre de l'agriculture.

Enfin, s'agissant de la procédure visant à sauvegarder ces terres, le code rural me semble suffisamment clair.

Plus que d'instrumenst législatifs ou réglementaires nouveaux nous avons tout simplement besoin d'une bonne application des textes existants. Le Gouvernement y veillera.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

PROSTITUTION URBAINE

M. le président.

La parole est à Mme Françoise de Panafieu.

Mme Françoise de Panafieu.

Monsieur le ministre de l'intérieur, ma question porte sur le développement de la prostitution dans les grandes villes de France.

A Paris, cette prostitution est plus particulièrement apparente sur les boulevards des maréchaux. Lorsqu'on les interroge à ce sujet, le préfet de police, les commissaires, alertés par les élus, font systématiquement la même réponse, en invoquant le manque d'effectifs et le fait que la prostitution n'est par un délit. Aujourd'hui, cette prostitution, présente dans les entrées d'immeubles d'habitation, dans les parkings, aux abords des Abribus, des stades et des écoles, choque et révolte la population.

Cette situation est devenue intolérable.

Est-il normal, alors que le Parlement ne cesse de défendre la condition féminine, d'accepter que des jeunes femmes, venues notamment des pays de l'Est, soient soumises à des traitements inhumains ? Est-il acceptable que chaque habitant, chaque passant puisse constater de visu le trafic de drogue qui prospère parallèlement à cette activité, en se demandant si la police ne le voit pas, ne peut pas le voir ou ne veut pas le voir ? Certes, monsieur le ministre, la prostitution n'est pas reconnue comme un délit. Cependant, peut-on en rester aux schémas traditionnels devant l'aggravation de la situation ? En attendant, quelles instructions et quels moyens comptez-vous donner à vos effectifs pour obtenir les résultats que tous attendent face à une situation aggravée dans de trop nombreux endroits en France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe Démocratie libérale et Indépendants et sur quelques bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. le président.

La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur.

Madame la députée, vous imaginez, puisque vous savez que je suis un élu de quartiers confrontés à ces difficultés, que ce problème me préoccupe, comme il préoccupe l'ensemble des élus.

Il est vrai que, vous avez raison de le rappeler, la prostitution n'est pas considérée comme une infraction ou un délit dans la législation de notre pays. Elle peut malheureusement s'exercer librement, y compris sur la voie publique, dans les conditions que vous avez rappelées.

M. Patrick Ollier.

Le racolage est interdit !

M. le ministre de l'intérieur.

Bien sûr, de même que le proxénétisme, et ils doivent être réprimés. De ce point de vue, vous savez d'ailleurs que quel qu'ait été le ministre de l'intérieur ou le préfet de police, les consignes de répression du proxénétisme, du racolage, voire de l'exhibition sexuelle sur la voie publique ont toujours été des consignes de rigueur.

La prostitution a évolué à Paris avec, depuis 1997, l'arrivée de très jeunes femmes des pays de l'Est qui la pratiquent sur les boulevards des maréchaux, notamment dans l'est et le nord-est parisien, puis, plus récemment, la venue de jeunes Africaines. Sachez cependant que la police s'attaque aux réseaux de proxénétisme. Or, pour les démanteler, il faut évidemment identifier les proxénètes, ceux qui sont à l'origine de cette exploitation de femmes et d'hommes qu'ils livrent à la prostitution, et réprimer leur action qui s'accompagne souvent de violences.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

Ainsi, depuis le début de l'année, la brigade de répression du proxénétisme, après un long et patient travail, a pu opérer plusieurs arrestations, dont le nombre va croissant.

M. François Rochebloine.

Combien ?

M. le ministre de l'intérieur.

Les quatorze proxénètes arrêtés ont été déférés devant l'autorité judiciair e. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Vous savez également, madame la députée, que les effectifs de police portent également toute leur attention à ceux qui fréquentent les prostituées sur les boulevards, notamment au regard de la police de la circulation. L'un des moyens de répression consiste en effet à frapper la demande, si je puis dire, en sanctionnant les clients euxmêmes. (Exclamations sur les mêmes bancs.)

Je vois d'anciens élus de Paris qui, même s'ils ne le sont plus, feraient mieux de se préoccuper de ces questions au lieu de sourire.

M. Jean-Louis Debré.

C'est à vous de vous en préoccuper !

M. le ministre de l'intérieur.

Je le répète : la police a reçu des consignes et le préfet de police les fait appliquer.

(Exclamations sur les mêmes bancs.)

Oui, il faut réprimer le proxénétisme et je puis aussi vous assurer que les prostituées sont également surveillées.

Celles qui sont interpellées sont conduites aux services généraux pour examen de leur situation administrative, et traitées, le cas échéant, comme toute personne ne se trouvant pas en situation régulière.

(« C'est laborieux ! » sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

Par ailleurs doit être conduite une action de santé publique. Or, de ce point de vue, la collectivité locale concernée doit jouer son rôle en matière de prévention.

C'est ce à quoi je l'invite. (Applaudissements sur divers bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. le président.

Nous en venons au groupe Radical, Citoyen et Vert.

RÔLE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE

M. le président.

La parole est à M. Georges Sarre.

M. Georges Sarre.

Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, la décision de la Banque centrale européenne de relever pour la septième fois consécutive ses taux directeurs a surpris tous les observateurs : économistes, investisseurs, responsables gouvernementaux. Alors que les signes d'essoufflement de la croissance se multiplient en Europe, l'augmentation des taux d'intérêt risque d'avoir des répercussions extrêmement négatives sur l'investissement, donc sur l'emploi.

La Banque centrale justifie sa position par de prétendus risques inflationnistes et appelle les gouvernements et les partenaires sociaux à la rigueur sociale. L'euro faible qui semble traumatiser nos banquiers centraux n'est pourtant pas une catastrophe. Il dope nos exportations. Nous en avons assez des nostalgiques de la monnaie forte, des taux d'intérêt assassins et de l'austérité sociale. Nous avons expérimenté cette politique avec sa conséquence directe, le chômage de masse. A cet égard les Français ont déjà trop donné.

L'attitude de la Banque centrale européenne pose deux problèmes majeurs : celui de la définition de ses missions, car, contrairement à son homologue américaine, elle n'a pas à se préoccuper de l'emploi ; celui du contrôle politique et démocratique de cette instance rendue indépendante par le traité de Maastricht et par le vote de notre Parlement.

Monsieur le ministre, ne serait-il pas opportun que le Gouvernement profite de la présidence française de l'Union européenne pour proposer à nos partenaires une modification des traités européens redéfinissant le rôle et les statuts de la Banque centrale en la plaçant sous autorité politique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

M. le président.

La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Monsieur le député, si j'ai bien compris, vous m'invitez à me prononcer sur les responsabilités respectives en Europe de la Banque centrale et de l'autorité politique.

M. Jacques Myard.

Et sur ce qu'elles ne font pas ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

La mission de la Banque centrale a été définie par le traité approuvé par référendum en 1992.

M. Jacques Myard.

Traité scélérat ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Aux termes de ce texte, elle est seule responsable de la politique monétaire et elle est indépendante. Il est vrai que la façon dont sa politique monétaire peut être décidée appelle différents commentaires. Vous en avez fait un en particulier.

Cela étant, il ne conviendrait pas de revenir sur son indépendance, d'autant que la Federal Reserve à laquelle vous avez fait allusion est dans une position similaire, même si les textes la concernant, vous avez eu raison de le souligner, lui imposent de prendre en compte des considérations relatives à l'emploi et à la croissance, ce qui n'est pas le cas pour la Banque centrale européenne.

De son côté l'Eurogroup, c'est-à-dire le rassemblement des douze pays appartenant à la zone euro, créé à l'initiative de notre gouvernement en décembre 1997 et relancé depuis le début de notre présidence, s'attache à la coordination des politiques économiques. Vous avez certainement remarqué, en particulier au cours des dernières semaines, que son rôle s'est affirmé. On peut ainsi dire que c'est sur la base du diagnostic qu'il a établi et de la définition que nous avons arrêtée de la politique de change qu'ont été engagées des interventions à propos de l'euro, lesquelles, chacun le reconnaît, ont été couronnées de succès.

M. Jacques Myard.

Ah bon ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

En revanche, je suis moins en phase avec vous lorsque vous soulignez qu'un euro faible présente des avantages, en prenant l'exemple des exportations.

Je ne crois pas, en effet, que l'on puisse approuver cette position car les événements monétaires survenus depuis une quinzaine d'années ont montré qu'il existe bien une correspondance entre la force réelle d'une économie et le taux de change de sa monnaie. S'agissant


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

précisément de l'euro, nous constatons en ce moment que sa relative faiblesse a, par son impact sur les prix du pétrole, des conséquences négatives pour notre inflation et notre croissance. Si cette faiblesse devait s'aggraver, notre croissance s'en trouverait dégradée et notre inflation accélérée. En fait, il faut que la monnaie soit conforme aux « fondamentaux » de l'économie, comme on dit, et il n'y a pas de religion à avoir sur ce sujet.

M. Jacques Myard.

Heureusement ! M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Nous devons avoir un euro stable et une institution bancaire indépendante ce qui, dans mon esprit, signifie qu'il faut se parler davantage. Entre l'Eurogroupe, autorité politique, et la Banque centrale européenne, le dialogue doit être plus étroit qu'il ne l'a été jusqu'à présent. C'est en ce sens que la présidence française s'efforce d'agir. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

M. le président.

Nous en venons aux questions du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.

SITUATION EN YOUGOSLAVIE

M. le président.

La parole est à M. François Léotard.

M. François Léotard.

Monsieur le ministre des affaires étrangères, les événements récents qui ont touché la Fé dération yougoslave, notamment la République de Serbie, ont poussé l'Union européenne à lever, lundi dernier, les sanctions qu'elle avait été amenée à prendre. Il s'agissait des embargos aérien et pétrolier, du gel des avoirs du gouvernement yougoslave, de la suspension des investissements européens en République fédérale de Yougoslavie.

Ces décisions sont incontestablement utiles à la réussite d'une évolution pacifique et démocratique à l'intérieur de la République fédérale de Yougoslavie. Néanmoins, pour nécessaires qu'elles soient, elles n'apparaissent pas suffisantes.

Plusieurs questions restent pendantes et je vous les pose, à vous qui êtes le président en exercice du conseil d es ministres européens des affaires étrangères. Les réponses à ces questions me paraissent être les conditions indispensables d'un retour normal et souhaitable de la Fédération yougoslave dans la communauté internationale. Je les résume.

Quelle est la situation faite aux prisonniers albanais en Serbie - environ un millier de personnes ? S'il est avéré qu'ils ont commis des crimes ou des délits, à quels procès - et selon quelles normes - seront-ils soumis ? Qu'en est-il de la livraison, que notre groupe estime nécessaire, des documents, notamment des archives militaires, qui permettraient de retrouver la trace de plusieurs milliers de personnes disparues au Kosovo et, éventuellement, de ceux qui les ont exécutées ? La troisième exigence est celle de l'indispensable évolution du président Kostunica sur la question du Kosovo, et peut-être celle du Monténégro.

Enfin, tout aussi souhaitable serait la coopération du nouveau pouvoir de Belgrade à l'action du tribunal pénal international de La Haye.

Sur ces deux dernières questions, monsieur le ministre, nous pouvons nourrir quelques inquiétudes compte tenu des récentes déclarations du nouveau président de la République fédérale.

Le peuple serbe, auquel a légitimement rendu hommage le président de la République française, a droit lui aussi, et peut-être lui en premier, à des réponses à ces questions.

Nous souhaiterions, monsieur le ministre, que vous puissiez, en tant que président en excercice, nous dire comment on peut invoquer, à travers la charte de l'Unione uropéenne, les valeurs communes auxquelles nous sommes naturellement attachés et que chacun tente de faire prévaloir, si nous n'avons pas la possibilité d'influencer le nouveau gouvernement yougoslave sur ces questions.

Comment concevoir que l'homme qui est à l'origine des principaux massacres européens depuis une dizaine d'années - je pense aux milliers de personnes disparues en quelques jours à Srebrenica - puisse être protégé par la nouvelle direction yougoslave de toute poursuite ? Comment expliquer à l'opinion française et internationale que nous sommes intervenus au Kosovo et que nous y maintenons des forces importantes si ne se dessinent pas rapidement une évolution du statut de ce territoire et une progression vers l'autodétermination de son peuple ? Progression vers plus de liberté, vers plus d'autonomie et, surtout, vers le jugement, sans concession, de ceux qui en ont été les bourreaux.

Nous comprenons bien, monsieur le ministre, qu'il faut du temps pour répondre à ces questions, mais nous souhaitons que ce temps ne soit ni celui de l'oubli, ni celui de l'indulgence.

(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe Démocratie libérale et Indépendants et sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

M. le président.

La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.

M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères.

Monsieur le député, il y a moins d'une semaine, nous ne savions pas si le peuple serbe allait réussir à renverser démocratiquement un régime aux abois, dont nous pensions qu'il avait encore des moyens extrêmement puissants et dangereux pour se maintenir au pouvoir et pour truquer, manipuler, provoquer et réprimer - il y a moins d'une semaine ! J'étais, hier, à Belgrade parce que le président Kostunica tenait à ce que ce soit la France, comme présidente en exercice de l'Union européenne, qui soit le premier contact, à ce niveau, pour établir de nouvelles relations et une nouvelle coopération entre la nouvelle Yougoslavie et l'Europe. Il n'a écarté aucun sujet. J'ai pu le questionner sur le sort de l'ex-président Milosevic, sur leur attitude à propos d'un éventuel jugement - quand ? comment ? par qui ? où ? J'ai pu lui parler du Kosovo ainsi que, en effet, des prisonniers albanais en Serbie. Lui m'a parlé des réfugiés serbes au Kosovo.

C'est dire que nous avons pu discuter sur tous les plans. Rien ne l'a gêné. Il a parlé publiquement sur tous ces sujets.

Mais il m'a dit, et tous les leaders de l'opposition démocratique que j'ai réunis ensuite pour un déjeuner dans notre résidence - où, j'espère, nous allons pouvoir envoyer très vite un ambassadeur, dès que les nouvelles autorités nous aurons donné leur accord, nous y sommes prêts - me l'ont répété : nous sommes à peine installés !

Ils « contrôlent » la présidence de la République fédérale de Yougoslavie, mais pas la Serbie, ni sa présidence, ni son Parlement, ni peut-être aucun de ces corps qui se sont brusquement retournés après l'extraordinaire journée de jeudi. Ils doivent se consolider.

Naturellement, toutes vos questions se posent légitimement. Il faudra leur trouver une réponse. Il faut qu'un dialogue s'engage sans délai sur ces sujets, mais, aujour-


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d'hui, la question prioritaire et urgente est de savoir si nous agissons ou non pour consolider cette démocratie qui s'installe à Belgrade. Et il me semble que c'est l'intérêt de tous.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe radical, Citoyen et Vert et sur plusieurs bancs du groupe communiste.)

Les leaders serbes sont conscients de ce qui s'est passé et de l'opprobre dans lequel la politique de Milosevic avait jeté leur pays. Ils sont bien conscients également du fait que la démocratie est à reconstruire entièrement, que l'Etat de droit est à édifier. Et on le voit, le président Kostunica, qui est un juriste de formation, tient beaucoup à ce que les gestes qu'il accomplit et la façon dont il procède pour bâtir, à travers ces symboles forts, les fondements d'un pays entièrement différent, servent de leçon de choses, en quelque sorte.

Mais, je le répète, ils ont besoin de s'installer. C'est aussi pour cela que le Président de la République a invité le président Kostunica au Conseil européen de Biarritz.

C'est aussi à cette fin que servira le sommet Union européenne - Balkans occidentaux, dont nous avons eu l'initiative, et qui aura lieu à Zagreb fin novembre.

Et c'est parce qu'ils veulent prendre le contrôle complet de ce pays en train de devenir une démocratie mais qui n'en est pas encore une complètement, qu'ils v iennent de décider d'organiser des élections fin décembre, afin que le parlement de Serbie, qui est le noeud du pouvoir réel, exprime la réalité nouvelle.

Je suis convaincu que les responsables de la Yougoslavie, nouvelle démocratie, sont conscients de leurs responsabilités devant l'histoire et devant leur peuple, d'abord et avant même que ce soit devant nous, naturellement.

Ce n'est pas au moment où ce peuple courageux, d'une façon extraordinaire, vient de reprendre le contrôle de son destin, qu'il faut tenter de l'en déposséder par des exigences immédiates...

Mme Yvette Roudy.

Très bien !

M. le ministre des affaires étrangères.

... sans lui laisser le temps de consolider la démocratie.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) Mais cela viendra. Et, comme l'a dit le président du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie luimême, il y a un temps pour chaque chose. Ne soyez pas inquiet, monsieur le député. Pour ma part, je crois que l'on peut parier sur ce fleuve démocratique qui coule désormais à Belgrade.

(Applaudissements sur les mêmes bancs et sur quelques bancs du groupe communiste.)

TROISIÈME AÉROPORT PARISIEN

M. le président.

La parole est à M. Jean-Louis Bernard.

M. Jean-Louis Bernard.

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.

Mme Christine Boutin, députée des Yvelines, et mes quatre collègues députés du Loiret se joignent à moi pour poser cette question qui concerne le transport aérien.

Compte tenu des perspectives de croissances de ce trafic, la limite des capacités des plates-formes parisiennes, Orly et Roissy, sera rapidement atteinte.

En conclusion d'un rapport remis au Gouvernement en 1995, M. Jacques Douffiagues proposait la création d'un troisième aéroport sur le site de Beauvilliers, en Eure-et-Loir.

Notre collègue Jean-Pierre Blazy, dans un nouveau rapport déposé en juin 1999, recommandait « de réexaminer en urgence le projet de cette implantation à Beauvilliers » ajoutant que « si le choix du site n'est pas effectué dans les mois qui viennent, les chances d'un véritable développement durable du transport aérien seraient compromises. »

M. Gayssot lui-même, en 1999, devant l'Assemblée nationale - page 4387 du Journal officiel des débats -, avait dit que le choix relatif au troisième aéroport devrait être effectué cette année car « il faut compter au moins dix ans avant que les réalisations soient faites ». Nous sommes en octobre 2000, en attente, toujours, de cette décision. Et l'accident dramatique du Concorde a relancé le débat.

Ma question est donc triple. Premièrement, la décision sera-t-elle enfin prise en l'an 2000 ou faudra-t-il encore attendre ? Deuxièment, sur ce dossier, y a-t-il convergence ou divergence de vues entre le ministère des transports et celui de Mme Voynet ? Enfin, le ministre responsable des transports est-il personnellement favorable ou opposé au choix du site de B eauvilliers pour cet éventuel troisième aéroport ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. le président.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat au logement.

M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement.

Monsieur le député, je vous demande de bien vouloir excuser Jean-Claude Gayssot, qui préside aujourd'hui à Bruxelles le conseil des ministres des transports de l'Union européenne. Il s'agit d'une très importante réunion de conciliation sur ce que l'on a coutume d'appeler « le paquet ferroviaire », sujet dont l'importance ne vous échappera pas. Il m'a donc demandé de vous apporter les éléments de réponses suivants.

Concernant le projet de nouvelle plate-forme aéroportuaire destinée à desservir le Bassin parisien, toutes les études menées confirment que les seuils de capacités a nnoncés pour les aéroports d'Ile-de-France seront atteints dans les dix ans (« Avant ! » sur les mêmes bancs.), en dépit - ce sont même deux conditions - du développement souhaité, et souhaitable, des aéroports de province et d'un fort report de l'air sur le fer.

La réponse à la question de principe sur la création d'une plate-forme aéroportuaire s'inscrit dans le cadre de l'élaboration des schémas de services collectifs des transports. Une décision sera prise par le Gouvernement avant la fin de ce mois d'octobre 2000.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

M. le président.

Nous avons terminé les questions au Gouvernement.

Suspension et reprise de la séance

M. le président.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à seize heures dix, est reprise à seize heures vingt-cinq, sous la présidence de Mme Nicole Catala.)

PRÉSIDENCE DE Mme NICOLE CATALA,

vice-présidente

Mme la présidente.

La séance est reprise.


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FONDS PUBLICS ACCORDÉS AUX ENTREPRISES Discussion, en nouvelle lecture, d'une proposition de loi

Mme la présidente.

M. le président de l'Assemblée nationale a reçu de M. le Premier ministre la lettre suivante :

« Paris, le 5 octobre 2000.

« Monsieur le président,

« J'ai été informé que la commission mixte paritaire n'a pu parvenir à l'adoption d'un texte sur la proposition de loi relative à la constitution d'une commission de contrôle nationale et décentralisée des fonds publics accordés aux entreprises.

« J'ai l'honneur de vous faire connaître que le Gouvernement demande à l'Assemblée nationale de procéder, en application de l'article 45, alinéa 4, de la Constitution, à une nouvelle lecture de ce texte.

« Je vous prie d'agréer, monsieur le président, l'assurance de ma haute considération. »

En conséquence, l'ordre du jour appelle la discussion, en nouvelle lecture, de cette proposition de loi (no 2511, 2622).

La parole est à M. le rapporteur de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan.

M. Jean Vila, rapporteur de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat à l'industrie, mes chers collègues, réunie le 5 octobre, la commission mixte paritaire n'a pu, comme cela était prévisible, parvenir à l'élaboration d'un texte commun entre nos deux assemblées, puisque le Sénat a, par deux fois, opposé la question préalable à la proposition de loi adoptée par la majorité de l'Assemblée nationale.

Le Sénat conteste l'utilité de créer une commission chargée de contrôler les aides publiques accordées aux entreprises et ne veut voir, dans la proposition de notre collègue Robert Hue, qu'un texte de circonstance dicté par des considérations politiciennes.

Or j'avais déjà eu l'occasion de l'indiquer lors des débats, cette proposition de loi trouve son origine dans des conclusions formulées en juin 1999 par la commission d'enquête sur les pratiques des groupes nationaux et multinationaux. Elle répond donc à un besoin parfaitement identifié.

C'est pourquoi, tout en regrettant l'opposition résolue du Sénat, qui prive ainsi la nation d'un organe de contrôle de l'utilisation des aides publiques dont l'absence se fait cruellement sentir, je vous propose d'adopter, en nouvelle lecture, le texte adopté en seconde lecture, sous réserve de deux amendements rédactionnels, le premier à l'article 4, le second proposant un intitulé plus concis, que la commission a approuvés.

M. Christian Cuvilliez.

Très bien ! Discussion générale

Mme la présidente.

Dans la discussion générale, la parole est à M. Gilbert Gantier.

M. Gilbert Gantier.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, l'Assemblée nationale est amenée, une fois de plus, à examiner la proposition de loi du groupe communiste visant à instituer une commission technocratique chargée de contrôler l'opportunité des aides publiques accordées aux entreprises.

L'inscription en début de session, un mercredi aprèsmidi, de cette proposition de loi à l'intérêt modeste constitue certainement un gage donné au groupe communiste en contrepartie de certaines couleuvres durement avalées ces derniers mois.

M. Christian Cuvilliez.

Je lève le gage ! (Sourires.)

M. Gilbert Gantier.

Cette proposition de loi, qui est le fruit de circonstances - le plan Michelin -, montre du doigt des entreprises accusées de l'échec des politiques sociales mises en oeuvre par le Gouvernement.

A travers la création d'une commission technique, la gauche plurielle veut instituer un véritable contrôle d'opportunité des subventions publiques. Dans les faits, il s'agit seulement d'un alibi pour s'immiscer dans la gestion des entreprises.

Après l'échec des nationalisations, la majorité de gauche est à la recherche d'un nouvel instrument pour surveiller l'économie productive. En effet, la commission procédera, selon le texte, à une évaluation régulière des aides à partir d'un critère de progression quantitative de l'emploi, associé à certains éléments qualitatifs. Elle sera chargée de donner un avis sur l'utilité de poursuivre, de fractionner, d'augmenter, de modifier ou d'interrompre les aides, les exonérations et les bonifications de crédits.

Pour mener à bien ses missions, cette commission devra se doter de multiples services. Par ce biais, la majorité risque donc de créer un second ministère de l'industrie...

M. Christian Cuvilliez.

Ce n'est pas un drame ! (Sourires.)

M. Gilbert Gantier.

... ou tout au moins de créer de nombreux emplois.

Cette proposition de loi, en fait, tient plus de l'affichage que du réalisme. En mettant en place une commission de contrôle, les parlementaires de la gauche amoindrissent les prérogatives de notre Parlement. Ont-ils oublié qu'en vertu de l'article 14 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen « tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes, ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée » ? Au regard de l'ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux finances publiques, ce sont les rapporteurs spéciaux des commissions qui sont chargés de contrôler des fonds publics accordés aux entreprises.

M. Gérard Bapt.

Il ne faut pas rêver !

M. Gilbert Gantier.

Par ailleurs, cette proposition de loi va à l'encontre de la volonté affichée par notre rapporteur général de développer le contrôle parlementaire.

M. Christian Cuvilliez.

Pas du tout !

M. Gilbert Gantier.

Nous ne sommes pas opposés à un meilleur contrôle des conditions d'octroi des subventions, mais, si contrôle il doit y avoir, il devrait porter essentiellement sur les modalités d'octroi et sur leur efficacité.

Je suis convaincu que de nombreux gaspillages pourraient être évités si l'on examinait de plus près certaines attributions d'aides. Chaque année, plus de 170 milliards de francs sont distribués par l'Etat et les collectivités territoriales aux entreprises, soit 12 000 francs par salarié.


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M. Christian Cuvilliez.

Ça mérite un contrôle !

M. Gilbert Gantier.

Je préfèrerais que ces subventions soient remplacées par des baisses d'impôts pérennes. Les subventions n'ont jamais sauvé une entreprise de la faillite, et nous pourrions citer de nombreux cas à ce sujet.

La sidérurgie a ainsi absorbé plus de 100 milliards de francs d'aides dans les années 70 et 80, en pure perte.

M. Christian Cuvilliez.

C'était un autre gouvernement !

M. Gilbert Gantier.

Il en a été de même avec les aides prévues dans les différents plans outils ou informatiques - j'en passe et des meilleures. L'emploi, tout comme les entreprises, ne furent pas préservés, pas plus que l'argent des contribuables qui a été utilisé en pure perte.

Le Parlement et le Gouvernement devraient travailler non pas à mettre sur pied une nouvelle commission mais à simplifier le système de distribution des subventions.

Nous avons à faire face à un véritable maquis inextricable. Il y a actuellement plus de soixante-dix dispositifs d'aides publiques, avec dix-huit types d'aides à l'aménagement du territoire et treize formes de soutien à la recherche. Il existe également soixante aides à l'emploi et près de 1 832 aides à la création d'entreprise répertoriées par l'agence pour la création d'entreprise. En matière de simplification, c'est un boulevard qui s'ouvre devant nous ! Nous considérons donc que la proposition de loi du groupe communiste se trompe de cible en s'attaquant de manière purement idéologique aux entreprises. C'est la raison pour laquelle le groupe Démocratie libérale ne votera pas ce texte.

M. Pierre Morange.

Très bien !

Mme la présidente.

La parole est à M. Gérard Bapt.

M. Gérard Bapt.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, M. le rapporteur a illustré à l'instant, à partir de citations tirées de la question préalable votée par le Sénat, une nouvelle fois, combien celui-ci avait pris une position purement politique et extrêmement dogmatique à propos de la question des aides publiques aux entreprises.

Avec la proposition de loi de M. Robert Hue, amendée et votée par la majorité plurielle en première lecture, il ne s'agit pas d'économie administrée, monsieur Gantier, m ais simplement de transparence et de démocratie sociale. L'attitude du Sénat en la circonstance est d'ailleurs totalement contradictoire avec la démarche de contrôle poussé dont il se prévaut en ce qui concerne les fonds d'Etat. Sa commission des affaires sociales a ainsi décidé de présenter chaque année un bilan de la loi de financement de la sécurité sociale à mi-parcours de son application, notamment en ce qui concerne les dégrèvements de charges en rapport avec la réduction du temps de travail.

M. Christian Cuvilliez.

Très juste !

