Document mis en distribution le 9 novembre 1999 N° 1861 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR PAR M. DIDIER MIGAUD, Rapporteur Général, Député. ANNEXE N° 40 Rapporteur spécial : M. JeanMichel BOUCHERON Député ____ (1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page. Lois de finances. La commission des finances, de léconomie générale et du plan est composée de M. Augustin Bonrepaux, président ; M. Didier Migaud, rapporteur général ; MM. Michel Bouvard, Jean-Pierre Brard, Yves Tavernier, vice-présidents, MM. Pierre Bourguignon, Jean-Jacques Jégou, Michel Suchod, secrétaires ; MM. Maurice Adevah-Poeuf, Philippe Auberger, François d'Aubert, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, François Baroin, Alain Barrau, Jacques Barrot, Christian Bergelin, Eric Besson, Alain Bocquet, Jean-Michel Boucheron, Mme Nicole Bricq, MM. Christian Cabal, Jérôme Cahuzac, Thierry Carcenac, Gilles Carrez, Henry Chabert, Didier Chouat, Alain Claeys, Charles de Courson, Christian Cuvilliez, Arthur Dehaine, Jean-Pierre Delalande, Francis Delattre, Yves Deniaud, Michel Destot, Patrick Devedjian, Laurent Dominati, Raymond Douyère, Tony Dreyfus, Jean-Louis Dumont, Daniel Feurtet, Pierre Forgues, Gérard Fuchs, Gilbert Gantier, Jean de Gaulle, Hervé Gaymard, Jacques Guyard, Pierre Hériaud, Edmond Hervé, Jacques Heuclin, Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, MM. Michel Inchauspé, Jean-Pierre Kucheida, Marc Laffineur, Jean-Marie Le Guen, Guy Lengagne, Maurice Ligot, François Loos, Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, MM. Pierre Méhaignerie, Louis Mexandeau, Gilbert Mitterrand, Jean Rigal, Alain Rodet, Nicolas Sarkozy, Gérard Saumade, Philippe Séguin, Georges Tron, Philippe Vasseur, Jean Vila.
CHAPITRE PREMIER LE CONTEXTE EUROPÉEN Le secteur de la défense vit une période de mutation de grande ampleur en Europe comme en France. Si les avancées politiques et institutionnelles sont incontestables depuis notamment la déclaration de Saint-Malo, en décembre 1998, entre la France et la Grande-Bretagne, confirmée au sommet européen de Cologne en juin 1999, la crise du Kosovo a montré les limites de lautonomie daction militaire de lEurope. Il faut reconnaître que la plupart des pays européens continuent à pratiquer une politique de réduction des budgets de défense difficilement compatible avec un discours affirmant une capacité dautonomie de la défense européenne par rapport aux États-Unis. Une fois de plus, cest dans le domaine industriel que le volontarisme européen est le plus concret notamment grâce à la recomposition industrielle aéronautique et spatiale qui a pris un tournant décisif en cet automne 1999 grâce à la fusion annoncée entre Aérospatiale-Matra et Dasa. I. QUELS CRITÈRES DE CONVERGENCE A. LA BAISSE DE LEFFORT FINANCIER EUROPÉEN La part des dépenses de défense dans le PIB a baissé partout au cours de la décennie 1990, en Europe comme aux États-Unis, comme le montrent les chiffres ci-après.
(en % du PIB) On constate la position médiane de la France qui, avec 2,36 % du PIB consacrés en 1997 à la défense, est à mi-chemin des États-Unis (3,38 %) et de la plupart des pays européens. Lécart avec la Grande-Bretagne et même les États-Unis sest resserré depuis 1990. On doit souligner aussi le niveau très bas de lAllemagne et lattitude de lItalie qui a peu réduit son effort, il est vrai déjà assez bas en début de période, alors que lEspagne, dans la même situation en 1990, a choisi le chemin inverse. Depuis 1997, cette logique na pas varié. La France a subi lencoche de 1998 mais a repris son effort en 1999. Certains pays se sont engagés dans des réformes plus inquiétantes. Cest notamment le cas de la Suède, pourtant dotée dune importante industrie darmement, qui procède à des réductions massives de crédits et de format darmée, mais aussi de lAllemagne dont le rôle est fondamental dans la coopération en matière darmement. Alors que la Commission dite des « structures » réfléchit à lévolution de la Bundeswehr à moyen terme, le ministre des Finances a annoncé des mesures déconomies drastiques pour les années à venir. Le budget de la défense passerait ainsi de 47,3 milliards de marks en 1999 à 45,3 milliards en 2000 et progressivement à 43,7 milliards en 2003. Si ces mesures sont avalisées par le Parlement, leurs conséquences sur les grands programmes en coopération (avion de transport européen ATF, hélicoptère NH 90 et véhicule blindé de combat dinfanterie VBCI, notamment) peuvent être particulièrement inquiétantes. Au-delà des chiffres globaux de leffort de défense, ce qui compte aussi cest la structure de cet effort qui varie considérablement dun pays à lautre pour des raisons historiques ou stratégiques. B. LA DIVERSITÉ DES DÉPENSES REPRÉSENTATIVES DE LEFFORT DE DÉFENSE La comparaison de leffort de défense appelle de nombreuses précautions méthodologiques. Les chiffres évoqués ci-dessus excluaient les dépenses de pensions, ce qui paraît logique. Dautres retraitements de périmètre devraient être envisagés : existence dune Gendarmerie, darsenaux, etc. Les différences de format sont importantes et dépendent fortement du degré de professionnalisation. Pour linstant, seuls les Pays-Bas, la Belgique, la Grande-Bretagne, la France et lEspagne ont renoncé à la conscription. Il faut aussi prendre en compte le clivage civils/militaires mais aussi lorganisation militaire proprement dite (Marines aux États-Unis, Gurkhas britanniques, etc.). Lun des critères budgétaires les plus pertinents en matière de comparaison internationale est celui de leffort déquipement de défense par rapport au PIB. Il permet notamment de mesurer le budget dacquisition de chacun en vue de coopérations internationales. Il neutralise limpact de lorganisation des forces et permet de disposer dune appréciation sur le clivage fonctionnement/équipement. Les chiffres ci-après mesurent les dépenses de défense en capital selon la nomenclature OTAN, cest-à-dire agrégeant les dépenses de fabrication, de recherche, de développement et dinfrastructure.
(1) Estimations. Ces chiffres traduisent la baisse généralisée de leffort déquipement des pays occidentaux. Toutefois, cette décroissance est plus ou moins affirmée. Elle reflète bien sûr la baisse de leffort global de défense mais aussi les arbitrages faits entre la baisse des dépenses de fonctionnement et celles déquipement. On constate ainsi que lAllemagne a sacrifié davantage encore son budget déquipement qui représente moins de 30 % du total que ses dépenses de fonctionnement. Ses dépenses de rémunération sont ainsi élevées en raison à la fois de son format, de son taux de professionnalisation important pour une armée de conscription (60 %) et du niveau de rémunération de ses appelés. De même, la Grande-Bretagne na pas réussi à préserver son budget déquipement et dacquisition qui ne représente plus que 31 % de son budget total en 1997. Alors que la tentation pourrait être forte, en période de contraction du budget de la défense, dutiliser les dépenses en capital comme variable dajustement, le gouvernement britannique affirme quil donnera la priorité à léquipement des forces. La « strategic defence review » a confirmé cette intention pour les années à venir. Ici encore, la France a adopté une position médiane. Il faut toutefois constater que si lon prend en compte les dépenses exécutées (après impact du financement des OPEX notamment) et sans remettre en cause la ventilation des dépenses entre titre III et titre V qui a parfois tendance à gonfler artificiellement le titre V (fonds dadaptation industrielle), on constate un processus préoccupant de « cannibalisation » des crédits déquipement par les dépenses de fonctionnement qui approchent actuellement de 60 % du total du budget. Dès lors, on comprend que la définition de critères budgétaires de convergence pour les pays de lEurope de la défense sera longue et complexe. Il sera nécessaire de disposer de référentiels communs à lensemble des pays concernés. Il serait sans doute peut réaliste de vouloir établir demblée des objectifs fixes et précis qui soient identiques pour tous les pays de lUnion européenne sagissant des moyens de défense, qui demeurent un attribut de la souveraineté nationale. En cela, la notion de critères de convergence appliquée à la défense ne devra pas reproduire à lidentique le mécanisme adopté pour lunion monétaire, notamment dans le domaine budgétaire. Ceci est notamment vrai pour la part de la défense dans le PIB, même si lon peut imaginer de fixer dans ce domaine un objectif « moyen » pour lensemble des pays de lUnion. Enfin, il faudra nécessairement accompagner ces critères budgétaires de critères capacitaires qui seuls comptent en matière de projection de forces ou de coopération militaire, en laissant aux États la liberté daffecter et de consommer leurs ressources selon les procédures quils veulent. Il serait plus utile de fixer des obligations de résultat que de moyens. Des normes dactivité et dentraînement par type darmées, des volumes de forces et de matériels projetables constituent autant dexemples de ce type de critères capacitaires. Une certaine harmonisation des efforts paraît enfin un préalable à une phase ultérieure de partage ou de mutualisation des capacités qui pourrait senvisager pour des équipements particulièrement coûteux. II. LES DIFFICULTÉS DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE EN MATIÈRE DARMEMENT La conduite de programmes en coopération internationale nest pas une nouveauté puisquelle remonte au moins aux années 1960 entre la France et lAllemagne ou la France et la Grande-Bretagne, notamment sur des programmes de missiles. Ce qui est nouveau, en revanche, cest la part prise par ces programmes et le début dinstitutionnalisation de la coopération européenne dans ce domaine avec la montée en puissance de lOrganisation conjointe de coopération en matière darmement (OCCAR). Il faut toutefois reconnaître que cette politique nest pas toujours auréolée de succès et que la coopération réserve parfois de mauvaises surprises comme le montre la liste croissante des blocages quelle engendre. A. LA LISTE DES BLOCAGES SALLONGE Sur lensemble de la programmation, les programmes conduits en coopération européenne, au nombre dune vingtaine, mobiliseront de lordre de 30 milliards de francs, soit plus de 9 % des crédits de paiement consacrés à léquipement des armées. Compte tenu des décisions prises lors de la revue des programmes de lhiver 1998, cette part devrait sélever à 14 % en 2002.
Les raisons de cette politique qui ne fera que se développer dans les années à venir sont connues : baisse des coûts à la charge de chaque État, promotion de linteropérabilité des matériels darmées appelées à agir ensemble, amorce dune identité européenne de défense. La coopération européenne est indispensable mais elle nest pas le remède à toutes les difficultés de la conduite des programmes. Elle génère immanquablement des étalements de calendrier en raison de la difficulté de concilier les besoins et les échéances de chacun ; la définition des spécificités est souvent plus cumulative que rationalisée. De même, la règle du juste retour complique le partage industriel et les motivations des partenaires napparaissent pas toujours très clairement dès le début de la coopération. En cas de retrait dun partenaire majeur, les autres États ont du mal à rebondir et doivent parfois sacrifier des capacités initialement jugées importantes mais impossibles à financer sans le partenaire déficient. La baisse générale des budgets de défense et les calendriers décalés des différents gouvernements qui lancent les uns après les autres des revues des programmes et des exercices systématiques de réduction de coûts ne facilitent pas la rapidité de la prise de décision. Des reports ou des échecs apparaissent ainsi de plus en plus souvent même si, inversement, dautres programmes se déroulent bien ou sont lancés sur de bonnes bases. En matière spatiale par exemple, léchec est patent après le retrait allemand des satellites dobservation optique et radar et le renoncement des Britanniques à sengager sur le satellite de télécommunication successeur de Syracuse II en 1998. En matière déquipement terrestre, le VBCI est parti sur des bases fragiles puisque les besoins des différentes armées nétaient pas rigoureusement les mêmes, les uns voulaient un véhicule de combat, les autres un véhicule de transport de troupes. De fait, la France a lancé un appel doffres purement national sur la version du véhicule de combat dinfanterie. La France a aussi décidé de ne pas participer à la phase dindustrialisation du missile antichar de troisième génération à longue portée. Dans le domaine naval, la Grande-Bretagne a abandonné le programme de frégates Horizon après trois années de négociation alors que le besoin français descorte antiaérienne du porte-avions est avéré. Ne demeure que la coopération sur le système principal de missile antiaérien (principal anti-air missile system), cest-à-dire sur le système darmes des frégates. De son côté, la France a décidé en 1998 son retrait du programme de porte-torpille MILAS à lissue de la phase de développement menée conjointement avec lItalie. Dans le domaine aéronautique, des inquiétudes portent sur le calendrier de lhélicoptère de transport NH90. Les réductions budgétaires en Allemagne, les intérêts variables des différents partenaires pour chacune des deux versions (transport tactique et version navale), la réouverture de lappel doffres par les Pays-Bas, les échéances rapides des Scandinaves et notamment des Finlandais composent un contexte périlleux. Même si certains programmes en coopération connaissent un déroulement satisfaisant comme lhélicoptère de combat Tigre ou le radar de contrebatterie Cobra, il est certain que lorganisation héritée de la situation antérieure génère trop de retards dans la conduite des programmes. Lintégration accélérée de lindustrie darmement européenne permettra de surmonter quelques uns des handicaps de la coopération comme par exemple les questions de partage industriel. Le lancement dun programme structurant de lenvergure de lavion de transport européen pourrait aussi permettre de repartir sur des bases plus optimistes. La montée en puissance de lOCCAR (organisme conjoint de coopération en matière darmement) devrait enfin atténuer la puissance des égoïsmes nationaux. B. LA LENTE ÉMERGENCE DE LOCCAR Lorganisme conjoint de coopération en matière darmement (OCCAR) créé en 1996, regroupe aujourdhui la France, lAllemagne, lItalie et le Royaume-Uni. Lélargissement de cette organisation à de nouveaux États a été envisagé dès sa mise en place. Une des conditions dadhésion est la participation du pays demandeur à un programme géré par lOCCAR. Ladhésion des Pays-Bas est actuellement en cours. La Belgique sest aussi portée candidate et le conseil de surveillance de lOCCAR a donné un accord de principe. La convention internationale signée à Farnborough le 9 septembre 1998 a créé les conditions du développement de cette institution. Les avancées obtenues dans cette convention ne sont pas minces comme en témoigne la liste suivante : · renoncement à un calcul analytique du juste retour industriel programme par programme, pour le remplacer par la recherche dun équilibre global multi-programmes et pluriannuel (article 5) ; · attribution à lOCCAR de lélaboration des spécifications techniques conjointes pour le développement et lacquisition déquipements définis en commun (article 8) ; · coordination des investissements et de lutilisation des centres dessais (article 8) ; · interdiction faite au personnel de lOCCAR daccepter des instructions daucun gouvernement ni autorité extérieure à lOCCAR (article 22) ; · reconnaissance de la personnalité juridique la plus large qui lui permettra de conclure des contrats, dacquérir des biens meubles ou immeubles et dester en justice (article 39). Lobtention de la personnalité juridique est ainsi une étape majeure dans la mesure où elle conférera à lOCCAR une capacité contractuelle spécifique, indispensable à la conduite de programmes mais encore faut-il obtenir la ratification de cette convention par chacun des quatre Parlements des pays signataires. En France, après lavis favorable du conseil dÉtat, le projet de loi de ratification a été adopté en Conseil des ministres le 26 août 1999. Il sera examiné à lautomne par le Sénat, puis par lAssemblée nationale. Lobjectif des nations partenaires est dobtenir la personnalité juridique de lOCCAR au 1er janvier 2000. Les nations partenaires de lOCCAR constituent un référentiel, actuellement en phase finale délaboration, de règles de gestion et de procédures inspirées des méthodes en vigueur dans leurs administrations. Dans le domaine des acquisitions notamment, les quatre pays se sont mis daccord sur des principes structurants (mise en concurrence systématique dans tous les pays européens, extension à la concurrence extra-européenne en cas de réciprocité effective, abandon du juste retour industriel programme par programme ), totalement nouveaux par rapport aux pratiques traditionnelles de la coopération. La définition des modalités dapplication de ces règles est bien avancée. Intégrée au sein de lOCCAR, chaque direction de programme le sera également dans son fonctionnement avec les États-majors. Léquipe ainsi constituée sera rassemblée en un même lieu, chaque membre de léquipe disposant dune large délégation de sa hiérarchie et travaillant dans lintérêt du programme plutôt quen fonction de consignes nationales. Léchelon central de lOCCAR définira, en liaison avec les nations, la politique et assurera la synthèse et la coordination des actions vis-à-vis des directions de programme. Lors de la signature de larrangement administratif instituant lOCCAR en novembre 1996 à Strasbourg, il a été convenu dexclure a priori de lOCCAR tout programme géré par une agence de lOTAN, cest la raison pour laquelle lEurofighter et lhélicoptère NH 90 ne sont pas intégrés à lOCCAR. La convention signée le 9 septembre 1998 à Farnborough prévoit que tout programme mené en coopération entre les États membres puisse être intégré à lOCCAR. Les modalités détaillées dune telle intégration, notamment les dispositions transitoires, font lobjet dun accord entre les États membres concernés et lOCCAR. LOCCAR, qui comprend une trentaine de personnes dans son échelon central à Bonn a intégré depuis sa création les programmes franco-allemands Tigre, Hot, Roland, Milan et Brevel et, en 1999, le programme franco-germano-britannique Cobra et le programme franco-italien de missile famille sol-air futur FSAF. Les programmes de canon automoteur PzH 2000 et de missile antichar AC3G MP sont actuellement en phase dintégration. Les modalités dintégration des programmes de véhicule blindé de combat dinfanterie VBCI, de système didentification IFF futur, de système darmes PAAMS, davion de transport futur ATF, de missile antichar AC3G LP, de satellite dobservation Hélios II, sont en cours danalyse et de discussion. Le succès de lOCCAR auprès des nations se retrouve dans lallongement, dannée en année, de cette liste de programmes dont lintégration est envisagée ou fait lobjet de discussions. Lamplification de ce succès et la confirmation de la volonté des nations dadapter leurs méthodes de travail à la coopération européenne constituent pour lOCCAR le défi à relever pour les années à venir. III. LACCÉLÉRATION Lannonce faite le 14 octobre 1999 du rapprochement des activités dAerospatiale-Matra et de Daimler Chrysler Aerospace (DASA) en vue de créer la société européenne daéronautique, de défense et spatiale (EADS), est un événement absolument majeur qui concrétise enfin des années de négociation laborieuses entre les grands industriels européens de larmement. Elle avait été précédée, en France et au Royaume-Uni, de la constitution de champions nationaux issus, dune part, de la fusion dAerospatiale et de Matra Haute technologie, et dautre part, de British Aerospace et de GEC Marconi. Cette nouvelle fusion donnera naissance à un groupe européen, lEADS, qui sera le numéro trois mondial de laéronautique, de lespace et de la défense avec un chiffre daffaires de lordre de 20 milliards deuros et 89.000 employés. Ce sera le numéro un dans laéronautique civile, les hélicoptères, les lanceurs spatiaux, les satellites et les systèmes de missiles. Certains de ses effets bénéfiques sont évidents : · le déblocage de la négociation sur la transformation dAirbus en société de plein exercice puisque EADS en détiendra 80 % ; · lachèvement de lunification de lindustrie missilière européenne autour de la filiale commune de British Aerospace et Aerosptiale-Matra, Matra BAe Dynamics (MBD) ; · la consolidation dEurocopter comme numéro un mondial des hélicoptères ; · la crédibilité renforcée de lA400 M comme réponse au programme davion de transport futur (ATF). Certains ajustements de périmètre devront être redéfinis avec dautres industriels du secteur comme British Aerospace ou Thomson-CSF. Sur un plan purement français, la situation de Dassault Aviation devra être clarifiée notamment en relation avec son projet de filialisation des activités civiles. Il nen demeure pas moins que lobjectif de restructuration fixé aux industriels le 9 décembre 1997 par les chefs de gouvernement de la France, de lAllemagne et du Royaume-Uni est en passe dêtre atteint, même si lélectronique de défense est pour le moment en dehors de la société européenne qui se dessine et si des négociations complémentaires devront être menées avec la Grande-Bretagne. Il appartient dès lors à ces chefs de gouvernement de respecter à leur tour leur part du contrat et dapporter des réponses aux demandes des industriels afin doptimiser les effets de la fusion. Dans leur réponse en date de mars 1998, les industriels avaient en effet demandé aux pouvoirs publics de préciser leurs instructions et de les aider à surmonter un certain nombre de points de blocage dordre administratif ou institutionnel comme : · lharmonisation des besoins opérationnels ; · la sécurité des approvisionnements ; · la réglementation des exportations ; · la sécurité des informations ; · la réglementation fiscale ; · la protection contre les offres publiques dachat. Le 6 juillet 1998, les ministres de la Défense de six pays européens avaient signé une lettre dintention qui précisait lorganisation et le calendrier des travaux à conduire afin de définir des règles efficaces de fonctionnement des futures sociétés transnationales notamment en matière de sécurité dapprovisionnement, de procédures dexportation, de sécurité de linformation, de recherche et technologie, de droits de propriété industrielle et dharmonisation des besoins opérationnels. Ces travaux doivent maintenant trouver une issue rapide, avant la constitution effective de la société EADS mi-2000, notamment en matière dharmonisation des règles dautorisations dexportations darmement. Il en va de la compétitivité dEADS face à ses concurrents américains qui ne rencontrent pas ce type dobstacles à leur développement. Il est légitime de saluer à ce stade la grande performance des instances politiques françaises dans cette négociation difficile dont lenjeu capital et historique pour la construction de lEurope de la Défense se mesure aux conséquences consternantes à long terme quaurait eues un éventuel échec. LAISSER CETTE PAGE SANS NUMÉROTATIONCHAPITRE II LE BUDGET DE LA DÉFENSE Le budget de la Défense est le seul budget de lÉtat qui dispose dun référentiel pluriannuel public, la loi de programmation militaire (LPM), qui permet à chacun de mesurer lécart entre les engagements pris et la concrétisation annuelle que permettent lévolution de la conjoncture ou les contraintes de limprévu. Prévoir et quantifier plus de six années à lavance est un exercice difficile. La programmation 19972002, caractérisée par la professionnalisation, a accru encore la gageure en encadrant aussi les crédits de fonctionnement (titre III) en plus des crédits déquipement traditionnellement seuls visés par la programmation. Chaque année, il est donc logique et légitime de comparer les crédits proposés à ceux qui figuraient théoriquement dans léchéancier et déventuellement expliquer lécart constaté. On pourra ainsi souligner le contexte contraint de lélaboration de la LPM en 19951996, années marquées par des mouvements erratiques dannulations de crédits dune ampleur inégalée, qui a perduré sous une forme plus mesurée en 1997, constater « lencoche » de 1998, se féliciter de la consolidation de 1999 et interpréter le décalage entre les crédits de paiement et les autorisations de programme inscrits dans le projet de budget pour 2000. Il faut néanmoins sefforcer daller au-delà en soulignant la complexité particulière de cette LPM qui doit assurer le financement des armées lors de lune des plus grandes mutations de notre histoire militaire. Si nombre darbitrages sexpliquaient en effet dans un passé récent par des paramètres externes à la défense (situation des finances de lÉtat essentiellement), il nen va plus tout à fait de même ces dernières années. Les budgets initiaux de la défense et leur régulation infra-annuelle sont aussi largement déterminés par des évolutions internes au ministère. Une lecture des budgets 19982000 privilégiant le clivage entre le fonctionnement et léquipement et, au sein des crédits déquipement, distinguant la notion dengagement de la dépense (AP) de celle de paiement (CP) illustre cette affirmation. I. LES ARBITRAGES DE 1998 ET 1999 : La régulation budgétaire des années 19971999 ne sest plus exclusivement manifestée sous la forme dabattements nets de crédits, décidés de manière brutale et forfaitaire, au nom de léquilibre du budget de lÉtat et des critères de convergence de lUnion monétaire comme en 1995/1996. Elle sest davantage présentée comme un transfert de crédits en provenance du titre V à destination du titre III, légitimé par une double cause quil faut détailler : · la construction budgétaire initiale ne permet pas de faire face aux tensions observées sur le titre III, résultats dune augmentation des dépenses de rémunération et du coût des opérations extérieures ; · le financement de ces dépenses imprévues peut se faire par ponction des crédits déquipement puisque le niveau observé de la consommation laisse dimportants volumes disponibles. A. LA PRESSION DES DÉPENSES DE RÉMUNÉRATION Le titre III du budget de la défense est difficile à boucler en cours dannée, non pas en raison des dépenses de fonctionnement, dont la baisse est même en avance sur la programmation, mais des dépenses de rémunérations et charges sociales (RCS), comme le montre particulièrement lexécution de lannée 1998.
La progression atypique des subventions de fonctionnement provient de lapurement dimpayés de la France auprès de lOTAN partiellement financés par une ouverture de crédits de 215 millions de francs en loi de finances rectificative pour 1998. Lannée 1998, avec une progression de 6 % des rémunérations, a été le révélateur de tensions dont lorigine était partiellement antérieure. On estime ainsi que sur les 4,5 milliards de francs de crédits supplémentaires ouverts au titre III en 1998 (décret davance du 21 août 1998 et loi de finances rectificative), 2,8 milliards de francs finançaient des charges de RCS non prises en compte dans la construction budgétaire initiale (hors OPEX) et que cette somme se décomposait comme suit : · 1,5 milliard de francs de reports de charges hérités des exercices antérieurs ; · 500 millions de francs résultant dune insuffisante prise en compte du « glissement vieillesse, technicité » (poste qui représentait déjà 200 millions de francs de dépenses supplémentaires constatées dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 1997), des conséquences de lindemnité compensatrice de la CSG ou de lévolution de la valeur du point dans la fonction publique ; · 738 millions de francs de surcoût constaté sur les rémunérations des appelés en raison dune activation contestable des volontariats pour un service long par larmée de Terre et, dans une moindre mesure, par la Marine. Ce dernier point mérite quelques précisions. En 1997 et 1998, larmée de Terre et la Marine navaient pas su résister à la demande de volontariat service long (VSL) de la part des appelés. Les droits autorisés en VSL sont en effet de 10 % de leffectif du contingent. Ce plafond a été largement dépassé. Ainsi, les effectifs de VSL de larmée de Terre étaient de 16.200 en moyenne sur lannée 1998 pour un effectif autorisé de 8.979, soit un sureffectif moyen de 7.221. Par ailleurs, les contrats ont été passés dès le début de la période de service des appelés concernés, ce qui a généré des coûts supplémentaires. En effet, les appelés volontaires pour un service long (deux ans) bénéficient dune majoration de solde dun coefficient multiplicateur de 1,5 du premier au sixième mois, de 2 du septième au douzième mois, de 3,65 du douzième au dix-huitième mois et de 4,5 du dix-neuvième au vingt quatrième mois. Lampleur du décalage expliquait linsuffisance de crédits, de lordre de 380 millions de francs pour 1998 au seul titre des soldes, sans tenir compte des besoins supplémentaires induits sur les indemnités. Le même mécanisme de financement a été mobilisé en 1999 puisque le décret davance du 2 septembre 1999 a ouvert 4,050 milliards de francs de crédits au titre III dont 1,250 milliard de francs étaient destinés à couvrir des reports de charges en RCS de la gestion 1998 et des insuffisances de la construction budgétaire pour 1999 qui portaient sur cinq catégories de dépenses : · les majorations dindemnités pour charges militaires ; · les compléments et suppléments de charges militaires liés à la mobilité ; · les indemnités de départs des sous-officiers et militaires du rang ; · les primes dengagement ; · les volontaires pour un service long. Dans son rapport sur lexécution des lois de finances pour 1998, la Cour des comptes a mis laccent sur lévolution des rémunérations des personnels militaires des trois armées et de la Gendarmerie qui sont passées de 57,3 milliards de francs en 1997 à 60,7 milliards de francs en 1998, soit une augmentation de 5,9 %. La Cour estime que la revalorisation du point de la fonction publique (avril et novembre 1998) a généré un surcoût de 650 millions de francs sur les soldes quil faudrait majorer dau moins 10 % pour prendre en compte les indemnités. La Cour affirme aussi que les rémunérations accessoires (primes et indemnités) ont participé à laugmentation des dépenses pour plus dun milliard de francs en 1998 en raison essentiellement de la progression des pécules et indemnités de départ et de lindemnité exceptionnelle destinée à pallier les effets du transfert des cotisations dassurance maladie vers la CSG. Pour sa part, le contrôleur financier écrit dans son rapport au Parlement sur lévolution du budget de la défense pour la gestion 1998 : « Une nouvelle fois, les crédits de rémunération ou dindemnité ont été insuffisants et des crédits supplémentaires ont dû être mis en place par décret davance dans le courant de lété. On peut citer parmi les explications possibles : les rémunérations des VSL qui bénéficient de contrats plus longs à des grades plus élevés que ceux inscrits au budget, certains avancements de sous-officiers, par exemple lattribution au-delà des contingents budgétaires de léchelle IV, lattribution de lindemnité de service aérien à des militaires qui ne sont pas affectés dans des régiments ou services opérationnels y ouvrant droit, laugmentation des indemnités de stages de reconversion et de certaines indemnités de déménagement ». Enfin, le rapport du Gouvernement au Parlement sur lexécution de la loi de programmation militaire remet en perspective linflation des rémunérations de la manière suivante. « De 1996 à 2000, les crédits de RCS du ministère de la défense ont augmenté de 9,264 milliards de francs soit 12,4 % daugmentation. Cette évolution sexplique par plusieurs facteurs. En premier lieu, les créations demplois de militaires du rang, de civils et de volontaires ont un coût supérieur à celui des emplois dappelés et de cadres militaires supprimés. Ainsi, le surcoût en RCS des mesures deffectifs représente 970 millions de francs sur la période. Il convient dy ajouter le coût des aides au départ (840 millions de francs) et à la reconversion (18 millions de francs), la mensualisation des MDR (817 millions de francs) ainsi que laugmentation des crédits consacrés à la nouvelle politique de réserve (80 millions de francs). A contrario, la transformation de crédits de RCS en crédits de fonctionnement consacrés à lexternalisation, prévue au projet de loi de finances pour 2000, entraîne une diminution de 205 millions de francs. Au total, limpact de la professionnalisation sur les crédits de RCS sélève à plus de 2,5 milliards de francs de 1997 à 2000, soit 27,2 % de lévolution globale de ces crédits. En second lieu, la progression des RCS traduit les orientations de la politique salariale dans la fonction publique. Lévolution mécanique des RCS (revalorisation de lindice de la fonction publique et autres mesures salariales) ainsi que diverses mesures représentent près de 3,4 milliards de francs sur la période. Lapplication des mesures de laccord salarial de la fonction publique au personnel civil et militaire de la Défense et divers ajustements ont représenté un accroissement supplémentaire de 365 millions de francs. Le total de ces mesures correspond à 41,1 % de laugmentation globale des crédits de RCS. Enfin, les mesures de modification du périmètre initial de la programmation (budgétisation des gendarmes dautoroutes, budgétisation de la partie étatique de la DCN-SPN, intégration du secrétariat dÉtat aux Anciens Combattants) ainsi que les charges nouvelles (augmentation de lindemnité compensatrice de la CSG et de la cotisation employeur pour le fonds spécial de pensions des ouvriers des établissements industriels de lÉtat) ont entraîné une hausse de 2,9 milliards de francs, soit 31,6 % de laugmentation globale ». Le moins que lon puisse dire, cest que, malgré la revue des crédits du titre III opérée pendant lhiver 19981999, une opacité relative continue de prévaloir sur lorigine exacte des surcoûts constatés. Le régime indemnitaire du ministère, aussi légitime soit-il, résumé sous une forme très simplifiée par le tableau ci-après, ne contribue pas à clarifier la situation.
