Question écrite n° 56976 :
CNRS : Hauts-de-Seine

9e Législature

Question de : M. Lajoinie Andr�
- Communiste

M Andre Lajoinie alerte M le ministre de la recherche et de l'espace sur la tres grave decision prise par la direction du CNRS de demanteler son important groupe de laboratoires de recherche de Meudon-Bellevue, dans les Hauts-de-Seine, sous pretexte de « delocalisation ». Cela concerne 300 ou 400 personnes dont une partie doit etre transferee en province. La, comme ailleurs, ces delocalisations forcees et improvisees se preparent contre l'avis de la grande majorite des personnels concernes avec la volonte de changer et les structures et les missions du centre. Or le CNRS est un etablissement unique au monde. Il produit du « savoir » et la rentabilite maximale immediate ne figure pas a son programme. A l'origine, le CNRS etait un organisme public, independant, de recherche multidisciplinaire, avec sa propre dotation. Mais, de plus en plus, les laboratoires courent apres les contrats. Et pourtant, en 1984, ses salaries, jusqu'alors classes « contractuels de l'Etat », ont obtenu le statut de fonctionnaires et cinq missions ont ete definies : « evaluer, effectuer ou faire effectuer toutes recherches presentant un interet pour l'avancement de la science, ainsi que pour le progres economique social et culturel du pays ; contribuer a l'application et la valorisation des resultats de ces recherches ; developper l'information scientifique en favorisant l'usage de la langue francaise ; apporter son concours a la formation a la recherche et par la recherche ; enfin, participer a l'analyse de la conjoncture scientifique nationale et internationale et a ses perspectives. Le caractere national de l'entreprise a ete nettement reaffirme. Il est vrai qu'avec ses caracteristiques et ses particularites, le CNRS ne rentre pas dans le moule de la recherche telle qu'on la concoit au niveau europeen, c'est-a-dire soumise » aux imperatifs de l'efficacite financiere «. Et c'est heureux ! Avec cette politique, dite de » delocalisation «, le but poursuivi n'est-il pas tant de faire disparaitre le CNRS mais d'en faire une sorte d'agence d'objectifs de recherche, avec des effectifs en tres forte diminution ? A terme, apres eclatement de la structure et des statuts, le but n'est-il pas tant de mettre en place des laboratoires associes a des universites et a des entreprises, que des secteurs de recherche strictement definis, dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler des poles structurants ? En clair, serait-ce un derapage organise de la recherche fondamentale vers la recherche dite appliquee ? La » delocalisation « est a la fois but et moyen : la dispersion des services permettrait en fonction des credits, alloues ou non, de conditionner la survie de certains laboratoires et de vouer les autres a l'asphyxie, selon une selection arbitraire. Le comite national compose du Conseil national et des quarantes sections qui correspondent aux differentes disciplines n'a jamais ete consulte. Le contenu des » livres blancs regionaux de la recherche «, elabores par quelques directeurs a la demande du ministere et qui ont abouti aux decrets du CIAT, a ete tenu secret. Serait-il inavouable ? En consequence, il lui demande expressement reponses a ses questions, ainsi que les mesures qu'il entend prendre afin que les chercheurs et les ITA du centre de Meudon-Bellevue, qui exigent, a juste titre, » une concertation a la base «, soient consultes ainsi que l'ensemble du personnel et que soit pris en compte l'avis du comite national.

Données clés

Auteur : M. Lajoinie Andr�

Type de question : Question écrite

Rubrique : Recherche

Ministère interrogé : recherche et espace

Ministère répondant : recherche et espace

Date :
Question publiée le 20 avril 1992

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