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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
QUINZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 29 novembre 2017
RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L’ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU CONTRÔLE BUDGÉTAIRE SUR LE PROJET DE LOI de finances rectificative pour 2017
(n° 384),
PAR M. Joël GIRAUD
Rapporteur général,
Député
——
— 1 —
SOMMAIRE
___
Pages
FICHE N° 2 : LES RECETTES DE L’ÉTAT
FICHE N° 3 : LA RÉGULATION BUDGÉTAIRE AU COURS DE L’EXERCICE 2017
FICHE N° 4 : LES DÉPENSES DE L’ÉTAT DANS LE CADRE DU PROJET DE LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE
AUDITION DE M. GÉRALD DARMANIN, MINISTRE DE L’ACTION ET DES COMPTES PUBLICS
PREMIÈRE PARTIE : CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ÉQUILIBRE FINANCIER
TITRE PREMIER DISPOSITIONS RELATIVES AUX RESSOURCES
Article 3 Ajustement des recettes du compte d’affectation spéciale Transition énergétique
TITRE II DISPOSITIONS RELATIVES À L’ÉQUILIBRE DES RESSOURCES ET DES CHARGES
Article 4 Équilibre général du budget, trésorerie et plafond d’autorisation des emplois
SECONDE PARTIE : MOYENS DES POLITIQUES PUBLIQUES ET DISPOSITIONS SPÉCIALES
TITRE PREMIER : AUTORISATIONS BUDGÉTAIRES POUR 2017. - CRÉDITS DES MISSIONS
Article 5 Budget général : ouvertures et annulations de crédits
Article 6 Budgets annexes : annulations de crédits
Article 7 Comptes spéciaux : ouvertures et annulations de crédits
TITRE II AUTORISATIONS BUDGÉTAIRES POUR 2017. – PLAFONDS DES AUTORISATIONS DES EMPLOIS
Article 8 Plafonds des autorisations d’emplois de l’État
TITRE III DISPOSITIONS PERMANENTES
I. – MESURES FISCALES NON RATTACHÉES
Article 9 Aménagement du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu
Article 10 Adaptation du droit fiscal au prêt de main-d’œuvre à but non lucratif
Article additionnel après l’article 13 Prorogation du crédit d’impôt phonographique
Article additionnel après l’article 16 Accès aux données relatives aux ventes immobilières
Article 18 Institution d’un régime fiscal applicable aux clubs de jeux
Article 21 Fiscalité relative à l’exploration des hydrocarbures
Article 22 Fiscalité relative à l’exploration des gîtes géothermiques
Article 23 Aménagement de la redevance communale et départementale des mines
Article additionnel après l’article 23 Aménagement du barème de la taxe de séjour
Article additionnel après l’article 23 Modalités de collecte de la taxe de séjour
Article 24 Réduction du taux de l’intérêt de retard et de l’intérêt moratoire
Article 27 Simplification de la fiscalité douanière
Article additionnel après l’article 27 Écotaxe sur les camping-cars en Corse
Article additionnel après l’article 28 Augmentation des quantités de rhum en exonération de droits
Article 30 Moyens de paiement, plafond de recouvrement en numéraire
Article 32 Adaptation de la redevance d’archéologie préventive en milieu maritime
Article 33 Garantie au bénéfice du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO)
Article 34 Garantie par l’État des emprunts de l’Unédic émis en 2018
— 1 —
La loi de finances initiale pour 2017 ([1]) a été adoptée sous la précédente législature et prévoyait un déficit public de 2,7 % du produit intérieur brut (PIB).
Dans son audit des finances publiques conduit à mi-année ([2]), la Cour des comptes avait mis en lumière le risque d’un dérapage budgétaire important. Elle estimait ainsi le déficit public à 3,2 % du PIB à la fin de l’année, en raison de sous-budgétisations des dépenses et d’une surestimation des recettes.
Pour faire face à cette situation, le Gouvernement et la majorité parlementaire issue des élections législatives des 11 et 18 juin 2017 ont fait le choix d’agir sur les dépenses et de ne pas augmenter les impôts.
C’est la raison pour laquelle, conformément à une promesse du Président de la République, le Gouvernement n’a pas présenté de projet de loi de finances rectificative durant la session extraordinaire de l’été.
Grâce aux mesures prises en gestion et à l’accélération de la croissance économique, la prévision de déficit public pour 2017 a pu être révisée à 2,9 % du PIB à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2018.
Puis, le 6 octobre 2017, le Conseil constitutionnel a annulé la contribution de 3 % sur les montants distribués qui avait été instituée en 2012, contraignant l’État à rembourser 10 milliards d’euros aux entreprises.
Le Gouvernement a présenté un premier projet de loi de finances rectificative qui a eu pour objet d’en tirer les conséquences et de maintenir, par la création de contributions exceptionnelles à l’impôt sur les sociétés, la prévision de déficit public sous la barre des 3 % du PIB ([3]).
Le présent projet de loi de finances rectificative, adopté en conseil des ministres le 15 novembre, est donc le second relatif à l’année 2017. Il s’agit du traditionnel collectif de fin d’année.
L’année 2017 se situe dans la moyenne depuis l’entrée en vigueur de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) ([4]) en termes de nombre de lois de finances rectificatives. À noter que les années 2010 et 2011 ont été des années record avec quatre lois de finances rectificatives.
Nombre de loiS de finances rectificativeS par année
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
1 |
1 |
2 |
3 |
4 |
4 |
3 |
1 |
2 |
1 |
1 |
2 |
Source : commission des finances.
Les collectifs de fin d’année contribuent à la sincérité du débat budgétaire en ajustant le niveau des crédits et en actualisant les prévisions de recettes et de solde. Le présent projet de loi de finances rectificative ajuste ainsi la prévision de solde budgétaire à – 74,1 milliards d’euros au lieu de – 69,3 milliards d’euros en loi de finances initiale, soit une hausse de la prévision de déficit de 4,8 milliards d’euros.
passage du solde LFI 2017 au solde plfR 2017-2
(en milliards d’euros)
|
LFI |
Variation |
PLFR 2 |
|
LFI |
Variation |
PLFR 2 |
Dépenses (budget général) (I) |
381,6 |
+ 2,5 |
384,1 |
Recettes (budget général) (II) |
306,8 |
– 2,0 |
304,8 |
Dépenses nettes (hors PSR) |
318,5 |
+ 4,8 |
323,3 |
Recettes fiscales nettes |
292,3 |
– 0,6 |
291,7 |
Prélèvement sur recettes en faveur de l’Union européenne |
18,7 |
– 2,3 |
16,4 |
Recettes non fiscales |
14,5 |
– 1,4 |
13,1 |
Prélèvement sur recettes en faveur des collectivités territoriales |
44,4 |
0 |
44,4 |
Soldes des comptes spéciaux (III) |
5,4 |
– 0,2 |
5,2 |
Déficit à financer (I − II – III) |
69,3 |
+ 4,8 |
74,1 |
LFI : loi de finances initiale.
PLFR 2 : présent projet de loi de finances rectificative pour 2017.
Source : données issues du présent projet de loi de finances rectificative.
Neuf articles procèdent aux actualisations de recettes et de leurs affectations ainsi que des dépenses et des autorisations d’emplois de l’État. L’objectif d’un déficit public à 2,9 % du PIB pour 2017 est maintenu.
Les fiches de l’exposé général et les commentaires d’article du présent rapport analysent les principales données budgétaires.
Articles sur les recettes, les dépenses et le solde
du présent projet de loi de finances rectificative
Article |
Intitulé |
Impact sur le budget de l’État |
Liminaire |
Prévision de solde structurel et de solde effectif de l’ensemble des administrations publiques pour l’année 2017 |
Aucun. Objectif de déficit public à 2,9 % du PIB. |
1 |
Compensation des transferts de compétences aux régions et aux départements par attribution d’une part du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) |
– 7,51 millions d’euros |
2 |
Ajustement des ressources du compte d’affectation spéciale « Services nationaux de transport conventionnés de voyageurs » et de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France |
– 50 millions d’euros |
3 |
Ajustement des recettes du compte d’affectation spéciale Transition énergétique |
Aucun (– 755 millions d’euros sur le compte d’affectation spéciale ; + 755 millions d’euros sur le budget général) |
4 |
Équilibre du budget, trésorerie et plafond des autorisations des emplois |
Déficit budgétaire évalué à – 74,1 milliards d’euros |
5 |
Budget général : ouvertures et annulations de crédits |
Ouvertures de 3,70 milliards d’euros d’AE et de 3,54 milliards d’euros de CP et annulations de 145 millions d’euros d’AE et de 135 millions d’euros de CP |
6 |
Budgets annexes : annulations de crédits |
Annulations de 10 millions d’euros d’AE et de CP |
7 |
Comptes spéciaux : ouvertures et annulations de crédits |
Ouvertures de 2,80 milliards d’euros d’AE et de CP et annulations de 907 millions d’euros d’AE et de CP pour les comptes d’affectation spéciale Ouvertures de 269 millions d’euros d’AE et annulations de 153 millions d’euros de CP et d’AE pour les comptes de concours financiers |
8 |
Plafonds des autorisations d’emplois de l’État |
Augmentation de 358 ETPT du plafond des autorisations d’emploi de l’État |
AE : autorisations d’engagements.
CP : crédits de paiement.
ETPT : équivalents temps plein travaillés.
Source : commission des finances, d’après le présent projet de loi de finances rectificative.
Les collectifs de fin d’année contiennent également, de façon habituelle, un certain nombre de dispositions fiscales techniques. Le présent projet de loi de finances rectificative ne déroge pas à la règle.
Il contient vingt-quatre articles fiscaux dont un aménagement du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu (article 9) et une réduction du taux de l’intérêt de retard et moratoire (article 24). La plupart de ces mesures, très techniques, n’ont pas de conséquence financière chiffrable.
Articles fiscaux du présent projet de loi de finances rectificative
(en millions d’euros)
Article |
Intitulé |
Impact sur le budget de l’État |
9 |
Aménagement du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu |
0 |
10 |
Adaptation du droit fiscal au prêt de main-d’œuvre à but non lucratif |
NC |
11 |
Interdiction de la déduction en charge des impôts prélevés conformément aux dispositions d’une convention fiscale |
NC |
12 |
Aménagement du sursis d’imposition applicable aux opérations intercalaires réalisées par les entreprises |
NC |
13 |
Création d’un dispositif d’exonération fiscale pour les entreprises qui se créent dans les bassins urbains à dynamiser |
0 en 2017 et 2018 (– 15 en 2019, – 30 en 2020) |
14 |
Suppression de la procédure d’agrément préalable pour l’application du régime spécial des fusions aux opérations de restructuration réalisées au profit d’une personne morale étrangère |
NC |
15 |
Renforcement de la clause de sauvegarde applicable hors de l’Union européenne prévue à l’article 123 bis du code général des impôts |
NC |
16 |
Prorogation du dispositif « DEFI-Forêt » d’encouragement fiscal à l’investissement forestier |
0 (– 9 en 2019 |
17 |
Codification de l’article 34 de la LFR pour 2010 et aménagement de certaines dispositions relatives à la révision des valeurs locatives des locaux professionnels |
0 |
18 |
Institution d’un régime fiscal applicable aux clubs de jeux |
NC |
19 |
Sécurisation de l’assiette de la taxe sur la diffusion en vidéo physique et en ligne de contenus audiovisuels et de la taxe sur la publicité diffusée par les chaînes de télévision |
0 (+ 13 à partir de 2018) |
20 |
Sécurisation de l’assiette de la taxe sur les services de télévision due par les éditeurs |
0 |
21 |
Fiscalité relative à l’exploration des hydrocarbures |
0 (+ 0,8 à partir de 2018) |
22 |
Fiscalité relative à l’exploration des gîtes géothermiques |
0 (+ 0,04 à partir de 2018) |
23 |
Aménagements de la redevance communale et départementale des mines |
0 (+ 5,6 à partir de 2018) |
24 |
Réduction du taux de l’intérêt de retard et de l’intérêt moratoire |
NC |
25 |
Contrôle des informations sur les comptes financiers soumises à un échange automatique entre administrations fiscales |
0 |
26 |
Consolidation du contrôle par l’administration fiscale de certaines obligations prévues au code monétaire et financier |
NC |
27 |
Simplification de la fiscalité douanière |
NC |
28 |
Aménagements relatifs au paiement dématérialisé pour la taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules et à l’accès direct au système d’immatriculation des véhicules |
0 |
29 |
Harmonisation et simplification des procédures de recouvrement forcé mises en œuvre par les comptables publics |
NC |
30 |
Moyens de paiement, plafond de recouvrement en numéraire |
NC |
31 |
Transfert du recouvrement des cotisations dues au Centre national de la fonction publique territoriale à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale |
NC |
32 |
Adaptation de la redevance d’archéologie préventive en milieu maritime |
+ 2 |
+ : augmentation des recettes ou réduction des dépenses ; – : réduction des recettes ou augmentation des dépenses.
NC : non chiffrable.
Source : commission des finances, d’après le présent projet de loi de finances rectificative.
Il contient, enfin, trois articles sur les garanties et un article sur l’impact de l’assouplissement des rythmes scolaires sur les aides du fonds de soutien au développement des activités périscolaires (FSDAP) (article 36).
Articles sur les garanties et le FSDAP du présent projet de loi de finances rectificative
(en millions d’euros)
Article |
Intitulé |
Impact sur le budget de l’État |
33 |
Garantie au bénéfice du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO) |
– 1 293 (hors bilan) |
34 |
Garantie par l’État des emprunts de l’Unédic émis en 2018 |
– 4 500 (hors bilan) |
35 |
Bonification des prêts de haut de bilan bonifiés contractés par les organismes de logement social auprès du fonds d’épargne |
– 1 200 (hors bilan) |
36 |
Impact de l’assouplissement des rythmes scolaires sur les aides du Fonds de soutien au développement des activités périscolaires |
+ 35 en 2017 + 110 à partir de 2018 |
+ : augmentation des recettes ou réduction des dépenses ; – : réduction des recettes ou augmentation des dépenses.
Source : commission des finances, d’après le présent projet de loi de finances rectificative.
Ces différents articles font également l’objet d’un commentaire spécifique dans le présent rapport.
*
* *
— 1 —
Le présent projet de loi de finances rectificative prévoit pour 2017 :
– un déficit public (déficit des administrations publiques), établi selon les règles de la comptabilité nationale, à 2,9 % du PIB, soit 0,2 point de PIB de plus que prévu en loi de finances initiale ([5]) ;
– un déficit budgétaire (déficit du seul État), établi selon les règles de la comptabilité budgétaire, à 74,1 milliards d’euros, soit 4,8 milliards d’euros de plus que prévu en loi de finances initiale.
La distinction entre comptabilité nationale et comptabilité budgétaire
La comptabilité nationale permet de déterminer le déficit public de l’ensemble des administrations publiques. Elle s’appréhende comme une représentation quantifiée du fonctionnement et des résultats d’une économie nationale. Il s’agit d’une comptabilité d’engagements établie selon les règles du Système européen de comptes nationaux et régionaux (SEC 2010) résultant du règlement (UE) n° 549/2013 du 21 mai 2013 relatif au système européen des comptes nationaux et régionaux dans l’Union européenne. Les agrégats relatifs aux administrations publiques, et notamment celui relatif à leur besoin de financement (déficit), jouent un rôle essentiel dans le cadre de la surveillance des finances publiques au niveau européen.