M. Gérard Bapt.

Quel paradoxe assume le Sénat qui, dans le même temps, refuse le contrôle et la transparence dans le domaine des aides publiques aux entreprises dont les exonérations de sécurité sociale font partie ! Un tel contrôle avait été réclamé non seulement par la commission d'enquête à laquelle M. le rapporteur faisait allusion à l'instant, mais aussi par plusieurs missions d'information, notamment par la MEC, mise en place par notre commission des finances. Il ne s'agit pas d'une babiole, monsieur Gantier, puisque le montant global des aides publiques aux entreprises a été chiffré par le DARES à 300 milliards de francs ! Concernant les crédits d'Etat, j'entends bien que le contrôle parlementaire joue évidemment un rôle primordial, et je suis rapporteur du budget du ministère du travail et de l'emploi. A côté des rapports spéciaux présentés par les commissions des finances et des affaires sociales et de ceux qui concernent la loi de financement de la sécurité sociale, de nombreux rapports d'origine parlem entaire ont été présentés, par des commissions d'enquête, l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques ou la MEC. Les conclusions de ces rapports, de même qu'un certain nombre de recommandations de la Cour des comptes sont allés dans le même sens, la nécessité d'avoir une vue d'ensemble des dépenses pour l'emploi, non seulement celles de l'Etat mais aussi celles des collectivités locales et, désormais, de plus en plus, celles de l'Union européenne, et la nécessité de systématiser et d'approfondir les différentes aides à l'emploi afin, en particulier, de traquer ce que l'on nomme les effets d'aubaine.

Monsieur Gantier, il est facile de faire des effets de tribune à propos de la complexité et de la multiplicité des aides...

M. Gilbert Gantier.

Elles sont tout de même évidentes !

M. Gérard Bapt.

... mais n'avez-vous pas vous-même contribué, lorsque vous étiez dans la majorité, en votant le fameux CIE, le Contrat initiative emploi, à enrichir cette complexité et cette diversité ? Il y a enfin une dimension territoriale à prendre en compte pour éviter qu'une certaine dérive vers une conception ultralibérale de la décentralisation ne contribue au renforcement des déséquilibres entre bassins d'emploi.

S'agissant des aides des collectivités locales, qui échappent au contrôle des rapporteurs spéciaux, la MEC avait conclu à l'utilité de demander à la Cour des comptes et aux chambres régionales des comptes d'assurer une évaluation coordonnée des aides à l'emploi accordées par les collectivités territoriales. Puisqu'il apparaît que les chambres régionales des comptes ne sont pas encore en mesure de disposer de ces éléments, la commission instituée par la présente proposition de loi devrait contribuer à ce que nous ayons enfin une vue d'ensemble de ces aides accordées par les collectivités locales.

S'agissant des aides européennes, il importe, de même, d'en avoir une vue d'ensemble en jugeant notamment de leur contribution à la réduction des disparités régionales, puisque leur objet est à la fois la cohésion sociale et la cohésion territoriale.

Le dispositif rétabli par la commission des finances répond à de tels objectifs en évitant l'écueil de la bureaucratisation, puisque c'est le Commissariat général du Plan et les préfets de région qui en assumeront le fonctionnement sur la base des moyens existants. Il introduit, en outre, un élément de démocratie sociale supplémentaire, puisque son article 4 stipule que le comité d'entreprise ou un délégué du personnel pourra saisir l'autorité compétente lorsqu'il estime que l'employeur ne respecte pas les engagements souscrits pour bénéficier des aides publiques.

Loin de remettre en cause l'autonomie de décision des élus, parlementaires ou élus locaux, une meilleure information devrait contribuer à renforcer leur capacité de décision et à restreindre la compétition dommageable au bon équilibre des territoires qui peut se développer entre régions et au sein même des régions.

Voilà pourquoi la proposition votée en première et en seconde lecture à l'Assemblée nationale rejoint nos préoccupations. Il apparaît en effet utile qu'une instance natio-


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nale réunisse toutes les parties prenantes et puisse aboutir à un diagnostic d'ensemble, recommander des bonnes pratiques, rechercher une meilleure cohérence, notamment en recherchant la simplicité à laquelle vous disiez aspirer, monsieur Gantier, ou souligner certains errements et en faire part régulièrement au Parlement et au Gouvernement dans le respect des principes de la décentralisation.

J'ajoute que, aujourd'hui même, lors des questions au Gouvernement, M. le secrétaire d'Etat a répondu à prop os du cas précis de deux entreprises l'une près d'Amiens, l'autre à Belfort qui ne répondent pas à leur mission, qui est aussi une mission d'emploi, une mission sociale et une mission de développement territorial. Le comportement de ces deux entreprises conduit à se poser l a question de l'utilisation qu'elles font des aides publiques et du respect qu'elles ont de leurs engagements, notamment ceux des groupes auxquelles elles appartiennent, au regard des conventions qu'elles ont signées.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

Exact !

M. Gérard Bapt.

Voilà pourquoi, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le groupe socialiste votera la proposition de loi, telle qu'elle a été remise en forme par la commission des finances. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

M me la présidente.

La parole est à M. Pierre Morange.

M. Pierre Morange.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, après l'échec de la commission mixte paritaire, réunie la semaine dernière, nous devons examiner cet après-midi, en nouvelle lecture, la proposition de loi du groupe communiste visant à créer une commission de contrôle nationale et décentralisée des fonds publics accordés aux entreprises.

Les mêmes raisons qui nous avaient conduits, lors des deux lectures précédentes, à exprimer un vote négatif sur cette proposition m'amèneront aujourd'hui à réaffirmer notre opposition à ce texte.

Permettez-moi de rappeler brièvement ces raisons dont je pense qu'il n'y a plus lieu maintenant de les développer et de les approfondir, tant nous les avons exprimées clairement depuis que ce texte a été déposé.

Il s'agit tout d'abord d'une proposition de loi de circonstance. Je ne reviendrai pas sur les raisons qui ont conduit le groupe communiste à prendre l'initiative de cette proposition de loi. Toutefois, je voudrais insister sur le fait qu'il ne me semble pas pertinent de légiférer de manière partielle et partiale, sans analyse et perspective d'ensemble.

Il s'agit ensuite d'une proposition de loi de nostalgie.

Nostalgie d'une époque où nous vivions dans une économie administrée, dont la preuve a été apportée depuis qu'elle contribuait plus à freiner la croissance et l'emploi qu'elle ne les simulait. Les freins à l'initiative et à l'innovation sont encore si présents et si nombreux dans notre pays - freins administratifs, fiscaux et sociaux - qu'il n'y a pas lieu d'en ajouter davantage. D'autant que votre majorité n'a cessé de les multiplier depuis plus de trois ans. Je pense notamment, mais les exemples seraient nombreux, aux 35 heures uniformes et obligatoires, dont chacun mesure aujourd'hui les conséquences sur la masse salariale et le pouvoir d'achat de nos concitoyens. Je pense évidemment aussi aux multiples impôts que vous avez créés et à l'augmentation, sans précédent, de la pression fiscale et sociale depuis 1997 : plus de 400 milliards de francs.

Il s'agit encore d'une proposition de loi de dessaisissement de ses pouvoirs par le Parlement. Je vous rappelle que le contrôle de l'utilisation des fonds publics entre directement dans nos compétences aux termes de notre Constitution. Les rapporteurs spéciaux de la commission des finances, comme les rapporteurs des commissions d'enquête, ont toute latitude en la matière. Et la présence de parlementaires au sein de la commission que vous nous proposez de créer n'y change rien. Ils y seront probablement minoritaires et serviront de caution.

J'ajoute qu'il me semble particulièrement paradoxal de revendiquer sans cesse un accroissement des pouvoirs de contrôle du Parlement et de proposer de remettre en d'autres mains le contrôle de l'utilisation des fonds publics accordés aux entreprises, contrôle qui entre directement - à moins que je ne me trompe - dans nos compétences.

Il s'agit, enfin, d'une proposition de loi de consolidation de la majorité plurielle. A cela nous somme habitués depuis la formation du gouvernement de M. Jospin.

Il est ici clairement question de donner un gage politique et non de légiférer utilement et efficacement. Les exemples se sont multipliés à l'envi depuis 1997 : il faut un jour faire plaisir au groupe communiste pour faire en sorte qu'il ne s'oppose pas à un texte et, le lendemain, donner satisfaction aux Verts pour éviter qu'ils quittent la majorité et sortent du Gouvernement.

M. Christian Cuvilliez.

Vous avez la nostalgie de la politique administrée ! (Sourires sur les bancs du groupe communiste.)

M. Pierre Morange.

Le dernier exemple en date remonte à la semaine dernière, lorsque M. Fabius a renoncé à la sortie sous forme de rente des plans d'épargne qu'il proposait de créer. Il a également dû capituler sur la question de l'assujettissement aux prélèvements sociaux des abondements versés par les entreprises dans ces mêmes plans.

M. Gérard Bapt.

C'est le dialogue avec le Parlement, voilà tout !

M. Pierre Morange.

La proposition de loi que nous sommes en train d'examiner procède de la même logique et répond aux mêmes objectifs. Je doute que les Français soient dupes de la méthode de législation de M. Jospin.

M. Jean-Louis Idiart.

On verra !

M. Pierre Morange.

Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, le groupe du Rassemblement pour la République votera, une nouvelle fois, contre cette proposition de loi.

M. Gilbert Gantier.

Très bien !

Mme la présidente.

La parole est à M. Christian Cuvilliez, pour le groupe communiste.

M. Christian Cuvilliez.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, neuf mois après son adoption par notre assemblée, cette proposition de loi, déposée à l'initiative de Robert Hue et des députés de notre groupe, revient devant nous pour une lecture définitive après que la majorité de droite sénatoriale eut une nouvelle fois considéré qu'il n'y avait pas lieu de légiférer pour améliorer le contrôle et l'évaluation de l'efficacité des fonds publics accordés aux entreprises.

Car par delà les arguties ou les mauvais procès, ce que refuse en définitive la droite sénatoriale et l'opposition dans cette assemblée, c'est que toute la transparence soit


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faite sur des aides accordées par la collectivité et qu'il soit effectivement demandé des comptes aux entreprises bénéficiaires, comme cela est tout à fait légitime dans une démocratie.

Nous ne pouvons donc que nous féliciter de voir cette proposition de loi définitivement adoptée et souhaitons bien entendu voir très rapidement les décrets d'application permettre la mise en place de la commission nationale et des commissions régionales.

Beaucoup de choses ont déjà été dites au cours des deux précédentes lectures. Permettez-moi simplement de rappeler quelques enjeux majeurs de cette proposition de loi, qui s'inscrivent évidemment en contrepoint de ce qui vient d'être dit.

L'opacité, le cloisonnement du système actuel et son peu d'efficacité pour l'emploi ne sont plus à démontrer.

Nous souhaitons, avec ce texte, assurer le suivi détaillé et concret de l'utilisation des aides dans l'entreprise et à l'échelle des bassins d'emplois dans lesquels se situe l'entreprise.

Le débat, tant à l'Assemblée qu'au Sénat, a permis de montrer toute l'importance d'instances comme celle que nous proposons de créer pour opérer une évaluation de l'efficacité globale des aides diverses apportées par l'Etat, par les différentes collectivités territoriales ou l'Union européenne, ainsi que leur impact sur l'emploi et sur l'aménagement du territoire, cette évaluation étant le préalable à un réaménagement des politiques et des dispositifs d'aides.

Le texte entend renforcer les moyens des instances actuellement chargées de ce suivi et de cette évaluation. Il a ffirme également qu'une plus grande transparence implique plus de démocratie, y compris dans l'entreprise, et donc plus de capacité d'agir des acteurs sociaux. Il entend favoriser l'implication de tous les acteurs de terrain et en particulier des salariés, ceux-ci étant les plus directement concernés par l'usage que font les directions d'entreprise des aides publiques. Il confirme le droit pour le comité d'entreprise ou, à défaut, pour les délégués du personnel de disposer de toutes les informations relatives aux aides publiques dont bénéficie leur entreprise.

La capacité donnée au comité d'entreprise de saisir les organismes gestionnaires ou les instances compétentes, lorsqu'il estime que l'employeur ne respecte pas les engagements souscrits, est à cet égard important, de même que le droit pour les salariés de voir leur point de vue sur l'utilisation des aides et, plus généralement, sur les choix de l'entreprise pris en compte dans les suites données à cette saisine. C'est, en effet, avec le respect des engagements pris et l'impact des aides s'agissant de l'emploi, un des critères que l'organisme précité devra prendre en compte dans sa décision, celle-ci pouvant se traduire après l'audition des partenaires sociaux par une suspension, voire, le cas échéant, par le remboursement de l'aide.

Cette capacité d'agir donnée au comité d'entreprise ne pourra qu'améliorer la qualité globale du suivi et du contrôle. Cette disposition est également pleinement complémentaire avec celle visant à mettre en place une commission nationale et des commissions régionales disposant de tous les éléments d'information de nature à leur permettre d'avancer des propositions, tant sur les modalités du suivi et du contrôle que sur les dispositifs d'aides eux-mêmes.

La commission nationale disposera pour ce faire - je tiens à le rappeler - de toutes les capacités de réunir les éléments d'information complémentaires à ceux contenus dans les rapports établis par les préfets.

Dans ce rapport, la commission développera sa propre réflexion. Elle aura toute compétence pour avancer des propositions visant à améliorer le contrôle du suivi, le contrôle des aides publiques et, plus généralement, l'efficacité des politiques suivies.

Ce rapport sera ensuite transmis au Parlement et rendu public, contribuant ainsi au débat mais aussi à l'engagement des réformes nécessaires. Contrairement aux allégations de la droite, le Parlement disposera avec ce texte de moyens supplémentaires pour exercer toutes ses prérogatives en la matière.

Nous sommes en effet convaincus - et les conclusions du rapport de la commission d'enquête sur les pratiques des grands groupes industriels n'ont fait que conforter cette appréciation - de la nécessité de passer, s'agissant des différentes aides aux entreprises, d'une logique de subside à une logique d'incitation favorisant, au contraire des placements financiers, l'investissement productif, le développement de l'emploi et celui des dépenses de formation.

Cette logique nouvelle implique de mobiliser de manière différente tous les leviers de l'action publique, qu'il s'agisse de la fiscalité de la politique du crédit ou des dispositions relatives aux modalités de financement de l'économie. J'ai eu l'occasion encore récemment, lors du débat sur l'épargne salariale, d'avancer à ce sujet des propositions directement liées au thème qui nous occupe aujourd'hui : je pense en particulier à la mise en place de fonds régionaux pour l'emploi, qui pourraient être abondés par la reconversion d'une partie des aides publiques à l'emploi et qui pourraient contribuer à la montée en puissance de nouveaux prêts bonifiés aux taux d'intérêt d'autant plus abaissés que les entreprises s'engageraient concrètement à créer des emplois ou à mettre leurs salariés en formation.

Le texte introduit une possibilité de saisine de la commission nationale ou de la commission régionale des fonds publics par les parlementaires et les exécutifs régionaux. Ces derniers pourront alerter l'une ou l'autre commission sur toute situation particulière et obtenir de cette dernière les renseignements nécessaires.

Impliquer ainsi les exécutifs locaux et les élus nationaux, qui, de par leurs responsabilités, ont à connaître de nombreux dossiers relatifs aux entreprises et aux aides publiques qui leur sont accordées, ne pourra que contribuer à l'efficacité de l'action de contrôle et de suivi de la commission concernée.

La mise en place de commissions régionales ayant compétence pour contrôler de l'ensemble des aides accordées ou mises en oeuvre dans la région, et cela selon les mêmes modalités que celles retenues pour la commission nationale, constitue pour nous un élément décisif de l'efficacité du dispositif d'ensemble.

Le niveau régional est aujourd'hui un niveau économique et politique pertinent, l'assemblée régionale en particulier est dotée de pouvoirs importants en matière de développement économique ou de formation professionnelle. En outre, l'action de l'Etat dans ces différents domaines d'intervention se décline souvent au niveau régional. Il en est de même pour ce qui est des aides européennes, du FEDER ou du FSU.


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Améliorer le suivi et le contrôle des aides publiques et plus généralement l'efficacité économique et sociale de ces aides implique de prendre en compte les réalités spécifiques de chaque région.

De même, il est important que les acteurs régionaux, s'appuyant sur les réalités locales et sur leur expérience de terrain, puissent avancer des propositions permettant d'améliorer l'ensemble des politiques publiques qui les concernent.

La référence explicite à l'emploi comme paramètre essentiel de l'efficacité des aides publiques est fondamentale. La rédaction du texte n'exclut bien évidemment pas la nécessité d'un meilleur suivi des aides moins directement liées à l'emploi, par exemple celles qui soutiennent des programmes de recherche-développement ou des transferts de technologies.

Cependant, faire référence à ce critère central de l'emploi, c'est confirmer que l'objet premier de toute activité économique n'est pas la recherche de la création de valeurs pour l'actionnaire mais bien le développement de l'emploi efficace et qualifié. Une telle orientation ne peut qu'avoir des implications directes sur les choix d'investissement en lien avec le type de compétitivité recherchée.

Ce texte confirme - et l'on comprend à cet égard les réticences, voire les oppositions de la droite - que les entreprises ont effectivement une responsabilité sociale en matière d'emploi d'autant plus importante qu'elles bénéficient d'aides publiques. Il témoigne que des actes de portée transformatrice peuvent d'autant mieux être posés lorsqu'ils visent à responsabiliser les acteurs et à favoriser l'approfondissement de la démocratie.

Cette proposition de loi, comme tout texte législatif, sera pour une part significative de ce que les acteurs de terrain en feront, mais les dispositions qu'elle propose peuvent permettre une implication citoyenne, au demeurant indispensable pour améliorer l'ensemble de l'action publique.

Telles sont, mes chers collègues, quelques réflexions que je souhaitais développer devant vous en vous remerciant - en tout cas, pour la majorité d'entre vous - de bien vouloir confirmer vos votes de la première et de la deuxième lecture. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste.)

Mme la présidente.

La parole est à M. Maurice Ligot.

M. Maurice Ligot.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues. La proposition de loi, présentée par les membres du groupe communiste, en vue de créer une commission nationale de contrôle de l'utilisation des fonds publics accordés aux entreprises, pour l'emploi et la formation revient à nouveau devant l'Assemblée nationale.

Il est exact que l'utilisation des fonds publics accordés aux entreprises par l'Etat et les collectivités territoriales doit être contrôlée très sérieusement, car il s'agit d'un volume de crédits considérable : 170 milliards de francs environ, soit l'équivalent de 10 % des dépenses publiques de l'Etat. Il faut donc s'assurer d'une bonne utilisation de ces crédits et, au moment où il convient d'alléger les prélèvements obligatoires, comme le souhaite lui-même le Gouvernement, il pourrait être envisagé de réduire le montant de ces crédits en fonction de la croissance économique, laquelle a permis depuis environ deux ans une réduction notable du chômage.

Toutefois, le groupe UDF est opposée à la création de cette nouvelle commission nationale, pour deux raisons très précises.

Tout d'abord, à cause de la multiplication des organes de contrôle. Il existe déjà une instance de contrôle, laquelle est prévue par les articles 47 et 47-1 de la Constitution : la Cour des comptes. Cette dernière assiste le Parlement et le Gouvernement dans le contrôle de l'exécution des lois de finances et des lois de financement de la sécurité sociale. En outre, depuis 1982, les chambres régionales des comptes s'assurent de la régularité de l'exécution des dépenses publiques au plan local.

Et Dieu sait si elles exercent cette fonction !

M. Christian Cuvilliez.

Je n'ai jamais vu des membres de la Cour des comptes dans les entreprises !

M. Maurice Ligot.

La volonté du premier président de la Cour des comptes - qui vient régulièrement dans cette assemblée - d'appliquer l'article 47 de la Constitution semble être une assurance d'un meilleur contrôle de la dépense publique en général.

Tout le monde s'accorde à reconnaître la qualité des contrôles de la Cour des comptes. Toute la question est de savoir si les erreurs ou les abus qu'elle dénonce sont sanctionnés et corrigés.

Pourtant, il est de pratique malheureusement constante que le gouvernement n'applique qu'avec lenteur, ou pas du tout, les recommandations de la Cour des comptes.

C'est pourquoi, je rappelle que mon collègue Dominique Paillé, suivi par plus de cent parlementaires, avait déposé une proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête, parlementaire celle-ci, portant sur les suites données aux rapports publics de la Cour des comptes. Cette commission aurait eu pour mission de recenser les dysfonctionnements relevés par la Cour des comptes dans ses quatre derniers rapports, dysfonctionnements qui n'auraient pas été corrigés par le Gouvernement, et de proposer, pour ces cas, les modifications législatives nécessaires.

Or la proposition de résolution de M. Paillé avait été rejetée par la commission des finances sur la base des conclusions du rapport de Mme Bricq. Ce dernier établissait que la création d'une commission d'enquête apparaissait inutile et inopportune au motif qu'il était « superflu de vouloir contrôler le contrôle ». Pourtant, c'est ce que propose M. Hue. C'est dire que, en la circonstance, il y a un changement complet d'attitude.

M. Christian Cuvilliez.

Non, ce n'est pas la même chose !

M. Maurice Ligot.

Mais ce que propose M. Hue, et c'est ce qui est plus grave, c'est la création d'une instance permanente extérieure au Parlement. Il dessaisit donc les parlementaires de leur pouvoir de contrôler les dépenses publiques et porte ainsi atteinte à la représentation nationale.

M. Christian Cuvilliez.

Mais non !

M. Maurice Ligot.

Je rappelle, et c'est ma deuxième critique, qu'en vertu de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen et de la Constitution le vote et le contrôle de l'utilisation de la dépense publique doivent être assurés par les élus nationaux, les rapporteurs spéciaux étant dotés des pouvoirs nécessaires. Supprimer ce contrôle, ce que propose le texte que nous examinons, conduirait donc à un affaiblissement du régime parlementaire.

M. Christian Cuvilliez.

Mais non !

M. Maurice Ligot.

M. Laurent Fabius, alors président de notre assemblée, avait rappelé, lors de la création de la mission d'évaluation et de contrôle, le 3 février 1999, que


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« dépenser mieux suppose que les assemblées contrôlent réellement les dépenses et recettes, ainsi que l'efficacité de celles-ci. Cela implique de placer désormais l'évaluation et le contrôle au coeur de l'activité budgétaire du Parlement.

Le Parlement dispose, lui, de la légitimité pour faire respecter les articles XIII et XIV de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ».

Pourquoi donc irait-on donner le pouvoir de contrôle à une nouvelle commission, extérieure au Parlement, alors que la mission d'évaluation et de contrôle a entrepris des travaux et émis des conclusions, notamment sur les aides à l'emploi, dont certaines ont été remises en cause car jugées inefficaces ? Il existe des préconisations parlementaires précises, qui ne sont même pas suivies, et l'on préfère créer une nouvelle instance. Quelle curieuse méthode de mise en oeuvre du contrôle ! A quoi sert désormais la mission d'évaluation et de contrôle ? L'examen complet des flux financiers en matière d'aide à l'emploi en France, de même que les auditions et les rapports sur l'utilisation des crédits à la formation professionnelle ont contribué à mesurer la complexité et l'obscurité de la gestion de la formation professionnelle. Il en résulte des propositions de réformes qu'il faudra bien mettre en oeuvre dans un avenir proche. Cela m'amène à dire que les travaux de la mission d'évaluation et de contrôle posent avec acuité le problème de la gestion des dépenses publiques : il faut savoir que le renforcement du droit de suivi des parlementaires sur l'utilisation des crédits budgétaires n'a de réel intérêt que s'il est pérennisé et s'il s'accompagne d'un pouvoir de contrôle sur le suivi des conclusions et des propositions de réformes à mettre en oeuvre, ce qui contribuera à rendre l'action de l'Etat plus efficace.

M. Christian Cuvilliez.

Eh bien, voilà !

M. Maurice Ligot.

Je viens de parler de l'action de l'Etat, pas du Parlement ! C'est pourquoi on doit constater que, si l'Assemblée nationale votait la proposition de loi présentée par M. Robert Hue, non seulement sa majorité ne tiendrait pas compte des recommandations parlementaires, mais elle affaiblirait encore un peu plus les missions d'évaluation et de contrôle exercées par le Parlement. Plus grave : elle contribuerait à affaiblir l'efficacité de l'Etat et à ralentir la réforme de l'Etat que même la majorité souhaite réaliser, du moins en paroles.

Où est véritablement l'intérêt du Gouvernement : est-il dans l'opacité ou dans la transparence de sa gestion devant le Parlement ? L'Assemblée nationale dans sa totalité devrait être convaincue que ce n'est pas en créant une structure extérieure supplémentaire, mais bien plutôt en systématisant les activités de contrôle et d'évaluation de la dépense publique par le Parlement que les aides à l'emploi seront mieux utilisées.

C'est pourquoi le groupe UDF est favorable à un meilleur contrôle et à une meilleure utilisation de la dépense publique.

Il demande, d'une part, que les conclusions de la mission d'évaluation et de contrôle soient prises en considération par le Parlement et qu'elles se traduisent par des réformes concrètes et pérennes de la part du Gouvernement.

Il demande également que le rôle de la Cour des comptes ne soit pas considéré comme de pure forme, estimant nécessaire que les conclusions de la Cour soient prises en considération et que les dysfonctionnements qu'elle dénonce soient réellement corrigés.

Le groupe UDF rejette la proposition de loi qui nous est soumise, parce qu'elle ajouterait à l'épidémie de

« commissionnite ». Cette proposition est au surplus totalement injustifiée car elle traduit une volonté de gestion administrative de l'économie.

La proposition de loi porte atteinte au rôle du Parlement, qui est de contrôler l'utilisation des dépenses de l'Etat et des collectivités locales, et en particulier à celui de la mission d'évaluation et de contrôle récemment créée au sein du Parlement.

Elle fait double emploi, et dans des conditions d'une extrême complication, avec la Cour des comptes, dont les rapports n'ont besoin que d'être suivis et appliqués.

L'UDF estime que l'utilisation des 170 milliards consacrés aux entreprises et à l'emploi est d'abord un problème politique. C'est donc au Parlement d'en assurer le contrôle, ce qui bien entendu n'exclut pas en cas de besoin la concertation avec tous les partenaires.

(Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

M. Christian Cuvilliez.

Vous avez été presque d'accord avec nous !

Mme la présidente.

La discussion générale est close.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

Madame la présidente, monsieur le rapporteur, mesdamese t messieurs les députés, le Gouvernement a déjà exprimé, lors de l'examen en première et deuxième lectures de la proposition de loi de M. Robert Hue et de ses collègues du groupe communiste, tout l'intérêt qu'il portait à l'adoption de ce texte. J'ai moi-même, en première lecture au Sénat, exposé les analyses favorables du Gouvernement à l'égard de cette proposition.

Je regrette que la Haute assemblée ait, par deux fois, refusé d'examiner les dispositions de ce texte, d'autant plus que je suis persuadé que ces dispositions sont utiles et que cette utilité sera un jour, dans la pratique, reconnue par tous.

En effet, la proposition de loi de M. Hue, dont M. le rapporteur a rappelé les grandes lignes, vise à accroître la transparence, monsieur Ligot, ainsi que l'équité et l'efficacité des aides publiques aux entreprises. Sur tous les bancs de cette assemblée, chacune et chacun approuvent ces objectifs de transparence, d'efficacité et d'équité.

Force est de constater aujourd'hui que la diversité des aides publiques et la diversité des formes qu'elles peuvent prendre comme la pluralité de leurs gestionnaires ne permettent que très imparfaitement d'en identifier les bénéficiaires, d'en contrôler les modalités d'attribution et, surt out, d'en évaluer les effets sur le développement économique et sur celui de l'emploi et des territoires.

Votre assemblée a déjà montré l'intérêt qu'elle accordait à l'évaluation des aides publiques aux entreprises.

L'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques, à la demande de la commission des finances, et la mission d'évaluation et de contrôle de cette même commission ont contribué à faire progresser la connaissance en matière d'évaluation des aides à l'emploi, ainsi que l'a excellemment souligné M. Gérard Bapt.


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Le rapport de M. Fabre-Pujol et de M. Paul sur les pratiques des grands groupes et leurs conséquences sur l'emploi et les territoires a également montré que l'opacité et le cloisonnement étaient parfois la règle en matière de gestion d'aides aux entreprises.

Les systèmes d'aides ont leur logique économique et sociale, et même les plus ardents défenseurs de la loi du marché doivent en convenir, notamment quand ils se trouvent localement confrontés aux difficultés d'une entreprise.

