Augustin Bordage

1900 - 1977

Informations générales
  • Né le 23 novembre 1900 à Vasles (Deux-Sèvres - France)
  • Décédé le 11 décembre 1977 à Airvault (Deux-Sèvres - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

BORDAGE (Marie, Augustin, Marc)
Né le 23 novembre 1900 à Vasles (Deux-Sèvres)
Décédé le 12 décembre 1977 à Airvault (Deux-Sèvres)

Député des Deux-Sèvres de 1962 à 1973

Augustin Bordage est issu d’une famille de commerçants et de marchands de bois. Après avoir obtenu son baccalauréat à Poitiers, il gagne la capitale où il travaille comme employé de banque. En 1924, il épouse Renée Naulin, originaire comme lui des Deux-Sèvres, et décide de s’installer à Airvault. Il y travaille comme commerçant en engrais et produits du sol de 1929 à 1971. Mobilisé en septembre 1939, il regagne ses foyers après l’armistice signé à Rethondes. En 1944, il préside le Comité de libération de la commune d’Airvault. L’estime de ses concitoyens lui vaut d’être élu conseiller municipal, puis maire d’Airvault au lendemain des élections municipales d’octobre 1947. Comme beaucoup d’élus locaux de la région de Thouars, il se réclame des modérés. Il est considéré comme proche du Parti républicain de la Liberté jusqu’en 1951, date à laquelle la formation de Joseph Laniel rejoint le CNIP. En octobre 1951, il succède à un médecin radical-socialiste comme représentant du canton d’Airvault au Conseil général des Deux-Sèvres. Il devait conserver ce siège jusqu’en mars 1976.
Augustin Bordage est choisi comme Président par le syndicat départemental des négociants en grains et engrais en 1954. Il prend la tête d’une liste paysanne d’Union sociale où figurent deux autres maires de communes rurales des Deux-Sèvres, à l’occasion des élections législatives du 2 janvier 1956. Le maire d’Airvault est soutenu par le Groupement pour la réforme de l’Etat et la défense des libertés électorales, qui présente 32 autres listes en métropole, dont celles d’Henri Dorgères en Ille-et-Vilaine et de Jean-Louis Tixier-Vignancour dans les Basses-Pyrénées. Augustin Bordage échoue cependant à se faire élire député d’un département où les poujadistes de l’UDCA ont rassemblé 13,5% des suffrages exprimés.
Le changement de régime permet un retour au scrutin d’arrondissement pour les élections législatives de novembre 1958. Président de la Caisse d’épargne et de prévoyance d’Airvault depuis l’année précédente, Augustin Bordage ne se porte pas candidat à cette occasion contre le député sortant Jean Salliard du Rivault dans la 3e circonscription des Deux-Sèvres. Ce dernier, qui a voté la motion de censure le 4 octobre 1962, choisit de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat parlementaire aux législatives de novembre 1962. Augustin Bordage reçoit alors l’investiture de l’UNR et entend « donner aux électrices et électeurs la possibilité de confirmer aux élections législatives le vote émis lors du (…) référendum » sur l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct. Son adversaire principal est André-François Mercier, député MRP des Deux-Sèvres de 1946 à 1958, qui ne dispose cependant d’aucun mandat local dans le département. Au premier tour de scrutin, le maire d’Airvault obtient 31,4% des suffrages exprimés. Il réunit 63% des voix dans le canton d’Airvault dès le 18 novembre 1962. Une semaine plus tard, 51% des électeurs l’envoient siéger à l’Assemblée nationale, dans le cadre d’une triangulaire contre les candidats socialiste et démocrate chrétien.
Augustin Bordage appartient aux différents groupes qui se réclament du gaullisme gouvernemental entre 1962 et 1973. Il entre à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale en décembre 1962 et y siège jusqu’en 1973. Le député des Deux-Sèvres n’intervient qu’à deux reprises dans l’hémicycle sous la seconde législature de la Vème République. Il est cependant désigné comme rapporteur pour avis des crédits d’enseignement inscrits au budget du ministère de l’Agriculture pour 1967. Le problème de la formation des jeunes, et notamment de ceux qui se destinent aux métiers agricoles, intéresse beaucoup le maire d’Aivrault, qui y voit un moyen de lutter contre l’exode rural.
Les votes d’Augustin Bordage ne se distinguent pas de ceux de ses collègues gaullistes entre 1962 et 1967 : il autorise la ratification du traité de l’Elysée, qui scelle la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963), approuve l’encadrement de l’exercice du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963), comme la réforme du service national (26 mai 1965).
Candidat à sa propre succession, le député des Deux-Sèvres aborde avec sérénité le scrutin législatif de mars 1967. Il est soutenu par l’UD-Ve République et demande à ses mandants de la 3e circonscription des Deux-Sèvres de donner aux pouvoirs publics « la stabilité et la continuité », afin que soient satisfaits les « aspirations légitimes à une vie meilleure » et le souci « de justice et de solidarité ». Ce discours est entendu par 50,6% des électeurs au premier tour des élections législatives, le 5 mars 1967.