Les procédures dérogatoires dexécution de la dépense publique peuvent aussi occulter lexistence de reports de charges dun exercice à lautre. Ces procédures dérogatoires sont habituellement désignées par le terme générique de dépenses à bon compte. Elles regroupent les fonds davances destinés aux dépenses de solde et dalimentation et les masses, elles-mêmes décomposées en quatre catégories afin de financer les dépenses dentretien du personnel, de chauffage, éclairage, eau et force motrice, de casernement et dentretien des matériels dusage courant. Le caractère dérogatoire de ces procédures de dépenses réside dans le fait que les crédits destinés à être dépensés sont extraits de la caisse du comptable public avant lengagement juridique et versés dans les caisses des trésoriers militaires. Ce sont alors ces derniers qui effectuent les paiements venant éteindre les dettes de lÉtat. Il en résulte que lordonnancement est réalisé avant lexamen des pièces justificatives habituelles, puisquelles nexistent pas encore. Une fois la dépense faite, ces pièces sont toutefois conservées au sein des armées et mises à la disposition des comptables publics qui en feraient la demande. Par ailleurs, le fait que les crédits concernés soient versés par le comptable public dans la caisse dun agent militaire, avant dêtre réellement dépensés, relativise fortement lapplication des principes de spécialité et dannualité budgétaires au ministère de la Défense. Enfin, le contrôle de droit commun est inapplicable à ces dépenses, compte tenu de leurs particularités. Le contrôle particulier qui leur est appliqué repose, dune part, sur la responsabilité pécuniaire de toute militaire gestionnaire de fonds, selon un régime spécifique, analogue à celui des comptables publics et rapprochant les trésoriers militaires des régisseurs, dautre part, sur lactivité de surveillance administrative et de vérification des comptes dévolue aux commissaires dans les unités et, plus largement, sur le Contrôle général des armées. Conscient du caractère anachronique de cette survivance, le ministère a décidé dengager une réflexion afin de : · recentrer le périmètre dutilisation des procédures dérogatoires sur ce qui demeure strictement nécessaire au terme du processus de professionnalisation, en faisant passer sous le régime de droit commun les dépenses qui pourraient désormais sen satisfaire ; · étudier les possibilités offertes par certaines modalités spécifiques de dépenses du droit commun (la régie davance, en particulier) pour vérifier dans quelle mesure leur utilisation pourrait répondre à certains besoins actuellement satisfaits par les procédures dérogatoires. Ces travaux ont déjà trouvé leur première traduction dans le domaine du paiement des rémunérations : le paiement sans ordonnancement préalable est appliqué au personnel civil de ladministration centrale depuis le 1er janvier 1998. Cette réforme a été étendue en 1999 au reste du personnel civil de la Défense, à lexception des personnels ouvriers de la DGA. Sagissant des fonds davance de soldes, plusieurs actions ont été menées. Traditionnellement calculé sur la base du sixième des dotations budgétaires, le montant des fonds davance ouverts pour la gestion 1999 a fait lobjet dun resserrement de 30 % (7,1 milliards de francs au lieu de 10,2 milliards de francs). Ce resserrement répond au souci déviter limmobilisation dune trésorerie excédentaire au regard des besoins réels des armées. Chaque année, les fonds davance de la gestion à venir étaient ouverts par anticipation dès le mois de novembre de lexercice en cours. Motivée par la nécessité dassurer sans rupture le passage dune gestion à lautre, cette anticipation a souvent permis, dans les faits, de masquer les insuffisances de dotations au regard de la dépense réelle de lexercice. La volonté du ministère de maîtriser les reports de charges en RCS se traduit aujourdhui en gestion par labondement des dotations concernées au niveau nécessaire, par la voie des décrets davances, des collectifs ou de redéploiements internes, ce qui permet au Parlement den avoir connaissance. Ainsi, fin 1998, seul 1 milliard de francs sur 7 milliards de francs de fonds davance a été ouvert par anticipation. Enfin, une plus grande transparence de la dépense réelle en cours de gestion a été recherchée en modifiant la procédure denregistrement des opérations comptables effectuées sur fonds davance. En effet, lexistence dun article-paragraphe conventionnel (88-88) en nomenclature dexécution permettant limputation globale, au sein des chapitres concernés, des mandats mensuels de recomplètement des fonds davance, interdisait une connaissance détaillée de la réalité des dépenses par nature. Les sommes imputées sur cet article-paragraphe nétaient ventilées en nomenclature dexécution de droit commun quune fois par an, après la clôture de la gestion. Dès 1997, pour remédier à cette situation, le ministère sétait engagé à produire trimestriellement la ventilation des dépenses réelles par paragraphe, aux services de la comptabilité publique. A compter du 1er janvier 2000, les états de ventilation seront établis mensuellement. Ces différentes mesures ne peuvent quêtre encouragées et poursuivies afin de mieux cerner lorigine déventuels dérapages de la dépense ou lutilisation abusive de certains régimes indemnitaires. B. LAUTOFINANCEMENT DES OPÉRATIONS EXTÉRIEURES Le financement des opérations extérieures (Opex) du ministère de la Défense est un sujet récurrent de discussions et dinterrogations. Il est difficile, même si de récents efforts ont été entrepris dans ce domaine, de prévoir, en construction budgétaire, le volume de ressources supplémentaires destinées aux Opex, alors même que ces dernières sont soumises à lémergence de crises parfois brutales et aux aléas de la diplomatie internationale. De même, il est souvent complexe dévaluer, à loccasion dune demande douverture de crédits, ce qui ressortit à un véritable surcoût directement engendré par la projection de force sur un théâtre extérieur et ce qui relève, somme toute, de lactivité normale des armées. Le ministère de la Défense est légitimement fondé à obtenir le financement complémentaire dune surcharge imprévue résultant directement de lopération qui lui est imposée, mais pas davantage. Lévaluation des surcoûts générés par les OPEX est retracée par le tableau ci-après :
Le chiffre de 1998 est le plus bas de la décennie. Il traduisait à la fois le faible volume dactivité et limpact des mesures déconomies liées notamment à la réforme des surrémunérations. Les surcoûts OPEX étaient encore de plus de 5,1 milliards de francs en 1996 et de plus de 3,4 milliards de francs en 1997. Le chiffre de lestimation fournie pour 1999, plus de 5 milliards de francs, renoue avec des montants précédemment constatés. Il sexplique essentiellement par la crise du Kosovo, qui à elle seule, a généré plus de 3,2 milliards de francs de surcoûts. Ce dernier chiffre apparaît comme élevé. Il appelle une expertise dont lampleur dépasse le cadre du seul rapport budgétaire. Dans le rapport dinformation intitulé « Kosovo : le prix de la paix », publié le 1er juillet 1999, nous avions évoqué une dépense de 2,6 milliards de francs. Le chiffre indiqué pour les surcoûts du titre V, soit plus de 1,5 milliard de francs, est important. Il faut savoir que lévaluation de ce type de dépenses supplémentaires résulte souvent de conventions. Les munitions consommées au cours des opérations extérieures et les matériels accidentés ou détruits se substituent souvent aux munitions ou matériels qui auraient été consommés, accidentés ou détruits au cours des activités normales dentraînement. Toutefois, certaines dépenses, comme celles qui correspondent aux infrastructures spécifiques réalisées sur les lieux des opérations extérieures constituent incontestablement des surcoûts nets. Leffectif moyen engagé en 1998 sur le théâtre dopérations en Bosnie sélevait à 3.900 personnes et à 2.900 personnes en Macédoine et Albanie. Au 30 juin 1999, il était de 3.700 personnes en Bosnie et 5.800 personnes en Macédoine et au Kosovo. La révision du régime de solde à létranger pour les personnels participants aux OPEX, intervenue par décret en date du 1er octobre 1997, a donné ses pleins effets en 1998 et 1999. Depuis 1968, les militaires à létranger bénéficiaient du régime de rémunération des agents de lÉtat en service à létranger qui sappliquait non seulement aux militaires affectés sur des postes permanents à létranger, mais aussi à ceux en service dans les forces prépositionnées quils soient affectés ou en renfort temporaire et à ceux envoyés en opérations extérieures. Linadaptation de ce régime de rémunération, conçu pour des agents affectés pour plusieurs années à létranger, avec leur famille, à la situation des militaires envoyés en opération ou en renfort temporaire pour des durées courtes (4 à 6 mois) sans leur famille, a conduit à lélaboration dun régime spécifique qui a fait lobjet du décret n° 97-902 du 1er octobre 1997. Dorénavant, le régime de rémunération des agents à létranger concerne donc exclusivement les militaires affectés à létranger (postes permanents à létranger et forces prépositionnées). Les militaires envoyés en opération ou en renfort temporaire à létranger perçoivent désormais, pendant leur séjour à létranger, lintégralité de leur rémunération servie en métropole (solde et accessoires de solde) à laquelle sajoute une indemnité de sujétion pour service à létranger (ISSE), représentant, quel que soit le pays, 1,5 fois la solde de base pour les militaires dactive. Un supplément à lISSE est également alloué pour chaque enfant à charge. On estime ainsi par exemple que la rémunération dun capitaine de larmée de terre, marié, deux enfants, envoyé en opération en Yougoslavie, se trouve réduite de lordre de 14 % dans le nouveau système par rapport à celui qui prévalait jusquen 1997. Quant aux financements des surcoûts ainsi générés, il avait été établi lors de la préparation de la loi de programmation militaire 1997-2002 que lensemble des dépenses liées aux opérations extérieures courantes seraient désormais financées sur le budget courant et que seules les dépenses imprévues liées aux opérations extérieures de grande ampleur seraient couvertes par des crédits supplémentaires. En application de ce principe, en 1997, pour lessentiel, seules les dépenses supplémentaires découlant des opérations en ex-Yougoslavie auront été financées par des ouvertures nettes de crédits, les autres opérations étant financées par redéploiements internes et par des mesures déconomies. Sagissant de lexercice 1998, outre linscription, dans la loi de finances initiale dune dotation de 260 millions de francs pour couvrir les rémunérations supplémentaires versées aux personnels militaires en opérations extérieures dites « normales » (essentiellement sur le territoire africain), il a été procédé à louverture complémentaire de 1,260 milliard de francs par décret davance en date du 21 août 1998. Ces ouvertures de crédits qui couvrent en fait les seuls surcoûts en RCS ont été gagées par des annulations au titre V du budget de la Défense. Il sagit donc bien dun autofinancement du ministère de la Défense. Pour 1999, la dotation initiale a été réduite à 160 millions de francs (il en sera de même pour 2000) mais le décret davance a ouvert 2,8 milliards de francs au titre des OPEX. Cette dotation complémentaire couvre la totalité des surcoûts annoncés en matière de rémunérations et charges sociales (2,2 milliards de francs en plus des 160 millions de francs inscrits dans la loi de finances initiale). Elle permet aussi de financer, comme lors des engagements exceptionnels au Koweit en 1991 et en Bosnie en 1996, la totalité des surcoûts du titre III hors RCS, cest-à-dire fonctionnement, alimentation et entretien programmé du matériel (600 millions de francs). Par ailleurs, le gage sur les crédits déquipement na porté que sur les crédits de paiement et non pas sur les autorisations de programme. C. LA PONCTION SUR LES CRÉDITS DÉQUIPEMENT DISPONIBLES Lajustement et la régulation portent traditionnellement sur les dotations en capital (titres V et VI) du ministère de la Défense, comme le montre la comparaison entre le budget initial et le budget exécuté. CRÉDITS DÉQUIPEMENT LOI DE PROGRAMMATION, BUDGETS ET EXÉCUTION (en milliards de francs courants) Alors quen 1995/1996, les annulations avaient pour but de réduire la dépense et dajuster les engagements au volume prévisible des crédits de paiement (plan de refroidissement), à partir de 1997/1999, il sagirait plutôt de tirer les conséquences dune dépense inférieure aux crédits disponibles. Bien entendu, la situation réelle nest pas aussi simple que cette présentation tranchée. Il existe en fait des interactions entre les crédits disponibles et le montant des annulations, ce qui autorise à parler de dialectique, et lidentification des véritables causes de ces mouvements nest pas simple.
Ce tableau illustre la courbe en ciseaux entre les dotations de fonctionnement dune part, qui progressent en dotation initiale comme en exécution et, dautre part, les dépenses déquipement qui subissent différentes ponctions tant en loi de finances initiale quen exécution. Pour 1998, la dépense dinvestissement, avec moins de 69 milliards de francs, ne représente ainsi que 38,6 % de la dépense totale du ministère. En 1991, cette proportion était de 53 %, pour un volume de dépenses de 103 milliards de francs. Si lon sintéresse aux dotations initiales, on constate que les crédits déquipement ont baissé de presque 15 % entre 1995 et 1998, année de lencoche qui constitue à ce jour un palier historique. Les chapitres les plus touchés par cette réduction de crédits sont les chapitres de programmes et notamment lespace et le nucléaire mais aussi de recherche et développement et dinfrastructure. A linverse, les subventions à des travaux déquipement civil (chapitre 66-50) sont passées de 191 millions de francs en 1996 à 1.156 millions de francs en 1998 et 2,474 milliards de francs pour 2000, essentiellement en raison de la progression de deux opérations de « bourrage » denveloppe, lune autorisée par la loi de programmation militaire (reconversion de la Polynésie après larrêt des essais nucléaires), lautre pas (financement du budget civil de recherche-développement). Ces deux mouvements ne cessent de prendre de lampleur puisque les crédits de la recherche civile sont ainsi passés de 500 millions de francs en 1998 à 900 millions de francs en 1999 et 1.500 millions de francs prévus pour 2000 et que les crédits pour la Polynésie sont passés de 350 millions de francs en 1998 à 613 millions de francs en 1999 et 691 millions de francs pour 2000. Cest dautant plus regrettable que le niveau de la consommation des crédits, notamment pour la Polynésie, est très faible (52 % pour le chapitre 66-50 en 1998). En exécution, les chapitres déquipement du titre V, déjà peu dotés en construction budgétaire, supportent lessentiel des annulations.
Les annulations record de 1995 à 1996 étaient clairement destinées à ralentir le niveau de la dépense et à faire contribuer le ministère de la Défense à la réduction du déficit budgétaire. Lannée 1997 était une année de transition, première année dapplication de la loi de programmation militaire qui avait considérablement réduit le volume des dépenses déquipement. Lannée 1998 est particulièrement sensible puisquelle commence avec une dotation initiale très faible (lencoche) et quelle sachève avec un volant dannulation important en valeur comme en proportion. En 1998, les annulations de la défense ont même représenté 84 % des annulations de crédits dinvestissement de lensemble du budget de lÉtat et 36 % du total des annulations, tous crédits confondus. Lanalyse détaillée de ce mouvement montre cependant que les causes de ces annulations, à la différence des années précédentes, sont peut-être aussi à rechercher dans le fonctionnement interne du ministère et, notamment, dans sa faible capacité à dépenser la totalité des crédits mis à sa disposition. Sur les 7,350 milliards de francs dannulation, 4,5 milliards de francs gageaient des ouvertures de crédits du titre III (OPEX et reports de charges) et 2,8 milliards de francs représentaient des abattements nets. On peut rapprocher ce montant de celui de la nouvelle dotation en capital accordée au Giat (voir infra) par la loi de finances rectificative pour 1998, qui sélevait à 2,5 milliards de francs. Cette dotation a toutefois été complétée début 1999 par un financement complémentaire du Giat de 3,2 milliards de francs à partir du compte daffectation spéciale des produits des privatisations, sans mise à contribution du ministère de la Défense. Elle avait été précédée en février 1998 dune autre dotation de 4,3 milliards de francs, soit un total de 10 milliards de francs pour le GIAT en un an. En 1999, 4,050 milliards de francs ont dores et déjà été annulés par arrêté du 2 septembre 1999 au titre des OPEX et reports de charges. La justification présentée consistait à dire que ces annulations nauraient pas dincidence sur le niveau des crédits disponibles car elles seraient compensées par dimportants reports de crédits non consommés sur les exercices antérieurs. De fait, les reports de crédits ont augmenté pendant lannée 1997. Ils sétablissaient ainsi à 5,3 milliards de francs de 1996 sur 1997, à 6,8 milliards de francs de 1997 sur 1998 et à 5,5 milliards de francs de 1998 sur 1999. La question est alors de savoir si cette remontée des niveaux des reports est imputable à laction de blocage du ministère des Finances (comme en 1995) ou si elle reflète une difficulté de consommation de la part du ministère de la Défense. Dans une monographie consacrée aux crédits dinvestissement de la défense et insérée dans son rapport sur lexécution des lois de finances pour 1998, la Cour des comptes a ainsi décrit la régulation exercée de 1995 à 1998 : « En 1995, un dispositif très rigide avait été mis en place, selon un calendrier largement mécanique à partir du mois de mars. Puis, de la mi-octobre jusquà la fin du mois de novembre, un blocage quasi-complet des ordonnancements avait eu lieu avant quun objectif de report soit fixé en fin de gestion. En 1996, un suivi des crédits, sous enveloppe semestrielle puis mensuelle, a également été établi, mais un arbitrage de fin de gestion a permis une consommation des reports de crédits, qui a en grande partie permis de compenser les annulations de lexercice. En 1997, les enveloppes de fin de gestion nétaient pas bloquantes et nont pas perturbé la gestion comme les années précédentes. Un nouvel arbitrage favorable en fin de gestion a été rendu, dont le ministère na quimparfaitement profité en raison dune remontée inattendue de crédits délégués aux ordonnateurs secondaires. Enfin, en 1998 le dispositif a été plus léger encore. Louverture des reports a été plus précoce et a permis de gager intégralement les annulations. Le solde des reports de crédits a été rendu disponible à la consommation à la condition quil soit reconstitué en fin de gestion. Cet allégement de la régulation sexplique aussi par les difficultés rencontrées par les ordonnateurs du ministère pour tenir le rythme des engagements et des paiements en 1998. » Ce ralentissement sobserve à la fois dans les engagements et les mandatements (paiements) du ministère.
Cette analyse nexonère pas loin sen faut le ministère des Finances de toute responsabilité dans le retard constaté sur le déroulement de tel ou tel programme. Il est très présent dans le processus de négociation finale des contrats les plus importants et bloque ainsi la signature des plus coûteux dentre eux. Cest notamment le cas pour les commandes globales qui engagent lÉtat pour de nombreuses années (Rafale, Tigre, etc ). En aucun cas, il nest acceptable que ces blocages puissent avoir pour effet dempêcher lapplication des décisions prises en Conseil de défense. Mais dautres causes interviennent pour expliquer la baisse du montant des engagements et des paiements constatée. Il semble bien quil sagisse dune conséquence de la remise en ordre financière opérée en 1996-1997. Cette reprise en main consistait à ralentir les paiements et les engagements afin de consolider les échéances du ministère et de mettre en place de véritables instruments de pilotage de la dépense (restauration du lien autorisations de programme/crédits de paiement , comptabilité spéciale des investissements). Cette action de refroidissement, en elle-même légitime, a toujours mécaniquement un impact sur les paiements puisque les engagements dhier font les paiements daujourdhui. Plus subtilement, la réforme, qui a eu des effets salutaires immédiats comme en témoigne la réduction des impayés et des intérêts moratoires (782 millions de francs en 1996, 347 millions de francs en 1997, 270 millions de francs en 1998), sest aussi accompagnée dune période de transition, de mise en place des nouveaux instruments, qui a pu générer des retards dexécution et des interventions de ladministration des finances dans des domaines quelle na pas compétence à maîtriser. Ceci pose le double problème de fond de la détermination de la frontière de compétence entre la direction des affaires financières du ministère de la défense et les services de Bercy dune part, et de la capacité de contrôle de cette direction des affaires financières sur les dépenses de son ministère dautre part. Lun des enjeux essentiels de cette transition portera désormais sur la capacité du ministère à mobiliser les stocks dautorisations de programme identifiés par la rationalisation des instruments, sur des projets dinvestissements nouveaux. Cette question se décompose en fait elle-même en deux interrogations : · les instruments financiers à la disposition du ministère permettent-ils davoir une idée précise du montant et de la répartition des autorisations de programme disponibles ? · le ministère saura-t-il faire preuve de souplesse dans la mobilisation de ces autorisations de programme pour financer les programmes qui en ont véritablement besoin ? Pour la Cour des comptes, la réponse à la première question était encore négative en 1998 puisquelle relève que les engagements comptables avaient été initialement sous-estimés de près de 10 milliards de francs par la direction des affaires financières du ministère. Le stock des autorisations de programme à lengagement atteignait fin 1998 un montant de lordre de 78 milliards de francs de francs. Ce montant diminue régulièrement depuis quelques années pour les raisons suivantes : · réduction des dotations initiales ; · annulations supérieures en autorisations de programme quen crédits de paiement ; · évolution des règles de couverture des commandes globales et des programmes en coopération qui mobilisent dimportants volumes dautorisations de programme, conformément à leur vocation pluriannuelle. Le contenu exact de ces 78 milliards de francs doit être précisé. Comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport déjà cité : « des AP peuvent rester inemployées à de nombreux stades : avant laffectation si un programme est repoussé ou si sa cible est réduite ; entre laffectation et lengagement comptable pour les mêmes raisons ; entre lengagement comptable et lengagement juridique ; enfin, lorsque lopération est terminée et que les AP nont pas encore été soldées. Actuellement, le ministère de la défense cherche encore à identifier les AP qui relèvent de ces catégories et pourraient être annulées ou recyclées et celles qui ont un contenu physique incontestable et sont en transit quelque part en son sein. » On estime que la moitié du stock correspond à des autorisations de programme non affectées et que lautre moitié correspond à des AP affectées mais non engagées. On peut admettre le principe dune réserve à laffectation de lordre de 40 milliards de francs en raison de la complexité des procédures internes actuelles qui nécessiteraient un volant de six à huit mois dautorisations disponibles. La réforme des procédures doit cependant permettre dévoluer vers un système de gestion plus réactif. La mobilisation de lautre composante du stock semble plus problématique. Elle implique un vaste effort de redéploiement et de rationalisation de ces multitudes de lignes comptables sur lesquelles veillent jalousement 15 gouverneurs de crédits, 52 ordonnateurs principaux par délégation et près de 350 ordonnateurs secondaires. Si la constitution dune épargne de précaution peut être rationnelle aux yeux de chacun dentre-eux, la généralisation de ces comportements pénalisent le ministère pris dans son ensemble. Néanmoins, un plan dengagement pluriannuel du stock dautorisations de programme est lancé. Lobjectif est de le réduire de moitié en deux ans, à raison de 21 milliards en 1999 et de 19 milliards de francs en 2000. Les objectifs dengagement dautorisations de programme pour 1999 et 2000 (de lordre de 100 milliards de francs par an) impliquent aussi, quà côté de cette mobilisation programmée des stocks dautorisations de programme, le niveau des autorisations de programme nouvelles soit en augmentation. Cest la raison pour laquelle larrêté dannulation du 2 septembre 1999 na porté que sur les crédits de paiement et que le projet de budget pour 2000 prévoit 87,5 milliards de francs dautorisations de programme contre 86 milliards de francs en 1999. Ce long développement technique et comptable na quun seul but : expliquer comment le ministère peut financer des programmes désormais individualisés par chapitre et dont les dotations en autorisations de programme sont insuffisantes ou inexistantes dans la loi de finances initiale. En 1999, la commande globale de 80 hélicoptères Tigre a par exemple été financée grâce à la mobilisation de 9 milliards de francs dautorisations de programme disponibles. Il sera procédé de la même façon en 2000 pour le développement du M51 (2 milliards de francs sur le stock en plus des 5 milliards de francs inscrits en loi de finances initiale) ou pour lindustrialisation de lhélicoptère NH90. La gestion maîtrisée des engagements de dépenses contribuera fortement à conforter la capacité de pilotage du ministère. Elle saccompagnera aussi mécaniquement, sous peine dintérêts moratoires, dune couverture en crédits de paiement conforme à la réalité des échéances. En cela, elle mettra chacun devant ses responsabilités. II. LE PROJET DE BUDGET POUR 2000 : Le projet de budget de la Défense pour lannée 2000 sélève, à périmètre constant, cest-à-dire hors transfert des crédits des Anciens combattants, à 241,9 milliards de francs, en baisse de 0,65 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Hors pensions, ce budget représente 187,4 milliards de francs, soit une baisse de 1,3 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Les crédits de rémunérations et de fonctionnement (titre III) se situent à 104,5 milliards de francs, en hausse de 0,5 %, tandis que les crédits déquipement (titres V et VI) diminuent de 3,6 % en crédits de paiement (82,9 milliards de francs) mais augmentent de 1,7 % en autorisations de programme (87,5 milliards de francs). Les pensions de retraite (54,4 milliards de francs) progressent quant à elles de 1,6 % par rapport à 1999. Ces quelques chiffres résument bien la physionomie du budget 2000, qui, dans la continuité des années précédentes, privilégie plutôt les crédits du titre III. Toutefois, au sein du titre III, les crédits de fonctionnement retrouvent un niveau qui permettra aux armées de redresser leurs indicateurs dactivité, alors que les arbitrages des années précédentes avaient plutôt favorisé les seules rémunérations et charges sociales. Quant au budget déquipement, le décrochage de ses crédits de paiement par rapport aux objectifs arrêtés à l'issue de la revue des programmes de 1998 suscite quelques interrogations. A. LA FUSION AVEC LADMINISTRATION DES ANCIENS COMBATTANTS : UN IMPACT LIMITÉ En 2000, ladministration du secrétariat dÉtat aux Anciens combattants sera intégrée à celle du ministère de la Défense. En conséquence, ces crédits seront inscrits sur le fascicule de la Défense à hauteur de 949 millions de francs dont 454 millions de francs de pensions de retraite, 366 millions de francs de rémunérations et charges sociales, 109 millions de francs de fonctionnement et 20 millions de francs de titre V. Ceci correspond, au titre III, aux rémunérations des 2000 personnes qui rejoindront la Défense (560 en administration centrale et 1.430 dans les directions interdépartementales) et à leur moyens de fonctionnement et aux titres V et VI, aux dépenses dinvestissement des services concernés. Le projet de loi de finances 2000 maintient par ailleurs un fascicule budgétaire des Anciens combattants qui ne regroupe plus que les crédits relatifs aux actions spécifiques de ce domaine dintervention de lÉtat. Ce nouveau budget comprend un titre IV (prestations aux anciens combattants, actions culturelles, etc.) ainsi que les subventions de fonctionnement allouées à linstitution nationale des invalides (INI) et à loffice national des anciens combattants (ONAC) pour un total de 24,06 milliards de francs. Cette réforme était devenue indispensable car le secrétariat dÉtat aux Anciens combattants est confronté, depuis plusieurs années, à une diminution de sa charge de travail : 5,5 millions de ressortissants il y a 30 ans, 4,5 aujourdhui et probablement 2,2 dans 20 ans ; 1,6 million de pensionnés à la fin des années 1960, moins de 600.000 aujourdhui. Le consensus dégagé entre les associations danciens combattants et le secrétariat dÉtat à la suite dune large consultation, prévoit le maintien dun interlocuteur de niveau ministériel au plan politique, dun budget autonome finançant le droit à réparation et les actions en faveur de la mémoire, dune direction dadministration centrale spécifique, de directions interdépartementales ainsi que de lONAC et de lINI. Le Secrétaire dÉtat aux Anciens combattants a vu son titre et ses attributions modifiés par le décret du 23 mars 1999 et est devenu Secrétaire dÉtat à la Défense chargé des Anciens combattants, son champ de compétence ayant été étendu parallèlement au service national universel, aux réserves militaires, au lien Armée-Nation et à la « politique de la mémoire ». Du fait de lintégration de ladministration des Anciens combattants, le Secrétariat général pour lAdministration du ministère de la Défense comptera deux directions supplémentaires : la direction des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale, chargée du droit à réparation, et la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives. Le Secrétariat général pour lAdministration assurera également la tutelle de lONAC et de lINI sous lautorité du Secrétaire dÉtat. B. UN TITRE III PRÉSERVÉ DANS SES DIFFÉRENTES COMPOSANTES 1. Les pensions civiles et militaires À périmètre constant, les charges de pensions progressent de 1,6 % par rapport à 1999 et sélèvent à 54,4 milliards de francs pour 2000, 54,9 milliards de francs avec le rattachement des pensions résultant de la fusion avec ladministration des Anciens combattants. Les principales évolutions sont retracées par les tableaux ci-après.
Ce tableau récapitule le résultat connu ou estimé sur la population des retraités militaires, veuves ou divorcées titulaires dune pension. Sont exclues les pensions versées aux ressortissants des ex-territoires français (environ 68.000 pensionnés pour un montant de 220 millions de francs) en forte diminution, les pensions dorphelins (environ 10.300 pour un montant de 83 millions de francs) et les allocations annuelles (1.900), de faible montant et en diminution. Lévolution sur la période 1995/2000 traduit : · pour les ayants-droit, un arrêt, à partir de 1997, de la diminution des effectifs amorcée en 1993, principalement en raison de laugmentation des départs anticipés ; · pour les ayants-cause, la poursuite de laugmentation des effectifs ; · une augmentation importante du coût en francs constants 1999 de lordre de 6 % en cinq ans.
Les restrictions signalées pour les militaires en ce qui concerne la population non retenue dans le tableau sont également valables ici pour des populations peu nombreuses, de même que pour les ouvriers ci-après. Lévolution connue pour les années 1995 à 1998 et la simulation pour 1999/2000, traduisent une légère augmentation du nombre dayants-droit et une baisse dayants-cause vraisemblablement liée au nombre important dayants-droit féminins.
Les départs liés aux restructurations et la réduction des effectifs entraînent, à partir de 1997, une augmentation du nombre des ayants-droit. Le nombre dayants-cause est relativement stable quoiquen légère diminution. La participation de ministère de la Défense aux charges du fonds spécial des ouvriers de lÉtat passera, hors transfert des anciens combattants, de 5,5 milliards de francs en 1999 à 5,3 milliards de francs en 2000. Ce fonds est financé par une retenue sur les salaires, par une contribution patronale qui est passée de 10,34 % en 1998 à 24 % en 1999, et par une subvention déquilibre accordée par lÉtat qui est répartie entre les budgets des différents ministères et des budgets annexes au prorata du nombre de retraités. 2. Les rémunérations et charges sociales Les rémunérations et charges sociales (RCS) passeront de 82,8 milliards de francs en LFI 1999 à 84,050 milliards de francs en 2000, soit une hausse de 1,5 %. Ces crédits représenteront, comme en construction budgétaire pour 1999, 80 % du titre III. a) Les effectifs Les effectifs budgétaires du ministère de la Défense (hors direction des Constructions navales et Service de la maintenance aéronautique) sétablissent pour 2000 à 474.009, en baisse de 4,9 % par rapport à 1999. Cette évolution résulte essentiellement de la mise en uvre de lannuité 2000 de la loi de programmation qui conduit à la suppression de 23.695 emplois. Comme lors des trois premières annuités de la programmation, la réduction globale des effectifs de la Défense recouvre des évolutions différentes selon les catégories de personnels : la forte diminution des effectifs dappelés et de sous-officiers saccompagne de la création demplois, en nombre important, de militaires du rang professionnels, de volontaires et de personnels civils (voir infra chapitre sur la professionnalisation). Les deux tiers du processus de professionnalisation seront accomplis à la fin de lan 2000. Par ailleurs, depuis 1996, certains besoins ont été progressivement mieux appréciés et le projet de loi de finances prévoit, comme chaque année, divers ajustements. La gestion prévisionnelle des flux deffectifs, traduite par une avance sur les objectifs de déflation prévus par la programmation, ainsi quune baisse plus importante de la ressource en appelés, permettent lanticipation dès 2000 dune partie des réductions de postes budgétaires prévues initialement en 2001 et 2002, ce qui conduit à supprimer 963 postes, dont 513 postes permanents et 450 postes dappelés. Pour 2000, trois mesures fonctionnelles visent à améliorer lactivité et lefficacité des armées ainsi que les dispositifs daccompagnement de la professionnalisation : · larmée de lAir et la Marine transforment 600 postes de sous-officiers en 600 postes de militaires du rang pour ajuster leurs effectifs à leurs besoins (+ 2 % pour lAir et + 3,5 % pour la Marine) ; · le recours à lexternalisation de certaines tâches logistiques ou administratives est développé (cf. infra). Sa mise en uvre sera facilitée par louverture de nouvelles dotations gagées par des suppressions de postes vacants, notamment de civils, (1.590 postes dont 750 postes douvriers, 350 de fonctionnaires civils, 40 de sous-officiers, et 450 postes dappelés) ; · lutilisation de 300 vacances de postes de civils permet de redoter de façon temporaire les crédits daides au départ des personnels civils. Enfin, lintégration du secrétariat dÉtat aux Anciens combattants se traduit par une hausse de 2.005 emplois.