M. Christian Cuvilliez.

Absolument !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

C'est du moins l'expérience que j'ai en tant que ministre chargé de l'industrie, comme nombre de députés de la majorité plurielle.

Cependant, même si les aides sont attribuées par les services gestionnaires sur des critères précis, ce qui est le cas, et même si cet octroi est surveillé par les services des différents ministères et par les corps d'inspection et de contrôle compétents, certains abus demeurent. Ces abus sont choquants pour les citoyens contribuables, mais ils le sont encore plus pour les salariés des entreprises concernées quand c'est l'engagement sur l'emploi pris par l'entreprise qui n'est pas respecté, et c'est d'ailleurs ce qui a justifié l'intervention publique.

A ce titre, les dispositions renforçant le pouvoir de contrôle des représentants des salariés sur le respect des engagements souscrits en contrepartie d'aides constituent un véritable progrès. Il ne s'agit pas du tout, monsieur Gantier, d'un alibi ! Il s'agit, et je le crois sincèrement, d'une nouvelle avancée dans le domaine de la démocratie dans l'entreprise.

M. Christian Cuvilliez.

Assurément !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Faire cesser les abus est une nécessité, tout comme faire connaître les bonnes pratiques. En évitant le double risque de la complexité et de la superficialité, les dispositions élaborées par les auteurs de la proposition de loi permettront de satisfaire cette double exigence.

Elles la satisferont d'abord parce que la commission nationale des aides publiques aux entreprises, qui va être instituée après l'adoption, j'en suis certain, de la proposition de loi, sera dotée de moyens d'informations puissants et de relais régionaux efficaces.

Elles la satisferont ensuite parce que la commission nationale pourra apprécier la pertinence des dispositifs existants ou projetés au regard des objectifs des aides, essentiellement au regard de la satisfaction de l'objectif

« emploi ».

Elles la satisferont enfin parce que la composition diversifiée de la commission nationale, la facilité de sa saisine, notamment au bénéfice des représentants des salariés, et son champ d'intervention enrichiront la vision des pouvoirs publics, des collectivités locales, du Gouvernement et du Parlement, mesdames et messieurs les députés de l'opposition, quant à la mise en oeuvre des aides, l'utilité de certains dispositifs, voire la nécessité d'éventuelles sanctions.

Le contrôle parlementaire, monsieur Gantier, sera renforcé et complété par la commission de contrôle. Je vous rappelle d'ailleurs, mais cela sera inutile à l'expert que vous êtes, que le Parlement ne « contrôle », au sens strict du terme, que le budget de l'Etat.

Par ailleurs, la simplification des aides, que vous avez les uns et les autres appelée de vos voeux, ne pourra être que facilitée par le rapport que rendra la commission de contrôle. Celle-ci dressera une sorte de photographie de l'existant qui permettra l'action gouvernementale et parlementaire sur l'ensemble du dispositif.

Il ne s'agit pas, monsieur Morange, d'un objectif de circonstance. Je n'aurai d'ailleurs pas la cruauté de comparer le bilan fiscal et social du gouvernement de Lionel Jospin avec celui de ses deux prédécesseurs. Cela va de soi.

Monsieur Ligot, vous avez reconnu la nécessité de contrôler les aides publiques et souhaité une réduction des prélèvements qui pèsent sur les entreprises. Vous me donnez l'occasion de souligner le bien-fondé de l'action gouvernementale et du soutien qu'elle obtient de la majorité. Le projet de loi de finances donnera sur ce points atisfaction : suppression de la surtaxe, dite surtaxe Juppé,...

M. Gérard Bapt.

Encore une !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

... à l'impôt sur les sociétés, baisse de l'impôt sur les sociétés pour les petites et moyennes entreprises.

Par ailleurs, monsieur Ligot, le Parlement est pleinement dans son rôle en décidant la création d'une commission de contrôle. En effet, cette commission complétera utilement l'information du Parlement et améliorera la connaissance réelle que celui-ci pourra avoir un système. Elle renforcera la capacité d'évaluation que la loi constitutionnelle confère au Parlement.

Mesdames, messieurs les députés, les commentaires que m'inspire la proposition de loi de M. Robert Hue et de ses collègues du groupe communiste sont donc très simples et clairs. Le Gouvernement la soutient parce qu'il est comptable, comme sa majorité, de la justice et de l'efficacité en matière de fonds publics - j'ai beaucoup aimé les remarques de M. Christian Cuvilliez sur l'efficacité du dispositif. Le Gouvernement voit là un outil qui contribuera à renforcer l'efficacité de la politique menée en faveur de l'emploi et, à ce propos, je rejoins pleinement M. Cuvilliez qui a parlé d'un emploi efficace et qualifié. Le dispositif qui sera adopté soutiendra, c'est une évidence, le développement équilibré de notre économie sur l'ensemble des territoires.

La politique économique et sociale du Gouvernement se fonde sur la conviction d'une convergence nécessaire entre justice, justice sociale, et efficacité, notamment dans les entreprises et plus particulièrement encore dans les grandes multinationales, qui émargent largement aux aides publiques. La proposition de loi de M. Robert Hue, qui s'inscrit pleinement dans cette convergence, pose un nouveau degré de progrès en offrant une solution supplémentaire à la problématique de la démocratie sociale dans l'entreprise et du contrôle des salariés sur l'emploi et sur certaines fonctions de l'entreprise.

Au nom du Gouvernement, je vous invite donc, mesdames, messieurs les députés, à apporter votre soutien sans réserve à cette excellente proposition de loi.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

Discussion des articles

Mme la présidente.

J'appelle maintenant, conformément aux articles 91, alinéa 9, et 109 du règlement, les articles de la proposition de loi précédemment adoptée par l'Assemblée nationale et rejetée par le Sénat en deuxième lecture.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

Articles 1er , 2, 3 et 3 bis

M me la présidente.

« Art. 1er Il est créé une commission nationale des aides publiques aux entreprises, chargée d'évaluer les impacts économiques et sociaux, quantitatifs et qualitatifs, et de contrôler l'utilisation des aides publiques de toute nature accordées aux entreprises par l'Etat et les collectivités locales ou leurs établissements publics, afin d'en améliorer l'efficacité pour l'emploi, la formation professionnelle et les équilibres territoriaux.

« La commission nationale est également compétente pour évaluer et contrôler l'utilisation des aides mises en place à l'aide de crédits de l'Union européenne. »

Je mets aux voix l'article 1er

(L'article 1er est adopté.)

« Art. 2. La commission nationale est composée :

« de députés et sénateurs désignés par leur assemblée respective ;

« de représentants de l'Etat ;

« de représentants des organisations syndicales de salariés représentatives au plan national ;

« de représentants des organisations d'employeurs les plus représentatives au plan national ;

« de personnalités qualifiées venant notamment du monde associatif. »

(Adopté.)

« Art. 3. Outre sa mission générale de contrôle, la commission nationale peut être consultée lors de l'institution de tout nouveau dispositif national d'aides publiques aux entreprises.

« La commission nationale peut se saisir elle-même ou être saisie par l'une des instances habilitées à désigner un représentant en son sein, un comité d'entreprise, ou à défaut un délégué du personnel, une entreprise, un parlementaire, un maire ou le président d'un conseil général ou d'un conseil régional.

« Chaque préfet de région lui transmet chaque année un rapport sur la mise en oeuvre et l'utilisation de l'ensemble des aides aux entreprises. Ce rapport contient un bilan annuel d'ensemble des aides publiques accordées aux entreprises de la région, par nature et montant des aides ainsi que par la taille des entreprises ; un état des contrôles effectués par les autorités et organismes compétents ; une information précise sur les suites données à ces contrôles.

« La commission nationale peut compléter son information en obtenant des organismes gestionnaires d'aides ou des autres autorités compétentes toutes précisions utiles à une parfaite transparence dans l'attribution et l'usage des aides définies à l'article 1er

« A la demande d'un parlementaire, d'un maire, d'un président d'un conseil général ou d'un conseil régional, ou de sa propre initiative, elle peut, en outre, interroger les représentants de l'Etat dans les régions ou les départements afin d'obtenir les informations permettant d'estimer l'ensemble des aides reçues par une entreprise déterminée. La commission communique ces informations à l'auteur de la saisine.

« Sur la base des rapports transmis par les préfets et des é ventuels compléments d'information, la commission nationale établit son propre rapport qui contient ses remarques et avis sur les politiques poursuivies. Il est transmis au Parlement et rendu public. »

(Adopté.)

« Art. 3 bis Il est créé, dans chaque région, une commission régionale des aides publiques chargée d'évaluer et de contrôler l'utilisation des aides définies à l'article 1er accordées ou mises en oeuvre dans la région.

« La commission régionale est composée sur le modèle de la commission nationale. Toutefois, les élus membres de la commission sont les représentants des différentes catégories de collectivités locales.

« La commission régionale émet un avis sur le rapport prévu au troisième alinéa de l'article 3. Elle peut, en outre, formuler toute proposition tendant à améliorer l'efficacité des politiques poursuivies.

« Le secrétariat de la commission régionale est assuré par le représentant de l'Etat dans la région. »

(Adopté.)

Article 4

Mme la présidente.

« Art. 4. Tout comité d'entreprise ou, à défaut, un délégué du personnel peut saisir l'organisme gestionnaire d'aides ou l'autorité compétente lorsqu'il estime que l'employeur ne respecte pas les engagements souscrits pour bénéficier des aides définies à l'article 1er . Il peut le faire à partir de la connaissance du montant et de l'utilisation des aides publiques que l'employeur est tenu de lui communiquer conformément à l'article L.

432-4 du code du travail.

« L'organisme ou l'autorité saisis peuvent décider, après avoir entendu l'employeur et les représentants du personnel, de suspendre ou de retirer l'aide accordée ; le cas échéant, il peut en exiger le remboursement. Il en apprécie l'utilisation en fonction notamment de l'évolution de l'emploi dans l'entreprise considérée ; ou des engagements formulés par le chef d'entreprise pour bénéficier de ces aides ; ou des objectifs avancés par les salariés et leurs organisations syndicales. »

M. Vila, rapporteur, a présenté un amendement, no 1, ainsi rédigé :

« Dans la première phrase du dernier alinéa de l'article 4, substituer aux mots : "saisis peuvent" les mots : "saisi peut". »

La parole est à M. le rapporteur.

M. Jean Vila, rapporteur.

Amendement rédactionnel, madame la présidente.

Mme la présidente.

Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

L'avis du Gouvernement est très positif.

Mme la présidente.

Je mets aux voix l'amendement no

1. (L'amendement est adopté.)

Mme la présidente.

Je mets aux voix l'article 4, modifié par l'amendement no

1. (L'article 4, ainsi modifié, est adopté.)

Articles 4 bis , 4 ter et 5

Mme la présidente.

« Art. 4 bis Dans la première phrase du sixième alinéa de l'article L. 432-4 du code du travail, après les mots : "bénéfices réalisés,", sont insérés les mots : "les aides européennes et". »

Je mets aux voix l'article 4 bis

(L'article 4 bis est adopté.)

« Art. 4 ter Le secrétariat de la Commission nationale est assuré par le Commissariat général du Plan. » -

(Adopté.)

« Art. 5. Les conditions d'application de la présente loi sont déterminées par le décret en Conseil d'Etat. » -

(Adopté.)


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

Titre

Mme la présidente.

Je donne lecture du titre de la proposition de loi :

« Proposition de loi relative à la constitution d'une commission de contrôle nationale et décentralisée des fonds publics accordés aux entreprises. »

M. Vila, rapporteur, et M. Bapt ont présenté un amendement, no 2, ainsi rédigé :

« Dans le titre de la proposition de loi, substituer aux mots : "à la constitution d'une commission de contrôle nationale et décentralisée" les mots : "au contrôle". »

La parole est à M. le rapporteur.

M. Jean Vila, rapporteur.

Encore un amendement rédactionnel.

Mme la présidente.

Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Le Gouvernement rejoint le rapporteur. L'objet de la proposition de loi n'est pas exclusivement de créer une commission de contrôle, mais plus généralement de contrôler les fonds publics. Il est donc très favorable à l'amendement.

Mme la présidente.

Je mets aux voix l'amendement no

2. (L'amendement est adopté.)

Mme la présidente.

En conséquence, le titre de la proposition de loi est ainsi modifié.

Vote sur l'ensemble

Mme la présidente.

Je ne suis saisie d'aucune demande d'explication de vote sur l'ensemble du texte.

Je mets aux voix l'ensemble de la proposition de loi.

(L'ensemble de la proposition de loi est adopté.)

M. Christian Cuvilliez.

Très bien ! 3 RE

GLEMENT DE FINITIF DU BUDGET DE 1999 Discussion d'un projet de loi

Mme la présidente.

L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi portant règlement définitif du budget de 1999 (nos 2534, 2601).

La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, j'ai le plaisir de vous présenter, au nom du Gouvernement, le projet de loi de règlement relatif à l'exercice 1999.

Un mot d'abord pour souligner que, grâce aux progrès accomplis dans la gestion budgétaire, ce projet de loi a été déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale au début du mois de juillet, soit un gain de trois mois par rapport au calendrier tenu l'an passé et de plus de six mois par rapport à la situation antérieure.

Pour avoir eu l'occasion, lorsque j'étais rapporteur général, de rapporter sur un nombre considérable - trentesix exactement - de projets de loi de finances, de projets de loi de règlement ou de projets de loi de finances rectificative, je me félicite que le Gouvernement auquel j'appartiens ait mis un point d'honneur à faciliter le travail de l'Assemblée nationale en présentant les textes beaucoup plus rapidement Cette accélération du calendrier permet d'enrichir le débat budgétaire sur les prévisions de l'année à venir.

Quelques mots, ensuite, pour souligner que l'exécution du budget de 1999 confirme les grandes orientations fixées en loi de finances initiale.

L'objectif de stabilisation de la dépense - orientation centrale - est respecté avec, compte tenu du taux d'inflation de 0,5 %, une progression des dépenses en volume ramenée à 1,1 % selon la norme mesurée hors dépenses exceptionnelles et hors modification du périmètre de la loi de finances 1999. Ce résultat est tout à fait remarquable et vous aurez pu vous-même le constater.

Les recettes fiscales nettes s'élèvent à 1 565,6 milliards de francs, soit un surplus de 30,7 milliards de francs par rapport à la loi de finances initiale, dû en particulier à l'évolution de l'impôt sur les sociétés, lui-même très li é à la croissance. L'impôt sur les sociétés perçu en 1999 sur les résultats de 1998 dépasse ainsi, du fait des bons résultats des entreprises en 1998, les 30 milliards de francs.

Le déficit budgétaire connaît en 1999 une diminution sans précédent. Il s'établit à 206 milliards de francs, soit une diminution de 41,5 milliards de francs par rapport à 1998, où le déficit atteignait 247,5 milliards de francs.

La baisse du déficit permet d'inverser la spirale de la dette dès 1999 et cela, mesdames, messieurs les députés, pour la première fois depuis vingt ans. La dette est ainsi ramenée en dessous du seuil européen de 60 % du produit intérieur brut, ce qui permet de satisfaire l'un des critères fixés par le traité de Maastricht.

Je voudrais également souligner que, parallèlement au dépôt du projet de loi de règlement, des comptes rendus de gestion budgétaire préparés par les ministères, conform ément à la circulaire du Premier ministre du 21 février 2000, vous ont été remis pour la première fois.

Cette initiative vise à enrichir les données strictement comptables de la loi de règlement. Ces comptes rendus permettront en effet d'améliorer sensiblement votre information en portant à votre connaissance de nouveaux éléments pour appréhender les résultats des politiques publiques et pour les évaluer.

Sur la base de la présentation de la loi de finances initiale en agrégats, les comptes rendus de gestion budgétaire doivent permettre de disposer d'une analyse fine des objectifs et des coûts, ainsi que des éléments de mesure des résultats obtenus en termes d'efficacité socio-économique, d'efficience des administrations et de qualité des services rendus par l'action publique.

Le projet de loi de règlement pour 1999 contient également - je terminerai par là - des mesures traditionnelles de gestion des autorisations budgétaires, ainsi que des mesures nécessaires de remise de dettes aux pays étrangers - 2,3 milliards de francs au titre des échéances de 1999 -, conformément à la résolution de la CNUCED et aux engagements pris par la France lors des sommets internationaux.

Tels sont les éléments de ce projet de loi sur lesquels je tenais, madame la présidente, monsieur le rapporteur g énéral, mesdames, messieurs les députés, à mettre l'accent et que j'ai l'honneur de soumettre maintenant à


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votre approbation : un progrès dans les délais, un progrès dans la clarté, un progrès dans la simplification, bref , un progrès dans la démocratie et un respect fondamental des droits de contrôle du Parlement.

(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste.)

M. Jean-Jacques Jégou.

Peut mieux faire !

Mme la présidente.

La parole est à M. le rapporteur général de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan.

M. Didier Migaud, rapporteur général de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, l'examen du projet de loi relatif à l'exécution du budget 1999 s'ouvre dans un contexte particulier marqué non seulement par des innovations importantes accompagnant le projet de loi, mais aussi par la nécessité impérieuse, admise par tous, de renforcer de façon structurelle les pouvoirs de contrôle budgétaire du Parlement. Et force est de constater que nous avons encore une marge de progression.

Avant d'aborder les grandes lignes des résultats de l'exécution du budget 1999, je m'arrêterai quelques instants sur deux préalables.

D'abord, les innovation dans la présentation du projet de loi de règlement. Vous l'avez dit, monsieur le secrétaire d'Etat, la date d'examen du projet de loi a été avancée de plus de trois mois par rapport à l'année dernière, de plus de six mois par rapport à une pratique antérieure.

On peut penser que la connaissance des résultats de l'exécution du dernier budget achevé permet d'enrichir le débat sur le projet de loi de finances suivant. Cette démarche devra être à l'avenir confortée par une approche plus qualitative et plus transversale des résultats d'exécution des lois de finances. Cela nécessitera un rapprochement des résultats budgétaires globaux et du suivi de l'exécution de chaque budget par les rapporteurs spéciaux.

En second lieu, il faut souligner que, pour la première fois, le Gouvernement a communiqué, avec le projet de loi de règlement, des comptes rendus de gestion budgétaire des ministères. Ces nouvelles informations, encore parfois incomplètes, constituent néanmoins une innovation qui devrait permettre au Parlement de dépasser la simple approche comptable de la dépense pour s'attacher aux réalisations et aux résultats des politiques publiques.

Enfin, on ne peut que se réjouir des innovations introduites dans le rapport de présentation du compte général de l'administration des finances, qui présente désormais la dette « en droits constatés », qui provisionne les principales créances fiscales et apporte des éclaircissements sur le patrimoine de l'Etat, ainsi que des informations sur les engagements hors bilan à l'exception, regrettable, monsieur le secrétaire d'Etat, des engagements liés aux retraites des fonctionnaires. Cela doit faire partie de la marge de progression dont j'ai parlé.

Par ailleurs, des informations supplémentaires intéressantes ont été obtenues, en réponse à des questions écrites que j'ai adressées à la Cour des comptes ainsi qu'au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et à la secrétaire d'Etat au budget, sur des opérations qui n'étaient pas totalement clarifiées. Elles concernent certaines opérations de fin d'exercice auxquelles je m'étais particulièrement intéressé en me rendant dans les bureaux de l'agence comptable centrale du Trésor, le 17 février dernier. (Sourires.)

M. Jean-Jacques Jégou.

Visite impromptue !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

On trouvera les réponses en annexe de mon rapport.

Le Gouvernement s'explique également sur sa méthode d'évaluation de la progression des dépenses en 1999, son raisonnement ayant été critiqué par la Cour des comptes.

La réponse des ministres précise en quoi la présentation de l'exécution budgétaire pour 1999 - vous en avez dit un mot, monsieur le sécrétaire d'Etat - ne diffère pas de celle donnée au Parlement lors du vote de la loi de finances initiale. Sur cette question, je renvoie à mon rapport écrit.

S'agissant de la transparence, des engagements ont été pris par le Gouvernement. Beaucoup ont été respectés.

Cependant, cela ne doit pas nous exonérer de continuer ensemble à nous améliorer dans ce domaine. Il faut bien reconnaître - l'hémicycle, aujourd'hui, en est une nouvelle démonstration - que le désintérêt manifesté par des générations de parlementaires, à l'Assemblée comme au Sénat, vis-à-vis de l'exécution des lois de finances, a conforté le pouvoir exécutif dans son goût pour le secret et l'absence de débat.

M. Jean-Jacques Jégou et M. Michel Bouvard.

C'est vrai !

Mme Nicole Bricq.

Tout à fait !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Beaucoup reste à faire. Des réformes structurelles sont indispensables pour rendre ces avancées irréversibles et les fonder sur de nouveaux pouvoirs du Parlement. Une proposition de loi organique a été déposée et nous tenons à ce qu'elle soit examinée le plus rapidement possible.

Mme Nicole Bricq.

Très bien !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Cela dit, au-delà de certaines remarques que j'ai pu faire, il me semble excessif de parler de « mensonge budgétaire », comme le fait le Sénat.

M. Michel Bouvard.

Nous y voilà !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

La commission d'enquête du Sénat sur le fonctionnement du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie dans l'élaboration des projets de loi de finances et dans l'exécution des lois de finances, dont le rapport vient d'être publié, présupposait l'existence de données inexactes fournies par le Gouvernement au cours de l'exécution du budget 1999.

En fait, dans ses conclusions sur ce point, la commission se borne à confirmer l'existence, en 1999, de plus-values de recettes fiscales et un écart entre les prévisions et les résultats effectifs, points que j'avais largement fait apparaître dans le rapport sur l'exécution du budget 1999 adopté par la commission des finances de l'Assemblée le 14 mars dernier. De plus, cet écart n'est pas exceptionnel.

Il existe également dans d'autres pays. Vous nous avez donné des explications, monsieur le secrétaire d'Etat. Le seul reproche que l'on peut faire au Gouvernement est l'excessive prudence dont il a fait preuve dans ses prévisions de recettes et de croissance, même si en matière de finances publiques la prudence peut ne pas être véritablement blâmable. Le rapport du Sénat fait l'impasse sur de nombreuses informations, et je ne suis pas sûr qu'il soit totalement objectif sur un grand nombre de points.

M. Michel Bouvard.

Oh !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Vous avez mentionné plusieurs chiffres, monsieur le secrétaire d'Etat. Je n'y reviendrai pas, car ils figurent dans le rapport écrit.

Le solde général d'exécution s'établit à 206 milliards de


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francs, en amélioration sensible de plus de 30 milliards par rapport à la loi de finances initiale. Le besoin de financement de l'ensemble des administrations publiques continue à se réduire. Quoi qu'on en dise ici ou là, les dépenses sont maîtrisées. Elles marquent une progression de 1,6 % en valeur et de 1,1 % en volume, très proche de la norme de 1 % retenue dans la loi de finances initiale.

M. Jean-Jacques Jégou.

Ce n'est pas ce que dit la Cour des comptes !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

S'il y a des écarts par rapport au chiffrage de la Cour des comptes, c'est que les éléments de référence ne sont pas toujours les mêmes ! Les dépenses civiles de fonctionnement sont en augmentation. Je n'y reviendrai pas, non plus que sur les dépenses d'intervention, sur les dépenses civiles en capital ou sur les dépenses militaires.

Les recettes fiscales nettes s'élèvent à 1 565,6 milliards, ce qui représente un surplus de 30,7 milliards par rapport aux prévisions. C'est le résultat direct du dynamisme de l'économie. Je ne reviendrai pas sur les explications que vous avez données, monsieur le secrétaire d'Etat, et qui me paraissent tout à fait pertinentes. Je noterai d'ailleurs que, à notre demande expresse, les prélèvements en cause ont été réintégrés, pour l'exercice 2000, dans la loi de finances rectificatives. Nous avons ainsi pu avoir au Parlement l'indispensable débat sur l'affectation des marges budgétaires supplémentaires offertes par la consolidation de la croissance.

Ce sont les règles de la comptabilité publique qu'il faut changer. De nombreux rapports montrent, en effet, que notre pays a pris beaucoup de retard quant à ses méthodes de gestion. Mais, là aussi, nous en parlerons à l'occasion de la réforme de l'ordonnance.

L'objectif de réduction des prélèvements obligatoires n'a pas été atteint en 1999 - il nous faut le reconnaître malgré des réductions d'impôts. Des mesures complémentaires fortes ont été prises sur l'année 2000. Un plan d'allégement des impôts est également prévu pour les prochaines années, ce qui devrait nous permettre de respecter l'engagement de réduction des prélèvements obligatoires.

La gestion des autorisations budgétaires en 1999 appelle quelques observations dont je fais état dans le rapport écrit. Je n'insisterai donc pas trop là-dessus. Cela concerne les modifications réglementaires et les crédits rattachés par voie de fonds de concours pour lesquels on constate un écart explicable par rapport à l'exercice précédent.

J'en viens aux modifications de crédits demandées dans le projet de loi de règlement. Les ouvertures de crédits en loi de règlement devraient être tout à fait exceptionnelles et correspondre effectivement à des dépenses imprévues, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. Le fait d'avoir une loi de finances rectificatives relativement tard dans l'année devrait permettre de rendre exceptionnelles ces ouvertures de crédits en loi de règlement.

Pour conclure, je ferai quelques remarques sur les comptes rendus de gestion ministériels. Vous l'avez dit, monsieur le secrétaire d'Etat, seize comptes rendus de gestion ministériels et trois comptes rendus de gestion des budgets annexes ont été transmis au Parlement en même temps que le projet de loi de règlement. Les rapporteurs spéciaux s'en saisissent. Je pense qu'ils feront certaines observations. Les comptes rendus de gestion sont de qualité très inégale. Cela dit, ils ont le mérite d'exister. Certains ministères ont fait un grand pas en direction d'une véritable gestion par objectif avec l'indication de résultats, lesquels, tout en restant très généraux, permettent de progresser dans la connaissance de la réalité des actions conduites ou dans la qualité du service mis en oeuvre, et parfois de lire « en négatif » les problèmes non résolus.

C'est le cas notamment pour les ministères de la justice, de l'aménagement du territoire et de l'environnement ou encore de l'économie, des finances et de l'industrie, qui ont rendu plus lisibles que par le passé les actions développées pour la réalisation d'un objectif clairement défini ainsi que le suivi dans le temps de ces actions.

Il apparaît également, à la lecture de ces comptes rendus, que les ministères vont devoir affiner les outils dont ils disposent pour mesurer les résultats obtenus et évaluer l'impact des dépenses effectuées.

Il serait, par exemple, précieux de trouver, dans les c omptes rendus budgétaires à venir, les résultats d'enquêtes qui auraient été diligentées à la demande des ministères auprès des publics concernés par une mesure, ou les résultats d'évaluation de différentes actions, oue ncore des études comparatives avec des politiques conduites par des administrations étrangères. Nous avons aussi quelques progrès à accomplir sur les méthodes d'évaluation.

En dépit des insuffisances constatées, il y a lieu de noter que cette initiative, qui répond à une demande du groupe de travail sur le contrôle parlementaire et l'efficacité de la dépense publique, représente un progrès appréciable et devrait permettre à l'avenir d'enrichir considérablement le travail du Parlement en matière de contrôle de l'exécution des budgets. Nous sommes, monsieur le secrétaire d'Etat, dans une période de transition.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

D'amélioration !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Des progrès incontestables ont été réalisés. L'exécution de la loi de finances permet un bon résultat. C'est aussi le fruit de la bonne politique budgétaire menée depuis juin 1997. Je souhaite que nous mettions à profit les mois qui viennent, d'une part, pour améliorer nos méthodes de gestion publique,...

M. Jean-Jacques Jégou.

Il y a du boulot !

M. Didier Migaud, rapporteur général.

... d'autre part, pour faire en sorte que l'autorisation budgétaire donnée par le Parlement prenne toute sa dimension au moment du vote de la loi de finances et surtout qu'elle la conserve tout au long de l'année. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Jean-Jacques Jégou.

Très bien ! Discussion générale

Mme la présidente.

Dans la discussion générale, la parole est à M. Charles de Courson.

M. Charles de Courson.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, l'année 1999 amplifie la dérive des finances publiques que le gouvernement Jospin avait initiée dès son arrivée au pouvoir, en mai 1997, et lancée dès l'exercice 1998.

M. René Dosière.

Ça commence bien !

M. Charles de Courson.

Je le démontrerai en trois points.