La comptabilité budgétaire est destinée à enregistrer et suivre l’exécution des opérations du budget de l’État. La tenue d’une comptabilité budgétaire est prévue par l’article 27 de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF). Il s’agit d’une comptabilité de trésorerie. L’article 28 de la LOLF précise ainsi que « les recettes sont prises en compte au titre du budget de l’année au cours de laquelle elles sont encaissées » et que « les dépenses sont prises en compte au titre du budget de l’année au cours de laquelle elles sont payées ». La LOLF prévoit une nomenclature des comptes du budget de l’État (budget général, budgets annexes et comptes spéciaux), une nomenclature par destination (mission, programme, action, sous-action) et une nomenclature par nature (titres, catégories).
I. Le déficit public
Prévu à 2,9 % du PIB (A), le déficit public pour 2017 devrait permettre à la France de sortir de la procédure de déficit excessif (PDE) (B) sous réserve de quelques risques liés à la comptabilisation de certaines opérations (C).
A. Un déficit public prévu à 2,9 %
La prévision de déficit public, et sa décomposition entre solde structurel et conjoncturel, est analysée dans le présent rapport au sein du commentaire de l’article liminaire.
DÉficit public depuis 2009
Année |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
En % du PIB |
7,2 |
6,8 |
5,1 |
4,8 |
4 |
3,9 |
3,6 |
3,4 |
2,9 |
En milliards d’euros |
138,9 |
135,8 |
105,0 |
100,4 |
85,4 |
84,4 |
78,7 |
75,9 |
– |
Source : Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) jusqu’en 2016, présent projet de loi de finances rectificative.
Dans son avis sur le présent projet de loi de finances rectificative, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) considère comme « plausible » la prévision de déficit public à 2,9 % du PIB pour 2017 ([6]).
Pourtant, l’été dernier, la Cour des comptes avait évalué, dans son audit des finances publiques, le déficit public pour 2017 à 3,2 % du PIB ([7]). Des recettes meilleures que prévu et des mesures d’économies prises en cours de gestion par l’actuel Gouvernement expliquent l’écart entre la prévision résultant de l’audit de la Cour des comptes et la prévision actualisée du présent projet de loi de finances rectificative.
B. Un niveau de déficit qui doit permettre à la France de sortir de la procédure de déficit excessif
Le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) prohibe les déficits excessifs, c’est-à-dire lorsqu’ils dépassent 3 % du PIB. L’État membre en contravention avec cette règle s’expose à l’ouverture d’une PDE.
La France fait l’objet d’une PDE depuis le 27 avril 2009. Le Conseil de l’Union européenne avait alors accordé un délai à la France jusqu’en 2012 pour corriger son déficit. Le 2 décembre 2009, le Conseil a prorogé le délai accordé à la France pour corriger son déficit jusqu’en 2013. Le 21 juin 2013, ce délai a été reporté à 2015. Enfin, le 10 mars 2015, ce délai a été porté à 2017.
L’Espagne est actuellement, avec la France, le dernier pays de la zone euro à faire l’objet d’une PDE. Rappelons qu’au plus fort de la crise, au titre de l’année 2010, 15 États de la zone euro ont fait l’objet simultanément d’une PDE.
Prévu à 2,9 % du PIB, le déficit constaté cette année devrait permettre à la France de sortir de la PDE en 2018 au titre de l’année 2017.
C. Des risques sur la comptabilisation de certaines opérations
Dans son avis précité, le HCFP souligne l’existence d’aléas sur la prévision de déficit public en raison de l’incertitude qui subsiste sur la comptabilisation en comptabilité nationale de la recapitalisation d’Areva et des remboursements de la contribution de 3 % sur les revenus distribués en application de la décision du Conseil constitutionnel du 6 octobre 2017 ([8]).
Le Rapporteur général relève que le risque maximal concernant la comptabilisation de ces opérations est de l’ordre de 0,35 point de PIB, soit 7,5 milliards d’euros dont 2,5 milliards au titre de la recapitalisation d’Areva intervenue conjointement avec des investisseurs privés, et 5 milliards d’euros au titre de remboursements programmés en comptabilité budgétaire sur 2018 de la contribution de 3 % sur les revenus distribués.
II. Le déficit budgétaire de l’État
Selon la prévision actualisée du présent projet de loi de finances rectificative, le déficit budgétaire de l’État serait en hausse de 5 milliards d’euros par rapport à 2016 et moins bon que prévu en loi de finances initiale à hauteur de 4,8 milliards d’euros.
A. De l’exécution en 2016 à la prévision actualisée pour 2017
Le déficit budgétaire de l’État repart à la hausse (+ 5 milliards d’euros).
Solde budgétaire de l’État depuis 2012
(en milliards d’euros)
Année |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 PLFR-2 |
Solde |
– 87,2 |
– 74,9 |
– 85,6* |
– 70,5 |
– 69,1 |
– 74,1 |
* – 73,6 hors programmes d’investissements d’avenir (PIA).
PLFR-2 : présent projet de loi de finances rectificative.
Source : commission des finances.
La dégradation du solde s’explique principalement par l’augmentation des dépenses (+ 7,9 milliards d’euros), compensée partiellement par la baisse des prélèvements sur recettes (– 4,7 milliards d’euros) ([9]).
La progression des recettes (+ 4,5 milliards d’euros) a été ralentie par la diminution des recettes non fiscales (– 3,1 milliards d’euros) ([10]).
passage du solde 2016 au solde 2017 prévu
par le présent projet de loi de finances rectificative
(en milliards d’euros)
|
2016 |
Variation |
2017 |
|
2016 |
Variation |
2017 |
Dépenses (budget général) (I) |
376,2 |
+ 7,9 |
384,1 |
Recettes (budget général) (II) |
300,3 |
+ 4,5 |
304,8 |
Dépenses nettes (hors PSR) |
310,7 |
+ 12,6 |
323,3 |
Recettes fiscales nettes |
284,1 |
+ 7,6 |
291,7 |
Prélèvement sur recettes en faveur de l’Union européenne |
19,0 |
– 2,6 |
16,4 |
Recettes non fiscales |
16,2 |
– 3,1 |
13,1 |
Prélèvement sur recettes en faveur des collectivités territoriales |
46,5 |
– 2,1 |
44,4 |
Soldes des comptes spéciaux (III) |
6,8 |
– 1,6 |
5,2 |
Déficit à financer (I − II – III) |
69,1 |
+ 5,0 |
74,1 |
Source : données issues du présent projet de loi de finances rectificative.
Le solde des comptes spéciaux diminue (– 1,6 milliard d’euros) mais reste encore à un niveau élevé (+ 5,2 milliards d’euros).
Soldes annuels des comptes spéciaux depuis 2006
(en milliards d’euros)
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
3,5 |
3,5 |
0,7 |
– 8,1 |
2,0 |
– 0,6 |
1,0 |
0,6 |
0,2 |
1,6 |
6,8 |
5,2 |
Source : commission des finances.
B. De la prévision initiale à la prévision actualisée pour 2017
Le déficit budgétaire de l’État est supérieur à la prévision de la loi de finances initiale de 4,8 milliards d’euros.
passage du solde LFI 2017 au solde plfR-2 2017
(en milliards d’euros)
|
LFI |
Variation |
PLFR 2 |
|
LFI |
Variation |
PLFR 2 |
Dépenses (budget général) (I) |
381,6 |
+ 2,5 |
384,1 |
Recettes (budget général) (II) |
306,8 |
– 2,0 |
304,8 |
Dépenses nettes (hors PSR) |
318,5 |
+ 4,8 |
323,3 |
Recettes fiscales nettes |
292,3 |
– 0,6 |
291,7 |
Prélèvement sur recettes en faveur de l’Union européenne |
18,7 |
– 2,3 |
16,4 |
Recettes non fiscales |
14,5 |
– 1,4 |
13,1 |
Prélèvement sur recettes en faveur des collectivités territoriales |
44,4 |
0 |
44,4 |
Soldes des comptes spéciaux (III) |
5,4 |
– 0,2 |
5,2 |
Déficit à financer (I − II – III) |
69,3 |
+ 4,8 |
74,1 |
Source : données issues du présent projet de loi de finances rectificative.
Les recettes sont inférieures de 2 milliards d’euros à la prévision initiale en raison principalement d’une surestimation des recettes non fiscales qui avait été mise en évidence par la Cour des comptes dans son audit.
Les dépenses sont supérieures de 2,5 milliards d’euros à la prévision initiale en raison des sous-budgétisations relevées par la Cour des comptes dans ce même audit, lesquelles ont pu être compensées partiellement par une sous-exécution du budget de l’Union européenne qui a entraîné une révision à la baisse du prélèvement sur recettes.
Le solde des comptes spéciaux est à un niveau proche de celui qui avait été estimé en loi de finances initiale (– 0,2 milliard d’euros par rapport à la prévision). Seuls trois comptes devraient connaître en exécution des écarts significatifs avec la prévision initiale.
principales informations sur le solde des comptes spéciaux pour 2017
(en milliards d’euros)
Compte spécial |
Solde LFI |
Solde PLFR-2 |
Écart |
Participations financières de l’État |
– 1,5 |
– 1,5 |
0 |
Pensions |
+ 2,2 |
+ 2,2 |
0 |
Transition énergétique |
0 |
– 0,3 |
– 0,3 |
Avances aux collectivités territoriales |
+ 0,4 |
+ 0,9 |
+ 0,5 |
Prêts à des États étrangers |
– 0,1 |
– 0,2 |
– 0,1 |
Prêts ou avances à des particuliers ou à des organismes privés |
– 0,1 |
– 0,1 |
0 |
Soutien financier au commerce extérieur |
4,3 |
3,8 |
– 0,5 |
PLFR-2 : présent projet de loi de finances rectificative.
Source : présent projet de loi de finances rectificative.
— 1 —
FICHE N° 2 :
LES RECETTES DE L’ÉTAT
Le présent projet de loi de finances rectificative actualise les prévisions de recettes de l’État pour 2017.
Les recettes nettes du budget général de l’État sont désormais estimées à 304,8 milliards d’euros soit :
– 2 milliards d’euros de moins que prévu par la loi de finances pour 2017 ([11]) ;
– et 4,5 milliards d’euros de plus qu’en 2016.
Recettes nettes du budget général de l’État
(en milliards d’euros)
Recettes |
2016 |
2017 |
|
2017 |
||
Exécution |
Prévision LFI 2017 |
Prévision PLFR-2 2017 |
Écart par rapport à l’exécution 2016 |
Écart par rapport à la prévision LFI 2017 |
||
Impôt sur le revenu |
71,8 |
73,4 |
72,6 |
+ 0,8 |
– 0,8 |
|
Impôt sur les sociétés |
30,0 |
29,1 |
33,2 |
+ 3,2 |
+ 4,1 |
|
Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques |
15,9 |
10,6 |
11,2 |
– 4,7 |
+ 0,6 |
|
Taxe sur la valeur ajoutée |
144,4 |
149,3 |
151,4 |
+ 7,0 |
+ 2,1 |
|
Autres recettes fiscales |
22,0 |
30,0 |
23,4 |
+ 1,4 |
– 6,6 |
|
sous-total recettes fiscales nettes |
284,1 |
292,3 |
291,7 |
+ 7,6 |
– 0,6 |
|
recettes non fiscales |
16,2 |
14,5 |
13,1 |
– 3,1 |
– 1,4 |
|
Total |
300,3 |
306,8 |
304,8 |
+ 4,5 |
– 2,0 |
LFI : loi de finances initiale ;
PLFR-2 : présent projet de loi de finances rectificative.
Source : d’après les annexes aux projets de loi de finances.
Les prélèvements sur recettes sont désormais estimés à 60,8 milliards d’euros soit :
– 2,3 milliards d’euros de moins que prévu par la loi de finances pour 2017 ;
– et 4,7 milliards d’euros de moins qu’en 2016.
Prélèvements sur recettes
(en milliards d’euros)
Prélèvement sur recettes |
2016 |
2017 |
|
2017 |
||
Exécution |
Prévision LFI 2017 |
Prévision PLFR-2 2017 |
Écart par rapport à l’exécution 2016 |
Écart par rapport à la prévision LFI 2017 |
||
En faveur de l’Union européenne |
19,0 |
18,7 |
16,4 |
– 2,6 |
– 2,3 |
|
En faveur des collectivités territoriales |
46,5 |
44,4 |
44,4 |
– 2,1 |
0 |
|
Total |
65,5 |
63,1 |
60,8 |
– 4,7 |
– 2,3 |
PLFR-2 : présent projet de loi de finances rectificative.
Source : d’après les annexes aux projets de loi de finances.
Après prise en compte des prélèvements sur recettes – qui sont en réalité des dépenses au sens de la comptabilité nationale – il est prévu que les recettes nettes hors fonds de concours du budget général s’établissent à 244 milliards d’euros en 2017.
Recettes nettes des prélèvements du budget gÉNÉral de l’État
(en milliards d’euros)
Recettes |
2016 |
2017 |
|
2017 |
||
Exécution |
Prévision LFI 2017 |
Prévision PLFR-2 2017 |
Écart par rapport à l’exécution 2016 |
Écart par rapport à la prévision LFI 2017 |
||
Recettes nettes du budget général de l’État (1) |
300,3 |
306,9 |
304,8 |
+ 4,5 |
+ 2,1 |
|
Prélèvements sur recettes (2) |
65,5 |
63,1 |
60,8 |
– 4,7 |
– 2,3 |
|
Recettes nettes de l’État hors fonds de concours (1 – 2) |
234,8 |
243,8 |
244,0 |
+ 9,2 |
+ 0,2 |
PLFR-2 : présent projet de loi de finances rectificative.
Source : d’après les annexes aux projets de loi de finances.
Cette présentation – que l’on retrouve dans plusieurs documents de communication du Gouvernement ou encore dans l’exposé des motifs du présent projet de loi de finances rectificative – comporte plusieurs défauts qui nuisent à la compréhension des recettes de l’État.
Elle élude les recettes fiscales des budgets annexes et des comptes spéciaux et elle minore la catégorie « autres recettes fiscales » des dégrèvements et remboursements d’impôts locaux.
Les développements qui suivent portent principalement sur les recettes fiscales et retiendront, parallèlement à la présentation habituelle, une autre présentation plus conforme à la réalité économique et budgétaire des impositions affectées à l’État (I).
Les principales données budgétaires relatives aux recettes non fiscales (II), et aux dépenses fiscales (III) seront ensuite présentées brièvement.
L’analyse des recettes fiscales de l’État suppose au préalable d’indiquer les clés de passage des recettes fiscales brutes aux recettes fiscales nettes (A). La présentation des recettes fiscales nettes par le Gouvernement est perfectible (B). L’analyse générale (C) et par principaux impôts (D) du présent rapport s’appuie en partie sur une présentation différente plus conforme à la réalité économique.
A. des recettes fiscales brutes aux recettes fiscales nettes
Les recettes fiscales sont dites « nettes » car elles sont présentées après déduction des remboursements et dégrèvements afférents aux différents impôts affectés au budget de l’État. Ces remboursements et dégrèvements font l’objet d’une mission spécifique du budget général ([12]).
En 2017, le montant des recettes fiscales brutes du budget général est désormais prévu à 405 milliards d’euros. Les remboursements et dégrèvements devraient s’élever à 113,3 milliards d’euros, si bien que les recettes fiscales nettes du budget général s’établiraient à 291,7 milliards d’euros.
Les remboursements prévus comprennent 5 milliards d’euros au titre du remboursement de la contribution de 3 % sur les montants distribués annulée par le Conseil constitutionnel le 6 octobre 2017 ([13]).
