Lucie Guérin

1900 - 1973

Informations générales
  • Née le 11 août 1900 à Le havre-graville (Seine-Inférieure - France)
  • Décédée le 13 juin 1973 à Fleury-mérogis (Essonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Née le 11 août 1900 à Graville-Saint-Honorine (Seine-Inférieure)

Décédée le 13 juin 1973 à Fleury-Mérogis (Essonne)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante

Député de la Seine-Inférieure de 1946 à 1951

Lucie Couillebault naît le 11 août 1900 à Graville-Sainte-Honorine dans la banlieue du Havre. Le 7 août 1923 elle épouse, dans la même commune, son ami d'enfance Roger Guérin dont elle aura deux enfants.

Institutrice, elle s'engage dans la vie politique et syndicale et adhère au Parti communiste. Elle participe activement à la Résistance pendant l'occupation au sein des FTP.

Arrêtée par les Allemands le 1er décembre 1941, elle sera internée jusqu'au 12 mai 1944, puis déportée à Ravensbrück dont elle sera libérée le 7 mai 1945. Sa fille, Claudine, déportée à Auschwitz, y meurt en avril 1943.

Rentrée en France, Lucie Guérin présente sa candidature dans la 1re circonscription de la Seine-Inférieure aux élections pour l'Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945.

La liste communiste conduite par Victor Michaut recueille 57 885 voix sur 205 376 suffrages exprimés, ce qui assure l'élection à la plus forte moyenne de Lucie Guérin, deuxième de liste.

Lucie Guérin est nommée membre de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression ; elle est aussi nommé juré à la Haute cour. Ses interventions à la tribune et ses dépôts de textes se concentrent tous autour de deux thèmes majeurs : l'aide aux victimes de la déportation et de l'enfance en difficulté.

Lucie Guérin est notamment l'auteur, le 20 avril 1946, d'une proposition de loi tendant à organiser l'enseignement spécial des enfants déficients, anormaux et délinquants : indiquant, dans l'exposé des motifs, que « notre pays ne peut pas supporter la charge d'individus inaptes à toute activité sociale normale, et leur entretien dans les établissements d'assistance ou les prisons, alors qu'un effort de quelques années fait en leur faveur peut assurer leur réadaptation », la proposition de loi instaure l'obligation scolaire pour « les enfants reconnus éducables, mais atteints d'une déficience sensorielle, motrice ou intellectuelle, de troubles caractériels ou coupables de délits ».

Lucie Guérin intervient aussi, le 31 décembre 1945, à la tribune de l'Assemblée, pour interpeller le ministre chargé des anciens combattants et victimes de guerre : elle s'indigne de la situation réservée par le gouvernement aux réfractaires maquisards, pour lesquels elle réclame les avantages accordés aux déportés du travail.

Candidate au renouvellement de son mandat lors des élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée constituante, Lucie Guérin occupe de nouveau la deuxième place sur la liste communiste emmenée dans la première circonscription de la Seine-Inférieure par Victor Michaut ; les 55 855 voix sur 205 376 suffrages exprimés que recueille la liste lui assurent son élection à la plus forte moyenne.

Lucie Guérin est alors nommée membre de la Commission de la Constitution, et juré de la Haute cour de justice. Son activité parlementaire se limite au dépôt d'une proposition de loi, le 25 juillet 1946, tendant à organiser des classes de perfectionnement pour les enfants arriérés et déficients ; en fait, le texte reprend exactement la proposition de loi du 20 avril 1946.

Lucie Guérin est de nouveau deuxième sur la liste du Parti communiste dans la première circonscription de la Seine-Inférieure. Lors des élections législatives du 18 novembre 1946. Avec 62 496 voix sur 196 333 suffrages exprimés, la liste remporte deux des six sièges à pourvoir, et Lucie Guérin retrouve pour la première législature son siège de député. De 1945 à 1949, elle est aussi conseiller général du quatrième canton de Rouen.

Lucie Guérin est nommée membre de la Commission de l'éducation nationale (1946, 1948, 1949, 1950, 1951) et de la Commission des pensions. Elle est encore désignée pour les fonctions de juré à la Haute cour de justice.

Elle est l'auteur de nombreux textes, quasiment tous relatifs aux problèmes de l'éducation. Elle dépose ainsi, le 9 décembre 1949, une proposition de loi tendant à établir un programme quinquennal de constructions scolaires, pour lequel seraient ouvertes dans le budget des autorisations de programme pour un total de 450 milliards de francs.

Ses nombreuses interventions à la tribune témoignent de préoccupations identiques ; le 4 juillet 1949, elle s'en prend avec force au ministre de l'éducation nationale du premier cabinet Queuille, Yvon Delbos, accusé d'immobilisme : « maintes fois, depuis la Libération, nous avons discuté de l'insuffisance des locaux scolaires, nous avons dénoncé le péril sérieux que courait l'école de la République et souligné l'urgente nécessité d'entreprendre une politique hardie et véritable de constructions scolaires. Ce que le ministre nous propose aujourd'hui c'est un plan étriqué, avec des moyens de financement si réduits, qu'il l'appelle lui-même un plan de détresse ».

Lucie Guérin vote, comme tous ses collègues communistes l'investiture de Léon Blum à la tête du gouvernement provisoire (12 décembre 1946) et en faveur de Vincent Auriol lors de l'élection du Président de la République, le 16 janvier 1947. Elle vote contre la question de confiance à la suite de laquelle le Président du Conseil, Paul Ramadier se séparera des ministres communistes, et s'abstient volontairement lors du scrutin du 27 août 1947 sur le statut de l'Algérie.

Candidate au renouvellement de son mandat lors des élections législatives du 17 juin 1951, Lucie Guérin ne retrouve pas son siège. Cessant alors toute activité politique nationale, elle se consacre à la vie politique locale, et siège de 1953 à 1959 au conseil municipal de Rouen.

Au terme de cette expérience municipale, Lucie Guérin, mère de deux enfants, se retire de la vie publique ; elle décède à Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, le 13 juin 1973.