Tout d'abord, les recettes fiscales de l'Etat s'accroissent deux fois plus vite que le produit intérieur brut.


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M. René Dosière.

Mais moins vite que sous Juppé !

M. Charles de Courson.

Les recettes fiscales nettes augmentent de 86,7 milliards de francs en 1999. Elles sont en effet de 1 326,1 milliards en 1999 contre 1 239,4 en 1998, soit une hausse de 7 % alors que le PIB ne s'accroît que de 3,3 %. Mais à ces 86,7 milliards, il faut ajouter plusieurs autres éléments : tout d'abord, l'évolution des prélèvements sur recettes qui, eux, s'accroissent de 13,3 milliards,...

M. Jean-Jacques Jégou.

Rien que ça !

M. Charles de Courson.

... soit plus de 5,2 %, et le très léger accroissement, de 0,7 milliard, des dégrèvements et admissions en non-valeur sur les impôts locaux qui passent de 62,8 à 63,5 milliards.

M. René Dosière.

Ça, c'est pour les collectivités !

M. Charles de Courson.

Pas du tout, mon cher collègue, puisque cela correspond à une prise en charge par l'Etat d'une partie de la fiscalité locale. Il s'agit donc bien d'une charge de l'Etat puisqu'elle vient en déduction, d'une façon d'ailleurs très critiquable.

L'ensemble des impôts prélevés par l'Etat s'accroît donc de 100 milliards en 1999 puisqu'ils atteignent 1 657,3 milliards en 1999 contre 1 556,6 en 1998, soit une hausse de 6,5 %, quasiment le double de la croissance du PIB. L'Etat aura ainsi prélevé 100 milliards de francs sur une croissance de la richesse nationale qui était de combien ? Je vous le donne en mille : 280 milliards ! L'Etat a donc prélevé 35 % de cette croissance. Et si l'on en croit le rapport de la Cour des comptes, ce chiffre doit être majoré de 17 milliards du fait d'une imputation abusive des comptes d'imputation provisoires.

Comparons vos promesses à la réalité. En 1999, vous aviez sous-évalué de 53 milliards les recettes fiscales brutes écart entre ce qui figurait dans la loi de finances initiale et ce que l'on constate dans la loi de règlement et le taux des prélèvements obligatoires dû à la fiscalité de l'Etat, si j'en crois le rapport économique et financier que vous venez de nous distribuer, a bondi, passant de 17,2 % du PIB en 1998 à 17,9 % en 1999 : plus 0,7 point, du seul fait de la fiscalité d'Etat ! Globalement, votre politique budgétaire s'est traduite en 1999 par une hausse considérable des prélèvements obligatoires, qui passent de 44,9 % en 1998 à 45,7 % en 1999.

M. René Dosière.

Juppé avait fait mieux !

M. Charles de Courson.

Et vous n'avez pas l'excuse du gouvernement Juppé, à qui vous aviez laissé une situation totalement désastreuse ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Gilbert Gantier.

Eh oui !

M. Charles de Courson.

Je rappelle en effet que le niveau du déficit des finances publiques que nous avons trouvé en mai 1993 était le plus élevé depuis trente ans de politique budgétaire.

M. Henri Emmanuelli, président de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan.

Ce n'était pas Juppé mais Sarkozy, en 1993 !

M. Charles de Courson.

Cette hausse de 0,8 point de PIB, mes chers collègues, s'explique pour 0,7 point par la hausse des impôts de l'Etat et pour 0,3 point par la hausse des cotisations sociales et des impôts affectés, passés de 20,6 % en 1998 à 20,9 % en 1999.

Seules les collectivités locales ont accusé une légère baisse, de 5,7 % à 5,5 % ; mais cela est dû, tout simplement, à la prise en charge par l'Etat d'une part croissante de la fiscalité locale, et ne correspond pas du tout à une baisse effective de la pression fiscale locale.

Au total, le système public français aura prélevé en 1999 près de 200 milliards de francs supplémentaires, alors que la richesse nationale a augmenté d'un peu plus de 280 milliards. Ainsi, 70 % de la richesse créée en 1999 ont été ponctionnés par le système public ! C'est d'ailleurs la caractéristique d'une politique socialiste. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)

M. René Dosière.

Juppé n'est pas socialiste !

M. Charles de Courson.

Alors que la France a un taux de prélèvements obligatoires parmi les plus élevés du monde occidental, on en rajoute encore avec la pression fiscale ! L'écart en 1999, entre vos promesses : une baisse de 0,2 point des prélèvements obligatoires, et la réalité : une hausse de 0,8 point, est d'un point, c'est-à-dire, mes chers collègues, de près de 90 milliards de francs.

Si on y ajoute la « non-baisse », en 1998, des prélèvements obligatoires alors que vous aviez promis une baisse de 0,2 point et la hausse de 0,2 point en 1997 de la pression fiscale, suite aux mesures d'urgence que vous aviez décidées dans le collectif de 1997 vous nous aviez expliqué que c'était pour compenser une surévaluation des recettes fiscales, alors que dans la loi de règlement en 1997, nous avons vu qu'il n'en était rien -, on s'aperçoit qu'il y a un écart de 1,4 point de PIB entre vos promesses et la réalité au titre de 1997, 1998 et 1999.

M. René Dosière.

L'économie marche mieux !

M. Charles de Courson.

Cela fait 123 milliards d'écart entre vos promesses et la réalité, c'est-à-dire autant que ce que vous nous promettez de baisses non pas de taux de p rélèvements obligatoires, mais de baisses en montant qui n'interviendront d'ailleurs que pour une petite partie, j'y reviendrai.

Mais hélas ! mes chers collègues, ce n'est pas fini ! ( Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

On s'en doutait, figurez-vous !

M. Charles de Courson.

Car les promesses non tenues vont également s'appliquer à l'exercice 2000. Le Gouvernement avait promis une baisse de un point des prélèvements obligatoires, au titre de 2000. En présentant le projet de loi de finances pour 2001, vous avez avoué que la baisse ne serait que de 0,5 point, soit de la moitié. Et M. Fabius, la semaine dernière, à une question d'un de nos collègues, a même avoué que cette baisse serait en fait de 0,4 point.

Eh bien, monsieur le secrétaire d'Etat, étant élu de la région du champagne,...

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Vous pétillez beaucoup moins que le champagne !

M. Charles de Courson.

...je vous parie une bouteille de champagne à la buvette que cette baisse ne sera même pas de 0,4 point ! Parce que les recettes fiscales réévaluées de l'an 2000 et que vous nous avez indiquées en présentant le projet de loi de finances pour 2001 sont encore sous-évaluées d'une vingtaine de milliards ; vous le savez pertinemment, d'ailleurs, puisque vous commencez à nous expliquer que le déficit pourrait être un peu inférieur aux 215 milliards affichés, c'est-à-dire d'environ 200 milliards. Or 20 milliards, c'est encore 0,2 point de


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PIB. Et encore, je ne tiens pas compte des plus-values de CSG, de CRDS et de cotisations sociales, estimées à une trentaine de milliards si j'en crois les statistiques de l'ACOSS, au conseil de surveillance duquel j'ai l'honneur de représenter le Parlement.

Alors, faisons les comptes. Nous allons donc probablement aboutir à 0,2, peut-être à 0,3 point de PIB. Ce qui signifie que si l'on cumule les années 1997, 1998, 1999 et 2000, l'écart entre vos promesses et la réalité correspond, grosso modo, à 2,2 points de PIB.

M. Jean-Jacques Jégou.

Ce qui fait ?

M. Charles de Courson.

A peu près 200 milliards ! Voilà donc la politique de la gauche ! La gauche veut nous faire croire qu'elle baisse les impôts ! Non, elle ne baisse pas les impôts, elle rend une petite partie de la très forte hausse des recettes fiscales liée à la bonne santé économique de toute l'Europe occidentale.

M. Michel Bouvard.

C'est cela, la vérité !

M. René Dosière.

Vous, vous ne rendiez rien du tout !

M. Charles de Courson.

Après avoir montré que les recettes fiscales de l'Etat s'accroissent deux fois plus vite que le PIB, je voudrais maintenant passer à une chose encore plus grave...

M. Jean-Jacques Jégou.

Est-ce possible ?

M. Charles de Courson.

... qui est que les dépenses de l'Etat en 1999 croissent nettement plus vite que la richesse nationale.

M. Jean-Pierre Delalande.

Eh oui !

M. Charles de Courson.

Le montant des dépenses nettes de l'Etat inscrites au budget général s'est accru de 59 milliards en 1999, soit de 3,6 %. Je prends vos chiffres, qui sont dans le projet de loi de règlement : 1 709,8 milliards de dépenses nettes contre 1 650,8 dans la loi de règlement 1998, alors que la croissance du PIB n'était que de 3,3 %. Mais, mes chers collègues, ce n'est qu'une partie de la réalité : à ces 59 milliards, il faut ajouter la croissance des prélèvements sur recettes, qui est de 13,3 milliards, puisqu'ils ont atteint, en 1999, 267,7 milliards contre 254,4 en 1998. Citons encore, pour mémoire, les 0,7 milliard de francs de hausse des remboursements et dégrèvements sur les impôts locaux : 63,5 milliards, en 1999, contre 62,8, en 1998. Ainsi, la hausse totale des dépenses de l'Etat est de 73 milliards, soit de 3,7 %. Mais de ce chiffre, si l'on veut être honnête, il faut retrancher les dépenses imputées à tort sur 1999 : 5,8 milliards, puisque la Cour des comptes, dans son rapport, dit ni plus ni moins que vous avez violé la loi organique.

(Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Et 5,8 milliards, c'est un minimum. Vous avez tous les détails dans le rapport de la Cour des comptes.

M. René Dosière.

Monsieur de Courson ! Le mot « violer » n'apparaît pas dans le rapport de la Cour des comptes !

M. Charles de Courson.

Vous ne l'avez pas lu, cher collègue !

M. René Dosière.

Mais si !

Mme la présidente.

Vous n'avez pas la parole, monsieur Dosière !

M. Jean-Jacques Jégou.

Il est vrai que M. de Courson a fait un raccourci saisissant...

M. Charles de Courson.

Et la Cour des comptes ajoute que, au-delà des 5,8 milliards, il y a 6,2 milliards qu'elle qualifie d'arbitrages non contraires à la loi organique, mais pour le moins discutables...

Ainsi, la hausse réelle des dépenses de l'Etat est de 67 milliards, soit de 3,2 %. Enfin, il faut tenir compte de l'utilisation des 20 milliards de francs de dotation en capital à partir du compte spécial du Trésor ; ce dernier, qui recueille les produits des cessions et des privatisations, est, pour l'essentiel, destiné à financer des subventions d'exploitation aux entreprises publiques déficitaires. Quels en furent, en 1999, les trois grands bénéficiaires ? D'abord, l'EPFR, pour 3 milliards de francs. C'est la structure qui chapeaute le CDR, lequel est la structure de cantonnement du Crédit lyonnais. L'EPFR avait, à la fin de 1999, un actif net négatif de 62 milliards et il n'y a pratiquement plus d'actifs à céder. On ne peut donc pas du tout parler de dotation en capital : il s'agit d'une subvention, qui aurait même dû figurer dans les dépenses de fonctionnement du budget de l'Etat.

Ensuite, les Charbonnages de France, pour 3,5 milliards, toujours imputés sur les comptes spéciaux du Trésor. Je me permets de vous rappeler que le déficit d'exploitation des Charbonnages de France, en 1999, était de 6 milliards.

M. Jean-Jacques Jégou.

Déficit non cumulé !

M. Charles de Courson.

Enfin, et c'est le plus beau : Réseau ferré de France, pour 12,5 milliards ! Mes chers collègues, les comptes 1999 de Réseau ferré de France font apparaître qu'il a perdu 10,4 milliards de francs et que l'ensemble de ses dettes nettes dépasse maintenant les 150 milliards.

C es 19 milliards majorent en quelque sorte les dépenses de fonctionnement de l'Etat. Car, bien entendu, on a réduit ou supprimé simultanément les subventions d'exploitation aux dites structures. Encore 1 % de plus ! Et la conclusion à laquelle on aboutit est que la hausse des dépenses de l'Etat dépasse largement la croissance du PIB.

Il y a plus grave encore. Les dépenses de fonctionnement, comme en 1998 d'ailleurs, s'accroissent beaucoup plus vite que les dépenses d'investissement : 3,4 % en fonctionnement contre 1,3 % en investissement.

M. Jean-Pierre Delalande.

C'est l'avenir qui est sacrifié !

M. Charles de Courson.

Le Gouvernement tente d'expliquer la forte hausse des dépenses, de 45,4 milliards de francs, par un changement de périmètre de la loi de finances. L'argument n'est que partiellement recevable.

En effet, on ne peut accepter de considérer comme une non-dépense les 8,4 milliards de compensation versés aux régions pour la suppression de la part régionale des droits de mutation ; car c'est bien une dépense imputée sur le budget du ministère de l'intérieur.

Il en est de même de la suppression des fonds de concours de La Poste représentant le remboursement des pensions civiles de ses agents retraités. En effet, La Poste verse maintenant ses cotisations en recettes non fiscales.

On ne peut pas non plus considérer que la suppression de fonds de concours a une incidence sur la loi de règlement puisqu'ils ont toujours figuré en loi de règlement et non loi de finances initiale.

Au total, seules la suppression en 1999 des comptes d'affectation spéciale pour 4,8 milliards, la rebudgétisation de deux taxes parafiscales qui abondaient l'ADEME


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à hauteur de 1,9 milliard et la prise en charge par le budget de l'Etat de l'allocation de parent isolé pour 4,2 milliards, soit 10,9 milliards au total, peuvent être déduites des dépenses 1999, si l'on veut effectuer une comparaison réaliste. L'incidence n'est donc que de 0,5 %. Et cela ne change pas fondamentalement les conclusions que les dépenses de l'Etat augmentent plus vite que la richesse nationale.

Ces résultats sont d'ailleurs cohérents avec les résultats tirés de la comptabilité nationale que vous trouvez dans le rapport économique et financier pour 2001. Savez-vous, mes chers collègues, que la part des dépenses publiques dans le PIB de l'Etat est passé de 23,6 % en 1998 à 23,8 % en 1999 ?

M. René Dosière.

Et alors ?

M. Charles de Courson.

Les dépenses de l'Etat augmentent donc plus vite que la richesse nationale. Si l'on considère au surplus que les dépenses de sécurité sociale sont passées de 24,1 % du PIB en 1998 à 24 % en 1999, on constate que le poids de l'Etat et de la sécurité sociale a progressé un peu plus vite que la richesse nationale.

M. René Dosière.

Cela a été distribué !

M. Charles de Courson.

Et si l'on considère enfin que le poids des dépenses des collectivités locales a légèrement progressé, passant de 9,8 % du PIB en 1998 à 9,9 % en 1999, on comprend mieux pourquoi le poids de la dépense publique n'a pratiquement pas régressé en 1999 ; il atteint en effet 53,9 % du PIB contre 54 % en 1998.

Ainsi, à regarder les comptes, on constate que la situation est exactement inverse à la politique que vous avez défendue lors du vote de la loi de finances pour 1999.

Rappelons que, dans la zone euro, le poids des d épenses publiques est de 46,8 % et qu'il baisse de 0,8 point par an depuis trois ans - il atteignait environ 49,2 % en 1996. Les pays de l'OCDE sont à 37,8 %, de même que les Etats-Unis. Là encore, la France, qui devrait faire le plus gros effort, est le pays qui en fait le moins.

Venons-en, mes chers collègues, au déficit public de 1999. Celui-ci aurait dû être beaucoup plus faible que celui que vous annoncez. Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est la Cour des comptes... Vous affichez en effet un déficit du budget de l'Etat de 206 milliards en 1999 contre 247 milliards en 1998 - contre une prévision de déficit en loi de finances initiale 1999 de 236 milliards, soit 30 milliards de moins. Je remarque par ailleurs que la réduction du déficit de 41 milliards entre 1998 et 1999 s'explique, pour la totalité, par la très forte hausse des recettes fiscales et pas du tout par un effort d'économies sur les dépenses.

Le déficit affiché de 206 milliards est cependant très inférieur à la réalité, pour trois raisons soulevées par la Cour des comptes dans son rapport : 5,8 milliards de dépenses ont été imputés en violation de la loi organique sur l'exercice 1999 au lieu de l'exercice 2000 ; 11,4 milliards de recettes fiscales ont été maintenus sur des comptes d'imputation provisoire, en violation de la loi organique - et le terme est utilisé dans le rapport de la Cour des comptes ; enfin, 17,1 milliards de recettes non fiscales ont été volontairement décalés de 1999 en 2000 et repoussés à nouveau, pour 15 milliards, sur 2001. La raison, évoquée page 65 du fascicule des voies et moyens du projet de finances pour 2001 est formulée de façon extraordinaire : « Ces moindres prélèvements » - il s'agit de 15 milliards, mes chers collègues ! - « s'expliquent par la bonne tenue de la conjoncture économique en 2000 qui ne justifie pas la mobilisation d'un montant élevé de telles recettes. » En termes clairs, on fait ce qu'on veut

! On déplace 15 milliards par ci, 15 milliards par là...

C'est ainsi que s'explique l'écart existant entre vos prévisions faites en LFI sur les recettes non fiscales qui portaient sur 183,3 milliards et une exécution, à 168,4 milliards - écart de 14,9 milliards. A l'inverse, il convient de déduire 11,8 milliards de dépenses imputées à tort sur l'exercice 1999, alors qu'elles relevaient de l'exercice 1998. Si vous prenez en compte les « plus » et les

« moins », vous concluez que le déficit réel n'a pas été de 206 milliards en 1999, mais de 183 milliards.

Pourquoi, de la part du Gouvernement, ces « farces et attrapes » budgétaires, puisque c'est ainsi qu'il faut les appeler ? Pourquoi le Gouvernement n'a-t-il pas affiché un déficit d'environ 183 milliards ? C'est très simple : il ne voulait pas faire apparaître qu'en 2000 le déficit augmenterait. En effet, l'estimation était de 215 milliards dans la loi de finances initiale comme dans la loi de finances rectificative. Il est vraisemblable qu'il avoisinera finalement les 200 milliards. Il aurait donc fait apparaître une augmentation du déficit budgétaire en 2000 par rapport à 1999.

M. Jean-Jacques Jégou.

Eh oui !

M. René Dosière.

Cessez de rêver, monsieur de Courson ! Vous fabulez !

M. Charles de Courson.

Il y a pire ! Pour 2001, le déficit affiché est de 186 milliards, c'est-à-dire que le Gouvernement aurait affiché pour la loi de finances initiale 2000 un niveau de déficit légèrement supérieur au déficit constaté en loi de règlement 1999 ! Voilà la vraie raison.

Plus globalement, afficher un déficit de l'ensemble des finances publiques égal à 1,8 % du PIB, alors que la sécurité sociale et les collectivités locales sont en léger excédent, c'est montrer que l'Etat est au coeur des déficits publics.

M. Michel Bouvard.

Tout à fait !

M. Charles de Courson.

Enfin, par rapport à nos grands concurrents, nous ne rattrapons pas notre retard.

Les pays de la zone euro sont à moins 1,2 %, les USA à plus 1 %, la Grande-Bretagne à plus 1,1 % et les pays de l'OCDE à moins de 0,8 % en moyenne. On voit le chemin qui reste à parcourir ! En conclusion, mes chers collègues, l'absence de maîtrise des dépenses publiques, doublée d'une explosion des recettes fiscales qui aggrave la pression fiscale et sociale sur nos concitoyens et un niveau de déficit plus faible que prévu mais qui stagnera pour 2000 et pour 2001 montrent que notre politique budgétaire laxiste nous mène à une impasse. C'est pourquoi le groupe UDF votera contre le projet de loi de règlement (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

Mme la présidente.

La parole est à M. Augustin Bonrepaux.

M. Augustin Bonrepaux.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le projet de loi de règlement définitif a pour objectif de permettre au Parlement de contrôler la bonne exécution de la loi de finances.

La nouveauté de ce projet réside dans le fait qu'il est accompagné pour la première fois, il faut le souligner, en vertu d'une circulaire du Premier ministre du 21 février,


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de comptes rendus de gestion budgétaire établis par les ministères. Ces documents permettent d'enrichir l'information du Parlement sur l'exécution de la loi de finances, puisque y sont insérés des éléments d'appréciation concernant les objectifs poursuivis, les coûts des politiques publiques, leur efficacité et les efforts faits par les administrations pour améliorer leur efficience.

Par ailleurs, c'est la première fois qu'on examine un projet de loi de règlement juste avant que ne débute l'examen de la loi de finances pour l'exercice à venir.

M. Jean-Jacques Jégou.

C'est vrai !

M. Jean-Louis Idiart.

Très juste !

M. Augustin Bonrepaux.

Je remercie ceux d'entre vous qui, tout à l'heure, l'ont souligné. Je rappelle d'ailleurs que jusqu'à présent les lois de règlement étaient souvent votées avec deux ou trois ans de retard. Ce progrès est dû au bon travail de la Cour des comptes, qui fait avancer cette réflexion,...

M. Charles de Courson et M. Michel Bouvard.

... et qu'il faut remercier !

M. Augustin Bonrepaux.

... et, bien sûr, à la volonté du Gouvernement qui a sans cesse accentué son effort pour que l'examen de cette loi de règlement soit avancé.

S'agissant de la polémique entretenue sur les opérations de fin de gestion, je crois qu'il ne faut pas avoir une lecture différente des déclarations de la Cour des comptes devant notre commission. Je lis simplement le compte rendu : « Les opérations de fin de gestion, sous forme der eport de recettes ou d'anticipation de dépenses, l esquelles, contrairement à certains commentaires, résultent du choix du Gouvernement, sont faites le plus souvent dans le respect des règles actuelles de la comptabilité de l'Etat. »

M. Charles de Courson.

Le plus souvent ! Mais...

M. Augustin Bonrepaux.

Il est vrai que, comme la Cour des comptes, nous pouvons souhaiter une modification de ces règles. Vous savez que notre rapporteur général y a travaillé, que le Gouvernement y est favorable et que nous aurons l'occasion de modifier ces règles...

M. Jean-Jacques Jégou.

J'espère !

M. Augustin Bonrepaux.

... pour qu'il y ait davantage de transparence, comme nous le souhaitons tous. Mais reconnaissez que, jusqu'à présent, le Gouvernement a appliqué les règles actuelles de la comptabilité de l'Etat.

M. Charles de Courson.

Non, ce n'est pas ce que dit le rapporteur !

M. Augustin Bonrepaux.

Monsieur de Courson, vous n'êtes pas à la Cour des comptes ! M. René Dosière. Heureusement qu'il n'y est plus !

M. Augustin Bonrepaux.

L'exécution de la loi de finances pour 1999 doit être appréciée par comparaison avec les années précédentes, au regard de plusieurs critères.

Premièrement, la progression des dépenses et recettes définitives : le Gouvernement s'est engagé dans la loi de programmation pluriannuelle sur une progression de 1 % des dépenses du budget général. Cet objectif a été respecté.

Deuxièmement, la couverture des dépenses par les recettes : elle était de 82,2 % en 1996, elle est passée à 88 %. Je vous laisse apprécier la progression.

T roisièmement, l'évolution du déficit budgétaire : celui-ci était en 1997 de 267,7 milliards, il s'est élevé à 206 milliards en 1999 - ce qui représente 2,3 % du PIB.

Quasiment, enfin, l'évolution du besoin de financement des administrations publiques : celui-ci a été ramené de 2,7 % du PIB en 1998 à 1,8 % en 1999.

L'exécution du budget peut aussi être analysée au regard des recettes. On nous reproche précisément d'avoir augmenté la fiscalité. Je ferai simplement remarquer que la plupart des impôts ont été calculés sur des bases en évolution du fait de la croissance et à partir de taux qui avaient été votés par le gouvernement précédent. Je pense notamment à la TVA à 20,6 %. S'agissant de l'impôt sur le revenu, certes, on note une progression...

M. Charles de Courson.

Oh oui !

M. Michel Bouvard.

Plus 10 % !

M. Augustin Bonrepaux.

... de 9,7 % en 1999. Mais c'est la conséquence d'une mesure prise en loi de finances initiale pour 1999...

M. Michel Bouvard.

Le quotient familial !

M. Augustin Bonrepaux.

... qui a consisté à abaisser le seuil de plafonnement du quotient familial pour renforcer la progressivité de l'impôt.

M. Michel Bouvard.

Vous avez taxé les familles !

M. Augustin Bonrepaux.

Ayez toutefois l'objectivité de reconnaître que cette disposition a été demandée par les familles en remplacement du plafonnement des allocations familiales.

M. Michel Bouvard.

Que vous leur aviez piquées !

M. Augustin Bonrepaux.

Nous prenons la responsabilité d'avoir plafonné les allocations familiales. Puis à la demande des familles, nous avons transformé ce plafonnement en une réduction du quotient familial. Celle-ci va d'ailleurs être corrigée dans la loi de finances pour 2001.

S'agissant de l'impôt sur les sociétés, sa progression est quelque peu contradictoire dans la mesure où son taux a baissé pour la première fois en 1999 par rapport à 1998, conformément aux engagements qui avaient été pris. En 1997, nous avions en effet annoncé que nous l'augmentions pour le réduire en 1999 et le ramener au niveau de 1997 en 2000. Si le produit de l'impôt sur les sociétés a progressé, c'est tout simplement parce que les bénéfices des entreprises ont augmenté. Qui, ici, pourrait s'en plaindre ? Pour les impôts indirects, et notamment la TVA, je vous laisse la responsabilité des taux. Si l'on a pu noter une progression, c'est que la croissance était de retour.

Quant à la taxe intérieure sur les produits pétroliers, elle a atteint 161,7 milliards en 1999.

Enfin, si les prélèvements sur recettes sont en augmentation, c'est simplement à cause de la suppression de la part salariale de la taxe professionnelle, et donc de la compensation qui est due aux collectivités locales. Mais toutes les entreprises se félicitent de cette réduction de la taxe professionnelle.

J'en viens aux dépenses. Ainsi que je l'ai dit celles-ci sont conformes aux objectifs que nous nous étions fixés.

Je soulignerai simplement que les dépenses liées à la garantie de l'Etat ont augmenté du fait que la garantie accordée par l'Etat à l'Unedic a été couverte pour un montant de 10 milliards de francs et qu'il a fallu faire face aux dégâts causés par les intempéries de décembre 1999.


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Des recettes dont la progression est due à la croissance, des dépenses maîtrisées, une réduction du déficit et de la dette, une amélioration des comptes : voilà autant de raisons d'adopter ce projet de loi de règlement. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

Mme la présidente.

La parole est à M. Gilbert Gantier.

M. Gilbert Gantier.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, chers collègues, instrument essentiel et longtemps méconnu d'ailleurs du contrôle parlementaire sur les comptes publics, le projet de loi de règlement prend cette année une nouvelle actualité puisqu'il a fait l'objet d'une heureuse réforme permettant d'avancer sa discussion. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce léger progrès. Débattre de la loi de règlement permet en effet d'examiner l'état réel des finances publiques, d'évaluer les différences, notamment entre les prévisions gouvernementales et les réalisations effectives.

Or, mes chers collègues, force est de constater que l'année 1999 a été celle de toutes les dérives, marquée notamment par une estimation fantaisiste des recettes, u ne augmentation sans précédent des impôts, plus 113 milliards en un an,...

M. René Dosière.

Il y a des précédents !

M. Gilbert Gantier.

... dont 30 au titre du seul impôt sur le revenu.

M. René Dosière.

Et Juppé en 1996 ?

M. Gilbert Gantier.

L'année 1999 restera celle de la cagnotte fiscale et du mensonge. Durant des mois, le ministre de l'économie a nié l'existence de plus-values fiscales, puis a tenté par tous les moyens de les minorer. Si un chef d'entreprise avait eu le même comportement, il y a bien longtemps qu'il aurait dû démissionner et qu'il aurait été poursuivi pour fraude et présentation de faux bilans. L'affaire de la cagnotte illustre parfaitement l'absence de transparence du ministère de l'économie et le manque de respect dont témoigne celui-ci vis-à-vis du législatif en matière budgétaire.

