Jacques Gavini

1889 - 1964

Informations générales
  • Né le 25 décembre 1889 à Bastia (Corse - France)
  • Décédé le 1er octobre 1964 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Corse
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Corse
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Corse
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Corse
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Corse
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 23 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Corse
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies


Né le 25 décembre 1889 à Bastia (Corse)

Décédé le 1er octobre 1964 à Paris

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante

Député de la Corse de 1946 à 1958

Secrétaire d'Etat à la Marine du 11 août 1951 au 19 juin 1954

Jacques Gavini, né le 25 décembre 1889 à Bastia, est issu d'une longue lignée de parlementaires qui marque de son empreinte l'histoire politique de la Corse depuis la, moitié du XIXe siècle : son père, Sébastien Gavini, est député de la Corse de 1893 à 1898 ; son oncle, l'est de 1889 à 1898 et de 1903 à 1910, devient sénateur de 1912 à 1920, puis retrouve la Chambre des députés de 1919 à 1924; son grand-père, Sampiere Gavini, est député de la Corse de 1863 à 1869 ; son grand-oncle, Denis Gavini, est député à l'Assemblée constituante en 1849, puis siège à la Chambre des députés de 1876 à 1885.

Malgré cette ascendance parlementaire impressionnante, Jacques Gavini ne place pas la première partie de sa carrière sous le signe de l'action publique : sorti en 1914 des rangs de l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, il met ses talents d'ingénieur au service de l'artillerie ; durant cinq ans il fait la guerre en France, en Russie et en Orient, et la termine avec les galons de capitaine, plusieurs fois cité, décoré de la rosette de la Légion d'honneur. Démobilisé en 1919, Jacques Gavini entame alors une carrière d'ingénieur et d'entrepreneur dans le secteur énergétique : son ascension la plus remarquable s'effectue au sein de la Compagnie des Compteurs, qu'il intègre en 1925, et dont il devient le directeur commercial, puis, en 1937, directeur-général. Lorsque survient la seconde guerre mondiale, il est rappelé aux armées comme chef d'escadron d'artillerie ; il combat alors en Alsace, dans les Vosges, où le courage de sa conduite courageuse, saluée par une nouvelle citation, est impuissante face au déferlement de l'ennemi : Jacques Gavini est fait prisonnier, et conduit dans un camp, en Poméranie orientale, dont il est libéré en 1941, avec les anciens combattants de la première guerre mondiale.

La désorganisation du système politique corse au lendemain de la Libération est telle que le seul nom de Gavini peut apparaître comme un recours ; et Jacques Gavini, même s'il a quitté la Corse, a pris soin de ne pas rompre les liens avec les siens, multipliant les voyages à Bastia et surtout à Campile, le berceau familial, dont il s'est fait élire conseiller général depuis 1926. Cédant aux insistances de ceux qui souhaitent la renaissance du parti Gavani, Jacques Gavini se présente en octobre 1945 aux élections destinées à former la première Assemblée nationale constituante : il est élu, seul de sa « liste de défense républicaine et sociale », avec 16 300 voix sur 96 257 suffrages exprimés, et accède à l'un des quatre sièges à pourvoir ; en juin 1946, il est réélu dans la seconde Assemblée nationale constituante, avec 19 905 voix sur 97 405 suffrages exprimés. Durant ces deux premiers mandats, il est, à l'Assemblée, membre de la Commission de l'équipement national et de la production, et intervient surtout sur des points relatifs à sa circonscription, la Corse, et à sa spécialité, les affaires énergétiques. Il vote contre la nationalisation du crédit (2 décembre 1945), contre le projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946 (19 avril 1946) et contre le second projet de Constitution (28 septembre 1946).

Jacques Gavini est de nouveau élu en novembre 1946, puisque 18 129 voix sur 88 152 suffrages exprimés, se portent sur la « liste de défense républicaine et sociale » qu'il conduit ; il siège à l'Assemblée durant la première législature, sous l'étiquette Républicain indépendant. Il vote l'investiture de Léon Blum (17 décembre 1946), puis de Paul Ramadier (4 mai 1947) ; il approuve le texte du Gouvernement sur les écoles privées des houillères nationalisées (14 mai 1948), vote pour le projet de loi relatif à la ratification de l'accord bilatéral de coopération économique (plan Marshall « , 7 juillet 1948), pour le projet de loi relatif à la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949), pour la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949) et pour la réforme électorale instituant le régime des apparentements (7 mai 1951).

