Pierre, Marie, Jacques, Nicolas Trémintin

1876 - 1966

Informations générales
  • Né le 5 juin 1876 à Plouescat (Finistère - France)
  • Décédé le 22 octobre 1966 à Plouescat (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Finistère
Groupe
Démocrates
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 22 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Finistère
Groupe
Démocrates populaires
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Finistère
Groupe
Démocrate populaire
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 26 avril 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Finistère
Groupe
Démocrate populaire

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1948

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 5 juin 1876 à Plouescat (Finistère).

Député du Finistère de 1924 à 1942.

Breton, Pierre Tremintin appartenait à une famille de marins de l'île de Batz et l'un de ses ancêtres connut, au moment de la guerre d'indépendance grecque en novembre 1827, une certaine notoriété : servant dans l'escadre de l'amiral de Rigny, il appartenait en qualité de pilote à l'équipage français qui sous le commandement du lieutenant de vaisseau Bisson menait vers le port de Smyrne le brick Panayoti capturé sur des pirates grecs. Attaqué à l'île de Stampalie par des brigands, Bisson se fit sauter avec le brick que n'avait pas voulu abandonner Tremintin, lequel échappa pourtant à la mort avec 4 manins. Le futur député du Finistère cependant se dirigea vers le droit et ses études juridiques terminées s'inscrivit comme avocat au barreau de Quimper en 1902. Il avait adhéré au Sillon, le mouvement démocrate-chrétien de Marc Sangnier, dont l'influence le marquera toute sa vie. Il commence une carrière publique en entrant dès 1904 au conseil général du Finistère et ce n'est que quatre ans plus tard en 1908 qu'il accepte le mandat plus modeste de conseiller municipal de Plouescat son bourg natal : le 19 mai 1912, il s'installe à la mairie et y restera plus d'un demi-siècle. Treize ans plus tard, le 16e Congrès de l'association des maires de France, en octobre 1925, l'élit vice-président de l'association et l'année suivante il entre au bureau qu'il quittera en juin 1940 par suite d'un désaccord politique avec le président d'alors. Tremintin se donnera particulièrement à cette association à laquelle il consacrera une grande part de son activité.

Il échoue de peu à sa première tentative aux élections législatives de novembre 1919 où il se présente dans le Finistère, dernier de la liste républicaine démocratique d'union nationale. Cette liste menée par Paul Simon, député sortant, emporte 6 sièges sur 11. Pierre Tremintin ne recueille que 59.882 voix sur 141.915 suffrages exprimés. Plus heureux le 11 mai 1924, il est élu sur la liste Simon (Liste d'union républicaine) à la plus forte moyenne. Il réunit sur son nom 65.794 suffrages sur 156.279 votants et 154.562 exprimés. En 1928, le scrutin d'arrondissement ayant été rétabli, Tremintin se présente dans la 2e circonscription de Morlaix : il est brillamment élu au premier tour avec 9.977 voix sur 17.835 votants contre 5.829 à Guillou et 1.538 à Le Cazic. Réélu dans les mêmes conditions en 1932 par 10.157 suffrages sur 18.255 votants contre 6.732 au radical Moal et 1.126 au socialiste S.F.I.O. Le Laun, il l'est de nouveau en 1936 avec encore plus d'avance sur ses adversaires, par 11.939 voix sur 17.780 votants contre 2.680 seulement au conservateur Chevillotte et 1.551 au républicain de gauche Bohic, le candidat communiste ne recueillant que 646 suffrages.

Républicain démocrate, partisan, « après la lamentable expérience du cartel des gauches », de la politique de Poincaré, il veut la paix organisée dans le cadre de la S.D.N., la stabilité monétaire (car il se défie de l'aventure d'une dévaluation), l'amélioration des mesures sociales (assurances sociales, allocations familiales), la protection de la main-d'œuvre française, une politique familiale sanctionnée en partie par le vote familial et s'intéresse de très près à la défense des intérêts agricoles de ses électeurs.

Siégeant à la Chambre dans les rangs du groupe démocrate puis du groupe démocrate populaire dont il fut souvent le porte-parole, Pierre Tremintin prit dès son élection sa mission à cœur et son activité ne se démentira pas au fil des législatures : il est en effet l'auteur de plus d'une soixantaine de propositions de loi ou de résolutions, d'une trentaine de rapports et fit plus d'une centaine d'interventions à la tribune.

De 1924 à 1940, il appartient aux commissions de l'administration générale, départementale et communale, des travaux publics et des moyens de communication, et de 1928 à 1940 à celle du suffrage universel.

Au fil de ses mandats, Pierre Tremintin a marqué de l'intérêt pour des questions d'ordre politique, économique, de transports, agricoles et surtout sociales autour de la famille.

Partisan du scrutin de Liste et proportionnaliste convaincu, il redépose avec une remarquable persévérance au début de chaque législature, une proposition de loi tendant à organiser la démocratie politique par le scrutin de liste régional avec représentation proportionnelle intégrale : l'ultime législature de la IIIe République lui sera enfin bienveillante liant cette initiative à une proposition de Louis Marin tendant à instituer la représentation proportionnelle - il en sera le rapporteur supplémentaire - et qui sera adoptée le 27 juin 1939 ; transmise au Luxembourg elle tomba dans les oubliettes sénatorial les et ne vit jamais le jour. Dans le même ordre d'idées, Tremintin aurait voulu donner aux femmes la plénitude des droits politiques, mais s'il put convaincre ses collègues, il ne put jamais vaincre les réticences des sénateurs. Il avait eu plus de succès en proposant d'étendre aux élections municipales et cantonales les dispositions de la loi du 8 juin 1923 concernant la distribution des bulletins de vote et des circulaires électorales : il fut le rapporteur heureux de sa proposition qui devint la loi du 20 juillet 1928.

Les questions concernant les transports retiennent aussi son attention : régime des voies ferrées d'intérêt local, caisse de retraite des personnels, réintégration de cheminots révoqués pour faits de grève, régime des grands réseaux de chemins de fer, rapports rail-route. Tout ce qui concernait les H.B.M., qu'il s'agisse de questions de crédit ou d'attribution, le logement des familles nombreuses, catégorie de citoyens qu'il entoure toujours de ses soins éclairés et en faveur de qui ses actions seront nombreuses, les baux ruraux ou le métayage dont la réglementation touche de si près les agriculteurs pour qui il intervient de plus en plus au fil de ses mandats, est l'objet de ses initiatives législatives, de ses travaux en commissions et de ses interventions à la tribune. Membre important de l'association des maires de France, il se montre favorable à la création d'une école nationale d'administration espérant que les communes elles aussi pourront prétendre recruter leurs fonctionnaires parmi les élèves issus de cette institution.

Le 10 juillet 1940, lors de la réunion de l'Assemblée nationale à Vichy, Tremintin est l'un des 80 parlementaires qui refusent au maréchal Pétain les pouvoirs constituants qu'il demande et l'un des quatre qui les a préalablement refusés en commission constitutionnelle. La veille, il avait demandé des assurances à Pierre Laval sur le respect de la légalité républicaine, à l'occasion de la réunion de la commission du suffrage universel de la Chambre des Députés. Médaille d'honneur départementale et communale en vermeil, Tremintin est à cette époque chevalier de la Légion d'honneur.