En 2000, la répartition des postes budgétaires du ministère de la Défense peut donc être récapitulée comme suit :
b) Laccompagnement de la professionnalisation Le fonds daccompagnement de la professionnalisation sera doté de 1.075 millions de francs, soit près de 30 millions de francs de plus quen 1999. Les crédits de ce fonds servent à accompagner les évolutions deffectifs liées à la professionnalition. Ils comprennent les aides au départ, les actions dadaptation et de restructuration et les crédits consacrés aux réserves. Au delà des actions financées dans le cadre de ce fonds, lensemble des aides au départ et à la mobilité inscrites au budget dans le cadre de la programmation représente 1.917 millions de francs en 2000, en augmentation de près de 100 millions de francs par rapport à 1999. La dotation prévue pour financer les pécules rénovés et ceux associés aux articles L.5 et L.6 du statut général des militaires sélèvera à 830 millions de francs, soit 20 millions de francs de plus quen 1999. Compte tenu de 17 millions de francs consacrés aux pécules des officiers de la DGA et dune dotation de 16 millions de francs affectée aux pécules existants avant la professionnalisation, la dotation totale des pécules atteindra lan prochain 864 millions de francs. Depuis 1997, la Défense a déjà consacré aux aides au départ des militaires plus de 3,4 milliards de francs. La loi de programmation militaire prévoyant une augmentation des crédits alloués aux réserves, 40 millions de francs de crédits nouveaux sont inscrits au PLF 2000. Depuis 1997, les réserves ont ainsi bénéficié de 100 millions de francs de crédits supplémentaires, portant la dotation correspondante à 350 millions de francs. Enfin, les crédits hors RCS daides au départ des personnels civils, qui concernent notamment le dispositif de dégagement des cadres à 55 ans, seront, quant à eux, redotés à hauteur de 48 millions de francs. c) Les mesures indemnitaires Les personnels civils et militaires bénéficieront de diverses mesures pour un montant de 326 millions de francs dont 271 millions de francs pour le personnel militaire, 55 millions de francs pour le personnel civil et 13 millions de francs de mesures diverses. Lensemble du personnel militaire a bénéficié de lattribution généralisée de deux points dindice supplémentaires en 1999, au titre de laccord salarial de la Fonction publique. Cette mesure est consolidée au projet de loi de finances 2000 en année pleine pour un coût de 157 millions de francs. Lapplication aux militaires des mesures de revalorisation des bas salaires (+ 52 millions de francs) permettra aussi de poursuivre la politique entreprise en 1997 en vue daméliorer la condition des militaires du rang engagés. Les militaires bénéficieront aussi de mesures diverses de repyramidage et de revalorisation indemnitaire comme : · le plan de requalification des emplois de la gendarmerie avec un repyramidage des postes de sous-officiers pour un coût de 4 millions de francs ; · au service de santé, le repyramidage des personnels infirmiers et aides-soignants pour un coût de 0,8 million de francs ; · laugmentation des primes des ingénieurs de larmement à hauteur de 1 million de francs ; · la revalorisation de lindemnité pour charges militaires pour un montant de 54 millions de francs. Sagissant des civils, lattribution généralisée de deux points dindice représente un coût de 18 millions de francs, et les diverses mesures de revalorisation des bas salaires (attribution de points différenciés, repyramidage des adjoints administratifs) se traduisent par linscription de 24 millions de francs de crédits nouveaux. 3. Les crédits de fonctionnement Les crédits de fonctionnement hors RCS passent de 21,1 milliards de francs en 1999 à 20,9 milliards de francs en 2000. Cette diminution nette de 197 millions de francs, soit 0,9 %, est le résultat de flux financiers positifs et négatifs complexes. Une fois retraitées les mesures de transferts et neutralisées les réductions liées au format, la revalorisation à périmètre constant est estimée à + 3,3 %. Il sagit bien dune remise à niveau des dotations de fonctionnement après les tensions observées ces dernières années consécutives à des réductions de crédits importantes. Cette réévaluation permettra denvisager une remontée des indicateurs dactivité des armées. Trois catégories de flux permettent datteindre lévaluation finale des crédits de fonctionnement à périmètre constant : · les économies résultant de la réduction du format ( 944 millions de francs) ; · la réévaluation de certaines dotations au titre de lévolution des prix ou pour engager des actions nouvelles (+ 702 millions de francs) ; · les transferts externes et internes (+ 45 millions de francs). Les dépenses dalimentation constituent un bon exemple de catégorie de dépenses affectées par des évolutions de sens contraire. Fondamentalement, la diminution des crédits dalimentation depuis 1997 est une conséquence directe de la professionnalisation et de la réduction du format, comme le montre le tableau ci-après.
On constate que la réduction des crédits est proportionnellement supérieure à la réduction des effectifs globaux. Elle est en effet plus étroitement corrélée à la réduction des effectifs des catégories de personnel qui bénéficient de la gratuité des repas, cest-à-dire les appelés, et, dans une moindre mesure, les personnels de certaines armées (armée de lAir pour le déjeuner) ou en mission (équipages de la Flotte, gendarmes en opération de maintien de lordre, ensemble des personnels en opération extérieure). Lexception de la Gendarmerie traduit le caractère spécifique de lévolution de ses effectifs : seule une faible part de ses effectifs totaux est nourrie gratuitement et cette catégorie de personnel (volontaires notamment) est en augmentation sur la période. Pour 2000, on estime ainsi à 203 millions de francs léconomie générée en dépenses dalimentation par les réductions deffectifs budgétaires. Inversement des mesures positives, comme lactualisation du taux de la prime globale dalimentation (14 millions de francs) et une mesure nouvelle de 26 millions de francs au profit de larmée de Terre et de la Marine ramènent la baisse nette des crédits à 163 millions de francs. Le même raisonnement pourrait être tenu pour dautres catégories de dépenses de fonctionnement courant (informatique, entretien immobilier, entretien courant de matériels, chauffage, éclairage, instruction et transport). Limpact direct de la baisse des effectifs pour 2000 sur ce type de dépenses est ainsi estimé à une économie de 326 millions de francs. La dotation à la SNCF est un exemple plus complexe. Les militaires bénéficient dune réduction tarifaire de 75 % sur le prix plein tarif des billets de train, lorsquils empruntent le réseau SNCF, y compris les lignes de la zone du syndicat des transports parisiens. En contrepartie de cet avantage tarifaire accordé aux militaires, le ministère de la défense verse à la SNCF une indemnité compensatrice dont le montant correspond à la différence entre la valeur des titres de transport délivrés, réduite dun abattement commercial de 21,6 %, et la somme correspondant aux 25 % du prix des transports effectués acquittés par les militaires ou leur administration lors de la délivrance des billets. Cette dépense est imputée sur le budget de la Défense (chapitre 37-94) dont la dotation sétablit à 1.030 millions de francs pour 2000. Lévolution de ces crédits devrait être corrélée à celle des effectifs militaires, qui découle de la loi de programmation militaire pour la période 1997-2002. A ce titre, un abattement des crédits de 143,4 millions de francs est prévu en 2000. Toutefois, lexamen détaillé des sommes demandées par la SNCF en fin de gestion montre que cette corrélation nest pas arithmétiquement exacte. Cest la raison pour laquelle une mission daudit devrait être dépêchée sur ce sujet, beaucoup plus complexe quil napparaît à première vue, en raison notamment des évolutions de la politique tarifaire de la SNCF. Sagissant des moyens nouveaux, lactualisation au titre de lévolution des prix des dotations dalimentation, de lentretien programmé du matériel, des produits pétroliers et des subventions, se traduit par louverture de 96 millions de francs supplémentaires. De plus, le budget pour 2000 prévoit une mesure de 120 millions de francs pour faciliter la professionnalisation et 10 millions de francs pour le fonctionnement des réserves. Le projet de loi de finances pour 2000 comprend également louverture de 260 millions de francs pour couvrir les besoins, dans le domaine de lentretien immobilier en particulier, pour améliorer les conditions dentraînement, notamment de larmée de Terre, et permettre au musée de larmée louverture de nouveaux espaces dédiés aux forces françaises libres. Enfin, le redéploiement sur le fonctionnement courant, par le recours à la sous-traitance, des économies liées à lutilisation des crédits des emplois vacants se traduit par une mesure positive de 216 millions de francs. Afin dassurer un meilleur suivi et la réversibilité de cette expérimentation, les crédits redéployés seront identifiés en nomenclature au sein des chapitres de fonctionnement hors RCS des armées et services concernés. Un troisième ensemble de mesures (+ 45 millions de francs), correspondant à des transferts de charges et de crédits, est neutre quant à son impact sur les moyens de fonctionnement des forces : le rattachement du budget des Anciens combattants à celui de la Défense se traduit par un transfert de 109 millions de francs ; dautres transferts du titre V vers le titre III représentent 67 millions de francs, et 135 millions de francs de charges du service de santé des armées seront financés en 2000 sur les nouvelles rentrées de cessions de ce service, attribuées au titre III. La revalorisation nette qui résulte de ces différents mouvements nest pas anodine puisque les budgets de fonctionnement courant de la Marine et de larmée de lAir devraient ainsi croître respectivement de 21,4 % et 14,8 % (hors produits pétroliers). Quant à larmée de Terre, elle verra son budget de fonctionnement courant stabilisé alors que son format a été sensiblement réduit. Il faut reconnaître que la rigueur de la construction budgétaire dans ce domaine en 1998 et 1999 navait pas permis aux armées de passer lannée sans tensions. De fait, des ouvertures de crédits supplémentaires avaient été obtenues en cours dexercice. Pour larmée de Terre par exemple, le budget pour 1999 prévoyait des économies au titre de la rationalisation des soutiens ( 38 millions de francs) et de lentretien immobilier (- 100 millions de francs). Les tensions apparues en gestion, dans le domaine de lentretien immobilier notamment, nont pu être partiellement couvertes que par redéploiement des marges dégagées sur la dotation allouée aux produits pétroliers, compte tenu de lévolution favorable des cours des carburants, et par louverture de crédits en décret davance. Les mêmes phénomènes ont été constatés dans le Marine et dans la Gendarmerie. C. UN TITRE V QUI SUSCITE DES INTERROGATIONS 1. Présentation générale Les dépenses déquipement (titres V et VI) du ministère de la Défense sélèveront à 87,5 milliards de francs en autorisations de programme (contre 86 milliards de francs en 1999) et à 82,9 milliards de francs en crédits de paiement (contre 86 milliards de francs en 1999). Autant reconnaître demblée que le niveau des crédits de paiement constitue une déception qui suscite des interrogations sur sa véritable signification. Le Gouvernement sétait engagé en avril 1998, à lissue de la revue de programmes, à stabiliser les crédits déquipement, à mi-chemin de la programmation 19972002 et de lencoche de 1998, soit à un niveau de lordre de 86 milliards de francs pour 2000. De plus, au sein de cette enveloppe réduite, les traditionnelles opérations de bourrage prennent de lampleur. Cest notamment le cas du financement de la recherche civile qui augmentera de 600 millions de francs par rapport à 1999 pour sétablir à 1.500 millions de francs en 2000. La dualité civilo-militaire de ce type de dépenses reste à prouver. Seuls 75 millions de francs ont été clairement identifiés comme tels à ce jour pour 2000 soit 5 % des crédits. Interrogations toutefois sur la portée réelle de cet ajustement. Il doit dabord sanalyser dans la continuité des observations faites sur lexécution des années 1998 et 1999 relatives aux ralentissements de paiement constatés sur ces exercices. Il faut ensuite sefforcer de mesurer ses conséquences sur les différentes catégories daction financées à laide de ces crédits. A sen tenir à la présentation faite par le ministère qui résulte forcément dun certain nombre de conventions, la répercussion de lajustement est bien réelle.
Les agrégats qui progressent le plus, outre la contribution à la recherche civile déjà évoquée, sont les munitions et les restructurations. Leffort sur les munitions est considérable (+ 21 % en crédits de paiement, + 77 % en autorisations de programme). Il sagit de reconstituer les stocks après les consommations résultant des opérations du Kosovo mais aussi de réévaluer le niveau général des différents stocks. Cet effort, préconisé dans le rapport dinformation en date du 1er juillet 1999 et intitulé « Kosovo, le prix de la paix », simposait. Les munitions ont trop longtemps servi de variable dajustement pour amortir les différentes vagues de réduction de crédits. Larmée de lAir bénéficiera ainsi de 350 millions de francs supplémentaires avec une dotation de presque 2 milliards de francs et la Marine de 130 millions de francs supplémentaires avec une dotation de 870 millions de francs. Leffort sur les restructurations (+ 10,5 % en crédits de paiement) est lui aussi significatif. Cet agrégat est en fait sujet à caution. Sil intègre logiquement le fonds pour les restructurations de la défense (FRED), doté de 207 millions de francs, il ne prend pas en compte la totalité du fonds dadaptation industrielle (FAI) qui est doté de 1.175 millions de francs avec une progression de 100 millions de francs. Ce fonds finance essentiellement les dégagements des cadres et ouvriers de la direction des Constructions navales (voir chapitre VII). La prévision du coût de ce dispositif pour 2000 (769 millions de francs) est toutefois inférieure à la dotation proposée. Quoi quil en soit, dautres restructurations pourraient être comptabilisées sous cet agrégat. Cest le cas par exemple de la subvention pour la reconversion de la Polynésie (691 millions de francs en 2000) qui ne peut être considérée comme une dépense de défense. Lentretien programmé du personnel voit ses crédits progresser de 3,3 % avec un montant de 1,8 milliard de francs. Ces crédits financent des dépenses dhabillement, campement, couchage et ameublement des armées. Leur fonction intrinsèque de soutien de lhomme pourrait leur valoir une inscription au titre III. Lentretien programmé du matériel est une notion complexe. Les règles de rattachement au titre III ou au titre V sont peu claires. Après un processus constant de transfert du titre III vers le titre V (1,1 milliard de francs en 1997, 400 millions de francs en 1999), le projet de loi pour 2000 semble figer la situation. 15,5 milliards de francs sont inscrits au titre V Les infrastructures sont stables en crédits de paiement mais progressent de 10 % en engagements. Les évolutions qui suscitent le plus dinterrogations sont celles qui touchent au cur du titre V, cest-à-dire à léquipement des armées et à la vie des programmes. Elles sont regroupées sous les agrégats Études, développements et fabrications. Ces points appellent des analyses spécifiques. 2. La recherche Les années passent et les arbitrages continuent dêtre particulièrement défavorables à leffort de recherche de défense au point que lon se demande à quel niveau le plancher sera fixé. De surcroît, la réforme des procédures applicables aux études amont sest traduite par des retards importants dans les prises de décision et par un niveau des paiements historiquement bas en 1998. Deux agrégats sont généralement distingués pour mesurer les financements donnés aux laboratoires, organismes de recherche et bureaux détudes au titre des budgets de défense : · lagrégat recherche et technologie (R&T) mesure leffort consenti « en amont » des programmes darmement ; il correspond à lacquisition dexpertise préalable à la définition et au lancement des armements. Par convention, lagrégat R&T correspond, en France, au budget des études amont ; · lagrégat recherche et développement(R&D) comprend la R&T et les travaux de développement des matériels, dont ceux des programmes darmement déjà lancés. Les tableaux ci-après retracent leffort de recherche de la France et de quelques grands pays occidentaux, mesuré selon ces deux agrégats.
Ces données sont brutes. Les pratiques comptables variant dun pays à lautre, il convient de noter que ces chiffres ne recouvrent pas toujours les mêmes contenus physiques, ni les mêmes périmètres. Par ailleurs, les conversions monétaires sont sources de difficultés méthodologiques. Il nempêche quils reflètent un risque de décrochage de leffort de la France, notamment par rapport au Royaume-Uni. Le cur de cet effort est constitué en France par la notion détude amont. Les études amont dont la vocation est de permettre la préparation des programmes darmement, sont des recherches exclusivement appliquées qui vont de la recherche scientifique ou technique jusquà la réalisation de maquettes ou la mise au point de démonstrateurs. Elles sarrêtent là où commence la phase de faisabilité du programme. La préparation des programmes darmement futurs est elle-même orientée en fonction des besoins identifiés par le plan prospectif à trente ans (PP30) du ministère de la Défense. La ventilation de lagrégat est retracée par le tableau ci-après.
Il se décompose en financement direct détudes (titre V) et en subventions de fonctionnement (ONERA) et déquipement (ONERA, ISL, divers). Les dotations initiales consacrées aux études amont baissent tendanciellement. De plus, la réforme des procédures dattribution de ces crédits, opérée par linstruction ministérielle du 4 juillet 1997, a eu des effets très pénalisants sur la consommation des crédits en 1998, comme le montre le tableau ci-après.
En 1998, on aura donc dépensé moins de deux fois (44 %) de crédits sur les contrats de recherche détudes amont quen 1994. Il nest pas question de remettre en cause le bien fondé de la réforme de 1997. Il faut être conscient que les procédures jusqualors en vigueur dans le secteur de la défense en matière de crédits détudes amont ne permettaient pas une optimisation de lutilisation de largent public ni même un suivi précis de leur affectation. Il est des exemples de création de valeur industrielle obtenue à partir de crédits de recherche de la défense dans des domaines assez éloignés de lobjectif initial. Beaucoup dargent sest aussi perdu dans les sables de la recherche fondamentale peu appliquée. Cependant, la lenteur de lentrée en vigueur des nouvelles procédures et la rigidité bureaucratique quelle illustre sont condamnables. Il faut toutefois espérer quen 1999 lexécution sera plus dynamique quen 1998 (le mois de décembre a totalisé à lui seul 50 % des paiements de lannée). En matière de recherche amont, un certain conformisme règne, comme le montre lidentité des principaux bénéficiaires des contrats qui font peu de place aux PME/PMI.
De même, les domaines de recherche sont peu évolutifs ou innovants. On constate en effet que moins de 1 % du total est consacré aux nouvelles armes adaptées à lévolution de la menace ou de lengagement des forces. Les armes non létales mobilisent des sommes beaucoup trop faibles, la guerre de linformation (brouillage laser, reconnaissance des langues) également. On ne peut dès lors que reprendre à notre compte le constat critique porté par certains sur lorientation et lévaluation des études amont : « Les études amont à plus de 99,5 % de leur montant ne concernent pas ou peu les nouvelles formes de conflit. Cette continuité est surprenante, car cest bien au niveau des études amont, où la réactivité est plus aisée, que lon devrait voir se dessiner les concepts de notre défense future. En effet, si linertie des programmes peut sexpliquer par linvestissement en outil de production, par la durée longue de mise en place dun développement et par la durée en service de nos systèmes darmes, il est par contre préoccupant de constater que, dix ans après la chute du mur de Berlin, après la fin de la bipolarité, les études amont fassent encore une place insuffisante à la nouvelle donne, aux nouvelles formes de conflit, aux situations nouvelles, que connaissent nos forces armées dans les interventions actuelles hors de nos frontières. » A côté des études amont figureront désormais des études à caractère opérationnel ou technico-opérationnel. La programmation en prévoit environ 150 pour un montant de 146 millions de francs en 1998 et 163 millions de francs en 1999. Elles sont classées par systèmes de forces et ont pour but daffiner les futures expressions de besoin militaire dans une optique de long terme ou de fournir des éléments daide à la décision pour la préparation des programmes identifiés, comme le montrent les exemples détude ci-après : · concept demploi et de vulnérabilité de lavion de transport futur ; · complémentarité entre avions et véhicules non habités ; · analyse de la vulnérabilité NBC au niveau théâtre, etc. Enfin, 40 millions de francs sont inscrits au projet de loi de finances pour 1999 pour financer des études à caractère politico-militaire, économique et social principalement pour la délégation aux affaires stratégiques qui compte elle-même 85 personnes. Cette dernière arrête un programme de travail autour de quelques objectifs ciblés comme la coopération de défense, la relation franco-allemande, la lutte contre la prolifération et passe des contrats avec des organismes ou des chercheurs isolés. 3. Le financement des programmes Si lagrégat entretien programmé du matériel représente leffort consenti en matière de maintenance et de gestion du matériel en dotation actuellement dans les forces, ce sont les agrégats développement et fabrication qui traduisent linvestissement dans la modernisation et le renouvellement de léquipement. Le développement englobe les dépenses qui vont de la phase de faisabilité du programme jusquà lélaboration des prototypes. A partir de lindustrialisation, les dépenses sont regroupées sous lagrégat fabrication. La stagnation des crédits de paiement consacrés au développement (14 milliards de francs en 2000 comme en 1999) est compensée par la forte progression des autorisations de programme (+ 32 %) qui, avec un volume de 16,2 milliards de francs, permettront de financer les grands programmes à venir, notamment nucléaires (missiles M51 et Air-Sol de moyenne portée amélioré ASMPA). La chute des crédits finançant les fabrications, tant en crédits de paiement (29 milliards de francs, soit 11 %) quen autorisations de programme (27,8 milliards de francs, soit 16 %), est plus préoccupante. Aucune armée nest épargnée par ce mouvement de réduction de crédits comme le montre le tableau ci-après.
Larmée de lAir verra ainsi ses crédits de fabrication baisser de En matière de développement, la Marine et larmée de lAir sont mieux traitées puisquelles consolident en 2000 les augmentations de crédits obtenues en 1999. Le financement des programmes dépendra largement en 2000 du niveau de reports de crédits de la gestion 1999 et de la mobilisation des autorisations de programmes disponibles (cf. supra). Deux paramètres interviendront de manière toute aussi décisive : · les conséquences des réductions de coûts obtenues par la DGA ; · le recours aux commandes globales comme technique privilégiée dacquisition. a) Les réductions de coûts obtenues par la DGA A la suite de lopération « coup de poing » menée dans la deuxième partie de lannée 1996, électrochoc salutaire destiné à mobiliser lensemble de la Délégation générale pour larmement (DGA) sur lobjectif de réduction des coûts des programmes darmement, un contrôle de gestion des programmes a progressivement été mis en place à partir de 1997. Ce contrôle repose sur la référence dun coût objectif notifié au directeur de programme par le délégué général pour larmement en accord avec le ou les états-majors concernés. Les objectifs de réduction de coût sont échelonnés selon létat davancement des programmes (de 30 % pour ceux entrant en phase de faisabilité à 10 % ou moins pour ceux en production). Chaque mois, les responsables de programme fournissent une estimation des réductions de coût quils ont obtenues. Elles sont considérées comme acquises lorsquelles sont actées (par une décision ou dans un contrat passé à lindustrie) ou considérées comme très proches de lêtre. Les méthodes de réduction de coûts sont nombreuses. Les plus importantes dentre elles portent sur la stratégie dacquisition, lanalyse de la valeur qui, au terme dune optimisation du rapport entre le coût et la performance, permet de fixer les spécifications au « juste besoin », la négociation avec les industriels, loptimisation du soutien logistique et des essais ou encore la réutilisation de matériels existants. Parmi les méthodes utilisées pour obtenir les réductions de fin 1998 et de 1999, on peut notamment citer : · la stratégie dacquisition : cest par exemple le cas pour le système principal PAAMS de missile anti-aériens pour frégates pour lequel lélargissement de la coopération au Royaume-Uni a entraîné une réduction de devis de 11,5 %. Lallongement de la série des missiles Aster communs avec ceux de la famille sol-air futurs FSAF entraîne de plus une réduction du devis de ce dernier programme ; · loptimisation des programmes : cest par exemple le cas du réseau de communication Rubis de la gendarmerie pour lequel loptimisation des systèmes de transmission et de radiocommunication, de la logistique initiale et des travaux dinfrastructure a permis une réduction de 5,4 % du devis. · la définition de nouvelles solutions techniques : cest le cas de lensemble modulaire de traitement de linformation du Rafale. La puissance de calcul nécessaire au futur standard F2 de lavion nécessite un nouveau matériel. La solution retenue, fondée sur larchitecture développée au titre du Mirage 2000-9, fournit la puissance de calcul voulue et a entraîné une réduction des coûts de production du Rafale. Lobjectif déconomies fixé au départ de lopération de réduction de coût est de 102 milliards de francs, soit 19 % de la somme (537 milliards de francs) qui restait à engager au mois de septembre 1996 pour financer 81 programmes darmement placés sous contrôle de gestion. Au 30 juin 1999, 85 programmes étaient placés sous contrôle de gestion. Les réductions de coût cumulées représentaient 8,9 % des dépenses quil restait à engager à lété 1996. Les réductions de coût approchent donc les 50 milliards de francs. Elles se traduisent par des diminutions des besoins financiers, étalées sur la durée de réalisation de ces programmes dont certains dépassent 2010. Ce résultat, qui tient compte des contraintes opérationnelles imposées par le ministère, est clairement à mettre à lactif du délégué général pour larmement. La revue des programmes menée pendant lhiver 1998 avait repris à son compte un certain nombre de ces mesures déconomies, à côté des réductions de capacité et des étalements des calendriers. Lampleur de ces chiffres appelle toutefois des commentaires. La DGA, pourtant moins réticente que naguère à communiquer vers lextérieur comme en témoigne, par exemple, la publication dun rapport dactivité très documenté au printemps 1998, suivi dune deuxième édition en 1999, ne fournit pas détat détaillé de la répartition des économies, ce qui est compréhensible. Il est par conséquent difficile de déterminer une décomposition, même approximative ou rudimentaire, par catégorie de coût, par programme ou par type de mesure. Si la réalité et létendue de la réforme engagée en 1996-1997 ne fait guère de doutes, non plus que la tendance à la réduction effective des coûts sous la contrainte qui, comme chacun sait, rend imaginatif, on peut accompagner le chiffrage publié de quelques commentaires afin den mieux cerner la portée. Tout dabord, le montant déconomies de 102 milliards de francs à atteindre porte sur des programmes à terminaison, cest-à-dire au terme de leur durée de vie qui peut être très longue, parfois de lordre de 30 ans. Plus la période chronologique considérée est étendue, plus les montants en cause sont importants. Par ailleurs, il faut souligner que la référence comptable des économies obtenues est constituée des devis initiaux des programmes, parfois reflet dune époque où les choses se faisaient autrement et où la maîtrise des coûts nétait pas la préoccupation première. La validation des devis initiaux des industriels est une étape décisive du processus de réduction des coûts qui engage largement sa crédibilité. La DGA en est pleinement consciente puisquelle a mis en place des spécialistes des achats dans les équipes de programme. Une sous-direction des achats, créée en 1997, est chargée de centraliser les informations de prix et de coûts disponibles dans les services de programme et de favoriser la concurrence au niveau des maîtres duvre et des sous-traitants afin dobtenir plusieurs références pour évaluer une offre. Dans ce but, une base de données économiques mise en place début 1998 sattache à recenser les éléments déterminants de la structure des prix de revient des fournisseurs : taux horaires des principales sections de main duvre (fabrication, études ...), niveaux de frais hors production et de frais dapprovisionnement. Ces éléments sont issus des enquêtes déléments comptables de valorisation effectuées par les experts de coût de la DGA auprès des sociétés darmement, principaux fournisseurs de la DGA. Enfin, des astuces de présentation ne sont pas à exclure : modifications de périmètre, réductions de capacités, etc. Il nen reste pas moins que la direction indiquée est la bonne et que la DGA, sous limpulsion de ce programme mobilisateur, est incontestablement en train de changer de culture ; le cap doit évidemment être maintenu. La séparation davec la direction des Constructions navales et la contractualisation renforcée avec la direction des Centres détudes et dexpertise devraient aussi lui permettre de saffranchir de certains obstacles à louverture à la concurrence qui reste le meilleur moyen de faire baisser les prix. b) Les commandes globales La DGA pratique de façon courante les commandes pluriannuelles pour des opérations dampleur limitée ou lorsquil sagit de commander des ensembles cohérents (développement dun matériel prototype, fabrication dun système complet comme un bâtiment naval) dont la réalisation prend plusieurs années. Fin 1997, la DGA a passé les premières commandes pluriannuelles dites « globales » qui consistent à sengager pour plusieurs tranches de fabrication dun matériel de série ou plusieurs annuités de développement, en maintenant le calendrier de réalisation et léchelonnement des paiements. LÉtat peut ainsi obtenir des prix plus intéressants en contrepartie de lengagement à plus long terme qui est pris vis-à-vis de lindustriel. La procédure des commandes globales a connu en 1997 un début de mise en application pour cinq programmes. Les commandes ont concerné les missiles de croisière air-sol Apache anti-piste et Scalp EG, la torpille franco-italienne MU 90, le missile air-air Mica et les moyens de transmission MTBA de dix-huit bases aériennes.
En 1998, la procédure des commandes globales a concerné cinq autres programmes : le système de combat de la frégate Horizon (PAAMS), les moyens de transmission des garnisons de larmée de terre (MTGT), les chars et dépanneurs Leclerc ainsi que le missile stratégique M 51.
Pour 1999, la procédure des commandes globales a concerné deux programmes à ce stade : lavion de combat Rafale et lhélicoptère de combat franco-allemand Tigre.
Leffet attendu de la procédure des commandes globales est une économie sur chaque commande dau moins 5 %, avec un objectif de 10 %. Léconomie obtenue à travers la négociation des commandes globales de lannée 1998 est estimée à un peu plus de 6 %. Les commandes pour 1999 du Rafale et du Tigre ont été négociées directement sous la forme globale actuelle. Léconomie obtenue pour ces programmes peut être estimée à environ 10 %. Lextension de la procédure des commandes globales à dautres programmes est recherchée pour 1999 et les années suivantes. Les commandes globales actuellement envisagées pour le second semestre de 1999 sont la modernisation des chasseurs de mines tripartites (CMT) et la réalisation du missile anti-navire futur (ANF). Le missile anti-char de troisième génération de moyenne portée (AC3G MP), le missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A) et larmement air-sol modulaire (AASM) sont envisagés comme commandes globales pour 2000. Une deuxième commande devrait être également passée pour le missile M51, et pour les moyens de transmission des bases aériennes (MTBA). En deux ans, 12 commandes de ce type ont ainsi été passées à lindustrie pour un montant voisin de 45 milliards de francs au total ; environ 15 milliards de francs y seront consacrés en 2000, les principales opérations concernant le M51 (7 milliards de francs) et lAC3G-MP (2,8 milliards de francs). Cette technique dacquisition est efficace dans la mesure où elle permet déchanger des réductions de prix contre la sécurité des plans de charge des industriels à moyen terme. Son développement a cependant des effets quil faut identifier et contrôler. Tout dabord, un nombre croissant dautorisations de programme est mobilisé, au sein de chaque armée, par ce type de contrats. Cela peut générer des tensions sur dautres programmes. La commande globale étant ferme et engageant lÉtat sous peine de pénalités, il est en effet légitime de la couvrir par un volume dautorisations de programme représentatif de cet engagement. Il peut toutefois y avoir des négociations, dans le cas de programmes structurels, sur les règles de couverture en autorisations de programme en envisageant des couvertures par tranches pluriannuelles. Les économies obtenues dépendant de la visibilité des industriels sur la durée de lengagement de lÉtat, il faut arbitrer entre le volume des économies souhaitées et le montant dautorisations de programme disponible. Lexemple du M51, où lÉtat souhaite garder le bénéfice de la négociation portant sur un engagement à cinq ans, avec une commande globale portant sur une tranche de développement de deux ans, montre que les choses ne sont pas toujours aussi simples. Des commandes globales sont ainsi retardées faute dautorisations de programme nécessaires (deuxième tranche des Rafale, AC3G-MP). Ensuite, il faut bien prendre conscience que cette technique a un effet direct : elle implique la couverture en crédits de paiement correspondant à léchéancier négocié. Elle peut donc « rigidifier » le budget des années à venir en privant lÉtat de sa capacité dadaptation et de réaction face à différents paramètres (conjoncture économique, évolution de la menace, avancées technologiques). Ce mécanisme doit dautant plus être mesuré quil joue sur des durées très longues. La multiplication des commandes globales détermine ainsi largement les programmations futures et les budgets des années 2004-2006. En conclusion, on peut estimer le budget des programmes pour 2000 très tendu. En termes dengagements, il conviendra de savoir mobiliser des stocks dautorisations de programme disponibles notamment pour compléter le financement du développement du M51 (5 milliards de francs en loi de finances initiale pour 7 milliards de commandes envisagées) et pour assurer le lancement de lindustrialisation et la fabrication de lhélicoptère NH 90. Cette analyse ne prend pas en compte léventuel lancement de lavion de transport européen dont, par construction, le financement nest actuellement pas prévu. En matière de crédits de paiement, lexécution des programmes en cours devrait pouvoir être assurée, à condition de bénéficier rapidement des reports de crédits de lexercice 1999 et dune dispense dannulation tout au long de lannée 2000. Dans le cas contraire, la programmation prendrait quelques mois supplémentaires de retard (à la fin de 1998, on estimait ce retard à trois mois), sauf à générer dimportants reports de charges qui ne manqueraient pas de provoquer une nouvelle crise financière, comme en 1995/1996, alors que tous les efforts menés depuis 1997 ont justement pour but de rompre avec ce type denchaînement, préjudiciable aux intérêts de tous. LAISSER CETTE PAGE SANS NUMÉROTATIONCHAPITRE III LA PROFESSIONNALISATION DES ARMÉES La professionnalisation des armées est le grand enjeu de la programmation militaire de 1997-2002. Elle a été conçue dans un calendrier resserré afin de limiter les effets démobilisateurs dune transition qui sétirerait en longueur. Le tableau ci-après récapitule les flux de suppressions et de créations de postes par catégorie entre 1996 et 2002.
