PROJET DE LOI

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No 4418

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ASSEMBLÉE  NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

QUATORZIÈME LÉGISLATURE

Enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 25 janvier 2017.

TEXTE DE LA COMMISSION
des finances, de l’économie générale
et du contrôle budgétaire

ANNEXE AU RAPPORT

PROPOSITION DE RÉSOLUTION
EUROPÉENNE

pour une Conférence des parties (COP) de la finance mondiale, l’harmonisation et la justice fiscales,

 

Voir les numéros : 4332 et 4379.


 


Article unique

(1) LAssemblée nationale,

(2) Vu les articles 1er et 88-4 de la Constitution,

(3) Vu larticle 151-5 du Règlement,

(4) Vu la Charte des Nations Unies,

(5) Vu le Pacte international relatif aux droits civils et politiques,

(6) Vu le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,

(7) Vu la convention relative à lOrganisation de coopération et de développement économiques du 14 décembre 1960,

(8) Vu le traité sur le fonctionnement de lUnion européenne,

(9) Vu le traité sur lUnion européenne,

(10) Vu le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de lUnion économique et monétaire,

(11) Vu la Charte sociale européenne,

(12) Vu la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques du 9 mai 1992,

(13) Vu la communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil du 28 janvier 2016, intitulée : « Paquet de mesures contre lévasion fiscale : prochaines étapes pour assurer une imposition effective et davantage de transparence fiscale dans lUnion européenne », (COM[2016] 23 final),

(14) Vu la communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil du 28 janvier 2016 sur une stratégie extérieure pour une imposition effective (COM[2016] 24 final),

(15) Vu la proposition de directive du Conseil du 28 janvier 2016 modifiant la directive 2011/16/UE en ce qui concerne léchange automatique et obligatoire dinformations dans le domaine fiscal (COM[2016] 25 final),

(16) Vu la proposition de directive du Conseil du 28 janvier 2016 établissant des règles pour lutter contre les pratiques dévasion fiscale qui ont une incidence directe sur le fonctionnement du marché intérieur (COM[2016] 26 final),

(17) Vu la recommandation de la Commission du 28 janvier 2016 concernant la mise en œuvre de mesures contre lutilisation abusive des conventions fiscales (C[2016] 271 final),

(18) Vu la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil du 12 avril 2016 modifiant la directive 2013/34/UE en ce qui concerne la communication, par certaines entreprises et succursales, dinformations relatives à limpôt sur les bénéfices (COM[2016] 198 final),

(19) Vu la norme déchange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale du 21 juillet 2014 élaborée par lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE),

(20) Vu le projet international de lutte contre lérosion des bases de limpôt sur les sociétés et les transferts de bénéfices, dit « BEPS », conduit par le G20 et lOCDE,

(21) Vu le rapport mondial sur la compétitivité 2016-2017 publié par le Forum économique mondial,

(22) Vu létude intitulée : « Fiscal policy and long-term growth », publiée par le Fonds monétaire international en juin 2015,

(23) Vu le rapport sur linvestissement dans le monde 2016, publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement,

(24) Vu le rapport dinformation  673 (20112012) du Sénat du 17 juillet 2012, intitulé : « Lévasion fiscale internationale, et si on arrêtait ? », fait au nom de la commission denquête sur lévasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales, par M. Philippe Dominati, président, et par M. Éric Bocquet, rapporteur,

(25) Vu le rapport dinformation n° 1423 du 9 octobre 2013, intitulé : « Lutte contre les paradis fiscaux : si lon passait des paroles aux actes » fait au nom de la commission des affaires étrangères de lAssemblée nationale, par MM. Alain Bocquet et Nicolas Dupont-Aignan,

(26) Vu le rapport n° 87 (20132014) du Sénat du 17 octobre 2013 fait au nom de la commission denquête sur le rôle des banques et acteurs financiers dans lévasion des ressources financières et ses conséquences fiscales, intitulé : « Évasion des capitaux et finance : mieux connaître pour mieux combattre », par M. François Pillet, président, et M. Éric Bocquet, rapporteur,

(27) Vu lavis du Conseil économique, social et environnemental sur les mécanismes dévitement fiscal et leurs impacts sur le consentement à limpôt et la cohésion sociale du 16 décembre 2016,

(28) Vu la résolution du Parlement européen du 16 décembre 2015 contenant des recommandations à la Commission en vue de favoriser la transparence, la coordination et la convergence des politiques en matière dimpôt sur les sociétés au sein de lUnion (2015/2010[INL]),

(29) Vu la résolution du Parlement européen du 25 novembre 2015 sur les rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet (2015/2066[INI]),

(30) Vu la résolution du Parlement européen du 6 juillet 2016 sur les rescrits fiscaux et autres mesures similaires par leur nature ou par leur effet (2016/2038[INI]),

(31) Vu le rapport sur le rôle des lanceurs dalerte dans la protection des intérêts financiers de lUnion européenne, fait par M. Dennis de Jong, adopté à lunanimité par la Commission du contrôle budgétaire du Parlement européen le 9 janvier 2017 (2016/2055[INI]),

(32) Considérant quil est indispensable de juguler les dérives spéculatives de la finance mondiale ;