En 1951, la réélection de Jacques Gavini se présente sous des augures moins favorables, si bien qu'il est contraint de procéder à un apparentement avec la liste du Rassemblement des Gauches Républicaines (RGR), conduite par le maire de Bastia, Jacques Faggianelli, pour sauver son siège. La liste conduite par Jacques Gavini au nom des Républicains indépendants obtient 15 347 voix sur 149 234 suffrages exprimés, celle conduite par Jacques Faggianelli 25 551 voix ; le jeu des apparentements permet à chacun d'eux d'accéder à l'un des quatre sièges à pourvoir. Jacques Gavini ne prend pas part au vote de la loi Barangé-Marie (21 septembre 1951), vote pour la CECA (13 décembre 1951), soutient Antoine Pinay (6 mars 1952), puis Joseph Laniel (26 juin 1953), mais s'abstient volontairement lors du vote de la confiance à Pierre Mendès-France (17 juin 1954) ; il s'oppose à la question préalable de MM. Aumeran et Herriot, dont l'adoption aboutit au rejet du traité instituant la Communauté Européenne de Défense (30 août 1954) ; enfin, il soutient Edgar Faure lorsque celui-ci accède à la présidence du Conseil (23 février 2955), mais s'abstient volontairement lors du scrutin sur la date des élections législatives et leur régime électoral (29 novembre 1955), mais s'abstient volontairement lors du scrutin sur la date des élections législatives et leur régime électoral (29 novembre 1955) qui entraîne la chute du cabinet Faure, puis la dissolution de l'Assemblée.

Mais durant cette législature, l'action politique de Jacques Gavini privilégie nettement les questions maritimes ; membre, puis vice-président, le 5 février 1948 de la Commission de la marine marchande et des pêches, il est nommé, dans le cabinet Pleven du 11 août 1951, secrétaire d'Etat à la marine. Il conserve ses fonctions jusqu'à l'avènement du ministère Mendès-France, le 19 juin 1954, traversant les cabinets Pleven, Faure, Pinay, Mayer, Laniel, et offrant ainsi un exemple remarquable de continuité dans l'action ministérielle durant la quatrième République.

Lorsqu'il quitte la rue Royale, Jacques Gavini ne se détourne pas de son intérêt pour les questions maritimes ; il accède presque aussitôt, en juillet 1954, à la présidence de l'Association des Grands Ports français, où il remplace René Coty, et se fait élire peu après membre de l'Académie de Marine.

Pour retrouver, en 1956, son siège à l'Assemblée, Jacques Gavini est de nouveau contraint de conclure un apparentement entre la liste du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP) qu'il conduit, la liste des Républicains Sociaux, emmenée par le député sortant Antoine Serafini, et la liste de Parti Républicain Radical et Radical Socialiste, conduite par Jacques Faggianelli. Sur 90 160 suffrages exprimés, la liste de Gavini obtient 18 290 voix, celle de Serafini 10 548 voix, et celle Faggianelli, 36 864 voix ; sur ces trois députés sortant, seul Jacques Gavini et Jacques Faggianelli retrouvent alors leur siège.

Jacques Gavini retrouve sa place au sein de la Commission de la marine marchande et des pêches, mais restreint très notablement son activité parlementaire ; il ne dépose que deux textes, dont une proposition de résolution, le 7 novembre 1957, destinée à indemniser les victimes des incendies de l'été 1957, en Corse, et n'intervient qu'à une seule occasion, le 3 juillet 1957, lors de la discussion du projet de loi traitant ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom. Refusant sa confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958), Jacques Gavini l'accorde à Charles de Gaulle (1er juin), et vote les pleins pouvoirs (2 juin).

Sous la Ve République, aux élections de novembre 1958, Jacques Gavini est réélu député de la 2e circonscription de la Corse (Bastia).