La très brève troisième législature (1967-1968) permet à Augustin Bordage d’être à nouveau choisi comme rapporteur pour avis du budget de l’enseignement agricole pour 1968. Il ne vote pas la motion de censure déposée par l’opposition au printemps 1967 contre la politique économique et sociale du gouvernement Pompidou.
Les élections législatives de juin 1968 sont organisées très peu après que le calme est revenu à Paris. Augustin Bordage se présente à ce scrutin dans le but de faire « l’unité autour du général de Gaulle », « dans la liberté, l’ordre et le rayonnement des valeurs humaines ». Ayant obtenu 27987 voix, soit 60,4% des suffrages exprimés, il est réélu député des Deux-Sèvres le 23 juin 1968, dès le premier tour.
C’est comme rapporteur pour avis des crédits d’enseignement inscrits au budget du ministère de l’Agriculture qu’Augustin Bordage intervient au Palais-Bourbon : il exerce en effet cette responsabilité de 1968 à 1972. Le 15 novembre 1968, il souligne que l’enseignement agricole secondaire et supérieur n’a pas été épargné par le mouvement général de contestation qui s’est développé au sein de l’Université française et des lycées au printemps. Les revendications mentionnaient une plus grande autonomie des établissements à l’égard du ministère de l’Agriculture et la participation des élèves à leur gestion, une meilleure reconnaissance des travaux personnels des étudiants et une réforme de la pédagogie et des systèmes d’évaluation. Le député des Deux-Sèvres attribue alors les faibles effectifs de l’enseignement agricole (43150 élèves en 1967-1968) à « une insuffisance des moyens de formation sur le plan de l’accueil » autant qu’à des transformations socio-économiques de la fin des années 1960. Spécialiste reconnu de ces questions à l’Assemblée nationale, il regrette en novembre 1972 que le régime des bourses du ministère de l’Agriculture soit moins libéral que dans les établissements dépendant de l’Education nationale.
Augustin Bordage s’intéresse plus largement à l’ensemble des problèmes qui intéressent le monde rural et les questions sociales. En décembre 1971, il préside ainsi une commission mixte paritaire constituée pour harmoniser les versions votées par le Sénat et l’Assemblée, s’agissant d’un projet de loi améliorant les pensions de vieillesse du régime général et du régime des travailleurs salariés agricoles.
Le député des Deux-Sèvres respecte la discipline du groupe de l’UDR entre 1968 et 1973. Il vote la loi « Faure » qui réforme l’enseignement supérieur sur un mode libéral (10 octobre 1968), comme la loi « anti-casseurs » (4 juin 1970), se prononce en faveur de la création des régions (27 avril 1972) et approuve la déclaration de politique général de Jacques Chaban-Delmas le 24 mai 1972.
En décembre 1972, Augustin Bordage reçoit l’investiture de l’Union des républicains de Progrès pour les législatives prévues l’année suivante. En mars 1973, il est mis en difficulté par Albert Brochard, candidat centriste soutenu par le Mouvement réformateur de Jean-Jacques Servan-Schreiber et Jean Lecanuet. Le député sortant, âgé de 72 ans, rassemble 18334 suffrages au premier tour de scrutin (soit 38,6% des voix), mais n’arrive en tête que dans quatre des sept cantons de la circonscription. Les zones les plus densément peuplées de la 3e circonscription des Deux-Sèvres se détournent à cette occasion du candidat de la majorité : le canton de Thouars place le candidat socialiste en tête, quand celui de Bressuire choisit Albert Brochard, qui le représente à l’Assemblée départementale. Dans ses professions de foi, le candidat centriste dénonce implicitement Augustin Bordage comme un député « qui s’efface constamment devant les directives de son parti », un « robot » qui n’incarne pas l’aspiration au renouvellement des électeurs. Le 11 mars 1973, une triangulaire face aux candidats réformateur et socialiste coûte au maire d’Aivrault son siège à l’Assemblée nationale. Seules 18580 voix se portent en effet sur son nom, soit 811 de moins qu’en faveur d’Albert Brochard (40,7% des suffrages exprimés). En l’absence d’une hausse significative de la participation, l’analyse du scrutin montre que 77% des électeurs communistes du premier tour ont préféré au second voter « Réformateur » plutôt que socialiste.
Augustin Bordage avait quitté la mairie d’Airvault dès les élections municipales de 1971. Il demeure conseiller général des Deux-Sèvres jusqu’en 1976, et décède un an à peine après avoir abandonné son dernier mandat électif. Il était chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur.