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N° 1271

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ASSEMBLÉE   NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

SEIZIÈME LÉGISLATURE

 

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 24 mai 2023.

RAPPORT

 

 

FAIT

 

 

AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L’ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU CONTRÔLE BUDGÉTAIRE SUR LE PROJET DE LOI, APRÈS ENGAGEMENT DE LA PROCÉDURE ACCÉLÉRÉE, de règlement du budget et d’approbation des comptes de l’année 2022 (n° 1095),

 

 

TOME II

 

 

 

COMMENTAIRES DES RAPPORTEURS SPÉCIAUX
SUR L’EXÉCUTION DES CRÉDITS

 

 

 

PAR M. Jean-René CAZENEUVE,

 

Rapporteur général,

 

Député.

 

——

 

 

 

 


  1  

SOMMAIRE

___

Pages

action extérieure de l’état

I. le programme 105 action de la France en europe et dans le monde

II. le programme 185 diplomatie culturelle et d’influence

III. le programme 151 français à l’étranger et affaires consulaires

administration générale et territoriale de l’état

I. le programme 354 administration territoriale de l’état

II. le programme 232 vie politique

III. le programme 216 conduite et pilotage des politiques de l’intérieur

Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales ; DÉveloppement agricole et rural

I. Mission Agriculture, alimentation, forÊt et affaires rurales

A. Une consommation qui dÉpasse le record de 2017

1. Un dépassement de 55,4 % de la prévision initiale

2. Des ouvertures significatives de crédits en gestion

B. programme 149 CompÉtitivitÉ et durabilitÉ de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la forÊt, de la pÊche et de l’aquaculture

1. Des crédits qui traduisent la récurrence des crises agricoles

2. Des moyens des opérateurs supérieurs de 67,9 % à la programmation

3. Des dépenses fiscales équivalentes à 48,7 % des crédits de la mission

4. Une maquette de performance satisfaisante

C. Programme 206 SÉcuritÉ et qualitÉ sanitaires de l’alimentation

D. Programme 215 Conduite et pilotage des politiques de l’agriculture

II. Compte d’affectation spÉciale DÉveloppement agricole et rural

A. Un neuviÈme exercice consÉcutif excÉdentaire

B. Programme 775 DÉveloppement et transfert

C. Programme 776 Recherche appliquÉe et innovation

liste des personnes auditionnées

Aide publique au dÉveloppement ; PrÊts à des États Étrangers

I. La Mission budgÉtaire Aide publique au dÉveloppemEnt

A. Une croissance des crÉdits de la mission portÉe en 2022 par un contexte international instable

B. Le programme 110 Aide Économique et financiÈre au dÉveloppement

C. Le programme 365 Renforcement des fonds propres de l’Agence française de dÉveloppement

D. Le programme 209 SolidaritÉ à l’Égard des pays en dÉveloppement

E. Le programme 370 Restitution des « biens mal acquis »

II. le Compte de concours financiers PrÊts à des États Étrangers

ANCIENS COMBATTANTS, MÉmoire et liens avec la nation

I. programme 169 : une EXÉcution conforme À la prÉvision en dÉpit de divers alÉas et de mesures nouvelles

II. Programme 158 : une ExÉcution conforme À la prÉvision

compte de concours financiers  Avances à l’audiovisuel public

I. Un nouveau mode de financement pour l’audiovisuel public sans effet sur les dotations reçues

A. La modification du mode de financement de l’audiovisuel public

B. L’avenir du financement de l’audiovisuel public en question

II. 2022 : la dernière année du plan d’économies

A. Des efforts d’économies réels…

B. … Et une augmentation des recettes propres

C. Un audiovisuel public de qualité

cohÉsion des territoires : Logement et HÉbergement d’URGENCE

I. Le programme 177 : une gestion rigoureuse et sincÈre À saluer

A. des ouvertures exceptionnelles de crÉdits pour faire face À des ÉVÉnements imprÉvisibles

B. la gestion des chocs exogÈnes

1. L’accueil des réfugiés ukrainiens

2. Le « Ségur social » et les opérations de mise à l’abri

II. Le programme 109 : des marges de manœuvre qui ont permis de financer À budget constant la revalorisation anticipÉe des APL

III. Le programme 135 : une exÉcution marquÉe par la mise en œuvre du plan de relance et les difficultÉs du logement social.

A. les reports importants liÉs au fondS national d’aide À la pierre

B. La mise en œuvre du plan de relance

C. Les autres mouvements

cohésion des territoires : POLITIQUE DES TERRITOIRES

I. Une exÉcution du programme 112 peu satisfaisante

A. Des mouvements de crÉdits nombreux qui interrogent

1. Des transferts en provenance du plan de relance discutables

2. Des annulations proposées par le projet de loi de règlement étonnantes

3. Des ouvertures de crédits en LFR 2 qui contreviennent au principe d’annualité budgétaire

B. Une gestion du FNADT (Fonds national d’aménagement et de développement du territoire) inappropriée

II. des interrogations concernant l’exécution du programme 147

A. des mouvements de crÉdits limitÉs

B. les crÉdits allouÉs aux citÉs Éducatives et aux adultes relais À surveiller

1. Quelques baisses et des sous-exécutions

2. Les crédits alloués à la rémunération et à la formation des adultes-relais sont insuffisants au regard des objectifs.

III. Le suivi parlementaire complexe du programme 162

A. Des mouvements de crÉdits importants

B. Les points d’attention du rapporteur par action

conseil et contrôle de l’état

I. LE PROGRAMME 165 CONSEIL D’ÉTAT ET AUTRES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES

A. les dépenses de personnel et les emplois

B. les dépenses de fonctionnement et d’investissement

II. Le programme 126 Conseil Économique, social et environnemental

III. le PROGRAMME 164 COUR DES COMPTES ET AUTRES JURIDICTIONS FINANCIÈRES

A. les dépenses de personnel et les emplois

B. les dépenses de fonctionnement et d’investissement

IV. Le programme 340 HAUT CONSEIL DES FINANCES PUBLIQUES

CULTURE : CrÉation ; Transmission des savoirs et dÉmocratisation de la culture

I. l’exÉcution du programme 131 CRÉATION s’est caractÉRISÉe par une sur-consommation de 45 millions d’euros

A. L’exécution 2022 des crédits de paiement

B. Les dÉpenses fiscales rattachÉes au programme 131

II. l’exÉcution du programme 224 SOUTIEN AUX POLITIQUES DU MINISTÈRE DE LA CULTURE s’est caractÉRISÉe par une lÉGÈre sur-exécution proche de 9 millions d’euros

III. l’exÉcution du programme 361 TRANSMISSION DES SAVOIRS ET DÉMOCRATISATION DE LA CULTURE s’est caractÉRISÉe par une sur-exécution lÉGÈrement supÉrieure À 20 millions d’euros

CULTURE : Patrimoines

I. l’exécution du programme 175 PATRIMOINES s’est caractérisée par une sur-consommation de 75 millions d’euros

II. Les dépenses fiscales rattachées au programme 175

dÉFENSE : BUDGET OPÉRATIONNEL DE LA DÉFENSE

I. LE Programme 178 PrÉparation et emploi des forces

A. En cours de gestion, Des crÉdits supplémentaires d’un montant SIGNIFICATIF

B. une consommation divergente entre les ae et les cp

II. LE Programme 212 soutien de la politique de dÉfense

A. lES CRÉDITS HORS TITRE 2

B. Les crÉditS du titre 2 : une ExÉcution marquÉe par de nombreuses mesures non prévues

C. Les effectifs : un exercice 2022 révélateur des difficultÉs de recrutement et de fidÉlisation

DÉFENSE : Préparation de l’avenir

L’exÉcution de LA mission DÉfense ()

I. Le Programme 144 Environnement et prospective de la politique de DÉfense

A. Un programme peu affecté par les conséquences de la guerre en Ukraine

B. Renseignement : des moyens renforcés mais un nouveau report de l’opération « Fort neuf de Vincennes »

C. prospective et préparation de l’avenir : une exécution proche de la prévision

1. Les études amont

2. Les fonds de soutien à l’innovation de défense

D. Une fin de gestion marquée par de faibles annulations de crédits

II. Le Programme 146 Équipement des forces

A. Des dépenses supplémentaires liées À la guerre en Ukraine

B. Un niveau ÉlevÉ d’autorisations d’engagement affectées non engagées

C. Des crédits de paiement en hausse de 2,5 %

1. La montée en puissance des programmes à effet majeur

2. La poursuite du plan de soutien au secteur aéronautique

D. Une fin de gestion marquÉe par de faibles annulations de crÉdits

DIRECTION DE L’ACTION DU GOUVERNEMENT ; PUBLICATIONS OFFICIELLES ET INFORMATION ADMINISTRATIVE

I. La mission Direction de l’action du gouvernement

A. ExÉcution des crÉdits en 2022

B. Principales observations : programmes 129, 308 et 359

1. Le programme 129 : Coordination du travail gouvernemental

2. Le programme 308 : Protection des droits et libertés

3. Le programme 359 : Présidence française du conseil de l’Union européenne en 2022

II. LE BUDGET ANNEXE PUBLICATIONS OFFICIELLES ET INFORMATION ADMINISTRATIVE

A. une lÉgÈre Érosion des recettes par rapport À 2001

B. une dynamique baissiÈre de dÉpenses

écologie, développement et mobilité durables : infrastructures et services de transports ; charges de la dette DE sncf réseau reprise par l’état ; contrôle et exploitation aériens

I. Le programme 203 Infrastructures et services de transports : une exécution très éloignée de la prévision en raison des spécificités du programme et de facteurs conjoncturels

A. Les crédits de la loi de finances initiale ont été complétés tant par des lois de finances rectificatives que par d’importants fonds de concours

1. La première loi de finances rectificative

2. La seconde loi de finances rectificative

3. Les fonds de concours

B. Des mouvements réglementaires significatifs

1. Un décret d’avance majeur

2. Des reports de crédits importants

a. Les crédits antérieurs reportés en 2022

b. Les crédits reportés en 2023

C. Les indicateurs de performance montrent les conséquences concrètes du sous-investissement de l’État dans les transports vertueux

1. Les conséquences néfastes pour les voyageurs

2. Les conséquences néfastes pour le report modal

II. Le programme 355 Charge de la dette de SNCF Réseau reprise par l’État

III. Le budget annexe Contrôle et exploitation aériens

A. Une exécution fidèle aux prévisions

B. Des recettes dynamiques

C. Des mouvements de crédits divers

D. Un endettement stabilisé

écologie, développement et mobilité durables : énergie, climat et après-mines ; service public de l’énergie ; financement des aides aux collectivités pour l’électrification rurale

I. Les programmes 174 Énergies, climat et aprÈs-mines et 345 service public de l’Énergie

1. Le programme 174 Énergie, climat et après-mines : des ouvertures de crédits massives en cours de gestion 2022 afin de répondre aux conséquences de la crise énergétique

2. Le programme 345 Service public de l’énergie : des crédits en hausse afin de financer les mesures exceptionnelles destinées à limiter la hausse des prix de l’énergie pour les consommateurs finals, dans un contexte de diminution des charges de service public de l’énergie

II. Le compte d’affectation spÉciale Financement des aides aux collectivitÉs rurales

1. Le programme 793 Électrification rurale : une sous-consommation des crédits de paiement ouverts associée à des pénalités en légère augmentation

2. Le programme 794 Opérations de maîtrise de la demande d’électricité, de production d’électricité par des énergies renouvelables ou de production de proximité dans les zones non interconnectées : une sous-consommation récurrente

écologie, développement et mobilité durables : PAYSAGE, EAU ET BIODIVERSITé ; prévention des risques ; expertise, information géographique et météorologie ; conduite et pilotage des politiques de l’écologie, du développement et des mobilités durables

I. Le programme 113 Paysages, eau et biodiversité

II. Le programme 159 Expertise, information gÉographique et mÉtÉorologie

III. Le programme 181 PrÉvention des risques

IV. Le programme 217 Conduite et pilotage des politiques de l’Écologie, du dÉveloppement et de la mobilitÉ durables

écologie, développement et mobilité durables : AFFAIRES MARITIMES

I. Une sur-exÉcution par rapport À la LFI en raison de reports significatifs

A. Des reports de crÉdits 2021 sur 2022 consÉquents

1. Le programme 205 Affaires maritimes : des reports exceptionnels de crédits

2. L’action 43 Ports du programme 203 Infrastructures et services de transports : des fonds de concours importants

B. La rÉserve de prÉcaution

C. Un taux d’exÉcution modeste par rapport aux crÉdits disponibles

II. Une dÉpense fiscale au coÛt ÉlevÉ : la taxation au tonnage

A. Un dispositif coÛteux

B. Un dispositif nÉcessaire

économie : commerce extérieur

I. L’exécution des crédits versés À Business France et Bpi France Assurance Export est conforme à la prévision

A. 135 millions ont été versés aux opérateurs en charge du développement international des entreprises

B. la subvention versée À business France est en constante diminution depuis 2018

II. les garanties publiques ONT DONNÉ LIEU À MOINS DE DÉCAISSEMENTS QUE PRÉVU

A. le COÛT des garanties publiques à l’export, est plus faible que prévu

B. le compte de commerce 915 soutien au commerce extérieur témoigne d’une reprise des exportations

III. les crédits du plan de relance s’éteignent progressivement

A. les crédits de la mission plan de relance

B. certains crédits de l’aide publique au développement participent également au soutien à l’export

économie : développement des entreprises et régulations ; prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés

Introduction

Analyse des programmes 134, 343 et 367

I. Le programme 134 Développement des entreprises et régulation

1. L’action 23 Industrie et services massivement abondée pour répondre aux conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine et de la crise sanitaire

a. Un soutien massif aux entreprises dans le cadre de la guerre en Ukraine

b. Le plan Destination France sous-exécuté

c. La compensation carbone en légère baisse

2. L’action 4 Développement des postes, des télécommunications et du numérique en forte hausse en programmation initiale a bénéficié d’ouvertures importantes en cours de gestion

3. L’action 25 Mesures exceptionnelles dans le cadre de la crise sanitaire abondée en cours d’année

II. Le programme 343 Plan France très haut débit

1. Les décaissements des crédits de l’action 1 Réseaux d’initiative publique (RIP) ralentissent

2. L’exécution des crédits de l’action 2 Autres projets concourant à la mise en France du plan France très haut débit

III. Le programme 367 Financement des opérations patrimoniales envisagées en 2021 et en 2022 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » (CAS PFE)

Le Compte de concours financiers Prêts et avances à des particuliers et à des organismes privés

I. Le programme 862 Prêts pour le développement économique et social a bénéficié d’importants reports de crédits non consommés en 2021

II. Le programme 869 Prêts à la société concessionnaire de la liaison expresse entre Paris et l’aéroport Paris-Charles de Gaulle sous-exécuté en raison d’un imprévu calendaire

III. Le programme 877 Avances remboursables et prêts bonifiés aux entreprises touchées par la crise de la covid-19 : une exécution tronquée

économie : statistiques et études économiques ; stratégie économique ; accords monétaires internationaux

I. Le programme 220, Statistiques et Études Économiques

II. Le programme 305, Stratégies économiques

Économie : tourisme

I. Les crédits versés à atout France ont été abondés en gestion pour financer le plan « destination France »

A. 14,6 millions de crÉdits ouverts en gestion ont permis de financer le plan « Destination France »

B. La sCSP VERSÉE À atout France est en lÉgÈre augmentation en 2022

II. les crÉdits du plan destination France sont rÉpartis entre de multiples programmes et financÉs via des ouvertures en gestion À la lisibilitÉ perfectible