Les chassés-croisés impliquent un bouleversement, de lorganisation et du fonctionnement de linstitution militaire. Lensemble des personnels de la défense en saisit la portée et chacun la mesure dans son travail quotidien. Audacieux, le pari est en passe dêtre tenu : · la disparition progressive des appelés est pour le moment contrôlée ; · la mutation des effectifs militaires est bien engagée ; · les vacances de postes de civils constatées ces dernières années commencent à faire lobjet dun traitement adapté. I. LA DISPARITION PROGRESSIVE DES APPELÉS La décroissance des effectifs dappelés est le paramètre majeur de la réussite de la transition qui mène à la professionnalisation. Il est prévu un étalement sur une période de six ans de manière progressive afin déviter un choc trop brutal pour les armées. Cette disparition observe un calendrier différencié selon les armées mais lon peut affirmer quà quelques réserves près, la situation est actuellement maîtrisée dans ce domaine. A. UN IMPACT DIFFÉRENCIÉ SELON LES MODÈLES DARMÉES Les appelés doivent passer de 201.498 en 1996 (35 % du total) à 0 en 2002, date à laquelle 27.171 volontaires doivent figurer dans les cadres, selon un rythme régulier de décroissance dun peu plus de 30.000 personnes par an. En 2000, 62.475 appelés sont attendus par les armées, soit moins du tiers du nombre de 1996. Toutefois ce processus revêt des formes variées selon les armées. La situation de départ de chacune dentre elles était différente en 1996, de même que le rythme de décroissance adopté. Ainsi, les appelés représentaient la moitié des effectifs totaux (132.000 sur 268.000) de larmée de Terre en 1996, contre 35 % des effectifs de larmée de lAir (33.000 sur 93.000), 25 % dans la Marine (18.000 sur 70.000) et 13 % dans la Gendarmerie (12.000 sur 94.000). De même, alors que larmée de Terre et la Marine ont opté pour une décroissance linéaire de leurs effectifs dappelés qui fait quà mi-chemin de la programmation, fin 1999, elles devraient encore disposer de la moitié du nombre dappelés quelles avaient en 1996, larmée de lAir a opté pour une accélération immédiate de la décrue en 1997, 1998 et, dans une moindre mesure, 1999, puisque fin 1999 elle ne comptera plus que 11.000 appelés, soit 2/3 de moins quen 1996. Quant à la Gendarmerie, sa situation est tout à fait spécifique, elle a quasiment maintenu ses appelés de 1996 à 1999 pour dès la fin 1998 annoncer leur remplacement par des volontaires qui seront plus nombreux en 2002 (16.000) que les appelés de 1996 (12.000). Ces choix (et dautres qui tiennent à loption entre civils et militaires engagés) expliquent pourquoi larmée de Terre et la Marine continuent à être très exposées aux aléas de la ressource en appelés dans la deuxième moitié de la transition (1999-2002) alors quau terme de 1999, larmée de lAir aura fait lessentiel du chemin. B. UNE SITUATION JUSQUICI MAÎTRISÉE Il na pas été constaté à ce jour de dégradation du comportement civique des dernières générations de jeunes hommes appelés à faire un service national dune durée de dix mois. Le taux des insoumissions est historiquement bas. En revanche, le nombre des reports augmente en raison de modifications de la législation (poursuite des études, contrat de travail). Lattitude des conscrits actuellement sous les drapeaux est, selon les termes du chef dÉtat-major de larmée de Terre, « exemplaire ». Par ailleurs, 90 % des jeunes français convoqués à la journée dappel de préparation à la défense depuis le 3 octobre 1998 se sont rendus à cette convocation. Il nen reste pas moins que depuis le début de 1999, la comparaison du nombre de recrues incorporées par rapport aux besoins des armées fait apparaître certains déficits. Les fractions de contingent davril et de juin, traditionnellement déficitaires, nont permis dincorporer que 63 % des effectifs prévus. Cependant, en raison des appelés déjà incorporés, les effectifs moyens réalisés au 1er août 1999, calculés sur les huit premier mois de lannée, sont de 92.373 hommes, soit un chiffre proche de 98.744 postes budgétaires ouverts pour lannée. En moyenne, le sous-effectif atteindrait 12 % dans larmée de Terre et 18 % dans la Marine. Ces chiffres qui peuvent saméliorer avec les incorporations doctobre et décembre permettent daffirmer que la situation est maîtrisée. Ainsi, la prévision de sous-effectifs moyens pour lensemble de lannée 1999 est de lordre de 8 %. Sauf changement radical de comportement des jeunes français, il est prévu que la fin de la transition saccomplisse dans de bonnes conditions, les besoins en appelés décroissant fortement et larrivée des volontaires donnant de la souplesse au système. C. LA MONTÉE EN PUISSANCE DES VOLONTAIRES Avec 6.500 créations de postes au budget, lannée 2000 verra la montée en puissance des volontaires déjà présents depuis la fin de 1998 dans la Gendarmerie (3.000 postes en 1999) et depuis 1999 dans les autres armées et services (1.751 postes). La loi du 28 octobre 1997 portant réforme du service national a établi que les volontaires serviront sous statut militaire pour une durée dun an renouvelable quatre fois. Ils pourront détenir les grades de militaires du rang, sergent et aspirant. Leur statut militaire leur permettra en particulier de participer aux opérations extérieures. Comme pour les emplois-jeunes, dont il constitue en quelque sorte le volet militaire, le volontariat offrira ainsi la possibilité à des jeunes dacquérir une première expérience professionnelle propre à faciliter une recherche demploi ultérieure. Sur les 6.500 emplois nouveaux pour 2000, 4.300 sont prévus pour la Gendarmerie. Ce rythme de création demplois de volontaires est inférieur au référentiel initial de la Gendarmerie. De 1935 postes en 1999, le décalage sélèvera à 2.569 postes en 2000. Même partiellement compensé par une décroissance moins rapide que prévu des appelés, ce retard devra être comblé de manière à atteindre la cible de 16.200 volontaires en 2002. Les autres volontaires (2.200 dont 1.500 dans larmée de Terre) seront appelés à servir dans des emplois combattants, techniques, paramédicaux ou de soutien. II. LA MUTATION DES EFFECTIFS MILITAIRES A. LE RECRUTEMENT Les militaires du rang ont vocation à passer dun effectif de 44.552 personnes en 1996 (7,8 % du total) à 92.527 personnes en 2002 (21 % du total), c'est-à-dire quils devraient plus que doubler en volume (+ 108 %) et presque tripler en proportion du total. Leur effectif budgétaire sera de 76.336 en 2000, soit presquun quart des militaires professionnels. Les différents chefs dÉtat-major ont confirmé lors des audiences préliminaires à la rédaction du rapport spécial que les armées ne rencontrent aucune difficulté à assurer le recrutement des engagés. Aucune inquiétude, ni quantitative ni qualitative nest à signaler. Larmée de Terre doit ainsi plus que doubler ses effectifs de militaires du rang entre 1996 et 2002 en passant de 30.200 à 66.700. Elle disposera en 2000 de 53.707 postes dengagés volontaires de larmée de Terre (EVAT). A ce jour, larmée de Terre constate que pour un poste ouvert, elle dispose de trois dossiers complets de candidature en moyenne. 20 % des EVAT ont le baccalauréat ou plus. La durée moyenne de service est actuellement denviron six ans et cinq mois, même si la durée du premier contrat varie entre trois et cinq ans. A terme, la mise en place du nouveau parcours professionnel des EVAT devrait permettre datteindre 8 ans. Larmée de Terre, consciente que cette aisance de recrutement nest pas définitivement acquise au regard de lévolution du marché de lemploi ou de constations faites à létranger (États-Unis par exemple), sefforce de maintenir lintérêt des jeunes par des initiatives diverses (campagne de promotion, démarchage des centres dorientation, etc ). Ces initiatives ont un coût. Larmée de Terre a ainsi dépensé 56 millions de francs en 1999 pour ses campagnes publicitaires, tous supports (télévision, radio, affichage, publipostage et presse) confondus, dont 32 millions de francs au niveau national et 24 millions de francs au niveau local. Ces dépenses sont dun niveau élevé tant au regard de celles de 1998 (41 millions de francs) que des dépenses effectuées par les autres armées (2,5 millions de francs pour larmée de lAir ; 3,8 millions de francs pour la Gendarmerie et 3,6 millions de francs pour la Marine au titre de la seule campagne de janvier 1999). Ceci sexplique par lenjeu majeur que la réussite du processus représente pour larmée de Terre. La revalorisation du statut financier des engagés qui leur permet de disposer dune rémunération nette de 6.350 francs par mois sans les primes dactivité, donc très supérieure au SMIC compte tenu des avantages en nature (alimentation, hébergement, réduction SNCF) nest pas non plus étrangère à ces bons résultats. Sagissant de la Marine, la professionnalisation se traduit dabord par une diminution importante des effectifs dofficiers mariniers (équivalents des sous-officiers dans les autres armées) et qui passeront de 32.500 en 1996 à 30.100 en 2002 ( 8 %) alors que les effectifs des militaires du rang restent stables, de lordre de 8.000 personnes. La Marine a toutefois pris une initiative quil convient de saluer en choisissant de remplacer une partie des appelés par du personnel engagé avec des contrats courts. Ce dispositif a pour finalité doffrir une première expérience professionnelle à de jeunes français peu ou pas qualifiés, âgés de 18 à 22 ans. Pendant la durée de leur contrat (deux ans non renouvelables), ces jeunes marins ont le même statut et la même rémunération que le personnel engagé de longue durée. Ce type de recrutement monte en puissance : de 500 en 1997, il est passé à 900 en 1998 puis 970 en 1999. En régime établi, à partir de 2002, le flux annuel sera denviron 1.000 personnes. Les emplois qui leur sont destinés sont de trois catégories : · service général (agent de restauration, peintre, magasinier) ; · manutention aéronautique ; · protection et défense. Les deux dernières spécialités connaissent des déficits importants par rapport aux besoins car le taux de départ dans les six mois suivant lincorporation est élevé (entre 35 et 40 %). Quant à linsertion professionnelle des sortants du dispositif, il est encore trop tôt pour en faire le bilan. La Marine maintient par ailleurs son dispositif classique de recrutement dengagés initiaux longue durée (quatre ou huit ans) à hauteur de 2.300 personnes par an. Comme la Marine, larmée de lAir ajuste à la baisse le nombre de ses sous-officiers, mais elle accroît le volume de ses militaires du rang pour remplacer les appelés. Ceux-ci passeront ainsi de 11.400 en 1999 à 13.500 en 2000 (+ 18 %) avec un effectif cible de 16.700 personnes en 2002. Dans larmée de lAir, il nexiste quune filière de recrutement dengagés, celle des militaires techniciens de lair (MTA), choisis parmi des jeunes de niveau scolaire compris entre la classe de troisième et le bac professionnel. Ils ont vocation à servir dans 27 spécialités pendant une durée limitée à huit ans. En 1998, larmée de lAir a recensé deux candidatures pour un poste et plus de 90 % des jeunes recrutés possédaient un diplôme de type CAP, BEP ou bac professionnel. Le taux de féminisation était de 25 %. B. LE RAJEUNISSEMENT DES CADRES Ladaptation quantitative de lencadrement des armées se fera essentiellement de manière mécanique par réduction de leur format. Toutefois, le taux dencadrement sera aussi ajusté par déflation de certains effectifs. Cest notamment le cas des sous-officiers qui passeront de 214.828 en 1996 (37 % du total) à 199.296 en 2002 (45 % du total) soit une baisse de 7,2 %. Toutes les armées connaissent cette évolution. Le projet de budget pour 2000 supprime ainsi 4.500 postes de sous-officiers ( 2 %) dont 1.302 dans larmée de lAir, 1.042 dans la Marine, 1.132 dans larmée de Terre, et 966 dans la gendarmerie. Sagissant des officiers, la décroissance est moins prononcée. De 1996 à 2002, ils passeront de 38.456 (6,7 % du total) à 38.189 (8,7 % du total) soit une baisse de 0,7 %. La Gendarmerie doit même accroître le nombre de ses officiers entre 1996 et 2002. Le projet de budget pour 2000 innove dans ce domaine en proposant la suppression nette de dix emplois dofficiers généraux. Sagissant de larmée de Terre, deux postes de généraux de division et six postes de généraux de brigade sont supprimés. Inversement, deux postes de généraux de brigade sont créés, ce qui fait un solde net de six réduction de postes de généraux. Larmée de Terre comptait, au 1er juillet 1999,197 généraux. Un poste est supprimé dans larmée de lAir qui comptait, au 1er juillet, 66 généraux. Un poste est supprimé dans la Marine qui comptait, au 1er juillet 1999, 53 amiraux. Deux postes dingénieurs généraux sont supprimés à la Délégation générale pour larmement qui comptait en 1999, 120 postes budgétaires dingénieurs généraux dont 15 à la direction des Constructions navales et un au service de la maintenance aéronautique. La Gendarmerie, qui compte 32 généraux au 1er juillet 1999, nest pas concernée par ces mesures. Le sujet essentiel de préoccupation pour les cadres ne relève pas du recrutement mais du rajeunissement. Afin de disposer dune moyenne dâge conforme aux normes dune armée professionnelle, il est indispensable de favoriser les carrières courtes, notamment des sous-officiers, ce qui nest pas sans poser le problème de leur coexistence actuelle ou future avec les personnels civils qui, du fait de la nature des tâches quils assument, ne sont pas soumis à cet impératif de mobilité et de départ précoce. La politique dencouragement aux départs anticipés des cadres menée depuis 1997 a le même objectif de rajeunissement et de repyramidage des carrières. Linstrument principal de cette politique est le pécule dincitation au départ anticipé, institué par larticle premier de la loi N° 96-111 du 19 décembre 1996. Il faut rappeler que le pécule dincitation au départ anticipé peut être accordé aux militaire de carrière en activité se trouvant à plus de trois ans de la limite dâge de leur grade et qui font valoir leurs droits à une pension militaire de retraite à jouissance immédiate (25 ans pour les officiers et 15 ans pour les sous-officiers). Le montant non imposable de ce pécule est égal à 45 mois de solde budgétaire pour le militaire se trouvant à plus de dix ans de la limite dâge de son grade. Son montant est ensuite dégressif en fonction de la durée des services restant à accomplir avant la limite dâge. En outre, une réduction de 10 % de ce montant est également prévue pour les pécules attribués à partir de 1999 et de 20 % à partir de 2001.
Le nombre total dofficiers bénéficiaires du pécule est stable depuis 1997 (180 en 1997, 164 en 1998, 155 en 1999 pour une prévision initiale très supérieure puisquétablie à 225). Le nombre total de sous-officiers a baissé en 1999 par rapport au pic de 1998 et la prévision était encore moins élevée (2.420 pour 2.550 réalisés). En 1999, le pécule moyen des officiers était de 450 KF et celui des sous-officiers de 263 KF. Pour 2000, le nombre prévu est de lordre de 200 officiers et 2.500 sous-officiers, soit la quasi reconduction de 1999. Ce dispositif a été financé à hauteur de 572 millions de francs en 1997, 830 millions de francs en 1998 (pic sous-officiers), 742 millions de francs en 1999 (baisse des sous-officiers et effet de la dégressivité de 10 %) et 762 millions de francs sont prévus pour 2000. La stratégie en matière de pécules doit trancher entre deux options : soit faire partir le maximum de personnes et favoriser avec des pécules réduits les départs de cadres très proches de la limite dâge de leur grade, ce qui sapparente à un effet daubaine, soit privilégier le déblocage de la pyramide des carrières et faire partir moins de gens mais plus éloignés de la limite dâge de leur grade. La moyenne constatée en 1998 pour les sous-officiers était une durée de 5 ans et 8 mois précédant la limite dâge de leur grade. Elle avait très peu évolué en 1999 (5 ans et 6 mois). Malgré ces départs, laugmentation du taux dencadrement (rapport officiers et sous-officiers/effectif militaire total) prévue par la loi de programmation se vérifie progressivement. Il est obtenu par une diminution du nombre de cadres plus faible que celle qui est appliquée à la somme des autres catégories (appelés, engagés, volontaires).
III. LINSUFFISANCE DES CIVILS Selon le modèle de la programmation, les civils doivent passer de 73.747 personnes (13 % du total) en 1996 à 83.023 en 2002 (19 % du total), soit une progression de 12,6 %. Les armées qui ont le plus misé sur la croissance des effectifs de civils sont la Marine, avec une évolution de 6.500 postes en 1996 (9,3 % du total) à 11.600 en 2002 (plus de 20 % du total), et dans une moindre mesure, larmée de lAir qui passera de 4.900 postes en 1996 (5,2 % du total) à 6.730 en 2002 (9,5 % du total). Pour larmée de Terre, cette catégorie revêt aussi une grande importance puisque la faible croissance des effectifs de civils (+ 6 % entre 1996 et 2002) aura paradoxalement pour effet den augmenter la proportion à 20 % des effectifs totaux, du fait de la réduction du format de lensemble. Quel que soit le modèle darmée, les recrutements de civils sont donc fondamentaux pour la réussite de la professionnalisation. Le rapport avait déjà exprimé lannée dernière une inquiétude relative au nombre trop élevé de vacances de postes de civils et demplois non pourvus dans les armées. Après avoir détaillé les causes du phénomène, il avait préconisé des mesures de redressement. La situation, sans être encore pleinement satisfaisante, sest cependant améliorée depuis et les mesures prévues par le projet de budget, notamment laffectation de crédits dédiés à la sous-traitance gagés par des suppressions de postes, devrait permettre de progresser encore. A. ORIGINE ET AMPLEUR DU PHÉNOMÈNE Au 1er septembre 1999, près de 10.000 emplois de civils étaient vacants au ministère de la Défense, ce qui est très important, mais ce nombre devait être ramené à 5.900 au 31 décembre 1999 du fait du recrutement en cours de près de 4.500 fonctionnaires. La seule armée de Terre compte 3.800 vacances de postes de civils, soit 11 % des effectifs budgétaires. La Marine en compte un peu moins de 1.000, soit 10,8 % des effectifs budgétaires (la proportion était de plus de 12 % en 1998) et la Gendarmerie 300 soit 17 % de ses effectifs civils. Les causes de cette situation diffèrent selon les catégories de personnels civils. Sagissant des fonctionnaires et contractuels, le sous-effectif concerne toutes les composantes du ministère, même sil touche particulièrement les armées et services communs. Le ministère compte 37.000 postes budgétaires de fonctionnaires et 7.000 postes de contractuels dont 2.000 seront vacants à la fin 1999 (mais 6.500 au 1er septembre),soit 4,3 % de leffectif total, ce qui représente un reliquat frictionnel important. Sur ce total, 1.100 emplois sont « mis en réserve », cest-à-dire gelés par le ministère de lÉconomie et des Finances. Le reste relève de la responsabilité propre du ministère de la Défense. Avant 1997, ce ministère perdait chaque année plusieurs centaines demplois de fonctionnaires. Depuis la professionnalisation, cest linverse. Cette inversion brutale de tendance a généré dès le début un déficit important quil a fallu résorber en accélérant les dates et le déroulement des concours de recrutement afin den améliorer le rendement. Ce rattrapage doit saccentuer puisque les flux de créations nettes de postes de fonctionnaires perdurent. Sagissant des ouvriers dÉtat, la problématique est différente. Il sagit essentiellement dassurer leur mobilité depuis les établissements où ils sont en sureffectifs (DCN, DGA, GIAT) à destination des armées. Le ministère de la Défense comptait ainsi 54.500 emplois douvriers dÉtat en 1999 dont 32.000 dans les armées, 9.000 à la DGA et un peu plus de 12.000 à la Direction des constructions navales (DCN). Au 31 décembre 1999, 3.900 de ces emplois pourraient être vacants (7 %). Le blocage tient là essentiellement au ralentissement constaté du dispositif de mobilité entre la DCN, la DGA, le GIAT et les armées. En 1997, 705 ouvriers de la DCN et 176 ouvriers du GIAT ont accompli cette mobilité. En 1998, ils étaient 88 en provenance du GIAT et 226 en provenance de la DCN. Pour 1999, lobjectif est de 345 ouvriers en provenance du GIAT et de 160 (ouvriers et non ouvriers) en provenance de la DCN. Manifestement, le mouvement, qui sopère sur la base du volontariat, se ralentit. Les personnels de la DCN ont attendu en 1998 la parution du décret encadrant le dégagement des cadres à 52 ans et lannonce des réformes et du plan dentreprise avant de sengager. Une relance de ce dispositif est essentielle, compte tenu des besoins des armées dune part, et des objectifs de réduction deffectifs tant à la DCN quau GIAT, dautre part. Chacun doit être conscient de la nécessité de la réussite de ces transferts, les armées en accueillant correctement les civils mutés, le ministère en proposant des postes adaptés au profil des ouvriers concernés et les ouvriers dÉtat en se souvenant que leur statut nimpose quune obligation à lÉtat, celle de les affecter en fonction des besoins du service public. Néanmoins, la position qui consiste à refuser tout recrutement douvrier tant que la DCN et la DGA nont pas résorbé la totalité de leurs sureffectifs sexplique par le souci louable de maîtriser lexécution budgétaire du titre III de la Défense. Il est vrai que certains chapitres de rémunérations, déjà insuffisamment dotés en construction budgétaire parce que le ministère ne parvient pas à évaluer précisément ses besoins en RCS, ne peuvent supporter de sureffectifs. Mais ce nest pas une raison pour prendre en otage les armées qui ont peu de capacités daction sur la résorption des sureffectifs de la DGA ou de la DCN. De manière pragmatique, la direction du budget du ministère de lÉconomie et des Finances est ainsi conduite à desserrer létau et à accorder des dérogations à linterdiction dembauche des ouvriers dÉtat. 150 dérogations ont ainsi été obtenues en 1997 et 500 en 1998. Cette souplesse relative a ainsi permis daméliorer la situation de la Marine en 1998. Une mesure comparable (300 emplois) pourrait être accordée en 1999. Une autre solution consiste à ouvrir des postes douvriers, sous statut de fonctionnaire (corps des ouvriers professionnels et maîtres-ouvriers) et à créer des corps de fonctionnaires dans les spécialités paramédicales. 321 emplois ont ainsi été créés au budget de 1998, 787 au budget de 1999 et 1.100 sont prévus pour 2000. Il ne sagit cependant que dun palliatif très partiel, dans la mesure où nombre de spécialités des ouvriers dÉtat, et parmi les plus techniques, ne sont pas exercées par les ouvriers fonctionnaires. Compte tenu de ces différents paramètres et des mesures de suppression de postes prévues par le budget pour 2000, l'année 2000 devrait commencer avec un léger sureffectif global du ministère de la Défense (+ 325) pour les ouvriers dÉtat. Le problème des vacances de postes de civils, et la nécessité de maintenir les personnels militaires à des tâches opérationnelles conduisent à promouvoir de manière raisonnée le recours à la sous-traitance. B. LE RECOURS À LA SOUS-TRAITANCE : UNE POLITIQUE À DEVELOPPER Lannée dernière, nous avions appelé de nos vux un renforcement des crédits de fonctionnement spécifiquement affectés à la sous-traitance. Nous avons été entendus puisque le projet de budget prévoit une mesure particulière de 216 millions de francs gagée par la suppression demplois vacants (1.590 emplois dont 1.100 civils et 450 appelés) et les économies réalisées par la transformation de 600 postes de sous-officiers en militaires du rang. Ces crédits sont ventilés comme suit : · Air 68,5 · Terre 31,9 · Marine 95,7 · Gendarmerie 7,9 · DGA 9,7 · Autres 2,1 Bien évidemment, les armées nont pas attendu cette identification spécifique de crédits pour recourir à la sous-traitance. On estime ainsi que le ministère de la Défense y consacre 2,8 milliards de francs par an. Larmée de Terre affecte un budget annuel de 900 millions de francs, soit 15 % du titre III (hors RCS). Les principales tâches sous-traitées sont lentretien et la réparation de limmobilier (355 millions de francs), le transport de matériel (100 millions de francs), lenlèvement et le traitement des déchets (101 millions de francs), la maintenance des installations de chauffage (93 millions de francs), des matériels informatiques (63 millions de francs), lentretien des espaces verts et le nettoyage des locaux (52 millions de francs) et lalimentation (39 millions de francs). A côté de ces fonctions traditionnellement sous-traitées, une expérience porte sur la sous-traitance de linstruction des pilotes de laviation légère de larmée de Terre. La Marine prévoit dy consacrer un budget de 465 millions de francs en 1999, en forte progression par rapport à 1998 (344 millions de francs). Lexternalisation porte sur laffrètement des remorqueurs de service public ou de bâtiments de soutien de haute mer (95 millions de francs), lentretien et le soutien technique (164 millions de francs) ou le soutien des unités (130 millions de francs dont 73 millions de francs pour le transport de matériel). La Marine na pas externalisé la fonction restauration à deux exceptions près (centre de transmission de Sainte Assise et centre de la Pépinière). La dégradation de la situation financière et des perspectives dexploitation des services locaux dapprovisionnement des ordinaires (SAO) de la Marine, soulignée par la Cour des comptes dans un référé n° 8670, en date du 22 avril 1998, consacré aux dépenses dalimentation de la Marine, devrait linciter à réfléchir à des solutions alternatives, après avoir calculé le véritable coût du système actuel. La Marine souhaite développer la sous-traitance en matière de formation, notamment pour lenseignement du management et pour les formations aéronautiques. Dans ce domaine en effet, lévolution constante des normes et le coût des simulateurs ont imposé de rechercher des prestataires extérieurs spécialisés. Larmée de lAir est larmée qui dores et déjà recourt le plus à lexternalisation des tâches. En effet, depuis de nombreuses années, larmée de lAir confie à des sociétés civiles la réalisation dactivités à caractère non strictement opérationnel, parmi lesquelles : · lentretien de niveau technique dintervention 3 (DC 8, Airbus, CASA 235, FALCON, C 130, Super Puma, STRIDA, simulateurs) ; · la formation des équipages (A 310, DC 8, FALCON), des spécialistes météorologie et des linguistes ; · lassistance en escale (Air France Cargo) ; · la révision de véhicules de type commercial ; · la maintenance des matériels informatiques ; · certaines fonctions de soutien général sur les bases aériennes (la direction départementale de léquipement assure ainsi la fonction de service constructeur sur certaines bases). Larmée de lAir poursuit aussi une réflexion approfondie relative à la sous-traitance sur les bases aériennes de nombreuses fonctions comme la restauration et lhébergement, lentretien des véhicules, la sécurité incendie, lentretien général de linfrastructure. Larmée de lAir conduit enfin quelques expériences dexternalisation de postes centralisés de gestion de lespace aérien ou de maintenance des caméras thermiques de nacelle de désignation pour tir laser. La Gendarmerie consacre moins de 100 millions de francs par an à la sous-traitance. Il sagit essentiellement de la maintenance informatique et du développement de logiciels (74 millions de francs) ou dentretien de locaux. Des expérimentations sont lancées dans le domaine de lalimentation (centre interarmées de formation de Rochefort), du soutien automobile (groupement du Val dOise) et de la gestion immobilière (9.000 logements dans la circonscription dOrléans). Limpression générale qui se dégage de ces différentes constatations est que les armées se sont engagées très prudemment dans lexternalisation en privilégiant des fonctions traditionnelles de soutien. Au regard des pratiques des autres armées professionnelles, le mouvement devrait prendre de lampleur dans les années à venir. Ce développement passe toutefois par un certain nombre de conditions : · lélaboration dune comptabilité analytique apte à mesurer les coûts réels des fonctions actuellement assurées en interne de manière à comparer le coût dopportunité de leur éventuelle externalisation ; · la formation à la négociation contractuelle de manière à garantir la sécurité juridique et financière des activités sous-traitées, y compris dans le traitement des situations durgence ou des périodes de crise ; · la garantie de la réversibilité du processus, y compris sous forme de création demplois, en cas déchec avéré. LAISSER CETTE PAGE SANS NUMÉROTATIONCHAPITRE IV FORMAT ET ACTIVITÉ DES FORCES I. LARMÉE DE TERRE Après limportante phase de restructuration des forces mise en uvre pour lessentiel entre 1997 et 1999 et qui sest traduite par la dissolution de 38 régiments et de plus de 80 organismes de moindre volume, larmée de Terre se préoccupe de la réorganisation de son commandement et de ses structures de soutien. A. RÉORGANISATION ET REFONDATION La réorganisation du commandement et du soutien est la traduction directe, après la réduction du format déjà bien avancée, du passage dune armée territoriale de masse à une armée professionnelle de projection. La réorganisation du commandement de larmée de Terre vise à la doter de deux chaînes de commandement, lune à vocation opérationnelle et lautre de nature organique. La chaîne à vocation opérationnelle, en place depuis lété 1999, est chargée dassurer lentraînement des forces, ainsi que de conduire et de soutenir les opérations dans lesquelles larmée de Terre est engagée. Elle est placée sous lautorité du commandement de la force daction terrestre de Lille qui permettra de disposer, en permanence, détats-majors projetables, aptes à assurer sur faible préavis le commandement opérationnel densembles interarmes, nationaux ou multinationaux. Elle repose sur quatre états-majors de force qui se sont implantés au siège de trois circonscriptions militaires de défense naccueillant pas de régions militaires (Besançon, Limoges et Marseille) ainsi quà Nantes, et sur neuf états-majors de brigade. Par ailleurs, lensemble des unités logistiques projetables, articulées en deux brigades, est placé sous lautorité du commandement de la force logistique terrestre de Montlhéry. Quatre commandements dappui spécialisés (CAS) sont situés à Strasbourg (génie), Oberhoffen (artillerie), Metz (renseignement) et à Luneville (transmissions). Sur un plan organique, le commandement régional sexercera pour la totalité des unités stationnées sur le territoire national essentiellement dans les domaines de la vie courante, de la mise sur pied des forces et de leur maintien en condition. Pour ce faire, larmée de Terre conserve cinq régions qui auront leur siège à Bordeaux, Lyon, Metz, Paris et Rennes. Afin de constituer un ensemble de grandes unités spécialisées et adaptables, à tout moment, aux besoins des forces de circonstance mises sur pied pour une opération particulière, les unités de soutien et de formation rattachées en temps de paix aux grandes unités permanentes, du type de la division, seront supprimées. Il sensuivra un important mouvement de regroupement de sites. Entre 2000 et 2002, ladaptation du dispositif de formation et de soutien entraînera la suppression de près de 200 organismes tandis que plus de 200 autres seront transférés ou restructurés. Le service du matériel sera très profondément restructuré. La diminution du nombre des formations à soutenir, la priorité donnée à la projection des forces et le transfert progressif des activités à caractère industriel au secteur concurrentiel auront pour conséquence le regroupement de la totalité des régiments, des bataillons et des établissements du matériel dans une composante unique comprenant quinze formations au sein desquelles les détachements projetables seront clairement identifiés. Cest ainsi que 88 organismes (régiments, bataillons, établissements et groupements) seront soit dissous, soit restructurés, soit transférés. Le commissariat sadaptera, lui aussi, à la réduction du format et à laugmentation du nombre de professionnels à soutenir : les fermetures, les restructurations et les regroupements viseront à atteindre cet objectif. Les progrès techniques des télécommunications et de linformatique, la modification du plan de stationnement des armées sur le territoire, ainsi que la complémentarité accrue des réseaux fixes et des réseaux mobiles conduisent à une transformation générale du service des transmissions. Cest ainsi que la totalité des moyens affectés aux missions de mise en uvre des systèmes de communication et dinformation sera regroupée dans une même composante associant les formations projetables et les unités fixes. La réorganisation générale des forces et des soutiens nécessitera inévitablement des travaux sur les emprises et bâtiments redistribués. Elle impose de ce fait une relative stabilité dans lorganisation du service du génie tout au long de la loi de programmation. Pour autant celui-ci devra sadapter à la modification de limplantation des forces survenues au cours de la première période. Ainsi, deux établissements devront être fermés, dix-sept autres feront lobjet dune réorganisation et la totalité des détachements de maintenance du génie sera dissoute. Enfin, la suspension de la conscription et la transformation du rôle et de lorganisation de la réserve rendent inéluctable la dissolution des onze derniers centres mobilisateurs en 2000. La rationalisation du dispositif de soutien, de fonctionnement et de formation (le socle) de larmée de Terre a un objectif simple : augmenter la proportion de forces projetables à bref préavis. Le réservoir de forces de ce type dont dispose actuellement larmée de Terre est de 60.000 personnes, soit un tiers de ses effectifs. Au 10 septembre 1999, 20.000 hommes étaient engagés ou prépositionnés en dehors de la métropole, ce qui signifie, avec les règles de rotation (4 mois) et de repos, que 50.000 militaires auront effectué en 1999 une mission dune durée minimale de 4 mois. La proportion de forces projetables en 1996 nétait que de 10 % du total, elle doit sélever aux trois quarts en 2002, ce qui montre létendue du chemin qui reste à parcourir. Il sagit là dun des acquis majeurs de la professionnalisation puisquen 1990/1991, lors de la guerre du Golfe, un délai de plusieurs mois avait été nécessaire pour déployer 12.000 soldats de métier. B. INDICATEURS DACTIVITÉ Le niveau satisfaisant des crédits de fonctionnement prévus par le budget pour 2000 permettra de stopper la dégradation du taux dactivité des personnels de larmée de Terre comme le montrent les chiffres ci-après, même si lon reste loin du niveau du début des années 1990 où le nombre moyen de sorties sur le terrain approchait de 100 jours par an.
