Agénor, Benjamin, Joseph Bardoux

1829 - 1897

Informations générales
  • Né le 15 janvier 1829 à Bourges (Cher - France)
  • Décédé le 23 novembre 1897 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Puy-de-Dôme
Groupe
Centre gauche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 20 février 1876 au 25 juin 1877
Département
Puy-de-Dôme
Groupe
Centre gauche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 14 octobre 1881
Département
Puy-de-Dôme
Groupe
Centre gauche

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 7 décembre 1882 au 23 novembre 1897

Biographies

Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, député de 1876 à 1881, et sénateur inamovible, né à Bourges (Cher), le 15 janvier 1829, il était fils d'un receveur des contributions directes, se fit inscrire en 1856 au barreau de Clermont-Ferrand, dont il devint bâtonnier en 1869. La même année, il entra au Conseil municipal de cette ville, et y remplit les fonctions de maire après le 4 septembre 1870. Sous l'Empire, il avait affirmé ses opinions républicaines en collaborant à l'Indépendant du centre, qui ouvrit un des premiers ses colonnes à la souscription Baudin.

Elu, le 8 février 1871, représentant du Puy-de-Dôme à l'Assemblée nationale, le 1er sur 11, par 81 205 voix sur 96 000 votants et 170 401 inscrits, il siégea à la gauche républicaine et vota :
- le 1er mars 1871 pour les préliminaires de paix,
- le 16 mai il s'abstint sur les prières publiques,
- le 10 juin il vota pour l'abrogation des lois d'exil,
- le 30 août contre le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- le 3 février 1872 pour le retour de l'Assemblée à Paris,
- le 24 mai 1873 contre l'acceptation de la démission de Thiers,
- le 10 juin contre la circulaire Pascal,
- le 24 juin contre l'arrêté sur les enterrements civils,
- le 20 novembre contre la prorogation des pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon,
- le 4 décembre contre le maintien de l'état de siège,
- le 16 mai 1874 contre le ministère de Broglie,
- le 29 juillet contre la dissolution de l'Assemblée,
- le 30 janvier 1875 pour l'amendement Wallon,
- le 25 février pour l'ensemble des lois constitutionnelles.

Il entra dans le ministère du 11 mars, si laborieusement obtenu du maréchal de Mac-Mahon, comme sous-secrétaire d'Etat à la justice ; mais il donna sa démission après le vote du scrutin d'arrondissement (11 novembre), si vivement défendu par deux ministres, MM. Dufaure et Buffet ; il fut élu président du centre gauche.

Aux élections générales du 20 février 1876, la 1re circonscription électorale de Clermont-Ferrand l'élut par 11 998 voix sur 16 572 votants et 23 332 inscrits, contre MM. Rouher (2 652 voix) et Thibaud (1 723). MM. Boysset et Talandier (novembre 1876) ayant demandé la suppression du budget des cultes, M. Bardoux fit repousser cette proposition au nom des intérêts de la République naissante que troubleraient trop profondément la dénonciation du Concordat et la revendication des anciens biens du clergé.

Il fut un des chefs les plus en vue des 363 qui luttèrent contre le ministère de Broglie, et, réélu à Clermont-Ferrand, le 14 octobre 1877, après la dissolution de la Chambre, par 13 201 voix sur 14 782 votants et 23 716 inscrits, il entra comme ministre de l'instruction publique et des cultes, dans le ministère Dufaure du 14 décembre, qui termina la crise constitutionnelle provoquée par la longue résistance du maréchal de Mac-Mahon. M. Bardoux a été un des ministres de l'instruction publique les plus brillants de la Troisième République ; il étonnait, par l'aimable et inaltérable égalité de sa courtoisie et de sa bienveillance vis-à-vis de tous, le président du conseil, M. Dufaure, qui brillait surtout par d'autres qualités : « Bardoux, disait-il, il a des préférences pour tout le monde ».