Remboursements et dégrèvements
L’État procède à des remboursements et dégrèvements d’impôts pour diverses raisons : les régularisations de trop-versés lorsqu’un contribuable a payé plus d’acomptes que l’impôt réellement dû ; le droit à déduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui place certaines entreprises en situation créditrice vis-à-vis de l’État lorsque le montant de la TVA collectée est inférieur au montant de la TVA déductible ; les crédits d’impôt lorsque ceux-ci dépassent le montant de l’impôt dû ; ou encore les corrections d’erreurs à la suite d’une réclamation ou d’un contentieux.
Les remboursements et dégrèvements pour 2017 se décomposent ainsi, après prise en compte des annulations et ouvertures prévues par la première loi de finances rectificative pour 2017 et le présent projet de loi de finances rectificative :
– 68,72 milliards d’euros au titre de la mécanique de certains impôts, essentiellement des crédits de TVA ;
– 15,78 milliards au titre de soutien à des politiques publiques via des remboursements ou des crédits d’impôt qui excédent l’impôt dû ;
– 16,42 milliards au titre de la gestion des impôts (corrections d’erreurs, décisions de justice, remboursements par application des conventions fiscales internationales), dont 5 milliards d’euros au titre du remboursement de la contribution de 3 % sur les montants distribués ;
– et 12,35 milliards de remboursements et dégrèvements d’impôts locaux.
B. Une présentation perfectible des recettes fiscales nettes
Les recettes fiscales nettes du seul budget général ne rendent pas compte du montant total des recettes fiscales nettes affectées à l’État.
Certes, le montant de 291,7 milliards d’euros est celui qui figure dans l’exposé général des motifs et dans le tableau d’équilibre des ressources et des dépenses qui figure à l’article 4 du présent projet de loi de finances rectificative. Mais, sur un plan économique, cette présentation budgétaire est incomplète, le montant des recettes fiscales nettes perçues par l’État étant en réalité plus important.
Deux raisons expliquent cette différence entre la présentation retenue par les documents budgétaires et la réalité économique.
En premier lieu, la présentation budgétaire habituelle déduit du montant brut des recettes fiscales de l’État les dégrèvements et remboursements des impôts locaux. La Cour des comptes a critiqué cette présentation et recommandé que les remboursements et dégrèvements d’impôts locaux ne soient plus déduits des recettes fiscales brutes de l’État ([14]). En effet, ceux-ci n’ont rien à voir avec la mécanique des impôts d’État : il n’est donc pas logique de les soustraire du rendement brut des impôts d’État. Selon la Cour des comptes, les dégrèvements et remboursements des impôts locaux devraient figurer en dépenses.
Cette observation de la Cour des comptes est d’autant plus pertinente que les dégrèvements des impôts locaux ont eu tendance à croître ces dernières années sous l’effet de plusieurs réformes. Cette tendance est appelée à s’accentuer avec le dégrèvement prévu sur la taxe d’habitation sur les résidences principales par l’article 3 du projet de loi de finances pour 2018.
En 2018, les remboursements et dégrèvements d’impôts locaux pris en charge par l’État sont prévus à 15 milliards d’euros au lieu de 12,3 milliards d’euros en 2017.
En second lieu, cette présentation budgétaire ne tient pas compte des recettes fiscales affectées en tout ou partie à différents budgets annexes et comptes spéciaux de l’État. Cette fraction de la fiscalité est donc souvent omise dans l’analyse politique et économique des comptes de l’État. Cette omission se justifie moins aujourd’hui, compte tenu de l’importance que prennent certains de ces impôts, en particulier la fiscalité écologique affectée au compte d’affectation spéciale (CAS) Transition énergétique.
Pour 2017, le rendement de la fiscalité affectée aux budgets annexes et comptes spéciaux de la comptabilité budgétaire de l’État est désormais prévu à 9,4 milliards d’euros, ce qui n’est pas négligeable, dont 6,1 milliards d’euros au titre d’une fraction de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) affectée au CAS Transition énergétique. Ces chiffres ne sont hélas pas mentionnés dans l’exposé général des motifs.
ImpÔts affectÉs À des budgets annexes et comptes spÉciaux de l’État
(en millions d’euros)
Budget annexe (BA) Compte d’affectation spéciale (CAS) |
Impôt affecté |
Rendement 2017 |
BA Contrôle et exploitation aériens |
Taxe de l’aviation civile |
410,4 |
CAS Aides à l’acquisition de véhicules propres |
Taxe additionnelle à la taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules |
347,0 |
CAS Développement agricole et rural |
Taxe sur le chiffre d’affaires des exploitations agricoles |
147,5 |
CAS Financement des aides aux collectivités pour l’électrification rurale |
Contribution des gestionnaires de réseaux publics de distribution |
377,0 |
CAS Financement national du développement et de la modernisation de l’apprentissage |
Fraction du quota de la taxe d’apprentissage |
1 573,2 |
CAS Services nationaux de transport conventionnés de voyageurs |
Fraction de la taxe d’aménagement du territoire |
92,0 |
Contribution de solidarité territoriale |
130,0 |
|
Taxe sur le résultat des entreprises ferroviaires |
226,0 |
|
CAS Transition énergétique |
Fraction du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques |
6 119,7 |
Fraction de la taxe intérieure de consommation sur les houilles, les lignites et les cokes |
1,2 |
|
Total |
9 424,0 |
Source : d’après la loi de finances initiale corrigée par le présent projet de loi de finances rectificative et les réponses du Gouvernement au questionnaire du Rapporteur général pour le CAS Services nationaux de transport conventionnés de voyageurs.
Au total, si l’on réintègre les recettes affectées aux budgets annexes et comptes spéciaux (9,4 milliards d’euros) ainsi que les dégrèvements et remboursements d’impôts locaux (12,3 milliards d’euros), le montant réel des recettes fiscales nettes de l’État ne serait donc pas de 291,7 milliards d’euros mais de 313,4 milliards d’euros.
Le montant consolidé des recettes fiscales affectées à l’État ne figure pourtant dans un aucun document budgétaire. Il serait possible d’améliorer l’information du Parlement en l’indiquant plus explicitement. De même, les droits de succession et de donation – qui constituent par ordre d’importance le cinquième impôt de l’État et dont le produit dépasse cette année celui de la TICPE affectée au budget général – mériteraient d’être mentionnés dans les tableaux de synthèse produits par le Gouvernement compte tenu du dynamisme important de leur rendement ([15]).
Le tableau qui suit reflète une image plus fidèle des recettes fiscales nettes de l’État.
Recettes fiscales nettes de l’État pour 2017
(en milliards d’euros)
Impôt |
Montant |
Taxe sur la valeur ajoutée (part État) |
151,4 |
Impôt sur le revenu (IR) |
72,6 |
Impôt sur les sociétés (IS) |
33,2 |
Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) (part État y compris CAS Transition énergétique) |
17,3 |
Droits de mutation à titre gratuit entre vifs et par décès (droits de succession et donation) |
13,3 |
Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) |
7,7 |
« autres recettes fiscales » |
17,9 |
Total |
313,4 |
Source : calculs commission des finances d’après les annexes au projet de loi de finances pour 2018, le présent projet de loi et les réponses du Gouvernement au questionnaire du Rapporteur général.
La présentation budgétaire habituelle est retenue dans l’analyse qui suit pour plus de clarté et surtout pour permettre la comparaison des données avec ceux des documents budgétaires du Gouvernement. Ponctuellement, et de manière explicite, cette présentation sera replacée dans le contexte économique du montant réel des recettes fiscales nettes de l’État.
Poids des impôts d’État dans l’ensemble de la fiscalité et des prélèvements obligatoires : près de la moitié de la fiscalité globale
et près d’un tiers des prélèvements obligatoires
Les dernières données d’exécution disponibles portent sur l’exercice 2016.
En 2016, les impôts, toutes administrations publiques confondues, ont représenté 619,2 milliards d’euros selon les chiffres détaillés des comptes nationaux annuels publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) le 30 mai 2017.
L’INSEE a mesuré la fiscalité d’État en 2016 à 297,2 milliards d’euros selon les principes de la comptabilité nationale, soit 48 % de la fiscalité globale.
Les impôts affectés aux administrations publiques locales ont représenté, quant à eux, un rendement de 137,7 milliards d’euros en comptabilité nationale, soit 22 % de l’ensemble de la fiscalité. Les impôts affectés aux administrations de sécurité sociale ont eu un rendement de 172,2 milliards d’euros, soit 28 % de l’ensemble de la fiscalité. Les autres impôts ont été affectés à divers organismes d’administration centrale (ODAC) pour 10,1 milliards d’euros et à l’Union européenne pour 2 milliards d’euros.
Les cotisations sociales ont été de 371,5 milliards d’euros en 2016, ce qui porte le montant total des prélèvements obligatoires à 990,7 milliards d’euros. La fiscalité d’État représente 30 % de l’ensemble des prélèvements obligatoires.
Les recettes fiscales nettes du budget général de l’État sont désormais prévues à 291,7 milliards d’euros, soit :
– 7,6 milliards d’euros de plus qu’en 2016 ;
– et 0,6 milliard d’euros de moins que prévu en loi de finances initiale.
Recettes fiscales nettes du budget gÉNÉral de l’État depuis 2007
(en milliards d’euros)
Année |
Montant |
|
Année |
Montant |
2007 |
272,3 |
2013 |
284,0 |
|
2008 |
265,1 |
2014 |
274,3 |
|
2009 |
214,3 |
2015 |
280,1 |
|
2010 |
237,0 |
2016 |
284,1 |
|
2011 |
255,0 |
2017 prévision actualisée |
291,7 |
|
2012 |
268,4 |
2018 prévision |
288,8 |
Source : Gouvernement.
1. De l’exécution 2016 à la prévision actualisée pour 2017
Les recettes fiscales sont évaluées à législation constante en fonction de la croissance du PIB. Ceci permet de déterminer leur « évolution spontanée ». Puis, cette évaluation est corrigée des mesures fiscales (nouvelles et antérieures) et des mesures de périmètre devant produire des effets durant l’année faisant l’objet du projet de loi de finances.
L’évolution spontanée
L’évolution spontanée du rendement d’un impôt correspond à l’évolution de son rendement à législation constante. Elle est liée aux variations démographiques et économiques. Il s’agit donc de l’évolution du rendement de l’impôt qui aurait été constatée si aucune mesure législative n’était intervenue au cours de l’année considérée.
Par exemple, si du fait de l’augmentation de la population et des revenus d’une année sur l’autre l’évolution spontanée d’un impôt est de 2 %, le rendement de celui-ci passera de 100 à 102 sans qu’un changement de législation ait été nécessaire.
Les mesures législatives
Les mesures législatives sont des changements de législation qui entraînent des baisses ou des hausses du rendement des impôts. Il peut s’agir de mesures dites « antérieures » si elles ont été adoptées avant la loi de finances initiale mais qui produisent néanmoins des effets au cours de l’année afférente à cette loi de finances. Il peut encore s’agir de mesures dites « nouvelles » si elles ont été adoptées lors de l’examen ou après l’examen de la loi de finances de l’année. Les mesures législatives ont pour effet de modifier la charge fiscale des contribuables.
L’examen du rendement des mesures législatives permet de mesurer l’impact des réformes fiscales décidées par le Parlement.
Les mesures de périmètre et de transfert
Les mesures dites de « périmètre » ou de « transfert » peuvent modifier la fraction du produit d’un impôt affecté à l’État lorsque la répartition de ce produit entre plusieurs administrations publiques est modifiée en cours d’année. Les mesures de périmètre ou de transfert ne modifient pas la charge fiscale des contribuables.
Par exemple, pour un impôt dont le rendement est de 100, si la fraction revenant à l’État passe de 90 % à 95 % (le solde revenant à une autre administration), ce dernier bénéficie d’un produit de 95 au lieu de 90, soit une hausse de 5. Inversement, l’autre administration subit une baisse de 5. Le montant payé par le contribuable n’est pas affecté par les mesures de périmètre et de transfert.
Les recettes fiscales nettes du budget général se sont élevées à 284,1 milliards d’euros en 2016 et sont désormais prévues à 291,7 milliards d’euros pour 2017.
Des recettes fiscales nettes du budget gÉNÉral en 2016
aux recettes fiscales nettes du budget gÉNÉral en 2017
(en milliards d’euros)
TVA 2016 |
Actualisation en PLF 2018 |
Actualisation en PLFR |
TVA 2017 |
|||
Évolution spontanée |
Mesures |
|||||
Nouvelles |
Antérieures |
Périmètre |
||||
284,1 |
+ 10,5 |
– 4,5 |
+ 1,6 |
291,7 |
Source : projet de loi de finances, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I, et présent projet de loi de finances rectificative.
Lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2018, la prévision actualisée des recettes fiscales nettes du budget général était de 290,1 milliards d’euros.
L’évolution spontanée des recettes fiscales nettes du budget général était prévue à 3,7 %, soit une hausse de 10,5 milliards d’euros. Les mesures nouvelles, antérieures et de périmètre devaient entraîner pour leur part une baisse de rendement de 4,5 milliards d’euros.
L’impact des principales mesures législatives et de périmètre
sur les recettes fiscales du budget général de l’état en 2017
(en milliards d’euros)
Mesures de hausse |
|
Trajectoire carbone |
+ 1,4 |
Mesure de périmètre sur la TVA dans le cadre des relations avec la sécurité sociale |
+ 0,8 |
Mesures de baisse |
|
Montée en charge du coût du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) |
– 3,2 |
Réduction permanente de 20 % de l’impôt sur le revenu des foyers à revenus modestes et moyens |
– 1,1 |
Réforme des modalités de versement du cinquième acompte à l’impôt sur les sociétés |
– 0,5 |
Suppression progressive de la contribution exceptionnelle à l’impôt sur les sociétés |
– 0,5 |
Mesures de périmètre liées au compte d’affectation spéciale Transition énergétique |
– 0,4* |
* dont une hausse au titre de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) de 5,7 milliards d’euros et une baisse de 6,1 milliards au titre de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).
Source : d’après le projet de loi de finances, annexe Évaluations des voies et moyens et le présent projet de loi de finances rectificative.
Au total, les recettes devaient donc progresser de 6 milliards d’euros.
Les actualisations intervenues à l’occasion de la première loi de finances rectificative pour 2017 et du présent projet de loi de finances rectificative conduisent à réviser à la hausse ces prévisions de 1,6 milliard d’euros.
Cette actualisation s’explique par trois principaux mouvements :
– une baisse de 0,2 milliard enregistrée à l’occasion de la première loi de finances rectificative pour 2017 (voir infra) ;
– une mesure de périmètre de 0,8 milliard sur la TICPE dont une partie a été réaffectée au budget général ;
– une évolution spontanée meilleure que prévu de la TVA de 0,9 milliard d’euros.
2. De la prévision initiale à la prévision actualisée pour 2017
L’hypothèse faite par le précédent gouvernement d’une élasticité élevée des recettes fiscales à la croissance pour 2017 s’est donc vérifiée en exécution.
Cette hypothèse était d’ailleurs d’autant plus crédible qu’en moyenne sur la période 2003-2018, l’élasticité des impôts à la croissance est proche de l’unité (1,1 précisément). Ceci est conforme à l’analyse généralement admise selon laquelle, à long terme, l’élasticité des impôts tend vers l’unité : l’évolution des assiettes fiscales agrégées doit normalement converger avec celle du PIB. Les « anomalies » de court terme – qui sont dues à des facteurs variés – sont ainsi effacées, en particulier s’agissant des années 2009 (+ 4,5) et 2013 (– 1,6). L’élasticité proche de l’unité tend aussi à démontrer que les stratégies d’évitement de l’impôt (évasion fiscale) ne sont pas plus importantes ces dernières années que par le passé.