Il faut toutefois relativiser la portée de ces statistiques qui ne prennent pas en compte les opérations extérieures. Si lon réintègre les opérations extérieures, on obtient une amélioration du taux dactivité opérationnelle moyen de 8,5 jours en 1998 et de 14 jours en 1999. Il existe cependant des débats sans fin sur la valeur dentraînement des opérations extérieures. Le maintien de lordre sur un pont à Mitrovica ne vaut pas qualification pour affronter une armée régulière dans un combat classique. Larmée de Terre sefforce cependant de mener de front ces différents types dactivité. Cest ainsi quelle a par exemple acheminé des simulateurs à Kumanovo en Macédoine pendant la longue période dobservation (décembre 1998 mars 1999) préalable à la crise, afin de continuer à valider lentraînement opérationnel des forces. Selon les estimations existantes, le taux global dactivité de larmée de Terre française serait inférieur à ceux des armées des États-Unis et de la Grande-Bretagne dont la présence en Irlande du Nord pèse sur les statistiques. II. LARMÉE DE LAIR A. ÉVOLUTION DE LORGANISATION ET DES MISSIONS Au terme de la loi de programmation, larmée de lAir disposera dune flotte davions de combat répartie en 18 escadrons dotés dappareils de la génération actuelle, dans lattente du Rafale. Elle continuera de mettre en uvre la composante aéroportée de la dissuasion grâce au couple Mirage 2000 N/missile air-sol de moyenne portée (ASMP). De même, elle poursuivra sa participation au contrôle opérationnel et au soutien technique des réseaux de transmissions nucléaires mais nassumera plus la mise en uvre de la composante aéroportée de ces transmissions à compter de 2001, date de retrait du service des avions spécialisés C 160 H Astarte. Elle participera à la prévention des crises avec ses appareils de reconnaissance, ses systèmes de détection, ses avions de recueil du renseignement dorigine électromagnétique, ses moyens dexploitation du système dobservation satellitaire, sans oublier ses moyens prépositionnés outre-mer. De même, au titre de la protection du territoire, elle assurera la surveillance de lespace national et de ses approches grâce au système de détection de la défense aérienne intégré dans le système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA). Sagissant de la capacité opérationnelle et dentraînement, larmée de lAir accordera la priorité à la projection. Une centaine dappareils de combat, associés à la flotte davions ravitailleurs, les systèmes de détection et de commandement aéroportés, ainsi que la composante mobile du SCCOA, permettront de couvrir toute la gamme des missions envisageables. La réduction globale des effectifs, leffort accru de rationalisation des organisations territoriale et de soutien et les améliorations technologiques dans le domaine de la surveillance de lespace aérien conduisent larmée de lAir à poursuivre le resserrement de son dispositif pour atteindre, en 2002, un format de 33 bases aériennes, dont 25 sont dotées dune plate-forme aéronautique. Les mesures dadaptation de larmée de lAir sur la période 2000-2002 concerneront ses unités aériennes, son organisation territoriale, son dispositif de surveillance de lespace aérien et de contrôle de la circulation aérienne militaire, et enfin, ses services de soutien (matériel, commissariat et infrastructure). Conformément aux conclusions de la revue des programmes, deux escadrons de Jaguars stationnés à Saint-Dizier seront retirés du service en 2001. En outre, les unités constitutives du système Astarte basées à Évreux seront dissoutes à la même échéance. Lorganisation territoriale passera, à lété 2000, de trois à deux régions aériennes, nord et sud, dont les limites correspondront à un découpage cohérent avec la gestion de lespace aérien. Cette mesure entraînera la suppression dune structure détat-major, en loccurrence celle de lactuelle région aérienne Méditerranée. Par ailleurs, les centres de détection et de contrôle de la circulation aérienne militaire verront leur nombre et leur structure évoluer. Ainsi, les sites de Prunay-Belleville et Narbonne, tout en conservant leur mission de détection, feront lobjet dun resserrement de leurs infrastructures, réalisable respectivement en 1999 et 2000. Par ailleurs, le site de Contrexeville adoptera le même statut en 2001, date à laquelle il perdra sa fonction de contrôle en secours. Enfin, la base aérienne de Doullens deviendra, en 2002, un détachement essentiellement dédié à la mission de détection radar. Sagissant du service du matériel, les deux bases-établissements de Varennes-sur-Allier et Romorantin verront leurs missions recentrées sur la maintenance aéronautique, respectivement en 2000 et 2002. Le service du commissariat adaptera le nombre de ses établissements de stockage de matériels au nouveau format de larmée de lAir, ce qui se traduira par la fermeture de deux de ses quatre établissements : Reims en 2000, puis Toulouse-lHers en 2002. La compagnie régionale dinfrastructure de la région aérienne Méditerranée sera dissoute en 2000. Les structures et les attributions de celles des autres régions aériennes seront réaménagées. Enfin, une décision importante a été prise en matière de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques puisqua été créée le 1er octobre 1999 une structure intégrée constituée en organisme à vocation interarmées relevant de larmée de lAir. Cette structure aura pour mission doptimiser la disponibilité des aéronefs de lensemble du ministère à lexclusion curieusement de ceux de la Gendarmerie et den maîtriser le coût de possession. Il sagit là dun domaine daction essentiel où les gisements de productivité sont importants. B. INDICATEURS DACTIVITÉ En 1998, larmée de lAir a effectué 308.700 heures de vol pour une planification initiale de 315.600 heures. Cet écart est la conséquence de la disponibilité des avions de la force de projection qui a conduit larmée de lAir à donner la priorité à lexécution des missions opérationnelles des armées au détriment de lactivité dinstruction. La formation des pilotes par les écoles de larmée de lAir a aussi été inférieure aux prévisions en raison déchecs en cours de cursus. En 1999, la prévision dactivité est de 315.600 heures. Lactivité réalisée fin juin est de 169.200 heures, soit une légère avance de 1,8 % due aux opérations aériennes pendant la crise du Kosovo. Pour 2000, les prévisions dactivité sont de 317.000 heures, du fait de la prise en compte dun troisième Airbus A310 par larmée de lAir au début 2000. Sagissant des personnels, les objectifs sont indépendants du type dappareil utilisé mais différents selon la spécialisation. Pour un pilote de combat, lobjectif est de 180 heures par an, soit 15 heures par mois en moyenne alors que pour un pilote de transport, la moyenne mensuelle est de 31 heures, soit 370 heures par an. Le tableau ci-après compare lactivité moyenne des forces aériennes de plusieurs pays de lOTAN à celle de la France pour lannée 1998.
III. LA MARINE A. LA CRÉATION DU SERVICE DE LA FLOTTE La Marine restructure son dispositif de soutien aussi bien en matière de localisation que dorganisation. Ainsi, après avoir regroupé ses moyens navals dans les ports de Toulon et de Brest, la Marine recentrera son dispositif de soutien des forces sur ces mêmes ports, tout en maintenant une structure permanente à Cherbourg. À cette fin, les soutiens militaires techniques seront réorganisés dans les ports de Brest et de Toulon et regroupés au sein dune base navale à Cherbourg. Cette politique de regroupement des soutiens techniques est, désormais, indépendante des activités industrielles de la Délégation générale pour larmement à Cherbourg et à Lorient. Ainsi, pour le port de Lorient, le soutien apporté par la Marine aux bâtiments en armement ou en construction seffectuera en majeure partie à partir de Brest. Enfin, les services de soutien de la Marine participeront également à leffort de réduction des effectifs par un plan de déflation de 15 % dici 2002, passant par la réorganisation ou la fermeture des directions locales de Lorient et de Cherbourg. Le regroupement des soutiens à Brest aboutira à la dissolution de larrondissement maritime de Lorient dont les attributions ne se justifieront plus et à son remplacement par une structure de commandement de la Marine. Parallèlement, sur un plan administratif, il sera créé un service de la Flotte, chargé du soutien technique et logistique des bâtiments de surface et des sous-marins. Cette structure placée sous lautorité directe du chef dÉtat-Major, et comprenant du personnel de la Marine et de la Délégation générale pour larmement (DGA) sera chargée de la maîtrise douvrage des activités concourant à la disponibilité technique des moyens navals. Ce service pilotera ainsi la totalité de la maintenance : celle effectuée par les équipages des bâtiments, celle relevant du personnel des ateliers militaires de la flotte et des bâtiments de soutien et enfin celle confiée à la Direction des constructions navales (DCN) ou à lindustrie privée. Il sera aussi compétent pour le soutien logistique du matériel naval, depuis lapprovisionnement et la réparation jusquau ravitaillement des unités. Enfin, il sera responsable de lapprovisionnement, de la maintenance et de la gestion des munitions en service. Certaines tâches pourront être sous-traitées car la vocation du service de la flotte sera de « faire faire ». Il pourra sagir notamment du magasinage des rechanges et de lentretien des munitions. Le service, en tant que service de soutien, ne se substituera pas aux autorités organiques dans leur responsabilité de maintien en condition des unités. Néanmoins, unique représentant étatique face aux industriels, il lui appartiendra de maintenir une compétence technique sur tous les matériels en service. La coopération avec les autorités organiques sera étroite, dans une logique de fonctionnement horizontal (recueil dexpérience, concertation permanente, mise à disposition dexperts, rédaction en commun de documentation, etc.). Le service sera principalement constitué dun organisme central situé à Paris et de directions locales placées dans les ports de Brest et Toulon. Des antennes relaieront son action à Cherbourg et dans les ports doutre-mer. À sa création, il regroupera des personnels du service des programmes navals de la DGA selon des modalités à préciser, une partie du personnel chargé du suivi technique au sein des autorités organiques et des divisions logistiques des autorités territoriales. Par la suite, ces effectifs seront complétés par des spécialistes en logistique lorsque cette fonction, assurée aujourdhui essentiellement par la DCN, sera transférée au service. B. INDICATEURS DACTIVITÉ Le volume général dactivité des bâtiments en 1998 était en baisse de 3,6 % par rapport à 1997 mais la moyenne dactivité par bâtiment est restée quasiment stable, passant de 1.481 heures de mer en 1997 à 1.486 heures en 1998, en raison du désarmement de six unités lié au ralliement du format. Evaluée en jours de mer, sur la base dun minimum de 6 heures de navigation par jour de mer, cette activité représente une moyenne de 89 jours avec la répartition suivante : · Bâtiments de combat 99 jours de mer · Bâtiments de soutien 60 jours de mer · Bâtiments auxiliaires 80 jours de mer · Bâtiments de la gendarmerie maritime 60 jours de mer Pour mémoire, le taux dactivité moyen de la Royal Navy serait de 150 jours de mer pour les bâtiments de surface. En raison du maintien des grands contrats opérationnels et des engagements en opérations extérieures, lactivité des bâtiments de surface et de combat de plus de 1.000 tonnes a augmenté de 1.951 heures de mer en moyenne en 1997 à 2.078 heures en 1998. À la fin du premier semestre 1999,le bilan de navigation représente un peu plus de la moitié des heures de mer de lannée 1998. Sagissant de laviation navale, le total dheures de vol effectuées sélevait pour lannée 1998 à 66.000 heures. Le potentiel prévu pour lannée 1999 est de 65.000 heures. Le retrait du service dune vingtaine dappareils en 1999 produira principalement ses effets à partir de 2000 pour atteindre un potentiel de 60.000 heures en 2001. Comme pour les pilotes de combat de larmée de lAir, la norme dactivité des pilotes de Super-Etendard est de 180 heures par an. Elle est de 220 heures en moyenne pour lensemble des pilotes de laéronautique navale. LAISSER CETTE PAGE SANS NUMÉROTATIONCHAPITRE V LENVIRONNEMENT DES FORCES I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR LARMEMENT La Délégation générale pour larmement (DGA) est le plus important des services communs du ministère de la Défense. Son effectif budgétaire total (comptes de commerce compris) était de 39.709 personnes pour 1999. A linstar du reste du ministère et notamment des armées, elle est engagée dans un processus de rationalisation de sa gestion qui passe par la réduction de son coût dintervention. Il importe de bien saisir la portée et la définition de cette notion avant den détailler un domaine dapplication particulièrement important, c'est-à-dire la restructuration de la direction des centres dexpertise et dessais. A. LA BAISSE DU COÛT DINTERVENTION DE LA DGA Le coût dintervention est la mesure de lensemble des coûts de structure (rémunération du personnel, fonctionnement et investissements courants des services) générés par lactivité propre de la DGA. Son évaluation est limitée à la seule partie étatique de la DGA cest-à-dire la totalité de ses directions, y compris la direction des centres dexpertise et dessais (DCE) à lexclusion de ses établissements industriels (Direction des constructions navales, Service de la maintenance aéronautique), qui sont gérés en comptes de commerce, ainsi que des établissements publics placés sous sa tutelle (Office national détudes et de recherche aérospatiale, Institut de Saint-Louis, écoles dingénieurs). Plus précisément, le coût dintervention de la DGA étatique correspond à la différence entre la somme des charges et la somme des produits générés par lactivité. Les produits générés par lactivité donnent lieu à des paiements reçus de prestations effectuées au profit de clients « extérieurs » à la DGA et se matérialisent essentiellement par des rentrées de fonds de concours. La somme des charges générées par lactivité est le coût complet de structure qui est obtenu par un retraitement du coût budgétaire afin de disposer de données économiquement significatives. En 1999, les modalités dévaluation du coût dintervention ont été ajustées pour mieux cerner les coûts induits par lactivité. La nouvelle méthode de calcul se distingue essentiellement de celle utilisée de 1996 à 1998 par la prise en compte du coût du personnel employé et non rémunéré et des dépenses dassistance technique et par la déduction des recettes (fonds de concours) générées par lactivité. Le coût dintervention de la DGA étatique, évalué selon cette nouvelle méthode, sétablira en 1999 à environ 6,8 milliards de francs, soit une valeur en baisse de 5 % par rapport à 1998 et de 15 % (en francs courants) par rapport à 1996 à périmètre constant. Il nest pas facile cependant de disposer de séries de chiffres homogènes dans ce domaine car la DGA ajuste chaque année les méthodes de calcul de son coût dintervention si bien que les modifications de périmètres compliquent lévaluation de leffort consenti dans la durée. On constate toutefois un ralentissement de la baisse du coût dintervention surtout après le brusque décrochage de 1997 où lon était passé de 7,4 milliards de francs en 1996 à 6,6 milliards de francs. La valeur anormalement basse de 1997 était due pour partie aux reports de dépenses de fonctionnement et dinvestissements techniques générés par la réforme des procédures dachat et de contrôle. La baisse des effectifs obtenue en 1998 a permis de contenir les effets des mesures daccompagnement social des restructurations, des revalorisations salariales et du glissement vieillesse-technicité. Les rémunérations et charges sociales ont représenté, comme en 1997, près de 60 % du coût dintervention. Pour la seule zone étatique, ce sont ainsi 1.488 personnes qui ont quitté la DGA en 1998. Parmi elles, 413 ont rejoint les différentes armées, contribuant de façon significative au mouvement de professionnalisation engagé depuis deux ans. De fin 1996 à fin 1999, la déflation des effectifs de la DGA aura concerné environ 3.300 personnes. La réduction des dépenses de fonctionnement courant, qui atteindra à peu près 30 % à la fin de lannée 1999 (soit environ 600 millions de francs) par rapport à 1996, est organisée autour dune politique de rationalisation systématique du soutien qui se traduit notamment par le regroupement des moyens au sein d'un établissement central, le resserrement des surfaces occupées (le nombre de sites utilisés par la DGA en région parisienne sera réduit de 15 à 6), lhomogénéisation du parc et des applications informatiques et loptimisation des achats par la globalisation et la mise en concurrence systématique. Dans le domaine informatique, la réduction du nombre dapplications consacrées à la gestion a été engagée parallèlement à la mise au point dun schéma directeur. Aux quelques centaines dapplications utilisées début 1998, devait progressivement se substituer à lhorizon 2002/2003 un référentiel applicatif qui ne mettra plus en uvre que quelques dizaines dapplications partagées par tous. Quelques données illustrent leffort dores et déjà déployé : 460 applications étaient utilisées au début de lannée 1998 dans la seule région parisienne ; moins de 220 continuaient à lêtre à la fin de lannée et seulement 86 seront conservées à la fin de lannée 1999. Acheter mieux, au moindre coût, est, en matière de fonctionnement aussi, une source importante déconomies. Plusieurs études de segments dachat ont été réalisées en 1998, afin de définir pour chacun dentre eux les meilleures conditions dacquisition. Ces études ont permis didentifier un potentiel de gain chiffré, par exemple, pour les achats de photocopies à 40 % du coût annuel, qui représente 55 millions de francs pour 280 millions de copies réalisées, ou encore à 20 % du coût annuel du nettoyage qui sélève à 110 millions de francs pour 3 millions de mètres carrés entretenus. Les investissements techniques font désormais lobjet dun contrôle centralisé qui permet une analyse critique systématique de leur opportunité et de leur coût. Ce travail a permis de maintenir les dépenses en 1998 à un niveau identique à celui de 1997 (1,3 milliard de francs) tout en rattrapant les retards dinvestissement. Lobjectif de réduction du coût dintervention pour 2000 ne sera fixé quà la fin de lannée 1999, lorsque les résultats de la gestion seront mieux estimés. Il devrait être cohérent avec lobjectif général, assigné à la DGA par le ministre de la Défense, de réduction du coût dintervention de 30 % en six ans, au terme de la loi de programmation militaire 1997-2002. B. UN EXEMPLE APPLIQUÉ : LA DIRECTION DES CENTRES DEXPERTISES ET DESSAIS La direction des centres dexpertise et dessais (DCE) est la plus grosse direction de la DGA budgétaire. En 1996, elle regroupait plus de 12.000 personnes sur 23 centres répartis sur plus de 50 implantations et 52.000 hectares. Elle pesait 7 milliards de francs de « chiffre daffaires » et 60 milliards de francs dimmobilisations. Dès 1997, une réflexion stratégique a été entreprise au sein de cette direction afin de sadapter aux nouvelles contraintes qui encadraient désormais son activité. Il sagissait, dune part, de participer à la réduction du coût des programmes darmement, par lamélioration de la compétitivité des centres et, dautre part, de faire face à la baisse du plan de charge liée à lévolution des crédits détudes et de développement inscrits dans la loi de programmation militaire. A titre dexemple, la réduction de charge des centres spécialisés dans les systèmes aéronautiques sera en moyenne de 30 % entre 1996 et 2002. La charge relative aux missiles sera également diminuée de 20 %. Pour les systèmes navals et terrestres, lactivité se situera en 2002 à un niveau égal à 85 % de celui de 1996. Au terme dune intense phase de concertation interne, la DCE a adopté le premier volet de son plan stratégique début 1998. Le Plan a défini les orientations stratégiques de la direction en ces termes : · contribuer à la construction de lEurope de larmement ; · améliorer la compétitivité (30 %) ; · élargir la clientèle ; · développer une « culture du client » ; · fournir des prestations globales et développer des pôles dexcellence : · mobiliser et valoriser les compétences de chacun. Un plan pluriannuel de réduction du coût dintervention de la DCE a été mis en place au terme duquel ce coût doit baisser de 32 % entre 1996 et 2002. En 1998, le résultat était de 17,5 %,soit un milliard en deux ans. La DCE a poursuivi, en 1999, sa politique de réduction du coût dintervention à un rythme plus mesuré.
La plus forte contribution à la baisse du coût dintervention est réalisée sur le poste fonctionnement. Cette baisse continue depuis plusieurs années commence cependant à atteindre ses limites. Lautre contribution à la baisse est obtenue par leffet sur les RCS de la diminution des effectifs ; une analyse plus fine montre que la diminution du poste de RCS (1,1 %) est significativement inférieure au ratio de diminution des effectifs (proche de 6 %), traduisant le repositionnement de la population DCE vers des postes de plus haut niveau. Enfin, les dépenses dinvestissement apparaissent, quant à elles, en augmentation, celle-ci étant essentiellement liée à un faible niveau de paiement réalisé en 1998 (745 millions de francs pour 869 millions de francs en prévision) et ne pouvant donc être considérée comme structurellement significative. En matière de coût de fonctionnement, la DCE a engagé une démarche de rationalisation de son système dinformation, sappuyant sur des logiciels unifiés au sein de la direction, qui devrait engendrer des économies. Par ailleurs, la baisse volontaire et pilotée de lassistance technique sera poursuivie mais lenjeu va en samenuisant. Une source déconomie privilégiée dans les années à venir sera la rationalisation et lexternalisation des activités de soutien. La rationalisation se fera en regroupant des activités communes à plusieurs centres, par grandes régions géographiques (Toulon, Sud-Ouest, Val de Reuil + Vernon). Dans ce domaine, comme dans les autres, les centres ont encore gardé des comportements autarciques quil faut faire évoluer rapidement. Lexternalisation concernera les activités de soutien pour lesquelles il existe un métier reconnu sur le marché (restauration, gardiennage, soutien informatique, transport, nettoyage ). Des sociétés extérieures spécialisées sont en mesure de proposer un ensemble de services logistiques à moindre coût que des personnels de ladministration par le jeu du professionnalisme et de leffet déchelle. La réduction des effectifs continuera à faire jouer son effet mécanique de réduction des coûts, avec un rythme cependant inférieur à celui de la période 1997 à 1999 au cours de laquelle une baisse des effectifs de 19 % aura permis une baisse des RCS de 15 %. Les effectifs budgétaires autorisés pour la DCE sélèvent à 8.670 personnes pour 1999. A ces effectifs sajoutent les personnels affectés à la DCE mais non rémunérés par elle qui représentent 1.034 personnes (scientifiques du contingent, pompiers, militaires du rang). La situation des effectifs au 31 juillet 1999 sélève à 9.877 personnes, ce qui permet de prévoir que les objectifs budgétaires fixés pour 1999 pourront être atteints. Depuis janvier 1997, la DCE suit une trajectoire lui permettant datteindre la réduction de format prévue sur la période de programmation.
Enfin, lévolution des dépenses dinvestissement est liée à la vocation de la direction (expert de lÉtat dans le domaine des armements et creuset des compétences techniques de la DGA) mais surtout à la mise en uvre du plan stratégique. La deuxième partie, élaborée à la fin de 1998, met en évidence les pôles de compétences à renforcer, ceux à maintenir et ceux qui doivent faire lobjet dun désinvestissement. Compte tenu de la généralisation des programmes en coopération, une concurrence de plus en plus forte entre les centres dessais européens devient inéluctable pour les prochaines années. La DCE sy prépare en améliorant son système de définition des coûts et sa compétitivité et en renforçant ses services commerciaux. Les centres dexpertise et dessais européens, parfois redondants et concurrents à court et moyen terme, deviendront ultérieurement des partenaires. A linstar des industriels, ils devront se restructurer dans un cadre transnational. Il sagit dun processus lent sur le déroulement duquel il est difficile de faire aujourdhui des hypothèses solides. La DCE sattache à favoriser les rapprochements entre centres, en développant notamment létalonnage concurrentiel. Une telle démarche est en cours pour une étude comparée du BWB (Allemagne) et de la DGA. La DCE participe par ailleurs au SGTF (Sub group of test facilities), dans le cadre de lUEO, dont le mandat est de définir une stratégie de restructuration des centres dessais en Europe. Un accord pour faciliter lutilisation réciproque des moyens dessais européens a été signé le 16 novembre 1998. Les essais croisés entre lETAS à Angers et le centre du BWB à Trèves qui se sont déroulés en 1999 en sont une première application. II. OTAN : LA PARTICIPATION FRANÇAISE Les crédits relevant de la participation française aux dépenses de lOTAN, pour ce qui concerne le budget militaire, se répartissent entre le titre III et le titre V du budget de la Défense, selon le tableau ci-après.
Ces crédits nenglobent pas la participation française au budget civil de lOTAN qui est financée par le ministère des Affaires étrangères. Lévolution récente des différents budgets de lAlliance est retracée par le tableau ci-après :
La décomposition par fonction de ces budgets est détaillée dans le tableau ci-après :
La participation française au budget militaire de lOTAN est en forte augmentation. Elle résulte des règles particulièrement complexes des répartitions des contributions des membres de lOTAN. La France qui, depuis 1966, nappartient plus théoriquement à la structure militaire intégrée de lOTAN, continue néanmoins à adhérer à certains des organismes qui en dépendent et contribue en conséquence à leurs budgets. Le budget militaire de lOTAN est ainsi constitué denviron 75 codes budgétaires ou budgets qui couvrent les dépenses annuelles de ses quartiers généraux, agences, organismes, et de ses activités militaires. Lessentiel des coûts supportés au titre V par le ministère de la Défense français est imputable aux opérations du « Programme OTAN dinvestissement au service de la sécurité ». Ce programme a été organisé en 1993 en remplacement de lancien programme de linfrastructure de lOTAN. Les procédures applicables ont alors été profondément rénovées, dans un souci dadaptation au nouvel environnement stratégique et de réduction des coûts. Alors que la formule précédente retenait une programmation par tranche annuelle et par catégorie dinfrastructure, la nouvelle approche introduit le concept de « paquets de capacités » et les grands commandements présentent désormais un besoin global pour remplir une capacité donnée. La France a obtenu, en 1995, de ne participer quaux paquets qui lintéressent. Sa contribution y est calculée conformément aux clefs de partage des coûts réexaminées en 1996, lorsque le Canada a demandé lallégement de sa charge. Soumises à lappréciation du Conseil, ces clefs sefforcent de reposer sur un ensemble de critères économiques : · la capacité contributive des pays membres, calculée sur la base du produit national brut ; · les avantages économiques induits. Ces clefs résultent, dune manière générale, de propositions du secrétariat général validées par le Conseil de lOTAN. Elles ont été construites en cinq grandes étapes : · janvier 1966 : sur la demande du Royaume-Uni, le partage des coûts est réétudié en sa faveur. La clef alors définie reste valable pour les budgets qui sont financés par les 14 membres de lAlliance plus la France ; · été 1966 : la France se retire de la structure militaire intégrée. Les ¾ des budgets militaires basculent dans une enveloppe à partager à 14 ; · 1984 : sont arrêtées les formules des budgets à 12 et 13 ; · 1989 : la contribution de lEspagne qui a adhéré à lOTAN en 1982 est ajustée pour les budgets partagés à 15 ou 16 membres ; · 1999 : adhésion de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque. Avant le 12 mars 1999, la contribution française était donc déterminée à laide des clefs de répartition retracées dans le tableau ci-après.
Depuis le 12 mars 1999, la part de la France est passée de 16,5 % à 15,25 % dans le budget militaire de fonctionnement à 19 membres et elle est restée de 12,9 % dans le budget militaire dinvestissement à 19 membres. Le coût de lélargissement a été officiellement estimé par lOTAN à 7,8 milliards de francs pour les investissements et à 840 millions de francs pour le fonctionnement sur une période de dix ans. Le coût pour la France serait en fonction de sa participation actuelle, de lordre de 1 milliard de francs en investissement et denviron 140 millions de francs en fonctionnement, inégalement réparti sur toute la période. La France a officiellement indiqué que lélargissement de lAlliance devait se réaliser sans surcoût par rapport aux enveloppes actuellement prévues. Cette volonté, partagée par de nombreuses nations, de stabiliser les plafonds de ressources autorisées, a conduit lOTAN à étudier un redéploiement des opérations en cours. De ce fait, le volume global des budgets de lAlliance ne devrait pas augmenter. Toutefois, la participation de la France risque de croître au cours de la période 20032007, pour un montant non encore défini. En effet, les programmes auxquels la France participe sont principalement concernés par lélargissement de lOTAN. Elle pourrait donc ne pas bénéficier de la baisse de la dotation des crédits afférents aux autres programmes dans la même proportion que laugmentation de la dotation des programmes affectés par lélargissement. III. LE RENSEIGNEMENT A. LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SÉCURITÉ EXTÉRIEURE Le budget pour 2000 de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) est retracé par le tableau ci-après.
La direction générale de la sécurité extérieure bénéficiera en 2000 dun budget en hausse de presque 4 % par rapport à 1999. En sus des moyens inscrits au fascicule de la Défense, la DGSE bénéficie de fonds spéciaux en provenance du fascicule des Services généraux du Premier ministre pour un montant voisin de 200 millions de francs. Ces fonds financent certaines activités opérationnelles dont les caractéristiques (urgence, discrétion) ne permettent pas le respect des procédures classiques encadrant la dépense publique. Sur le titre III, la DGSE bénéficie en 2000 dune mesure de 87 créations demplois de personnels civils, conformément à la loi de programmation. Ses effectifs budgétaires civils seront ainsi portés de 2.797 en 1999 à 2.884 en 2000 pour un effectif réalisé estimé à 2.733 à la fin décembre 1999 dont presque 50 % de catégorie C, 25 % de catégorie B et 25 % de catégorie A. Les crédits individualisés au fascicule Défense ne financent que les personnels civils de la DGSE. Les effectifs militaires sont financés sur les dotations des différentes armées et il nexiste pas détat consolidé de la masse salariale des personnels affectés à la DGSE. Celle-ci emploie en 1999, aux côtés des 2.800 civils, un effectif militaire de lordre de 1.300 personnes (tous grades confondus, des appelés au seul général figurant dans les cadres) soit un total consolidé de lordre de 4.100 personnes. Aux termes de la programmation, leffectif de la DGSE doit passer de 3.950 personnes en 1997 à presque 4.300 en 2002. De nombreux emplois sont occupés concurremment par des militaires ou des civils (technicien dinterception, analyste, logisticien). Lun des problèmes majeurs de la DGSE est la gestion de la carrière de ses personnels militaires. Leur avancement au sein des armées souffre de leur affectation à la DGSE car il nexiste pas de cadre dévaluation de leur activité reconnu par les États-majors si bien que de nombreux militaires hésitent à rompre avec leur cadre dorigine en postulant à la DGSE. La DGSE ne compte par exemple quun emploi de général pour six à la direction du renseignement militaire (DRM). Par ailleurs, la DGSE se heurte aux difficultés, classiques dans les administrations, de recrutement de contractuels de haut niveau, notamment afin de remplacer certains appelés informaticiens ou interprètes. Les appelés étaient encore 105 à la DGSE en 1999, ils seront 50 en 2000 pour disparaître des effectifs en 2001. Les moyens de fonctionnement sont reconduits à leur niveau de 1999 alors que les effectifs progressent. Le titre V augmentera de 2,5 % en moyens de paiement mais de 30 % en moyens dengagement par rapport à la fin 1999. Cette progression modeste (elle était de 20 % en 1999 par rapport à 1998, année de rupture en construction budgétaire comme en exécution caractérisée par de fortes annulations) recouvre une baisse des crédits de paiement de 8 % affectés à léquipement (compensée par une hausse des AP de 21 %) et une augmentation des moyens affectés aux infrastructures (+35 % en CP). En matière dinfrastructure, leffort portera en 2000 comme en 1999 sur laménagement et lentretien des réseaux et des centres dinterception, la construction de deux nouveaux centres dinterception mais aussi et surtout, à hauteur de 44 %, à la poursuite des travaux préalables à linstallation progressive du service dans les locaux de la caserne Mortier. Votre rapporteur rappelle que laffectation à la DGSE du quartier Mortier résulte dune décision ministérielle de compensation de labandon du projet de création dun nouveau siège central dans le fort de Noisy. Dimportants travaux daménagement sont nécessaires afin dadapter ces infrastructures aux activités des services et de procéder au regroupement de certaines fonctions. Sur le site du fort de Noisy, il sagit de travaux de protection anti-intrusion puis du transfert et du regroupement des activités de soutien logistique et des laboratoires. Sur le site de Mortier, on procédera à la transformation des locaux dhébergement de la troupe en bureaux et à la création des infrastructures techniques (centre de traitement de linformation, secours électrique ). Sur le site des Tourelles enfin, il faudra prévoir des aménagements consécutifs aux transferts dactivité sur les autres sites ainsi quune amélioration de la capacité de restauration. Une étude de faisabilité pour rechercher le meilleur emploi de ces infrastructures a permis détablir un schéma directeur dadaptation des infrastructures des trois sites qui constituent désormais le siège central. Les travaux de restructuration des bâtiments et daménagement des parties communes seront réalisés en grande partie durant la loi de programmation 1997-2002. Le programme devrait comporter une quarantaine dopérations pour un coût prévisionnel total (équipements mobiliers et déménagements compris) de lordre de 460 millions de francs. En matière déquipement, leffort portera sur la recherche du renseignement par moyen technique et sur les activités dappui et de logistique. En 2000, il faudra ainsi maintenir les compétences en matière de cryptologie ainsi quadapter léquipement destiné au recueil et à lexploitation du renseignement dorigine électromagnétique à louverture de nouveaux centres découtes et dinterception. Linterception des liaisons de satellites de télécommunication reste une priorité du service. Laide à la recherche par moyens humains, luniformisation des postes de travail, le développement des télécommunications entre les centres dinterception et le siège central seront aussi privilégiés. Enfin, la DGSE doit disposer dune réserve opérationnelle significative pour mener des missions dans les zones non couvertes par des implantations permanentes ou pour faire face à des situations de crise. Dans ce domaine, il est prévu de pourvoir au renouvellement dun bâtiment de soutien, mis à la disposition de la DGSE par la marine nationale. Cette unité devait être financée hors loi de programmation par redéploiement de crédits entre gouverneurs du Ministère de la défense. Le bâtiment devant entrer en service en 2003, le budget 2000 prévoit une provision à ce titre. B. LA DIRECTION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE Le budget de la direction du renseignement militaire (DRM) pour 2000 est retracé par le tableau ci-après :
Laugmentation des crédits de fonctionnement est la conséquence du déménagement dune partie de la DRM à Creil et de la hausse des charges associées (chauffage, électricité, informatique, location et entretien immobilier, achat et entretien du matériel). Lexécution 1999 du budget dinvestissement sest soldée par un important reliquat de crédits qui explique la baisse de la dotation initiale pour 2000. Leffectif budgétaire de la DRM, qui napparaît pas sur un article isolé du fascicule, à la différence de la DGSE, est retracé par le tableau ci-après :
Le PLF pour 2000 accroît la proportion de civils au sein de la DRM à effectif global constant. En fait, cette croissance pourrait nêtre quapparente car lexécution de 1999 montre que les vacances de postes de civils sont nombreuses (50 sur 276 postes) alors que celles des militaires sont plus réduites (27 sur 1.433 postes). CHAPITRE VI LEXÉCUTION DES GRANDS PROGRAMMES I. LES FORCES NUCLÉAIRES Les crédits de paiement demandés pour 2000 pour les forces nucléaires de dissuasion sélèveront à 15,855 milliards de francs, soit à un niveau inférieur de 4,6 % à 1999. En revanche, les autorisations de programme, après le décrochage à 13,3 milliards de francs opéré en 1999, remonteront à un montant de 18,4 milliards de francs, dans la perspective de passer dimportantes commandes globales relatives aux programmes de missiles stratégiques M51 et Air Sol de moyenne portée. En moyenne période, la baisse des crédits de paiement consacrés à la dissuasion nucléaire est considérable puisque ceux-ci ont été quasiment divisés par deux en francs constants entre 1990 et 1997 et ont encore subi une réduction de 18 % depuis cette date, comme le montre le tableau ci-après.