Dans la discussion du budget des cultes (janvier 1878), il défendit, comme ministre, le texte de la commission, « supprimant les bourses des séminaires où professaient des membres des corporations religieuses non reconnues par l'Etat », et le fit voter par 307 voix contre 103 ; il prépara aussi la loi obligatoire sur l'enseignement primaire, que la démission du maréchal de Mac Mahon (30 janvier 1879) et le remaniement ministériel qui suivit ne lui permirent pas de déposer. On lui offrit, dans le nouveau cabinet Waddington (4 février 1879), de créer pour lui un ministère des cultes ; il refusa. Il déposa, en juillet 1880, une proposition pour le rétablissement du scrutin de liste, demanda vainement, en novembre, dans la discussion de la loi sur la réforme judiciaire, l'attribution au jury de tous les procès politiques, et protesta, en décembre, dans l'intérêt même de l'instruction primaire, contre la laïcisation obligatoire des écoles proposée par M. Paul Bert.

Le 19 mai 1881, il monta à la tribune pour combattre les conclusions du rapport de M. Boysset contre la proposition de rétablissement du scrutin de liste, déposée par lui en juillet 1880, et qui fut votée à la Chambre par 267 voix contre 202, mais rejetée au Sénat, le 9 juin, par 148 voix contre 114 ; il proposa alors en vain aux groupes républicains de provoquer la dissolution de la Chambre, mais il ne déposa pas sa motion qui, dans les réunions, n'avait réuni que 70 voix contre 250.

Aux élections générales du 21 août 1881, M. Bardoux succomba, avec 6 369 voix contre 7 944 voix accordées à son concurrent radical, M. Tisserand ; mais, le 7 décembre 1882, il fut élu par le Sénat sénateur inamovible ; après l'arrêt de non-lieu, rendu par la Chambre des mises en accusation, le 9 février 1883, dans l'affaire du prince Jérôme Napoléon Bonaparte, il déposa un projet de loi générale assez mitigé sur les attentats contre la sûreté de l'Etat et qu'on ne discuta pas, en présence du projet plus radical de M. Barber ; un projet sur l'élection à deux degrés des juges consulaires, qu'il présenta en 1883, n'échoua que d'une voix ; une proposition tendant à supprimer la publicité des exécutions capitales, déposée par lui en décembre 1884, ne fut adoptée qu'en première lecture.

Lorsque la loi de réorganisation de l'enseignement primaire votée par la Chambre en 1884 vint devant le Sénat (février 1886), M. Bardoux demanda à subordonner la laïcisation à l'avis conforme de chaque conseil municipal, et de rendre aux recteurs la nomination des instituteurs réservée aux préfets; en juin suivant, il prononça un éloquent discours contre l'efficacité de la loi d'expulsion des princes : « Les proscriptions, dit-il, ne sont pas une fin ; elles sont un commencement pour les légendes, un commencement pour les revendications, un commencement pour les espérances : elles sont aussi, quelquefois, un commencement pour des violations successives du droit. »

Il n'y a guère de discussion importante à laquelle n'ait pris part M. Bardoux, qui peut être considéré comme un membre des plus actifs et des plus laborieux de la Chambre haute. Dans la dernière session, il a voté :
- le 13 février 1889, malgré ses longues luttes en faveur du scrutin de liste, pour le rétablissement du scrutin uninominal,
- le 18 février pour la proposition de loi Lisbonne restrictive de la liberté de la presse,
- le 29 mars, pour la procédure à suivre devant le Sénat, érigé en Haute Cour de justice, contre les personnes inculpées d'attentat contre la sûreté de l'Etat (affaire Boulanger).

Il est président du conseil général du Puy-de-Dôme, dont il fait partie comme représentant le canton de Saint-Amant-de-Tallende.

M. Bardoux n'est pas seulement un de nos meilleurs orateurs parlementaires, il est encore un écrivain distingué ; outre des Mémoires sur les légistes de l'ancienne monarchie, il a publié un volume de vers : Loin du monde (1857), et des études historiques : Le comte de Montlosier et le gallicanisme, La comtesse Pauline de Beaumont, La Bourgeoisie française, Madame de Custine, etc.