Le contenu du récent rapport sénatorial

« En finir avec le mensonge budgétaire » est, à ce titre, tout a fait édifiant et je ne peux que vous inciter à le lire. M. Alain Lambert, président de la commission des finances, et M. Philippe Marini, rapporteur général, ont mis à nu l'absence de sincérité des comptes budgétaires qui a prévalu tout au long de l'année 1999. D'un montant officiellement avoué de 30,7 milliards de francs, la cagnotte a en fait été chiffrée par la Cour des comptes à 57,5 milliards de francs.

Quant à l'objectif affiché de transparence financière, le report de recettes non fiscales, d'un montant de 15,6 milliards de francs, de l'exercice 1999 vers l'exercice 2000, témoigne du manque de rigueur du Gouvernement et surtout de son absence de considération à l'égard du Parlement qui avait adopté, quelques jours auparavant à peine, le collectif budgétaire d'automne.

La transparence financière avait déjà été mise à mal en 1998 alors que le Gouvernement se livrait à un véritable jeu de cache-cache avec les remboursements et les dégrèvements en matière de TVA. Le Gouvernement a en effet intensifié ces remboursements et ces dégrèvements d'une année sur l'autre, entraînant une minoration des recettes de TVA. La Cour des comptes a elle-même déploré ces procédés pour lesquels elle n'avait trouvé aucune explication plausible.

Cette atteinte à la transparence budgétaire s'est poursuivie en 1999 avec un glonflement des recettes fiscales, essentiellement dû à l'impôt sur les sociétés - plus 24,4 %, soit 230 milliards de francs contre 184 en 1998 et à l'impôt sur le revenu. Ce dernier a augmenté sous l'effet de trois facteurs, tous liés à une estimation de la croissance qui avait été complètement sous-évaluée par le Gouvernement.

Premièrement, une majoration des recettes de 4 mill iards de francs, conséquence de l'abaissement à 11 000 francs du plafond du quotient familial, décision dont on ne peut pas dire que les associations familiales s'étaient réjouies ; Deuxièmement, la non-revalorisation du barème de l'impôt qui reste indexé sur la seule inflation sans prendre en compte le taux de croissance en valeur ; Troisièmement, un fort accroissement du rendement de l'impôt en raison, notamment, de l'entrée de nouveaux contribuables, plus d'un million.

M. René Dosière.

Autant de chômeurs de moins !

M. Gilbert Gantier.

Pour l'année 1999, le Premier ministre avait prévu une croissance des dépenses de l'Etat de 1 % hors inflation. Avec un taux d'inflation, estimé par le Gouvernement à 1,3 %, les dépenses publiques n'auraient pas dû augmenter au-delà de 2,3 %. Or, l'inflation n'a été que de 0,3 %, bien en deçà des prévisions gouvernementales. Pourtant, les dépenses de l'Etat ont progressé de 4,5 %. Voyez la différence ! Non seulement, le Gouvernement n'a pas tenu parole mais le dérapage des dépenses publiques est considérable puisqu'il dépasse, tenez-vous bien, 50 milliards de francs.

Ce dérapage semble d'ailleurs appelé à s'aggraver. En effet, loin de viser un redéploiement au sein de la fonction publique, le Gouvernement a opté pour de nouvelles créations nettes de postes de fonctionnaires. Les mesures prévues pour les retraites par M. Zuccarelli, précédemment ministre de la fonction publique, représentent également autant de bombes à retardement qui ne pourront que faire exploser la dépense publique dans les prochains mois et les prochaines années. Le Gouvernement dépense sans compter. Il engage, en outre, les finances publiques pour des années.

Le déficit initialement prévu pour 1999 était de 237,5 milliards de francs. L'année s'est en fait soldée par un déficit moindre, de l'ordre de 206 milliards de francs.

Ce résultat, dont on pourrait se réjouir, s'explique en fait par l'attribution de la fameuse cagnotte qui s'est faite de manière arbitraire et non démocratique puisque le Parlement a été écarté de tout débat portant sur son affectation. A quoi donc servent l'Assemblée nationale et le Sénat si le Gouvernement décide seul de l'utilisation de plusieurs dizaines de milliards de francs ? Le déficit pour l'année 1999 a donc été moins important que prévu pour une raison conjoncturelle et en aucun cas structurelle. En effet, si l'on ajoute à l'ampleur des plus-values fiscales issues de la croissance la décrue des charges de la dette, la réduction du déficit s'est opérée de manière mécanique et n'est en rien la conséquence d'une politique volontariste de la part du Gouvernement.

On ne peut alors que condamner son inaction irresponsable. Bénéficiant d'une réduction du déficit budgétaire dans laquelle il n'était pour rien, il n'a pris aucune disposition pour réduire davantage celui-ci. Il s'agit d'une attitude hasardeuse et coupable qui ignore la seule véritable mesure permettant de réduire le déficit en période de c roissance, c'est-à-dire la réduction des dépenses publiques.


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La France, en enregistrant les plus mauvaises performances en termes de déficits publics et de dette publique, apparaît donc bonne dernière parmi ses partenaires. Alors que tous les gouvernements européens se sont engagés dans un véritable effort de réduction de la dette publique, le gouvernement Jospin n'a été capable, tout au mieux que d'en réduire la progression.

Comment, dès lors, ne pas se sentir accablé à la lecture du rapport préliminaire établi par la Cour des comptes ? Avec un taux de croissance de 3,2 %, des recettes fiscales mécaniquement plus élevées, une inflation modérée et un recul du taux de chômage de près de 1 point,...

M. René Dosière.

Parlez-nous du chômage !

M. Gilbert Gantier.

... l'année 1999 accordait au pays une marge de manoeuvre exceptionnelle pour rétablir durablement les comptes. Force est de constater que les résultats du Gouvernement en matière d'assainissement financier sont des plus médiocres. La France est restée durant cette année au dernier rang en matière de déficit public. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Luxembourg, la Suède dégagent des excédents et remboursent leur dette pendant que la France enregistre un déficit budgétaire supérieur à 2 % du PIB, et continue par conséquent, mes chers collègues, à augmenter sa dette publique.

L'année 1999 est donc une année gâchée en matière budgétaire. Les réformes essentielles n'ont pas été entreprises, les finances publiques n'ont pas été assainies. Lors du retournement de conjoncture, nous ne pourrons que regretter cette absence de volontarisme et constater la dérive du déficit.

Ce refus d'assainir réellement les finances publiques et l'absence de transparence dans les comptes ne peuvent que conduire le groupe Démocratie libérale et Indépendants à voter contre ce projet de loi de règlement.

(Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)

Mme la présidente.

La parole est à M. Christian Cuvilliez.

M. Christian Cuvilliez.

Monsieur le secrétaire d'Etat, nous ne pouvons que nous féliciter de voir ce projet de loi de règlement du budget 1999 venir aujourd'hui devant nous. Comme vous l'avez dit tout à l'heure, le fait que nous puissions examiner lors d'une même séance la loi de règlement du budget 1998 et celle du règlement du budget 1999 témoigne d'une réelle amélioration dans l'organisation de notre travail. Bien sûr, il faut aussi remercier la Cour des comptes qui a publié son rapport avec un mois d'avance par rapport à l'exercice précédent, et le Gouvernement qui a déposé son projet de loi avec trois mois d'avance.

En débattant de ce que l'Etat a fait des sommes qu'il a été autorisé à percevoir en 1999 et en déterminant s'il a agi ou non en conformité avec l'autorisation parlementaire avant l'examen du budget 2001, on éclaire la portée et l'opportunité des choix que propose ce dernier, a déclaré notre rapporteur général. Naturellement, nous ne pouvons que partager son avis. L'examen du projet de loi de règlement mérite en effet d'être reconnu comme un temps fort du contrôle parlementaire.

Par parenthèse, je souhaite que soit étendue à l'organisation de tous les travaux de notre assemblée cette amélioration de l'organisation, et ce d'autant plus que le calendrier de la présente session nous paraît très chargé. Il ne serait donc pas extravagant qu'à l'avenir les textes financiers inscrits à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale au début du mois d'octobre se limitent à la loi de règlement de l'année n-1, à la loi de finances et à la loi de financement de la sécurité sociale.

Renforcer la légitimité de l'action publique et sa vocation à répondre aux besoins sociaux et à favoriser un développement durable, fondé sur le développement de toutes les capacités humaines, implique une dépense publique au service du développement économique et du progrès social. La loi sur le contrôle des fonds publics que notre assemblée vient d'adopter définitivement va permettre que s'ouvre à cet égard un chantier important.

Nous ne pouvons qu'apprécier l'effort réalisé dans la communication de compte rendus budgétaires ministériels de telle sorte que les lois de règlement ne se limitent pas à la simple description comptable de la dépense mais s'attachent aux réalisations et aux résultats des politiques publiques appréciées d'un point de vue qualitatif.

A cet égard, il y a certainement beaucoup de leçons à tirer de l'exercice 1999 qui, comme le note notre rapporteur, a effectivement été riche en rebondissements. Quelques-uns d'ailleurs ont été évoqués dans la discussion tout à l'heure.

On se doit ainsi de revenir sur le fameux débat sur la

« cagnotte » dont l'effet a été véritablement désastreux dans l'opinion. Si le terme « cagnotte » est effectivement impropre, il y a eu pour le moins une prudence excessive du Gouvernement dans l'évaluation des recettes.

M. Gilbert Gantier.

Quel aveu !

M. Christian Cuvilliez.

Nous estimons que rien ne doit pouvoir laisser penser à l'avenir que le Gouvernement pourrait avoir recours à des dissimulations de recettes fiscales dans l'objectif de mettre la représentation nationale devant le fait accompli s'agissant de l'affectation des fruits de la croissance ou, plus précisément, de plus-values de recettes fiscales.

Nous souhaitons vraiment que le Gouvernement associe, beaucoup plus en amont des prises de décisions, le Parlement, et notamment sa majorité dans la diversité de ses composantes.

L'exercice 1999 s'est inscrit dans une évolution économique plus favorable que prévu. La croissance, avec une progression de 2,9 % du PIB en volume, a été sensiblement supérieure aux prévisions initiales. Le rapport note justement le rôle positif de la détente monétaire joué par la Banque centrale européenne. Mais nous nous devons aussi de relever que, si cette politique monétaire plus expansive a soutenu la croissance, elle a en cela favorisé l'acquisition des titres financiers et le développement d es opérations de fusion-acquisition lancées par de grandes entreprises avec trop souvent comme conséquence immédiate l'exigence d'une rentabilité financière accrue, qui a pesé négativement sur l'emploi et les salaires.

Si 445 000 emplois ont ainsi été créés au cours de cette période, ce qui a permis de ramener le taux de chômage à 10,6 %, on se doit aussi de constater qu'il s'est agi majoritairement - c'est la conséquence des 35 heures et de ce que je viens de dire - d'emplois précaires et flexibles. Si la croissance a effectivement été plus riche en emplois, c'est donc surtout en « emplois pauvres », moins bien rémunérés en général.

Cette évolution qui s'est largement confirmée au cours de l'année 2000 - le ministre de l'économie et des finances l'a d'ailleurs reconnu tout à l'heure dans les questions d'actualité - se traduit par une stagnation du pouvoir d'achat des salaires et dans l'approfondissement


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d'inégalités encore moins supportables dans une période de croissance soutenue du fait du sentiment que le partage de la richesse est inégal.

Le rapport souligne à juste titre que la masse salariale progresse en 1999 de 3,9 %. Mais c'est principalement en raison des créations d'emplois. Le salaire mensuel de base se contente, quant à lui, de suivre l'évolution du coût de la vie et la part des salaires dans la valeur ajoutée ne progresse pas.

C'est dire que le cercle vertueux consommationi nvestissement-créations d'emplois-consommation-croissance demeure fragile. Il demanderait à être conforté par des mesures concernant aussi bien l'offre que la demande.

Nous aurons l'occasion d'y revenir dans le tout prochain débat budgétaire.

Si le budget, dans ses orientations et ses priorités, a indéniablement joué un rôle positif, son impact est à relativiser par le rapport au volume de la dépense.

Nous ne ferons certes pas au Gouvernement le procès d'avoir respecté les engagements qu'il avait pris lors de la loi de finances initiale. Mais nous considérons, et le bilan de l'exercice 1999 ne dément pas ce point de vue, qu'une politique budgétaire plus expansive, assortie d'incitations, notamment fiscales, plus efficaces en faveur de choix économiques plus favorables à l'investissement et à l'emploi - et non aux placements financiers - demeure une nécessité si l'on veut favoriser une croissance durable, plus riche en emplois stables et qualifiés et moins dépendante des aléas de la conjoncture internationale.

Cela vaut plus particulièrement aujourd'hui, alors que certains indices peuvent laisser craindre à un réel essoufflement de la croissance, dans un contexte où les taux d'intérêt devraient continuer à augmenter avec les conséquences que cela implique pour la dette publique et pour l'activité et alors même que persiste un risque réel de nouvelles turbulences financières. Cette voie serait, de notre point de vue, la meilleure manière de réduire durablement l'endettement public.

Force est de constater que les résultats obtenus en matière de réduction de la dette de l'Etat, tout comme le retour progressif à l'équilibre des comptes sociaux, ont été obtenus par une augmentation importante des rentrées fiscales - certains s'en plaignent, d'autres s'en réjouissent ; personnellement, je trouve ce constat normal - et des cotisations sociales consécutives à une conjoncture porteuse, accompagnée des créations d'emplois auxquelles la politique menée depuis 1997 a d'ailleurs indéniablement et largement contribué.

Le fait que les prélèvements obligatoires aient progressé en 1999 pour des raisons essentiellement mécaniques, comme le montre le rapport, ne nous choque pas.

Beaucoup plus que leur niveau, qui traduit avant tout l'existence d'une réponse solidaire aux besoins collectifs, notamment en matière de santé - et l'on sait qu'en France les services de santé sont plus développés que dans d'autres pays industriels - c'est le contenu et l'efficacité de ces prélèvements qui posent un problème et mériteraient d'être réorientés.

C'est cette priorité qui devrait caractériser avant tout une approche de gauche de la politique budgétaire. C'est dire l'enjeu du tout prochain débat sur la loi de finances pour 2001. Nous souhaitons à cet égard que le projet de budget puisse être infléchi pour tenir compte du nouveau contexte politique et social dans lequel nous sommes manifestement rentrés depuis l'été dernier et que le caractère déjà contrasté de la croissance en 1999 pouvait d'ailleurs déjà laisser entrevoir.

Nous approuvons les différentes remarques et réflexions de notre rapporteur visant à améliorer la transparence et la sincérité des comptes et à permettre que soit établi un vrai bilan de la mise en oeuvre des différentes politiques publiques.

Bien entendu, nous voterons ce projet de loi portant règlement du budget 1999.

M. Jean-Louis Idiart.

Très bien !

Mme la présidente.

La parole est à M. Michel Bouvard pour le groupe RPR.

M. Michel Bouvard.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, je voudrais d'abord, comme l'ont fait plusieurs collègues avant moi, saluer le progrès accompli dans la présentation de la loi de règlement, aussi bien en termes de délai que dans la qualité des documents, même si des progrès restent encore à accomplir sur ce dernier point. Je voudrais en remercier à la fois la Cour des comptes, dont le rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1999 était établi dès le mois de juin, ainsi que vos services, monsieur le secrétaire d'Etat.

Il s'agit d'un élément important pour nous permettre d'exercer pleinement notre travail de contrôle de l'exécution budgétaire. Quelle est en effet la signification d'observations formulées plus de deux ans après l'achèvement de l'année budgétaire, comme ce sera encore le cas pour l'exercice 1998 ? C'est important aussi pour éclairer la discussion budgétaire suivante, en vérifiant la validité des prévisions et des engagements.

Je partage, sur ce point, le souhait exprimé par le rapporteur général : il faut aller encore plus loin dans cette amélioration, avec une présentation conjointe de la loi de règlement et du débat d'orientation budgétaire, avant l'été, permettant notamment que la loi de règlement retrouve la place qui doit être la sienne.

Je m'arrêterai maintenant sur les chiffres de cette loi de règlement pour en tirer quelques enseignements sur la politique budgétaire menée par le Gouvernement, avant d'en venir à la pratique de l'exécution du budget 1999, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle aura été marquée par une rare opacité, justifiant plus que jamais la réforme de l'ordonnance de 1959.

Sur les chiffres, d'abord, si l'on peut se satisfaire d'une n ette amélioration du solde d'exécution budgétaire - 41,52 milliards, supérieur à celui des trois années précédentes -, le déficit reste néanmoins à plus de 200 milliards. Il représente ainsi 2,3 % du PIB, c'est-à-dire un niveau plus élevé que le déficit constaté lors de la dernière période de référence pour une croissance similaire, à savoir, en 1989, 100,4 milliards de francs, soit 1,6 % du PIB et, en 1990, 93,2 milliards, soit 1,4 % du PIB.

Ce résultat, qui ne relève pas d'une démarche de volontarisme politique mais d'un effet d'aubaine dû à la croissance, ne doit pas nous réjouir plus que de raison, car il a aussi son origine dans des prélèvements records et non pas dans une amélioration durable de la structure budgétaire de l'Etat.

Il suffit pour s'en convaincre de constater que la France a encore accru sa dette, en 1999, de 261 milliards pour atteindre, à la fin de l'exercice 4 319 milliards.

Si l'on se réfère aux critères européens sur les capacités de financement des administrations publiques, ce déficit du budget, malgré les améliorations constatées et le solde positif des collectivités locales et de la sécurité sociale, nous amène à 1,8 % du PIB de déficit public, alors que la moyenne de l'Union européenne s'établit à 1,2 % du PIB pour la zone euro et à 0,7 % pour l'Europe des


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Quinze. Enfin, la dette de l'administration publique représente en 1999, 58,7 % du PIB, six pays faisant mieux que nous en 1999, contre trois seulement en 1997.

Sans verser dans une idéologie de la réduction des déficits, que je n'ai personnellement jamais considéré comme une règle absolue devant primer sur toute autre, je ne peux que rappeler notre préoccupation face à une évolution qui ne peut qu'affaiblir progressivement le poids de la France dans les instances de l'Union européenne, en même temps qu'elle constitue une difficulté pour l'avenir.

Autre sujet de préoccupation, pour ne pas dire de vive inquiétude, l'accroissement soutenu des dépenses - 2,9 % en valeur - dont l'inflation supérieure à la prévision n'explique qu'une partie. Ce constat a d'ailleurs été fait par la Cour des comptes elle-même qui relève - et je pense que cela mérite d'être cité - que, « si l'augmentation des dépenses en volume devait se poursuivre à ce rythme, le succès des efforts de maîtrise des dépenses se trouverait compromis ». On ne peut être plus clair.

Cet accroissement de la dépense portant enfin principalement sur le fonctionnement, nous savons combien cela fragilise notre position pour l'avenir face à une remontée des taux d'intérêt qui s'amorce et alors même que les investissements indispensables à l'équipement du pays et à une croissance durable restent à un niveau extrêmement bas. Les dépenses civiles en capital, même si elles enregistrent une petite progression de 2,2 %, ne s'établissent qu'à peine à 99,5 milliards de francs, soit le niveau de 1997.

C ette faiblesse des dépenses d'investissement civil constitue, pour les élus que nous sommes, pour nos concitoyens, un problème majeur. Lorsque l'on constate, pour ne prendre que quelques exemples qui figurent dans les documents budgétaires qui nous ont été remis, que, pour le budget des routes, l'année 1999 marque un recul de 5 % par rapport à 1998, poursuivant un mouvement de baisse amorcé en 1997 - moins 1,4 % - accentué en 1998 - moins 4,5 % - alors même, puisque souvent vous faites référence à la dernière année pleine de la majorité précédente, qu'il y avait une hausse de 11,4 % en 1996 dans un contexte extrêmement difficile.

Si l'on s'intéresse au budget de la culture qui fait partie des six postes budgétaires où le titre V dépasse le milliard, l'on constate que l'amélioration des crédits ne se traduit pas par un effort accru en faveur de la protection du patrimoine dans l'ensemble du pays, mais par la mise en place de crédits exceptionnels pour deux seules opérations au Grand Palais et au Palais de Chaillot à Paris. Je cite à dessein ces deux exemples parce qu'ils se situent dans des domaines où le défaut d'investissement ne peut qu'accélérer le coût de ceux qu'il faudra engager plus tard et où toute situation est porteuse d'aggravation.

Si l'on examine maintenant la situation du titre VI sur les subventions accordées par l'Etat qui permettent d'assurer des investissements, la situation n'est guère meilleure. Ainsi, le budget de l'aménagement du territoire régresse-t-il de 7 % pour ne plus représenter que 1,3 milliard de francs. Il en va, certes, différemment - sans doute pour des raisons politiques - de l'environnement où les crédits sont en progression. Mais cela ne se traduit pas forcément par une amélioration, puisque la Cour des comptes constate que le gonflement des dotations de ce ministère est de plus en plus difficilement gérable au fil des années et que les crédits mis en place ne sont pas consommés.

Il est donc clair que l'amélioration du solde budgétaire ne provient que de l'accroissement de recettes et ne traduit aucune amélioration structurelle et durable de notre budget. C'est donc à des prélèvements records sur les Français, que ce soient les particuliers ou les entreprises, que cette amélioration est due.

Les recettes fiscales nettes, déduction faite des remboursements et des dégrèvements - ces derniers en diminution - ont augmenté de 113,4 milliards de francs, soit une hausse de 7,8 %, soit une progression deux fois plus rapide que celle du produit intérieur brut.

Si la hausse de l'impôt sur les sociétés, de 25 %, trouve, il est vrai, son explication dans l'amélioration de la conjoncture économique et des performances des entreprises, la progression de 10 % de l'impôt sur le revenu traduit, quant à elle, un accroissement du nombre des contribuables et de la pression fiscale. Certes, j'ai entendu les explications de la majorité sur le retour à l'imposition d'anciens chômeurs, c'est exact...

M. René Dosière. Eh oui ! M. Michel Bouvard. ... mais ce n'est pas la seule explication. Il en existe au moins deux autres : le retour à l'assujettissement à l'IRPP de petits contribuables imposables à la marge, en raison de la faiblesse du taux d'actualisation du barème, et bien sûr, il y a la conséquence de la baisse du quotient familial décidée par votre majorité qui a brutalement accru la pression sur les familles avec un prélèvement supplémentaire de 4 milliards de francs.

M. René Dosière. Ce sont des familles aisées, très aisées même ! M. Charles de Courson. Vous ne connaissez pas la réalité, monsieur Dosière ! M. Michel Bouvard. Tout à l'heure M. Augustin Bonrepaux a fait valoir qu'il s'agissait là de la contrepartie du rétablissement des allocations familiales. Mais peut-on dire à quelqu'un : je prends votre montre, puis, je vous la rends et je prends vos chaussures, et considérer qu'il s'agit d'une amélioration ? M. René Dosière. Votre exemple est un peu excessif ! M. Michel Bouvard. Tel est pourtant bien le cas de figure dans lequel nous nous trouvons après les amputations budgétaires effectuées par l'Etat sur les familles.

Cette évolution des recettes résulte aussi de la création de nouveaux impôts comme la taxe générale sur les activités polluantes dont le rendement par rapport aux impôts précédents s'est accru de façon patente.

Conséquence logique, les prélèvements obligatoires atteignent un nouveau sommet à 45,6% du PNB, après la énième promesse de diminution du Gouvernement qui, chaque année, annonce une baisse - pour 1999, c'était 0,2% - pour se réfugier l'année suivante dans une explication sur la hausse mécanique des prélèvements due à la croissance. Ce discours convainc de moins en moins de Français, et aboutit à un rejet de l'impôt par un nombre croissant de nos concitoyens.

Pour nous qui sommes attachés à la contribution du plus grand nombre au fonctionnement de l'Etat et à l'organisation des solidarités au sein de la nation, cette évolution est préoccupante, car si nous n'y prenons garde elle risque de remettre en cause l'un des fondements de l'Etat républicain.

« Trop d'impôt tue l'impôt », disait un président disparu. Trop d'impôt tue la légitimité de l'impôt peut-on ajouter aujourd'hui, avec les conséquences que cela peut avoir pour l'avenir.


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Nous sommes là au coeur du débat et c'est sans doute cette hausse des prélèvements, traduite dans des recettes fiscales record, qui a conduit le Gouvernement, conscient de l'état d'esprit de nos concitoyens - et pour éviter la tendance naturellement dispendieuse d'une partie de sa majorité toujours prompte à accroître les dépenses de fonctionnement - à cette malheureuse affaire de la cagnotte. Malheureuse car la terminologie retenue accrédite l'idée d'une manne à répartir alors que la dette demeure à un niveau record.

Cet épisode pose le problème de la transparence de l'exécution budgétaire, tout comme celui du contrôle parlementaire sur les comptes publics dont je rappelle qu'il est inscrit dans deux articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Tout au long de l'exercice 1999, le Parlement s'est efforcé de connaître la vérité sur les chiffres du budget.

L e débat d'orientation budgétaire pour 2000, en juin 1999, a été pour notre groupe l'occasion d'exprimer ses doutes sur les recettes affichées par le Gouvernement, tout comme le débat sur la loi de finances rectificative pour 1999.

Le 8 décembre dernier, lors du débat sur le projet de loi de finances rectificative, je parlais de « texte virtuel reposant sur des hypothèses erronées pour ne pas dire fictives ». Nous avons, en juin comme en décembre, apporté la démonstration, avec Philippe Auberger et Gilles Carrez, du décalage entre les chiffres réels et ceux annoncés par le Gouvernement.

Le ministre des finances de l'époque a alors protesté de sa bonne foi, nous renvoyant à ce qu'il appelait des chimères.

M. Charles de Courson. Hélas ! M. Michel Bouvard. Le débat sur les comptes de 1999 s'est encore poursuivi au début de cette année, atteignant son point culminant, monsieur le rapporteur général, avec votre descente à l'agence comptable du Trésor afin de recueillir toutes les informations souhaitées sur les opérations de fin d'exercice. Où est la transparence ? Le récent rapport de la commission des finances du Sénat sur le fonctionnement des services de l'Etat dans l'élaboration et l'exécution des projets de loi de finances est révélateur de certaines pratiques et accablant pour ce qui est du respect du Parlement, dont le Premier ministre nous disait pourtant dans son discours d'investiture, en juin 1997, vouloir revaloriser le rôle.

Ayant peu de goût pour la polémique, je ne souhaite pas prolonger plus avant ce propos, ni détailler les épisodes de ce feuilleton au cours duquel on a même découvert, si l'on en croit le rapport du Sénat, qu'il existait deux versions de certains documents budgétaires, l'une pour le Parlement, l'autre pour le Gouvernement.

M. Charles de Courson. Tout à fait ! M. Michel Bouvard. Après avoir condamné ces pratiques, je souhaite sincèrement, comme les parlementaires du groupe RPR, que nous parvenions, au-delà de nos divergences sur les orientations du budget, à assurer la transparence des informations. Le ministre des finances s'y est engagé dès sa prise de fonction, je lui en donne acte.

Pourtant je constate que, cette année encore, alors que le projet de loi de finances rectificative pour 2000 n'était pas encore promulgué - puisqu'il l'a été le 14 juillet -, le Gouvernement annonçait le 11 juillet, donc après la fin de la session parlementaire, un surplus de 30 milliards de francs de recettes. L'on peut s'interroger sur les raisons pour lesquelles ces recettes n'ont pas été mises en discussion lors du débat sur le projet de loi de finances rectificative.

La réforme de l'ordonnance de 1959 constituera, de ce point de vue, un test de l'acceptation par le Gouvernement d'un contrôle renforcé et de pouvoirs accrus du Parlement en termes de procédure budgétaire. Dans le même ordre d'idées, il est souhaitable que notre mission d'évaluation et de contrôle soit, elle aussi, mieux entendue.

En conclusion, vous comprendrez, mes chers collègues, qu'au regard des données de la loi de règlement de 1999 et du constat qu'elle ne traduit pas une amélioration durable de nos structures budgétaires, tout comme au regard de la pratique du Gouvernement au cours de l'année 1999, il ne soit pas possible aux députés RPR d'approuver la loi de règlement. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)

Mme la présidente.

La discussion générale est close.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Mesdames, messieurs les députés, je vais répondre aux critiques que je viens d'entendre et remercier les membres de la majorité plurielle pour les encouragements qu'ils ont prodigués, ce qui m'évitera d'intervenir longuement dans la discussion en deuxième lecture de la loi de règlement de 1998 qui viendra en discussion ensuite et sur laquelle le débat devrait être plus rapide puisque les principales questions auront déjà été abordées.