Les crédits prévus pour la dissuasion nucléaire par la loi de programmation militaire sélevaient à 105,8 milliards de francs constants de 1995 sur lensemble de la période 1997-2002. Au vu des crédits engagés à mi-programmation, il est peu probable que ce montant soit atteint. En revanche, la proportion des crédits consacrés à la dissuasion nucléaire par rapport à la totalité des crédits du titre V, 20 % dans le projet de loi de finances pour 2000, est conforme aux dispositions de la loi de programmation aux termes desquelles « la part du budget du ministère de la Défense consacrée aux forces nucléaires sétablira en fin de période, à un niveau inférieur à 20 % du titre V (contre 31,4 % en 1990) » (paragraphe 1-3-1 du rapport annexé). La force de dissuasion a assurément subi les contrecoups de lévolution rapide de la situation stratégique depuis 1990. Elle a été aussi conduite à se moderniser, à adapter son format aux modifications de la menace et du contexte international. Les décisions prises en 1996 par le Président de la République (retrait des missiles Hadès, démantèlement de la composante terrestre, arrêt des essais nucléaires) exercent leurs effets directs sur le volume des dépenses. Ce rétrécissement du dispositif nucléaire saccompagne toutefois dun effort constant de renouvellement, de maintenance, dinnovation afin de garantir sa crédibilité sur le long terme tant en ce qui concerne les vecteurs (missiles) que les charges (têtes nucléaires) ou les plates-formes de lancement (sous-marins à propulsion nucléaire, Mirage 2000 N), comme le montre la ventilation des crédits par grands programmes.
A. LES CRÉDITS TRANSFÉRÉS AU COMMISSARIAT À LÉNERGIE ATOMIQUE (CEA) Le tableau ci-après récapitule les crédits inscrits sur le fascicule Défense et transférés à la Direction des applications militaires du CEA.
Les trois dernières années sont caractérisées par une stabilité globale des crédits transférés. La légère progression des dotations consacrées au démantèlement est compensée par une réduction de crédits finançant les programmes darmes. La totalité des crédits transférés au CEA-DAM provient du titre V du budget de la Défense. Cependant, ces dotations ne financent pas en totalité des dépenses dinvestissement, loin sen faut puisque lanalyse des charges de fonctionnement de cet organisme, qui est effectuée par le comité mixte Armées-CEA, montre que près de 3 milliards de francs correspondent à des dépenses de salaires, charges sociales, retraites, taxes et frais de fonctionnement, soit plus de 40 % de la totalité de la dotation transférée. Cette situation nest pas saine puisque, dune part, elle fausse lappréhension économique de la dépense publique de défense, notamment au regard du clivage titre III/titre V, et que, dautre part, elle peut pénaliser le CEA lors des mouvements de régulation puisque les normes dannulation sont toujours plus sévères sur les dotations du titre V en raison de leur flexibilité supposée que sur celles du titre III réputées plus rigides. Engagée en 1996 dès larrêt définitif des essais nucléaires, la restructuration du CEA/DAM, imposée par la nécessité dadapter le format et lorganisation de cette direction en cohérence avec lévolution de ses missions, doit sachever fin 1999. Elle consiste en une diminution des effectifs avec une cible de 4.500 agents, qui devrait être atteinte au cours de lannée 2000, contre environ 5.700 au 31 décembre 1995, accompagnée de la fermeture de deux centres, Vaujours (fermé depuis fin 1997) et Limeil-Valenton (qui sera fermé fin 1999), en sus de ceux de la direction des essais (Mururoa, Tahiti, Monthléry) et dun redéploiement des activités. La réduction des effectifs de 1.200 postes environ a été obtenue sans licenciement, dune part grâce à de nombreux départs en retraite sur la période, de lordre de 1.500, dautre part en mettant à profit la synergie entre la DAM et les autres unités du CEA. Les recrutements indispensables au renouvellement des équipes ont par ailleurs été maintenus. Corrélativement, la répartition géographique et le schéma dorganisation, conçus pour une DAM de 7.000 agents dans les années 1980 ne convenaient plus pour une entité ramenée à environ 4.500 personnes. Le budget de la DAM ne pouvait plus supporter les charges dentretien et de maintenance de lensemble de ses centres. Les centres de province de la DAM, où sont implantés les principaux moyens lourds dexpérimentation et de fabrication, constituent les pivots du nouveau dispositif. Cest en région parisienne que disparaissent les 1.200 postes, ramenant à 2.000 environ leffectif total du périmètre constitué en 1996 des quatre anciens centres, Bruyères-le-Chatel, Limeil, Vaujours-Moronvilliers et Monthléry. Ces équipes sont désormais regroupées sur le site de Bruyères-le-Chatel.
Ce plan de restructuration a entraîné plus de 2.000 mobilités, dont 1.500 à caractère géographique, incluant 600 départs de la région parisienne vers les centres de province, intervenus pour lessentiel au cours de lété 1997. Le coût de cette restructuration, inscrit dans la loi de programmation est aujourdhui estimé à 750 millions de francs. Il recouvre le financement des mesures de réduction deffectifs (194 millions de francs) et des investissements pour accueillir les activités transférées et la logistique associée (560 millions de francs). Les économies générées sont importantes, de lordre de 350 millions de francs par an en régime stabilisé. Elles représentaient déjà 200 millions de francs sur le budget de 1998. B. LE DÉMANTÈLEMENT 1. Le démantèlement de la composante terrestre Conformément à la décision annoncée par le Président de la République le 22 février 1996, larrêt de la mission opérationnelle du système darmes sol-sol balistique stratégique S3D a été effectué le 16 septembre 1996, date de la dernière alerte. La première alerte avait été prise en 1971. Les opérations de démantèlement de la force SSBS, débutées le 16 septembre 1996, ont concerné dix-neuf têtes nucléaires, les vecteurs associés ainsi que le déséquipement des dix-huit zones de lancement, des deux postes de conduite de tir, des sites de transmissions associées et des installations de soutien implantées sur la base aérienne. La dépose de la dernière tête nucléaire de la zone de lancement sest faite en septembre 1997. Cette opération, de loin la plus délicate, même si la conception même du système darmes lavait envisagée et donc facilitée, à la différence de certains systèmes étrangers, sest déroulée au rythme dun missile sorti du silo par mois. La tête a été démontée sur le site même, les éléments nucléaires ou pyrotechniques expédiés dans des centres du Commissariat à lénergie atomique. La matière nucléaire (plutonium, uranium) doit être recyclée au centre de Valduc afin dêtre réutilisable. Le traitement sopère progressivement en fonction du plan de charge du centre et notamment entre deux phases de fabrication de têtes nucléaires nouvelles (TN 75 et TN A). Le CEA assure aussi le démantèlement, quil est en train dachever, des têtes nucléaires des missiles mer-sol balistiques stratégiques M4 (70), retirés du service en 1996. La dénucléarisation du plateau dAlbion a été effective le 25 février 1998 avec le départ du dernier colis nucléaire issu du démontage des têtes nucléaires. Tous les sites, matériels et installations ayant été au contact des éléments nucléaires ont fait lobjet dun contrôle de non contamination par le service de protection radiologique des armées. Un certificat global de non contamination des matériels, installations et sites du système SSBS a été délivré par ce service. La procédure de déclassement des installations de leur statut dinstallations nucléaires de base secrète est en cours dinstruction. Ce statut vient par ailleurs dêtre modifié par un décret n° 99-873 en date du 11 octobre 1999 afin den atténuer certaines spécificités par rapport aux installations nucléaires civiles. La période été 1998/été 1999 a été consacrée aux travaux de génie civil (démolitions et terrassements). Les accès au deuxième poste de conduite de tir ont ainsi été condamnés et les bâtiments du dépôt de munitions spéciales ont été rasés, ainsi que les ateliers spécifiques dassemblage des vecteurs et les sites dinstruction (zones de lancement, postes de conduite de tir) implantés sur la base. Ces travaux de génie civil seront terminés pour lhiver 1999/2000. Il restera à détruire les dômes des sites de transmissions implantés sur le Mont Ventoux et les bâtiments de surface des zones de lancement en fonction des demandes des futurs propriétaires. Il y avait encore 1.300 personnels de larmée de lAir sur le site en septembre 1997. En septembre 1999, ils nétaient plus quune quinzaine. Le 16 juin 1999, le premier groupement des missiles stratégiques a procédé à la remise de son drapeau, après 28 ans dalerte opérationnelle constante. Le 27ème Régiment étranger du génie (1.000 hommes) a pris ses quartiers sur la base à partir du mois de septembre 1999. Un centre découte de la DGSE laccompagnera ainsi quune brigade cinophyle de larmée de Terre. Le coût du démantèlement est de 433 millions de francs dont 88 millions de francs à la charge du CEA pour le retrait des 19 têtes nucléaires. Lessentiel des dépenses a porté sur les exercices 1997 à 1999. Ce montant représente léquivalent de 15 mois de maintien en condition opérationnelle du système ou encore 1,3 % de son coût total. 2. Le démantèlement des sites de production de matières nucléaires Les opérations de démantèlement et dassainissement des sites de production de matières nucléaires (uranium et plutonium) se poursuivent. Le site de Pierrelatte, propriété du Commissariat à lénergie atomique, a toujours été exclusivement consacré à lenrichissement de matière nucléaire pour la mission de défense. Son activité a cessé en juillet 1996. Le pré-démantèlement (rinçage, nettoyage des installations) a aussitôt été lancé. Il sagit à présent daborder le démantèlement proprement dit. Compte tenu du volume du site aux fameuses cathédrales de béton, il sagit dune opération pilote. La décontamination radioactive prendra encore de lordre de cinq à six ans. La charge financière de cette opération monte en puissance pour le CEA qui y consacrera 300 millions de francs en 1999 et 2000 contre 250 millions de francs en 1998. Le site de Marcoule est plus complexe. Alors que les réacteurs produisant du plutonium sont arrêtés depuis des années, ceux qui produisent du tritium fonctionnent toujours. Lassainissement du site passe par lélimination du stock de déchets produits par lusine de retraitement des combustibles nucléaires. Cette opération sera longue et coûteuse, de lordre de vingt à trente ans, pour un coût consolidé voisin de 30 milliards de francs. Sur ce site, le CEA agit en collaboration avec EDF et la COGEMA. Mais, alors que ces deux entreprises passent régulièrement des provisions dans leurs comptes afin de faire face progressivement à la charge financière de lassainissement, le CEA dépend de son financement budgétaire annuel, ce qui le place dans une position plus vulnérable. La charge financière correspondante sera de 415 millions de francs en 2000 contre 450 millions de francs en 1999. La charge globale de ces opérations sélève donc à 700 millions de francs en moyenne. C. LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE La composante mer-sol balistique stratégique (MSBS) de la dissuasion est mise en uvre par la force océanique stratégique (FOST). 1. Les sous-marins Le premier sous-marin lanceur dengin, le Redoutable, a été admis au service actif en 1971. Il sera suivi de cinq autres bâtiments considérés comme de même série bien que les plus récents aient bénéficié des progrès techniques et scientifiques enregistrés depuis 1971 : le Terrible (1972), le Foudroyant (1974), lIndomptable (1976), le Tonnant (1980) et lInflexible (1985). Le programme de sous-marin lanceur dengin de nouvelle génération (SNLE-NG) a été lancé en 1986. La cible initiale était de sept puis de six sous-marins. Le mode de propulsion nucléaire des SNLE-NG doit permettre le déplacement dun bâtiment de 140 mètres de long, avoisinant les 14.000 tonnes en plongée, armé de 16 missiles stratégiques M45 puis M51 et de garantir dans des conditions de sécurité maximale, grâce à sa furtivité et à son armement défensif, une immersion importante grâce à lutilisation dun acier de très haute limite élastique. Compte tenu du changement de contexte géostratégique, la cible a été ramenée en 1991 à 4 SNLE-NG, ce qui permet à la France de disposer en temps de crise dune permanence dau moins deux sous-marins à la mer. Parallèlement, le calendrier prévisionnel du programme a été régulièrement retardé, pour des raisons techniques et financières. Lactuel calendrier, issu des décisions de la revue de programmes de 1998, est détaillé ci-après.
Lannée 1999 a constitué une étape dans la vie du programme puisque le SNLE-NG n° 2, le Téméraire sera admis au service actif cet automne. Lintégration de son système darmes a été achevée par un tir dexercice du missile MSBS M45 au mois de mai 1999. Parallèlement, lInflexible est revenu dans le cycle opérationnel après une indisponibilité périodique pour entretien (IPER) alors que le Tonnant a quitté le service actif. La FOST repose donc à lheure actuelle sur deux sous-marins de lancienne génération, lInflexible et lIndomptable, et sur les deux SNLE-NG admis au service actif, le Triomphant et le Téméraire. La rotation des sous-marins nucléaires lanceurs dengins finalement arrêtée conduit au retrait du Tonnant après seulement vingt ans de service actif. Il pourrait être étudié la prolongation de sa vie opérationnelle par une nouvelle utilisation, par exemple comme plate-forme de tir de missiles de croisière. La furtivité du sous-marin et la précision du missile rendraient ce système darme redoutable. Le programme de SNLE-NG a subi dimportants dépassements financiers depuis son lancement en 1986. A lépoque, le devis total du coût dacquisition était estimé pour six sous-marins à 63,2 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1986. Cette somme englobait le développement, la fabrication et lenvironnement du programme (moyens dessais, infrastructure industrielle et militaire, transmissions). Les devis actuels sélèvent à moins de 65 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1986, soit 87 milliards de francs actuels, mais pour quatre sous-marins seulement. Il faudrait aussi, pour disposer dune comparaison fiable, neutraliser limpact de la budgétisation du service des programmes navals décidée en 1997. Le poste fabrications est celui sur lequel les dépassements ont été les plus importants. Le poste environnement est celui dont le périmètre a été le plus fluctuant ce qui rend les comparaisons difficiles. Certaines opérations liées au programme ont été exclues de sa définition officielle. Cest par exemple le cas de lopération qui avait pour but de remédier à la corrosion constatée des circuits deau de mer utilisant lalliage Inconel, pour un coût de lordre de 450 millions de francs. A la suite des décisions prises à lissue de la revue des programmes, le devis du SNLE-NG n° 4 a augmenté de 300 millions de francs car il sera directement réalisé en version M51. Ce surcoût est plus que compensé par la baisse corrélative de 1.355 millions de francs du devis du programme « adaptation M51 » puisque seuls les trois premiers SNLE-NG seront refondus. Les dotations demandées pour ce programme sont décrites dans le tableau ci-après.
2. Les missiles balistiques Les missiles balistiques actuellement en dotation sont, dune part, le M4 pour les sous-marins de lancienne génération et, dautre part, le M45 pour les deux sous-marins de nouvelle génération. Le 3ème SNLE-NG sera lui aussi équipé de M45 mais le 4ème sera directement doté de M51 en 2008, ce qui épargnera le coût dune refonte dun sous-marin. Si le missile M45 est proche du M4 puisque les différences portent sur moins de 3 % de sa masse hors tête nucléaire, il est radicalement différent du M51 qui pèse 56 tonnes contre 35 tonnes pour le M45, ce qui explique les importants et coûteux travaux dadaptation des trois premiers SNLE-NG entre 2008 et 2012. Le missile M45 diffère du M4 essentiellement par lemport de la tête nucléaire TN75 dont la furtivité a été améliorée par rapport aux TN71 du missile M4. Elle bénéficie aussi dune meilleure aide à la pénétration. La portée du M45 est supérieure à 4.000 km et il est durci vis à vis des effets collatéraux résultant dune agression nucléaire en vol, ce qui lui confère une meilleure capacité de pénétration face à une défense antimissiles. Chaque SNLE dispose dune dotation de 16 missiles emportant chacun 6 têtes nucléaires, soit 96 têtes nucléaires. Le format de la flotte impose la disponibilité simultané de trois dotations de missiles, actuellement constituées de deux dotations M4 et dune dotation M45. La substitution dune deuxième dotation M45 à une dotation M4 est prévue pour mai 2000 et la troisième et dernière aura lieu en décembre 2003. Compte tenu de la réduction de 6 à 4 de la flotte de sous-marins, il existe des stocks importants de missiles M4. Cet excédent de moyens disponibles modère le coût de maintien en condition opérationnelle des dotations de missiles. Le coût dacquisition (développement et fabrication) du missile M4 est estimé à 51,7 milliards de francs (CE 1998) hors têtes nucléaires, celui du missile M45 à 6,5 milliards de francs (CE 1998). A ceci, il faut ajouter le coût du maintien en condition opérationnelle, soit 25 milliards de francs pour la durée de vie (1985-2012) des missiles M4 et M45. Le coût de possession du MSBS M4 M45 hors têtes nucléaires approcherait donc de 83,2 milliards de francs.
Afin de garantir la sûreté du système darmes et la crédibilité de la dissuasion à lhorizon 2030, notamment dans lhypothèse dun renforcement des défenses antimissiles balistiques, le lancement du développement du programme missile M5 a été décidé à la fin 1992. En février 1996, dans un contexte stratégique moins menaçant, un souci déconomie a conduit le Président de la République à réorienter le programme vers un missile moins ambitieux, le M51. Le missile M51 est un missile de masse totale maximale de 56 tonnes, guidé par inertie et propulsé par propergol solide. La partie haute comporte une case à équipements, un système despacement et de largage des têtes nucléaires et des aides à la pénétration, et une coiffe équipée dun réducteur de traînée. La portée de référence du missile avec un chargement complet en têtes nucléaires et en aides à la pénétration est de lordre de 6.000 kilomètres. Au terme de la revue de programmes de 1998, il a été décidé davancer de 2010 à 2008 le remplacement des M4 M45 par des missiles M51 équipés, dans un premier temps, de la tête nucléaire TN75 et des aides à la pénétration du missile M45 (version M51.1), puis, à partir de 2015, de la nouvelle tête nucléaire TNO associée à des systèmes daide à la pénétration (version M51.2). Le coût du développement du M51 est estimé à 29 milliards de francs (CF01/99) hors têtes nucléaires et hors adaptation du M51 aux SNLE-NG. Afin de réduire ce coût, un groupe de travail représentatif des différentes parties prenantes sest réuni à la fin de lannée 1997. Il a défini un plan déconomie portant sur 5,5 milliards de francs et reposant sur une série de mesures : · rationalisation du processus industriel ; · optimisation des essais ; · réduction de certaines spécifications après analyse de la valeur ; · modification de la logique et de la date de mise en service. Cette dernière mesure qui se concrétise par un avancement de la mise en service de 2010 à 2008 permettra ainsi déconomiser des dépenses de maintien en condition opérationnelle du M45 pour un montant estimé à 1.800 millions de francs. Au terme de cette négociation, les industriels se sont engagés sur des objectifs de productivité moyennant une visibilité étendue et un engagement de lÉtat à cinq ans. Il est prévu de passer en 2000 une importante commande globale (de lordre de 7 milliards de francs) portant sur une tranche de deux ans du développement du M51, ce qui explique le montant inhabituel des AP demandés à ce titre pour 2000 et qui sélève, hors têtes nucléaires, à plus de 5 milliards de francs. Cette dotation sera complétée par des autorisations de programme disponibles non encore engagées. Le fait que lÉtat ne prenne des engagements fermes que sur une période de deux ans au lieu des cinq arrêtés par la négociation peut susciter des interrogations sur le montant final des économies annoncées.
D. LA COMPOSANTE AÉROPORTÉE La composante aéroportée de la dissuasion relève dune part des Super-Etendard du groupe aéronaval et, dautre part, des Mirage 2000N relevant des Forces aériennes stratégiques (FAS). Leur armement commun est le missile Air-sol moyenne portée (ASMP). A lhorizon 2008, le couple Rafale ASMP amélioré succédera au couple Mirage 2000N-ASMP. Le Mirage 2000N est capable deffectuer une pénétration à très basse altitude et à très grande vitesse en suivi de terrain automatique. Pour effectuer ses missions, le Mirage 2000N dispose : · dun radar ayant la capacité deffectuer du suivi de terrain à très grande vitesse, à très basse altitude et quelles que soient les conditions météorologiques ; · dun système de navigation autonome performant sappuyant sur deux centrales inertielles ; · dun système de contre mesures évolué ; · de deux missiles dautoprotection de type Magic II à autodirecteur infrarouge. Les Mirage 2000N mobilisent entre 150 et 200 millions de francs de crédits de fabrication chaque année. En 2000, 186 millions de francs sont prévus pour financer, dune part, la modification de 29 appareils afin daccroître leur polyvalence en leur conférant une capacité dattaque air/sol conventionnelle et, dautre part, lamélioration tactique de lensemble de la flotte par une meilleure intégration des contre-mesures au système darmes. Le missile ASMP est un missile nucléaire aéroporté à vocation stratégique et dultime avertissement, pouvant être emporté sous Mirage 2000N et Super Etendard (porte-avions). A ce jour, trois escadrons de Mirage 2000N sont opérationnels à partir de cinq dépôts darmes. Le missile ASMP est également opérationnel sur Super Etendard à partir du porte-avions Foch et le sera à partir de lannée 2000 sur le porte-avions Charles de Gaulle. Commencé en 1986, date dentrée en service opérationnel du système darme Mirage IVP-ASMP, le maintien en condition opérationnelle est monté en puissance jusquen 1991, au fur et à mesure des mises en service successives. La mise en service sous Super Etendard modernisé est intervenue fin 1995. Ladaptation à la mise en uvre à partir du porte-avions Charles de Gaulle est en cours. Le programme de renouvellement à mi-vie des vecteurs est en cours et les premiers vecteurs « renouvelés » ont été livrés en février 1996. La fin des livraisons est prévue début 2003 mais cette date est susceptible dévoluer en fonction du calendrier de mise en service de lASMPA. Suivant le scénario retenu, il sera peut-être nécessaire de commander des renouvellements de vecteurs supplémentaires.
Le missile ASMP amélioré, théoriquement disponible à partir de 2008, sera un missile dune masse comprise entre 850 et 900 kilos dont la propulsion sera assurée par un accélérateur à poudre puis, une fois atteinte une vitesse hautement supersonique, par un statoréacteur. Sa portée sera denviron 100 kilomètres pour une trajectoire entièrement à basse altitude et de lordre de 500 kilomètres pour une trajectoire à haute altitude après un tir à basse altitude. Dans la version actuellement en service, lASMP a une portée denviron 80 kilomètres sur une trajectoire à basse altitude et de 300 kilomètres sur une trajectoire à haute altitude. LASMP amélioré mettra en uvre une charge nouvelle, la tête nucléaire aéroportée. Le développement de lASMPA est également préparé par une opération, dite Vesta, financée au titre de la ligne « travaux de transition aérobie » de la loi de programmation, qui permettra de tester en vol un vecteur à statoréacteur commun à lASMP amélioré et au missile antinavire futur ANF. Les deux missiles partageront le même statoréacteur liquide à combustion prolongée et la même section de guidage pilotage. Ils différeront par leur guidage terminal et, bien évidemment, la nature de leur charge. Les trois développements exploratoires lancés en 1993 et les recherches exploratoires préparant le projet de missile air/sol longue portée (ASLP) ont fait lobjet dune réorientation profonde afin de couvrir les travaux complémentaires nécessaires à lASMP amélioré et non compris dans le marché de faisabilité ou dans lopération Vesta. La phase de faisabilité du programme a débuté fin 1997. Le lancement du développement est prévu début 2000 comme en témoigne la montée en puissance des AP demandées à ce titre.
E. LES TRANSMISSIONS Les transmissions nucléaires ont pour vocation de garantir lacheminement de lordre dengagement aux forces nucléaires. Elles reposent sur plusieurs composantes. La composante Astarte (avion station relais de transmissions exceptionnelles) est un système de transmissions dont la tâche prioritaire est de garantir en toute circonstance, et notamment en ambiance dimpulsion électromagnétique, la transmission des ordres émanant de la haute autorité gouvernementale vers les forces nucléaires stratégiques, sous-marins nucléaires lanceurs dengins (SNLE) tout particulièrement. Dans certaines circonstances, il peut aussi transmettre les ordres des commandants de ces forces vers leurs moyens. Ces ordres sont, par ordre de priorité, les ordres exceptionnels et les messages opérationnels. Les ordres exceptionnels peuvent être lordre dengagement des différentes composantes stratégiques ou lordre du changement de posture vers les SNLE et vers la force pilotée (Mirage 2000N). Ces ordres peuvent être élaborés, le cas échéant, par une autorité se trouvant à bord de lavion Astarte. Les messages opérationnels sont émis par lamiral commandant la FOST ou le général commandant les FAS vers les composantes placées sous leurs ordres. Le C 160 H Astarte est ravitaillable en vol et peut de ce fait effectuer des patrouilles, sur les zones Atlantique et Méditerranée, dune durée allant de six heures à quinze heures environ. Ce programme portant sur quatre Transall C 160 transformés en stations de transmission a été lancé en 1982 et clos en 1990, après livraison des avions dans un standard de durcissement définitif. Son coût total sélève à 3,5 milliards de francs courants. Le retrait du service de ces stations est prévu pour 2001, date à laquelle Syderec prendra le relais. Il convient dores et déjà de réfléchir au reclassement opérationnel de ces quatre Transall dun genre particulier. La composante Ramses (réseau amont maillé stratégique et de survie) est un réseau maillé dinfrastructure résistant aux effets de limpulsion électromagnétique haute altitude qui garantit les liaisons entre les centres de décision, les sites fixes des Forces nucléaires stratégiques et les stations Astarte. Ramses a été lancé en 1979 et mis en service de 1989 à 1998. Le coût total du programme est légèrement inférieur à 2 milliards de francs. La composante Transfost (transmissions des forces océaniques stratégiques) a pour objectif la rénovation des stations fixes démission en basses fréquences ainsi que des centres opérationnels de la FOST. La première phase du programme a été lancé en 1992 pour une mise en service opérationnelle en 1997 et la deuxième phase en 1995 pour une mise en service opérationnelle en 2001. Le coût total du programme est de 900 millions de francs pour la première phase et de 1 milliard de francs pour la seconde phase dont la moitié des CP ont déjà été consommés. 100 millions de francs ont été demandés à ce titre en 1999 et 60 millions de francs sont prévus pour la période 2000-2002. La composante Syderec (système de dernier recours) enfin doit permettre dacheminer les communications nucléaires essentielles en toutes circonstances dès lors que les autres moyens auront subi des destructions telles quils ne seront plus capables dassurer leur mission. Le programme a été lancé en 1993 pour une mise en service opérationnel prévue en décembre 2000. Son coût total est estimé à 1.750 millions de francs contre 2.425 millions de francs à la date du lancement, soit une économie proche de 30 % résultant dun processus danalyse de la valeur et de lanalyse fonctionnelle et dune réduction de provisions consécutive au bon déroulement du programme. Le montant des crédits consommés sélève à 1.150 millions de francs et celui des crédits votés à 1.420 millions de francs. 200 millions de francs ont été demandés à ce titre en 1999 et 66 millions de francs sont prévus pour la période 2000-2002. Les gros efforts financiers en matière de transmission nucléaire sont donc derrière nous. F. LA SIMULATION Larrêt des essais nucléaires, avec la signature du traité dinterdiction complète des essais nucléaires, constitue un véritable défi pour la communauté chargée du maintien de la disponibilité opérationnelle des armes nucléaires en service et de la mise au point des têtes futures, les têtes nucléaires aéroportées et océaniques (TNA et la TNO). La direction des applications militaires du CEA sest préparée, dès 1991, à larrêt des expérimentations en proposant le programme PALEN qui comportait deux volets : la mise au point des filières darmes robustes, cest-à-dire présentant une fiabilité tolérante aux écarts de modélisation ou de réalisation, et le passage à la simulation. Lors de la dernière campagne dessais nucléaires, en 1995-1996, ces deux volets ont donné lieu à des expérimentations ; des formules darmes robustes ont pu être ainsi validées et de nombreuses données techniques et scientifiques ont aussi été acquises au bénéfice de la simulation. Désormais, cest au plan simulation dapporter la garantie, en labsence dessais nucléaires, de la fiabilité et de la sûreté des armes françaises actuelles et futures, cest dire limportance cruciale de ce programme dont les crédits sont retracés dans le tableau ci-après.
