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N° 5041

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ASSEMBLÉE   NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

QUINZIÈME LÉGISLATURE

 

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 16 février 2022.

RAPPORT D’INFORMATION

DÉPOSÉ

en application de l’article 145 du Règlement

PAR LA COMMISSION DEs affaires ÉTRANGÈRES

en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 3 mars 2021

 

sur « l’espace indopacifique : enjeux et stratégie pour la France »

et présenté par

Mme Aude AMADOU et M. Michel HERBILLON

Députés

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SOMMAIRE

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Pages

 

Synthèse du rapport

Propositions

Introduction

I. Au cœur des grands enjeux contemporains, l’Indopacifique est marquÉe par une accumulation des tensions liÉes À l’affirmation de la Chine

A. Apparu récemment, l’Indopacifique est un concept polysémique et flottant

1. Les échanges entre le Pacifique et l’océan Indien ne sont pas nouveaux

2. L’Asie-Pacifique, dont la connotation est économique, s’impose à la fin de la guerre froide

3. L’Indopacifique signale le retour de la géopolitique dans cet espace

4. L’Indopacifique n’en est pas moins un concept polysémique

B. L’espace indopacifique concentre les opportunitÉs et les dÉfis de demain

1. Cette région est le terrain d’un grand nombre d’opportunités

a. Plus de la moitié de la population mondiale

b. Une part croissante de la richesse mondiale

c. Des ressources et des voies maritimes essentielles

2. Les grands défis mondiaux se jouent largement dans cet espace

a. Des défis importants sur le plan du développement

b. Une région clé pour la préservation de la santé mondiale

c. L’Indopacifique est aux avant-postes du dérèglement climatique

C. L’affirmation chinoise structure la gÉopolitique de l’Indopacifique

1. Malgré les critiques, les « nouvelles routes de la soie » transforment la région

a. Les « nouvelles routes de la soie » : un immense programme d’infrastructures lancé par la Chine

b. L’initiative chinoise transforme l’Indopacifique dans des proportions variables

i. L’Asie du Sud-Est : une région sous dépendance chinoise

ii. Les îles du Pacifique : un ensemble sous pression de la Chine

c. Le bilan des « nouvelles routes de la soie » apparaît mitigé

2. L’affirmation régionale de la puissance militaire chinoise bouleverse les équilibres géopolitiques

a. La Chine poursuit des objectifs de sécurité dans l’espace indopacifique

i. En mer de Chine méridionale : une stratégie de militarisation

ii. Jusqu’à la seconde chaîne d’îles : une stratégie de déni d’accès

iii. Dans l’océan Indien : la stratégie du « collier de perles »

b. La Chine renforce ses prétentions de souveraineté en mer de Chine

i. La Chine accroît et modernise son arsenal conventionnel et nucléaire

ii. La Chine renforce sa pression militaire dans la mer de Chine

iii. Le niveau de tension fait craindre la possibilité d’un affrontement

II. La polarisation croissante des positions À l’Égard de la Chine tend À rÉduire La pluralitÉ des approches de l’Indopacifique

A. Le rapport À la Chine dÉtermine diffÉrentes approches de l’Indopacifique

1. Une partie des pays assument des différences d’intérêts et de valeurs avec la Chine

a. Les États-Unis poursuivent une politique d’endiguement de la Chine

b. Le Japon louvoie entre un arrimage américain et une voie médiane dans l’Indopacifique

c. L’Inde a une conception ouverte et inclusive de l’Indopacifique qui s’oppose à la domination d’une seule puissance dans la région

2. D’autres pays préfèrent contourner la question chinoise en faveur d’une stratégie fondée sur l’inclusion régionale

a. La Corée du Sud a une stratégie de coopération qui ne vise pas à structurer un ordre régional

b. À l’initiative de l’Indonésie, l’ASEAN s’est dotée d’une vision de l’Indopacifique fondée sur l’inclusion régionale

i. Les pays d’Asie du Sud-Est ont des sentiments ambivalents à l’égard de la Chine

ii. L’Indonésie a ouvert la voie à un discours inclusif sur l’Indopacifique en Asie du Sud-Est

iii. La vision indonésienne a inspiré la perspective sur l’Indopacifique de l’ASEAN