ÉlasticitÉ des recettes fiscales sur la pÉriode 2003-2018
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
+ 0,1 |
+ 1,7 |
+ 1,5 |
+ 2,0 |
+ 1,3 |
+ 1,0 |
+ 4,5 |
+ 1,6 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 Prévision |
2018 Prévision |
+ 1,6 |
– 0,2 |
– 1,6 |
– 0,4 |
+ 0,9 |
+ 1,1 |
+ 1,5 |
+ 1,2 |
Source : Gouvernement.
Notion d’élasticité
L’élasticité du rendement d’un impôt est égale au rapport entre le taux d’évolution spontanée et le taux de croissance du PIB en valeur. Lorsque le rendement d’un impôt évolue dans les mêmes proportions que le PIB en valeur, son élasticité est égale à l’unité.
Par exemple, si la croissance du PIB est de 1 % et que l’élasticité est de 1, alors l’évolution spontanée de l’impôt est de 1 %. En revanche, si l’élasticité est de – 0,5, l’évolution spontanée est de – 0,5 % bien que le PIB ait crû en valeur de 1 %.
La structure de notre législation fiscale fait qu’en période de faible croissance, l’élasticité a tendance à être faible voire négative, tandis qu’en période de reprise l’élasticité est supérieure à l’unité. En effet, l’impôt sur le revenu est progressif et l’impôt sur les sociétés a pour assiette le bénéfice fiscal. Il s’ensuit que le rendement de ces impôts diminue ou progresse proportionnellement davantage que l’évolution des revenus et de l’activité économique.
À noter que les prévisions fiscales ne sont pas réalisées par l’application ex ante d’une hypothèse d’élasticité des recettes au taux de croissance prévu. Elles sont déterminées pour chaque impôt, sur la base d’un scénario macroéconomique établi par la direction générale du Trésor. Néanmoins, sur la base de ces prévisions, il en est déduit une élasticité attendue pour l’année suivante. L’élasticité est, en effet, égale au taux de croissance des recettes sur le taux de croissance du PIB en valeur.
De même, le coût des mesures n’a pas fait l’objet d’actualisations significatives dans le cadre du présent projet de loi de finances rectificative.
Au total, la qualité des prévisions initiales des recettes fiscales n’est pas à remettre en cause. Les écarts constatés impôt par impôt s’expliquant principalement par les mesures prises dans le cadre de la première loi de finances rectificative pour 2017.
Dans son avis sur le présent projet de loi de finances rectificative ([16]), le HCFP a estimé que les recettes « pourraient encore être légèrement supérieures à ce qui est prévu par le Gouvernement », notamment en ce qui concerne la TVA.
3. La première loi de finances rectificative pour 2017
La première loi de finances rectificative pour 2017 a eu pour objet de tirer les conséquences de la décision du Conseil constitutionnel qui a annulé la contribution de 3 % sur les montants distribués ([17]). Elle a institué deux contributions exceptionnelles à l’impôt sur les sociétés dues par les plus grandes entreprises.
La mise en œuvre de la décision du Conseil constitutionnel doit entraîner une diminution des recettes fiscales nettes d’environ 5,2 milliards d’euros pour 2017 dont 5 milliards d’euros au titre des premiers remboursements aux entreprises (5 milliards d’euros supplémentaires devant être remboursés en 2018) et 0,2 milliard d’euros de moindres recettes.
Dans le même temps, les deux contributions crées par cette loi de finances rectificative devraient entraîner un gain budgétaire de 4,8 milliards d’euros dès 2017 (et 0,6 milliard d’euros supplémentaires en 2018).
La première loi de finances rectificative pour 2017 a donc permis de limiter à 0,4 milliard d’euros l’impact sur le solde budgétaire de l’État de l’invalidation décidée par le Conseil constitutionnel.
impact en 2017 de l’invalidation par le Conseil constitutionnel
de la contribution de 3 % sur les montants distribués et des contributions créées par la première loi de finances rectificative pour 2017
(en milliards d’euros, sauf indication contraire)
Mesure |
Impact 2017 |
Remboursements au titre du contentieux de la contribution de 3 % |
– 5,0 |
Moindres recettes au titre de la contribution de 3 % |
– 0,2 |
Recettes des nouvelles contributions |
+ 4,8 |
Total |
– 0,4 |
Source : commission des finances, d’après le premier projet de loi de finances rectificative pour 2017.
Toutefois, l’impact sur la catégorie des « autres recettes fiscales » mentionnées dans le tableau de l’exposé général des motifs est important puisqu’il conduit à une diminution de 5,2 milliards de leur rendement : 5 milliards à raison des remboursements et 0,2 milliard au titre des moindres recettes.
Parallèlement, la création des deux contributions exceptionnelles conduit à majorer les prévisions d’impôt sur les sociétés de 4,8 milliards d’euros.
impact en 2017 de l’invalidation par le Conseil constitutionnel
de la contribution de 3 % sur les montants distribués et des contributions créées par l’article 1er du premier projet de loi de finances
rectificative pour 2017
(en milliards d’euros, sauf indication contraire)
Mesure |
Autres recettes fiscales |
Impôt sur les sociétés |
Remboursements au titre du contentieux de la contribution de 3 % |
– 5,0 |
0 |
Moindres recettes au titre de la contribution de 3 % |
– 0,2 |
0 |
Recettes des nouvelles contributions |
0 |
+ 4,8 |
Total |
– 5,2 |
+ 4,8 |
Source : commission des finances, d’après le premier projet de loi de finances rectificative pour 2017.
D. ANALYSE par impÔt
Les six impôts les plus importants sont étudiés ci-après. Ils représentent plus de 94 % des recettes fiscales totales de l’État.
Principaux impÔts affectés À l’État en 2017
Impôt |
Rendement net (en milliards d’euros) |
Part des recettes fiscales totales de l’État |
Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) |
151,4 |
48,3 % |
Impôt sur le revenu (IR) |
72,6 |
23,2 % |
Impôt sur les sociétés (IS) |
33,2 |
10,6 % |
Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) |
11,2 (Budget général) 17,3 (État) |
5,5 % |
Droits de succession et de donation |
13,3 |
4,2 % |
Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) |
7,7 |
2,5 % |
total |
94,2 % |
Source : d’après les annexes au projet de loi de finances pour 2018 et au présent projet de loi de finances rectificative.
1. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
La TVA est un impôt d’État partagé avec la sécurité sociale. Elle joue à ce titre un rôle de variable d’ajustement dans les transferts entre l’État et la sécurité sociale. À compter de 2018, elle sera également partagée avec les régions ([18]).
Rendement de la TVA depuis 2009
(en milliards d’euros)
Année |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
Part État |
118,5 |
127,3 |
131,9 |
133,4 |
136,3 |
138,3 |
141,8 |
144,4 |
151,4 |
Part sécurité sociale |
8,4 |
8,5 |
10,1 |
10,6 |
9,2 |
12,7 |
11,8 |
11,7 |
11,4 |
Total |
126,9 |
135,9 |
142,0 |
144,0 |
145,5 |
151,0 |
153,6 |
156,1 |
162,8 |
Source : Conseil des prélèvements obligatoires, présent projet de loi de finances, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I, et présent projet de loi de finances rectificative.
a. De l’exécution 2016 à la prévision actualisée pour 2017
Lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2018, la prévision actualisée de TVA pour 2017 s’élevait à 150,5 milliards d’euros, soit une hausse de 6 milliards d’euros par rapport à 2016.
L’essentiel de cette hausse était expliqué par l’évolution spontanée (5,1 milliards d’euros). Celle-ci était attendue à 3,5 %, soit légèrement plus que la croissance du PIB en valeur (2,5 %), si bien que son élasticité ressortirait à 1,4.
Le gain net lié aux mesures était estimé à environ 0,9 milliard d’euros. Il s’agit essentiellement de mesures de périmètre prises dans le cadre des relations financières avec la sécurité sociale.
Le présent projet de loi de finances rectificative augmente de 0,9 milliard d’euros cette prévision « compte tenu des plus-values observées ». Cette révision à la hausse du rendement de la TVA est donc justifiée par une évolution spontanée meilleure que prévu.
Des recettes nettes de TVA 2016 aux recettes nettes de tva 2017 (part État)
(en milliards d’euros)
TVA 2016 |
Actualisation en PLF 2018 |
Actualisation en PLFR |
TVA 2017 |
|||
Évolution spontanée |
Mesures |
|||||
Nouvelles |
Antérieures |
Périmètre |
||||
144,4 |
5,1 |
0,9 |
+ 0,9 |
151,4 |
Source : projet de loi de finances pour 2018, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I et présent projet de loi de finances rectificative.
b. De la prévision initiale à la prévision actualisée pour 2017
Le montant de la TVA affecté à l’État était prévu à 149,3 milliards d’euros en loi de finances initiale. La prévision actualisée est en hausse de 2,1 milliards d’euros à 151,4 milliards d’euros.
L’écart entre les deux prévisions s’explique exclusivement par une évolution spontanée plus forte que prévu en lien avec la reprise de l’activité économique et le retour d’une légère inflation.
Le précédent Gouvernement avait donc été prudent pour sa prévision de TVA. Cette même prudence se retrouve dans l’actualisation du présent projet de loi de finances rectificative. Le HCFP a relevé, en effet, dans son avis que « les recettes de TVA, avec une croissance sur les neuf premiers mois de l’année de plus de 5 % en rythme annuel, apparaissent plus dynamiques que la prévision pour 2017 associée au PLFR (4 %) ».
L’impôt sur le revenu (IR) est affecté intégralement au budget général de l’État. Il a progressé de plus de 16 milliards d’euros depuis 2007.
Rendement net de l’IR depuis 2007
(en milliards d’euros)
Année |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
Rendement net |
56,3 |
59,2 |
55,1 |
55,1 |
58,5 |
59,5 |
67,0 |
69,2 |
69,3 |
71,8 |
72,6 |
Source : lois de règlement et présent projet de loi de finances rectificative.
a. De l’exécution 2016 à la prévision actualisée pour 2017
L’évolution spontanée de l’IR est attendue à 3 % pour 2017, soit 2,2 milliards d’euros.
Les mesures législatives devraient entraîner une baisse du rendement de l’IR de 1,4 milliard d’euros, essentiellement en raison d’une baisse d’impôt sur le revenu en faveur des ménages ayant des revenus modestes ([19]).
Des recettes nettes d’IR 2016 aux recettes nettes d’IR 2017
(en milliards d’euros)
IR 2016 |
Actualisation en PLF 2018 |
Actualisation en PLFR |
IR 2017 |
|||
Évolution spontanée |
Mesures |
|||||
Nouvelles |
Antérieures |
Périmètre |
||||
71,8 |
2,2 |
– 1,4 |
0 |
72,6 |
Source : projet de loi de finances pour 2018, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I, et présent projet de loi de finances rectificative.
b. De la prévision initiale à la prévision actualisée
Le produit de l’IR était prévu à 73,4 milliards d’euros en loi de finances initiale. La prévision actualisée est en baisse de 0,8 milliard d’euros à 72,6 milliards d’euros.
L’écart entre les deux prévisions est toutefois assez faible et n’est pas de nature à remettre en cause la qualité de la prévision initiale.
Il s’expliquerait, selon le Gouvernement, par le fait que les salaires ont progressé en 2016 légèrement moins vite qu’attendu. Or, les salaires de l’année 2016 constituent une part substantielle de l’assiette de l’IR dû en 2017. L’écart s’expliquerait aussi, selon le Gouvernement, par un ralentissement d’environ 0,5 milliard d’euros des recettes issues du service de traitement des déclarations rectificatives (STDR).
3. L’impôt sur les sociétés
Le rendement net de l’impôt sur les sociétés (IS) a été plus que divisé par deux entre 2007 et 2016. Le rendement de l’IS aurait encore diminué cette année sans la création des contributions exceptionnelles par la première loi de finances rectificative pour 2017.
Rendement net de l’IS depuis 2007
(en milliards d’euros)
Année |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
Rendement net |
63,3 |
62,6 |
55,1 |
51,4 |
53,0 |
41,3 |
47,2 |
35,3 |
33,5 |
30,0 |
33,2* |
* 28,4 milliards d’euros hors contributions exceptionnelles prévues par l’article 1er de la première loi de finances rectificative pour 2017.
Source : lois de règlement et présent projet de loi de finances rectificative.
L’IS est affecté intégralement au budget général de l’État.
a. De l’exécution 2016 à la prévision actualisée pour 2017
Lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2018, la prévision actualisée d’IS pour 2017 était de 28,4 milliards d’euros.
L’évolution spontanée de l’IS était prévue à 8,4 % hors contentieux. Après prise en compte des contentieux, elle devait s’élever à 3,6 % soit 1,1 milliard d’euros. Les mesures – essentiellement la montée en charge du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) – devaient entraîner une baisse de l’IS de 2,7 milliards d’euros.
La première loi de finances rectificative pour 2017 a créé deux contributions exceptionnelles à l’IS dues par les plus grandes entreprises. Leur rendement est prévu à 4,8 milliards d’euros en 2017.
Des recettes nettes d’IS 2016 aux recettes nettes d’IS 2017
(en milliards d’euros)
IS 2016 |
Actualisation en PLF 2018 |
Actualisation en PLFR |
IS 2017 |
|||
Évolution spontanée |
Mesures |
|||||
Nouvelles |
Antérieures |
Périmètre |
||||
30,0 |
1,1 |
– 2,7 |
+ 4,8 |
33,2 |
Source : projet de loi de finances pour 2018, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I, et première loi de finances rectificative pour 2017.
b. De la prévision initiale à la prévision actualisée pour 2017
Le montant de l’IS était prévu à 29,1 milliards d’euros en loi de finances initiale. La prévision actualisée est en hausse de 4,1 milliards d’euros à 33,2 milliards d’euros.
L’écart entre les deux prévisions s’explique principalement par la création des deux contributions exceptionnelles par la première loi de finances rectificative pour 2017.
4. Les droits de succession et de donation
Les droits de succession et de donation constituent un même impôt faisant l’objet de dispositions spéciales uniquement pour leur liquidation.
Leur rendement global est prévu à 13,3 milliards d’euros pour 2017, en hausse de plus de 46 % depuis 2012.
Rendement des droits de succession et de donation
(en milliards d’euros)
Année |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 exécution |
2017 prévision actualisée |
Droits de succession |
7,7 |
8,5 |
8,9 |
10,6 |
10,7 |
11,3 |
Droits de donation |
1,4 |
1,1 |
1,5 |
1,7 |
1,8 |
2,0 |
Total |
9,1 |
9,6 |
10,4 |
12,3 |
12,5 |
13,3 |
Source : projet de loi de finances, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I, et lois de règlement.
Le produit des droits de succession et de donation dépassera en 2017 le produit de la TICPE affecté au budget général de l’État. Pourtant, le tableau des recettes fiscales nettes du budget général figurant dans l’exposé général des motifs du présent projet de loi ne mentionne toujours pas les droits de succession et de donation.
5. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE)
La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est partagée entre l’État et divers affectataires, dont les collectivités territoriales. Ces affectations permettent essentiellement de compenser des transferts de compétence.