GAVINI (Jacques, Antoine, Sébastien)
Né le 25 décembre 1889 à Bastia (Corse)
Décédé le 1er octobre 1964 à Paris (10ème)

Secrétaire d’Etat à la marine du 11 août 1951 au 19 juin 1954
Député de la Corse de 1945 à 1962

Lorsque survint la crise du 13-Mai, Jacques Gavini suivit le secrétariat général du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) dans sa stratégie visant à utiliser l’appel des ultras et des militaires à Charles de Gaulle pour obtenir le changement des institutions, la consécration du Centre national comme premier parti de France et le retour d’Antoine Pinay à Matignon. Il vota en faveur de l’investiture de l’Homme du 18-Juin puis de la nouvelle Constitution. En novembre, il fut candidat du CNIP dans la 2ème circonscription de la Corse (arrondissement de Bastia). Le 23 novembre 1958, il affronta six autres candidats : Pierre Giudicelli (PCF, 4 655 voix), Sébastien de Casalta (SFIO, 1 605 voix), Jean Zuccarelli (radical, 4 865 voix), Raoul Maymard (Union pour la nouvelle République, 5 668 voix), Jacques Faggianelli (député sortant dissident du parti radical, investi par le Centre républicain, 5 184 voix), Pierre Maestracci-Pietri (sans étiquette, 149 voix). Avec 5 721 suffrages (quelques centaines de moins qu’en 1956), le député sortant indépendant et paysan arrivait en tête. Il fut élu le 30 novembre avec 10 775 voix, récupérant l’essentiel des électeurs de Jean Faggianelli, face aux trois candidats restés en lice (PCF : 4 841 voix ; radical : 7 048 voix ; UNR : 7 249 voix).
Réinscrit au groupe Indépendant et paysan d’action sociale (IPAS), présidé par Henry Bergasse, Jacques Gavini fut membre de la commission de la Production et des échanges tout au long de la législature. Il siégea en 1959 dans le Comité consultatif chargé d’étudier les horaires et les tarifs des services de fret entre continent et Corse. Il intervint relativement peu à la tribune, essentiellement sur les questions concernant la Corse : contre la fermeture programmée des chemins de fer de l’île (20 novembre et 22 décembre 1959, 10 novembre 1960) ; sur les besoins spécifiques du département lors de la discussion de la loi d’orientation agricole (4 mai 1960) ; contre l’utilisation de la formule « dans la France métropolitaine et en Corse » (sic) dans le projet de loi de finances rectificatif (31 mai 1960) ; en faveur d’un statut fiscal spécial pour compenser le handicap de l’insularité (5 décembre 1960, 22 juillet et 14 décembre 1961, 27 juin et 12 juillet 1962) ; à propos des droits de douanes sur les extraits tannants tirés des châtaigneraies corses (21 juillet 1961) ; sur le financement de la Caisse des invalides de la Marine (1er décembre 1961). Favorable jusqu’au bout à la cause de l’Algérie française sans toutefois s’associer aux plus intransigeants de ses collègues IPAS tels François Valentin, Henri Trémolet de Villers ou Jean-Marie Le Pen, il émit son premier vote hostile au gouvernement de Michel Debré le 17 décembre 1959, à l’occasion du vote en deuxième lecture du budget pour 1960. Le 2 février 1960, il s’abstint dans le vote modifiant les pouvoirs spéciaux du gouvernement. Le 27 avril 1962, comme la grande majorité des députés du groupe IPAS, il s’abstint lors du vote sur la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, Georges Pompidou. Il refusa la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault le 5 juillet et, hostile au principe de l’élection du président de la République au suffrage universel, il vota le 4 octobre la motion de censure qui provoqua la chute du gouvernement de Georges Pompidou.
À nouveau candidat du CNIP aux élections législatives anticipées de novembre 1962, il affronta quatre adversaires : ceux, inchangés par rapport à 1958, du PCF (4 677 voix), du parti radical (9 651 voix) et sans étiquette (443 voix), et un nouveau candidat gaulliste, Marcel Sammarcelli, député sortant de la 3ème circonscription de Corse, qui obtint 4 875 voix. Jacques Gavini, avec 7 177 suffrages, avait progressé depuis 1958 mais il n’était plus qu’en deuxième position à l’issue du premier tour, distancé par le candidat radical qui avait récupéré une fraction de l’ancien électorat de Jean Faggianelli. Le 25 novembre, le député sortant, handicapé par le maintien du candidat de l’UNR (6 147 voix), affronta Jean Zuccarelli qui l’emporta largement avec 16 539 voix contre 7 087 à Jacques Gavini. Celui-ci, comme les trois quarts des élus sortants IPAS, fut donc battu. Sa carrière politique s’arrêta brusquement.
Il était commandeur de la Légion d’honneur. Il décéda à Paris et fut inhumé dans le village familial de Campile.