B. L’affirmation de la Chine renforce la polarisation des positions dans l’espace indopacifique

1. Les pressions chinoises conduisent plusieurs pays à durcir leur position vis-à-vis de Pékin

a. Confrontée à un accroissement de la pression chinoise, l’Australie a durci son positionnement à l’égard de Pékin

b. L’Inde et le Japon se raidissent également face à une Chine plus désinhibée dans ses revendications

i. La relation Chine-Inde : une relation plus conflictuelle

ii. Le durcissement de la politique chinoise du Japon

2. Les États-Unis rehaussent fortement leur réponse au défi chinois

a. Les États-Unis sont engagés dans une compétition de plus en plus large avec la Chine

b. L’Indopacifique est devenu le théâtre central de la confrontation entre la Chine et les États-Unis

i. Hong Kong : une politique de sanctions contre les autorités

ii. Taïwan : un renforcement du soutien de Washington

c. La réponse militaire reste la clef de voûte de la stratégie américaine de dissuasion de la Chine dans l’Indopacifique

i. Les États-Unis renforcent leurs capacités militaires

ii. Les États-Unis consolident leurs réseaux d’alliances

III. Contre la bipolarisation en cours, la France et l’Europe dÉfendent une « voie d’Équilibre » dans l’espace indopacifique

A. Premier pays europÉen À avoir adoptÉ une stratÉgie indopacifique, la France s’affirme comme une « puissance d’Équilibre »

1. La France se perçoit comme une puissance de l’Indopacifique

a. La France dispose de plusieurs atouts pour fonder sa légitimité à intervenir dans l’Indopacifique

b. La France a rétabli son image auprès des pays de la région

2. La stratégie française dessine une « voie d’équilibre »

3. Les enjeux de défense sont au cœur de la stratégie indopacifique de la France

a. Le ministère des Armées a publié une stratégie de défense française en Indopacifique

b. Les exportations d’armement sont la matrice de la stratégie indopacifique de la France

c. Les armées françaises renforcent leur activité opérationnelle dans la région

4. La France a l’ambition de donner à sa stratégie indopacifique une dimension plus large que la seule composante militaire

a. Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères a également publié une stratégie pour l’Indopacifique

b. La France s’appuie sur deux partenariats structurants avec l’Inde et le Japon

i. L’Inde : le premier partenaire de la France dans l’Indopacifique

ii. Le Japon : un partenaire d’exception dans la région avec lequel la coopération est dynamique

c. La France a largement investi les organisations régionales dans l’Indopacifique

i. L’adhésion aux organisations régionales : une source d’opportunités

ii. Dans l’océan Indien, les organisations régionales sont des instruments essentiels pour le renforcement de la présence française

iii. Dans le Pacifique, la France et les territoires d’outre-mer sont bien représentés au sein des principales organisations régionales

iv. La France a récemment conclu un partenariat de développement avec l’ASEAN

d. L’agence française pour le développement joue un rôle important dans la promotion des biens publics mondiaux

B. L’Europe a pris conscience de l’importance de l’espace indopacifique

1. Plusieurs pays européens ont adopté des stratégies indopacifiques qui se distinguent sensiblement

a. L’Allemagne esquive en partie les aspects stratégiques tout en affichant ses intérêts économiques dans la région

b. Alignée sur l’approche américaine, la stratégie indopacifique du Royaume-Uni obéit en grande partie à des objectifs commerciaux

2. L’Union européenne a récemment adopté une stratégie indopacifique qui a été fortement influencée par la France

a. L’action européenne dans la région est invisible

b. La France a été à l’initiative de la stratégie européenne

c. L’Union européenne aspire aussi à un positionnement d’équilibre

IV. AprÈs l’affaire AUKUS, la stratÉgie indopacifique de la France doit Être remise sur le mÉtier

A. Pour faire de l’Indopacifique une vÉritable prioritÉ, la France doit clarifier ses objectifs et ses moyens

1. La France doit conserver un positionnement d’équilibre dans l’Indopacifique

a. La France, comme l’UE, a intérêt à suivre une voie autonome

b. L’importance accordée par de nombreux pays de l’Indopacifique à leur autonomie stratégique est une opportunité pour la France

2. La France doit prévoir les moyens de ses ambitions dans la région

a. L’Indopacifique mérite un engagement politique plus soutenu

b. Tous les ministères doivent intégrer la priorité accordée à l’Indopacifique

c. La Marine nationale doit bénéficier de capacités supplémentaires

d. Les moyens du Quai d’Orsay ont été en partie réorientés mais il est difficile d’en assurer le suivi