Né à Bourges (Cher) le 15 janvier 1829, mort à Paris, le 23 novembre 1897.


Représentant du Puy-de-Dôme à l'Assemblée nationale de 1871 à 1875.


Député du Puy-de-Dôme de 1876 à 1881.


Sénateur inamovible de 1882 à 1897.


Sous-secrétaire d'Etat à la justice (1875).


Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-arts (1877-1879).


(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 165.)

Elu Vice-président du Sénat, le 8 mars 1889, il se fait entendre au mois de mai, avec la même éloquence persuasive, au cours de différents débats, notamment : sur le recrutement de l'armée et les dépenses ordinaires de l'instruction primaire publique.

Il est réélu vice-président le 16 janvier 1890, et un peu plus tard vice-président de la Commission des finances. Durant cette année, il s'occupe plus spécialement : des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail, des modifications à apporter à l'organisation de l'enseignement secondaire, de la conservation des monuments de l'Exposition universelle de 1889, du Budget de l'exercice 1891.

Le 15 janvier 1891, il conserve son fauteuil de vice-président et s'intéresse : aux fouilles de Delphes, aux collèges communaux de garçons, aux cas d'inéligibilité, au tarif général des douanes. Réélu vice-président le 13 janvier 1892, il participe à de nombreux débats parmi lesquels on peut citer ceux concernant : la constitution des universités, l'exercice de la médecine, les sociétés de secours mutuels, le nombre insuffisant des magistrats de la Seine, les conseils généraux. Ses collègues le désignent à nouveau à la vice-présidence le 10 janvier 1893 malgré une lettre adressée au président, par laquelle il déclare décliner cette candidature. On l'entend dans la discussion du projet de loi portant modification de la loi de 1881 sur la presse.

C'est lui qui, le 21 février, annonce à la Haute Assemblée, la démission de M. Le Royer, président et qui exprime à ce dernier les regrets unanimes du Sénat ; et il proclame le 24 février l'élection de son successeur, M. Jules Ferry.

On l'entend encore sur : l'assistance médicale gratuite, la reconstruction de l'Opéra-comique, le Budget de l'exercice 1893, le régime des boissons, les sociétés civiles, le Budget de l'exercice 1894, le recrutement de l'armée, les caisses d'épargne.

Le 11 janvier 1894, il décline encore la candidature aux fonctions de vice-président, et cette fois son désir est satisfait. Il défend, en qualité de Rapporteur, une proposition de loi étendant aux fils de femmes divorcées la dispense accordée aux fils de femmes veuves par la loi sur le recrutement de l'armée, et en cette même qualité, le projet de loi autorisant l'acquisition par l'Etat de l'Ecole Monge. Il s'intéressa également au traitement de la diphtérie par la sérumthérapie.

En 1895 il est entendu sur le Budget de L'Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes, et sur le Budget relatif à la formation d'un conseil supérieur des Musées nationaux. Il intervient également dans la discussion du projet de loi sur les accidents du travail et l'organisation de L'assurance obligatoire, et dans celle du Budget de l'Instruction publique pour l'exercice 1896.

L'année suivante, il participe au débat sur l'organisation de l'Exposition universelle de 1900, à celui concernant la réforme de l'impôt des boissons et rapporte le projet de loi relatif à la constitution des Universités.

En 1897, il rapporte le Budget des dépenses du Ministère de l'Instruction publique, et discute le Budget des recettes. Il s'intéresse en outre à l'acquisition par l'Etat des bâtiments du collège Sainte-Barbe et aux droits d'octroi sur les boissons hygiéniques. Ce furent ses dernières interventions.

Le président Emile Loubet annonçait son décès et prononçait son éloge funèbre à la séance du Sénat du 26 novembre. Ses obsèques eurent lieu à Saint-Pierre de Chaillot.

Il avait été admis en 1890 à l'Académie des Sciences morales et politiques en remplacement de M. de Pressensé.

La liste de ses nombreux ouvrages figure au catalogue de la Bibliothèque Nationale.