Le coût de lensemble du programme de mise en place des moyens est estimé à environ 15 milliards de francs dont 9,5 milliards de francs dinvestissement et 5,5 milliards de francs de sous-traitance détudes et développement. La simulation consiste à reproduire, à laide dexpériences ou par le calcul, les phénomènes observés au cours du fonctionnement dune charge nucléaire. Lobjectif est de disposer dun ensemble de logiciels décrivant les différentes phases du fonctionnement dune arme nucléaire et reposant sur une représentation des lois physiques mises en jeu. La validation globale en sera obtenue par recalage sur les résultats des essais nucléaires passés, tandis que la validation des modèles physiques décrivant les phénomènes essentiels du fonctionnement des armes nucléaires reposera sur des moyens de laboratoire appropriés. Les deux principaux moyens spécifiques sont la machine radiographique AIRIX, pour la visualisation détaillée du comportement dynamique de larme, et le laser Mégajoule, pour létude de nombreux processus physiques élémentaires dont celle des phénomènes thermonucléaires. Lintégration des nombreux modèles physiques et la précision requise pour les évaluations numériques nécessiteront par ailleurs des calculateurs environ 1.000 fois plus puissants que ceux qui sont disponibles actuellement. Lobtention du facteur 1000 semble possible par lutilisation dordinateurs massivement parallèles dont la disponibilité semble réaliste à lhorizon de 2010. Lacquisition par le CEA de ce type de grands ordinateurs (200 millions de francs/pièce) en fera le plus grand centre européen de calcul. Dès lors, il serait particulièrement indiqué de mettre à la disposition de la communauté scientifique française cet outil. Une utilisation pour les travaux de séquençage du génome serait par exemple envisageable. Cette démarche suppose la mise à disposition de physiciens de grande qualité, de numériciens de haut niveau et dexpérimentateurs hors pair. Lun des défis du plan simulation est dailleurs de constituer ce nouvel ensemble de compétences, tout en lassociant à lexpérience des équipes qui ont suivi les campagnes dessais. Il est essentiel que cette osmose sopère avant leur départ en retraite, sous peine dune perte irrémédiable de compétences. Pour la même raison, il est impératif que les outils de la simulation fonctionnent dès 2010, avant le départ des personnels qui ont connu les essais de manière à ce que la garantie sur les armes soit optimale. La réalisation de linstallation AIRIX dotée dun axe de mesure est achevée, la machine radiographique est actuellement en phase de recette. Le calendrier de lopération prévoit la mise en service prochaine de la machine dotée dun axe de visée afin de procéder à un premier tir expérimental avant la fin de 1999. La réalisation dun second axe, permettant dobtenir, au cours dune même expérience, plusieurs clichés radiographiques à différents instants et suivant différents angles dobservation, a été retardée de trois ans (lancement en 2005 et livraison en 2010). Quant à la réalisation du laser mégajoule, il sagit dun projet particulièrement complexe et spectaculaire. Dans le but détudier les phénomènes de fusion thermo-nucléaire, il sagit en effet de projeter une énergie de deux mégajoules à laide de 200 faisceaux laser (la maquette du bâtiment ressemble à une immense gare de triage) sur une petite sphère en or de quelques millimètres de diamètre contenant un glaçon de mélange de deutérium-tritium : linfiniment grand et linfiniment petit pour provoquer linfiniment puissant. Les principaux jalons du programme « laser mégajoule » sont les suivants : · la phase de faisabilité a démarré avec le lancement de la réalisation du prototype « ligne dintégration laser » (LIL), dotée de 8 faisceaux dont la mise en service est prévue en 2001 ; · le calendrier du LMJ a été modifié au début de lannée 1999, dans le but doptimiser la conservation et le transfert des connaissances et des compétences, par un meilleur recouvrement entre les équipes de concepteurs darmes ayant connu les essais nucléaires et les nouvelles équipes de concepteurs, qui devront désormais garantir la fiabilité et la sûreté des armes nucléaires à partir de la simulation. La mise à disposition du LMJ à pleine puissance est désormais prévue en 2008 pour un coût total dacquisition toujours estimé à 6,5 milliards de francs. Létude du laser Mégajoule bénéficie des échanges et coopérations technologiques conduits avec le laboratoire américain Lawrence de Livermore, qui réalise un projet de laser Mégajoule, le NIF (National ignition facility) similaire au projet français. Le développement technologique commun a ainsi porté sur un milliard de crédits en quatre ans. Toutefois, les Américains ont opté directement pour un grand laser, sans ligne prototype, pour un achèvement prévu en 2004. Ils travaillent aussi sur dautres pistes comme les machines électriques pulsées. II. LESPACE Le budget de lespace subit particulièrement les effets de la contraction des crédits déquipement pour 2000. En effet, il sélève à moins de 2,3 milliards de francs en crédits de paiement (- 15 %) et à moins de 2,1 milliards de francs en autorisations de programme (- 24 %). Cette baisse drastique atteint toutes les catégories de crédits (entretien programmé, développement, fabrication), à lexception des études amont qui remontent un peu après le niveau très bas atteint en 1999 (237 millions de francs contre 220 millions de francs). Ces évolutions reflètent la contraction de la politique spatiale militaire de la France, après les déconvenues successives essuyées auprès des différents partenaires européens. La grande majorité des crédits est mobilisée par le financement de la filière de satellites dobservation optique Hélios puisque Hélios I bénéficiera dune dotation de 540 millions de francs en 2000 (maintien en condition opérationnelle compris) et Hélios II de 1,1 milliard de francs. Le solde revient au programme de télécommunication par satellite Syracuse II (350 millions de francs avec le maintien en condition opérationnelle) et à son successeur (300 millions de francs) ainsi quaux études, notamment en matière découte électromagnétique (122 millions de francs en 2000). A. LOBSERVATION Le programme Hélios a été décidé par la France en 1986. Il est mené en coopération internationale avec lItalie à hauteur de 14,1 % et lEspagne à hauteur de 7 %. Les taux de participation des trois pays se déclinent en termes financiers et de retour industriel, mais aussi en terme de droit dutilisation opérationnelle du satellite. Il comprend, outre un satellite en orbite (et un satellite de rechange au sol) et son centre de contrôle implanté en France (Toulouse) des centres de réception et de traitement des images dans chaque pays ; le centre de commandement du système est situé en France. Le système Hélios est un système militaire dobservation optique par satellite destiné à acquérir des images dans le spectre visible. Ses capacités sont limitées à lobservation de jour et par temps clair, ce qui constitue une limitation importante à son utilisation comme lont démontré les premières semaines des opérations aériennes au Kosovo où les nuages ont empêché le satellite de produire de nouvelles images exploitables chaque jour. Lorbite et les capacités de manuvre du satellite garantissent au moins une possibilité dobservation dun site donné tous les deux jours et la prise dune quinzaine de vues par jour sur des orbites correspondant aux zones dintérêt prioritaire. Le premier satellite Hélios I A a été mis en orbite le 7 juillet 1995 depuis la base de Kourou. Le deuxième satellite Hélios I B a été mis en condition de stockage fin 1996 et devait être lancé en novembre 1999. Des améliorations du programme ont dores et déjà été décidées et lancées, en particulier pour prendre en compte lévolution du contexte géostratégique et lapparition de technologies nouvelles. Il sagit daméliorations des logiciels de la composante sol du système, dont notamment les logiciels dexploitation des images, de ladjonction dune mémoire de masse électronique sur le deuxième satellite, de la réalisation dune station de théâtre transportable et dune capacité à exploiter un système bisatellite. Le coût prévisionnel du programme initial à la charge de la France est de 8.262 millions de francs. Le coût des améliorations lancées sélève à 554 millions de francs. Les coûts additionnels de la phase dexploitation du système, à la charge de la France, sont de 748 millions de francs pour le deuxième lancement et de lordre de 342 millions de francs par an pour lentretien, la maintenance et lexploitation du système. Le programme Hélios II dont les études de faisabilité ont été lancées en 1992 doit prendre le relais des satellites de la première génération et apporter un certain nombre de progrès opérationnels au nombre desquels : · améliorer les capacités de prise de vue et de transmission des images de façon à réduire les délais dacquisition de linformation et à augmenter le nombre dimages réalisables ; · améliorer la résolution des images réalisées dans la bande optique visible de façon à garantir en particulier la détection de tous les objectifs dintérêt militaire ; · introduire une capacité dobservation infrarouge de façon à permettre lobservation de nuit ; · introduire une capacité de recueil dindices dactivités afin de déjouer les tentatives de leurres et de camouflages. Le système devra être capable dopérer deux satellites simultanément en orbite. Le programme Hélios II comprend actuellement la définition, le développement et la réalisation de deux satellites de deuxième génération et le segment français dune composante au sol adaptée des installations au sol déjà réalisées pour Hélios I et conçue pour être compatible avec larrivée éventuelle de coopérants. A ce jour, la France sengage seule dans ce programme puisque les partenaires européens de Hélios I (Espagne, Italie) se borneraient à moderniser leur composante sol utilisateur. La phase de définition a débuté suite à lapprobation du dossier dorientation du programme en avril 1994. La revue de définition préliminaire du satellite en mars 1995 a permis détablir la conformité des performances du satellite aux exigences de la fiche de caractéristiques militaires. Le retard dans la mise en place de la coopération et des modifications de concept décidées dans le cadre de lanalyse de la valeur menée fin 1995 ont conduit à prolonger les travaux de la phase de définition par une phase complémentaire détaillée de mars 1996 à mars 1997. Le dossier de lancement de la réalisation a été approuvé par le ministre de la Défense le 7 juillet 1998. On estime que les négociations relatives à la recherche de partenaires européens (Allemagne) et les contraintes budgétaires françaises ont entraîné un arrêt du programme dune durée de 4 à 6 mois. De fait, après avoir été repoussé de 2001 à fin 2002, le lancement du premier satellite Hélios II est actuellement prévu pour juin 2003. Depuis le lancement des premières études de faisabilité (1992) jusquau lancement (mi 2003) du premier satellite Hélios II, il se sera donc écoulé 11 ans, ce qui est manifestement trop long dans un secteur caractérisé par lévolution rapide des progrès technologiques, sans évoquer les contraintes parfois excessives imposées aux industriels : augmentation du coût de revient par suite du décalage, avances de trésorerie afin de préserver les équipes en place, difficulté de prévoir une gestion des effectifs à long terme et de bénéficier des retours dexpérience. Le coût à la charge de la France du programme Hélios II, dans lhypothèse dune coopération franco-espagnole, comprenant la réalisation et le lancement des deux satellites ainsi que le segment français de la composante sol utilisateurs compatible avec larrivée de coopérants, est évalué à 10.947 millions de francs au coût des facteurs de janvier 1996, y compris le gain de la synergie avec le programme civil Spot 5. Ces synergies consistent à partager le coût du développement d'éléments communs comme la plate-forme, linstrument grand champ ou la mémoire de masse statique. Elles sont estimées à une économie totale de 1.470 millions de francs dont 780 millions de francs pour Hélios II. Le coût dun troisième satellite réalisé en continuité des deux premiers est estimé à 1.500 millions de francs au coût des facteurs de janvier 1996 et son lancement à 900 millions de francs. Le coût annuel de lemploi opérationnel du système est de lordre de 370 millions de francs. 5,7 milliards de francs dengagements et 4,7 milliards de francs de paiements ont déjà été votés sur ce programme. Quant à lobservation radar, labandon du satellite Horus, entériné par la revue des programmes de 1998, était prévisible depuis un certain temps devant les difficultés de la coopération européenne dans ce domaine et tout particulièrement, du retrait allemand qui na pu honorer les engagements pris à Baden-Baden le 7 décembre 1995. Il avait été décidé de considérer les deux programmes Hélios II et Horus comme formant un ensemble alors indissociable, les deux pays étant placés sur une base de stricte parité sur les plans opérationnel, industriel et financier. Le partage opérationnel devait être égal entre la France et lAllemagne (50 %-50 %), les participations éventuelles dautres partenaires ne devant pas remettre en cause ce principe de parité. La charge industrielle du programme Hélios II devait revenir à la France pour 90 %, à lAllemagne pour 10 %, les participations éventuelles de lEspagne et de lItalie venant en déduction de la part française. La charge industrielle du programme Horus devait revenir à lAllemagne pour 60 %, à la France pour 40 %, les participations éventuelles dautres partenaires devant simputer sur les parts des deux pays, pour maintenir la proportion 60/40. Le financement des développements était partagé selon les règles applicables au partage industriel, lAllemagne devant toutefois verser une contribution aux investissements réalisés antérieurement par la France dans le domaine de lobservation optique. Enfin, le financement des lancements devait être partagé à parité. La France nétait évidemment pas en mesure dassumer seule le programme Horus dont les crédits prévus par la programmation sélevaient à 2,5 milliards de francs pour seulement 300 millions de francs dengagements fermes à ce jour au titre des études de faisabilité préparatoires (architecture, performance système...). Faut-il pour autant renoncer à toute capacité dans le domaine de lobservation radar qui permet notamment dassurer une observation tout temps alors que la couverture nuageuse constitue un obstacle pour la filière optique ? Lun des inconvénients de laccord franco-allemand était de figer lobservation radar dans une conception technologique datée recourant notamment au concept de satellite lourd du type de Hélios (4 tonnes) pour un prix prévisionnel très élevé, de lordre de 13 milliards de francs. Pendant ce temps là, les industriels accomplissaient de grands progrès grâce aux contrats passés dans le domaine des satellites de télécommunications civils à base de constellation. Les nouvelles plates-formes seraient ainsi utilisables pour des minisatellites optiques (800 kg à 1 tonne) dont le coût de revient ne serait pas comparable avec celui du système Horus. B. LES TÉLÉCOMMUNICATIONS Le programme Syracuse II de télécommunications militaires par satellite a commencé sa phase de développement en 1988. Il se compose de trois parties (système, composante spatiale et composante sol) et il est conditionné par le calendrier de Télécom 2 qui répond au même besoin pour la part civile. La livraison de la version finale comportant toutes les capacités opérationnelles date du mois davril 1997. Des compléments et améliorations sont en cours afin de prolonger sa durée de vie jusquen 2005 grâce aux lancements des troisième et quatrième satellites Telecom 2 effectués en décembre 1995 et en août 1996 et daméliorer linteropérabilité avec les alliés. Le coût du programme est de 10.588 millions de francs (coût des facteurs janvier 1999) et le coût des compléments de 3.585 millions de francs, soit un total de 14.173 millions de francs. Plus de 11 milliards dengagements et 10,4 milliards de paiements ont déjà été votés. Au-delà de la continuité du système Syracuse II, le programme Syracuse III doit étendre le parc de stations (de lordre de 400 stations comprenant de nombreuses petites stations tactiques), renforcer la résistance à la guerre électronique dun nombre important de liaisons et assurer la zone de couverture des États-Unis aux Philippines. Son coût prévisionnel dans lhypothèse de la coopération avec lAllemagne et le Royaume-Uni (Trimilsatcom) était de 12.959 millions de francs (coût des facteurs, janvier 1997). LAllemagne, le Royaume-Uni et la France avaient décidé de démarrer en commun le programme Trimilsatcom par la signature en décembre 1997 dun mémorandum dentente pour la phase de définition. La France et lAllemagne sont engagées par ce mémorandum dentente à démarrer létude de définition. Le Royaume-Uni avait prévu dexaminer en parallèle, dans une optique nationale, une solution dacquisition classique et une solution privée, appelée PFI (Private Finance Initiative) à comparer à Trimilsatcom respectivement avant la phase de définition et avant la phase de réalisation. Le Royaume-Uni a annoncé son retrait de Trimilsatcom à la veille de la signature des contrats détudes au mois daoût 1998 au motif que la date de mise en service exigée (2005) ne pouvait être absolument garantie. La réalisation du futur système sarticule désormais en deux étapes compte tenu de lurgence dassurer la continuité du service fin 2003. La première phase, sous maîtrise duvre nationale, doit permettre à la France de mettre en orbite un premier satellite de nouvelle génération afin de garantir la continuité de service et préserver les intérêts nationaux (éventualité de léchec au lancement et validation dune position orbitale). LAllemagne qui recherche une garantie daccès à une capacité militaire à cet horizon pourrait, à cette occasion, louer un ou deux répéteurs. Un projet de mémorandum franco-allemand couvrant cette location à lAllemagne devrait prochainement être transmis aux autorités compétentes pour approbation. Les travaux de définition de ce premier satellite doivent sachever fin 1999. Le début de sa réalisation est prévu pour mi-2000. La deuxième phase qui devrait être conduite en coopération franco-allemande, devra satisfaire lensemble du nouveau besoin opérationnel. Elle doit permettre en particulier de compléter la constellation (mise en orbite des autres satellites à partir de fin 2006, date de fin de vie du satellite telecom II D) dassurer la livraison des nouvelles stations et la mise en uvre de la nouvelle gestion du système. Une acquisition selon le schéma étudié par les Britanniques qui recourent à la location de services (Private Finance Initiative) constitue un volet détude spécifique de la définition en compétition de la première phase. Parmi les avantages espérés, on notera en particulier la possibilité dun différé de paiement, une approche en termes de services (qui paraît plus proche de lutilisateur et pourrait parfois dégager des solutions plus efficaces) et la possibilité de partager lemploi dun système avec dautres utilisateurs via un opérateur privé (ce qui évite la complexité des coopérations). Parmi les inconvénients induits, on peut citer le risque de perte de souveraineté et dautonomie de décision (le propriétaire des moyens, lindustriel a priori multinational, bénéficiant alors dune situation de monopole dans un domaine où la concurrence est de fait inexistante), le transfert du traitement des désaccords entre client et fournisseur devant les tribunaux de façon systématique ou encore la tentation pour le fournisseur de développer des stratégies dimpasse (par exemple, ne pas investir dans des performances peu rentables car rarement mises en uvre, mais pourtant militairement stratégiques). Les plus importantes difficultés de cette technique résident dans le domaine juridique. Sa compatibilité avec le traité de Rome peut être soulevée ; un opérateur européen de télécommunications pourrait en appeler à la distorsion de concurrence et suspecter des aides gouvernementales indirectes. Le caractère novateur de cette technique dacquisition de capacités et létendue des études préalables quelle induit nont pas permis dy recourir pour la première phase du programme car le calendrier critique, dicté par la continuité du service ne le permettait pas. Il serait utile de lexaminer sérieusement pour les étapes ultérieures. III. LARMÉE DE LAIR Les crédits des principaux programmes de larmée de lAir sont retracés dans le tableau ciaprès :
A. LES MISSILES Armement tactique principal du Mirage 2000 D et du Rafale, le missile modulaire Apache anti-piste (AP) a pour mission la neutralisation à distance de sécurité (140 km) des bases aériennes par linterdiction de pistes et des aires bétonnées au moyen de charges classiques. Le lancement du développement date davril 1989, la livraison du premier missile est prévue pour mars 2001 et le nombre total dexemplaires prévus est de 100 unités dont 72 livrés à fin 2002. Le coût de son développement est de 2.449 millions de francs (CF janvier 1998) dont 2.127 millions de francs (plus de 85 %) déjà financé et le coût de sa production de 1.776 millions de francs. Le missile SCALP/Emploi général est un missile air-sol largué à distance de sécurité (400 km) des systèmes de défense. Il est dérivé de lApache anti-piste. Sa mission est la destruction des objectifs dinfrastructures militaires, logistiques, économique moyennement durcis. Il sera tiré à partir du Mirage 2000 D et du Rafale Air et Marine. Le lancement de la réalisation du programme date de mai 1997 et la notification de la commande pluriannuelle de 500 missiles du 29 décembre 1997. Les premières livraisons sont attendues pour la mi-2003. Le coût du programme est de 4.904 millions de francs dont 2.040 millions de francs pour le développement. Les crédits déjà consommés sélèvent à 790 millions de francs. Le missile dinterception de combat et dautodéfense (MICA) est un missile dinterception, de combat et dautodéfense. Il sera larmement principal du Rafale et du Mirage 2000-5 dans leurs missions de défense aérienne et larmement dautodéfense dans les missions dattaque au sol du Rafale. Il confère aux systèmes darmes multicibles du Rafale et du Mirage 2000-5 la capacité « tire et oublie ». Le lancement du développement date de mars 1987, la notification de la première commande de décembre 1997 (225 missiles dont 125 pour larmée de lAir) et les premières livraisons ont été faites en 1999 (25 missiles). Le coût total du programme est de 11.042 millions de francs (CF janvier 1999) avec une cible de 1.070 unités pour larmée de lAir, dont 3.195 millions de francs pour le développement. Les crédits déjà consommés sélèvent à 3.100 millions de francs. Enfin, le programme darmement air-sol-modulaire (AASM) sera appelé à compléter la famille APACHE destinée aux objectifs de valeur très défendus, par une famille darmement modulaire de faible coût unitaire, destinés aux autres objectifs, et adaptables au plus grand nombre davions. LASSM est un armement modulaire de portée intermédiaire, à capacité muticible, de type « tire et oublie », pouvant sadapter rapidement à la nature et à lenvionnement de tous les objectifs, particulièrement souple demploi afin de pouvoir être utilisé : · à partir des avions en service dans larmée de lair à lhorizon 2003 ; · tout temps, de jour et de nuit ; · sur tous les objectifs du champ de bataille. Son architecture modulaire comprendra un kit de guidage de classe décamétrique tout temps (précision 10-15 mètres) et un kit de guidage à imagerie infrarouge (précision 3-5 mètres), un kit daccroissement de portée (ailes et/ou propulseur) et une charge militaire constituée dun corps de bombe de 250 kg dans sa première version. La notification du contrat de réalisation est prévue pour début 2000, pour les premières livraison début 2004. La cible est de 3.000 exemplaires dont 2.000 pour larmée de lAir et 1.000 pour la Marine. Le coût total est de 2.535 millions de francs (CF01/97) dont 800 millions de francs de développement. B. LES MATÉRIELS ÉLECTRONIQUES La modernisation du réseau de télécommunications des bases aériennes (MTBA) doit satisfaire les besoins en communications fixes de 102 sites de larmée de lAir en remplacement des réseaux actuels de desserte des abonnés des bases aériennes. Le lancement du développement du programme date de décembre 1992, le lancement de la production de décembre 1997, la livraison des équipements a commencé en 1999 pour sachever en 2005. Le coût total du programme est de 3.058 millions de francs (CF 1997) pour un développement de 572 millions de francs. Les crédits consommés sélèvent à 866 millions de francs. Le système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA) est destiné à doter larmée de lAir dune capacité de gestion globale des systèmes darmes à partir dun commandement unique des opérations aériennes, fortement automatisé, rapidement renseigné et jouissant dun niveau dinteropérabilité élevé avec les armées françaises et alliées. Le SCCOA est donc constitué par lensemble des moyens concourant au commandement et à la conduite des opérations aériennes, exceptés ceux qui sappliquent au nucléaire, complétés par les moyens de détection associés (radars principalement) ainsi que par les moyens de transmission « sol-air-sol » exclusivement dédiés à la conduite des opérations aériennes. Les fonctions opérationnelles couvertes par le SCCOA sont : · la surveillance (détection radar et identification) de lespace aérien national et de ses approches, ainsi que dun ou plusieurs théâtres extérieurs ; · lévaluation de la menace sous toutes ses formes (aérienne, spatiale, électronique) ; · la gestion de lespace aérien en coordination avec laviation civile ; · le contrôle de la circulation aérienne militaire et notamment la planification et le suivi des mouvements ; · le contrôle des missions, au sens « guidage en temps réel », quelles soient défensives, offensives ou de soutien ; · loptimisation de lemploi des forces en fonction de leur état et de leur environnement, ainsi que la planification, lattribution et la préparation des missions aériennes ; · la gestion des moyens de commandement et de conduite (C2), notamment radars et transmissions de données ; · lexploitation du renseignement dintérêt « air » dans un contexte interarmées et interallié. Le SCCOA est scindé en trois étapes successives dune durée de deux à six ans environ. La première étape a été lancée en février 1993 et la deuxième en décembre 1997. Le coût total du programme est estimé à 15.803 millions de francs (CF 30 janvier 1998) dont 5.190 millions de francs pour la première étape, 2.304 millions de francs pour la deuxième et 8.283 millions de francs pour la troisième. Les crédits déjà consommés sélèvent à 3.405 millions de francs. Le SCCOA est étroitement couplé avec le programme Air Command and Control System (ACCS) de lOTAN dont il englobe la partie française. Le programme ACCS a été initialisé en 1981 dans le cadre de la rénovation des systèmes sol de défense aérienne de lOTAN. La participation de la France à ce programme a été décidée par le Chef de lÉtat en 1990. En 1994, le conseil de lAtlantique Nord a approuvé la première étape du programme ACCS qui prévoit notamment la mise en uvre de deux centres en France dont un à Lyon Mont Verdun. Cette composante française fait partie intégrante du SCCOA. Les logiciels correspondant à lensemble des fonctions relatives au commandement et à la conduite dopérations aériennes non nucléaires seront en principe communs pour tous les pays de la structure militaire intégrée. De plus, ces logiciels comporteront des modules standards dinterface avec les systèmes de conduite des opérations de larmée de Terre et de la Marine. enfin, les matériels mis en uvre, dont les moyens de télécommunications, répondront à des normes communes. Ainsi, une double interopérabilité « interalliée et interarmées » devrait être garantie. Elle concernera à la fois les moyens « statiques » implantés dans les territoires des nations concernées et les moyens mobiles répondant notamment au besoin dopérations menées à partir de théâtres extérieurs. Les premières réalisations de lACCS concernent le développement de la version initiale de logiciels communs et léquipement de quatre centres fixes dont la mise en service opérationnel est prévue pour 2003. Le contrat portant sur la réalisation du premier niveau de capacité opérationnelle a été notifié au consortium formé par Thomson CSF et Raytheon le 22 juillet 1999. A titre intérimaire, en attendant lACCS, le système ICC (Interim CAOC Capability) développé par lOTAN a été installé au centre de commandement des opérations aériennes (CCOA) de Taverny et dans certains PC de lOTAN. LACCS est financé sur le budget « programme OTAN dinvestissements au service de la sécurité » à laquelle la France contribue (section commune) à hauteur de 13,34 % depuis la création de lOTAN. Le financement OTAN, prévu sur dix-huit ans, étant fixé à 900 MUCI (millions dunités de comptes internationales) soit à environ 20 milliards de francs, la contribution française sélèvera à environ 150 millions de francs par an. Il est toutefois à noter que, dans le cadre de lACCS, la France sera amenée à réaliser certaines opérations sur son territoire ; celles-ci feront lobjet dun remboursement de lOTAN, pour leurs parties éligibles au budget de lAlliance, conformément aux règles en vigueur. C. LES AVIONS DE COMBAT 1. Le Mirage 2000 D Le Mirage 2000 D est un avion de pénétration et dattaque au sol tout temps capable de tirer en aveugle les armements air-sol conventionnels, les armements guidés laser de jour comme de nuit, le missile nucléaire ASMP, et à terme demprunter des systèmes de reconnaissance montés en nacelle. Il se distingue du Mirage 2000 N par son système darmes et de navigation. Le Mirage 2000 D sera adapté aux armements futurs tels que le missile Apache ainsi quà larmement air-sol modulaire. Le lancement du programme date de décembre 1988, la livraison du premier avion de série de mars 1993, la constitution du premier escadron opérationnel davril 1995 et la dernière livraison est prévue pour mai 2001. Le nombre dappareils prévus à été porté de 70 à 105 en 1989, réduit à 90 en 1992 puis à 86 par la programmation 1997-2002. La cadence de livraison a été réduite de 15 à 12 appareils par an en 1995, puis de 12 à 6 de 1996 à 1998, ce qui a généré une augmentation de prix de série. Pour 1999, les livraisons remonteront à 12 appareils. Au 31 décembre 1999, larmée de lAir disposera de 60 Mirage 2000 D affectés aux trois escadrons de chasse de Nancy. Le coût total du programme est évalué à 28.353 millions de francs (CF 01/99), dont 1.812 millions de francs pour le développement, 417 millions de francs pour lintégration du missile Apache et 26.124 millions de francs pour la production, soit un coût unitaire de 304 millions de francs. La somme des crédits déjà consommés sélève à 22.650 millions de francs. 2. La rénovation des Mirage 2000 DA (Mirage 2000-5 France) Le programme de rénovation des Mirage 2000 DA est plus complexe. En 1998, la composante air-air des avions de combat de larmée de lAir comportait des avions dotés dun système darmes moderne (Mirage 2000 RDI), mais également des appareils (Mirage 2000 RDM) dont les capacités étaient insuffisantes face à une menace en constante amélioration qualitative. En conséquence, il a été nécessaire daméliorer le système darme des Mirage 2000 RDM, qui sont les plus anciens des Mirage 2000 de défense aérienne. Cette amélioration consiste en un système darmes entièrement nouveau, y compris les équipements associés et la cabine de pilotage, sans modifier la cellule et les équipements avion. Le choix sest porté sur le système darmes 2000-5, qui correspond au besoin et dont le développement était en cours pour lexportation, comprenant le radar RDY multicible, une cabine entièrement reconfigurée, et capable de tirer le missile air-air MICA multicible. La modernisation sera effectuée en transformant en Mirage 2000-5 les 37 premiers Mirage 2000 RDI commandés, les Mirage 2000 RDM étant transformés en Mirage 2000 RDI en remplacement des précédents. Cette solution a lavantage de donner les meilleures capacités (notamment lemport interne du système de leurrage Spirale) et un potentiel de vieillissement suffisant pour la flotte de Mirage 2000-5, laquelle est appelée à rester en service le plus longtemps. La notification du contrat relatif à la transformation de série des 37 avions date de novembre 1993, la livraison du premier avion de série de décembre 1997, la constitution du premier escadron à 15 avions est prévue pour fin 1999 et la livraison du 37ème avion en février 2000. Le coût total du programme est estimé à 4.821millions de francs (CF 01/98) dont 738 millions de francs pour le développement et 4.083 millions de francs pour la production, soit un coût unitaire de 110 millions de francs. Les crédits déjà consommés sélèvent à 3.941 millions de francs. 3. Le programme Rafale La grande force de lavion Rafale est sa polyvalence puisquil sera capable dassurer les missions suivantes : · dissuasion nucléaire ; · pénétration et attaque au sol par tous les temps ; · défense et supériorité aérienne ; · intervention à long rayon daction avec ravitaillement en vol ; · reconnaissance tactique et stratégique. Son système darmes lui permettra notamment : · de mener des attaques tout temps sur des objectifs au sol ou en mer, avec tir à distance de sécurité de missiles classiques ou nucléaires ou tir darmements classiques de précision. Il pourra être engagé en haute ou moyenne altitude, ainsi quen très basse altitude en suivi de terrain automatique, contre des objectifs planifiés ou dopportunité ; · dassurer, lors de ces missions, un niveau de survie élevé dans un environnement dense en menaces de toutes natures. Dans ce but, il combinera un niveau réduit de signatures et une manuvrabilité élevée, et mettra en uvre un système de contre-mesures internes, adapté à la menace ; · dengager un combat à grande distance contre plusieurs avions hostiles grâce à des capteurs adaptés (radar multicibles à balayage électronique, capteur optronique frontal) et à des missiles de type « tire et oublie » avec autodirecteur électromagnétique ou infrarouge. De la même cellule de base sont dérivées trois versions : · un avion monoplace pour laéronautique navale ; · un avion biplace pour larmée de lAir ; · un avion monoplace pour larmée de lAir. Le système darmes du Rafale repose particulièrement sur le radar RBE2 et sur le système de contre-mesures SPECTRA, capteurs présentant des caractéristiques très novatrices intégrées pour la première fois dans un avion de combat. Le bénéfice opérationnel obtenu est une maîtrise de leffet des armes en environnement hostile très supérieure aux système darmes de génération précédente. Le radar RBE2 est un radar multimodes, doté dune antenne à balayage électronique dans les deux plans, qui lui permet dengager très rapidement plusieurs cibles aériennes simultanément. Il est également capable dacquisition et de poursuite dobjectifs au sol et en mer, de cartographie et de suivi de terrain autonome dans les deux plans. Son antenne de type Radant lui confère une grande agilité, dimportantes capacités de superposition de modes et une grande robustesse face aux contre-mesures. Le système dautoprotection et de contre-mesures SPECTRA est capable de détecter des menaces dans un spectre très large, électromagnétique, infrarouge et laser, et de mettre en uvre des brouillages électro-magénétiques et des leurres adaptés. Ce système permet de localiser avec précision et de traiter plusieurs menaces simultanément. Le système darmes comprend également un capteur optronique frontal travaillant dans les bandes infrarouge, visible et laser. Il sagit dun capteur passif dont le fonctionnement est assimilable à celui dun radar, en matière de navigation et de mise en uvre des armements. Le haut niveau dintégration du système et un interface homme-système également très novateur, procurent à léquipage du Rafale un instrument de prise en compte de lenvironnement de combat complet et synthétique. La maîtrise de situation qui en découle concourt directement à une meilleure efficacité sur lobjectif et à une vulnérabilité moindre. La totalité des fonctions opérationnelles du système darmes est en permanence disponible sur les trois versions. Cest cette caractéristique, alliée au niveau dintégration élevée du système, qui confère au Rafale une réelle capacité de polyvalence opérationnelle. Ce programme de grande envergure a subi les effets des réductions budgétaires comme le montre le rappel ci-après des différents reports de calendrier. · 1992 : allongement dun an du programme de développement et décalage correspondant de la mise en série, en raison du retard pris par le développement du système de navigation et dattaque ; · 1993 (octobre) : décalage de six mois de la constitution des premières unités de la Marine et de larmée de lAir, pour des raisons budgétaires ; · 1994 (avril) : le projet de loi de programmation militaire 1995-2000 prévoit un glissement dun an de la mise en place du premier escadron de larmée de lAir, en mi-2002 ; · 1995 : les mesures de régulation budgétaire entraînent un arrêt de lindustrialisation de la cellule équipée et de la production des avions de série de novembre 1995 à mai 1997 ; · 1995 (septembre) : le budget de la défense pour 1996 prévoit un étalement dun an, avec pour conséquence le décalage dun an du premier escadron opérationnel de larmée de lAir, à la mi-2003. La mise en service de la première flotille de 12 avions pour la Marine est reportée en mi-1999 ; · 1996 (mai) : le projet de loi de programmation 1997-2002 prévoit un glissement de deux ans et demi sur la mise en place du premier escadron opérationnel de larmée de lAir, en fin 2005 ; le nombre dappareils pour la Marine est réduit de 86 à 60 ; la mise en service dune première demi-flotille (6 avions) pour la Marine est prévue à mi-2001, une seconde demi-flotille en mi-2002 ; · 1998 (avril) : la revue des programmes conclut au recul de dix mois de la livraison des premiers avions destinés à larmée de lAir, ce qui entraîne une diminution du nombre davions livrés à fin 2005 (23 au lieu de 25) date de la constitution du premier escadron opérationnel. Même mesure pour la Marine dont la flotille opérationnelle est maintenue pour 2002, mais avec 10 appareils au lieu de 12. Le nombre dappareils prévus est maintenu à 294 dont 234 Rafale Air (139 biplaces et 95 monoplaces) et 60 Rafale Marine, selon léchéancier suivant :