A. le programme 134 a financÉ des crÉdits de soutien aux filiÈres touristiques via des reports croisÉs

B. La mission Écologie, dÉveloppement et mobilitÉs durables a financÉ la transition vers le tourisme durable

C. Les crÉdits de la mission cohÉsion des territoires

D. Les crÉdits de la mission Recherche et enseignement supÉrieur

III. Les crÉdits du plan « avenir montagnes » poursuivent leur exÉcution qui s’achèvera en 2026

engagements financiers de l’état

I. TROIS programmes sont à l’origine de 99 % des dépenses de la mission

A. La hausse de la charge de la dette est à l’origine de l’essentiel des ouvertures de crédits en cours d’année

B. L’amortissement de la dette de l’État liée à la crise sanitaire explique une importante consommation d’AE

C. une surestimation en LFI des appels en garantie de l’État

II. deux programmes abondent pour une part marginale les crédits de la mission

A. Une consommation des crédits du programme 145 Épargne proche des prévisions

B. Le fonds de soutien relatif aux emprunts « toxiques » est en cours d’extinction

III. Deux programmes n’ont donné lieu à aucune dépense en 2022

Enseignement scolaire

I. La consommation des crédits de la mission Enseignement scolaire est nettement supérieure à l’autorisation budgétaire prévue par la loi de finances initiale pour 2022

II. Les mouvements de crÉdits intervenus en 2022

A. les reports et mouvements de crédits

B. les fonds de concours et attributions de produits

C. le décret d’avance du 7 avril 2022

D. Les lois de finances rectificatives

III. Les dÉpenses de personnel et la gestion de la masse salariale

GESTION DES FINANCES PUBLIQUES

I. LE Programme 156 Gestion fiscale et financiÈre de l’État et du secteur public local

A. Les dÉpenses de personnel et les emplois

B. Les dÉpenses de fonctionnement et d’investissement

II. LE Programme 218 Conduite et pilotage des politiques Économiques et financiÈres

A. Les dÉpenses de personnel

B. Les dÉpenses de fonctionnement et d’investissement

III. Le Programme 302 Facilitation et sÉcurisation des Échanges

A. Les dÉpenses de personnel

B. Les dÉpenses de fonctionnement, d’investissement et d’intervention

COMPTE D’AFFECTATION SPÉCIALE : gestion du patrimoine immobilier de l’état

I. La baisse des recettes du CAS GESTION DU PATRIMOINE IMMOBILIER DE L’ÉTAT s’explique principalement par des effets conjoncturels

II. La consommation des autorisations d’engagement du CAS a ÉtÉ supÉrieure À la prÉvision en lfi, contrairement À celle des crÉdits de paiEment

III. L’Écart important entre les crÉdits ouverts et ceux consommÉs s’explique principalement par les rÈgles dÉrogatoires qui rÉgissent les reports de crÉdits des cas

immigration, asile et intégration

I. l’exécution du programme 104 INTÉGRATION ET ACCÈS À LA NATIONALITÉ FRANÇAISE s’est caractérisée par une sur-exécution de 45,31 millions d’euros

II. l’exécution du programme 303 immigration et asile s’est caractérisée par une sur-exécution de 277,3 millions d’euros

Investir pour la France de 2030

I. Une mission significativement modifiÉe en cours d’examen du projet de loi de finances pour 2022

1. La superposition de France 2030 et du PIA 4

2. Des plans d’investissement dérogeant aux règles budgétaires de droit commun

II. Une exÉcution conforme À la prÉvision et une mise en œuvre de France 2030 insuffisamment tournÉe vers la transition Écologique

1. Des reports importants d’AE en 2023 et une exécution conforme en CP

2. Un effort insuffisant en matière de transition écologique et une forte concentration des bénéficiaires de France 2030 en 2022

Justice

I. Un montant des crÉdits exÉcutÉs en hausse de 24 % en AE et de 8 % en CP par rapport À 2021

II. Une exÉcution conforme À la prÉvision, qui cache nÉanmoins des tensions importantes en matière de dÉpenses de personnel et de frais de justice

1. Une gestion des dépenses de personnel « mouvementée »

2. Les autres dépenses globalement exécutées conformément à la prévision

Médias, livre et industries culturelles

I. Le programme 180 : une exécution 2022 fidèle aux prévisions malgré quelques annulations

A. des annulations notamment au bénéfice d’autres priorités du ministère de la culturE

B. une exécution 2022 marquée par l’entrée en vigueur de plusieurs mesures du plan de filière presse

1. Les mouvements de crédits sur l’action 02

2. Des reports concernant le FSDP

C. La sous-exécution importante des aides du plan de relance (programme 363 compétitivité) permet de financer le soutien de la filière pour faire face aux conséquences économiques et financières de la guerre en ukraine en 2023

II. Le programme 334 : une exécution conforme aux prévisions malgré les difficultés de la bnf

A. le soutien au livre : les difficultés de la bnf

B. Le soutien au cinéma et à la musique : la forte hausse des dépenses fiscales

outre-mer

I. les caractÉristiques gÉnÉrales de l’exÉcution 2022

A. présentation générale

B. mouvements intervenus en gestion

C. présentation des emplois, des activités de l’opérateur de la mission, LADOM, et des dépenses fiscales

II. LES POINTS DE VIGILANCE relevés par les rapporteurs spéciaux

A. mieux calibrer les montants prévisionnels des dépenses de fonctionnement

B. améliorer les prévisions du besoin de compensation d’exonération des cotisations de charges patronales (programme emploi outre-mer)

C. continuer l’accÉlÉration de l’apurement des restes à payer (programme conditions de vie outre-mer)

COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE : PARTICIPATIONS FINANCIÈRES DE L'ÉTAT ; PARTICIPATION DE LA FRANCE AU DÉSENDETTEMENT DE LA GRÈCE

COMPTE DE CONCOURS FINANCIERS : AVANCES À DIVERS SERVICES DE L'ÉTAT OU ORGANISMES GÉRANT DES SERVICES PUBLICS

I. le compte d'affectation spéciale participations financières de l'état

A. Les recettes du compte

B. Les dépenses du compte

C. l’équilibre du compte

II. Le compte d’affectation spéciale Participation de la France au désendettement de la Grèce

III. Le compte de concours financiers Avances à divers services de l’État ou organismes gérant des services publics

plan de relance

I. L’exÉcution de la mission en 2022 se caractérise par des reports de crédits très importants

II. Analyse des crédits budgétaires par programme

A. Le Programme 362 Écologie

B. Le programme 363 CompÉtitivitÉ

C. Le Programme 364 Cohésion

plan d’urgence face À la crise sanitaire

I. L’exÉcution de la mission Plan d’urgence face à la crise sanitaire en 2022

II. analyse des crÉdits budgÉtaires par programme

A. Programme 356 Prise en charge du dispositif exceptionnel de chÔmage partiel À la suite de la crise sanitaire

B. Programme 357 Fonds de solidaritÉ face À la crise sanitaire

C. Programme 358 Renforcement exceptionnel des participations financiÈres de l’État dans le cadre de la crise sanitaire

D. Programme 360 Compensation À la sÉcuritÉ sociale des allÈgements de prÉlÈvements pour les entreprises les plus touchÉes par la crise sanitaire

E. Programme 366 MatÉriels sanitaires pour faire face À la crise de la covid-19

pouvoirs publics

I. la présidence de la république

II. l’assemblÉe nationale et le SÉnat

1. Dans un environnement contraint (renouvellement de l’Assemblée nationale et diverses mesures de revalorisation prises à l'initiative du gouvernement), un niveau exceptionnel des recettes permet de contenir le déficit

2. Les dépenses d’investissement

3. Les dépenses de fonctionnement

4. L’inquiétante poursuite de la trajectoire baissière des réserves

III. le conseil constitutionnel

IV. la cour de justice de la république

recherche et enseignement supérieur : enseignemen supérieur et VIE étudiante

I. L’ExÉcution des crédits alloués à l’enseignement supérieur en 2022

A. L’exécution du programme 150 Formations supérieures et recherche universitaire

B. L’exécution du programme 231 Vie étudiante

II. l’effet de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique et de l’augmentation des coûts de l’énergie sur les moyens des opérateurs des programmes 150 et 231

recherche et enseignement supérieur : recherche

I. une exécution dans l’ensemble conforme au montant total des crédits disponibles, malgré quelques disparités entre les programmes

A. Le programme 142 Enseignement supérieur et recherche agricoles : un report d’Autorisations d’engagement habituel

B. le programme 172 Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires : un dégel de la réserve salutaire

C. le programme 190 Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables : des transferts en gestion importants

D. le programme 191 Recherche duale (civile et militaire) : des crédits toujours inexistants

E. le programme 192 Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle : une sur-exécution en raison de circuits budgétaires complexes

F. le programme 193 Recherche spatiale : une utilisation de la réserve problématique

II. Des dépenses fiscales toujours plus coûteuses

A. Le crédit d’impôt recherche : une dépense fiscale très importante et au coût croissant

B. D’autres dépenses fiscales au coût plus modeste

régimes sociaux et de retraite ; pensions

SynthÈse

I. LE COMPTE D’AFFECTATION SPÉCIALE PENSIONS

A. Des DÉpenses supÉrieures À la prÉvision en raison des mesures visant À soutenir le pouvoir d’achat

B. Des Recettes soutenues par la revalorisation du point d’indice de la fonction publique

C. Un Solde annuel nÉgatif pour la premiÈre fois depuis 2012

D. Des crÉdits intÉgralement reportÉs sur 2023

II. LA MISSION RÉGIMES SOCIAUX ET DE RETRAITE

A. Une exÉcution proche de la prÉvision, malgrÉ l’impact des mesures visant À soutenir le pouvoir d’achat

B. Des dÉpenses stables qui confirment le dÉsÉquilibre croissant des rÉgimes concernÉs

C. Le pÉrimÈtre de la mission peut encore être amÉliorÉ

relations avec les collectivités territoriales ; avances aux collectivités territoriales

I. La MISSION RELATIONS AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

A. PROGRAMME 119  concours financiers aux collectivitÉs territoriales et À leurs groupements

B. PROGRAMME 122  concours spÉcifiques et administration

II. LE compte d’avances aux COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : UN SOLDE EXCédentaire du fait de la reprise économique

remboursements et dégrèvements

I. le programme 200 remboursements et dÉGRÈvements d’impÔts d’État

II. le programme 201 remboursements et dÉGRÈvements d’impÔts locaux

Santé

I. Des ouvertures de crédits significatives transformant profondément la structure de la mission Santé

A. Le programme 378 : des crédits fortement sous-exécutés finançant une mesure qui aurait dû relever du budget de la Sécurité sociale

B. lE PROGRAMME 379 : un simple canal budgétaire qui double le montant des crédits de la mission

II. Le programme 183 : une sous-exécution anticipée par des annulations en lois de finances rectificatives

III. Le programme 204 : un exercice 2022 marqué par la reconduction du fonds de concours dédié aux dépenses liées à la gestion de la crise sanitaire

A. Hors fonds de concours, Une légère surexécution des crédits programmés

B. UNe nouvelle reconduction du fonds de concours qui interroge

SÉCURITÉS : POLICE nationale, GENDARMERIE nationale, SÉCURITÉ et éducation ROUTIÈREs ; CONTRÔLE DE LA CIRCULATION ET DU STATIONNEMENT ROUTIERS

I. Les moyens des forces de sécurité intérieure

A. le programme 152 gendarmerie nationale

1. Les dépenses de personnel et les emplois

2. Les crédits hors dépenses de personnel

B. Le programme 176 Police nationale

1. Les dépenses de personnel et les emplois

2. Les crédits hors dépenses de personnel

II. Les moyens de la sécurité routière

A. le programme 207 Sécurité et éducation routières

B. Le compte d’affectation spéciale Contrôle de la circulation et du stationnement routiers

1. Une architecture complexe

2. Des recettes et des dépenses en hausse

SÉCURITÉS : sécurité civile

I. l’exÉcution budgÉtaire

A. L’intensité de la saison des feux 2022 a marqué l’exécution budgétaire du programme 161

B. La répartition des crédits par titre souligne la part grandissante de la lutte contre les feux de forêt dans le budget de la sécurité civile

II. DES INDICATEURS DE PERFORMANCE DÉGRADÉS ET DEVENUS obsolètes AVEC LA SAISON DES FEUX 2022

solidarité, insertion et égalité des chances

I. DES DÉPENSES en forte progression pour des raisons structurelles mais aussi conjoncturelles

II. Les mouvementS de crÉdits : Des OUVERTURES SIGNIFICATIVES qui témoignent du rÔle essentiel de la mission pour soutenir les plus dÉmunis

A. Les reports de crÉdits

B. Les lois de finances rectificatives

III. Les dÉpenses de personnel et la gestion de la masse salariale

SPORT, JEUNESSE ET VIE ASSOCIATIVE

ANALYSE au niveau de la mission

I. Une consommation en hausse par rapport aux années précédentes, mais qui reste inférieure à la prévision inItiale

A. Une consommation en hausse pour la cinquième année consécutive

B. Une consommation inférieure à la prévision initiale, en particulier s’agissant des autorisations d’engagement

II. Des évolutions significatives en gestion dans le contexte de la crise en Ukraine

A. Des évolutions significatives, différentes selon les programmes

B. Des évolutions marquées par le contexte de la guerre en Ukraine

ANALYSE PAR PROGRAMMES

I. Le programme 219 Sport : un budget inédit

A. Une programmation initiale en hausse du fait d’importantes mesures nouvelles, et une exécution historiquement Élevée

B. D’importantes ouvertures de crédits en cours d’exécution

C. Un budget massif au service du sport pour tous

II. Le programme 350 Jeux olympiques et paralympiques 2024 : unE exécution conforme à la prévision

III. LE programme 163 Jeunesse et vie associative marqué par L’importance des dispositifs du service civique et du service national universel

IV. Des dépenses fiscales a mieux évaluer

TRANSFORMATION ET FONCTION PUBLIQUEs ; crédits non répartis

I. La mission Transformation et fonction publiques

1. Le programme 148 Fonction publique : une consommation dynamique qui pourrait être encore améliorée pour les crédits alloués à l’action sociale interministérielle

2. Le programme 348 Rénovation des cités administratives et autres sites domaniaux multi-occupants : une nette amélioration de la consommation des crédits de paiement mais une trajectoire de décaissement qui demeure incertaine

3. Le programme 349 Transformation publique : un taux de consommation faible pour des mouvements importants en cours de gestion

4. Le programme 352 Innovation et transformation numériques : une consommation des crédits à améliorer en complétant la démarche de suivi des projets lauréats

5. Le programme 368 Conduite et pilotage de la transformation de la fonction publique : une exécution proche de la prévision dans un contexte de hausse des dépenses de personnel

II. La mission crÉdits non rÉpartis

1. Le financement de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique et de diverses mesures salariales a entraîné une forte augmentation des crédits du programme 551 en cours de gestion

2. Les crédits du programme 552 ont fortement augmenté en cours de gestion mais ont finalement été très peu utilisés

travail et emploi

I. une légère sousexécution des crédits du programmE 102 AccÈs et retour à l’emploi

A. des annulations nettes en cours de gestion

B. une sous-exécution des dépenses de solidarité

C. Les moyens de pôle emploi

II. Le programme 103 Accompagnement des mutations Économiques et dÉveloppement de l’emploi

A. des ouvertures massives prévues par les lois de finances rectificatives

B. des sous-exécutions circonscrites

III. Le programme 111 AmÉlioration de la qualitÉ de l’emploi et des relations du travail

A. des crédits disponibles légèrement inférieurs aux crédits initialement programmés

B. La nette sous-exécution de plusieurs dispositifs visant à la qualité et à l’effectivité du droit

C. Des crédits alloués au renforcement de la prévention en santé au travail consommés à hauteur de 75 %

IV. Le programme 155 Conception, gestion et Évaluation des politiques de l’emploi et du travail

A. une exécution satisfaisante des crédits de titre 2 et des emplois malgré une certaine vacance sous plafond

B. Les crédits hors titre 2

V. Les dÉpenses fiscales

 

 


  1  

  action extérieure de l’état

M. Karim Ben Cheikh, rapporteur spécial

SOMMAIRE

___

Pages

I. le programme 105 action de la France en europe et dans le monde......

II. le programme 185 diplomatie culturelle et d’influence..................

III. le programme 151 français à l’étranger et affaires consulaires..........

 


La mission Action extérieure de l’État, relevant du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE), comprend trois programmes concourant à la mise en œuvre de la politique étrangère de la France :

 le programme 105 Action de la France en Europe et dans le monde qui regroupe les crédits destinés à permettre à notre pays d’intervenir dans les relations internationales, qu’il s’agisse de sa contribution financière aux organisations multilatérales ou des moyens matériels et humains de son réseau d’ambassades et de représentations permanentes ;

 le programme 185 Diplomatie culturelle et d’influence qui subventionne principalement l’enseignement français à l’étranger mais aussi les différents acteurs des réseaux d’action culturelle et de coopération scientifique ;

 le programme 151 Français à l’étranger et affaires consulaires qui assure le fonctionnement du service public dédié à nos compatriotes dans le monde au travers de son réseau consulaire.