Affectation de la TICPE 2016-2018
Affectataire |
2016 exécution |
2017 Prévision d’exécution |
2018 Prévision |
État budget général |
15 878 |
11 219 |
13 341 |
État CAS Transition énergétique |
0 |
6 120 |
7 166 |
Sous-total État |
15 878 |
17 339 |
20 507 |
Départements |
6 281 |
6 432 |
6 538 |
Régions (hors part Grenelle) |
4 807 |
5 254 |
5 075 |
Régions part Grenelle |
607 |
569 |
615 |
Sous-total collectivités territoriales |
11 695 |
12 255 |
12 228 |
Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) |
766 |
735 |
1 076 |
Total |
28 339 |
30 379 |
33 811 |
Source : réponse du Gouvernement au questionnaire du Rapporteur général.
a. De l’exécution 2016 à la prévision actualisée pour 2017
Lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2018, la prévision actualisée de la TICPE revenant au budget général de l’État était prévue à seulement 10,4 milliards d’euros pour 2017, alors que le rendement global de la TICPE devrait être de 30,4 milliards d’euros.
Outre les transferts aux collectivités territoriales et à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (pour près de 13 milliards d’euros), cela s’expliquait par le transfert d’une fraction importante (6,9 milliards d’euros) au CAS Transition énergétique. L’article 3 du présent projet de loi de finances rectificative réduit la fraction affectée à ce compte spécial à 6,1 milliards d’euros, ce qui conduit à revoir à la hausse de 0,8 milliard d’euros la prévision de TICPE affectée au budget général de l’État.
Cette mesure de périmètre est compensée en partie par la poursuite de la trajectoire carbone (+ 1,4 milliard d’euros) et le rapprochement de la fiscalité applicable au gazole sur celle de l’essence (+ 0,3 milliard d’euros).
Des recettes nettes de ticpe 2016 aux recettes nettes de ticpe 2017 (part du budget gÉnÉral de l’état)
(en milliards d’euros)
TICPE 2016 |
Actualisation en PLF 2018 |
Actualisation en PLFR |
TICPE 2017 |
|||
Évolution spontanée |
Mesures |
|||||
Nouvelles |
Antérieures |
Périmètre |
||||
15,9 |
– 0,3 |
+ 1,7 |
– 6,9 |
+ 0,8 |
11,2 |
Source : projet de loi de finances pour 2018, annexe Évaluations des voies et moyens, tome I, et présent projet de loi de finances rectificative.
6. La taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE)
La taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), dont le rendement était auparavant de l’ordre de 60 millions d’euros, a absorbé au 1er janvier 2016 la contribution au service public de l’électricité (CSPE), laquelle a été supprimée.
Le rendement de la TICFE a ainsi fortement augmenté en 2016 pour atteindre 6,25 milliards d’euros, dont 2,05 milliards d’euros affectés au budget général et 4,2 milliards d’euros affectés au CAS Transition énergétique.
En 2017, son rendement est prévu à 7,7 milliards d’euros selon les renseignements recueillis par le Rapporteur général auprès du Gouvernement.
La hausse du rendement s’explique par des raisons techniques consécutives à la mise en œuvre de la réforme. En effet, seule une quote-part estimée à 79,7 % de la TICFE a pu être recouvrée en 2016 en raison d’un décalage de perception en 2017 qui s’explique notamment par les modalités de facturation aux consommateurs finaux.
II. Les recettes non fiscales du budget gÉnÉral
A. Un écart important par rapport à la prévision initiale
En 2017, les recettes non fiscales sont désormais estimées à 13,1 milliards d’euros, soit 1,4 milliard d’euros de moins que prévu par la loi de finances pour 2017. Le risque d’un écart important par rapport à la prévision initiale avait été mis en évidence par l’audit de la Cour des comptes de cet été.
Dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques de juin dernier ([20]), la Cour des comptes avait identifié un risque de surestimation des recettes non fiscales d’au moins un milliard d’euros dont 0,6 milliard d’euros sur les reversements au titre des garanties sur le commerce extérieur, 0,3 milliard d’euros sur les amendes prononcées par l’Autorité de la concurrence, et 0,2 milliard d’euros sur la redevance d’usage des fréquences radioélectriques.
B. Une baisse importante par rapport à 2016
Les recettes non fiscales sont en baisse de 3,1 milliards d’euros par rapport à 2016.
Cela s’explique principalement par le fait qu’une recette exceptionnelle a été constatée sur l’exercice 2016 au titre du versement de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE) à l’État à hauteur de 2,4 milliards d’euros, qui s’explique en partie par la reprise par l’État de l’activité de gestion des garanties publiques.
Pour le reste, la baisse des recettes non fiscales s’explique notamment par la diminution :
– des redevances d’usage des fréquences radioélectriques (– 0,6 milliard d’euros) dans la mesure où l’année 2016 avait été marquée par l’encaissement de recettes relatives à l’exercice 2015 ;
– des amendes prononcées par l’Autorité de la concurrence qui reviennent à leur niveau historique après deux années marquées par d’importantes condamnations (– 0,5 milliard d’euros) ;
– et des intérêts perçus sur les prêts à des banques et à des États étrangers (– 0,5 milliard d’euros).
Ces baisses sont partiellement compensées par une augmentation d’environ un milliard d’euros des dividendes et recettes assimilées.
Selon l’actualisation présentée à l’occasion du projet de loi de finances pour 2018, les recettes non fiscales pour 2017 se décomposeraient en :
– 5,08 milliards d’euros de dividendes et recettes assimilées ;
– 2,30 milliards d’euros de produits du domaine de l’État ;
– 1,08 milliard d’euros de produits de la vente de biens et services ;
– 0,45 milliard d’euros de remboursements et d’intérêts des prêts, d’avances et d’autres immobilisations financières ;
– 2,49 milliards d’euros d’amendes, de sanctions, de pénalités, et de frais de poursuite ;
– et 3,45 milliards d’euros de produits divers.
III. 93 milliards d’euros de dÉpenses fiscales pour 2017
Le tome II de l’annexe relative aux Évaluations des voies et moyens du projet de loi de finances de l’année définit les dépenses fiscales comme « des dispositions législatives ou réglementaires dont la mise en œuvre entraîne pour l’État une perte de recettes et donc, pour les contribuables, un allégement de leur charge fiscale par rapport à ce qui serait résulté de l’application de la norme, c’est-à-dire des principes généraux du droit fiscal français ».
La notion de dépenses fiscales repose donc sur l’écart à la norme fiscale et englobe l’ensemble des réductions d’impôt (qui diminuent le montant de l’impôt dû) et des crédits d’impôt (qui entraînent, si le montant du crédit est supérieur à celui de l’impôt dû, une restitution en faveur du contribuable concerné).
Les dépenses fiscales sont évaluées à 93 milliards d’euros pour 2017.
DÉpenses fiscales 2016-2018
(en milliards d’euros)
2016 exécution |
2017 prévision actualisée |
2018 prévision |
87,6 |
93,0 |
99,8 |
Source : projet de loi de finances pour 2018, annexe Évaluations des voies et moyens, tome II.
Le coût total des dépenses fiscales augmenterait ainsi de 5,4 milliards d’euros par rapport à 2016 en raison principalement de la hausse du taux et de la montée en charge du CICE (+ 3,6 milliards d’euros) et du suramortissement de 40 % sur certains investissements (+ 0,4 milliard).
coût budgétaire du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi
(en milliards d’euros)
Année |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 prévision actualisée |
2018 prévision |
Dépense fiscale du CICE |
6,6 |
12,5 |
12,9 |
16,5 |
21,0 |
Variation par rapport à l’année précédente |
+ 6,6 |
+ 5,9 |
+ 0,4 |
+ 3,6 |
+ 4,5 |
Source : comité de suivi du CICE, rapport 2017, octobre 2017 (lien).
La hausse s’explique aussi par une raison technique – indépendante de toute volonté d’augmenter les dépenses fiscales – liée à l’accroissement de la fiscalité écologique consécutive à la mise en œuvre de la trajectoire carbone. En effet, la hausse de certains impôts entraîne mécaniquement une réévaluation à la hausse du coût des dépenses fiscales de restitutions de ces mêmes impôts à certains professionnels. Tel est le cas par exemple du remboursement d’une fraction de taxe intérieure de consommation sur le gazole utilisé par certains véhicules routiers ([21]).
Coût du remboursement de TICPE sur le gazole
de certains véhicules routiers
(en millions d’euros)
Année |
2016 exécution |
2017 prévision actualisée |
2018 prévision |
Dépense fiscale |
425 |
758 |
1 137 |
Variation par rapport à l’année précédente |
+ 333 |
+ 379 |
Source : projet de loi de finances pour 2018, annexe Évaluations des voies et moyens, tome II.
— 1 —
FICHE N° 3 :
LA RÉGULATION BUDGÉTAIRE AU COURS
DE L’EXERCICE 2017
Au cours de l’exercice 2017, afin de respecter l’objectif de déficit public inférieur à 3 % du PIB, le Gouvernement a utilisé divers outils de régulation budgétaire.
La loi de finances initiale pour 2017 avait prévu un niveau de dépenses nettes du budget général de l’État (hors mission Remboursements et dégrèvements) de 318,5 milliards d’euros. Le présent projet de loi de finances rectificative prévoit un niveau d’exécution établi à 323,3 milliards d’euros, soit un niveau en augmentation de 4,8 milliards d’euros.
Évolution des dépenses nettes du budget général
(en milliards d’euros)
N.B. : hors mission Remboursements et dégrèvements.
Source : commission des finances.
En cette fin de gestion 2017, le Parlement est saisi de différents textes portant ou annonçant les mouvements de crédits suivants.
Mouvements de fin de gestion sur le budget gÉnÉral
(en millions d’euros)
Mouvements |
Décret d’avance |
Projet de loi |
Prévision |
Total |
Ouvertures |
843 |
3 439 |
1 697 |
5 979 |
Annulations |
843 |
85 |
– |
928 |
Écart |
0 |
3 354 |
1 697 |
5 051 |
N.B. : hors mission Remboursements et dégrèvements.
Source : présent projet de loi de finances rectificative.
Au total, les mouvements de crédits devraient donner lieu à une augmentation des dépenses sur le budget général de l’État de 5 milliards d’euros.
Les reports de crédits
Prévus à l’article 15 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) (1), les reports de crédits correspondent aux crédits reportés d’un exercice à l’autre. Ainsi, l’exposé général du projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour l’année 2016 a mentionné le niveau des reports :
– issus de l’exercice 2015 vers l’exercice 2016, pour un montant de 2,5 milliards d’euros en crédits de paiement sur le périmètre du budget général ;
– issus de l’exercice 2016 vers l’exercice 2017, pour un montant de 3,5 milliards d’euros en crédits de paiement sur le même périmètre, soit une augmentation d’un milliard d’euros par rapport à l’exercice précédent.
Le présent projet de loi de finances rectificative précise que le niveau de consommation des reports de crédits s’élèverait à 1,7 milliard d’euros en 2017. Cela permettrait de réduire le niveau de reports de crédits sur l’exercice suivant, à savoir 2018, afin d’apurer des reports de charges. La pratique des reports de charges a été dénoncée de façon régulière par la Cour des comptes (2). Le Rapporteur général se félicite de la démarche entreprise par l’actuel de Gouvernement d’apurement des reports de charges, dans un souci de sincérité budgétaire.
(1) Loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances.
(2) Voir par exemple Cour des comptes, La situation et les perspectives des finances publiques, juin 2017, page 29.
I. le constat de la cour des comptes : des biais de construction et des sous-budgÉtisations en loi de finances initiale
Dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques ([22]), la Cour des comptes a relevé des biais dans la construction de la loi de finances initiale pour 2017 et notamment des sous-budgétisations de dépenses.
A. un niveau de sous-budgÉtisations ÉvaluÉ À 4,2 milliards d’euros
L’analyse de la Cour a été menée sur la base des informations d’exécution de l’année antérieure et des prévisions d’exécution et décisions de dépense de l’année en cours. La Cour des comptes a relevé un niveau de sous-budgétisations établi à 4,2 milliards d’euros en loi de finances initiale pour 2017.
sous-budgÉtisations sous-jacentes À la loi de finances initiale 2017 identifiÉes par la cour des comptes
(en milliards d’euros)
Mission |
Sous-budgétisation |
Montant |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
Refus d’apurements communautaires |
0,4 |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
Crises : influenza aviaire |
0,2 |
Travail et emploi |
Prime à l’embauche |
0,2 |
Travail et emploi |
Rémunération de fin de formation |
0,1 |
Travail et emploi |
Plan de formation |
0,4 |
Travail et emploi |
Contrats aidés |
0,3 |
Défense |
Opérations extérieures, opérations intérieures et masse salariale |
0,7 |
Solidarités et santé |
Allocation aux adultes handicapés (AAH) et prime d’activité |
0,7 |
Enseignement scolaire |
Masse salariale de l’éducation nationale |
0,4 |
Immigration, asile et intégration |
Allocation pour demandeurs d’asile (ADA) |
0,2 |
Cohésion des territoires |
Hébergement d’urgence |
0,1 |
Cohésion des territoires |
Aides personnalisées au logement |
0,1 |
Autres |
Service civique, aide médicale d’État, contribution aux organismes scientifiques internationaux, etc. |
0,5 |
Total |
4,2 |
Source : Cour des comptes, La situation et les perspectives des finances publiques, juin 2017.
B. les risques de dÉpassements en dÉpenses estimÉs au total À 9,6 milliards d’euros
1. Les dépassements en dépenses des ministères, un risque évalué à 5,6 milliards d’euros
Au-delà des sous-budgétisations, la Cour des comptes a considéré que les dépassements en dépenses des ministères pourraient s’élever à 5,6 milliards d’euros selon une hypothèse moyenne, en tenant compte :
– de reports de charges, représentant 0,9 milliard d’euros ;
– d’aléas intervenus en cours de gestion, pour 0,4 milliard d’euros ;
– et de nouvelles dépenses décidées en cours de gestion, pour 0,1 milliard d’euros.
2. L’abaissement de la norme de dépenses de 1,7 milliard d’euros en avril
À ces dépassements, la Cour des comptes a ajouté l’abaissement de la norme de dépense de 1,7 milliard d’euros annoncé par le Gouvernement lors du programme de stabilité d’avril dernier. Ainsi, les risques de dépassement s’élèveraient à 7,3 milliards d’euros sur le champ de la norme zéro valeur, qui inclut les crédits des ministères, les prélèvements sur recettes au profit de l’Union européenne et des collectivités territoriales et les taxes affectées plafonnées.
3. L’incertitude concernant l’opération de recapitalisation d’Areva, un risque évalué à 2,3 milliards d’euros
Enfin, la Cour des comptes a souligné l’incertitude concernant l’opération de recapitalisation d’Areva SA pour un coût de 2,3 milliards d’euros, en intégrant l’indemnisation des actionnaires minoritaires de 300 millions d’euros, opération qui pourrait être analysée comme une dépense publique et dégrader à due concurrence le déficit public.
Le traitement comptable de la recapitalisation d’Areva
Confronté à des difficultés propres et liées à son environnement, le groupe Areva publie des résultats lourdement déficitaires depuis l’exercice 2011.
En juin 2015, le groupe Areva a en conséquence engagé un plan de restructuration juridique et financière prévoyant :
– le transfert du contrôle des activités d’Areva NP à EDF ;
– le recentrage du groupe sur son cœur d’activité qu’est le cycle du combustible nucléaire ;
– ainsi qu’une recapitalisation à hauteur de 5 milliards d’euros, souscrite par l’État et des investisseurs tiers.