M. Jean-Jacques Jégou.

Vous ne voulez tout de même pas refuser le débat, monsieur le secrétaire d'Etat ?

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Non, je préfère qu'il y ait débat. En tant qu'ancien parlementaire, j'y attache toujours énormément de prix.

M. Michel Bouvard.

Nous n'en doutons pas !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Merci. Monsieur le rapporteur général, vous avez, tout en soulignant les progrès qui restent encore à accomplir, souligné ceux et ils sont décisifs qui viennent d'être enregistrés. En cela, d'ailleurs, M. Cuvilliez vous a rejoint et je le remercie de ses appréciations positives.

Les progrès accomplis sont nets : raccourcissement des délais, mise en oeuvre de comptes rendus de gestion, modernisation sensible de la présentation du compte général de l'Etat. Cependant, comme vous nous y invitez, monsieur le rapporteur général, mesdames, messieurs les députés, nous avons l'intention de progresser encore dans cette voie, en particulier pour ce qui est du périmètre des opérations comptabilisées en droits constatés, et de l'évaluation des charges de retraite des fonctionnaires.

Mes collègues, M. Laurent Fabius et Mme Florence Parly, tiendront ces engagements, dans la ligne que nous nous sommes fixée collectivement : celle d'une grande transparence, pour plus d'efficacité du contrôle parlementaire.

Je dois remercier M. Augustin Bonrepaux de ses remarques de bon sens sur l'évolution des recettes fiscales et sur les prélèvements sur recettes. Elles constituent un utile contrepoids aux amalgames pratiqués par ailleurs, certes très brillants dans la forme, monsieur le député de Courson, mais quelque peu erronés quant au fond.

M. Charles de Courson.

Nous allons en discuter !


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M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Je traiterai donc d e cinq sujets évoqués dans les interventions de MM. de Courson, Gantier et Bouvard, le premier étant le reproche de sous-évaluation des recettes.

Il est vrai que la prévision de taux de croissance pour 1999 a été particulièrement délicate, ce qui a incité à une grande prudence en matière de prévision der ecettes. En effet, chacun le sait, en particulier M. de Courson, les recettes sont très corrélées à la croissance. Or, cette année-là, le décalage a été grand entre le dynamisme persistant des recettes et l'activité économique sous-jacente. Alors que, normalement, les recettes augmentent parallèlement au taux de croissance du PIB - on l'a souvent constaté dans le passé - elles ont alors progressé presque de 2,2 fois plus vite, ce qui était absolument imprévisible.

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Il n'y avait plus de provisions à constituer.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

De plus, tout au long de l'année, les recouvrements de recettes ont été perturbés par des effets calendaires, qu'il ne faut pas passer sous silence :...

M. Charles de Courson.

J'en ai parlé !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

... dynamisme pendant la première moitié de l'année des recouvrements d'impôts sur le revenu, en raison des retards importants de la campagne de l'année précédente ; abaissement du seuil pour le versement obligatoire de la TVA et de l'impôt sur les sociétés par virement - n'oubliez pas ce détail technique ! -, médiocrité des recouvrements de TVA jusqu'à l'automne, j'en passe.

Ces phénomènes exceptionnels ont compliqué l'analyse du dynamisme des recouvrements. Néanmoins, si on le compare soit aux années précédentes, soit à ce qui s'est passé dans les pays voisins, la situation française de 1999, qui fait l'objet de vos critiques acides, n'est pas du tout atypique.

Ainsi l'écart observé en 1999 entre les recettes prévues et les recettes exécutées se compare favorablement à celui d'autres années. Il représente en effet 2 % du total des recettes, soit 31 milliards, contre 3,8 % en 1988, 3,2 % en 1987, 2,2 % en 1989, 1,5 % en 1997. La comparaison avec les pays donne un écart du même ordre de grandeur.

En termes de prévisions de recettes, les gouvernements conservateurs qui nous ont précédés ont dû faire face à des situations identiques, que je veux rappeler, car vous devez aussi répondre de cela dans votre raisonnement. Il y a ainsi eu de fortes plus-values de recettes que vous n'aviez pas anticipées en 1997 : 30 milliards de francs - et de l'époque - par rapport à la loi de finances initiale, et 13 milliards par rapport au collectif. Il s'agit donc de sommes bien plus élevées que vous n'aviez pourtant pas prévues.

Inversement, en 1996, ont été relevées de fortes moinsvalues de recettes : 41,5 milliards de recettes par rapport à l'évaluation initiale et 19 milliards par rapport au collectif.

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Ils ne savent pas compter.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Par conséquent de quel droit montez-vous à cette tribune pour nous fustiger et nous critiquer avec quelque peu de légèreté alors que la situation était bien plus grave quand vous étiez au Gouvernement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Les chiffres sont les chiffres !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Votre deuxième critique est que nous ne tiendrions pas la dépense publique. A cet égard, j'ai deux éléments de réponse.

D'abord, il faut comparer ce qui est comparable. Ainsi, un orateur de la majorité a très heureusement souligné que des changements de périmètre importants étaient intervenus entre la loi de finances pour 1998 et celle pour 1999. J'en donne deux exemples.

Le premier est le transfert vers le budget général de crédits précédemment inscrits dans des comptes d'affectation spéciale pour un total de 4,8 milliards de francs. Il s'est agi d'une rebudgétisation, conformément au voeu exprimé par la Cour des compte dans un souci de transparence. Le deuxième exemple est la traduction budgétaire de l'élargissement du périmètre d'action de l'Etat qui a représenté plus de 14,8 milliards.

Ces deux changements conjugués, qui ne sont que deux illustrations, ont ajouté 19,5 milliards de francs de dépenses au budget général et contribué à sa croissance à hauteur de 1,1 %.

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Mais il le sait !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Ils montrent que votre raisonnement pèche par l'absence de prise en compte de véritable éléments techniques qui caractérisent l'année 1999.

M. Jean-Louis Idiart.

C'est un pécheur, mais un pêcheur de la Marne !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

En réalité vous cachez certains faits pour les besoins de votre démonstration.

Ensuite, l'exercice 1999 a enregistré des dépenses à caractère exceptionnel. M. Bonrepaux l'ayant souligné à juste titre, je n'y reviens pas, me contentant de citer les principaux : remboursement par l'Etat de l'emprunt souscrit par l'UNEDIC en 1993 - 10 milliards de francs, excusez du peu -, dépense qui grève le taux d'évolution des charges du budget général à hauteur de 0,8 point supplémentaire ; coût des intempéries qui ont frappé notre pays au mois de décembre 1999 : 13 milliards de francs.

M. Charles de Courson.

Cela ne concerne pas le budget de 1999, mais celui de 2000 !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Troisième critique : M. de Courson estime que nous sous-estimons le déficit de l'année 2000 en anticipation de la loi de finances. En affirmant cela il va, pour les besoins de sa démonstration, plus vite que la musique, anticipant largement sur le collectif de fin d'année. Nous en reparlerons plus précisément à ce moment-là.

M. Jean-Jacques Jégou.

On verra !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

En effet, vous ne pouvez pas soutenir cette thèse sans savoir ce que comprendra le collectif budgétaire.

M. Charles de Courson.

Grosso modo, nous le savons !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Quatrième critique : vous évoquez l'évolution des prélèvements obligatoires. Parlons-en donc mais sans oublier leur corollaire que constitue l'évolution de la masse fiscale prélevée par l'Etat.


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En la matière, monsieur de Courson et vos collègues, pouvez-vous donner des leçons au Gouvernement et à la majorité, alors qu'entre 1993 et 1997 les prélèvements obligatoires, sous votre majorité de droite, ont augmenté de deux points ?

M. Charles de Courson.

Pour boucher vos trous ! (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Et les déficits sous Balladur ?

M. Jean-Jacques Jégou.

Trois points de différence et 200 milliards de déficit supplémentaire !

Mme la présidente.

Mes chers collègues, seul M. le secrétaire d'Etat a la parole.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Nous sommes donc obligés, puisque la comparaison en termes de prélèvements obligatoires vous est défavorable,...

M. Charles de Courson.

Pas du tout !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

... d'aborder le deuxième sujet sur lequel vous voulez critiquer le Gouvernement et sa majorité en la matière : les baisses ou les hausses d'impôt. A cet égard, pouvez-vous nous donner des leçons quand M. Juppé, en deux ans, a augmenté les impôts de 120 milliards,...

M. Charles de Courson.

Et réduit le déficit !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

... alors qu'entre 1997 et 2003 nous aurons baissé la totalité des impôts de 250 milliards ? Telle est la réalité. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Charles de Courson.

Non, ils vont augmenter !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

La comparaison est à établir entre 120 milliards de hausse selon la politique du gouvernement Juppé et 250 milliards de baisse avec le gouvernement Jospin.

M. Jean-Jacques Jégou.

On peut toujours se faire plaisir !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

En fait, vous nous reprochez nos succès économiques, car votre raisonnement est fondamentalement basé sur le fait qu'il y a une croissance économique forte et que cela change les données de l'observation.

M. Jean-Jacques Jégou.

Voilà qui est plus honnête.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

La croissance économique est forte, vous devez le reconnaître.

M. Michel Bouvard.

On l'a dit.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Les chiffres que je vais vous donner vont vous amener à l'admettre encore mieux.

La forte progression de la croissance économique en 1998 s'est traduite par une nette augmentation des revenus...

M. Augustin Bonrepaux.

Bien sûr.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

... qui a atteint 14 % pour les entreprises et 3,8 % pour les ménages.

Cela a entraîné mécaniquement pour 1999 des rentrées fiscales plus dynamiques que les allégements d'impôts décidés, c'est-à-dire suppression de la part salariale de la taxe professionnelle, baisse de la TVA sur les abonnements d'électricité, réduction des droits d'enregistrement.

En 2000, en revanche, la baisse du taux des prélèvements obligatoires devrait être plus forte. En effet les baisses d'impôt ont déjà été inscrites à hauteur de 40 milliards dans le projet de loi de finances et de 40 milliards dans le collectif de printemps. Cela contribuera à réduire fortement les prélèvements obligatoires, leur baisse pouvant atteindre un demi-point en 2000, ce qui nous ramènerait en dessous du niveau de 1997.

M. Jean-Jacques Jégou.

Champagne !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Parions plutôt une bouteille de mirabelle vosgienne. (Sourires.)

Votre dernière critique concerne la dette. Entre 1991 et 1996, le ratio d'endettement s'est accru à un rythme particulièrement élevé, monsieur Gantier : quatre points de PIB. Depuis il s'est stabilisé et il a même commencé à décroître pour la première fois depuis vingt ans à partir de 1999.

M. Michel Bouvard.

Parce qu'il y a eu beaucoup de recettes et que les taux d'intérêt ont baissé !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

A cet égard je veux vous renvoyer au petit livret intitulé L'Exécution du budget de 1999 , excellent travail réalisé par la commission des finances et le rapporteur général, dont je tiens à souligner la qualité.

On peut ainsi y lire, page 11 : « La baisse du déficit - elle est bien le fait de la gauche ! - permet d'améliorer significativement en 1999 le ratio dette/PIB et de le faire descendre sensiblement sous la barre des 60 % - en fait il s'agit de 56,8 %, selon les calculs du rapporteur général ce qui constituait un objectif prioritaire de la politique budgétaire. »

M. Michel Bouvard.

Grâce à la croissance !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Vous m'interrompez parce que vous savez que cet argument est pertinent.

Ecoutez la suite : « Pour la première fois depuis 1991, le déficit budgétaire est inférieur à la charge nette de la dette, qui s'établit à 222,7 milliards de francs, reculant par rapport à 1998... »

S'il fallait une preuve de la rigueur de la gestion, de la qualité de l'orientation que nous avons imprimée à la dépense publique et aux recettes publiques, de la qualité de la gestion budgétaire par rapport à la situation que vous nous avez léguée, en voilà une et elle est décisive.

Oui, je pense qu'il faut que l'Assemblée nationale adopte la loi de règlement pour 1999. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

Discussion des articles

Mme la présidente.

J'appelle maintenant, dans les conditions prévues par l'article 91, alinéa 9, du règlement, les articles du projet de loi dans le texte du Gouvernement.

Article 1er

Mme la présidente.

« Art. 1er Les résultats définitifs de l'exécution des lois de finances pour 1999 sont arrêtés aux sommes mentionnées ci-après.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

C HARGES (en francs) R

ESSOURCES (en francs) A. - Opérations à caractère définitif Budget général Recettes (a)

...........................................................................

.................

1 840 658 081 406,50 A déduire : Dégrèvements et remboursements d'impôts

............................. 329 135 973 898,38 1 511 522 107 508,12 Dépenses ordinaires civiles

.............................................................

1 778 090 171 365,86 A déduire : Dégrèvements et remboursements d'impôts

............................. 329 135 973 898,38 1 448 954 197 467,48 Dépenses civiles en capital

...........................................................................

....................................

99 465 041 287,56 Dépenses militaires

...........................................................................

...................................................

178 345 124 832,86 Total pour le budget général

...........................................................................

................

1 726 764 363 587,90 (b) 1 511 522 107 508,12 Soldes du budget général

...........................................................................

......................................

215 242 256 079,78 Comptes d'affectation spéciale Recettes

...........................................................................

.........................................................................

64 580 677 041,34 Dépenses ordinaires civiles

...........................................................................

....................................

20 744 891 381,13 Dépenses civiles en capital

...........................................................................

....................................

40 640 124 903,72 Total pour les comptes d'affectation spéciale

............................................................

61 385 016 284,85 64 580 677 041,34 Solde des comptes d'affectation spéciale

...........................................................................

.........

3 195 660 756,49 Totaux (budget général et comptes d'affectation spéciale)

...................................

1 788 149 379 872,75 1 576 102 784 549,46 Budgets annexes Aviation civile

...........................................................................

.............................................................

8 978 521 670,31 8 978 521 670,31 Journaux officiels

...........................................................................

......................................................

1 237 610 223,62 1 237 610 223,62 Légion d'honneur

...........................................................................

.......................................................

121 099 814,92 121 099 814,92 Monnaies et médailles

...........................................................................

.............................................

1 112 998 641,85 1 112 998 641,85 Ordre de la Libération

...........................................................................

.............................................

5 014 031,00 5 014 031,00 Prestations sociales agricoles

...........................................................................

................................

95 747 266 110,79 95 747 266 110,79 Totaux budgets annexes

...........................................................................

.........................

107 202 510 492,49 107 202 510 492,49 Totaux des opérations à caractère définitif (A)

.........................................................

1 895 351 890 365,24 1 683 305 295 041,95 Solde des opérations à caractère définitif (A)

...........................................................................

212 046 595 323,29 » B. - Opérations à caractère temporaire Comptes spéciaux du Trésor Comptes d'affectation spéciale

...........................................................................

.............................

16 398 428,70 115 705 927,09 Comptes de prêts

...........................................................................

......................................................

6 470 815 845,84 6 413 555 195,33 Comptes d'avances

...........................................................................

...................................................

439 156 475 641,02 443 409 968 549,61 Comptes de commerce (solde)

...........................................................................

............................. 2 135 778 640,04 » Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde)

....................................

9 571 357,01 » Comptes d'opérations monétaires (solde hors FMI)

................................................................

376 344 698,53 » Totaux des opérations à caractère temporaire (B)

...................................................

443 893 827 331,06 449 939 229 672,03 Solde des opérations à caractère temporaire hors FMI (B)

.................................................. »

6 045 402 340,97 Solde d'exécution des lois de finances hors FMI (A + B)

.......................................................

206 001 192 982,32 » Solde d'exécution des lois de finances hors FMI, hors FSC

................................................

206 001 597 741,11 » (a) Après déduction des prélèvements sur recettes de l'Etat (267 704 944 685,13 F) au profit des collectivités locales et des Communautés européennes.

(b) Le montant des dépenses brutes du budget général s'établit à 2 055 900 337 486,28 F.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

Sur cet article deux orateurs sont inscrits.

La parole est à M. Jean-Jacques Jégou.

M. Jean-Jacques Jégou.

Mes chers collègues rassurezvous, je ne répondrai pas directement au secrétaire d'Etat, même si sa passion et sa fougue l'ont fait quelque peu dérapé. Je me bornerai à revenir sur les observations formulées par Charles de Courson au nom du groupe UDF dans son intervention d'une grande qualité, parce qu'elle était fondée sur le rapport de la Cour des comptes.

On ne peut, certes, mes chers collègues, que se féliciter du raccourcissement des délais de présentation des lois de règlement, mais il faut savoir que nous le devons au travail de la Cour des comptes. Celui-ci a lui-même été amélioré. Il suffit, pour s'en convaincre, de prendre cinq exemples dans son rapport que M. Dosière a cité.

Premièrement, la privatisation du GAN n'a pas été comptabilisée et il n'y a pas eu de report. Deuxièmement, plus de 11 milliards ont été portés au compte d'imputation provisoire, mais cette somme n'a jamais été atteinte.

Troisièmement, des recettes non fiscales ont été mises en réserve. Quatrièmement, certaines opérations ont été prises en compte irrégulièrement : 3 milliards de francs à la caisse centrale, versement de 640 millions au titre des opérations effectués par la COFACE et, enfin versement de 400 millions à l'Intexis. Enfin, plus grave encore, sont mises en cause aux pages 379 et 380 des opérations irrégulières au regard des règles actuelles de comptabilité publique.

M. René Dosière.

Il n'y a pas que cela dans le rapport de la Cour des comptes !

M. Jean-Jacques Jégou.

Rien de tout cela n'est inventé par l'opposition. Nous nous bornons à citer le rapport de la Cour des comptes.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Ce sont des détails, élevez-vous !

M. Jean-Jacques Jégou.

M. Joxe nous a d'ailleurs entretenu régulièrement de ces sujets et M. le rapporteur général, avec lequel je suis heureux de travailler au sein de la MEC, l'a lui-même souligné dans son intervention.

Il a été assez critique, mais, appartenant à la majorité, il ne pouvait pas demander que l'on vote contre cette loi de règlement du budget de 1999.

Cela étant, il est indispensable, monsieur le secrétaire d'Etat, au-delà des arguments que l'on peut se renvoyer, que le Parlement soit saisi de lois de finances plus sincères, plus transparentes, afin qu'il puisse remplir la mission pour laquelle il a été créé : contrôler le Gouvernement. Nous le demandons d'autant plus fortement que nous avons désormais la possibilité d'examiner l'exécution des lois de finances dans des délais brefs.

M. René Dosière.

C'est bien ce que fait le rapporteur général !

Mme la présidente.

La parole est à M. Charles de Courson.

M. Charles de Courson.

Mes chers collègues. M. le secrétaire d'Etat ne nous a absolument pas répondu sur l'exécution du budget de 1999. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Il vous a répondu ; il vous a même écrasé !

M. Charles de Courson.

Attendez au moins d'entendre mes arguments ! (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)

Monsieur le secrétaire d'Etat, dans le rapport économique et financier, rédigé non par moi mais par les services ministériels, il est précisé que la part des dépenses publiques, tous secteurs confondus, est passée de 54 % du PIB en 1998 à 53,9 % en 1999.

M. Henri Emmanuelli, président de la commission.

Il vous a parlé de l'extension du périmètre !

M. Charles de Courson.

Pour les seules dépenses de l'Etat, le taux a été porté de 23,6 % à 23,8 %. Compte tenu du fait que cette augmentation de 0,2 % des dépenses de l'Etat n'a pour contrepartie qu'une réduction de 0,1 % des dépenses de la sécurité sociale, l'ensemble des dépenses relevant de l'Etat - c'est-à-dire Etat et sécurité sociale - a bien augmenté, monsieur le secrétaire d'Etat, de 0,1 % de PIB, contrairement à vos affirmations.

En ce qui concerne les recettes, vous ne pouvez pas contester la très forte hausse des prélèvements obligatoires : 0,8 % en 1999, dont 0,7 % imputable au seul

Etat. A cet égard, toutes vos explications sont nulles et non avenues. Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une surprise.

Pour vous en convaincre, monsieur le secrétaire d'Etat, reprenez les remarques que j'avais présentées à votre prédécesseur ici même sur la sous-évaluation des recettes fiscales : nous savions parfaitement qu'on allait vers une très forte hausse.

C'est sans doute pourquoi, en début d'année, vous avez élaboré à la hâte un collectif budgétaire pour essayer de rendre une partie des considérables plus-values fiscales réalisées. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait dès 1999 alors que vous saviez pertinemment quelle était l'évolution ? J'en viens à un argument qu'adore utiliser la gauche : la comparaison entre les actions du gouvernement Juppé et le vôtre. A ce propos, je vais vous donner des chiffres parlants.

En quatre ans, les gouvernements Balladur et Juppé ont ramené le déficit de l'ensemble des finances publiques de 6,2 % - record historique quand nous sommes arrivés au pouvoir en mars 1993 : 6 % en exécution du budget de 1993, plus 0,2 % parce que nous avons pris immédiatement des mesures d'urgence - à 3,2 %. Notre majorité a donc diminué de trois points le déficit public, soit près de la moitié !

M. René Dosière.

Et l'accroissement de la dette publique ?

M. Charles de Courson.

Cette réduction a été opérée à 70 % en augmentant les prélèvements obligatoires, qui ont alors connu une hausse de 1,8 point et à 30 % grâce à une politique d'économies.

M. Christian Cuvilliez.

En provoquant la plus grande grève générale depuis la guerre !

M. Charles de Courson.

Venons-en à ce que vous avez fait.

M. Jean-Louis Idiart.

Cela a été débattu !


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

M. Charles de Courson.

Entre mai 1997 et fin 1999, vous avez réduit le déficit de 1,4 point et vous avez augmenté les prélèvements obligatoires de 1 point, c'est-àdire que vous avez obtenu 70 % de réduction du déficit de l'ensemble des finances publiques par augmentation de la pression fiscale.

Vous pourriez dire qu'il y a égalité puisque 70 % de la réduction du déficit ont été obtenus par une augmentation des prélèvements obligatoires.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Permettez-moi de vous interrompre !

M. Charles de Courson.

En fait, cependant, le taux des prélèvements obligatoires a augmenté depuis votre arrivée a u pouvoir puisqu'il a été de 45,7 % en 1999, contre 44,7 % alors et non pas 44,9 %, puisque vous avez augmenté la pression fiscale de 22 milliards par des mesures d'urgence, ce qui correspond à un accroissement de 0,2 %. Vous avez donc accru d'un point les prélèvements obligatoires pour réduire de 3,2 % à 1,8 %, c'est-à-dire de 1,4 %, les déficits publics. Les prélèvements obligatoires ont donc bien connu une hausse correspondant à 70 % de la réduction du déficit public, comme cela avait été le cas avec M. Juppé.

M. René Dosière.

C'est pourtant vous qui avez été battus en 1997 !

M. Charles de Courson.

La grande différence entre les deux, c'est que l'argent vous tombait dessus, au point que vous ne saviez qu'en faire (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste)...

M. Jean-Louis Idiart.

C'est le déficit qui nous est tombé dessus !

M. Charles de Courson.

... parce que la croissance économique a été très forte dans tous les pays occidentaux, alors que, en mars 1993, nous sommes arrivés au pouvoir en une période de dépression économique, à laquelle nous avons dû faire face.

M. Charles de Courson.

Voilà la vérité ! La gauche a reproché à M. Alain Juppé d'avoir augmenté les impôts.

Bien sûr ! pour boucher, pour 70 %, les énormes trous que vous aviez creusés ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Et vous ? 100 milliards en 1999 ! Sur le seul budget de l'Etat ! Et 200 milliards sur les prélèvements obligatoires, Etat et sécurité sociale ! Je vous l'ai dit tout à l'heure, vous ne pouvez pas le contester !

M. Jean-Louis Idiart.

Il veut toujours avoir raison !

M. Charles de Courson.

La vérité vous gêne, certes, mais je ne fais que lire les documents publiés par votre administration, autrement dit le rapport économique et financier. Voilà la dure réalité, elle se résume en un mot : le laxisme budgétaire qui vous caractérise depuis votre arrivée au pouvoir (Protestations sur les bancs du groupe socialiste) vous conduira dans le mur dès qu'il y aura...

M. Jean-Jacques Jégou.

Un retournement de situation ! M. Charles de Courson ... un retournement économique. Il y en aura forcément un, le plus tard possible je le souhaite, mais ce n'est pas nous qui choisirons, ni vous, ni moi. A ce moment-là, vous irez dans le mur car, de surcroît, vous avez fait exploser les dépenses de fonctionnement et vous avez contracté des dépenses d'investissement. Voilà votre politique, c'est ce que j'appelle une politique à la petite semaine !

M. Christian Cuvilliez.

Rendez-vous dans dix ans !

Mme la présidente.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat.

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Sans allonger le débat, je veux répondre à M. Charles de Courson, en utilisant l'excellent rapport de M. Didier Migaud, pour lui rappeler les faits suivants.

M. Charles de Courson.

Oui, les faits ! M. le secrétaire d'Etat à l'industrie. Le ratio des finances publiques, c'est-à-dire le rapport entre le déficit public total - pas seulement l'Etat mais l'ensemble des agents publics - et le produit intérieur brut est passé de 2,4 % en 1992 à 4,2 % en 1996, dernière année pleine du gouvernement conservateur.

M. Jean-Jacques Jégou.

Epargnez-nous ce genre de qualificatifs !

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

C.Q.F.D.

! Vous avez pratiquement doublé le déficit public par rapport au PIB. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe socialiste.)

M. Charles de Courson.

N'importe quoi ! Lisez les documents budgétaires !

M. le président.

Je mets aux voix l'article 1er

(L'article 1er est adopté.)

Article 2 et tableau A annexé

Mme la présidente.

« Art. 2. - Le montant définitif des recettes du budget général de l'année 1999 est arrêté à 1 840 658 081 406,50 F. La répartition de cette somme fait l'objet du tableau A (1) annexé à la présente loi. »

Je mets aux voix l'article 2 et le tableau A annexé.

(L'article 2 et le tableau A annexé sont adoptés.)

Article 3 et tableau B annexé

Mme la présidente.

Le montant définitif des dépenses ordinaires civiles du budget général de 1999 est arrêté aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les crédits ouverts sont modifiés comme il est dit au même tableau et répartis par ministère, conformément au tableau B annexé (1) à la présente loi.

(1) Voir ce tableau dans le projet no 2534 (annexes).


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

D ÉSIGNATION

DES

TITRES D ÉPENSES (en francs) AJUSTEMENTS DE LA

LOI DE RÈGLEMENT Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) I. - Dette publique et dépenses en atténuation de recettes

....

590 879 535 200,26 14 804 143 798,70 668 808 598,44 II. - Pouvoirs publics

...........................................................................

.. 4 658 498 629,88 » 1 651 870,12 III. - Moyens des services

...................................................................

671 273 310 833,17 872 911 798,67 5 027 570 514,50 IV. - Interventions publiques

..............................................................

511 278 826 702,55 682 080 690,93 2 831 981 031,38 Totaux

...........................................................................

..................

1 778 090 171 365,86 16 359 136 288,30 8 530 012 014,44 Je mets aux voix l'article 3 et le tableau B annexé.

(L'article 3 et le tableau B annexé sont adoptés.)

Article 4 et tableau C annexé

Mme la présidente.

« Art. 4. Le montant définitif des dépenses civiles en capital du budget gén éral de 1999 est arrêté aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les crédi ts ouverts sont modifiés comme il est dit au même tableau et répartis par ministère, conformément au tableau C (1) annexé à la présente loi. »

D ÉSIGNATION

DES

TITRES D ÉPENSES (en francs) AJUSTEMENTS DE LA

LOI DE RÈGLEMENT Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) V. - Investissements exécutés par l'Etat

........................................

22 396 867 355,32 » 27,68 VI. - Subventions d'investissement accordées par l'Etat

..........

77 068 030 866,32 » 80 562 881,68 VII. - Réparations des dommages de guerre

...............................

143 065,92 » 0,08 Totaux

...........................................................................

..................

99 465 041 287,56 » 80 562 909,44 Je mets aux voix l'article 4 et le tableau C annexé.

(L'article 4 et le tableau C annexé sont adoptés.)

Article 5 et tableau D annexé

Mme la présidente.

« Art. 5. - Le montant définitif des dépenses ordinaires militaires du budget général de 1999 est arrêté aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les crédi ts ouverts sont modifiés comme il est dit au même tableau et répartis conformément au tableau D (1) annexé à la présente loi. »

D ÉSIGNATION

DES

TITRES D ÉPENSES (en francs) AJUSTEMENTS DE LA

LOI DE RÈGLEMENT Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) III. - Moyens des armes et services

................................................