En 2022, les crédits de la mission ont été consommés à hauteur de 3,05 milliards d’euros en autorisations d’engagement (AE) et de 3,04 milliards d’euros en crédits de paiement (CP). Ce niveau est très proche du montant fixé en loi de finances initiale (LFI) ([1]), le taux de consommation des crédits s’établissant à 99,7 % pour les AE et à 99,4 % pour les CP. Par rapport à l’ensemble des crédits disponibles au cours de l’année 2022, l’exécution des AE et des CP s’élève respectivement à 96,9 % et à 97,7 %.

Le projet de loi de règlement (PLR) pour 2022 demande l’annulation de 24,3 % des AE non engagées en fin de gestion et de 59,1 % des CP non dépensés.

état des crédits disponibles de la mission action extérieure de l’état en 2022

(en millions d’euros)

 

P105 - Action de la France en Europe dans le monde

P185  Diplomatie culturelle et d’influence

P151  Français à l’étranger et affaires consulaires

Total mission Action extérieure de l’État

 

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

LFI

1 950,98

1 953,77

730,81

730,81

373,92

374,05

3 055,71

3 058,63

Décret d’avance (DA)

 40,7

 40,7

 7,91

 7,91

 3,34

 3,34

 51,95

 51,95

LFR 1

40,7

40,7

7,91

7,91

3,34

3,34

51,95

51,95

LFR 2

 3,30

 6,10

 6,85

 6,85

 13,97

 13,68

 24,12

 26,64

Reports de 2022

68,80

33,20

16,17

16,38

9,27

11,55

94,24

61,12

Mouvements réglementaires

 20,77

 20,31

5,47

5,47

12,66

12,66

 2,65

 2,18

Fonds de concours et attribution de produits (FDC et ADP)

14,51

14,51

5,98

5,98

0,44

0,44

20,94

20,94

Total des crédits disponibles

2 010,21

1 975,07

751,58

751,79

382,33

385,01

3 144,12

3 111,88

Source : Développement des opérations constatées au budget général annexé au projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour 2022.

EXécution des crédits de la mission action extérieure de l’état en 2022

(en millions d’euros)

 

P105 - Action de la France en Europe dans le monde

P185  Diplomatie culturelle et d’influence

P151  Français à l’étranger et affaires consulaires

Total mission Action extérieure de l’État

 

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

Total des crédits disponibles

2 010,21

1 975,07

751,58

751,79

382,33

385,01

3 144,12

3 111,88

Exécution

1 918,48

1 912,28

749,43

749,49

377,16

378,46

3 045,07

3 040,23

Annulations demandées

18,49

36,37

1,01

1,10

4,52

4,87

24,02

42,34

Reports sur 2023

73,24

26,43

1,15

1,20

0,64

1,69

75,03

29,31

Source : Développement des opérations constatées au budget général annexé au projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour 2022

I.   le programme 105 action de la France en europe et dans le monde

Initialement doté de 1,95 milliard d’euros en AE et en CP par la loi de finances pour 2022, l’exécution des crédits du programme a respectivement atteint 1,92 et 1,91 milliard d’euros, soit un taux de consommation très proche du montant de la LFI (98,3 % pour les AE et 97,9 % pour les CP).

exécution des crédits de paiement du programme 105 action de la France
en europe et dans le monde en 2022

(en millions d’euros)

 

Source : commission des finances à partir des annexes au projet de loi de règlement pour 2022

 

À l’instar de l’ensemble de la mission Action extérieure de l’État, le programme 105 Action de la France en Europe et dans le monde a été peu affecté par des mouvements de crédits en gestion, le solde de ces derniers s’élève à seulement 21,3 millions d’euros en CP, soit 1,09 % des crédits votés en LFI.

La première loi de finances rectificative pour 2022 ([2]) n’a fait que rétablir les 40,7 millions d’euros d’AE et de CP provisoirement annulés par le décret d’avance du 7 avril 2022 ([3]) et qui avaient été mobilisés pour contribuer au financement des 5,86 milliards d’euros ouverts en urgence pour répondre aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Quant à la seconde LFR ([4]), elle a annulé 3,3 millions d’euros d’AE et 6,1 millions d’euros de CP correspondant à une partie de la réserve de précaution.

Le PLR pour 2022 demande l’annulation de 18,5 millions d’euros des AE et de 36,4 millions d’euros des CP, soit respectivement 0,9 % et 1,9 % des crédits initiaux. Si 79,8 % des AE non engagées ont été reportées sur l’année 2023, seulement 42,1 % des CP non exécutés l’ont été.

En 2022, l’exécution a été marquée, au niveau mondial, par le contexte de la guerre en Ukraine et du retour de l’inflation et, au niveau de l’Union européenne (UE), par la présidence française du Conseil de janvier à juin 2022. Celle-ci a nécessité de rehausser le plafond d’emplois du MEAE de 50 équivalents temps plein travaillés (ETPT), en LFR 2, ce qui a abouti, au niveau du seul programme 105, à une consommation de 8 172 ETPT (101,3 % de la dotation initiale).

Le rapporteur spécial observe que la guerre en Ukraine a été révélatrice du manque d’effectifs dont souffre le réseau diplomatique et consulaire, la gestion de nos compatriotes et des réfugiés ukrainiens ayant immédiatement mis en souffrance les ambassades et consulats concernés.

Si la consommation des crédits a été très proche du montant voté en LFI, un poste de dépense a toutefois connu une sous-exécution notable : l’action 02 Action européenne (79 % de la prévision en AE et CP). Elle s’explique principalement par le transfert de 29,19 millions d’euros vers le programme 144 Environnement et prospective de la politique de défense (mission Défense) qui constitue une partie des 82,83 millions d’euros initialement destinés au financement de la Facilité européenne pour la paix (FEP). Il faut également noter une sous-consommation des crédits alloués aux contributions versées à Expertise France, qui finance des postes d’experts nationaux détachés dans les instances européennes, en raison de difficultés de recrutement.

II.   le programme 185 diplomatie culturelle et d’influence

La LFI a doté ce programme de 730,81 millions d’euros en AE et en CP. Ils ont été exécutés à hauteur de respectivement 749,43 millions d’euros et 749,49 millions d’euros, soit un taux de consommation de 103 %.

exécution des crédits de paiement du programme 185 diplomatie culturelle et d’influence en 2022

(en millions d’euros)

 

Source : commission des finances à partir des annexes au projet de loi de règlement pour 2022.

Le programme 185 Diplomatie culturelle et d’influence a également été relativement peu affecté par les différents mouvements de crédits en cours de gestion (équivalent à 2,9 % des crédits initiaux).

La LFR 1 a rétabli les 7,91 millions d’euros en AE et en CP annulés par le décret d’avance du 7 avril 2022 tandis que la LFR 2 a annulé une partie de la réserve de précaution, à hauteur de 6,85 millions d’euros en AE et en CP.

Le PLR pour 2022 demande l’annulation de 1,01 millions d’euros d’AE et de 1,1 million d’euros de CP, correspondant à respectivement 0,1 % et 0,2 % du montant initial. Les reports sur l’année 2023 concerne 53,1 % des AE non engagées et 52,2 % des CP non dépensées.

Le programme 185 Diplomatie culturelle et d’influence regroupe un niveau relativement faible de dépenses de personnel (9,4 % des crédits exécutés), les crédits correspondant essentiellement à des subventions pour charges de service public allouées à des opérateurs ([5]) ainsi qu’ à des dépenses d’intervention (bourses étudiantes et subventions aux instituts français).

En 2022, la gestion budgétaire s’est inscrite dans la continuité de la mise en œuvre des grandes orientations définies par le Président de la République depuis 2017 en termes de stratégie d’influence. Le rapporteur spécial observe que les moyens qui ont été alloués au programme ne traduisaient pas d’ambition de renforcement des vecteurs d’influence de notre pays.

Bien que l’exécution des crédits ait été proche du montant inscrit en LFI, un poste de dépenses a fait l’objet d’une sur-exécution notable : l’action 07 Diplomatie économique et développement du tourisme (158 % des crédits initiaux en AE et CP) ([6]).

III.   le programme 151 français à l’étranger et affaires consulaires

L’exécution des crédits de ce programme s’est élevée à 377,16 millions d’euros en AE et à 378,46 millions d’euros en CP. La consommation atteint ainsi 101 % des crédits votés en LFI, respectivement 373,92 millions d’euros en AE et 374,05 millions d’euros en CP.

exécution des crédits de paiement du programme 151 Français de l’étranger et affaires consulaires en 2022

(en millions d’euros)

 

Source : commission des finances à partir des annexes au projet de loi de règlement pour 2022

De la même manière que pour le reste de la mission Action extérieure de l’État, le programme 151 Français à l’étranger et affaires consulaires n’a pas connu d’importants mouvements de crédits au cours de l’année 2022. Le solde de ces derniers n’a atteint que 10,97 millions d’euros en CP, soit 2,9 % des crédits initiaux.

En LFR 1, 3,34 millions d’euros provisoirement annulés par le décret d’avance du 7 avril 2022 ont été rétablis. Le rapporteur spécial avait regretté l’absence de mesures spécifiques pour le pouvoir d’achat des Français de l’étranger au sein de ce collectif budgétaire. Il estime qu’un nouveau mode de calcul des taux de base de leur minima sociaux aurait pu représenter une piste.

En LFR 2, 13,97 millions d’euros en AE et 13,68 millions d’euros en CP ont été annulés sur une partie de la réserve de précaution.

Le PLR pour 2022 demande l’annulation de 4,52 millions d’euros d’AE non engagées et de 4,87 millions d’euros de CP non dépensés, ce qui représente respectivement et 1,2 % et 1,3 % des montants votés en LFI.

Le report sur l’année 2023 concerne 12,5 % et 25,7 % des AE et CP non consommés.

L’action 03 Instruction des demandes de visa a été sur-exécutée à hauteur de 115 % en AE et en CP. Composée à 96,9 % de dépenses de personnel, la sur-exécution résulte de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique au 1er juillet 2022 ainsi que des effets de l’inflation sur le régime indemnitaire (indemnités de résidence à l’étranger principalement) des agents publics expatriés et des agents de droit local (ADL).

Quant à l’action 02 Accès des élèves français au réseau AEFE, les crédits consommés se sont élevés à 88 % du montant prévisionnel. Cela s’explique par la volonté de résorber l’excédent de trésorerie de l’AEFE (appelé « soulte ») né pendant la crise sanitaire. La soulte atteignait encore 7,5 millions d’euros à la fin de l’exercice 2022.

Concernant les emplois, la consommation du programme 151 Français de l’étranger et affaires consulaires s’est établie à 3 201 ETPT, soit 47 ETPT de moins que la part du plafond ministériel dédiée à ce programme. Après des années de réduction d’effectifs, le rapporteur spécial regrette l’absence d’une volonté de réarmement des services consulaires.


  1  

  administration générale et territoriale de l’état

M. Charles de Courson, rapporteur spécial

SOMMAIRE

___

Pages

I. le programme 354 administration territoriale de l’état...................

II. le programme 232 vie politique.......................................

III. le programme 216 conduite et pilotage des politiques de l’intérieur.....

 


La mission Administration générale et territoriale de l’État (AGTE) relève du ministère de l’intérieur et des outre-mer. Elle comprend trois programmes :

 le programme 354 Administration territoriale de l’État, qui porte les moyens et les emplois des préfectures, des sous-préfectures, des secrétariats généraux aux affaires régionales (SGAR), des secrétariats généraux communs départementaux (SGC-D) ainsi que, partiellement, des directions départementales interministérielles (DDI) pour leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement et leurs emplois de direction ;

 le programme 232 Vie politique, qui assure le financement public des partis, permet l’organisation des élections et porte les moyens et les emplois de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) ;

 le programme 216 Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur, qui regroupe les crédits d’une grande partie de l’administration centrale du ministère– notamment au travers des fonctions support à dimension transversale  ainsi que ceux destinés au fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), aux secrétariats généraux pour l’administration du ministère de l’intérieur (SGAMI) et aux cultes dans les trois départements concordataires.

En 2022, les crédits de la mission ont été consommés à hauteur de 4,79 milliards d’euros en autorisations d’engagement (AE) et de 4,6 milliards d’euros en crédits de paiement (CP). Ce niveau est supérieur au montant fixé en loi de finances initiale (LFI) ([7]), le taux de consommation des crédits s’établissant à 108,7 % pour les AE et à 104,9 % pour les CP. Par rapport à l’ensemble des crédits disponibles au cours de l’année 2022, l’exécution des AE et des CP s’élève respectivement à 94,2 % et à 94,88 %.

Le projet de loi de règlement (PLR) pour 2022 demande l’annulation de 103,67 millions d’euros d’AE et de 45,87 millions d’euros de CP.

état des crédits disponibles de la mission administration générale
et territoriale de l’état en 2022

(en millions d’euros)

 

P354  Administration territoriale de l’État

P232  Vie politique

P216  Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur

Total mission Administration générale et territoriale de l’État

 

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

LFI

2 463,70

2 412,01

491,29

488,61

1 450,06

1 486,59

4 405,05

4 387,21

Décret d’avance (DA)

 12,55

 12,55

 9,66

 9,66

 16,72

 16,72

 38,94

 38,94

LFR 1

12,55

12,55

9,66

9,66

154,72

16,72

176,94

38,94

LFR 2

 16,49

 14,42

 13,98

 16,40

 15,15

 23,61

 45,62

 54,44

Reports de 2021

44,10

29,81

83,52

89,76

83,27

34,19

210,89

153,76

Mouvements réglementaires

78,47

79,40

 6,84

 6,84

241,57

231,33

313,20

303,89

Fonds de concours et attribution de produits (FDC et ADP)

40,95

41,45

0

0

22,59

22,59

63,53

64,04

Total des crédits disponibles

2 610,73

2 548,24

553,99

555,12

1 920,34

1 751,09

5 085,06

4 854,46

Source : Développement des opérations constatées au budget général annexé au projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour 2022.