Le 3 novembre 2016, l’assemblée générale extraordinaire d’Areva a validé le plan de restructuration de l’entreprise, visant à créer deux entités : Areva SA et NewCo.
Le 10 janvier 2017, la Commission européenne a donné son autorisation à l’État français pour participer aux augmentations de capital de ces deux entités, à hauteur de 4,5 milliards d’euros (1).
Ces augmentations de capital prennent la forme suivante :
– en faveur de NewCo, une augmentation de 2,5 milliards d’euros réservée à l’État et une augmentation réservée à des investisseurs japonais (Mitsubishi Heavy Industries et Japan Nuclear Fuel Limited) pour un montant de 500 millions d’euros ;
– en faveur d’Areva SA, une augmentation de 2 milliards d’euros réservée à l’État.
Comme l’a souligné la Cour des comptes, « le traitement en comptabilité nationale de ces recapitalisations dépend de leur nature : lorsque l’État reçoit en contrepartie de son apport en capital un actif de même valeur, la recapitalisation est considérée comme de nature patrimoniale et n’affecte pas le solde public ; lorsque ce n’est pas le cas, la recapitalisation est considérée comme une dépense publique et dégrade donc le solde. Pour que l’actif soit de même valeur que l’apport en capital, il faut en théorie que sa rentabilité anticipée, corrigée du risque, soit au moins égale au coût des emprunts d’État » (2).
Le critère traditionnel de distinction entre l’opération de nature patrimoniale et la dépense publique résulte de la participation ou non d’investisseurs privés à cette opération. La présence d’investisseurs privés serait un indice du caractère potentiellement rentable de l’opération.
En l’espèce, l’augmentation de capital en faveur de NewCo devrait être qualifiée d’opération patrimoniale, du fait de la présence d’investisseurs tiers.
Compte tenu de la seule présence de l’État, l’augmentation de capital en faveur d’Areva SA nécessitera la réalisation d’une analyse économique et financière afin de déterminer la nature de l’opération. A priori, celle-ci devrait être considérée comme une dépense publique par les comptables nationaux.
Dès lors, la recapitalisation d’Areva SA devrait accroître les dépenses publiques à hauteur de 2,3 milliards d’euros au titre de l’exercice 2017 (soit 2 milliards d’euros de recapitalisation d’Areva SA et 0,3 milliard d’euros d’indemnisation des actionnaires minoritaires).
(1) Avis n° 2017-A.-3 des 9 et 10 janvier 2017 relatif à l’augmentation de capital de New Areva Holding SA (NewCo).
(2) Cour des comptes, La situation et les perspectives des finances publiques, juin 2017, page 67.
Au total, les dépassements en dépenses s’élèveraient à 9,6 milliards d’euros, à politique inchangée, par rapport au vote de la loi de finances initiale pour 2017.
Les dépassements relevés par la Cour portent quasi exclusivement sur le périmètre de l’État, seules les dépenses de retraite associées au programme de stabilité peuvent apparaître comme sous-évaluées d’au moins 0,5 milliard d’euros.
II. les dÉcrets d’avance pris en 2017, un niveau inÉDIT de mouvements de crÉdits
Au titre de l’exercice 2017, le Gouvernement a pris deux décrets d’avance représentant un montant total inédit de 3,88 milliards d’euros d’ouvertures et d’annulations de crédits de paiement (CP). Sur la période 2007-2016, la moyenne des mouvements en CP s’élevait à 1,77 milliard d’euros.
mouvements issus des dÉcrets d’avance
(en milliards d’euros)
Source : commission des finances.
Ce résultat illustre la volonté du Gouvernement de répondre aux risques de dépassements en dépenses, relevés par la Cour des comptes, sans augmentation de fiscalité et, par conséquent, sans recours à une loi de finances rectificative. Le régime juridique applicable au décret d’avance permet de garantir cet objectif, puisqu’il impose une stricte compensation entre les ouvertures les annulations de crédits ([23]). Toutefois, le Rapporteur général souhaite souligner le caractère peu satisfaisant de cette procédure qui ne permet pas au Parlement de procéder à un examen détaillé et minutieux des mouvements de crédits proposés par le Gouvernement. Il conviendra donc de recourir avec une grande prudence et une extrême parcimonie à cet outil de régulation budgétaire au cours du quinquennat, conformément aux engagements du Gouvernement ([24]).
A. le dÉcret d’avance du 20 juillet 2017, reprÉSENTANT un montant de 3,04 milliards d’euros
Le décret d’avance du 20 juillet 2017 ([25]) a procédé à l’ouverture et à l’annulation de crédits pour un montant de 2,81 milliards d’euros en autorisations d’engagement (AE) et de 3,04 milliards d’euros en CP, contre une moyenne de 0,86 milliard d’euros en AE et 0,74 milliard d’euros en CP sur la période 2007-2016.
ouvertures et annulations prÉvues par le dÉcret
(en millions d’euros)
Mouvements |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Ouvertures et annulations |
2 809,3 |
3 041,5 |
Source : décret d’avance.
Lors de la présentation du décret d’avance, le Gouvernement s’est engagé à prendre des mesures d’économies complémentaires à hauteur de 1,15 milliard d’euros au cours du second semestre 2017 (mesures dites de « refroidissement de la dépense ») ([26]). Celles-ci relevaient soit de mesures de modération de la dépense par rapport à la trajectoire anticipée, soit de mesures réglementaires ne nécessitant ni avis, ni information préalable du Parlement.
Les mesures d’économies complémentaires prises à hauteur
de 1,15 milliard d’euros au cours du second semestre 2017
Les mesures complémentaires prises au cours du second semestre 2017 comportent notamment :
– sur le périmètre du ministère du travail, la diminution des flux de contrats aidés, la sécurisation de l’exécution de la prime à l’embauche, et d’autres mesures de moindre ampleur, pour un total d’environ 600 millions d’euros d’économies ;
– sur le périmètre du ministère de la cohésion des territoires, la baisse forfaitaire des aides personnalisées au logement (APL) permet d’atteindre une économie de l’ordre de 100 millions d’euros, pour une mise en œuvre au 1er octobre, en tenant compte de la mesure d’accompagnement visant à réduire le seuil de non-versement de 15 euros à 10 euros ;
– sur l’ensemble des autres ministères, le reste des mesures d’économies s’élève à environ 400 millions d’euros au total, avec par exemple, s’agissant du ministère chargé de la recherche, le redéploiement de subventions non notifiées pour couvrir les besoins liés à des engagements envers des organisations internationales.
1. Les ouvertures de crédits
ouvertures de crÉdits par ordre dÉcroissant
(en millions d’euros)
Intitulé de la mission |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage (crédits de paiement) |
Économie |
1 500 |
1 484,9 |
49 % |
Défense |
643,2 |
643,2 |
21 % |
Travail et emploi |
– |
259 |
9 % |
Immigration, asile et intégration |
217,7 |
206,2 |
7 % |
Gestion des finances publiques et des ressources humaines |
164,8 |
164,8 |
5 % |
Égalité des territoires |
122 |
120 |
4 % |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
98,9 |
101,4 |
3 % |
Sport, jeunesse et vie associative |
62,7 |
62,1 |
2 % |
Total |
2 809,3 |
3 041,5 |
100 % |
N.B. : les additions tiennent compte des arrondis.
Source : décret d’avance.
Le décret d’avance avait principalement pour objet de répondre aux insuffisances de crédits constatées en juin par la Cour des comptes. Ainsi, il a procédé aux ouvertures de crédits visant à financer :
– la recapitalisation de New Areva holding SA, à hauteur de 1,5 milliard d’euros en AE et en CP, dans le cadre de la refondation de la filière nucléaire ;
– les opérations extérieures (OPEX) et intérieures (OPINT), à hauteur de 643,2 millions d’euros en AE et en CP ;
– les dépenses relatives au plan d’urgence pour l’emploi, en particulier le prolongement du plan de formation prioritaire prévoyant 200 000 formations supplémentaires en 2017, à hauteur de 259 millions d’euros en CP ;
– les dépenses relatives à l’allocation pour demandeurs d’asile, à hauteur de 217,7 millions d’euros en AE et 206,2 millions d’euros en CP ;
– l’acquisition de l’immeuble White sis à Montrouge destiné à accueillir les services centraux de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), à hauteur de 164,8 millions d’euros en AE et en CP ;
– les dépenses d’intervention relatives à l’hébergement d’urgence, à hauteur de 122 millions d’euros en AE et 120 millions d’euros en CP ;
– les mesures liées à diverses crises sanitaires survenues début 2017 (influenza aviaire, tuberculose, salmonelles aviaires, xylella fastidiosa), à hauteur de 98,9 millions d’euros en AE et 101,4 millions d’euros en CP ;
– et les besoins de l’Agence du service civique, à hauteur de 62,7 millions d’euros en AE et 62,1 millions d’euros en CP.
2. Les annulations de crédits
Les annulations de crédits ont été réparties entre vingt-six missions du budget général, soit un niveau moyen d’annulation par mission de 108 millions d’euros en AE et de 117 millions d’euros en CP.
annulations de crÉdits par ordre dÉcroissant
(en millions d’euros)
Intitulé de la mission |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage (crédits de paiement) |
Défense |
– |
850 |
28 % |
Recherche et enseignement supérieur |
268,4 |
259,6 |
9 % |
Sécurités |
288,1 |
243,6 |
8 % |
Relations avec les collectivités territoriales |
58,8 |
216,4 |
7 % |
Écologie, développement et mobilité durables |
– |
194,7 |
6 % |
Action extérieure de l’État |
163,3 |
165,8 |
5 % |
Justice |
159,8 |
159,8 |
5 % |
Aide publique au développement |
158 |
136,2 |
4 % |
Égalité des territoires et logement |
184,9 |
130,5 |
4 % |
Gestion des finances publiques et des ressources humaines |
136,5 |
120,1 |
4 % |
Politique des territoires |
238,8 |
84,5 |
3 % |
Enseignement scolaire |
81,5 |
81,6 |
3 % |
Solidarité, insertion et égalité des chances |
66,6 |
77,2 |
3 % |
Engagements financiers de l’État |
41,2 |
65 |
2 % |
Direction de l’action du Gouvernement |
49,7 |
46,1 |
2 % |
Culture |
67 |
42 |
1 % |
Immigration, asile et intégration |
40,5 |
40,5 |
1 % |
Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation |
26,6 |
26,2 |
1 % |
Administration générale et territoriale de l’État |
31,8 |
26 |
1 % |
Santé |
22,4 |
24,5 |
1 % |
Sport, jeunesse et vie associative |
16,8 |
17,1 |
1 % |
Travail et emploi |
689,7 |
11,4 |
0,4 % |
Médias, livre et industries culturelles |
8 |
8 |
0,3 % |
Économie |
6 |
6 |
0,2 % |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
– |
5,8 |
0,2 % |
Conseil et contrôle de l’État |
5,1 |
3 |
0,1 % |
Total |
2 809,3 |
3 041,5 |
100 % |
N.B. : les additions tiennent compte des arrondis.
Source : décret d’avance.
La majorité des annulations prévues par le décret d’avance a porté sur des crédits mis en réserve, à hauteur de 78 % en AE (2,2 milliards d’euros) et de 83 % en CP (2,5 milliards d’euros).
Le projet de décret a reçu un avis favorable de la commission des finances de l’Assemblé nationale, toutefois avec deux remarques :
– l’une concernant la mission Défense, attirant l’attention du Gouvernement sur les risques de mesures de régulation excessives relatives au programme 146 Équipement des forces, eu égard aux engagements internationaux de la France ;
– l’autre relative à la mission Relations avec les collectivités territoriales, attirant l’attention du Gouvernement sur les risques de mesures de régulation excessives relatives au programme 119 Concours financiers aux collectivités territoriales et à leurs groupements, eu égard aux retards constatés dans la signature des arrêtés de subvention relatifs aux concours financiers de l’État.
La commission des finances du Sénat a émis un avis favorable sur le projet de décret d’avance, nonobstant diverses réserves.
Le décret d’avance a été ratifié par la première loi de finances rectificative pour 2017.
B. le dÉcret d’avance de novembre 2017
Le 21 novembre 2017, la commission des finances de l’Assemblée nationale a reçu du Gouvernement un projet de décret d’avance, pour un montant de 852,8 millions d’euros en AE et de 842,6 millions d’euros en CP.
ouvertures et annulations prévues par le décret
(en millions d’euros)
Mouvements |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Ouvertures et annulations |
852,8 |
842,6 |
Source : projet de décret d’avance.
1. Les ouvertures de crédits
ouvertures de crÉdits par ordre dÉcroissant
(en millions d’euros)
Intitulé de la mission |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage |
Enseignement scolaire |
467,3 |
467,3 |
55 % |
Défense |
237,8 |
237,8 |
28 % |
Égalité des territoires et logement |
65 |
65 |
8 % |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
24,8 |
24,8 |
3 % |
Action extérieure de l’État |
18,2 |
18,2 |
2 % |
Sécurités |
14,7 |
14,7 |
2 % |
Administration générale et territoriale de l’État |
19,4 |
9,2 |
1 % |
Aide publique au développement |
4,4 |
4,4 |
1 % |
Culture |
1,3 |
1,3 |
0 % |
Total |
852,9 |
842,7 |
100 % |
N.B. : les additions tiennent compte des arrondis.
Source : projet de décret d’avance.
Le projet de décret d’avance procède à des ouvertures de crédits visant à financer les dépenses :
– de personnel du ministère de l’éducation nationale, à hauteur de 467,3 millions d’euros en AE et en CP, liées principalement à la transformation de contrats aidés en emplois d’accompagnants aux élèves en situation de handicap (AESH) ;
– des OPEX et OPINT, à hauteur de 237,8 millions d’euros en AE et en CP ;
– liées à l’hébergement d’urgence des personnes migrantes en Île-de-France, à hauteur de 65 millions d’euros en AE et en CP ;
– de personnel de la mission Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales, à hauteur de 24,8 millions d’euros en AE et en CP, afin de renforcer les moyens consacrés à la gestion de la crise sanitaire de l’influenza aviaire et au traitement des aides de la politique agricole commune (PAC) 2016 reporté sur l’exercice 2017 ;
– de personnel des missions Action extérieure de l’État et Aide publique au développement, à hauteur 22,6 millions d’euros en AE et en CP, du fait de la variation de l’effet change-prix sur l’indemnité de résidence à l’étranger versée aux agents en service à l’étranger ;
– résultant de l’épisode cyclonique Irma (aide d’urgence, réquisitions décidées localement, transports maritimes ou aériens, etc.), à hauteur de 14,7 millions d’euros en AE et en CP ;
– liées à des contentieux relevant du ministère de l’intérieur, à hauteur de 19,4 millions d’euros en AE et 9,2 millions d’euros en CP ;
– les dépenses de personnel de la mission Culture, à hauteur de 1,3 million d’euros en AE et en CP, liées à l’application du dispositif Sauvadet permettant de titulariser les agents contractuels et à la prise en charge des apprentis du ministère ([27]).
2. Les annulations de crédits
Les annulations de crédits proposées par le projet de décret d’avance sont réparties entre vingt-cinq missions budgétaires, soit un niveau moyen d’annulation de 34 millions d’euros en AE et en CP.
Toutefois, la mission Travail et emploi porte le quart des annulations de CP (212 millions d’euros), principalement en raison d’une sous-consommation des crédits relatifs à la prime à l’embauche pour les petites et moyennes entreprises par rapport aux anticipations du mois de juillet dernier.