B. L’AUKUS oblige la France À envisager le renforcement de certains partenariats bilatÉraux

1. L’AUKUS représente paradoxalement une opportunité de renforcer la coopération avec les États-Unis

a. Jusqu’à récemment, la France et les États-Unis ne se percevaient pas comme des partenaires « pertinents »

b. Après l’AUKUS, nos deux pays ont pris conscience de l’intérêt de renforcer leur coopération

c. La France doit veiller à ne pas tomber dans un alignement contre la Chine

2. La France doit consolider ses deux partenariats les plus décisifs dans l’espace indopacifique

a. Avec l’Inde, la coopération peut encore s’élargir et s’approfondir

b. Avec le Japon, il est également souhaitable d’investir de nouveaux domaines de coopération

3. Notre partenariat bilatéral peut être renforcé avec d’autres pays, en particulier avec l’Indonésie

a. Notre partenariat pourrait se renforcer avec d’autres pays dans la zone

b. L’Indonésie doit être un pays clef de notre stratégie indopacifique en Asie du Sud-Est

4. Même si notre pays ne retrouvera pas, avec l’Australie, la relation qui précédait l’AUKUS, un rapprochement paraît inévitable

C. La France doit plus s’investir dans le multilatÉralisme rÉgional et estimer au cas par cas les opportunitÉs de rejoindre certains cercles « miniLATÉraux »

1. Un investissement croissant de notre pays dans les organisations régionales est nécessaire

2. L’adhésion aux cercles « minilatéraux » doit être envisagée au cas par cas

D. La France doit prioriser ses domaines d’action en capitalisant sur les savoir-faire de notre pays et les attentes des pays partenaires

1. Notre pays a les moyens d’aider les pays de la région à gérer les défis de sécurité auxquels ces derniers sont confrontés

a. Les opportunités sont nombreuses sur le plan des exportations d’armement

b. Déjà importante, la coopération opérationnelle doit se poursuivre

i. La coopération opérationnelle de défense doit rester à un niveau élevé

ii. La coopération en matière de sécurité maritime peut encore se développer

2. La France peut proposer un modèle de développement équilibré et durable dans la région

a. Notre politique de développement doit encore monter en puissance

b. La France doit allier sa politique de développement avec une action ambitieuse en faveur de la promotion des biens publics mondiaux

i. La lutte contre le changement climatique répond à une forte attente de nombreux pays de l’Indopacifique

ii. La lutte contre les zoonoses est un axe stratégique de la coopération dans l’Indopacifique

iii. La promotion de l’État de droit et des droits humains doit aussi faire partie de notre stratégie

c. Notre pays ne doit pas hésiter à tirer profit de l’émergence économique de la région

E. L’outre-mer et l’UE peuvent apporter un appui À la stratÉgie nationale, À condition d’avoir une action complÉmentaire

1. Les outre-mer, qui permettent à la France de légitimer son action, doivent devenir des atouts pour notre stratégie indopacifique

2. La stratégie indopacifique de l’UE doit capitaliser sur les atouts de l’Union et ne pas chercher à articuler une réponse géopolitique

a. La nouvelle approche européenne de la connectivité doit encore trouver un instrument de financement propre

b. L’UE ne doit pas conclure des accords de libre-échange à n’importe quelle condition

c. L’UE doit mesurer ses ambitions dans le domaine de la sécurité et la défense

EXAMEN en commission

ANNEXE N° 1 : LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES

ANNEXE N° 2 : LISTE DES PRINCIPAUX ACRONYMES UTILISÉS DANS LE RAPPORT

ANNEXE N° 3 : LES PRINCIPALES ORGANISATIONS RÉGIONALES DE L’INDOPACIFIQUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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   Synthèse du rapport

● Apparu récemment, le concept d’Indopacifique structure aujourd’hui les discours et les stratégies d’un nombre important d’acteurs investis dans cette région. S’il permet de mettre en lumière des tendances communes entre l’océan Indien et l’océan Pacifique, l’Indopacifique n’en demeure pas moins un concept polysémique et flottant, défini par chaque acteur pour servir ses intérêts dans la région.