EXécution des crédits de la mission
administration générale et territoriale de l’état en 2022

(en millions d’euros)

 

P354  Administration territoriale de l’État

P232  Vie politique

P216  Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur

Total mission Administration générale et territoriale de l’État

 

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

Total des crédits disponibles

2 610,73

2 548,24

553,99

555,12

1 920,34

1 751,09

5 085,06

4 854,46

Exécution

2 486,27

2 497,54

487,81

488,95

1 813,73

1 615,52

4 787,81

4 602,01

Annulations demandées

92,45

30,02

1,04

0,56

10,18

15,29

103,67

45,87

Reports sur 2023

32,01

20,69

65,14

65,61

96,43

120,28

193,58

206,58

Source : Développement des opérations constatées au budget général annexé au projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour 2022

I.   le programme 354 administration territoriale de l’état

Initialement doté de 2,46 milliards d’euros en AE et de 2,41 milliards d’euros en CP par la loi de finances pour 2022, l’exécution des crédits du programme a respectivement atteint 2,49 et 2,5 milliards d’euros, soit un taux de consommation quasi égal au montant de la LFI pour les AE (100,9 %) et légèrement supérieur pour les CP (103,5 %).

exécution des crédits de paiement du programme 354 administration territoriale de l’état en 2022

(en millions d’euros)

Source : commission des finances à partir des annexes au projet de loi de règlement pour 2022

Le programme 354 Administration territoriale de l’État a été affecté par des mouvements sensibles de crédits en gestion, le solde des ouvertures et des annulations représentant une hausse de 6 % des AE et 5,6 % des CP en cours de gestion.

En effet, l’année 2022 a été marquée par la mise en œuvre de mesures catégorielles statutaires et indemnitaires dont le financement a été assuré par deux arrêtés de répartition à hauteur de 47,96 millions d’euros, dont 20,72 millions d’euros pour la seule compensation de la revalorisation de la valeur du point d’indice de la fonction publique au 1er juillet. D’autres mouvements réglementaires (transferts et virements de crédits) se sont ajoutés à hauteur de 30,51 millions d’euros en AE et de 31,44 millions d’euros en CP. À ce sujet, la Cour des comptes recommande de « ne pas recourir aux décrets de transfert lorsque les décisions sont connues avant le vote de la LFI » ([8]).

Quant aux attributions de produits (ADP) et aux fonds de concours (FDC), ils ont permis d’abonder les crédits du programme à hauteur de 40,95 millions d’euros en AE et de 41,45 millions d’euros en CP. L’essentiel de ces ressources supplémentaires est composé de redevances, dont 25,54 millions d’euros pour celle due au titre de l’acheminement des certificats d’immatriculation des véhicules.

En revanche, les lois de finances rectificatives (LFR) pour 2022 n’ont pas eu d’impact significatif sur la gestion. La première LFR ([9]) n’a fait que rétablir les 12,55 millions d’euros d’AE et de CP, qui avaient été provisoirement annulés par le décret d’avance du 7 avril 2022 ([10]) pour contribuer au financement des 5,86 milliards d’euros ouverts en urgence pour répondre aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Quant à la seconde LFR ([11]), elle a annulé 16,49 millions d’euros d’AE et 14,42 millions d’euros de CP correspondant à une partie de la réserve de précaution, comme il est d’usage en fin de gestion.

Concernant les emplois, un plafond de 29 081,5 équivalents temps plein travaillé (ETPT) avait été alloué au programme. Il a été rehaussé en cours de gestion, d’une part, de 209,75 ETPT à la suite de transferts et, d’autre part, de 182 ETPT, à titre exceptionnel, afin de renforcer les effectifs des préfectures pour permettre l’accueil des réfugiés ukrainiens et pour réduire les délais de délivrance des titres d’identité. En fin de gestion, 29 421,58 ETPT ont été rémunérés soit une consommation du plafond d’emplois initial de 101,2 %.

En ce qui concerne la question de la dégradation des délais de délivrance des cartes nationales d’identité (CNI) et des passeports, ce sujet doit faire l’objet d’un rapport d’information du rapporteur spécial dans le cadre du Printemps de l’évaluation 2023.

Sur l’année 2023, 32,01 millions d’euros en AE et 20,69 millions d’euros en CP ont été reportés, principalement au titre du paiement de loyers. En conséquence, le PLR pour 2022 demande l’annulation de 92,45 millions d’euros d’AE non engagées et de 30,02 millions d’euros de CP non exécutés, soit respectivement 3,5 % et 1,2 % des crédits disponibles sur l’ensemble de l’exercice budgétaire.

II.   le programme 232 vie politique

La LFI a doté ce programme de 491,29 millions d’euros en AE et de 488,61 millions d’euros en CP. Ces moyens ont été exécutés à hauteur de respectivement 487,81 millions d’euros et 488,95 millions d’euros, soit un taux de consommation de 99,3 % et 100,1 %.

L’année 2022 a été marquée par l’organisation de l’élection présidentielle (10 et 24 avril) et des élections législatives (12 et 19 juin).

exécution des crédits de paiement du programme 232 vie politique en 2022

(en millions d’euros)

 

Source : commission des finances à partir des annexes au projet de loi de règlement pour 2022.

Le programme 232 Vie politique a bénéficié de reports importants de crédits non consommés en 2021 – 83,52 millions d’euros (CP) et 89,76 millions d’euros (AE) – afin de couvrir le décalage dans les remboursements de dépenses de campagne aux candidats aux élections départementales et régionales des 20 et 27 juin 2021 ainsi que les surcoûts engendrés par l’approvisionnement en matériel sanitaire.

En dehors de ces reports, les autres mouvements de crédits en cours de gestion ont été relativement faibles. La LFR 1 a rétabli les 9,66 millions d’euros d’AE et de CP annulés par le décret d’avance du 7 avril 2022 tandis que la LFR 2 a annulé une partie de la réserve de précaution, à hauteur de 13,98 millions d’euros en AE et de 16,40 millions d’euros en CP.

Les reports sur l’année 2023 sont également importants puisqu’ils concernent 65,14 millions d’euros d’AE non engagées et 65,61 millions d’euros de CP non exécutés en raison, là encore, du décalage dans le temps des opérations de remboursement de frais de campagne de candidats aux élections présidentielle et législatives de 2022. Le rapporteur spécial rappelle que deux nouveaux indicateurs de performances ont été introduits, à son initiative, dans la loi de finances pour 2023 ([12]) pour mesurer le délai moyen de ces remboursements.

En conséquence, le PLR pour 2022 demande l’annulation de seulement 1,04 millions d’euros d’AE et de 0,56 million d’euros de CP, correspondant à respectivement 0,2 % et 0,1 % du total des crédits disponibles en 2022.

Contrairement aux deux autres programmes de la mission, le programme 232 Vie politique rémunère peu d’emplois, ces derniers correspondant en totalité aux effectifs de la CNCCFP. Fixé à 65 ETPT, le plafond d’emplois a finalement été sous-consommé (60,83 ETPT) en raison d’un renouvellement conséquent du personnel (départ de dix agents en cours d’année) qui a entraîné des vacances de postes.

III.   le programme 216 conduite et pilotage des politiques de l’intérieur

L’exécution des crédits de ce programme s’est élevée à 1,81 milliard d’euros en AE et à 1,62 milliard d’euros en CP. La consommation des crédits est supérieure de 25,1 % pour les AE et de 8,7 % pour les CP par rapport au montant voté en LFI.

Cette sur-exécution concerne, pour l’essentiel, l’action 03 Numérique, dont les crédits sont surconsommés à hauteur de 148,22 millions d’euros en AE et de 84,94 millions d’euros en CP, ainsi que l’action 05 Affaires immobilières pour les AE seulement, avec 158,18 millions d’euros d’engagements de crédits supplémentaires.

Pour les dépenses en matière numérique, l’écart entre la prévision initiale et la réalisation s’explique principalement par l’apport de 104,7 millions d’euros en AE et de 29,7 millions d’euros en CP issus du Plan de relance (programme 363 Indépendance et compétitivité) pour mener à bien plusieurs grands projets informatiques (Réseau radio du futur, Systèmes d’information (SI) européens, SI élections, SI Administration territoriale de l’État…). À ce titre, la Cour des comptes recommande de « poursuivre l’identification des besoins pluriannuels de financement des différents projets d’investissements numériques et du maintien en condition opérationnelle des applications du ministère de l’intérieur » ([13]), préconisation à laquelle le rapporteur spécial souscrit également.

Quant aux engagements de dépenses immobilières, ils affichent une surconsommation par rapport à la LFI en raison d’un apport postérieur du Plan de relance de 48,83 millions d’euros en AE, pour financer des dépenses d’investissement, auquel s’est ajouté un besoin de crédits pour renouveler le bail d’un immeuble de bureaux du ministère de l’intérieur à Paris, satisfait en LFR 1 (138 millions d’euros en AE).

exécution des crédits de paiement du programme 216 CONDUITE ET PILOTAGE DES POLITIQUES DE l’intérieur en 2022

(en millions d’euros)

Source : commission des finances à partir des annexes au projet de loi de règlement pour 2022.

Le programme 216 Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur a connu d’importants mouvements de crédits en cours de gestion. Le solde des ouvertures et des annulations représente une hausse des dotations initiales de 32,4 % pour les AE et de 17,8 % pour les CP.

Les décrets de transfert et de virement ainsi que les arrêtés de répartition constituent l’essentiel de ces mouvements en gestion. Outre l’apport de crédits provenant du plan de relance, ils traduisent la compensation de la revalorisation de la valeur du point d’indice de la fonction publique au 1er juillet 2022, la mise en œuvre de mesures interministérielles ([14]) et l’ajustement du périmètre du programme ([15]).

En LFR 1, 16,72 millions d’euros provisoirement annulés par le décret d’avance du 7 avril 2022 ont été rétablis tandis que 138 millions d’euros d’AE supplémentaires ont été ouverts afin de permettre le renouvellement du bail de l’immeuble Lumière (Paris, 12e arrondissement) pour la période 2024-2027 ainsi que de l’engagement du marché « gros électricité » pour 2023.

En LFR 2, 15,15 millions d’euros en AE et 23,61 millions d’euros en CP ont été annulés sur une partie de la réserve de précaution.

Les reports sur l’année 2023 ont été relativement importants puisqu’ils correspondent à environ 90 % des crédits disponibles non consommés, soit 96,43 millions d’euros en AE et 120,28 millions d’euros en CP. En conséquence, le PLR pour 2022 demande respectivement l’annulation de 10,18 et 15,29 millions d’euros.

En ce qui concerne la consommation du plafond d’emplois, 11 108,17 ETPT ont été rémunérés sur les 11 128,44 ETPT qui avaient initialement été alloués au programme 216 Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur, soit un taux de réalisation très proche de la prévision (99,8 %).

 

 

 


  1  

  Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales ;
DÉveloppement agricole et rural

M. Pascal Lecamp, rapporteur spécial

SOMMAIRE

___

Pages

I. Mission Agriculture, alimentation, forÊt et affaires rurales...............

A. Une consommation qui dÉpasse le record de 2017.....................

1. Un dépassement de 55,4 % de la prévision initiale........................

2. Des ouvertures significatives de crédits en gestion........................

B. programme 149 CompÉtitivitÉ et durabilitÉ de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la forÊt, de la pÊche et de l’aquaculture             

1. Des crédits qui traduisent la récurrence des crises agricoles.................

2. Des moyens des opérateurs supérieurs de 67,9 % à la programmation.........

3. Des dépenses fiscales équivalentes à 48,7 % des crédits de la mission.........

4. Une maquette de performance satisfaisante..............................

C. Programme 206 SÉcuritÉ et qualitÉ sanitaires de l’alimentation..........

D. Programme 215 Conduite et pilotage des politiques de l’agriculture.......

II. Compte d’affectation spÉciale DÉveloppement agricole et rural.........

A. Un neuviÈme exercice consÉcutif excÉdentaire........................

B. Programme 775 DÉveloppement et transfert...........................

C. Programme 776 Recherche appliquÉe et innovation....................

liste des personnes auditionnées.............................


I.   Mission Agriculture, alimentation, forÊt et affaires rurales

La mission Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales (AAFAR) est composée des trois programmes 149 Compétitivité et durabilité de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la forêt, de la pêche et de l’aquaculture, 206 Sécurité et qualité sanitaires de l’alimentation et 215 Conduite et pilotage des politiques de l’agriculture.

Même additionnée à celle du compte d’affectation spéciale Développement agricole et rural (cf. infra), cette enveloppe ne constitue qu’une part minoritaire des concours publics à l’agriculture : au plan budgétaire, s’y ajoutent ceux de l’Union européenne (UE), pour près de 10 milliards d’euros, ceux portés par la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA), soit 1,5 milliard d’euros et, à un degré moindre, les aides des régions et des agences de l’eau, pour 0,5 milliard d’euros, ce dernier ordre de grandeur devant progresser avec la programmation de la politique agricole commune (PAC) pour 2023 à 2027 compte tenu des interventions du second pilier transférées à ces collectivités.

A.   Une consommation qui dÉpasse le record de 2017

Le projet de loi de règlement (PLR) pour 2022 fait apparaître une mobilisation de 4,66 milliards d’euros en autorisations d’engagement (AE) et de 4,67 milliards d’euros en crédits de paiement (CP). Sont reportés 265,5 millions d’euros en AE et 352,5 millions d’euros en CP sur 2023, et il est proposé d’annuler 149,5 millions d’euros en AE et 51,7 millions d’euros en CP.

La consommation atteint (en CP) 155,3 % de l’autorisation donnée par la loi de finances initiale (LFI) et 92 % des sommes ouvertes au long de l’exercice.

ExÉcution DES CRÉDITS DE LA MISSION AAFAR de 2012 À 2022

(en CP ; en milliards d’euros)

Programmes

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

P. 149 Compétitivité et durabilité de l’agriculture, de la forêt,
de la pêche et de l’aquaculture

2,54

2,08

2,37

2,77

1,92

3,36

2,24

1,77

1,71

2,38

3,28

P. 206 Sécurité et qualité sanitaires de l’alimentation

0,54

0,50

0,51

0,51

0,55

0,63

0,55

0,55

0,56

0,61

0,79

P. 215 Conduite et pilotage
des politiques de l’agriculture

0,75

0,73

0,73

0,72

0,68

0,65

0,65

0,63

0,62

0,61

0,60

Total

3,84

3,32

3,62

3,99

3,16

4,64

3,44

2,94

2,89

3,60

4,67

Source : lois de règlement pour 2012 à 2020 ; projets de loi de règlement pour 2021 et 2022.

Le décaissement de 4,7 milliards d’euros en CP est plus important que le point haut de 2017 et se situe 28,1 % au-dessus de la moyenne des onze derniers exercices (soit 3,65 milliards d’euros).

Passage du projet de loi de finances au projet de loi de rÈglement pour 2022
À l’Échelle de la mission AAFAR (haut) et de ses programmes (milieu)
et comparaison entre la prÉvision et l’exÉcution par titres (bas)

(en CP ; en millions d’euros)

 

Programme 149

Programme 206

Programme 215

Mission AAFAR

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

PLF pour 2022

1 775,03

1 764,62

614,26

611,38

641,61

630,91

3 030,90

3 006,91

LFI pour 2022

1 774,88

1 764,47

614,17

611,30

641,11

630,40

3 030,16

3 006,17

Fonds de concours et attrib. de produits

32,57

32,57

5,65

5,65

7,14

7,14

45,36

45,36

Mouvements réglementaires

1 057,59

1 059,20

15,02

18,46

15,16

6,55

1 087,77

1 084,21

Reports

368,87

377,08

15,15

18,59

15,36

7,04

399,65

402,71

Décret d’avance

580,00

580,00

s. o.

s. o.

s. o.

s. o.