(33) Considérant que la fraude et lévasion fiscales sont des fléaux planétaires, affectant tous les États, quel que soit leur niveau de développement, portant préjudice à la cohésion sociale et contribuant à laccroissement des inégalités, au détriment du plus grand nombre et pour le seul profit dune minorité ;

(34) Considérant que la réponse à cet enjeu planétaire appelle la mobilisation de la communauté internationale ;

(35) Considérant quil convient donc dengager une démarche politique globale en matière de régulation financière et de lutte contre lévasion fiscale au niveau de lOrganisation des Nations Unies (ONU), à linstar de la Conférence des Parties (COP) sur le changement climatique ;

(36) Considérant quil revient à notre pays de prendre une telle initiative afin que lONU se réunisse et entame des négociations autour dune convention-cadre qui doit permettre dassurer la coopération fiscale internationale, la prise et le suivi dengagements durables en matière de régulation financière et de lutte contre lévasion fiscale ;

(37) Considérant que cette démarche permettra également dimpliquer sur un pied dégalité les pays en voie de développement afin quils puissent bénéficier des ressources qui devraient légitimement revenir à leur population ;

(38) Considérant par ailleurs que les États membres de lUnion européenne se livrent à une dangereuse concurrence fiscale conduisant à la réduction progressive de la contribution des entreprises à leffort collectif, privant également les États des moyens daction dont ils auraient pourtant besoin pour lutter efficacement contre la pauvreté et le réchauffement climatique ;

(39) Considérant que cette concurrence fiscale est illustrée par la croissance exponentielle des rescrits fiscaux, sur lesquels la transparence et le contrôle démocratique doivent désormais simposer pour pouvoir faire la lumière sur déventuelles pratiques fiscales agressives ;

(40) Considérant que cette concurrence fiscale mortifère est exacerbée par lexistence de paradis bancaires, fiscaux et judiciaires, pour certains situés au sein même de lUnion européenne, faisant sortir des pans entiers de léconomie de tout contrôle démocratique ;

(41) Considérant que les initiatives politiques prises depuis 2008, tant en France quau niveau international, ne sauraient être considérées comme suffisantes compte tenu de la multiplication des affaires révélées et des montants qui échappent chaque année aux puissances publiques ;

(42) Considérant lobligation de développer un cadre global déchange dinformations entre les administrations fiscales et une « liste noire » des paradis fiscaux objective, ne laissant place à aucune exception pour pouvoir être utile et efficace ;

(43) Considérant limpérieuse nécessité dune transparence fiscale renforcée pour les sociétés multinationales, à travers notamment la mise en place dune obligation dinformation et de publication de rapports publics, pays par pays, détaillant avec précision les données dactivité pour chaque pays où elles sont présentes ;

(44) Considérant que les prérogatives et les moyens actuels de la justice pénale française ne lui permettent pas dagir en toute efficacité contre la fraude et lévasion fiscales ;

(45) Considérant quil y va de lintérêt des États et de la collectivité, et notamment en France et en Europe, de protéger les lanceurs dalerte, notamment en matière fiscale ;

(46) Considérant que les peuples et les acteurs du monde du travail et de la société civile ont également un rôle essentiel à jouer dans ce combat ;

(47) 1. Invite le Gouvernement français à être à linitiative dune grande conférence internationale, placée sous légide des Nations Unies, portant sur la régulation mondiale de la finance, lharmonisation et la justice fiscales et dont lobjectif serait de parvenir à un accord global visant à linstauration dune instance internationale permanente de coopération et de régulation fiscales, permettant la bonne application des engagements pris par les États parties et louverture régulière de nouvelles négociations sur ces questions ;

(48) 2. Appelle les autorités françaises à promouvoir, de manière constante, dans les négociations internationales auxquelles elles participent à ce sujet, notamment au niveau européen, une définition large, objective, effective et sans exception de la notion de juridiction et territoire non coopératifs, incluant notamment les dimensions bancaire, fiscale et judiciaire ;

(49) 3. Considère quil est indispensable de poursuivre les travaux engagés en matière de transparence fiscale pour élaborer un standard européen, voire mondial, en la matière, assorti de sanctions, afin de lutter efficacement contre lérosion des bases fiscales et le transfert des bénéfices pratiqué par des entreprises multinationales ;

(50) 4. Demande aux institutions européennes de faire des propositions ambitieuses visant à élaborer une norme de transparence commune sagissant des rescrits fiscaux, qui permette aux citoyens davoir accès, sur tout le territoire de lUnion européenne, aux informations importantes de ces accords conclus entre les administrations fiscales et certaines catégories de contribuables, notamment les entreprises ;

(51) 5. Insiste sur la nécessité de débattre, notamment au sein des institutions européennes, des conséquences à long terme de la concurrence fiscale sur lintérêt général, lenvironnement et le bien-être des populations et de déterminer les dispositions à prendre pour mettre en place une véritable coopération fiscale européenne ;

(52) 6. Accueille positivement les initiatives prises par le Parlement européen sagissant de linstauration dun statut européen harmonisé pour les lanceurs dalerte, visant à permettre quune alerte puisse être effectuée dans des conditions identiques et protectrices sur tout le territoire de lUnion européenne et invite les autorités françaises à soutenir cette démarche au sein des instances européennes.