L’Indopacifique se caractérise aujourd’hui par deux phénomènes à la portée considérable. L’émergence de la région, d’une part, qui concentre d’immenses opportunités démographiques et économiques ainsi que d’immenses défis en matière de développement, de risque sanitaire et d’atteintes à l’environnement. Et d’autre part, l’affirmation de la Chine qui déploie dans la zone une stratégie d’influence, qui repose principalement sur le projet des nouvelles routes de la soie, et une stratégie d’affirmation militaire qui s’étend jusque dans l’océan Indien.

● La réponse à l’affirmation croissante de la Chine est la question centrale des différentes stratégies, visions et lignes directrices consacrées à l’Indopacifique. Si aucun pays n’a une approche manichéenne, les différentes conceptions de l’Indopacifique se distinguent par des degrés divers d’opposition à la Chine. Certains pays assument leurs différences de valeurs et d’intérêts avec Pékin, comme les États-Unis mais aussi l’Inde et le Japon. D’autres pays en revanche, à l’image de la Corée du Sud, de l’Indonésie et des autres pays de l’ASEAN, préfèrent éviter de prendre position sur la question chinoise et insistent sur l’importance de l’inclusion régionale pour répondre aux opportunités et aux défis qui caractérisent cet espace.

Le renforcement de la pression chinoise dans la région conduit cependant plusieurs pays à durcir leur attitude à l’égard de Pékin. L’Australie, dont la relation avec la Chine s’est fortement dégradée ces dernières années, a notamment réévalué sa perception de la menace chinoise et durci son approche dans l’Indopacifique. Les États-Unis renforcent par ailleurs leur posture militaire afin de dissuader la Chine de vouloir changer par la force le statu quo dans la zone. C’est dans ce contexte stratégique mouvant qu’il faut comprendre la formation de l’alliance AUKUS qui répond à l’inquiétude grandissante de Canberra à l’égard de la Pékin et qui permet à Washington de consolider son réseau d’alliances militaires dans la région.

● La France qui, grâce à ses outre-mer, se perçoit comme une puissance résidente dans la zone, est le premier pays européen à avoir adopté une stratégie indopacifique. Notre pays s’affirme dans la région comme une « puissance d’équilibre » désireuse de se créer un espace malgré la polarisation en cours. Si la coopération de défense est au cœur de l’approche française dans l’Indopacifique, la France a l’ambition de mener une stratégie plus large qui repose sur le renforcement de nos partenariats bilatéraux, l’investissement dans les organisations régionales et la promotion des biens publics mondiaux (santé, climat, biodiversité).

Ces dernières années, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont également publié leurs propres documents stratégiques sur l’espace indopacifique. Ces pays affichent bien plus ouvertement que la France leurs ambitions commerciales dans cette région qui concentre deux tiers de la croissance mondiale. De tous les pays européens, c’est la France qui a le plus pesé et le plus influencé la stratégie indopacifique qui a été présentée par l’Union européenne le 16 septembre.

● La remise en cause du partenariat stratégique avec l’Australie dans le sillage de l’AUKUS a fortement fragilisé la stratégie française dans la région. L’axe « Paris-New Delhi-Canberra » qui servait de colonne vertébrale à notre stratégie s’est effondré. Son volet diplomatique destiné à élargir notre approche au-delà des seuls enjeux de défense reste par ailleurs largement à décliner. Il est donc nécessaire de définir de nouveaux axes pour la présence française en Indopacifique.

Nous appelons en premier lieu à clarifier nos objectifs et nos moyens dans la zone. Compte tenu de la polarisation en cours, qui inquiète de nombreux pays de la région, le positionnement d’équilibre paraît encore plus nécessaire aujourd’hui qu’il ne l’était hier. La France doit aussi préciser les moyens qu’elle est prête à mobiliser pour faire de l’Indopacifique une réelle priorité.

Alors que notre pays subit un certain isolement diplomatique après la perte de l’allié australien, et dans l’attente d’un plus grand investissement des Européens, certains de nos partenariats bilatéraux et régionaux doivent être renforcés. Au-delà de nos partenariats les plus importants avec l’Inde et le Japon, la coopération peut être renforcée avec plusieurs pays, en particulier avec l’Indonésie qui pourrait devenir un partenaire clef de notre stratégie indopacifique en Asie du Sud-Est. La France doit aussi davantage s’investir dans les organisations régionales tout en évaluant au cas par cas l’opportunité de rejoindre les formats « minilatéraux ».