580,00

580,00

Virements

 4,36

 4,36

 0,45

 0,45

0,01

0,01

 4,80

 4,80

Transferts

113,08

106,48

s. o.

s. o.

 1,57

 1,59

111,51

104,89

Répartition

s. o.

s. o.

0,32

0,32

1,09

1,09

1,41

1,41

1ère LFR pour 2022

290,00

290,00

200,30

200,30

0,01

0,01

490,31

490,31

2nde LFR pour 2022

400,81

444,17

30,48

9,85

 5,0

 5,1

426,28

448,97

Ouvertures totales

3 555,85

3 590,41

865,62

845,56

658,41

639,04

5 079,88

5 075,01

PLR pour 2022

3 264,89

3 283,05

797,46

791,68

602,54

596,16

4 664,89

4 670,90

Source : rapport annuel de performances (RAP) annexé au projet de loi de règlement pour 2022 ; note d’analyse de l’exécution budgétaire (NEB) de la Cour des comptes pour 2022.

1.   Un dépassement de 55,4 % de la prévision initiale

La LFI pour 2022 avait doté la mission AAFAR de 3,03 milliards d’euros en AE et 3,01 milliards d’euros en CP, sans écart majeur avec les ouvertures sollicitées par le projet de loi de finances (PLF) correspondant.

ExÉcution DES CRÉDITS DE LA MISSION AAFAR en 2022
par rapport À la loi de finances initiale

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Programmes

LFI

PLR

Exécution

LFI

PLR

Exécution

P. 149 Compétitivité et durabilité

1 774,88

3 264,89

183,9 %

1 764,47

3 283,05

186,1 %

P. 206 Sécurité et qualité sanitaires

614,17

797,45

129,8 %

611,30

791,68

129,5 %

P. 215 Conduite et pilotage

641,11

602,54

94,0 %

630,40

596,16

94,6 %

Total

3 030,16

4 664,89

153,9 %

3 006,17

4 670,90

155,4 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

La consommation est donc de 153,9 % en AE et 155,4 % en CP pour 2022, contre 118,4 % en AE et 118,5 % en CP pour 2021, alors que les trois exercices antérieurs avaient été marqués par des dépenses, en CP, très proches de la programmation (100,3 % en 2018, puis 100,7 % en 2019 et 98,3 % en 2020).

2.   Des ouvertures significatives de crédits en gestion

Les mouvements en cours d’année ont porté les montants disponibles à 5,08 milliards d’euros en AE et en CP, soit une augmentation de plus de deux tiers par rapport à la LFI. Ils correspondent surtout aux réponses apportées à la crise de la grippe aviaire et aux aléas environnementaux (cf. infra).

De premières opérations ont été réalisées par la voie réglementaire : reports de 399,7 millions d’euros en AE et 402,7 millions d’euros en CP (jugés d’une « ampleur inédite » par la Cour des comptes, ils sont trois fois plus élevés qu’en 2021) ; abondement de 580 millions d’euros en AE et en CP avec le décret d’avance d’avril 2022 ; virements (sortants) de 4,8 millions d’euros en AE et en CP ; transferts et répartition (majoration de rémunérations) de 112,9 millions d’euros en AE et 106,3 millions d’euros en CP ; fonds de concours et attributions de produits de 45,4 millions d’euros en AE et en CP.

L’essentiel des moyens supplémentaires a été apporté dans le cadre des deux lois de finances rectificatives (LFR) d’août et décembre 2022. Elles se sont traduites par des abondements nets de 916,6 millions d’euros en AE et 939,3 millions d’euros en CP : 490,3 millions d’euros en AE et en CP pour la première, 426,3 millions d’euros en AE et 449 millions d’euros en CP pour la seconde (ouverture de 431,3 millions d’euros en AE et 454 millions d’euros en CP, et annulation de 5 millions d’euros en AE et 5,1 millions d’euros en CP).

 

ExÉcution DES CRÉDITS DE LA MISSION AAFAR en 2022
par rapport À l’ensemble des crÉdits ouverts

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Programmes

Ouvertures

PLR

Exécution

Ouvertures

PLR

Exécution

P. 149 Compétitivité et durabilité

3 555,85

3 264,89

91,8 %

3 590,41

3 283,05

91,4 %

P. 206 Sécurité et qualité sanitaires

865,62

797,45

92,1 %

845,56

791,68

93,6 %

P. 215 Conduite et pilotage

658,41

602,54

91,5 %

639,04

596,16

93,3 %

Total

5 079,88

4 664,89

91,8 %

5 075,01

4 670,90

92,0 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

Sur cette base, ont été consommés 91,8 % des AE et 92 % des CP.

B.   programme 149 CompÉtitivitÉ et durabilitÉ de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la forÊt, de la pÊche et de l’aquaculture

Le programme 149, dont est responsable la direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE), représente 70,3 % des crédits de la mission.

ExÉcution DES CRÉDITS DU PROGRAMME 149 EN 2022
par rapport À la loi de finances initiale

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Actions

LFI

PLR

Exécution

LFI

PLR

Exécution

21 Adaptation des filières

222,48

225,02

101,1 %

222,70

228,72

102,7 %

22 Gestion des crises et des aléas
de la production agricole

8,81

1 184,21

13 441,7 %

8,81

1 184,36

13 443,4 %

23 Appui au renouvellement

et à la modernisation

95,99

170,93

178,1 %

109,92

110,10

100,2 %

24 Gestion équilibrée

et durable des territoires

475,62

350,30

73,7 %

451,69

418,91

92,7 %

25 Protection sociale

130,37

421,63

323,4 %

130,37

421,58

323,4 %

26 Gestion durable de la forêt

276,82

256,14

92,5 %

279,20

260,91

93,4 %

27 Moyens de mise en œuvre

des politiques publiques

516,89

557,58

107,9 %

516,89

556,59

107,7 %

28 Pêche et aquaculture

47,90

99,10

206,9 %

47,91

101,89

212,7 %

Total

1 774,88

3 264,89

183,9 %

1 764,47

3 283,05

186,1 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

1.   Des crédits qui traduisent la récurrence des crises agricoles

Le rapport annuel de performances (RAP) indique une consommation de 183,9 % des AE et 186,1 % des CP votés en 2022, contre 132 % en 2021.

La prise en compte des mouvements en gestion fait apparaître une exécution de 91,8 % en AE et 91,4 % en CP : la quasi-totalité des ouvertures de crédits faites par voie réglementaire (96,7 %) et législative (78,2 %) a été réalisée à son profit et sa réserve de précaution a été dégelée (58,3 millions d’euros).

Trois situations se présentent pour la consommation en CP des actions.

 Premièrement, celle des actions 21 et 23 respecte la LFI.

 Deuxièmement, celle des actions 24 et 26 est inférieure à la prévision :

 le principal poste justifiant, sur la première, la consommation moindre de 32,8 millions d’euros en CP est celui des mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) et des aides à la conversion vers l’agriculture biologique, car la différence a été assumée par des fonds européens de relance plutôt que l’État ;

 la différence sur la seconde, laquelle atteint 20,7 millions d’euros en AE et 18,3 millions d’euros en CP, s’explique notamment par des besoins moins élevés que prévu concernant la lutte contre les scolytes et par le report de travaux en Aquitaine et en Guyane pour la défense des forêts contre les incendies (DFCI) ;

 Troisièmement, celle des actions 22, 25, 27 et 28 dépassent l’enveloppe de la LFI. Elle est commentée dans l’ordre croissant des sommes en jeu :

 la surexécution de 39,7 millions d’euros concernant l’action 27 tient, une fois pris en compte la mise en réserve sur la subvention de sept opérateurs, au surplus de 46,9 millions d’euros imputé sur la provision pour aléas (PPA), qui a mobilisé 236,9 millions d’euros, répartis entre 141,9 millions d’euros pour quatre décisions de refus de remboursement d’avances prononcées par la Commission européenne, contre une estimation du ministère d’un peu plus de 40 millions d’euros, et 95 millions d’euros liés à des aides conjoncturelles (cf. infra) ;

 la consommation de l’action consacrée aux filières halieutiques, inscrite à partir de l’exercice 2023 sur le programme 205 Affaires maritimes de la mission Écologie, développement et mobilité durables, est 54 millions d’euros au-dessus de l’autorisation, dont 21,8 millions d’euros pour une contribution à l’aide sociale de l’Établissement national des invalides de la marine (ENIM) et 31,1 millions d’euros pour trois mesures d’indemnisation aux professionnels accusant une perte de chiffre d’affaires dans le contexte des négociations avec le Royaume-Uni, cette dernière somme provenant d’un fonds de concours européen ;

 le décaissement de 291,2 millions d’euros supplémentaires au titre de la protection sociale s’explique par la compensation au profit de la Mutualité sociale agricole (MSA) des exonérations de cotisations liées, surtout, à des aides de crises (présentées avec les autres dans le tableau infra), pour 285,6 millions d’euros, et, subsidiairement, soit au soutien à l’embauche de travailleurs occasionnels et de demandeurs d’emploi (TO-DE) prévu à l’article L. 741-16 du code rural et de la pêche maritime, avec un dépassement de 3,3 millions d’euros permis par la seconde LFR, soit à une aide spécifique pour les professionnels viticoles affectés par les sanctions américaines pour 2,3 millions d’euros ;

 celle de la première atteint 13 443,4 % (après 14 645,7 % en 2021), du fait de l’imputation sur cette ligne de la plupart des aides de crise : aléas climatiques, épizooties, difficultés liées au covid-19 (reliquats), etc.

En volume, ce taux, déjà jugé « spectaculaire » par le rapporteur général pour l’exercice précédent (14 645,7 %), tient à ce que la dotation de départ de l’action 22 n’était que de 8,8 millions d’euros, à peine au-dessus des 5 millions d’euros alloués entre 2016 et 2021. En valeur, la surexécution se répartit entre :

 928,8 millions d’euros de dépenses de titre 6 (intervention), attribués pour 97,8 % au fonds d’allègement des charges (FAC) à raison de la grippe aviaire et des aides pour la résilience de l’économie, et au surplus au fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA) pour le gel (cf. infra) ;

 250 millions d’euros de dépenses de titre 7 (opérations financières) pour abonder le FNGRA en fin d’exercice.

Aides de crise (hors covid-19) assumÉes par le PROGRAMME 149 EN 2021 et 2022

(en CP ; en millions d’euros)

 

2021

2022

Imputation en 2022

Influenza aviaire hautement pathogène

52,1

378,0

Cf. infra

Épisode de fin 2020 et début 2021

52,1

67,0

378 sur le FAC

Épisode de fin 2021 et début 2022

0,0

311,0

Gel tardif et grêle

69,0

184,1

Cf. infra

Épisode d’avril 2021

69,0

143,1

112,7 via la MSA

20 sur le FNGRA
10,4 sur le FAC

Épisode d’avril 2022

s. o.

41

36 sur la PPA
5 via la MSA

Plan de résilience

541,5

Cf. infra

Guerre en Ukraine
(hausse du coût des intrants, etc.)

532,5

382,5 sur le FAC

150 via la MSA

Autre mesures économiques et sociales

9,0

 

Crise de la filière porcine

0,0

215,3

138 sur le FAC
59,4 sur la PPA
17,9 via la MSA

Arrêts d’activité liés au Brexit

0,0

28,5

28,5 via FranceAgriMer

Total

121,1

1 347,5

 

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022 ; note d’analyse de l’exécution budgétaire de la Cour des comptes pour 2022 ; rapport du contrôleur budgétaire et comptable (CBCM) pour 2022.

Le rapporteur spécial note que les actions 5 Transition agricole et 6 Mer du programme 362 Écologie de la mission Plan de relance ont respectivement consommé 468,2 millions d’euros (64,1 %) et 85,6 millions d’euros (90 %) en CP des moyens prévus par la LFI pour 2022. Leurs axes ont été un plan de communication (2,4 millions d’euros), des appels à projets (33,9 millions d’euros), le fonds « avenir bio » (1,5 million d’euros), la plantation de haies (7 millions d’euros), le soutien aux protéines végétales (55,7 millions d’euros), les démarches pour le bien-être animal (54,9 millions d’euros), le renouvellement des équipements de protection (224 millions d’euros), les investissements forestiers (50,5 millions d’euros), les mesures pour une alimentation locale (51,4 millions d’euros) et la modernisation des navires de pêche (19,1 millions d’euros).

2.   Des moyens des opérateurs supérieurs de 67,9 % à la programmation

Le programme 149 comprend huit des dix opérateurs de la mission.

Avec 2,24 milliards d’euros en CP, le total des subventions pour charges de service public (448,1 millions d’euros), dotations en fonds propres (41,6 millions d’euros) et transferts (1,75 milliard d’euros) attribués à ses établissements mobilise 68,3 % des moyens du programme. Ce niveau dépasse l’exécution de 2021 de 44,5 % et la prévision pour 2022 de 67,9 % : la différence s’explique essentiellement par l’attribution à l’Établissement national pour les produits de l’agriculture et de la mer (FranceAgriMer) des 932,8 millions d’euros nécessaires au décaissement des aides de crise dont la gestion lui a été confiée. Il faut ajouter à ce montant 48,4 millions d’euros de taxes affectées – dont près des deux tiers pour l’Office national des forêts (ONF) –, ce qui correspond à un montant supérieur de 12,6 % à la prévision et de 17,9 % à celui de 2021.

Les opérateurs ont respecté le plafond d’emplois, avec 11 589 ETPT pour une autorisation de 12 157 ETPT, mais ont réalisé un schéma de – 44 ETP au lieu de  135 ETP, compte tenu de la forte activité de FranceAgriMer et de l’ONF.

CrÉdits allouÉs aux opÉrateurs du PROG. 149 en 2022 par rapport À la LFI

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Opérateurs

LFI

PLR

Exécution

LFI

PLR

Exécution

Agence de services
et de paiement

836,28

765,51

91,5 %

824,77

791,06

95,9 %

Centre national
de la propriété forestière

14,97

15,06

100,6 %

14,97

15,00

100,2 %

FranceAgriMer

131,19

1 075,66

819,9 %

131,19

1 060,66

808,5 %

Agence pour le développement et de l’agriculture biologique

10,88

11,39

104,7 %

10,88

13,89

127,7 %

Institut français du cheval
et de l’équitation

40,07

39,19

97,8 %

40,07

39,19

97,8 %

Institut national de l’origine
et de la qualité

17,70

17,32

97,9 %

17,70

17,32

97,9 %

Office de développement de l’économie agricole d’outre-mer

91,59

96,90

105,8 %

91,59

96,83

105,7 %

Office national des forêts

203,75

205,96

101,1 %

203,49

207,10

101,8 %

Total

1 346,43

2 226,99

165,4 %

1 334,66

2 241,05

167,9 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

En outre, plusieurs établissements rattachés à d’autres ministères ont bénéficié d’un soutien à partir du programme 149, pour un montant total de 44,1 millions d’euros en CP ([16]).

3.   Des dépenses fiscales équivalentes à 48,7 % des crédits de la mission

Toutes les dépenses fiscales de la mission AAFAR relèvent du programme 149. Elles représentent un effort de 2,27 milliards d’euros en 2022.

 Vingt-six « niches » portent sur des impôts d’État, pour un montant estimé à 2,16 milliards d’euros (soit 0,6 % de moins qu’estimé).