Pour rappel, le précédent Gouvernement avait mis en place une prime à l’embauche, entre le 18 janvier 2016 et le 30 juin 2017, en faveur des entreprises de moins de 250 salariés. Celles-ci devaient recruter un salarié en contrat à durée indéterminée (CDI), en contrat à durée déterminée (CDD) de six mois et plus, en contrat de professionnalisation d’une durée supérieure ou égale à six mois ou transformer un CDD en CDI. Le salarié devait être rémunéré jusqu’à 1,3 fois le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) ([28]). Ce dispositif incitatif prenait la forme d’une prime trimestrielle de 500 euros durant les deux premières années de contrat, soit un total de 4 000 euros. Le dispositif s’est éteint pour les embauches ou modifications de contrats réalisées à compter du 30 juin dernier, avec la possibilité pour les entreprises de déposer une demande de prime jusqu’au 31 décembre prochain.
La mission Justice porte un niveau élevé d’annulations de crédits (78 millions d’euros), dont 42 millions d’euros en CP sont permises par « des marges de manœuvre sur l’immobilier judiciaire » et « un pilotage des investissements informatiques », selon le rapport de motivation du projet de décret.
annulations de crÉdits par ordre dÉcroissant
(en millions d’euros)
Intitulé de la mission |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage des annulations (crédits de paiement) |
Travail et emploi |
60 |
211,8 |
25 % |
Justice |
77,9 |
77,9 |
9 % |
Recherche et enseignement supérieur |
43,9 |
60 |
7 % |
Engagements financiers de l’État |
57,1 |
57,1 |
7 % |
Enseignement scolaire |
113,7 |
56,8 |
7 % |
Gestion des finances publiques et des ressources humaines |
63,8 |
53,8 |
6 % |
Relations avec les collectivités territoriales |
0 |
48 |
6 % |
Action extérieure de l’État |
35,8 |
42,9 |
5 % |
Écologie, développement et mobilité durables |
46,3 |
42,5 |
5 % |
Culture |
87,3 |
41,1 |
5 % |
Économie |
38,6 |
24 |
3 % |
Aide publique au développement |
0 |
22,2 |
3 % |
Immigration, asile et intégration |
18,8 |
19,3 |
2 % |
Médias, livre et industries culturelles |
16,5 |
18,6 |
2 % |
Administration générale et territoriale de l’État |
15,2 |
16,0 |
2 % |
Santé |
9,8 |
9,2 |
1 % |
Sport, jeunesse et vie associative |
7,7 |
7,7 |
1 % |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
8,4 |
7,0 |
1 % |
Solidarité, insertion et égalité des chances |
6,1 |
6,1 |
1 % |
Direction de l’action du Gouvernement |
21,6 |
5,1 |
1 % |
Politique des territoires |
1,1 |
5,1 |
1 % |
Sécurités |
3,9 |
3,9 |
0 % |
Conseil et contrôle de l’État |
4 |
3,4 |
0 % |
Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation |
2,7 |
3,3 |
0 % |
Crédits non répartis |
112,6 |
0 |
0 % |
Total |
852,8 |
842,8 |
100 % |
N.B. : les additions tiennent compte des arrondis.
Source : projet de décret d’avance.
III. les dÉcrets d’annulation pris en 2017
En 2017, le Gouvernement a pris trois décrets d’annulation, dont un décret le 20 juillet 2017 portant sur des montants significatifs.
A. les décrets d’annulation portant sur des montants non significatifs
1. Le décret du 9 février 2017
Le décret du 9 février 2017 a procédé à l’annulation de crédits à hauteur de 36,7 millions d’euros en AE et 2,1 millions d’euros en CP ([29]).
annulations de crÉdits prévues par le décret d’annulation
(en euros)
Intitulé de la mission, ou du programme |
Numéro de programme |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage des annulations (crédits de paiement) |
Administration générale et territoriale de l’État |
45 |
45 |
0 % |
|
Administration territoriale |
307 |
45 |
45 |
0 % |
Culture |
658 313 |
2 000 000 |
94 % |
|
Patrimoines |
175 |
658 313 |
2 000 000 |
94 % |
Écologie, développement et mobilité durables |
35 704 210 |
|
0 % |
|
Infrastructures et services de transports |
203 |
35 670 765 |
|
0 % |
Prévention des risques |
181 |
33 445 |
|
0 % |
Enseignement scolaire |
100 446 |
100 446 |
5 % |
|
Soutien de la politique de l’éducation nationale |
214 |
100 446 |
100 446 |
5 % |
Immigration, asile et intégration |
20 621 |
20 621 |
1 % |
|
Immigration et asile |
303 |
20 621 |
20 621 |
1 % |
Recherche et enseignement supérieur |
256 143 |
|
0 % |
|
Formations supérieures et recherche universitaire |
150 |
256 143 |
|
0 % |
Sécurités |
30 |
30 |
0 % |
|
Police nationale |
176 |
30 |
30 |
0 % |
Total |
36 739 808 |
2 121 142 |
100 % |
Source : décret d’annulation.
2. Le décret du 8 août 2017
Le décret du 8 août 2017 a procédé à l’annulation de crédits à hauteur de 3,2 millions d’euros en AE et en CP ([30]).
annulations de crÉdits prévues par le décret d’annulation
(en euros)
Intitulé de la mission, ou du programme |
Numéro de programme |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage des annulations (crédits de paiement) |
Administration générale et territoriale de l’État |
2 368 802 |
2 368 802 |
74 % |
|
Administration territoriale |
307 |
2 368 802 |
2 368 802 |
74 % |
Défense |
20 884 |
20 884 |
1 % |
|
Équipement des forces |
146 |
20 884 |
20 884 |
1 % |
Écologie, développement et mobilité durables |
810 380 |
810 380 |
25 % |
|
Infrastructures et services de transports |
203 |
667 586 |
667 586 |
21 % |
Prévention des risques |
181 |
142 794 |
142 794 |
4 % |
Recherche et enseignement supérieur |
17 401 |
17 401 |
1 % |
|
Recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durables |
190 |
17 401 |
17 401 |
1 % |
Total |
3 217 467 |
3 217 467 |
100 % |
Source : décret d’annulation.
B. le décret d’annulation du 20 juillet 2017
Dans le cadre de sa démarche de sécurisation de la gestion de l’exercice 2017 et de respect de l’objectif de déficit public inférieur à 3 % du PIB, le Gouvernement a pris un décret d’annulation à hauteur de 774,4 millions d’euros en AE et de 273,6 millions d’euros en CP ([31]).
annulations de crÉdits prévues par le décret d’annulation
(en euros)
Intitulé de la mission, ou du programme |
Numéro de programme |
Autorisations d’engagement |
Crédits de paiement |
Pourcentage des annulations (crédits de paiement) |
Écologie, développement et mobilité durables |
391 649 115 |
201 906 683 |
74 % |
|
Infrastructures et services de transports |
203 |
237 873 093 |
44 901 909 |
16 % |
Sécurité et affaires maritimes, pêche et aquaculture |
205 |
14 217 811 |
20 692 411 |
8 % |
Paysages, eau et biodiversité |
113 |
34 541 405 |
39 674 389 |
14 % |
Expertise, information géographique et météorologie |
159 |
14 416 172 |
14 493 778 |
5 % |
Prévention des risques |
181 |
31 037 086 |
21 511 669 |
8 % |
Énergie, climat et après-mines |
174 |
38 534 915 |
42 175 881 |
15 % |
Service public de l’énergie |
345 |
– |
1 128 553 |
0 % |
Conduite et pilotage des politiques de l’écologie, du développement et de la mobilité durables |
217 |
21 028 633 |
17 328 093 |
6 % |
Recherche et enseignement supérieur |
130 185 252 |
71 742 389 |
26 % |
|
Recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durables |
190 |
130 185 252 |
71 742 389 |
26 % |
Travail et emploi |
252 537 842 |
– |
0 % |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l’emploi |
103 |
252 537 842 |
– |
0 % |
Totaux |
– |
774 372 209 |
273 649 072 |
100 % |
Source : décret d’annulation.
Les annulations portant sur la mission Écologie, développement et mobilité durables ont principalement concerné, selon le rapport de motivation du décret, des crédits mis en réserve ou devenus sans emploi. Seul le programme 181 Prévention des risques a fait l’objet d’annulation de crédits résultant de marges de manœuvre offertes par le redéploiement de crédits discrétionnaires, à hauteur de 2,7 millions d’euros en AE et 2 millions d’euros en CP. Les annulations de crédits concernant le programme 203 Infrastructures et services de transport ont été permises, selon le rapport de motivation, pour partie par « une meilleure maîtrise des dépenses ».
Les annulations portant sur la mission Recherche et enseignement supérieur ont concerné des crédits mis en réserve pour 76 millions d’euros en AE et 72 millions d’euros en CP. La révision des engagements sur les dispositifs dédiés au secteur aéronautique a donné lieu à des annulations de crédits à hauteur de 54 millions d’euros en AE.
Enfin, les crédits de la mission Travail et emploi ont été annulés à hauteur de 252,5 millions d’euros en AE, au titre d’une révision du dispositif de l’aide à l’embauche et de la fin de celui-ci au 30 juin 2017.
IV. le recours significatif à la mise en réserve de crédits
au cours de l’exercice 2017
Le Gouvernement a la possibilité de mettre en réserve des crédits, afin d’assurer « en exécution le respect du plafond global des dépenses du budget général voté par le Parlement » ([32]). Ces crédits sont indisponibles pour les gestionnaires de programmes, ils sont dits « gelés ».
A. Le niveau exceptionnellement élevé de la mise en rÉserve de crÉdits
1. Un taux exceptionnellement élevé de mise en réserve initiale des crédits
En 2017, le taux de mise en réserve des crédits a été maintenu à un niveau exceptionnellement élevé :
– 0,5 % des AE et des CP ouverts sur le titre 2 Dépenses de personnel ;
– et 8 % des AE et des CP ouverts sur les autres titres en moyenne sur l’ensemble des programmes dotés de crédits limitatifs, avec une possibilité de modulation en fonction de la nature des dépenses.
Compte tenu des modulations opérées sur certaines missions et certains programmes, le taux effectif de mise en réserve des crédits s’est élevé à 6,3 % sur les AE et à 6,7 % sur les CP hors dépenses de personnel et à 0,5 % sur les crédits relatifs aux dépenses de personnel ([33]).
Le taux de droit commun de 8 %, annoncé dans l’exposé général des motifs du projet de loi de finances pour 2017, est supérieur au seuil minimal fixé à 6 % par la loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 ([34]). Le taux de mise en réserve des crédits s’est accru au cours des dernières années, ce qui illustre la volonté de maîtrise des dépenses de l’État par le Gouvernement.
évolution du taux de mise en réserve
(en %)
Taux |
PLF 2012 |
PLF 2013 |
PLF 2014 |
PLF 2015 |
PLF 2016 |
PLF 2017 |
Taux de mise en réserve des crédits hors titre 2 |
5 |
6 |
7 |
8 |
8 |
8 |
Taux de mise en réserve des crédits du titre 2 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
Source : commission des finances.
Le Gouvernement a justifié ce niveau élevé de mise en réserve des crédits par « la poursuite des efforts de maîtrise stricte de la dépense publique » ([35]). Toutefois, le Rapporteur général souligne qu’un taux élevé de mise en réserve des crédits a pour effet de dénaturer l’autorisation parlementaire de dépenses votée dans le cadre de la loi de finances initiale.
Ainsi, il semble pleinement préférable de revenir à une pratique raisonnable de la mise en réserve des crédits, comme cela a été annoncé par l’actuel Gouvernement, avec un taux de mise en réserve fixé à 3 % pour les crédits autres que les dépenses de personnel. Le Rapporteur général se félicite de cette décision qui est un gage de visibilité et de sincérité budgétaire. La maîtrise de la dépense de l’État doit être mise en œuvre dès le stade de l’examen du projet de loi de finances et du vote de celui-ci par le Parlement.
Au titre de l’exercice 2017, le niveau initial de mise en réserve des crédits s’élève donc à 11,3 milliards d’euros en AE et 10,5 milliards d’euros en CP.
2. La reconduction du gel inédit des crédits reportés
Le précédent Gouvernement a décidé de geler les crédits reportés de l’exercice 2016 vers l’exercice 2017 ([36]), reprenant une mesure mise en place pour la première fois pour le report des crédits de l’exercice 2015 vers l’exercice 2016. Cette mesure complémentaire représente un dispositif généralisé dit de « surgel » des crédits.
Seul le programme 177 Hébergement, parcours vers le logement et insertion des personnes vulnérables a été exonéré de ce principe général de mise en réserve des reports de crédits.
Cette mesure représente un gel complémentaire de 1,7 milliard d’euros en AE et de 2,3 milliards d’euros en CP.
B. les mouvements relatifs aux crÉdits mis en rÉserve
Le tableau suivant permet d’observer les mouvements relatifs aux crédits mis en réserve.
Ainsi, le décret d’annulation, les décrets d’avance et le présent projet de loi de finances rectificative procèdent à l’annulation définitive de crédits, qui étaient déjà mis en réserve c’est-à-dire indisponibles pour les gestionnaires de programme.
À l’inverse, le Gouvernement peut décider de rendre de nouveau disponibles des crédits mis en réserve, via une mesure dite de « dégel » des crédits en cours de gestion.