Notre pays doit aussi présenter une offre de coopération plus lisible et plus attractive ce qui implique de prioriser nos domaines d’actions sur la base de deux critères : nos savoir-faire et les attentes des pays partenaires. La sécurité et la défense doivent rester des champs de coopération privilégiés mais notre action ne peut reposer uniquement sur les exportations d’armement. La France a les moyens de proposer aux pays de la région un modèle de développement équilibré et durable dont pourront d’ailleurs profiter nos entreprises. Ceci suppose de reconnaître l’Indopacifique comme une priorité de notre politique de développement mais aussi de mener une politique ambitieuse en faveur de la promotion des biens publics mondiaux, l’environnement mais aussi la santé, et en particulier la lutte contre les zoonoses, ainsi que la promotion de l’État de droit et des droits humains.

Enfin, nous appelons à davantage mobiliser, de façon complémentaire, nos outre-mer et l’Union européenne en appui à la stratégie française. Nos outre-mer doivent être pensés, non seulement comme une source de légitimité mais comme de véritables atouts pour notre stratégie. L’enjeu est aussi de décliner concrètement la stratégie indopacifique de l’Union européenne en veillant à ce que celle-ci demeure centrée sur ce que sont les atouts de l’Union.


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   Propositions
 

Quinze orientations pour redéfinir la stratégie indopacifique de la France

1) Promouvoir l’approche française et européenne de l’Indopacifique, fondée sur une idée d’équilibre, qui répond à une attente de nombreux pays de la région également soucieux de leur autonomie stratégique.

2) Clarifier et amplifier les moyens (politiques, administratifs, militaires, humains et budgétaires) que la France est prête à mobiliser pour mettre en œuvre sa stratégie indopacifique, ce qui serait un gage de crédibilité.

3) Définir de nouvelles modalités de coopérations concrètes avec les États-Unis tout en prenant soin de ne pas s’aligner sur Washington, notamment en ce qui concerne la relation avec la Chine.

4) Consolider nos partenariats les plus décisifs, avec l’Inde et le Japon, dans des domaines plus vastes que la défense, en élargissant lorsque cela est possible la coopération à d’autres pays de la région.

5) Renforcer substantiellement le partenariat avec l’Indonésie, qui a le potentiel pour devenir un pays clef de notre stratégie en Asie du Sud-Est.

6) Engager le rétablissement des relations avec Canberra sur la base d’un renforcement ambitieux de la coopération dans l’Indopacifique, notamment en matière de défense et dans la zone du Pacifique Sud.

7) Donner de la substance au partenariat de développement avec l’ASEAN.

8) Écarter, pour l’heure, la perspective d’une adhésion au Quad, qui brouillerait notre positionnement comme « puissance d’équilibre ».

9) Consolider dans la région l’offre française en matière de défense et de sécurité, aussi bien les relations d’armement que la coopération opérationnelle.

10) Reconnaître l’Indopacifique comme une priorité stratégique pour notre aide publique au développement qui, pour changer d’échelle, doit reposer davantage sur des projets régionaux et associer un nombre croissant de partenaires.

11) Consacrer la lutte contre les zoonoses comme un axe stratégique de la coopération dans la zone et, pour ce faire, étendre nos réseaux de recherche et communiquer davantage sur la qualité de notre recherche pour le développement auprès de nos partenaires et des organisations régionales.

12) Inclure la promotion de l’État de droit et des droits humains dans notre stratégie indopacifique en favorisant des sociétés ouvertes dans la région.

13) Assumer que la France puisse tirer profit de l’émergence économique de l’Indopacifique par un soutien accru à nos entreprises, notamment dans les secteurs d’avenir pour la région, et par la diversification des approvisionnements pour réduire nos dépendances dans certains secteurs critiques.

14) Inciter pleinement nos outre-mer à contribuer, dans leurs domaines de compétences, aux priorités de la stratégie indopacifique de la France.

15) Appuyer la nouvelle approche européenne de la connectivité (« Global Gateway ») sur un instrument de financement suffisamment bien doté.


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La géographie française de l’Indopacifique

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 Source : MEAE



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Les distances dans l’Indopacifique : Un espace vaste et étendu

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