Ce total doit être mis en perspective avec celui des crédits consommés de la mission (4,67 milliards d’euros) et fait apparaître une grande hétérogénéité :

 59,5 % de l’ensemble, soit 1,4 milliard d’euros, correspondent aux taux réduits de la fraction de l’accise perçue en métropole sur les produits énergétiques autres que les gaz naturels et les charbons (ex-TICPE) et à l’avantage sur le gaz naturel et le méthane utilisés pour les travaux agricoles et forestiers ;

 parmi les suivantes, l’ordre de grandeur est de 485 millions d’euros pour les dix allègements concernant les bénéfices, qu’ils soient traités à l’impôt sur les sociétés (IS) ou à celui sur les revenus (IR), et de 215 millions d’euros pour les trois taux réduits de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ;

 trois demeurent affichées comme « non-chiffrables » et deux comme d’un coût « epsilonesque », c’est-à-dire inférieur à 500 000 euros.

L’exercice 2022 est le premier au cours duquel les crédits d’impôt en faveur de la substitution au glyphosate et de l’engagement dans une certification de haute valeur environnementale (HVE) ont une incidence, respectivement de 45 millions d’euros et 30 millions d’euros.

 Six dépenses fiscales diminuent le rendement de la taxe foncière sur les propriétés non-bâties (TFPNB), impôt local, pour 115 millions d’euros (soit un niveau inférieur de 3,4 % à la prévision).

Elles sont assumées par l’État.

4.   Une maquette de performance satisfaisante

Concernant les quatre objectifs associés au programme et leurs treize indicateurs de performance, si la part de la surface agricole consacrée en 2022 à la production biologique n’a pas encore été publiée par l’agence compétente – la cible est de 12 % –, la plupart des autres items ont des résultats positifs. Il en va ainsi, par exemple, du ratio entre les aides publiques et l’excédent brut d’exploitation (EBE), avec un taux de 19,6 % (contre encore 25,5 % en 2021), qui manifeste la hausse de la production de 17,4 % en valeur et de 8 % en volume, ainsi que celle de 14,2 % de la rentabilité des entreprises agricoles.

C.   Programme 206 SÉcuritÉ et qualitÉ sanitaires de l’alimentation

Le programme 206 est placé sous la responsabilité de la direction générale de l’alimentation (DGAL). Avec 797,5 millions d’euros en AE et 791,7 millions d’euros en CP, sa consommation dépasse de près de 30 % la prévision et marque une hausse de 30 % également par rapport à l’exécution en 2021.

ExÉcution DES CRÉDITS DU PROGRAMME 206 EN 2022
par rapport À la loi de finances initiale

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Actions

LFI

PLR

Exécution

LFI

PLR

Exécution

1 Santé et protection des végétaux

36,97

29,46

79,7 %

36,74

29,51

80,3 %

2 Santé et protection des animaux

114,38

333,80

291,8 %

112,23

325,89

290,4 %

3 Sécurité de l’alimentation

23,22

24,90

107,2 %

22,67

25,85

114,0 %

4 Actions transversales

85,65

76,10

88,8 %

86,70

76,86

88,7 %

5 Élimination des cadavres
et des sous-produits animaux

4,00

3,84

96,0 %

4,00

3,84

96,0 %

6 Mise en œuvre de la politique
de sécurité sanitaire

344,04

324,71

94,4 %

344,04

324,90

94,4 %

8 Qualité de l’alimentation

4,91

4,64

94,5 %

4,91

4,84

98,6 %

Total

614,17

797,46

129,8 %

611,30

791,68

129,5 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

Une fois prises en compte les ouvertures en gestion – 5,7 millions d’euros de fonds de concours (majoritairement européens) et attributions de produits, 18,6 millions d’euros de reports et 210,2 millions d’euros avec les deux LFR ([17]) –, le taux de consommation s’établit à 92,1 % en AE et 93,6 % en CP. Sa réserve de précaution, soit 11 millions d’euros, a été totalement dégelée.

La sous-exécution de 7,2 millions d’euros sur l’action 1, de 9,8 millions d’euros sur l’action 4 et de 19,1 millions d’euros sur l’action 6 s’explique par l’annulation ou la réalisation partielles d’interventions à raison du décalage de la mise en œuvre du règlement (UE) n° 2016/2031 relatif aux organismes nuisibles aux végétaux et de moindres besoins dans les contrôles aux frontières.

Les actions 2 et 3 ont été fortement sollicitées par le double épisode d’influenza aviaire : 222,5 millions d’euros en AE et 216 millions d’euros en CP au titre de celui de 2021-2022 (45 millions d’euros pour les abattages de volailles, 22,6 millions d’euros pour la désinfection des foyers et 148,4 millions d’euros pour l’indemnisation des propriétaires) et 11,5 millions d’euros en AE et en CP à celui de 2022-2023. En revanche, la situation est stabilisée sur le front de la tuberculose ovine et de la peste porcine africaine.

La rémunération des 4 860 ETPT du programme 206 et les contributions ou cotisations y afférentes (titre 2) comptent pour 40,9 % de ses crédits.

Aucune dépense fiscale n’est rattachée à ce programme.

Son unique opérateur, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), est placé sous la responsabilité de six directions d’administration centrale ([18]). Sur les 113 millions d’euros en CP que lui a attribués l’État en 2022, la contribution du MASA est de 65,7 millions d’euros (+ 3,5 % par rapport à 2021), ce à quoi s’ajoutent 22,4 millions d’euros de taxes affectées (– 5,5 %). Le programme 206 a aussi financé cinq opérateurs relevant des deux autres unités de la mission AAFAR ([19]) et quinze extérieurs à elle ([20]), pour 17,2 millions d’euros en CP.

Les objectifs et indicateurs de performance enregistrent des résultats positifs, avec une couverture de désormais 100 % des départements par les projets alimentaires territoriaux (PAT) et un dépassement de la cible s’agissant des traitements d’animaux à la colistine : la Cour des comptes relève que cela « confirme l’efficacité du plan Ecoantibio », lequel sera remanié en 2023.

D.   Programme 215 Conduite et pilotage des politiques de l’agriculture

Le programme 215, géré par le secrétariat général du MASA, retrace les crédits mobilisés en faveur des programmes informatiques et immobiliers, d’une simplification des démarches des usagers, de la formation continue, de l’action sanitaire et sociale, de la communication, etc.

ExÉcution DES CRÉDITS DU PROGRAMME 215 EN 2022
par rapport À la Loi de finances initiale

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Actions

LFI

PLR

Exécution

LFI

PLR

Exécution

1 Moyens de l’administration centrale

222,41

209,86

94,4 %

217,91

206,46

94,7 %

2 Évaluation de l’impact

des politiques publiques

15,81

18,41

116,4 %

15,91

18,34

115,3 %

3 Moyens des directions régionales et départementales

321,33

302,65

94,2 %

321,54

304,14

94,6 %

4 Moyens communs

81,55

71,62

87,8 %

75,05

67,22

89,6 %

Total

641,11

602,54

94,0 %

630,40

596,16

94,6 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

 

Son exécution de 94 % en AE et 94,6 % en CP en prenant pour base la LFI peut être ramenée à un taux de 91,5 % en AE et 93,3 % en CP après prise en compte des mouvements en gestion (fonds de concours et attributions de produits pour 7,1 millions d’euros en AE et en CP ; reports de 15,6 millions d’euros en AE et 7 millions d’euros en CP ; virements et transferts négatifs pour 1,6 million d’euros en AE et en CP ; annulations à hauteur de 5 millions d’euros en AE et 5,1 millions d’euros en CP via la seconde LFR, soit 1 million d’euros de plus que la réserve de précaution). Cela correspond à un recul de 0,4 % en AE et 2,1 % en CP en comparaison avec 2021. Le rapporteur spécial rejoint la Cour des comptes pour saluer la « maîtrise des fonctions support malgré l’inflation ».

L’exécution de l’action 2 excède la LFI, le dépassement de 2,4 millions d’euros sur les travaux statistiques et le titre 2 étant compensé par de moindres dépenses résiduelles pour le recensement décennal et le report d’études. La sous-exécution de celles finançant les services centraux et déconcentrés tient surtout à une économie de 36,2 millions d’euros sur le titre 2. Pour la dernière, les décaissements inférieurs de 7,8 millions d’euros à la prévision, malgré le dépassement sur certains postes comme la communication qui explique le solde, ont pour principaux motifs les charges immobilières (– 1,6 million d’euros) avec les retards dans le regroupement de plusieurs opérateurs à Maisons-Alfort, informatiques (– 6,6 millions d’euros) avec le report de la numérisation des dossiers de ressources humaines, et contentieuses (– 0,9 million d’euros). 

Les crédits de titre 2 représentent 87,4 % de l’enveloppe. Le plafond d’emplois, prévu à 6 805 ETPT, est exécuté à hauteur de 6 725 ETPT.

Aucune dépense fiscale n’est rattachée au programme 215.

L’Institut national de formation des personnels du ministère de l’agriculture (INFOMA), son seul opérateur, a bénéficié d’une subvention pour charges de service public à hauteur de 1,5 million d’euros en 2022. La hausse de 15,4 % par rapport à 2021 se justifie par un versement de 0,2 million d’euros destiné à financer une formation dans le cadre de la future police unifiée pour la sécurité sanitaire des aliments. Aucun schéma d’emplois ne lui a été appliqué : les ETPT pris en charge par le programme 215 et ceux sous plafond s’élèvent respectivement à 44 et 5. Ont aussi, malgré leur rattachement à d’autres programmes, été soutenus FranceAgriMer et plusieurs établissements d’enseignement supérieur à hauteur de 0,9 million d’euros.

Sur les sept indicateurs de performance, trois affichent des résultats inférieurs aux cibles. Par exemple, le taux de dématérialisation des enquêtes statistiques régulières affiche un recul de 5,5 points par rapport à 2021 et de 8,5 points par rapport à l’objectif pour 2022, ce que le RAP justifie par le fait que l’expérimentation d’un recueil par internet des données sur les cheptels à la fin de l’année 2021 a montré que « le ministère ne dispose ni de l’outillage ni des moyens nécessaires à une collecte multi-mode ». Des réflexions sont en cours avec l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

II.   Compte d’affectation spÉciale DÉveloppement agricole et rural

Le compte d’affectation spéciale ([21]) Développement agricole et rural (CASDAR) est composé des programmes 775 Développement et transfert en agriculture et 776 Recherche appliquée et innovation en agriculture. Institué par l’article 52 de la loi de finances pour 2006, il est alimenté par une fraction, portée à 100 % en 2015, du produit de la taxe sur le chiffre d’affaires des exploitants agricoles, prévue à l’article 302 bis MB du code général des impôts. Son objet est de permettre le déploiement du programme national de développement agricole et rural (PNDAR pour les années 2022 à 2027), lequel vise à rendre l’agriculture moins dépendante aux intrants énergétiques ou chimiques et donc plus résiliente, durable et compétitive.

A.   Un neuviÈme exercice consÉcutif excÉdentaire

En 2022, le CAS enregistre 144,7 millions d’euros de recettes, soit 14,8 % de plus que les 126 millions prévus par la LFI (+ 4,6 % par rapport à 2021). Ses 141,5 millions d’euros de dépenses en CP sont supérieurs de 12,3 % à leur plafond prévisionnel (+ 24,5 %). Il en résulte un excédent de 3,2 millions d’euros en CP en 2022. Sont annulés 2,7 millions d’euros d’AE et 1 euro de CP non reportés.

ExÉcution DES CRÉDITS Du CAS-DAR EN 2022
par rapport À la LFI (haut) et aux ouvertures en gestion (bas)

(en millions d’euros ; en pourcentage)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Programmes / actions

LFI

PLR

Exécution

LFI

PLR

Exécution

P. 775 Développement
et transfert en agriculture

60,48

61,86

102,3 %

60,48

62,54

103,4 %

Développement et transfert

60,40

61,67

102,1 %

60,40

62,45

103,4 %

Fonction support

0,08

0,19

237,5 %

0,08

0,09

112,5 %

P. 776 Recherche appliquée
et innovation en agriculture

65,52

70,88

108,2 %

65,52

78,96

120,5 %

Recherche appliquée

65,02

70,79

108,8 %

65,02

78,75

121,1 %

Fonction support

0,50

0,09

18,0 %

0,50

0,21

42,0 %

Total

126,00

132,73

105,3 %

126,00

141,50

112,3 %

 

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Programmes

Ouvertures

PLR

Exécution

Ouvertures

PLR

Exécution

P. 775 Développement
et transfert en agriculture

67,48

61,86

91,7 %

89,82

62,54

69,6 %

P. 776 Recherche appliquée
et innovation en agriculture

87,49

70,88

81,0 %

152,91

78,96

51,6 %

Total après prise en compte
des mouvements en gestion

154,97

132,73

85,6 %

242,72

141,50

58,3 %

Source : rapport annuel de performances annexé au projet de loi de règlement pour 2022.

S’agissant des seuls CP, ont été reportés 98,4 millions d’euros depuis l’exercice 2021, puis un arrêté pris le 26 décembre 2022 a ouvert 18,3 millions d’euros – les deuxième et troisième alinéas du II de l’article 21 de la LOLF disposent que « le total des dépenses engagées ou ordonnancées au titre d’un compte d’affectation spéciale ne peut excéder le total des recettes […] » et que « si, en cours d’année, les recettes effectives sont supérieures aux évaluations […], des crédits supplémentaires peuvent être ouverts, par arrêté » –, lesquels ont nécessairement été reportés sur l’exercice 2023.

Puisque les excédents interviennent exercice après exercice et que le dernier alinéa du II de l’article 21 de la LOLF prévoit que « les AE et les CP disponibles en fin d’année [sur un CAS] sont reportés sur l’année suivante », le solde cumulé du compte atteint 121,1 millions d’euros.

Après une hausse de 24,6 millions d’euros en 2021, celle de 2022 apparaît modérée : pour la première fois depuis 2014, les dépenses n’ont pas été sous-exécutées par rapport à la LFI, grâce à un rattrapage des avenants qui avaient été signés au début de la crise du covid-19, même si le début de la mise en place du nouveau PNDAR ([22]) n’a pas permis de consommer toutes les sommes ouvertes.

Évolution du solde du CAS-DAR depuis 2006

(en CP ; en millions d’euros)

Source : commission des finances d’après les lois de règlement pour les exercices 2006 à 2020 et le rapport annuel de performances annexé aux projets de loi de règlement pour 2021 et 2022.

Dans sa note d’analyse, la Cour des comptes réitère son opinion suivant laquelle le CAS-DAR devrait être réintégré au budget général et ses recommandations tenant d’une part à ce que soit identifiée l’origine de la différence persistante entre le solde comptable et les crédits reportés d’un exercice à l’autre, soit 7,1 à 19,9 millions d’euros selon les années, et d’autre part à ce que les jurys soient plus sélectifs quant aux bénéficiaires, pour éviter toute « rente ».

Sur ces trois points, le rapporteur spécial rappelle d’abord l’attachement des agriculteurs à cet instrument qu’ils financent directement, relève ensuite avec satisfaction que les diligences du ministère ont permis de clarifier la source d’une partie de l’écart comptable, lié à des indus au titre d’anciennes conventions avec l’Agence de services et de paiement (ASP) – trois enveloppes pour 14,2 millions d’euros – et souligne enfin que les modalités d’évaluation des programmes ont été révisées, avec un assouplissement a priori et un renforcement a posteriori, grâce notamment à un partenariat méthodologique avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).

B.   Programme 775 DÉveloppement et transfert

Porté par la DGPE, le programme 775 vise à diffuser, auprès des agriculteurs, les progrès et les innovations scientifiques, techniques ou culturales. 

Le RAP détaille ainsi sa consommation en 2022 :

 39,4 millions d’euros d’aides aux chambres d’agriculture (– 2,5 %), le jury constitué pour l’appel à projets REFLEX ayant déclaré moins de lauréats qu’envisagé et la tête de réseau n’ayant pas déposé de candidature ;

 9,3 millions d’euros attribués aux organismes nationaux à vocation agricole et rurale (ONVAR) ou aux coopératives et à leur tête de réseau ;

 8,3 millions d’euros fléchés vers un programme de génétique animale ;

 5,5 millions d’euros pour financer diverses actions régionales, dont la labellisation des groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE).