Compte tenu de ces différents mouvements, le niveau de mise en réserve des CP s’élèverait à 8,3 milliards d’euros au 20 novembre 2017.
mouvements relatifs aux crédits mis en réserve
(en euros)
Missions (en crédits de paiement) |
Mise en réserve initiale [A] |
Gel des reports de crédits [B] |
Dégels / surgels [C] |
Décret d’avance 1 et décret d’annulation du 20/07/2017 [D] |
Décret d’avance 2 [E] |
PLFR [F] |
Réserve à date du 20 novembre 2017 [G] = A + B + C + D + E + F |
Action extérieure de l’État |
145 063 950 |
21 549 133 |
50 000 000 |
– 137 819 103 |
– 42 945 673 |
0 |
35 848 307 |
Administration générale et territoriale de l’État |
94 002 558 |
25 812 877 |
– 30 665 053 |
– 25 950 572 |
– 13 867 754 |
0 |
49 332 056 |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
176 089 404 |
274 856 746 |
– 9 882 096 |
– 2 792 867 |
– 917 556 |
0 |
437 353 631 |
Aide publique au développement |
194 426 801 |
113 437 720 |
30 000 000 |
– 136 227 743 |
– 22 201 514 |
0 |
179 435 264 |
Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation |
198 436 562 |
142 372 |
41 452 |
– 26 235 154 |
– 3 254 122 |
0 |
169 131 110 |
Conseil et contrôle de l’État |
10 395 073 |
10 495 463 |
– 14 437 367 |
– 2 349 180 |
– 2 950 000 |
0 |
1 153 989 |
Culture |
139 096 032 |
6 250 814 |
– 42 873 409 |
– 32 214 004 |
– 40 439 781 |
0 |
29 819 652 |
Défense |
1 744 552 933 |
713 675 449 |
– 809 421 888 |
– 850 000 000 |
0 |
0 |
798 806 494 |
Direction de l’action du Gouvernement |
80 326 976 |
10 421 958 |
– 26 885 333 |
– 46 073 573 |
– 1 517 325 |
0 |
16 272 703 |
Écologie, développement et mobilité durables |
561 689 657 |
34 547 513 |
155 359 277 |
– 357 248 770 |
– 16 713 961 |
0 |
377 633 716 |
Économie |
73 777 088 |
140 241 274 |
– 54 074 603 |
– 6 000 726 |
– 19 475 632 |
0 |
134 467 401 |
Égalité des territoires et logement |
1 344 305 194 |
8 595 673 |
– 60 865 391 |
– 54 486 476 |
0 |
0 |
1 237 549 000 |
Engagements financiers de l’État (hors charge de la dette) |
41 788 492 |
120 389 672 |
67 507 169 |
– 64 983 098 |
– 26 322 773 |
0 |
138 379 462 |
Enseignement scolaire |
541 707 668 |
29 297 746 |
5 458 317 |
– 79 437 090 |
– 55 351 437 |
0 |
441 675 204 |
Gestion des finances publiques et des ressources humaines |
207 415 201 |
60 715 819 |
– 45 800 000 |
– 120 051 028 |
– 47 584 430 |
0 |
54 695 562 |
Immigration, asile et intégration |
72 896 653 |
14 572 257 |
6 766 690 |
– 40 483 424 |
– 580 332 |
0 |
53 171 844 |
Justice |
281 064 494 |
71 697 405 |
– 19 785 111 |
– 157 593 277 |
– 54 194 360 |
0 |
121 189 151 |
Médias, livre et industries culturelles |
34 922 409 |
17 823 233 |
3 000 000 |
– 8 000 000 |
– 18 612 007 |
– 242 892 |
28 890 743 |
Outre-mer |
153 559 943 |
14 387 871 |
13 849 608 |
0 |
0 |
0 |
181 797 422 |
Politique des territoires |
51 950 864 |
8 784 273 |
– 18 117 728 |
– 39 017 037 |
– 3 468 851 |
– 90 253 |
41 268 |
Pouvoirs publics |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Recherche et enseignement supérieur |
660 892 705 |
206 090 660 |
– 97 976 223 |
– 248 233 655 |
– 54 551 097 |
– 100 652 |
466 121 738 |
Régimes sociaux et de retraite |
504 019 665 |
0 |
– 114 459 624 |
0 |
0 |
0 |
389 560 041 |
Relations avec les collectivités territoriales |
267 963 428 |
18 797 685 |
61 820 000 |
– 2 924 017 |
– 47 980 145 |
0 |
297 676 951 |
Santé |
88 871 201 |
0 |
4 000 000 |
– 14 808 841 |
– 9 153 541 |
0 |
68 908 819 |
Sécurités |
306 782 949 |
57 059 489 |
– 67 837 969 |
– 206 806 036 |
– 962 193 |
0 |
88 236 240 |
Solidarité, insertion et égalité des chances |
1 329 924 407 |
10 241 713 |
– 4 398 250 |
– 38 834 811 |
– 6 082 778 |
0 |
1 290 850 281 |
Sport, jeunesse et vie associative |
54 407 363 |
3 395 659 |
– 30 155 983 |
– 17 087 590 |
– 7 741 604 |
– 131 755 |
2 686 090 |
Travail et emploi |
1 112 052 570 |
277 920 412 |
17 015 122 |
– 10 098 997 |
– 210 870 728 |
0 |
1 186 018 379 |
Crédits non répartis |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
TOTAL |
10 472 382 240 |
2 271 200 886 |
– 1 032 818 393 |
– 2 725 757 069 |
– 707 739 594 |
– 565 552 |
8 276 702 518 |
Source : Gouvernement.
— 1 —
V. les mouvements de crédits réalisés en fin de gestion 2017
Le tableau suivant retrace les différents mouvements de crédits intervenant en cours et en fin de gestion de l’exercice 2017.
En particulier, celui-ci illustre le niveau des crédits disponibles pour les responsables, c’est-à-dire non mis en réserve, par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale et ouverts à la suite des reports de crédits ou issus de fonds de concours.
Ces éléments permettent de constater que le niveau des crédits effectivement disponibles apparaît globalement conforme au niveau des crédits votés en loi de finances initiale, avec des différences selon les missions budgétaires concernées.
Ainsi, la mission Outre-mer a un niveau de crédits effectivement disponibles inférieur de 10 % au niveau de crédits votés en loi de finances initiale. À l’inverse, la mission Immigration, asile et intégration présente un niveau de crédits supérieur de 30 % à celui voté en loi de finances initiale.
Missions titre 2 + hors titre 2) |
Loi de finances initiale (LFI) |
Crédits ouverts = LFI + reports + concours + DT/DV |
Réserve initiale de précaution + |
Crédits disponibles au 21 novembre |
Ouvertures de la LFR-II et du décret d’avance (DA) de fin de gestion* |
Annulations de la LFR-II et du DA de fin de gestion* |
Annulations de la LFR-II et du DA de fin de gestion* |
Crédits disponibles après la LFR-II et le DA de fin de gestion |
Crédits disponibles / crédits votés en LFI |
Action extérieure de l’État |
3 005 749 954 |
3 048 393 827 |
216 613 083 |
2 803 801 876 |
18 242 392 |
– 42 945 673 |
0 |
2 822 044 268 |
94 % |
Administration générale et territoriale de l’État |
3 106 481 758 |
3 211 405 072 |
89 150 382 |
3 122 254 690 |
28 774 159 |
– 13 867 754 |
– 2 119 068 |
3 148 909 781 |
101 % |
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales |
3 346 254 358 |
3 645 833 386 |
441 064 054 |
3 303 163 868 |
1 029 094 592 |
– 917 556 |
– 6 080 000 |
4 326 178 460 |
129 % |
Aide publique au développement |
2 604 961 214 |
2 722 918 327 |
337 864 521 |
2 385 053 806 |
4 430 446 |
– 22 201 514 |
0 |
2 389 484 252 |
92 % |
Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation |
2 537 475 714 |
2 539 004 402 |
198 620 386 |
2 340 384 016 |
0 |
– 3 254 122 |
0 |
2 340 384 016 |
92 % |
Conseil et contrôle de l’État |
649 103 040 |
664 740 995 |
6 453 169 |
657 606 229 |
15 414 875 |
– 2 950 000 |
– 998 337 |
672 022 767 |
104 % |
Culture |
2 911 573 085 |
2 947 119 831 |
102 473 437 |
2 834 860 398 |
1 256 981 |
– 40 439 781 |
– 673 304 |
2 835 444 075 |
97 % |
Défense |
40 591 037 733 |
42 054 022 912 |
1 648 806 494 |
41 048 416 418 |
312 785 349 |
0 |
0 |
41 361 201 767 |
102 % |
Direction de l’action du Gouvernement |
1 465 023 340 |
1 468 930 287 |
63 863 601 |
1 405 066 686 |
0 |
– 1 517 325 |
– 3 606 147 |
1 401 460 539 |
96 % |
Écologie, développement et mobilité durables |
9 619 758 626 |
12 525 689 239 |
751 596 447 |
11 734 717 815 |
70 000 000 |
– 16 713 961 |
– 25 779 137 |
11 778 938 678 |
122 % |
Économie |
1 879 774 519 |
2 037 799 134 |
159 943 759 |
1 877 855 375 |
0 |
– 19 475 632 |
– 4 480 071 |
1 873 375 304 |
100 % |
Égalité des territoires et logement |
18 345 025 803 |
17 993 060 051 |
1 292 035 476 |
16 745 017 971 |
200 189 903 |
0 |
0 |
16 945 207 874 |
92 % |
Engagements financiers de l’État (hors charge de la dette) |
549 756 145 |
681 645 817 |
229 685 333 |
451 960 484 |
95 012 706 |
– 26 322 773 |
– 30 802 934 |
516 170 256 |
94 % |
Enseignement scolaire |
70 011 762 821 |
70 309 076 181 |
576 463 731 |
69 730 438 501 |
467 270 597 |
– 55 351 437 |
– 1 404 624 |
70 196 304 474 |
100 % |
Gestion des finances publiques et des ressources humaines |
10 860 540 693 |
10 996 643 531 |
222 331 020 |
10 939 089 400 |
0 |
– 47 584 430 |
– 6 234 906 |
10 932 854 494 |
101 % |
Immigration, asile et intégration |
1 097 746 723 |
1 175 063 689 |
94 235 600 |
1 286 984 617 |
161 291 961 |
– 580 332 |
– 18 700 001 |
1 429 576 577 |
130 % |
Justice |
8 542 945 064 |
8 634 868 304 |
332 976 788 |
8 299 684 793 |
0 |
– 54 194 360 |
– 23 659 782 |
8 276 025 011 |
97 % |
Médias, livre et industries culturelles |
569 284 825 |
587 866 871 |
55 745 642 |
532 121 229 |
0 |
– 18 854 899 |
0 |
532 121 229 |
93 % |
Outre-mer |
2 066 902 447 |
2 036 402 015 |
181 797 422 |
1 854 604 593 |
15 120 000 |
0 |
0 |
1 869 724 593 |
90 % |
Politique des territoires |
705 941 591 |
744 762 828 |
42 617 409 |
656 628 564 |
0 |
– 3 559 104 |
– 1 812 757 |
654 815 807 |
93 % |
Pouvoirs publics |
990 920 236 |
990 920 236 |
0 |
990 920 236 |
0 |
0 |
0 |
990 920 236 |
100 % |
Recherche et enseignement supérieur |
26 949 398 853 |
27 616 800 571 |
769 007 142 |
26 764 698 893 |
0 |
– 54 651 749 |
– 5 460 075 |
26 759 238 818 |
99 % |
Régimes sociaux et de retraite |
6 307 910 203 |
6 307 919 210 |
389 560 041 |
5 918 359 169 |
21 833 184 |
0 |
0 |
5 940 192 353 |
94 % |
Relations avec les collectivités territoriales |
3 435 741 631 |
3 659 086 076 |
348 581 113 |
3 097 077 648 |
50 000 000 |
– 47 980 145 |
0 |
3 147 077 648 |
92 % |
Santé |
1 265 932 818 |
1 283 952 066 |
92 871 201 |
1 181 375 560 |
0 |
– 9 153 541 |
0 |
1 181 375 560 |
93 % |
Sécurités |
19 514 947 918 |
19 698 222 245 |
296 004 469 |
19 365 417 776 |
33 990 793 |
– 962 193 |
– 2 915 557 |
19 396 493 012 |
99 % |
Solidarité, insertion et égalité des chances |
17 845 323 953 |
17 904 347 821 |
1 335 767 870 |
16 530 258 768 |
1 208 211 321 |
– 6 082 778 |
0 |
17 738 470 089 |
99 % |
Sport, jeunesse et vie associative |
728 798 663 |
754 319 382 |
27 647 039 |
788 765 882 |
0 |
– 7 873 359 |
0 |
788 765 882 |
108 % |
Travail et emploi |
15 457 772 811 |
15 724 176 460 |
1 406 988 104 |
14 574 832 037 |
188 496 328 |
– 210 870 728 |
– 940 149 |
14 762 388 216 |
96 % |
Crédits non répartis |
24 000 000 |
24 000 000 |
0 |
24 000 000 |
0 |
0 |
0 |
24 000 000 |
100 % |
TOTAL |
276 987 846 539 |
283 988 990 767 |
11 710 764 733 |
273 245 417 299 |
3 921 415 587 |
– 708 305 146 |
– 135 666 849 |
277 031 166 037 |
100 % |
* hors réserve parlementaire et hors programme d’investissements d’avenir (PIA).
DT : décrets de transfert ; DV : décrets de virement ; LFR : loi de finances rectificative.
Source : Gouvernement.
— 1 —
FICHE N° 4 :
LES DÉPENSES DE L’ÉTAT DANS LE CADRE
DU PROJET DE LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE
Le présent projet de loi de finances rectificative prévoit une augmentation des dépenses de l’État (budget général et prélèvement sur recettes) de 2,5 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2017.
I. une prÉvision d’augmentation des dÉpenses de l’État de 2,5 milliards d’euros par rapport À la loi de finances initiale
Le présent projet de loi de finances rectificative anticipe une augmentation du niveau de dépenses de l’État de 2,5 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2017.
Cela résulte de deux mouvements contraires :
– une augmentation des dépenses du budget général de 4,8 milliards d’euros au cours de l’exercice (dont 3,4 milliards d’euros d’ouvertures de crédits au titre du présent projet de loi de finances rectificative, 1,7 milliard d’euros au titre de la prévision de consommation de reports de crédits, compensé par une annulation de crédits de 274 millions d’euros issue du décret d’annulation du 20 juillet dernier) ;
– et une diminution des dépenses relatives aux prélèvements sur recettes de 2,3 milliards d’euros.
l’Évolution des dÉpenses de l’État
(en milliards d’euros)
Dépenses de l’État |
Exécution 2016 |
LFI 2017 |
Prévision PLFR 1 |
Prévision PLFR 2 |
Écart LFI 2017 / PLFR 2 (en %) |
Dépenses du budget général |
310,7 |
318,5 |
322,5 |
323,3 |
4,8 |
Prélèvements sur recettes (PSR) |
65,5 |
63,1 |
62,4 |
60,8 |
– 2,3 |
PSR – collectivités territoriales |
46,5 |
44,4 |
44,5 |
44,4 |
0,0 |
PSR – Union européenne |
19,0 |
18,7 |
17,9 |
16,4 |
– 2,3 |
Total des dépenses (budget général et prélèvements sur recettes) |
376,2 |
381,6 |
384,8 |
384,1 |
2,5 |
Source : présent projet de loi de finances rectificative.
Ainsi, l’exécution 2017 devrait s’établir en augmentation de 7,9 milliards d’euros par rapport à l’exécution 2016, soit une hausse de 2,1 %.
La baisse de dépenses au titre du prélèvement sur recettes
au profit de l’Union européenne
La dépense au titre du prélèvement sur recettes au profit de l’Union européenne devrait être en baisse de 2,3 milliards d’euros par rapport à la prévision de la loi de finances initiale.
Le ministre de l’action et des comptes publics a précisé devant la commission des finances de l’Assemblée nationale que le besoin de financement de l’Union européenne était en baisse de 10 milliards d’euros par rapport à la prévision actualisée pour 2017 du projet de loi de finances pour 2018 (1), dont :
– 8 milliards d’euros, au titre du budget de cohésion du fait d’une sous-exécution importante par certains pays de l’Est, notamment des dépenses d’infrastructures ;
– et 2 milliards d’euros, au titre du niveau élevé du produit des amendes, minorant à due concurrence les contributions des États membres.
(1) Assemblée nationale, commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire, mercredi 15 novembre 2017, séance de 13 heures 15, compte rendu n° 46.
II. les mouvements de crÉdits prÉvus par le prÉsent projet
de loi de finances rectificative
Le présent projet de loi porte différents mouvements de crédits sur le budget général, tant en ouvertures qu’en annulations. Au total, le présent projet de loi de finances rectificative ouvre pour un montant de 3,4 milliards d’euros de crédits de paiement (CP) par rapport à la loi de finances initiale pour 2017, hors mission Remboursements et dégrèvements.
OUVERTURES ET ANNULATIONS DE CRÉDITS sur le budget gÉnÉral
EN LFR de fin d’annÉe
(en millions d’euros, en crédits de paiement)
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
|
Ouvertures |
1 421 |
1 084 |
5 272 |
3 373 |
849 |
3 581 |
791 |
1 712 |
4 785 |
5 595 |
3 439 |
Annulations |
− 1 422 |
− 1 013 |
− 6 510 |