109 342 476 585,59 5 751 262,82 1 485 520 928,23 Totaux

...........................................................................

..................

109 342 476 585,59 5 751 262,82 1 485 520 928,23 Je mets aux voix l'article 5 et le tableau D annexé.

(L'article 5 et le tableau D annexé sont adoptés.)

Article 6 et tableau E annexé

Mme la présidente.

« Art. 6. Le montant définitif des dépenses militaires en capital du budget gé néral de 1999 est arrêté aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les cré dits ouverts sont modifiés comme il est dit au même tableau et répartis conformément au tableau E (1) annexé à la présente loi. »

D ÉSIGNATION

DES

TITRES D ÉPENSES (en francs) AJUSTEMENTS DE LA

LOI DE RÈGLEMENT Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) V. - Equipement

...........................................................................

...........

67 823 996 437,42 1,49 1,07 VI. - Subventions d'investissement accordées par l'Etat

..........

1 178 651 809,85 » 0,15 Totaux

...........................................................................

..................

69 002 648 247,27 1,49 1,22 (1) Voir ce tableau dans le projet no 2534 (annexes).


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

(1) Voir ce tableau dans le projet no 2534 (annexes).

Je mets aux voix l'article 6 et le tableau E annexé.

(L'article 6 et le tableau E annexé sont adoptés.)

Article 7 et tableau F annexé

Mme la présidente.

« Art. 7. Le résultat du budget général de 1999 est définitivement fixé comme suit :

« Recettes .............................

1 840 658 081 406,50 F

« Dépenses ...........................

2 055 900 337 486,28 F

« Excédent des dépenses sur les recettes .......................

215 242 256 079,78 F La répartition des recettes et des dépenses fait l'objet du tableau F (1) annexé à la présente loi. »

Je mets aux voix l'article 7 et le tableau F annexé.

(L'article 7 et le tableau F annexé sont adoptés.)

Article 8 et tableau G annexé

Mme la présidente.

« Art. 8. Les résultats des budgets annexes sont arrêtés aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les crédits ouverts sont modifiés comme il est dit au même tableau. Ces crédits sont répartis par budget, conformément au tableau G (1) annexé à la présente loi. »

D ÉSIGNATION DES BUDGETS

TOTAUX ÉGAUX en recettes et en dépenses (en francs) AJUSTEMENTS DE LA

LOI DE RÈGLEMENT Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) Aviation civile

...........................................................................

................

8 978 521 670,31 772 981 207,19 172 811 968,88 Journaux officiels

...........................................................................

.........

1 237 610 223,62 14 643 069,08 26 866 572,46 Légion d'honneur

...........................................................................

.........

121 099 814,92 1 184 738,82 4 099 575,90 Monnaies et médailles

..........................................................................

1 112 998 641,85 58 057 734,41 415 062 651,56 Ordre de la Libération

...........................................................................

5 014 031,00 1 153 165,75 325 698,75 Prestations sociales agricoles

.............................................................

95 747 266 110,79 2 015 620 339,23 615 354 228,44 Totaux

...........................................................................

..................

107 202 510 492,49 2 863 640 254,48 1 234 520 695,99 Je mets aux voix l'article 8 et le tableau G annexé.

(L'article 8 et le tableau G annexé sont adoptés.)

Article 9 et tableau I annexé

Mme la présidente.

« Art. 9. I. Les résultats des comptes spéciaux du Trésor dont les opération s se poursuivent sont arrêtés, pour 1999, aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les crédits et les autorisations de découverts sont modifiés comme il est dit au même tableau et répartis p ar catégorie de comptes et ministère gestionnaire, conformément au tableau I (1) annexé à la présente loi. »

D ÉSIGNATION OPÉRATIONS DE L'ANNÉE 1999 AJUSTEMENTS DE LA LOI DE RÈGLEMENT Dépenses (en francs) Recettes (en francs) Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) Autorisations de découverts complémentaires (en francs)

I. Opérations à caractère définitif Comptes d'affectation spéciale

..............

55 755 628 202,89 55 335 483 425,33 14 813 342 919,09 82 227 016,20 »

II. Opérations à caractère temporaire Comptes d'affectation spéciale

..............

450 000,00 9 933 301,56 » 43 016 687,00 » Comptes de commerce

............................

23 159 398 173,09 25 295 176 813,13 » » » Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers

...........................

9 571 357,01 » » » » Comptes d'opérations monétaires

.......

50 145 928 449,21 30 705 465 101,48 » » 56 562 324 379,40 Comptes de prêts

......................................

6 470 815 845,84 6 413 555 195,33 0,84 700 000,00 » Comptes d'avances

...................................

439 156 475 641,02 443 409 968 549,61 66 721 461 971,00 2 064 986 329,98 » Totaux

................................................

518 942 639 466,17 505 834 098 961,11 66 721 461 971,84 2 108 703 016,98 56 562 324 379,40 Totaux généraux

....................

574 698 267 669,06 561 169 582 386,44 81 534 804 890,93 2 190 930 033,18 56 562 324 379,40


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

« II. Les soldes des comptes spéciaux du Trésor dont les opérations se p oursuivent sont arrêtés à la date du 31 décembre 1999 aux sommes ci-après et répartis, par ministère , conformément au tableau I annexé à la présente loi. »

DÉSIGNATION DES CATÉGORIES DE COMPTES SPÉCIAUX SOLDES AU 31 DÉCEMBRE 1999 Débiteurs (en francs) Créditeurs (en francs) Comptes d'affectation spéciale : opérations à caractère définitif et à caractère temporaire

...........................................................................

............................................................

9 467 012 193,16 Comptes de commerce

...........................................................................

.......................................

63 530 135,39 6 054 420 535,10 Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers

..............................................

194 924 334,32 Comptes d'opérations monétaires

...........................................................................

...................

56 699 774 519,25 14 916 578 069,90 Comptes de prêts

...........................................................................

..................................................

121 568 717 358,92 Comptes d'avances

...........................................................................

...............................................

108 345 666 336,90 Totaux

...........................................................................

...........................................................

286 872 612 684,78 30 438 010 798,16

« III. - Les soldes arrêtés au II sont reportés à la gestion 2 000, à l'exception d'un solde débiteur de 1 37 450 139,85 francs concernant les comptes d'opérations monétaires et d'un solde débiteur de 2 343 076 389,16 francs concernant les comptes de prêts qui font l'objet d'une aff ectation par l'article de transport aux découverts du Trésor.

« IV. Les sommes de 7 847 549 francs et de 45 000 000 francs figurant au compte de prêts du FDES et correspondant respectivement à une perte sur cession et à un abandon de cré ances sont apurées par transport aux découverts du Trésor. »

Je mets aux voix l'article 9 et le tableau I annexé.

(L'article 9 et le tableau I annexé sont adoptés.)

Articles 10 à 14

Mme la présidente.

« Art. 10. Les résultats des comptes spéciaux du Trésor définitivement clo s au 31 décembre 1999 sont arrêtés aux sommes mentionnées au tableau ci-après. L es crédits sont modifiés comme il est dit au même tableau. »

D É S I G N A T I ON OPÉRATIONS DE L'ANNÉE SOLDES AU 31 DÉCEMBRE 1999 AJUSTEMENTS DE LA LOI de règlement Dépenses (en francs) Recettes (en francs) Débit (en francs) Crédit (en francs) Ouvertures (en francs) Annulations (en francs) Comptes d'affectation spéciale 902-01 Fonds forestier national

.......................................

392 732 703,21 479 210 521,55 » 589 739 532,86 0,25 1,04 902-13 Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités

........................................................................

40 684 036,83 600,00 » 5 271 628,87 1,00 1,17 902-16 Fonds national du livre

.......................................

120 555 386,12 112 732 278,63 » 10 373 344,06 666 703,12 3 934 425,00 9 02-22 Fonds pour l'aménagement de l'Ile-deFrance

...........................................................................

........

1 921 330 055,39 2 183 777 186,92 » 2 787 609 741,42 26 757 138,15 2,76 902-30 Fonds pour le financement de l'accession à la propriété

.........................................................................

3 170 034 329,11 6 575 245 654,44 » 6 952 518 671,32 » 7 273 014,89 Total général

......................................................

5 645 336 510,66 9 350 966 241,54 » 10 345 512 918,53 27 423 842,52 11 207 444,86 Je mets aux voix l'article 10.

(L'article 10 est adopté.)

« Art. 11. I. Le solde débiteur des pertes et profits sur emprunts et engagements de l'Etat est arrêté au 31 décembre 1999 à la somme de 4 829 907 753,89 F, conformément au tableau ci-après : O PÉRATIONS D ÉPENSES (en francs) R

ECETTES (en francs) Annuités non supportées par le budget général ou un compte spé cial du Trésor

......

4 896 681 333,90 Pertes de change : pertes de change sur engagements

...........................................................................

...........

109 265,80 Dotations aux amortissements. - Charges financières : dotations aux amortissements des primes d'émission des obligations

....................

17 960 505,40 dotations aux amortissements des suppléments résultant des indexations

...........

17 960 505,40 dotations aux amortissements des décotes

........................................................................

276 552 044,50 Quote-part des primes sur emprunts et BTAN

..........................................................................

576 878 450,61 Pertes et profits divers sur emprunts et engagements : pertes sur emprunts à long terme

...........................................................................

..............

174 146 141,00 profits divers sur emprunts à long terme

...........................................................................


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

O PÉRATIONS D ÉPENSES (en francs) R

ECETTES (en francs) pertes sur BTAN

...........................................................................

................................................

66 479 462,79 profits diuvers sur BTAN

...........................................................................

................................

5 797 598 41 pertes diverses

...........................................................................

...................................................

6 350,71 profits divers

...........................................................................

.......................................................

19 351 301,19 Totaux

...........................................................................

................................................................

5 431 935 104,10 602 027 350 21 Solde

...........................................................................

..................................................................

4 829 907 753,89

« II. Une somme de 23 164 331 089,32 F correspondant à la reprise sur antérieurs des primes et décotes est portée en augmentation des découverts du Trésor. »

(Adopté.)

« Art. 12. Est définitivement apurée par transport en augmentation des découverts du Trésor une perte de 3 701,13 F correspondant à la contre valeur en francs de shillings somaliens non convertibles détenus dans les caisses de l'Etat. » -

(Adopté.)

« Art. 13. I. - Sont reconnues d'utilité publique, pour un montant de 5 461 984,40 F, les dépenses comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat, jugée par la Cour des comptes dans ses arrêts du 6 décembre 1995, 22 janvier 1997, 16 septembre 1998 et 22 septembre 1999 au titre du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement.

« II. Sont reconnues d'utilité publique, pour un montant de 895 385 F les dépenses comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat, jugée par la Cour des c omptes dans ses arrêts du 9 avril 1998 et du 19 février 1999, au titre du ministère de la défense.

« III. Sont reconnues d'utilité publique, pour un montant de 1 501 215,52 F les dépenses comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat, jugées par la Cour des comptes dans ses arrêts du 9 juillet 1997, du 16 décembre 1998 et du 25 juin 1999, au titre du ministère de l'équipement, des transports et du logement.

« IV. Sont reconnues d'utilité publique, pour un montant de 15 721 151,08 F les dépenses comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat, jugée par la Cour des comptes dans ses arrêts du 8 février 1990, du 12 mars 1992, du 17 novembre 1994 et du 26 mai 1999 au titre du ministère de l'équipement, des transports et du logement.

« V. Sont reconnues d'utilité publique, pour un montant de 1 801 737,42 F les dépenses comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat, jugée par la Cour des comptes dans ses arrêts du 15 décembre 1997 et du 19 novembre 1998 au titre du ministère de l'intérieur et de la décentralisation. » -

(Adopté.)

« Art. 14. I. Les sommes énumérées ci-après, mentionnées aux articles 7, 9 (III et IV), 11 (I et II) et 12, sont transportées en augmentation des découvertes du Trésor : Excédent des dépenses sur lesr ecettes du budget général de 1999 ....................................

215 242 256 079,78 F Résultat net du compte spécial du Trésor « Pertes et bénéfices de change » soldé chaque année ... 137 450 139,85 F Remise de dettes aux pays les moins avancés ...........................

2 343 076 389,16 F P ertes sur des opérations du

FDES ........................................

52 847 549,00 F Pertes et profits sur emprunts et engagements ..............................

4 829 907 753,89 F Reprise sur antérieurs des primes et décotes ..................................

23 164 331 089,32 F Perte en trésorerie sur devises inconvertibles ............................

3 701,13 F Total I (augmentation des découverts du Trésor) ..............

245 769 872 702,13 F

« II. La somme visée à l'article 10 est transportée en atténuation des découverts du Trésor : Résultat net des comptes spéciaux clos au 31 décembre 1999 ......

10 345 512 918,53 F T otal II (atténuation des découverts du Trésor) ...................

10 345 512 918,53 F Total net à transporter en augmentation des découverts du Trésor (I II) ................................

235 424 359 783,60 F » Après l'article 14

Mme la présidente.

M. Charles de Courson a déposé dix amendements tendant à insérer, après l'article 14, autant d'articles additionnels dont je vous donne lecture :

« A compter de l'exercice 2001, la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 1.)

« A compter de l'exercice 2001, la compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 2.)

« A compter de l'exercice 2001, le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 3.)

« A compter de l'exercice 2001, le fonds de compensation pour la TVA constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 4.)

« A compter de l'exercice 2001, la dotation au profit de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 5.)


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

« A compter de l'exercice 2001, la dotation élu local constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 6.)

« A compter de l'exercice 2001, la dotation de compensation de la taxe professionnelle constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 7.)

« A compter de l'exercice 2001, le versement du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation constitue une dépense permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 8.)

« A compter de l'exercice 2001, la dotation spéciale pour le logement des instituteurs constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 9.)

« A compter de l'exercice 2001, la dotation globale de fonctionnement constitue une charge permanente imputée sur le titre IV du budget du ministère de l'intérieur, et non plus un prélèvement sur recettes. »

(Amendement no 10.)

Peut-être pouvez-vous en faire une présentation globale, monsieur de Courson ?

M. Charles de Courson.

Il est regrettable qu'aucun d'entre nous ne dépose d'amendements à la loi de règlement pour appliquer les recommandations de la cour des comptes. Depuis cinq ans, je crois, j'en défends pour ma part toute une série, toujours les mêmes relatifs aux prélèvements sur recettes, problème que M. Didier Migaud connaît bien puisque, dans son rapport sur la réforme de l'ordonnance de 1959, il adopte une position très prudente à ce sujet. En effet, il ne propose pas de supprimer les prélèvements sur recettes qui, comme vous le savez, ont fait l'objet d'un long débat pour savoir s'ils étaient compatibles ou pas avec l'ordonnance de 1959. Ils le sont, selon une décision du Conseil constitutionnel. Il n'en demeure pas moins qu'elle obscurcit considérablement la lisibilité des comptes publics, comme on le verra d'ailleurs dans la discussion sur la loi de finances initiale pour 2001.

J'ai donc toujours proposé de faire figurer les prélèvements sur recettes en dépenses, tout simplement, et de ne pas faire ces contractions budgétaires.

L'argument qui m'est toujours opposé consiste à dire que nous ne pourrons plus amender. Mais en fait, sur quoi amende-t-on, mes chers collègues ? Pas sur la DSI.

Pas sur la dotation « élu local ». On amende essentiellement la DGF. Contrairement à ce que l'on prétend, on peut toujours amender mais à la baisse. Naturellement, nous ne pourrons pas amender à la hausse, si cela devient une dépense. Mais je crois que ce serait beaucoup plus lisible.

Il y a un autre problème, celui des remboursements et dégrèvements. En effet, il n'est pas normal qu'une contraction budgétaire soit faite pour les remboursements et dégrèvements afférents aux recettes fiscales des collectivités locales, ainsi que les admissions en non-valeur afférentes également aux impôts locaux, car c'est bien une dépense de l'Etat. Que l'on contracte lorsqu'il s'agit de remboursements et dégrèvements sur des impôts d'Etat, c'est tout à fait normal. Mais qu'on le fasse sur des impôts de tiers, ce n'est pas normal. Et cela obscurcit considérablement les choses.

Ainsi, dans la loi de finances pour 2001, on rembourse, par exemple, une partie de la TIPP aux camionneurs. Ce remboursement est imputé en remboursements et dégrèvements. De ce fait, 1,7 milliard apparaisse en déduction des charges de l'Etat. Or c'est bien une charge de l'Etat puisqu'elle vient en déduction des recettes de l'Etat. On voit bien qu'on n'arrive plus à avoir une lecture claire de la loi de finances.

M. Migaud, dans son rapport, pour nous permettre de continuer à amender, nous propose de maintenir le système mais avec une annexe dans laquelle apparaîtraient des comptes consolidés de l'Etat, c'est-à-dire en respectant le principe d'universalité et, entre nous, avec rebudgétisation, au moins dans ces comptes, du FOREC fonds de réforme des cotisations sociales, des CMU, de ces multiples fonds créés un peu partout, sur lesquels nous n'avons plus aucun contrôle parlementaire. Qui est allé voir ce qui se passe au FOREC ? Si je prends cet exemple, c'est qu'il va bien bientôt - dans deux ans dépasser les 100 milliards ! Pourquoi tous ces fonds ne restent-ils pas dans le budget de l'Etat ? Parce que les gouvernements successifs présentent leurs budgets de telle façon qu'ils ne présentent pas de fortes hausses des dépenses. Bien sûr, en comptabilité nationale, elles apparaissent. Ce fut le cas pour l'année 1999 qui a connu une hausse des dépenses publiques de l'Etat alors que la présentation du budget ne la faisait pas apparaître, et au contraire laissait voir une légère baisse.

Les gens trouvent tout de même bizarre que la réalité soit systématiquement différente de l'apparence.

Or, cette anomalie provient de ce que la présentation des documents budgétaires est tout sauf transparente.

Ayant passé, et je suis l'un des seuls dans cette assemblée, deux ans et demi de ma vie à la direction du budget, je peux vous dire qu'on y rit bien de la façon dont le Parlement examine les documents budgétaires. Les multiples farces et attrapes, - le ministre en connaît certaines mais pas toutes - vous ne les découvrez pas ! Si on ne réclame pas le respect du principe de l'universalité budgétaire, en vertu duquel toutes les dépenses doivent figurer en dépenses, et toutes les recettes en recettes - il ne faut pas faire de contraction -, on n'y comprendra toujours rien ! Aujourd'hui, mes chers collègues vous êtes dans la majorité mais, demain, ne l'oubliez pas, vous serez dans l'opposition ! Mme Béatrice Marre et M. René Dosière. Mais non !

M. Charles de Courson.

Bien sûr que si ! Tel est l'objet de mes amendements.

Mme la présidente.

Pouvez-vous nous présenter globalement l'avis de la commission sur ces amendements, monsieur le rapporteur général ?

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Oui, madame la présidente, d'autant plus volontiers qu'ils ont le même objet.

La commission a rejeté les dix amendements. Comme vient de nous l'expliquer notre collègue, ils visent à faire figurer les prélèvements sur recettes au profit des collectivités locales en dépenses, sur le titre IV du ministère de l'intérieur.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

Je reconnais, avec notre collègue, que le mécanisme des prélèvements sur recettes n'est pas satisfaisant. Mais les pouvoirs du Parlement étant plus importants en matière de recettes qu'en matière de dépenses, il serait maladroit, en l'état actuel des textes, de nous priver d'un moyen d'intervention.

D'ailleurs, nous en avons usé tout au long de la journée, au sein de la commission des finances, puisque nous avons amélioré le projet de loi de finances pour 2001 en apportant un complément de dotation pour les collectivités locales ; 250 millions au titre de l'intercommunalité, 150 millions pour les DSR dans le cadre du FNPTP. Si nous n'avions pas été dans le cadre de la procédure incriminée par notre collègue, nous n'aurions pas été en mesure de faire une telle proposition.

Il faut rappeler aussi la position du Conseil constitutionnel, qui a statué sur ce sujet à deux reprises - notre collègue ne peut pas l'oublier - en 1982 et en 1998.

D'après le juge constitutionnel, les concours apportés par l'Etat aux collectivités locales peuvent donner lieu à un mécanisme de prélèvement sur recettes dès lors que le montant et la destination de ce prélèvement sont définis de façon distincte et précise, et assortis de justifications.

La Cour des comptes, de son côté, distingue les prélèvements sur recettes à caractère de compensation et les concours à caractère de subvention qui, seuls, devraient figurer en dépenses. Or les amendements visent tous les prélèvements au profit des collectivités territoriales, y compris les prélèvements venant en compensation de charges ou d'exonérations relatives à la fiscalité locale.

Ce n'est pas par le biais de tels amendements que l'on fera évoluer les choses mais bien plutôt dans le cadre d'une réflexion approfondie sur la réforme de la présentation des lois de finances.

Ces considérations nous renvoient au débat que nous pourrons avoir sur la révision de l'ordonnance de 1959.

En tout cas, madame la présidente, la commission des finances invite l'Assemblée à rejeter ces amendements.

Mme la présidente.

Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Même avis.

Mme la présidente.

Monsieur de Courson, maintenezvous ces amendements ?

M. Charles de Courson.

Non, je les retire, madame la présidente.

Mme la présidente.

Les amendements nos 1 à 10 sont retirés.

Vote sur l'ensemble

Mme la présidente.

Puisque je ne suis saisie d'aucune d emande d'explication de vote, je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.

(L'ensemble du projet de loi est adopté.)

4 RÈGLEMENT DÉFINITIF DU BUDGET DE 1998 Discussion, en deuxième lecture, d'un projet de loi

Mme la présidente.

L'ordre du jour appelle la discussion, en deuxième lecture, du projet de loi portant le règlement définitif du budget de 1998 (nos 2509, 2600).

Je souhaite que chacun s'impose pour règle la concision, afin que nous puissions achever ce texte dans un délai assez court.

La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, après un débat en effet aussi riche et porteur - du moins, je l'espère - de progrès pour la discussion budgétaire et le contrôle du Parlement, qui est un des objectifs politiques essentiels du Gouvernement, et pour ne pas être fastidieux, je voudrais n'insister que sur une seule idée.

La stratégie des finances publiques mise en oeuvre en 1998 sous l'égide de Lionel Jospin, de Dominique Strauss-Kahn et de Christian Sautter a permis de qualifier la France pour l'euro, au 1er janvier 1999. Cela paraît une évidence, mais ça ne l'était pas à l'époque. Souvenonsnous du discours, début 1997, qui colportait à l'envi que les finances publiques étaient trop dégradées pour que la France puisse adhérer à l'euro. Il a fallu toute la détermination du gouvernement de Lionel Jospin et le soutien de sa majorité pour permettre à notre pays de renouer avec la croissance, de redresser, comme je l'ai démontré tout à l'heure, ses finances publiques et de se placer ainsi au coeur d'une Europe du progrès et de l'emploi.

Je dégagerai quelques éléments saillants de l'exercice 1998.

Avec un déficit de 247,5 milliards de francs, le solde général d'exécution du budget marque une amélioration de 20,2 milliards de francs par rapport à 1997, et de 10,4 milliards de francs par rapport aux prévisions initiales.

Autre motif de satisfaction, l'amélioration très significative de l'emploi a permis un net recul du déficit des administrations de sécurité sociale. Il faut d'ailleurs rendre hommage, à cet égard, au travail de ma collègue, Mme Martine Aubry. Au total, le besoin de financement des administrations publiques est ainsi passé à 2,7 %, sous la barre des 3 % du PIB, comme le ministre des finances de l'époque, Dominique Strauss-Kahn, s'y était engagé, et contrairement au scepticisme de l'opposition de l'époque.

Cette amélioration repose sur deux facteurs essentiels : une croissance retrouvée qui a atteint, malgré un environnement international incertain, 3,2 %, chiffre supérieur à celui de 3 % retenu dans les hypothèses économiques du budget 1998, et très supérieur au taux moyen de croissance de l'OCDE, 2,4 % ; une politique budgétaire favorable à une croissance forte et durable, politique qui repose à la fois sur la maîtrise de la dépense ets ur le caractère dynamique des priorités retenues, l'emploi, l'enseignement, la justice.

Mieux rendre compte de ce que nous avons fait pour mieux soutenir l'action et l'efficacité future de celle-ci, telle a été la volonté du Gouvernement qui a sous-tendu la présentation de la loi de finances pour 1998 et, surtout, l'exécution des lois de finances en 1998, dont rend compte aujourd'hui la loi de règlement pour ladite année que le Gouvernement vous demande d'adopter. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

Mme la présidente.

La parole est à M. Didier Migaud, rapporteur général de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan.

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je serai très bref puisque nous nous sommes exprimés longuement sur ce projet de loi de règlement pour 1998


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

en première lecture. Il est d'ailleurs tout à fait exceptionnel qu'un projet de loi de règlement vienne en seconde lecture.

Au cours de sa séance du 26 juin dernier, le Sénat a apporté deux modifications au projet de loi portant règlement définitif du budget de 1998 que nous avons adopté en première lecture le 18 mai dernier.

Il a supprimé l'article 9 relatif aux comptes spéciaux du Trésor dont les opérations se poursuivent en 1999, alors même que le débat intervenu en son sein a permis d'apporter les éclaircissements nécessaires sur les sujets qui le préoccupaient. Je regrette donc que le Sénat ait pris cette position.

S'agissant de l'article 13, relatif à la reconnaissance d'utilité publique des dépenses comprises dans des gestions de fait, il est revenu au texte initialement présenté par le Gouvernement, que l'Assemblée nationale avait amendé afin de ne pas reconnaître l'utilité publique d'une somme de 169 400 francs versée dans le cadre d'une gestion de fait concernant le tribunal de commerce d'Antibes.

Notre assemblée est donc appelée à procéder à une deuxième lecture. Je vous propose tout simplement de rétablir le texte qu'elle avait adopté en première lecture.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

Discussion générale

Mme la présidente.

Dans la discussion générale, la parole est à M. Christian Cuvilliez.

M. Christian Cuvilliez.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, en refusant de valider deux articles de cette loi de règlement du budget de 1998, le Sénat nous oblige à une nouvelle lecture.

Nous ne pouvons que partager le sentiment de notre rapporteur s'agissant des deux dispositions qui font litige avec la Haute Assemblée.

Dire cela ne nous fait d'ailleurs nullement revenir sur l'exigence, que j'ai encore réaffirmée tout à l'heure, de voir sensiblement améliorées les conditions de l'exercice du contrôle parlementaire sur l'exécution de la loi de finances et sur l'importance, à ce titre, de ce moment particulier que constitue l'examen de la loi de règlement - on l'a vu pour ce qui concerne 1999.

Notre groupe, dans son intervention en mai dernier, avait particulièrement insisté sur la nécessité d'une permanence des règles du jeu et des différents paramètres, retenus par le Gouvernement, pour l'imputation des différentes opérations - il s'agit évidemment de pouvoir faire des comparaisons d'exercice à exercice. Il avait exprimé son souci de voir le Parlement donner son avis sur la politique suivie en matière de gestion de la dette.

Nous avions plus généralement souligné la nécessité je l'ai redit tout à l'heure - que les parlementaires soient associés très en amont aux décisions du Gouvernement, notamment en matière économique et budgétaire.

Nous nous félicitons, d'ailleurs, que dans les prochaines semaines puisse être discutée la réforme de l'ordonnance, tant décriée, de 1959. Nous souhaitons que cette réforme aille dans le sens de toutes les demandes présentées jusqu'à ce jour, à savoir de véritables avancé es dans l'exercice des prérogatives du Parlement.

Nous pensons même qu'il faudrait aller plus loin, vers une révision constitutionnelle, ne serait-ce, par exemple, que pour revenir sur le couperet que constitue l'article 40 qui mutile, d'une certaine manière, la décision parlementaire en matière de préparation budgétaire, et trouver d'autres formules, plus adaptées.

Pour en revenir à cette loi de 1998, nous nous étions félicités de voir le premier budget de la majorité de la gauche plurielle marquer une rupture avec la politique de rigueur et les conceptions libérales défendues par le gouvernement précédent.

Je rappellerai par exemple la suspension de la réforme fiscale qui mettait en cause la progressivité de l'impôt sur le revenu, privilégiant évidemment les contribuables les plus favorisés,...