Plus de 80 % des sommes ont été versées par l’ASP et FranceAgriMer.

C.   Programme 776 Recherche appliquÉe et innovation

Sous la responsabilité de la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), le programme 776 tend à mener des expérimentations pour in fine renouveler les formes d’exercice de l’activité agricole.

Les principales dépenses se répartissent en trois grandes catégories :

 37,3 millions d’euros pour les cinq études des instituts techniques agricoles (ITA) et de l’Association de coordination technique agricole (ACTA), concernant par exemple l’élevage, la numérisation et le changement climatique ;

 16,2 millions d’euros pour trois appels à projets nationaux, notamment relatifs à la lutte contre le dépérissement du vignoble, à la gestion efficiente de l’eau ou à la protection phytosanitaire du colza et des arbres fruitiers dans le contexte du retrait de plusieurs substances phosphorées comme le phosmet ;

 22,5 millions d’euros au titre de dispositifs engagés jusqu’en 2021.

La part des décaissements effectuée par FranceAgriMer est de 25 %.


   liste des personnes auditionnées

Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

 Direction générale de l’alimentation : Mme Emmanuelle Soubeyran, inspectrice générale de santé publique vétérinaire, directrice générale adjointe, M. Loïc Agnès, inspecteur en chef de la santé publique vétérinaire, chef du service du pilotage de la performance sanitaire et des affaires internationales, Mmes Marie-Odile Luccioni, inspectrice de santé publique vétérinaire, adjointe au sous-directeur des ressources et des services, Clémence Bourely, inspectrice en chef de santé publique vétérinaire, cheffe du bureau du pilotage du programme

 Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises : Mmes Marie-Agnès Vibert, ingénieure générale des ponts, des eaux et des forêts, cheffe du service de la gouvernance et de la gestion de la politique agricole commune, Édith Mérillon, ingénieure générale des ponts, des eaux et des forêts, sous-directrice, et Jeanne Lanquetot-Moreno, cheffe du bureau du budget et des établissements publics

Cour des comptes

MM. Hervé Boullanger, conseiller maître à la deuxième chambre, Bruno Berthet, Guillaume Brulé, conseillers référendaires en service extraordinaire, et Guillaume Bruneteau, rapporteur extérieur

 


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  Aide publique au dÉveloppement ;
PrÊts à des États Étrangers

M. Marc Le Fur, rapporteur spécial

SOMMAIRE

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Pages

I. La Mission budgÉtaire Aide publique au dÉveloppemEnt...............

A. Une croissance des crÉdits de la mission portÉe en 2022 par un contexte international instable             

B. Le programme 110 Aide Économique et financiÈre au dÉveloppement....

C. Le programme 365 Renforcement des fonds propres de l’Agence française de dÉveloppement             

D. Le programme 209 SolidaritÉ à l’Égard des pays en dÉveloppement......

E. Le programme 370 Restitution des « biens mal acquis »................

II. le Compte de concours financiers PrÊts à des États Étrangers..........

 


I.   La Mission budgÉtaire Aide publique au dÉveloppemEnt

La mission Aide publique au développement concourt au financement de l’aide publique au développement (APD) française et comprend quatre programmes, relevant de deux ministères. Les deux programmes « historiques » sont les programmes 110 Aide économique et financière au développement, géré par la direction générale du Trésor du ministère chargé de l’économie et des finances et 209 Solidarité à l’égard des pays en développement, géré par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) ([23]). Deux programmes ont récemment été ajoutés à la mission. Le programme 365 Renforcement des fonds propres de l’AFD a été créé par la loi n° 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances initiale pour 2021 et a été confié à la direction générale du Trésor. Le programme 370 Restitution des « biens mal acquis », géré par le MEAE, a été créé en 2022 en application de la loi n° 2021-1031 du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales.

La mission budgétaire ne représente que 58 % de l’effort national en faveur de l’aide au développement. De nombreux autres acteurs, dont les collectivités territoriales et les agences de l’eau, participent également à l’effort en faveur du développement ([24]). Enfin, deux ressources extrabudgétaires participent au financement de l’aide publique au développement via le Fonds de solidarité pour le développement (FSD) : une partie des recettes de la taxe sur les billets d’avion (TSBA) dans la limite de 210 millions d’euros, et une partie de la taxe sur les transactions financières (TTF), dans la limite d’un plafond fixé à 528 millions d’euros.

A.   Une croissance des crÉdits de la mission portÉe en 2022 par un contexte international instable

Les moyens de la mission Aide publique au développement se caractérisent par une croissance marquée et continue : entre 2017 et 2022, les crédits de paiement de la mission ont crû de 96 % à périmètre constant.

Cette croissance pluriannuelle significative s’explique par deux éléments. Si elle traduit la volonté du Président de la République de porter l’APD française à 0,55 % du RNB en 2022 (elle atteint cette même année 0,56 % du RNB), le rapporteur spécial souligne que la hausse des moyens consacrés à l’aide publique au développement s’explique également par la multiplication des crises et des besoins des pays bénéficiaires.

Évolution des crÉdits de paiement
des programmes 110 et 209 de la mission Aide publique au dÉveloppement

(en millions d’euros)

Source : commission des finances à partir des rapports annuels de performances des années 2017 à 2022.

L’incidence du contexte international et géopolitique se traduit dans les résultats de l’aide publique au développement à l’échelle de l’OCDE. 2022 constitue à cet égard une année record : d’après les données préliminaires de l’OCDE, l’aide au développement des donneurs publics a atteint le niveau inédit de 204 milliards de dollars, après 186 milliards enregistrés en 2021. Deux facteurs expliquent ce niveau exceptionnellement élevé de l’aide publique au développement mondiale :

 les dépenses consacrées à l’accueil des réfugiés représentent 29,3 milliards de dollars, soit 14,4 % de l’APD totale, après 12,8 milliards en 2021 ;

 l’aide mondiale fournie à l’Ukraine atteint 16,1 milliards de dollars en 2022.

À l’instar des autres pays donateurs, l’aide française est portée, en 2022, par un contexte international instable et caractérisé par des crises nombreuses et multifactorielles. Les dépenses de la mission ont atteint 6,07 milliards d’euros en autorisations d’engagement (AE) et 5,08 milliards d’euros en crédits de paiement (CP), respectivement en hausse de 8,03 % et en baisse de 8,76 % par rapport à 2021. La diminution des CP s’explique toutefois intégralement par la baisse des crédits alloués au renforcement des fonds propres de l’AFD, opération comptable entre l’État et l’Agence sans incidence sur le niveau d’APD effectivement accordée. Sur le périmètre des programmes 110 et 209, les crédits engagés ont crû de 40 % et les crédits décaissés ont augmenté de 17,9 %.

À l’échelle du programme, l’exécution des CP pour 2022 s’est révélée proche de la prévision en LFI (99,5 %). Le projet de loi de règlement prévoit donc une annulation de 24,04 millions d’euros de CP tandis qu’un montant limité de crédits (39,25 millions d’euros, légèrement plus important qu’en 2021) est reporté.

EXÉCUTION DE LA MISSION AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT
EN CRÉDITS DE PAIEMENT

(en millions d’euros)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : commission des finances à partir du rapport annuel de performances pour l’année 2022.

Un écart plus important entre la prévision et la réalisation est observé pour ce qui est des AE, dont la sous-consommation atteint 8,3 %. Cette sous-exécution s’explique par des aléas survenus en cours d’année (cf. infra I.B). Un montant d’AE important est donc annulé par le présent projet de loi de règlement (556,95 millions d’euros, soit 8,4 % de la programmation initiale), n’empêchant pas le report de 18 millions d’euros sur 2023, un niveau moins important toutefois que celui de 2021 sur 2022.

exÉcution de la mission
Aide publique au dÉveloppement en AUTORISATIONS D’engagement

(en millions d’euros)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : commission des finances à partir du rapport annuel de performances pour l’année 2022.

Ces résultats masquent cependant des disparités entre les programmes. Le programme 110 explique la majeure partie de la sous-consommation d’AE en raison de moindres dépenses de coopération technique et d’ingénierie et d’engagements moins élevés qu’anticipé pour la reconstitution de certains fonds multilatéraux. Le programme 209 a quant à lui porté plusieurs mesures d’urgence liées à la guerre en Ukraine. Si des mouvements en gestion et le dégel de la réserve de précaution ont permis de financer ces dépenses, une sur-consommation de CP (101,2 %), permise par l’ouverture de crédits en loi n° 2022-1499 du 1er décembre 2022 de finances rectificative (LFR) pour 2022, est néanmoins constatée sur ce programme.

B.   Le programme 110 Aide Économique et financiÈre au dÉveloppement

Le programme 110 Aide économique et financière au développement est mis en œuvre par la direction générale du Trésor. Ce programme porte les contributions aux institutions multilatérales de développement, des crédits d’aide bilatérale (principalement des crédits de bonification visant à abaisser le coût des prêts réalisés par l’AFD) et la compensation d’annulations de dette à des organismes multilatéraux. Les dépenses du programme 110 atteignent 2,81 milliards d’euros en AE et 1,80 milliard d’euros en CP, soit respectivement 87,5 % et 96,8 % de la prévision.

PrÉvision et exÉcution du programme 110
Aide Économique et financiÈre au dÉveloppement

(en millions d’euros)

 

Crédits ouverts en LFI

Crédits exécutés

Écarts

 

AE

CP

AE

CP

AE

CP

01 Aide économique et financière multilatérale

1 866,19

1 260,13

1 753,38

1 244,00

94,0 %

98,7 %

02 Aide économique et financière bilatérale

1 177,52

492,55

977,46

448,37

83,0 %

91,0 %

03 Traitement de la dette des pays pauvres

170

109,35

80,78

109,35

47,5 %

100,0 %

TOTAL

3 213,71

1 862,03

2 811,62

1 801,72

87,5 %

96,8 %

Source : commission des finances à partir du rapport annuel de performances pour l’année 2022.

Si l’exécution s’avère légèrement inférieure à la prévision, elle excède de 130,9 % en AE et de 24 % en CP les dépenses de l’année 2021. La hausse significative des AE du programme s’explique par sa nature cyclique : il porte en effet les AE liées aux reconstitutions, en général trisannuelles, des fonds multilatéraux de développement. L’année 2022 n’échappe pas à cette règle, et l’augmentation des AE du programme s’explique majoritairement par la contribution à l’Association internationale de développement (AID). Les crédits engagés pour la vingtième reconstitution de l’AID, anticipée d’une année afin de permettre à ce guichet concessionnel de faire face aux surcoûts engendrés par la crise sanitaire, atteignent 1,45 milliard d’euros. Cet engagement massif fera l’objet de décaissements entre 2023 à 2025 et permet à la France de conserver son rang de cinquième contributeur.

Les dépenses liées aux fonds multilatéraux œuvrant pour la protection de l’environnement enregistrent également une hausse substantielle en 2022, en cohérence avec les orientations définies par la loi de programmation du 4 août 2021 : les engagements accordés au Fonds pour l’environnement mondial (FEM) dans le cadre de sa huitième reconstitution atteignent 342,5 millions d’euros et sont tirés à la hausse par un effet de change défavorable. En outre, la contribution du programme au Fonds vert pour le climat (également financé par le FSD) atteint 419,7 millions d’euros en CP. Au total, les dépenses du programme 110 favorables à l’environnement ont progressé de 39 % par rapport à 2021 ([25]).

Au-delà de ces dépenses prévues par la loi de finances initiale, l’exécution du programme 110 a été marquée par plusieurs dépenses imprévisibles financées au titre de l’aide économique et financière bilatérale (action 2).

Tout d’abord, un abondement exceptionnel du compte de réserve de l’AFD a été réalisé à hauteur de 50 millions d’euros (issus du dégel de la réserve de précaution). Ce compte est un mécanisme d’indemnisation de l’AFD par l’État des pertes liées aux prêts souverains. Il permet d’alimenter les provisions constituées par l’Agence pour faire face à la défaillance d’un État emprunteur, servir les intérêts impayés et contribuer à indemniser l’Agence en cas d’annulation par l’État français de créances détenues sur un État étranger. Ce compte est en temps normal alimenté par des crédits de bonification du programme 110, à hauteur d’une prime de risque calculée pour chaque prêt, par la rémunération des fonds qui y sont placés et par une marge de risque pour les prêts souverains accordés aux très grands émergents. Pour la première fois, ces trois canaux traditionnels de financement se sont révélés insuffisants en 2022, en raison de la détérioration du risque souverain moyen, de l’expansion de l’activité de prêts de l’AFD (+ 4 milliards d’euros entre 2015 et 2020) et de l’octroi de prêts à des pays théoriquement fermés aux prêts souverains en application la « doctrine Lagarde » ([26]), mais pour lesquels les possibilités de dérogation ont été mobilisées. Le Kenya et le Rwanda ont par exemple bénéficié d’un prêt à ce titre. Ainsi, alors que le compte de réserve était doté de 547 millions d’euros lors de sa création en 2015, il représente désormais 1,1 milliard d’euros, reflétant les risques accrus que court l’AFD dans le contexte d’une augmentation sensible du risque de surendettement des pays en développement. Le rapporteur spécial alerte sur l’importance qu’est amené à prendre ce compte de réserve au cours des années à venir et sur la nécessité de diversifier ses modalités de financement à mesure que les vulnérabilités liées à la dette des pays en développement s’accroissent.

Ensuite, le coût de la bonification des prêts de l’AFD aux États étrangers a dépassé la prévision de 50 millions d’euros en AE et de 5,95 millions d’euros en CP, pour atteindre 1,05 milliard d’euros d’AE et 265,95 millions d’euros de CP. Ces dépenses correspondent à des bonifications de taux d’intérêt versées par l’État à l’AFD afin de lui permettre d’abaisser les taux proposés aux pays bénéficiaires de ses prêts. La hausse récente des taux d’intérêt explique la croissance de ces dépenses par rapport à 2021 ainsi que le surcoût par rapport à la prévision. En effet, en raison de la hausse des taux d’intérêt sur les marchés, l’effet de levier des prêts, c’est-à-dire le rapport entre un euro de bonification sur un prêt et le montant d’APD généré, s’est fortement dégradé. D’après les éléments communiqués par l’AFD, il était de 5 euros en 2020, et n’est plus que de 2,40 euros en 2022.

Ces dépenses supplémentaires ont pu être assurées par des redéploiements de crédits, et notamment par une sous-exécution des AE liées à la compensation aux institutions multilatérales de l’annulation de la dette de pays pauvres (cf. infra II, programme 852). Ces redéploiements ont été complétés par des annulations en gestion nettes de 33,29 millions d’euros en AE et de 11,53 millions d’euros en CP. Cette annulation importante dépasse par ailleurs les reports d’AE de l’année 2022 (51,07 millions d’euros en AE sur le programme), soulignant leur caractère excessif. Un tel niveau de report ne devrait pas se reproduire en 2023.

C.   Le programme 365 Renforcement des fonds propres de l’Agence française de dÉveloppement

Le programme 365 Renforcement des fonds propres de l’Agence française de développement, créé par la loi de finances pour 2021, permet de renforcer le capital propre de l’AFD, opération rendue nécessaire par une évolution des règles prudentielles. Son exécution est très prévisible car le programme permet de consolider les fonds propres de l’AFD par un échange comptable entre l’Agence et l’État, neutre d’un point de vue budgétaire et dont le montant est décidé en début d’année.

