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N° 208

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ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

SEIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 23 août 2022.

PROPOSITION DE LOI

visant à la création d’une délégation parlementaire
aux droits de lenfant à l’Assemblée nationale,

(Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale
de la République, à défaut de constitution d’une commission spéciale
dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.),

présentée par Mesdames et Messieurs

Perrine GOULET, Anne‑Laure BABAULT, Erwan BALANANT, Géraldine BANNIER, Philippe BERTA, Christophe BLANCHET, Philippe BOLO, Jean‑Louis BOURLANGES, Blandine BROCARD, Vincent BRU, Mickaël COSSON, Laurent CROIZIER, Jean‑Pierre CUBERTAFON, Romain DAUBIÉ, Mathilde DESJONQUÈRES, Laurent ESQUENET‑GOXES, Marina FERRARI, Estelle FOLEST, Bruno FUCHS, Maud GATEL, Luc GEISMAR, Frantz GUMBS, Cyrille ISAAC‑SIBILLE, Élodie JACQUIER‑LAFORGE, Sandrine JOSSO, Fabien LAINÉ, Mohamed LAQHILA, Florence LASSERRE, Philippe LATOMBE, Pascal LECAMP, Delphine LINGEMANN, Aude LUQUET, Emmanuel MANDON, Éric MARTINEAU, Jean‑Paul MATTEI, Sophie METTE, Bruno MILLIENNE, Louise               MOREL, Hubert OTT, Jimmy PAHUN, Frédéric PETIT, Maud PETIT, Josy POUEYTO, Richard RAMOS, Sabine THILLAYE, Nicolas TURQUOIS, Laurence VICHNIEVSKY, Philippe VIGIER, Frédéric ZGAINSKI,

députés.


1

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

La France, patrie des Droits de lHomme, porte au cœur de ses valeurs le respect des droits de lenfant.

Son engagement prend racine dans le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, en son onzième alinéa, qui dispose que « la Nation garantit à tous, notamment à lenfant […] la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. ».

Il se prolonge au plan international avec comme boussole la Convention internationale des droits de lenfant (CIDE) adoptée par lAssemblée générale des Nations unies, il y a plus de 30 ans, le 20 novembre 1989.

Par cette convention, la France reconnaît que lenfant est un être à protéger qui dispose de droits fondamentaux. Les droits qui lui sont reconnus considèrent lenfant dans sa globalité : il sagit de droits dordre civil, politique, économique, social et culturel. À ce titre, larticle 4 stipule que « Les États signataires sengagent à prendre toutes les mesures législatives, administratives et autres qui sont nécessaires pour mettre en œuvre les droits reconnus par la présente convention ».

Cest dans cet esprit que le 20 novembre 2019, pour les trente ans de la ratification de la Convention internationale des droits de lenfant, le Président de la République prononçait à lUNESCO un discours majeur, témoignant de sa volonté dagir plus avant sur le sujet des droits de lenfant. Emmanuel Macron y rappelait que malgré la mobilisation de nombreux acteurs, il y avait en France dimportants manquements et quil fallait « protéger nos enfants face à de nouvelles menaces ». Ces propos faisaient écho à linterpellation du Défenseur des droits, qui alertait sur l’émergence de nouveaux sujets de préoccupation quant au respect de lintégrité physique et morale de nombreux enfants.

Depuis le 25 septembre 2015, la France est signataire des 17 objectifs de développement durable tels que définis par les Nations unies à échéance 2030, qui lengage à tout mettre en œuvre pour un monde plus juste et plus durable. Notre feuille de route fixe le cap pour une France entreprenante, solidaire et écologique qui ne vit pas au crédit de ses enfants, ni de leur environnement. Les manifestations de la jeunesse pour la préservation du climat nous rappellent son droit à vivre dans un environnement sain et à faire entendre sa voix dans le champ public.

En France, les chiffres des violences faites aux enfants sont inquiétants :

– 1 enfant est tué dans le cercle intrafamilial tous les cinq jours ;

– 73 000 cas de maltraitances sont signalés chaque année à la police nationale et à la gendarmerie ;

– 70 000 enfants restent handicapés à la suite de ces violences chaque année ;

– 53 % des décès pour maltraitance interviennent entre 0 et 4 ans ;

– 1 enfant est violé toutes les heures.

Le Comité des droits de lenfant des Nations unies, qui évalue tous les cinq ans la bonne application de la CIDE par la France, a notamment dénoncé, en 2016, ces chiffres alarmants et a recommandé une meilleure coordination des acteurs pour lapplication de la CIDE.

Actuellement, le Parlement ne dispose pas dorgane unique sur lequel sappuyer pour avoir une vision globale et contribuer aux politiques publiques menées. De nombreuses commissions sont saisies sur des sujets liés aux droits de lenfant et des avancées sont faites par les commissions des lois, des affaires sociales ou encore des affaires culturelles et de l’éducation qui sont les principales garantes de la prise en compte de lenfant à lAssemblée nationale. Cependant, ces travaux dépendent dinitiatives individuelles et mériteraient d’être menés de façon concertée et systématique car lenfant est un individu à part entière.

Le combat pour les droits de lenfant est un combat toujours inachevé dont nous, députés, devons être collectivement les fantassins. Par cette proposition de loi, nous venons réaffirmer notre volonté de préparer un avenir plus juste et durable pour tous les enfants dans le respect de leurs droits. Nous souhaitons pour assurer un meilleur suivi des droits de l’enfant créer une délégation dédiée aux droits de l’enfant à l’assemblée nationale.

 


proposition de loi

Article unique

Après larticle 6 septies de lordonnance n° 58‑1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, il est inséré un article 6 octies ainsi rédigé :

« Art. 6 octies. – I.  Il est constitué, à lAssemblée nationale, une délégation parlementaire aux droits de lenfant, comptant trente‑six membres.

« II. – Les membres de la délégation sont désignés par lAssemblée nationale, en son sein, de manière à assurer une représentation proportionnelle des groupes parlementaires, une représentation équilibrée des hommes et des femmes ainsi que des commissions permanentes.

« La délégation est désignée au début de chaque législature pour la durée de celle‑ci.

« Le mandat des délégués prend fin avec le mandat parlementaire.

« III. – Sans préjudice des compétences des commissions permanentes ou spéciales, la délégation parlementaire aux droits de lenfant a pour mission dinformer lAssemblée nationale de la politique suivie par le Gouvernement au regard de ses conséquences sur les droits des enfants. En ce domaine, elle assure le suivi de lapplication des lois.

« À cet effet, la délégation parlementaire aux droits de lenfant peut être saisie sur les projets ou propositions de loi par :

« – le Bureau de lAssemblée nationale, soit à son initiative, soit à la demande dun président de groupe ;

« – une commission permanente ou spéciale, à son initiative ou sur demande de la délégation.

« La délégation peut demander à entendre les ministres, ainsi que toute autre personnalité publique impliquée sur les questions touchant à la protection de lenfance. Le Gouvernement lui communique les informations utiles et les documents nécessaires à laccomplissement de sa mission.

« IV. – La délégation établit, sur les questions dont elle est saisie, des rapports comportant des recommandations qui sont déposés sur le bureau de lAssemblée nationale et transmis aux commissions parlementaires compétentes. Ces rapports sont rendus publics.

« Elle établit en outre, chaque année, un rapport public dressant le bilan de son activité et comportant, le cas échéant, des propositions damélioration de la législation et de la réglementation dans son domaine de compétence.

« V. – La délégation organise la publicité de ses travaux dans les conditions définies par le Règlement de lAssemblée nationale.

« VI. – La délégation établit son règlement intérieur. »