M. Michel Bouvard.

Comme la suppression de la vignette !

M. Christian Cuvilliez.

... la réduction de l'avantage fiscal lié à l'emploi d'un salarié à domicile - vous voulez par vos amendements rétablir ce privilège, mais cela ne passe pas - ou la disposition de la loi portant diverses mesures d'ordre économique et financier qui instaurait une contribution exceptionnelle sur les grands groupes i ndustriels et financiers, grande nouveauté, grâce à laquelle nous avons pu prendre des mesures donnant confiance au pays, comme le dispositif de Martine Aubry sur les emplois-jeunes.

Je pourrais également parler des aspects négatifs, mais nous aurons l'occasion, dans la loi de finances de 2001, de revenir sur les dérives que nous avons constatées, non pas simplement dans la définition budgétaire de cette année-là, mais dans son environnement, et nous verrons comment des décisions fiscales censées favoriser le travail plutôt que le capital se sont traduites dans la réalité par une véritable explosion des mouvements financiers internationaux et de la place financière de Paris. Nous aurons à nous interroger pour réguler ces mouvements et revenir peut-être à cette idée qui paraît parfois utopique d'une taxation sur les capitaux erratiques et du rétablissement de l'impôt de bourse pour les étrangers qui viennent s'établir en France.

Bien entendu, même si nous voulions voir ce budget aller plus loin, nous confirmerons notre vote.

Mme la présidente.

La parole est à M. Michel Bouvard.

M. Michel Bouvard.

Monsieur le secrétaire d'Etat, l'examen en deuxième lecture de ce projet de loi de règlement est l'occasion de rappeler ce qu'a été l'exécution budgétaire de votre première année pleine de la législature.

Je ne reviendrai pas en détail sur le contenu de la loi de règlement, puisque nous avons déjà eu l'occasion d'en évoquer les aspects principaux en première lecture.

Ce texte est d'abord l'occasion de vérifier un certain nombre d'annonces qui ont été faites à l'époque en termes budgétaires, puis d'évoquer en quelques mots la transparence des pratiques budgétaires de l'Etat.

S'agissant des chiffres et des engagements, le premier constat porte sur le déficit. Il aura, au final, été réduit, en 1998, de 20,2 milliards de francs, c'est-à-dire un niveau somme toute modeste au regard de la croissance retrouvée, tout comme au regard des efforts accomplis au cours des années précédentes dans une conjoncture plus difficile.

Premier constat donc, une décélération dans la réduction du déficit, pourtant indispensable pour redonner à notre pays des marges de manoeuvre budgétaire à long terme dans le contexte d'encadrement des budgets par


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

l'Union européenne, tout comme pour assurer une diminution durable de la pression fiscale attendue de nos concitoyens.

Le deuxième constat chiffré que l'on peut retenir de cette loi de règlement concerne la pression fiscale. Les prélèvements obligatoires, en effet, n'ont pas baissé non plus en 1998, en dépit de l'annonce du ministre de l'économie et des finances d'une diminution forte, faite ici même au moment du vote de la loi de finances pour 1998. Ils n'ont d'ailleurs toujours pas baissé depuis.

Les seuls impôts d'Etat, si l'on se réfère au discours que tenait à l'époque Dominique Strauss-Kahn, auraient dû passer de 15,2 % à 15 % du PIB. Il n'en a rien été, comme le constate la Cour des comptes dans le rapport sur l'exercice 1998.

Dernier constat, les dépenses de fonctionnement ont proposé au cours de cette année 1998, 3,7 %, alors que, dans le même temps, les investissements reculent, de 2 %, sur l'exécution des dépenses en capital pourtant déjà bien faibles.

Au-delà de ces chiffres, je souhaite maintenant évoquer les points soulevés par nos collègues du Sénat, qui ont examiné ce texte qui nous revient en deuxième lecture et proposé la suppression de l'article 9, portant sur les comptes spéciaux dont les opérations se poursuivent en 1999.

Le rapporteur général évoque les trois arguments du Sénat. S'il apporte les explications nécessaires concernant la gestion du compte d'affectation spéciale no 902-24, retraçant, entre autres, les recettes issues de la cession des filiales du GAN, il reconnaît, en revanche, le bien-fondé des observations de nos collègues de la majorité sénatoriale sur le différentiel existant entre le montant des ouvertures de crédit votées en loi de finances initiale et celui des dépenses effectives constatées en loi de règlement, en accroissement de 36,7 %. Sur ce point, vous estimez, monsieur le rapporteur, que « la présentation actuelle du projet de loi de règlement ne permet pas que le Parlement soit informé de façon convenable des éléments qui permettent d'expliquer les demandes d'ajustement comptable », en soulignant d'ailleurs que « les services du ministère des finances sont peu enclins à répondre promptement aux demandes d'information des parlementaires ». Nous ne pouvons que partager cette appréciation, en souhaitant que l'amélioration que l'on n'a pas constatée non plus en 1999 arrive enfin, tant il est vrai que la mission d'exécution du contrôle budgétaire de la représentation nationale, qui constitue l'un des fondements de notre démocratie, doit pouvoir s'exercer librement.

Vous admettez enfin que le Sénat a effectué à juste titre des observations sur les avances consenties par le Gouvernement au fonds de soutien des rentes, sans que soient précisés leur objet et la nature de leur utilisation effective.

En dépit de ces observations, vous demandez le rétablissement du texte que nous avons adopté en première lecture.

Au bout du compte, cette loi de règlement nous rappelle donc la dérive enregistrée dès 1998 sur les comptes publics et le manque de transparence, qui s'est fortement accentué en 1999.

Nous allons donc voter, conformément à ce que nous avons fait en première lecture, contre cette loi de règlement.

Mme la présidente.

La parole est à M. Jean-Louis Idiart.

M. Jean-Louis Idiart.

Monsieur le secrétaire d'Etat, chers collègues, l'examen du projet de loi de règlement nous permet, au-delà de l'exercice comptable de constatation des dépenses et des recettes, de faire un retour en arrière sur la politique menée depuis juin 1997.

La politique économique a résolument tourné le dos à celle menée par les gouvernements précédents, qui ont conduit notre pays dans un cycle infernal où les hausses d'impôt ont cassé la croissance, accru le chômage et les déficits publics et, finalement, justifié la dissolution de l'Assemblée nationale.

Dès le début de la législature, le Gouvernement et sa majorité ont choisi de soutenir la croissance pour qu'elle soit plus forte et plus solidaire.

La consommation a été fortement encouragée. La croissance du PIB a atteint, en 1998, un niveau record de 3,1 %, en dépit d'un environnement international incertain.

Le soutien du pouvoir d'achat a remis la consommation au coeur de l'activité économique. On peut citer les hausses de l'allocation de rentrée scolaire, l'allocation logement, la réforme de la CSG, les emplois-jeunes comme éléments de cette politique de stimulation de la consommation.

L'investissement des entreprises a ainsi été stimulé.

Le déficit budgétaire est établi à 247,5 milliards de francs, soit 20 milliards de moins que celui inscrit dans la loi de règlement de 1997. Ce bon résultat a été obtenu sans recettes exceptionnelles comme la soulte de France Télécom. Au total, notre pays a pu s'engager dans la voie de la monnaie unique.

La politique budgétaire a permis le financement des priorités souhaitées par les Français en faveur de l'éducation, du logement, de la justice, de la sécurité.

La loi de règlement permet de rappeler les mesures fiscales prises en 1998.

La loi de finances pour 1998 a permis d'ouvrir le chantier de la réforme fiscale.

En matière d'impôt sur le revenu, de nombreuses niches fiscales dont bénéficiaient les hauts revenus ont été revues, voire supprimées.

Le plafond de la réduction d'impôt pour l'emploi à domicile a été réduit de moitié.

Le dispositif en faveur de la souscription de parts de copropriété de navires est supprimé. Cet avantage revenait à dépenser 5 millions par emploi maintenu ou créé.

Parallèlement, pour aider les familles, et notamment les plus modestes, la réduction d'impôt pour frais de scolarité, supprimée par le Gouvernement, est rétablie.

On retrouve les éléments de la réforme fiscale mise en oeuvre depuis, alliant justice et efficacité.

L'année 1998 restera dans l'histoire budgétaire celle de n ouvelles orientations, privilégiant la croissance et l'emploi, rendant confiance aux Françaises et aux Français.

Les bons résultats d'aujourd'hui trouvent leur origine dans les choix de 1998. Chacun comprendra, dès lors, que nous voterons ce projet de loi de règlement. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

Mme la présidente.

La parole est à M. Gilbert Gantier.

M. Gilbert Gantier.

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous assistons ce soir à un phénomène rarissime, M. le rapporteur général


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l'a souligné, la deuxième lecture d'une loi de règlement.

Dans mes souvenirs de vieux parlementaire, cela n'était jamais arrivé jusqu'à présent.

M. Jean-Louis Idiart.

Voilà qui manquait !

M. Gilbert Gantier.

Il a donc fallu que le Sénat ne vote pas la loi de règlement. Nous devons l'en féliciter, car cela prouve qu'il effectue son travail de contrôle parlementaire avec beaucoup de sérieux.

Le Sénat a d'abord refusé l'article 9 du projet de loi, puis amendé l'article 13.

En abrogeant l'article 9, les sénateurs se sont clairement opposés à la gestion peu transparente que conduit le ministère de l'économie et des finances depuis quelques années. Epaulé, il faut le reconnaître, par l'excellent travail de la Cour des comptes, le Sénat a, à juste titre, souligné notamment que les comptes spéciaux du Trésor avaient fait l'objet d'affectations comptables contestables, en particulier pour les cessions de titres publics.

Le Sénat a ainsi mis en lumière le fait qu'il existait des écarts considérables entre les dispositions de la loi de finances de 1998 et les réalisations effectives en fin d'année, même en tenant compte des lois de finances rectificatives.

Les sénateurs ont retenu que la loi de règlement ne permettait pas d'identifier le déroulement des événements expliquant ces écarts. C'est la raison pour laquelle, très normalement, il n'a pas voté cet article 9.

L'autre disposition concerne la reconnaissance d'utilité publique des dépenses comprises dans la gestion de fait du tribunal du commerce d'Antibes.

Certes, traditionnellement, le Parlement adopte sans modification les articles relatifs à la reconnaissance d'utilité publique des dépenses résultant de gestion de fait mais, dans le cas concernant le tribunal de commerce d'Antibes, nous avons à faire à un cas particulièrement grave puisque la Cour des comptes a rejeté une partie importante des dépenses et qu'elle a même prononcé une amende de 20 000 francs à titre provisoire.

Compte tenu de la recommandation de la Cour des comptes, le Sénat a considéré qu'il ne lui appartenait pas de valider cette gestion de fait.

Je ne vois pas comment nous pourrions aller contre ses observations. C'est pourquoi je demande qu'elles soient reprises. Si elles ne le sont pas et si la majorité choisit de revenir à son texte, le groupe Démocratie libérale et Indépendants votera contre la loi de règlement.

M. Jean-Louis Idiart.

Les équilibres sont respectés : il y a une opposition et une majorité !

Mme la présidente.

La parole est à M. Charles de Courson.

M. Charles de Courson. Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la loi de règlement de 1998 montre que, dès sa première loi de finances, le gouvernement Jospin a développé une politique budgétaire laxiste.

M. Jean-Louis Idiart. Servir le peuple, c'est du laxisme ? M. Charles de Courson. Je le démontrerai en trois points rapides.

En matière de dépenses, les dépenses de fonctionnement s'accroissent plus rapidement que le PIB et les dépenses d'investissement baissent fortement.

D'après le rapport de la Cour des comptes, les dépenses de fonctionnement de l'Etat s'accroissent de 4,5 % alors que la croissance du PIB en valeur est de 4,1 % en 1998.

Les moyens des services dont les frais de personnels représentent l'essentiel progressent de 3,7 % et on peut noter que cette forte croissance des dépenses de fonctionnement, de 79 milliards, s'explique pour 51 milliards par la forte hausse, de 19,3 %, des remboursements et des dégrèvements, qui passent de 265,6 milliards en 1997 à 316,9 milliards en 1998.

En fait, ce sont les remboursements de TVA qui expliquent, pour la plus grande partie, cette hausse, avec 165,6 milliards en 1998, soit une augmentation de 28,1 % ou encore 36,2 milliards.

La grève de certains centres informatiques de la direction générale des impôts pourrait expliquer, d'après la Cour des comptes, le basculement d'une douzaine de milliards de francs de 1998 sur 1999.

Le sacrifice des dépenses d'investissement est patent : baisse de 2,1 % pour les investissements civils, de 9,3 % pour les investissements militaires. On sacrifie l'avenir pour éviter une trop forte hausse des dépenses du budget.

C'est une politique de gribouille ! Les investissements civils ne représentent plus, mes chers collègues, que 5 % des dépenses totales du budget de l'Etat et les investissements militaires 3,5 %. M. Michel Bouvard. Tout à fait ! M. Charles de Courson. Si l'on ne tient pas compte des remboursements et des dégrèvements, la hausse atteint encore 1,1 % sur le budget général. Cependant, il faut tenir compte de la forte hausse des dépenses des comptes d'affectation spéciale, 83,7 milliards en 1998, contre 36 milliards en 1997, soit une hausse de 133 %. Cela s'explique tout simplement par le fait que les recettes de privatisation ont atteint 53,5 milliards en 1998 et ont été massivement utilisées sous la forme de dotations en capital qui se substituent en fait à des subventions de fonctionnement qui auraient dû être imputées sur le budget général en dépenses de fonctionnement.

Tel est le cas de 13,7 milliards sur les 15 milliards versés à RFF, dont les pertes, en 1998, ont atteint 13,7 milliards de francs. C'est aussi le cas des 12,5 milliards de dotations versées à l'EPFR, qui chapeaute la structure de cantonnement du Crédit lyonnais, alors que ses pertes ont atteint, en 1998, 39,2 milliards de francs. Ses capitaux propres ont un solde négatif à la fin de 1998 de 87,5 milliards de francs. C'est aussi le cas des 5,7 milliards de francs donnés au GIAT, qui a perdu près d'un milliard en 1998 et dont la situation nette était négative de 12 milliards. C'est aussi le cas des 3,5 milliards donnés a u Charbonnages de France, qui a eu une perte d'exploitation en 1998 de 5,9 milliards. C'est aussi le cas de la somme de 1,4 milliard qui va à l'EPRD, autre structure de cantonnement qui avait été créée. C'est aussi le cas, et c'est critiqué par la Cour des comptes, du demimilliard qui va à la SOFARIS pour doter ses fonds de garantie. C'est enfin le cas du demi-milliard versé à la Caisse des dépôts et consignations qui finance deux choses : d'une part, l'équipement informatique des établissements scolaires, et, sur ce point, la Cour des comptes est extrêmement critique en soulignant qu'on utilise des recettes de privatisation pour doter les établissements scolaires de moyens informatiques - on croit rêver, mes chers collègues, cela relève du budget du ministre de l'éducation nationale qui achète du matériel et le met à la disposition, ou qui le subventionne - et, d'autre part, un fonds de capital risque. Là encore, il eût été normal de l'imputer sur le budget général. Il y aussi 2,150 milliards versés à la SFP.


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Quand vous faites la somme de tout cela, mes chers collègues, on en est à 40 milliards de francs de dotations en capital, dont la quasi-totalité recouvre en fait des dépenses de fonctionnement. Si l'on tient compte de ces éléments, on voit que les dépenses réelles, hors remboursements et dégrèvements, se sont accrues non pas de 1,1 % mais de 3,3 %. On comprend mieux alors pourquoi la part des dépenses de l'Etat dans le PIB ne baisse que lentement puisqu'elle est passée de 24,4 % en 1997 à 23,6 % en 1998 avant, comme je l'ai expliqué, de remonter en 1999, et surtout que la part de l'ensemble des dépenses publiques ne s'abaisse que lentement, elle aussi : 55 % en 1997, 54,6 % en 1998.

Il s'agit là, d'ailleurs, de la part la plus élevée des dépenses publiques dans le PIB de tous les pays du G7, et de très loin, puisque, avec 52,3 %, la France est la lanterne rouge. Les USA sont à 30,5 % et la moyenne des pays de l'OCDE est de 37,9 %. Vous voyez, mes chers collègues, l'énorme écart, puisque l'on est à peu près à 14 points du PIB au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE. Et même par rapport à la zone euro, où la moyenne est à 47,1, l'on est encore 5 points audessus, ce qui représente 450 milliards de dépense publique.

Alors que la France devrait réduire plus vite que ses homologues la part de ses dépenses publiques dans sa richesse nationale parce qu'elle a le taux le plus élevé, elle fait l'inverse.

Deuxième point, très rapidement, les recettes fiscales s'accroissent presque aussi vite que la richesse nationale et les prélèvements obligatoires ne baissent pas, voire augmentent légèrement. Si l'on ne tient compte que desr ecettes fiscales nettes, elles atteignent en 1998 1 239,4 milliards, soit une hausse de 2,5 %, ce qui paraît donc a priori raisonnable. Cependant, si l'on y ajoute les prélèvements sur recettes fiscales et les remboursements et admissions en non-valeur effectués sur des impôts locaux, on obtient une hausse de 34 milliards, 2,3 %. Là encore, c'est raisonnable. Mais si l'on tient compte des 12 milliards de remboursement de TVA auxquels je faisais allusion, reportés de 1997 sur 1998 du fait des grèves dans les centres informatiques de la DGI, on obtient 3,2 % alors que la richesse nationale s'est accrue de 4,1 % en 1998.

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que, globalement, la part des prélèvements obligatoires dans le PIB ne baisse pas : 44,9 % en 1997 et 44,9 % en 1998, les prélèvements de l'Etat connaissant une légère baisse de 0,1 point de PIB, mais compensée par une hausse équivalente pour la sécurité sociale. Toutefois, si l'on ne tient pas compte des 12 milliards de remboursement imputés sur 1998 au lieu de 1997, on a, en fait, une légère hausse.

Je rappelle que le Gouvernement s'était engagé, lors de la discussion du projet de loi de finances initiale pour 1998, à avoir une baisse de 0,2 point de PIB.

Donc, là encore, il y a un écart de 0,2 point, soit une absence de baisse alors qu'il en avait été promis une et, en fait, une légère hausse si l'on tient compte des fameux 12 milliards de reports estimés par la Cour des comptes.

Troisième et dernier point : le déficit des finances publiques ne se réduit pas assez vite. Globalement, le déficit du budget de l'Etat passe de 267 milliards en 1997 à 247 milliards en 1998, c'est-à-dire une baisse de 20 milliards. Ce n'est pas beaucoup ! Et, recalculé en termes de comptabilité nationale, on obtient un chiffre pas très différent : 28 milliards.

Une telle baisse est très faible. En effet, le déficit des finances publiques françaises atteint moins de 2,7 % du PIB en 1998, c'est, le plus mauvais résultat de l'Union européenne avec celui de l'Italie. Il est à comparer au taux de 2 % de l'Euro 11, soit 0,7 point de moins, et surtout au taux moyen de l'OCDE qui, lui, est de 1,2 %, soit 1,5 point de décalage.

Je rappelle pour mémoire que, dès 1998, les USA étaient excédentaires de 0,4 point et la Grande-Bretagne de 0,2, et que, comme je vous l'ai indiqué tout à l'heure, leur situation s'est encore améliorée depuis, puisqu'ils sont désormais excédentaires respectivement de 1 % et de 1,1 %. Aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne, ainsi que dans d'autres pays, le débat porte désormais sur l'utilisation qui doit être faite des excédents budgétaires réels, c'est-à-dire après couverture de toutes les charges.

Nous, nous sommes hélas ! très loin d'en être arrivés là ! La France fait donc partie du peloton de queue des pays développés. C'est pour cette raison que nous voterons contre ce projet de loi de règlement.

Mme la présidente.

La discussion générale est close.

Discussion des articles

Mme la présidente.

En application de l'article 91, alinéa 9 du règlement, j'appelle maintenant, dans le texte du Sénat, les articles du projet de loi sur lesquels les deux assemblées du Parlement n'ont pu parvenir à un texte identique.

Article 9

Mme la présidente.

Le Sénat a supprimé l'article 9.

M. Migaud, rapporteur général, a présenté un amendement, no 1, ainsi rédigé :

« I. Rétablir l'article 9 dans le texte suivant :

« I. Les résultats des comptes spéciaux du Trésor dont les opérations se poursuivent sont arrêtés, pour 1998, aux sommes mentionnées au tableau ci-après. Les crédits et les autorisations de découverts sont modifiés comme il est dit au même tableau et répartis par catégorie de comptes et ministère gestionnaire, conformément au tableau I annexé à la présente loi.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

D ÉSIGNATION OPÉRATIONS DE L'ANNÉE 1998 AJUSTEMENTS DE LA LOI DE RÈGLEMENT Dépenses (en francs) Recettes (en francs) Ouvertures de crédits complémentaires (en francs) Annulations de crédits non consommés (en francs) Autorisations de découverts complémentaires (en francs)

I. Opérations à caractère définitif Comptes d'affectation spéciale

..............

83 406 825 380,76 87 017 969 798,44 10 590 212 741,28 305 010 767,52 » Totaux

................................................

83 406 825 380,76 87 017 969 798,44 10 590 212 741,28 305 010 767,52 »

II. Opérations à caractère temporaire Comptes d'affectation spéciale

..............

26 097 161,46 126 229 615,77 0,46 » » Comptes de commerce

............................

38 793 669 763,54 40 053 203 084,17 » » » Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers

...........................

6 647 400,00 » » » » Comptes d'opérations monétaires

.......

7 253 342 428,01 11 128 658 611,40 » » 37 498 205 730,20 Comptes de prêts

......................................

4 399 410 680,98 3 848 582 099,15 » 300 001,02 » Comptes d'avances

...................................

392 593 587 348,49 393 167 887 316,03 23 306 750 000,00 1 675 162 651,51 » Totaux

................................................

443 072 754 782,48 448 324 560 726,52 23 306 750 000,46 1 675 462 652,53 37 498 205 730,20 Totaux généraux

....................

526 479 580 163,24 535 342 530 524,96 33 896 962 741,74 1 980 473 420,05 37 498 205 730,20

« II. Les soldes, à la date du 31 décembre 1998, des comptes spéciaux du Trésor dont les opérations se poursuivent sont arrêtés aux sommes ci-après et répartis, par m inistère, conformément au tableau I annexé à la présente loi : DÉSIGNATION DES CATÉGORIES DE COMPTES SPÉCIAUX SOLDES AU 31 DÉCEMBRE 1998 Débiteurs (en francs) Créditeurs (en francs) Comptes d'affectation spéciale : opérations à caractère définitif et à caractère temporaire

...........................................................................

............................................................ »

16 517 556 856,81 Comptes de commerce

...........................................................................

.......................................

47 783 225,66 3 902 894 985,33 Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers

..............................................

185 352 977,31 » Comptes d'opérations monétaires

...........................................................................

...................

37 864 770 090,05 15 155 472 628,58 Comptes de prêts

...........................................................................

..................................................

123 290 002 296,16 » Comptes d'avances

...........................................................................

...............................................

112 599 159 245,49 » Totaux

...........................................................................

...........................................................

273 987 067 834,67 35 575 924 470,72

« III. - Les soldes arrêtés au II sont reportés à la gestion 1999, à l'exception d'un solde débiteur de 3 66 564 359,85 francs concernant les comptes d'opérations monétaires et d'un solde débiteur de 1 778 545 587,75 F concernant les comptes de prêts qui font l'objet d'une affectation par l'article de transport aux découverts du Trésor. »

« II. En conséquence, rétablir le tableau I annexé dans le texte adopté par l'Assemblée nationale en première lecture. »

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Lors de sa séance du 26 juin dernier, le Sénat a refusé de voter l'article concernant les comptes spéciaux du Trésor dont les opérations se sont poursuivies en 1999.

Pourtant, ce jour-là, Mme la secrétaire d'Etat au budget a donné des informations précises sur la noncomptabilisation dans les comptes de 1998 de la cession du GAN - il en a été ainsi parce qu'elle fut réalisée par l'intermédiaire d'une société-mère et non par l'Etat luimême ; sur les demandes de crédits en faveur des comptes d'affectation spéciale, qui sont la contrepartie comptable de fortes recettes de cessions d'actifs de fin d'exercice ; et, enfin, sur les demandes de crédits correspondant aux avances consenties en 1998 par l'Etat au fonds de soutien des rentes en 1998.

Ces éléments étaient, je le crois, de nature à répondre aux préoccupations qui avaient été exprimées par le Sénat. Les interpellations formulées par le Sénat sont certes légitimes et contribuent au nécessaire débat approfondi auquel doit donner lieu annuellement le projet de loi de règlement, mais les explications du Gouvernement nous ont paru satisfaisantes, même si elles révèlent peutêtre un défaut d'explication dans l'exposé des motifs du projet de loi initial du Gouvernement.

En définitive, je pense que tous les éléments nécessaires sont réunis pour que l'article 9 soit rétabli.

Mme la présidente.

Quel est l'avis du Gouvernement sur cet amendement ?

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Le Gouvernement émet un avis favorable.

Mme la présidente.

Je mets aux voix l'amendement no

1. (L'amendement est adopté.)

Mme la présidente.

En conséquence, l'article 9 est rétabli et se trouve ainsi rédigé.


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ASSEMBLÉE NATIONALE - 1re SÉANCE DU 11 OCTOBRE 2000

Article 13

Mme la présidente.

« Art. 13. - I. - Non modifié.

« II. - Sont reconnues d'utilité publique, pour des montants de 462 336,87 francs et de 41 060,20 francs, les dépenses comprises dans la gestion de fait des derniers de l'Etat, jugée par la Cour des comptes dans ses arrêts du 7 mai 1997 et du 20 avril 1998, au titre du ministère de la justice.

« III. - Non modifié. »

M. Didier Migaud, rapporteur général, a présenté un amendement, no 2, ainsi rédigé :

« Dans le II de l'article 13, substituer à las omme : " 462 336,87 francs " la somme : " 292 936,87 francs ". »

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Didier Migaud, rapporteur général.

Là encore, il s'agit d'un retour au texte adopté en première lecture par l'Assemblée nationale. Je ne vais pas reprendre l'argumentation qui a été la nôtre, mais le Sénat n'apporte aucun élément susceptible de faire revenir l'Assemblée nationale sur la position qu'elle a prise en première lecture.

Mme la présidente.

Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.

Je partage l'opinion du rapporteur.

Mme la présidente.

La parole est à M. Charles de Courson, à qui je demande d'être bref, car nous avons dépassé l'horaire.

M. Charles de Courson.

Je serai très bref, madame la présidente.

Comme vous le précisez dans l'exposé sommaire de votre amendement, monsieur le rapporteur général, vous nous proposez de ne pas considérer comme d'utilité publique une dépense de 169 400 francs. Que sont ces versements à un ancien bâtonnier ? Ils avaient été accordés en contrepartie de quoi ? Je me suis replongé dans les rapports, et je n'y ai pas trouvé d'explication sur la nature de ces versements. En outre, je n'ai pas compris l'argumentaire du Sénat. Pourriez-vous m'éclairer sur ce point, monsieur le rapporteur général ?

Mme la présidente.

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Didier Migaud, rapporteur général.

L'utilité publique de versements concernant des consultations demandées par le président du tribunal n'est pas apparue évidente.

Mme la présidente.

Je mets aux voix l'amendement no

2. (L'amendement est adopté.)

Mme la présidente.

Je mets aux voix l'article no 13, modifié par l'amendement no

2. (L'article 13, ainsi modifié, est adopté.)

Vote sur l'ensemble Mme la présidente. Personne ne demande la parole ?...

Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.

(L'ensemble du projet de loi est adopté.)

5

ORDRE DU JOUR DE LA PROCHAINE SÉANCE

Mme la présidente.

Ce soir, à vingt et une heures quinze, deuxième séance publique : Suite de la discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi, no 2482, d'orientation pour l'outre-mer :

M. Jérôme Lambert, rapporteur, au nom de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République (rapport no 2617) ; M. Michel Tamaya, rapporteur pour avis, au nom de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales (avis no 2608) ; M. Daniel Marsin, rapporteur pour avis, au nom de la commission de la production et des échanges (avis no 2611).

La séance est levée.

(La séance est levée à dix-neuf heures quarante-cinq.)

L e Directeur du service du compte rendu intégral de l'Assemblée nationale,

JEAN PINCHOT