L’exécution du programme 365 atteint 190 millions d’euros en AE et en CP en 2022, conformément à la prévision.

D.   Le programme 209 SolidaritÉ à l’Égard des pays en dÉveloppement

Le programme 209 Solidarité à l’égard des pays en développement dépend du MEAE. Il concentre les moyens d’intervention en dons (dons-projets de l’AFD, aide-projet du MEAE, crédits d’action humanitaire). Il comprend également les contributions volontaires aux institutions multilatérales ainsi que la participation française à la coopération européenne et les dépenses de personnel du programme.

Les dépenses du programme 209 atteignent 3,07 milliards d’euros en AE et 3,09 milliards d’euros en CP, en nette hausse par rapport à 2021 (+ 2,9 % en AE et + 14,6 % en CP). Cette augmentation des crédits était en grande partie prévue par la loi de finances initiale, même si, en CP, les dépenses ont légèrement excédé la prévision : les crédits ouverts ont été exécutés à hauteur de 95,4 % en AE et de 101,2 % en CP.

PrÉvision et exÉcution du programme 209
SolidaritÉ À l’Égard des pays en dÉveloppement

(en millions d’euros)

 

Crédits ouverts en LFI

Crédits exécutés

Écarts

 

 

AE

CP

AE

CP

AE

CP

02 Coopération bilatérale

1 728,27

1 557,7

1 438,05

1 478,89

83,2 %

94,9 %

05 Coopération multilatérale

844,54

850,22

993,35

971,03

117,6 %

114,2 %

07 Coopération communautaire

487,32

487,32

488,31

488,31

100,2 %

100,2 %

08 Dépenses de personnels concourant au programme

157,68

157,68

150,26

150,25

95,3 %

95,3 %

TOTAL

3 217,81

3 052,92

3 069,97

3 088,48

95,4 %

101,2 %

Source : commission des finances à partir du rapport annuel de performances pour l’année 2022.

La légère sur-exécution en CP s’explique par des dépenses non-budgétisées dues à des événements imprévisibles et ayant nécessité une réponse politique forte et immédiate. Le premier de ces événements est l’invasion russe en Ukraine, qui a entraîné une augmentation de 200 millions d’euros des dépenses humanitaires, dont la moitié a été financée par redéploiement de crédits. Ces crédits supplémentaires ont tout d’abord été portés par l’aide bilatérale via le fonds d’urgence humanitaire (FUH), dont les dépenses représentent 208,5 millions d’euros. L’Ukraine est désormais le premier pays d’intervention du centre des opérations humanitaires et de stabilisation du MEAE. L’aide alimentaire programmée atteint 140,4 millions d’euros, soit 18,7 % de plus que la prévision. Au sein de cette enveloppe, 3 millions d’euros ont bénéficié à l’Ukraine et 25 millions d’euros au programme alimentaire mondial – PAM – dans le cadre du doublement de la contribution de la France.

Évolution de l’aide humanitaire bilatÉrale du programme 209

(en millions d’euros et en pourcentages)

 

Réalisation 2021

Prévision 2022

Réalisation 2022

Écart entre la prévision et la réalisation

Écart entre 2021 et 2022

FUH

130,8

169,55

208,5

23,0 %

59,4 %

Aide alimentaire programmée

90,5

118,29

140,4

18,7 %

55,1 %

Source : commission des finances à partir du rapport annuel de performances pour l’année 2022.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, en sus de cette aide humanitaire de 200 millions d’euros, la France a apporté une aide économique et financière de 1,7 milliard d’euros, dont 1,2 milliard d’euros de garanties à l’export (non-comptabilisés au titre l’APD).

Les crédits humanitaires ouverts au bénéfice de l’Ukraine ont également permis de financer des actions multilatérales : les contributions volontaires aux Nations unies dépassent de 23,5 % les crédits ouverts, pour atteindre 435,06 millions d’euros.

Le rapporteur spécial appelle depuis plusieurs années l’attention des gouvernements sur l’importance de l’aide humanitaire et se réjouit de la dynamique positive de ces dépenses. Face à la multiplication des situations de conflits et à l’exacerbation des violences, le rapporteur spécial souligne toutefois la nécessité de mobiliser les crédits ouverts pour conforter notre soutien à des organisations internationales structurantes et en mesure de répondre aux besoins les plus vitaux des populations. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est par exemple l’une d’entre elles. Cette organisation, dont la neutralité garantit la grande efficacité et qui est bien souvent la dernière présente dans les zones de conflit les plus dures, fait face depuis l’année dernière à une crise de financement inédite et lourde de conséquences en termes d’emplois et de capacités d’action dans les zones de guerre.

Les conséquences de la guerre sur l’approvisionnement alimentaire de nombreux pays et la dégradation structurelle de la sécurité alimentaire ont par ailleurs conduit la France à doubler sa contribution au PAM (+ 75 millions d’euros), ce que salue le rapporteur spécial. Ces dépenses supplémentaires, enregistrées au titre de la coopération multilatérale à hauteur de 50 millions d’euros, ont été en partie financées par des redéploiements de crédits à hauteur de 136,5 millions d’euros : l’aide-projet de l’AFD a été moins importante qu’en prévision et l’enveloppe initialement consacrée aux experts techniques internationaux (ETI) gérés par Expertise France a été redéployée. En outre, les 22,6 millions d’euros de la provision pour crise du programme 209 ont été mobilisés : l’utilité de cette nouvelle enveloppe dotée de crédits non affectés et dédiés aux crises n’est plus à prouver. Le rapporteur spécial appelle à pérenniser ce dispositif et à en augmenter le montant pour les années à venir.

En effet, les redéploiements de crédits n’ont pas suffi à couvrir l’ensemble des dépenses supplémentaires en CP : la réserve de précaution a été intégralement dégelée et 18,8 millions d’euros ont été prélevés sur la trésorerie du FSD. En dépit de ces ajustements, 31,48 millions d’euros en AE et 22,72 millions d’euros en CP ont dû être ouverts par loi n° 2022-1499 du 1er décembre 2022 de finances rectificative pour 2022 pour faire face aux besoins.

Les dépenses relatives à la coopération communautaire ont excédé la prévision d’environ 10 millions d’euros pour atteindre 488,31 millions d’euros, en raison de reliquats moins importants que prévu sur des fonds issus des 8e et 9e FED. Cette contribution est en diminution structurelle en raison de l’intégration en 2021 du FED à l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (NDICI), financé par la contribution de la France au budget général de l’UE et non plus par la mission.

Enfin, le programme compte 150 millions d’euros de dépenses de personnel, pour la rémunération des agents du MEAE travaillant à la mise en œuvre des actions du programme. Ces crédits ont permis la rémunération de 1 486,46 ETPT, pour une dotation initiale de 1 458 ETPT. Les crédits ont cependant été sous-consommés, en raison notamment d’un arrêté portant répartition de 0,07 million d’euros de crédits de dépenses de personnel en provenance de la mission Crédits non répartis. Il convient de noter que la ventilation des ETP dans le réseau est répartie entre les programmes 185 et 209 de manière parfois artificielle. À l’échelle du ministère, le plafond d’emploi a été respecté (13 584 ETPT).

E.   Le programme 370 Restitution des « biens mal acquis »

Le programme 370 Restitution des « biens mal acquis » a été créé par la loi de finances pour 2022 dans le but de disposer d’un mécanisme permettant de restituer les avoirs issus de la corruption internationale aux populations lésées, par le versement des recettes provenant de la cession des biens concernés. Ces fonds doivent permettre la mise en œuvre d’actions de coopération et de développement, qui ne seront toutefois pas comptabilisées au titre de l’APD française. Le programme sera alimenté au fur et à mesure de l’encaissement du produit de la vente des biens mal acquis, qui sera assurée par l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC). Si cette dernière a procédé à des ventes de biens meubles en fin d’année 2022, cette opération a été trop tardive pour figurer dans l’exécution pour 2022. Le programme ne porte donc aucun crédit ni en prévision ni en exécution au titre de l’année 2022.

II.   le Compte de concours financiers PrÊts à des États Étrangers

Le compte de concours financiers Prêts à des États étrangers retrace en dépenses les versements réalisés au titre des prêts consentis à des États étrangers et à l’AFD. Les recettes du compte sont composées des remboursements en capital effectués par les débiteurs. Les quatre programmes du compte de concours financiers sont sous la responsabilité de la direction générale du Trésor et sont dotés de crédits évaluatifs, comme le prévoit l’article 24 de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances.

PrÉvision et exÉcution du compte
de concours financIers Prêts à des États Étrangers pour 2022

(en millions d’euros)

 

Prévision en LFI

Ouverture par la LFR du 16 août 2022

sur le programme 853

Ouverture par la LFR du 1er décembre 2022 sur le programme 853

Annulations par la LFR du 1er décembre 2022 (P851 et P852)

Total des crédits ouverts

Exécution

Recettes

1 117,57

 

1 718,19

AE

1 724,03

315

100

 173,92

1 965,11

1 599,8

CP

725,33

315

100

 160,44

979,89

914,92

Solde annuel (recettes-CP)

392,23

 

803,27

Solde cumulé depuis la création du compte

16 748,99

Source : commission des finances à partir du rapport annuel de performances pour l’année 2022.

L’ouverture de 415 millions d’euros en lois de finances rectificatives a permis de financer des prêts d’urgence à l’Ukraine et à la Moldavie sur le programme 853. En outre, le compte présente un solde positif bien plus important que celui prévu en LFI (803,27 millions d’euros contre 392,23 millions d’euros prévus en LFI), en raison de recettes liées au remboursement du prêt grec très supérieures à la prévision.

 Le programme 851 Prêts du Trésors a des états étrangers en vue de faciliter la vente de biens et de services concourant au développement du commerce extérieur de la France permet d’octroyer des prêts à des États pour le financement de projets de développement, tout en faisant appel pour les réaliser à des biens et services produits en France. La concrétisation des projets est souvent incertaine et dépend de facteurs exogènes, dont la concurrence internationale et la situation économique et politique des pays bénéficiaires.

Ceci explique la sous-exécution des AE du programme : alors que 1,5 milliard d’euros avaient été ouverts en LFI, seulement 1,17 milliard d’euros ont été engagés, correspondant à huit protocoles de prêts signés en 2022, dont un projet majeur portant sur le métro du Caire (777 millions d’euros).

 Le programme 852 Prêts à des États étrangers pour consolidation de dettes envers la France participe aux opérations de traitement de dette de l’initiative « Pays pauvres très endettés » (PPTE), qui vise à restaurer la solvabilité des pays bénéficiaires par des opérations d’annulation de dette extérieure.

Les AE et les CP ont fait l’objet d’une sous-exécution importante, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le refinancement de la dette du Zimbabwe, évalué à 193 millions d’euros, n’a pas eu lieu, faute de gages suffisants de la part du gouvernement zimbabwéen. En outre, les négociations avec l’Éthiopie et la Zambie ne progressent pas aussi vite que prévu, et la situation économique du Tchad s’étant amélioré, l’opération envisagée ne semble plus nécessaire. Ainsi, 10,93 millions d’euros ont été consommés pour 224,03 millions d’euros ouverts.

 Le programme 853 Prêts à l’Agence française de développement en vue de favoriser le développement économique et social dans des États étrangers contribue au financement de l’AFD. Ses dépenses permettent à l’État d’octroyer à l’AFD une ressource à condition spéciale (RCS), prenant la forme de prêts à taux très préférentiels. Cette ressource permet ensuite à l’AFD d’octroyer des prêts concessionnels à des États ou des organismes non-souverains dans des pays étrangers. Étant donné que les RCS ne sont plus valorisées comme des fonds propres et ne sont donc plus utilisées comme outil de financement de l’AFD, ce programme ne portait plus d’AE depuis 2019.

Il a toutefois été utilisé en 2022 pour l’octroi de trois prêts d’urgence à l’Ukraine (400 millions d’euros) et à la Moldavie (15 millions d’euros), expliquant sa sur-exécution : alors que la prévision ne portait aucun AE, 415 millions d’euros ont été ouverts par les deux lois de finances rectificatives de l’année 2022. Les CP initialement prévus à hauteur de 190 millions ont également été augmentés de 415 millions d’euros, atteignant donc 605 millions d’euros.

Cette opération a été conçue comme une opération pour le compte de l’État et à ses seuls risques, ce qui justifie un usage des RCS distinct de leur fonction traditionnelle de réduction du coût des prêts de l’AFD. La contrôleure budgétaire et comptable ministérielle a toutefois rappelé que cette procédure devait rester exceptionnelle ([27]).

 Le programme 854 prêts à des États membres de l’union européenne dont la monnaie est l’euro vise à financer des prêts bilatéraux consentis par la France à un autre État membre de l’Union européenne.

  Grâce à la mise en place du fonds européen de stabilité financière (FESF) puis du mécanisme européen de stabilité (MES), ce programme n’est plus sollicité. Aucun nouveau prêt n’a en effet été consenti depuis 2011, et la programmation pour 2022 ne comprenait pas de dépenses. Un mouvement en recettes de 1,14 milliard d’euros correspondant à un remboursement de capital a toutefois été enregistré.

 


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  ANCIENS COMBATTANTS, MÉmoire et liens avec la nation

M. Bryan Masson, rapporteur spécial

SOMMAIRE

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Pages

I. programme 169 : une EXÉcution conforme À la prÉvision en dÉpit de divers alÉas et de mesures nouvelles             

II. Programme 158 : une ExÉcution conforme À la prÉvision..............

 


La mission Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation a été dotée d’un budget de 2 085 millions d’euros en autorisations d’engagement (AE) et en crédits de paiements (CP) par la loi de finances pour 2022 ([28]).

Depuis le 1er janvier 2022 et la disparition du programme 167 consacré aux Liens entre la Nation et son armée, la mission contient désormais deux programmes :

 le programme 169 Reconnaissance et réparation en faveur du monde combattant, mémoire et liens avec la Nation concentre 96 % des ressources budgétaires de la mission. Il porte principalement des dépenses d’intervention correspondant à des prestations servies aux ayants droit, dites de « guichet » ;

 le programme 158 Indemnisation des victimes des persécutions antisémites et des actes de barbarie pendant la seconde guerre mondiale.

La mission se caractérise par une exécution adéquate en dépit de différents aléas, par exemple la forclusion du dispositif de soutien aux enfants d’harkis mis en place en 2019, la revalorisation du point pour les pensions militaires d’invalidité (PMI) ou encore les difficultés de recrutement pour les opérateurs rattachés à cette mission.

MONTANT DES CRÉDITS DES PROGRAMMES 158 ET 169
OUVERTS ET CONSOMMÉS EN 2022

(en millions d’euros)

 

Programme 158

Programme 169

Total

AE

CP

AE

CP

AE

CP

Loi de finances initiale (LFI)

92,76

92,76

1 992,32

1 991,96

2 085,08

2 084,72

Reports de crédits 2021

5,81

5,85

5,73

6,75

11,54

12,60

FDC & ADP (hors reports)

 

 

19,66

19,66

19,66

19,66

Décrets d'avance

 5,15

 5,15

 45,78

 45,78

 50,93

 50,93

LFR 1

5,15

5,15

45,78

45,78

50,93

50,93

Mouvements réglementaires (Décrets de virements et décrets de transferts)

 

 

 1,09

 1,09

 1,09

 1,09

LFR 2

 7,01

 7,05

 19,76

 19,76

 26,77

 26,81

Total des crédits ouverts

91,56

91,56

1 996,85

1 997,52

2 088,41

2 089,08

Exécution (crédits consommés)

84,76

84,77

1 986,95

1 986,05

2 071,71

2 070,82

Reports 2023

 2,65

 2,74

 9,25

 11,44