A ce jour, 41 Rafale ont été commandés par lÉtat français dont 28 le 9 juin 1999 selon une procédure de commande globale qui doit être suivie en 2001 dune deuxième tranche de 20 avions supplémentaires. Le coût global du programme est estimé à 202,7 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1999. Le coût budgétaire pour lÉtat français est estimé à 189,5 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1999, compte tenu du financement escompté de lordre de 25 % du développement par les industriels, soit 13 milliards de francs. La décomposition de ce coût est retracée par le tableau ci-après :
Le coût unitaire des avions prêts au vol a évolué comme suit :
Les crédits consommés sélèvent à 24,8 milliards de francs pour le développement et à 11,3 milliards de francs pour la production. D. LAVION DE TRANSPORT EUROPÉEN Le besoin opérationnel daéromobilité des armées se décline pour le transport aérien militaire en besoin de projection stratégique inter-théâtres, et en capacité de manuvre tactique intra-théâtre. Le premier volet du besoin nécessite de déployer suffisamment vite et loin de la métropole des moyens, pour stopper la dynamique initiale dun adversaire potentiel, puis dentretenir le flux de ravitaillement des forces projetées. Seuls des avions cargos possédant de bonnes capacités demport et un rayon daction suffisant sont capables de remplir ces missions logistiques. La manuvre tactique intra-théâtre quant à elle, ayant pour objet lengagement au contact direct des troupes adverses par aéroportage ou aérolargage, suppose lemploi dappareils dotés de capacités spécifiques : parachutage¸ poser dassaut, vol autonome et discret en très basse altitude aptitude à pratiquer des terrains sommairement aménagés ou à survivre en zone de menace. Larmée de lAir a exprimé, dès 1984, le besoin dun avion de transport moderne qui conservera les bonnes capacités tactiques du Transall. En outre, ses capacités logistiques devront permettre de répondre à un besoin nouveau : la projection de matériels lourds et volumineux que la flotte actuelle est incapable demporter. Aujourdhui, larmée de lAir accomplit les missions inter-théâtre à laide de deux A 310 et de deux DC8 et intra-théâtre au moyen de 67 C 160 Transall dont 47 sont entrés en service entre 1967 et 1973 et 20 en 1981 et de 14 C 130 Hercules entrés en service en 1987/1988, mais cest à partir de 2004 que la décroissance du parc davion de transport C 160 sera la plus sensible. La multiplication des opérations extérieures a incontestablement eu un impact sur le vieillissement de la flotte car la création dun pont aérien sur des distances importantes entraîne une utilisation des appareils à des masses élevées ce qui a des répercussions sur la cellule de lavion (voilure, train datterrissage). Lutilisation intensive du Transall sur des théâtres dopérations aux conditions climatiques extrêmes a pu aussi accélérer lusure de la cellule (impacts, corrosion) et des moteurs. Par ailleurs, un gain de productivité opérationnelle par rapport à la flotte existante est nécessaire dans les domaines suivants : · dimensions de la soute ; · charge utile/rayon daction ; · vitesse de croisière ; · autonomie de chargement/déchargement ; · survivabilité ; · maintenabilité ; · capacité de ravitaillement en vol ; · évolution en ambiance de guerre électronique et de menace infrarouge et/ou électromagnétique. Ce besoin convergeant avec celui dautres pays européens, un projet commun davion de transport futur (ATF) a ainsi été étudié conjointement par les experts de huit nations : lAllemagne, la Belgique, lEspagne, la France, lItalie, le Portugal, le Royaume-Uni et la Turquie. Le projet ATF ou FLA (Future Large Aircraft), sest concrétisé par un document commun, la fiche de caractéristiques provisoires approuvée par tous les partenaires du programme en avril 1996. Les besoins exprimés par les pays participants sont retracés par le tableau ci-après :
La phase de faisabilité sest achevée en mai 1995 et avec elle lexistence du consortium EUROFLAG qui réunissait Aérospatiale (France), DASA (Allemagne), British Aerospace (Royaume-Uni), Alenia (Italie), CASA (Espagne), Flabel (Belgique), OGMA (Portugal) et TAI (Turquie). Lorganisation industrielle retenue est fondée sur la création dune filiale dAirbus Industrie, Airbus military compagny, intervenue le 31 janvier 1999, permettant de générer des économies par lutilisation de structures et de centres de compétences existants. Afin de respecter les principes de lapproche commerciale du programme, le « Statement of principles » exclut la gestion de celui-ci par une agence. Il nest donc pas envisagé de prendre en compte le programme FLA, rebaptisé A 400M, dans le cadre quadripartite de lOCCAR. La France sétant déclarée favorable en février 1996 à un achat sur étagère, plus conforme aux procédures civiles de type Airbus, une approche à phase unique, de développement-production, a été proposée par lindustrie. Il na donc pas été prévu de financement consacré au développement du FLA dans la loi de programmation 1997-2002. Cela nécessite, pour lindustrie, le recours à un financement de type bancaire quil conviendra de rembourser au moment de lacquisition des aéronefs. Pour sengager dans cette voie, lindustrie aura certainement besoin dun engagement ferme de lÉtat afin de disposer de garanties suffisantes. Pour étudier plus précisément les possibilités de financement et la capacité de lÉtat français à formaliser un engagement compatible avec les ressources prévues dans la programmation militaire, le Premier ministre dalors, M. Juppé, a confié une mission à M. Lelong, Président de chambre à la Cour des comptes. Le rapport concluait, entre autres, que le devis pour lacquisition de 50 appareils serait de lordre de 30 milliards de francs dans lhypothèse du préfinancement de la totalité du développement par des organisations extérieures à la défense, et que le FLA constituait la meilleure réponse en coût-efficacité au nouveau besoin prioritaire de projection de forces dans un contexte national et européen. Il proposait également de participer au financement des travaux préliminaires pour montrer lintérêt que la France portait à ces études. Cette dernière proposition sest concrétisée par le financement public de 50 % de la part dAérospatiale, soit à ce jour 60 millions de francs. La revue de programmes, achevée en mars 1998, a confirmé la stratégie retenue lors de lélaboration de la loi de programmation militaire et notamment le financement du développement par lindustrie. Parallèlement, à la demande du Royaume-Uni, une mise en concurrence avec dautres produits a été organisée et un appel doffres a été lancé en juillet 1998 avec remise des offres le 31 janvier 1999. Une première hypothèse est lachat dappareils américains. Les aéronefs disponibles sur étagère sont le C 130J de Lockheed et le C 17 de Boeing-Mc Donnell Douglas. Cependant, le premier, bien que possédant dassez bonnes capacités, ne permettra pas lemport des matériels français futurs (VBCI, Tigre, NH 90), et le second a des capacités tactiques très inférieures à celles de lA 400M. En effet sa motorisation réduit son aptitude à utiliser des terrains courts non préparés, car le turboréacteur est plus sensible à linjection de corps étrangers (pierres...) et moins performant quun moteur à hélices en terme de longueur de décollage et datterrissage. De plus, cette flotte mixte (48 C130 J et 5 C17) napporterait aucune capacité complémentaire de ravitaillement en vol des avions de combat. Enfin, le coût prohibitif de lachat et de la maintenance des C 17 rend cette solution financièrement risquée. Une deuxième hypothèse est le fruit dune coopération entre la Russie et lUkraine, lAntonov 70 (AN70). Ce programme a déjà subi un retard de plus de deux années dû à laccident du premier prototype. Un certain nombre de divergences a été identifié entre les spécifications requises et celles de lAN 70, dont certaines sont inacceptables. Des solutions techniques de modifications permettraient de les résoudre, mais les coûts et délais ne peuvent être évalués. Les discussions avec Antonov se poursuivent sous la direction de lAllemagne avec la contribution dautres nations dont le niveau de participation reste très limité. Une autre évolution, reposant sur lIlyuchine 76, remotorisé par SNECMA, a été envisagée. Lanalyse de deux opérations majeures de projection menées par larmée française en 1999 permet déclairer la problématique de manière concrète. Au début de la crise du Kosovo, lopération qui consistait à mettre en place la force dextraction des observateurs de lOSCE a nécessité le déploiement de matériels (hélicoptères et shelters) dont les dimensions et les masses dépassaient les capacités des avions tactiques (C 130 et C 160) actuellement en service dans larmée française. La soute de lAntonov 124 étant la seule à offrir cette possibilité, une société de droit britannique, mais opérant des avions propriétés de la Russie et de lUkraine, pilotés par des Russes et des Ukrainiens, a été sollicitée. Si un déploiement des forces terrestres avait été décidé, il nest pas évident que la Russie aurait accepté de « prêter » ses gros porteurs. Cet exemple montre les limites du système actuel. Quant aux moyens américains (C 5A, C 141, C 17), ils auraient été totalement dédiés aux forces terrestres américaines. Dans le cadre de lappel doffres ATF, le choix du C 130J impliquerait des moyens lourds complémentaires, de type C 17. Lors de lopération précédemment décrite, les Américains nont pas osé prendre le risque de poser un appareil dun coût de 200 millions de dollars à proximité des forces serbes. Il est probable que la réaction des Européens serait de même nature. Lintérêt de disposer dun appareil de type A 400M consiste à saffranchir dun gros porteur complémentaire et des contraintes politiques éventuelles mises à son utilisation par les pays propriétaires. Ceci permettrait aussi déviter les ruptures de charges, puisque lon pourrait travailler avec un seul type davion à partir de terrains sommairement aménagés et à proximité immédiate de nos forces terrestres. Une étude comparative conduite par le commandement des forces aériennes de projection a démontré que lA 400M aurait pu, avec 6 avions, assurer lopération de mise en place des observateurs en trois jours, alors que la flotte réellement utilisée (C 130, C 160, AN 124) a nécessité cinq jours avec 11 avions. Quant à lopération Santal, de participation de la France à la force mutinationale déployée au Timor oriental, on peut estimer que lA 400M aurait mis deux fois moins de temps (2,5 jours) avec deux fois moins davions (5 au lieu de 10) pour rejoindre Darwin et assurer la même mission que les 5 Transall (5 jours) et les 4 Hercule (4 jours) effectivement utilisés. Il serait par ailleurs souhaitable que les Européens disposent en commun de 5 à 10 gros porteurs stratégiques qui se révèlent nécessaires en cas de crise majeure ou daction humanitaire massive, en plus de la flotte dATF prévue. Cette solution aurait lavantage dêtre un compromis entre les positions françaises et allemandes. Quoiquil en soit, la France doit se décider début 2000, et notifier le contrat de développement ou de production vers la mi 2000. Le financement à mettre en place serait alors de lordre de 35 milliards de francs dautorisations de programme selon une procédure financière ad hoc. Il va de soi que la solution finalement choisie aura une portée politique et symbolique qui dépassera les enjeux opérationnels et industriels qui sont pourtant considérables. LEurope de la défense ne peut saffirmer que par ce type de programmes structurants qui conditionnent la capacité des Européens à agir militairement de concert. IV. LA MARINE La Marine est en train de rallier, avec un peu davance sur le calendrier initial, le format de la flotte fixé à lhorizon 2015. Comme le montre le tableau ci-après, le total des bâtiments de combat et de soutien était de 93 unités au 1er janvier 1999 alors que la prévision est de 90 unités au 1er janvier 2000 et 86 au 1er janvier 2001.
En application des décisions prises en 1996, trois avisos et une frégate ont été désarmés par anticipation en 1999. Trois autres avisos et une frégate feront encore lobjet dun retrait anticipé du service actif en 2000. La date de retrait initiale était 2003 pour deux dentre eux et 2001 pour le troisième. Tous les sous-marins à propulsion classique auront été retirés du service actif en 2000. Le sous-marin « LaPraya » sera toutefois conservé comme bâtiment dessais et dexpérimentation. Lévolution des crédits consacrés aux principaux programmes est retracée par le tableau ci-après.
A. LE GROUPE AÉRONAVAL 1. Le porte-avions Charles de Gaulle Le porte-avions à propulsion nucléaire (PAN) Charles de Gaulle a fait lobjet dune décision de lancement de construction en 1986 et sa mise sur cale date de 1989 pour une admission au service actif programmé pour 1996. Compte tenu des retards successifs imputables à des difficultés techniques ou à des problèmes budgétaires, le PAN ne prendra la relève du Foch quà lété 2000. Le PAN peut atteindre la vitesse maximale continue de 27 nuds et doit mettre en uvre 35 à 40 avions de la classe 15/20/25 tonnes. Pendant lannée 1999, le PAN a accompli ses huit premières sorties à la mer dont la dernière du 14 septembre au 1er octobre. En 62 jours de mer, il a parcouru plus de 18.000 milles nautiques (33.000 km). Les performances en matière de propulsion ont pu être vérifiées puisque le bâtiment a atteint 28 nuds. 50 % des essais du système de combat ont été réalisés. Sa forte intégration accroît de façon très importante son efficacité. En particulier, les premiers essais réalisés en coopération avec lavion de guet Hawkeye montrent une capacité de détection et de traitement des informations considérablement accrue par rapport à celle du Foch. Les essais aviation ont débuté de façon satisfaisante avec le Rafale, le Super Étendard et le Hawkeye (115 appontages et catapultages réalisés). Une période de remise à niveau après essais est planifiée doctobre 1999 à mi-mars 2000. Cette opération, qui est effectuée sur tous les bâtiments neufs importants, est destinée principalement à effectuer les modifications décidées à la suite des enseignements tirés des essais. A ce jour, la liste définitive des travaux retenus nest pas arrêtée mais, dores et déjà, on peut dire quils concerneront la reprise des défaillances constatées, le renforcement des écrans de protection radiologique permettant le respect des futures normes de radioprotection et lamélioration de la fiabilité de lusine électrique. Outre les mises au point habituelles sur ce type de bâtiment, les principales difficultés rencontrées ont concerné les moteurs électriques des électro-pompes dalimentation, ce qui a conduit à interrompre la première sortie à la mer, et des vibrations observées sur lappareil à gouverner. Sagissant de léchauffement anormal des roulements des moteurs électriques des pompes, la solution technique provisoire mise en uvre dès la seconde sortie à la mer (modification des roulements) a fait lobjet dessais dendurance. A lissue de la sixième sortie, on peut considérer quelle donne satisfaction. La modification définitive respectant toutes les spécifications de linstallation (notamment la résistance au choc militaire) est en cours dessais dendurance sur banc. Un des moteurs modifié de façon définitive a été monté à bord pour être testé in situ, les cinq autres moteurs seront modifiés et montés pendant la période de remise à niveau après essais. Le coût de cette modification est de 2,5 millions de francs. Lapparition de vibrations au niveau de lappareil à gouverner est intervenue lors de la troisième sortie. Ces vibrations apparaissent uniquement lors des variations rapides de cap et des augmentations dallure brutales. Les essais concernant ce phénomène se poursuivent actuellement à bord et au bassin des carènes. Pour les sorties ultérieures, des consignes dexploitation concernant la conduite de lappareil propulsif et de lappareil à gouverner ont permis de prévenir lapparition des vibrations et de poursuivre les essais à la mer sans limitations excessives du domaine demploi du bâtiment. Une modification est actuellement à létude et en cours de chiffrage. Enfin, lallongement de 4 m environ de la piste oblique qui en mesure 195, est envisagé, afin de garantir la totale souplesse de manuvre des avions de guet aérien Hawkeye, y compris dans des conditions extrêmes dappontage (conditions météorologiques sévères de nuit et avarie mineure des presses de frein du porte-avions). Le coût de cet ajustement, sans être anodin, ne présente pas le caractère gravissime dénoncé dans certaines présentations faites à lopinion publique. A lissue de cette remise à niveau, une deuxième période dessais dune durée de trois mois permettra dachever les essais aviation et les essais du système de combat. La clôture darmement est prévue mi-juin 2000. Compte tenu de la modernité et la complexité du bâtiment, il est juste de saluer la performance technique globale de sa réalisation. La calendrier ultérieur du bâtiment, et en particulier la durée de la traversée de longue durée, seront optimisés de façon à garantir la disponibilité dun porte-avions, le Charles de Gaulle prenant normalement la relève du Foch à lété 2000, après la montée en puissance de ses capacités opérationnelles et celles de son groupe aérien. La défense aérienne du PAN repose sur un système complexe et sur lensemble du groupe aéronaval qui doit assurer une défense en profondeur par couches successives adaptées à la menace. Léquipement de combat du porte-avions compte de nombreux systèmes qui sont regroupés en trois ensembles : · le système dinformation et de commandement comporte les aides au commandement et à lemploi des moyens. Il a la capacité de fusionner les données de renseignement dorigine extérieure, qui proviennent des centres de commandement à terre ou de la Direction du renseignement militaire (en particulier les informations dorigine spatiale), avec celles qui résultent des missions de reconnaissance du groupe aérien embarqué ; · le système de direction de combat sappuie sur le système dexploitation navale des informations tactiques (SENIT 8) dont les capacités de traitement permettent lacquisition et le suivi automatique de deux mille piste, lévaluation de la menace selon des critère programmables, la gestion des liaisons de données tactiques (liaisons 11 et 16), la mise en uvre coordonnée des senseurs radar, des moyens de guerre électronique et des armes ; · le système de communication gère lensemble des transmissions extérieures, en particulier les liaisons par satellite, ainsi que les réseaux de distribution interne de linformation. Ce système intégré est le plus complexe jamais réalisé. On estime quil représente 35 % du coût total du PAN qui sélève, en francs courants de 1999, à 19,7 milliards de francs dont 6 milliards de francs de développement et dindustrialisation. Le reste des dépenses se répartit sur la propulsion (30 % du total dont les 2/3 pour les chaufferies nucléaires) et sur la plate-forme habitable (35 % y compris la production et la distribution de lénergie). La coque proprement dite ne représente que 10 % des dépenses. 18 milliards de francs dengagements et 17,8 milliards de francs de paiements ont déjà été voté sur ce programme. Le système de défense propre du porte-avions repose sur des armes issues du programme « Famille sol-air futur » (FSAF).Il doit contrer la menace aérienne représentée par des missiles y compris antinavires. Il sagit dun système darmes courte portée qui comprend une conduite de tir (radars multifonctions à balayage électronique), un système de lancement vertical et des missiles Aster 15. Le lancement du développement de ce programme date davril 1990 et le lancement de la production doctobre 1997. Le PAN sera le premier bâtiment équipé de ce système qui sera opérationnel à la fin de 2000. Il est envisagé den équiper aussi les huit frégates de nouvelle génération à partir de 2009. Le coût pour la Marine de ce programme mené en coopération avec lItalie et qui bénéficiera aussi à larmée de Terre et à larmée de lAir dans une version de défense de zone, est de 2,8 milliards de francs pour le développement et autant pour la production. 2. Les avions de guet aérien Hawkeye Lavion de guet aérien Hawkeye est la clé de voûte du dispositif de défense aérienne du groupe aéronaval. Son rayon de détection daéronefs et de navires est de plus de 200 nautiques. Après avoir écarté loption dachat de quatre Hawkeye doccasion à Israël pour des raisons de durée de vie des appareils, la France a décidé, le 25 novembre 1994, de se joindre à une commande de la Marine américaine auprès de Northrop Grumman au titre de la procédure Foreign Military Sales (FMS). Les deux premiers avions ont été commandés en avril 1995. Une lettre dintention a été signée, le 13 novembre 1998, par la France afin de procéder à lachat dun troisième avion, toujours selon la procédure FMS. Le contrat relatif à la commande ferme devrait être signé en janvier 2001 pour une livraison à la fin de 2003. Initialement fixée à quatre appareils, la cible a été réduite à trois, ce qui permet dassurer la permanence en vol et lefficacité de la protection. A la date du lancement du programme (25 novembre 1994), le coût total était estimé à 7.357 millions de francs (CF janvier 1999) pour quatre avions, soit 1.840 millions de francs par avion. Actuellement, le coût total est estimé à 6.101 millions de francs (CF janvier 1999) pour trois avions, soit 2.034 millions de francs par avion. On rappellera que le coût unitaire dacquisition dun Awacs-3 F, dont larmée de lAir détient quatre exemplaires, est de lordre de 1,7 milliard de francs. Ce coût comprend les rechanges, les moyens denvironnement tactique, un simulateur de mission, un simulateur de pilotage, la formation du personnel volant et technique et les travaux et études dadaptation au porte-avions. Plus de la moitié des crédits (3,4 milliards de francs) ont été consommés. Les deux premiers avions ont été livrés respectivement en avril et juin 1998. Ils ont été utilisés aux Etats-Unis pour la formation des équipages jusquen octobre 1998. Leur transfert vers la base de Lann Bihoué sest effectué respectivement en décembre 1998 et avril 1999. Les essais de lavion sur le porte-avions Charles-de-Gaulle et les essais dévaluation opérationnelle du système ont commencé à lété 1999 et se poursuivront en 2000. Le simulateur tactique sera totalement opérationnel en novembre 1999, après une correction du logiciel destinée à assurer le passage de lan 2000. La formation a concerné 95 personnels de la Marine pour une durée de trois mois à un an. Lexécution de cette commande appelle deux séries de remarques. Tout dabord, le choix de la procédure FMS démontre, une fois encore, ses limites. Sil permet à la France de bénéficier de certaines des conditions accordées à la Marine américaine et des réductions de prix liées à la commande globale, il lui interdit de peser directement sur la négociation et même den connaître tous les tenants et aboutissants. Comme lécrit le Comité des prix de revient des fabrications darmement dans son rapport densemble rendu public en août 1999 : « Lexamen des circonstances de la commande française souligne la position de relative faiblesse dans laquelle se trouvaient les négociateurs français dans le cadre de la procédure FMS où seul le gouvernement américain était en position de négocier avec lindustriel Grumman. La comparaison avec lacquisition de lAwacs, en association avec les Britanniques, directement auprès de Boeing, éclaire la singularité de cette procédure dont lunique avantage consiste à bénéficier des conditions faites aux armées américaines. » Cest ainsi, par exemple, que les responsables français nont pu sopposer à laugmentation du prix constatée entre la décision de novembre 1994 et la commande ferme davril 1995. La procédure FMS, de nouveau utilisée par la Marine française pour lachat de corps de bombes MK 82, sétait soldée par des déconvenues plus lourdes de conséquences (voir le rapport dinformation en date du 1er juillet 1999 « Kosovo : le prix de la paix ». Par ailleurs, les clauses du contrat relatives à la gestion des compensations ne sont que moyennement satisfaisantes. Dans son rapport public déjà cité, le comité des prix de revient de fabrication darmement remarque ainsi que : « La conduite du programme fait ressortir un coût excessif de la gestion par Grumman des compensations industrielles obtenues au profit des entreprises françaises, des PME et PMI pour une bonne part dentre elles. La prise en charge par la France de 20 millions de dollars pour lentretien de léquipe spécialisée du constructeur met en relief la position de faiblesse évoquée plus haut et souligne lintérêt de développer au sein de la DGA un pôle de compétence en matière dachats qui inclue le domaine des compensations industrielles ». 3. Laviation embarquée Outre les Hawkeye, laviation embarquée du porte-avions se compose des huit avions dintervention Crusader qui seront retirés du service au 31 décembre 1999 (35 ans de moyenne dâge), des quatre avions de reconnaissance Étendard IV P qui seront retirés du service le 1er août 2000 (35 ans de moyenne dâge), des huit Alize et des avions dassaut Super-Étendard dont la modernisation se poursuit, dans lattente du Rafale. Le programme de modernisation de Super-Étendard se termine puisque cinquante-et-un Super-Étendard modernisés (SEM) sont déjà livrés. La modernisation avait pour but essentiel daméliorer la fonction détection (radar Anémone), les capacités dattaque et demport de charges et de conduite de la mission (calculateur). Le développement a été lancé le 30 juin 1986 et la production le 17 avril 1989. La livraison du premier SEM a eu lieu en 1992 et le 51ème a été livré en 1999. Deux ultimes appareils seront livrés en 2001. Le coût du programme est de 2.285 millions de francs (54,4 millions de francs par avion) dont 985 millions de francs de développement. A ce programme, sest ajouté un programme dacquisition de capacités complémentaires du SEM qui visait à améliorer les possibilités dattaque dobjectifs terrestres (missiles AS 30 laser et bombes guidées laser), à assurer une capacité autonome de recueil du renseignement tactique (capteur optique de camera panoramique) et à améliorer le système dautoprotection. Le développement du programme date de 1992. Le premier SEM équipé darmement guidé laser a été livré en avril 1997, le 52e le sera en 2002. Les opérations aériennes de la crise du Kosovo ont démontré la nécessité de ce programme même si tous les problèmes ne sont pas réglés (appontage avec missile AS 30 laser, tir de nuit). Quant aux capacités dautoprotection et de reconnaissance, elles seront acquises entre 2000 et 2005. Le coût total de ce programme est de 1,5 milliard de francs (29 millions de francs par SEM). Ces programmes démontrent la difficulté de maintenir, par ajustements successifs, la modernité dune flotte daéronefs qui vieillissent (presque 20 ans de moyenne dâge) et qui ne seront retirés du service quaprès larrivée progressive du Rafale (2007/2010). Le premier Rafale a été livré à la Marine en 1999, trois autres le seront en 2000. La première flotille dinterception équipée de Rafale sera au complet en 2002 avec dix avions. La cible est fixée à 60 avions dont le dernier doit être livré en 2012. Lavion a participé à plusieurs sorties du porte-avions Charles de Gaulle en 1999 et sest très bien comporté. Les dépouillements des enregistrements dessais permettront de mesurer le niveau des chocs subis par lavion lors des opérations de catapultages à forte masse et grande vitesse. B. LES AUTRES PROGRAMMES NAVALS 1. La frégate Horizon La mission prioritaire de la frégate type horizon est dassurer lescorte antiaérienne dun groupe aéronaval constitué autour dun porte-avions type Charles de Gaulle ou lescorte dun groupe de bâtiments peu ou pas armés comme, par exemple, une force amphibie ou antimines. Les deux premiers exemplaires du programme actuel, dont la commande est prévue par la loi de programmation 1997-2002, sont destinés à remplacer les frégates Suffren et Duquesne, admises au service actif respectivement en 1967 et en 1970. Lobjectif est de disposer du premier de série lors de la sortie de la première période dentretien et de réparation du porte-avions Charles de Gaulle en 2005. Les deux derniers exemplaires de ce programme devraient remplacer les deux frégates type Cassard en 2010 et 2012. Les trois ministres de la Défense (France, Grande-Bretagne, Italie) ont officialisé léchec de la coopération trilatérale le 25 avril 1999, après trois ans de négociations. Cette décision est la conséquence des difficultés rencontrées par lIndustrial Joint Venture Company, maître duvre industriel, qui regroupait GEC-Marconi, DCN/International et Orizzonto dans la définition industrielle et opérationnelle de la frégate, conjuguées à la difficulté de définir des spécifications communes. La poursuite dune coopération avec lItalie a été décidée début septembre après accord sur la définition dune frégate antiaérienne commune à partir des résultats des études de définition du programme tripartite et de projet nationaux. Les modalités de cette coopération bilatérale sont actuellement en cours de définition entre les entités étatiques et industrielles. Compte tenu du calendrier prévu pour ladmission au service actif de la première frégate, il devient nécessaire de passer la commande du développement et de la fabrication en 2000, après deux reports successifs dune année. Lobjectif de coût pour la conception, le développement, la logistique initiale et la réalisation des deux bâtiments est de 8,8 milliards de francs (CF01/96). 2,8 milliards de francs dAP sont inscrits au budget 2000 à ce titre. Le système darmes de la frégate Horizon repose sur le PAAMS (principal anti-air military system). Le PAAMS est directement dérivé du projet de système dautodéfense et de défense de zone du programme FSAF dont il a pris la suite lorsquun besoin tripartite avec la Grande-Bretagne a été annoncé en liaison avec le programme des frégates Horizon. Ce système élargit les capacités du FSAF à la défense locale, notion qui englobe la protection des bâtiments navigant à proximité des porteurs de système PAAMS. Il est destiné à fournir aux frégates Horizon, un système capable de protéger une force maritime face à des missiles aérodynamiques supersoniques. Le système comprend une conduite de tir basée sur un radar multifonctions, des lanceurs verticaux et des missiles Aster 15 et 30 qui seront tirés à partir dun lanceur vertical. 60 missiles seront commandés en 2000 pour une cible totale de 80 Aster 15 et 160 Aster 30. Les livraisons se feront à partir de la mi-2005. Le coût prévisionnel du développement et de la fabrication de deux systèmes PAAMS, de deux radars longue portée et de 120 munitions Aster sétablit à 4,3 milliards de francs. 2. Le missile anti-navire futur Le missile anti-navire futur (ANF) est destiné à remplacer les missiles de la famille Exocet à partir de 2005. Il a pour vocation de fournir aux frégates de premier et second rang un système anti-navire capable de frapper des bâtiments à distance de sécurité et de surmonter les moyens de défense prévisibles à cette échéance (brouillage de missiles anti-missiles). Il équipera en premier lieu les frégates Horizon (version mer-mer), à partir de 2005, le Rafale et lAtlantique 2 (version air-mer) et à terme le sous-marin dattaque futur (version à changement de milieu) à partir de 2010, sous réserve de faisabilité. Le système comprend une installation de tir mise en uvre selon le concept « tire et oublie » qui permet le lancement dun ou plusieurs missiles supersoniques à vol terminal rasant, dune portée de 150 km. La capacité de pénétration du missile ANF reposera sur sa vitesse supersonique, sa manoeuvrabilité et sur un autodirecteur dérivé de la version la plus récente de lExocet. Larchitecture globale du système sera proche de celle de ce dernier. Sappuyant sur le savoir-faire industriel national, lANF utilisera lensemble des acquis de la filière statoréacteurs et bénéficiera de la synergie issue de lopération VESTA (Vecteur à STAtoréacteur), qui a pour objet de développper une propulsion et une aérodynamique communes à lANF au missile air-sol moyenne portée-amélioré. Dans le domaine des anti-navires, seule la Russie à ce jour, a produit des missiles utilisant la technologie statoréacteur. La France conduit seule ce programme depuis labandon par lAllemagne en mai 1997 pour des raisons budgétaires. Le coût actuel estimé de la version mer-mer est de 4.360 millions de francs dont 60 millions de francs au titre de la définition (achevée), 1.340 millions de francs pour le développement et lindustrialisation et 2.960 millions de francs pour la production et la mise en place des systèmes. Il est envisagé de passer une commande globale portant sur 200 missiles. 3. Le sous-marin dattaque futur Le programme Barracuda porte sur létude et la réalisation dune série de six sous-marins dattaque à propulsion nucléaire dont le premier doit être admis au service actif en 2010. Les missions que ces sous-marins devront assurer sont proches de celles qui sont assumées par les atuels sous-marins dattaque : · Participer au soutien de la force océanique stratégique ; · Participer au soutien dun groupe aéronaval ; · Mener des actions de contrôle ou dinterdiction de zone seul ou en coopération avec dautres unités aéronavales ; · Posséder une capacité de frappe contre la terre ; · Mener des opérations spéciales. Ils devront faire face à toutes les évolutions envisageables de la menace (sonars actifs à très basse fréquence, capteurs non acoustiques, performance des torpilles, sophistication des systèmes de mise à feu des mines). Le programme est entré en phase de faisabilité depuis le mois doctobre 1998. Le lancement de la phase de définition est prévu pour la fin de lannée 2000 et le début de réalisation de la première unité pour 2002. Un cadrage de coût de 25 milliards de francs (CF01/97) a été arrêté. Son accessibilité est actuellement évalué ce qui nest pas simple puisquil nexiste pas à ce jour de modèle crédible dévaluation de coût des avant-projets de sous-marins, autres que ceux fondés sur des estimations aléatoires de coût à la tonne. V. LARMÉE DE TERRE Lévolution des crédits affectés aux principaux programmes est récapitulée dans le tableau ci-après.
Dans le domaine des missiles, les principales commandes et livraisons de lannée 2000 portent sur les matériels suivants :
Lannée 2000 verra ainsi la signature de la commande globale de missiles AC3GMP bloquée en 1999 faute des crédits suffisants (2,5 milliards de francs). En matière dartillerie sol-sol et sol-air, les éléments principaux sont :
Les deux programmes les plus consommateurs de crédits en 2000 resteront le char Leclerc et lhélicoptère Tigre. A. LE CHAR LECLERC Le char Leclerc est un produit de la guerre froide comme le montre un rappel succinct des principales dates de sa genèse :
Le concept demploi du char a forcément subi les contrecoups de lévolution géostratégique intervenue à partir de 1989. Il a été conçu pour affronter et retarder le plus longtemps possible lavancée des forces du Pacte de Varsovie en Centre-Europe, ce qui explique les priorités accordées à la mobilité tactique et à la puissance de feu. Il est actuellement le pivot dun éventuel engagement terrestre de basse intensité, notamment dans lhypothèse dune opération de rétablissement de la paix. Sa capacité de projection devient un critère important de son efficacité. Lannée 1999 a été décisive dans la vie de ce programme car deux événements importants ont démontré son caractère opérationnel. Tout dabord, le char a subi avec succès une campagne dessais éprouvante en mai 1999 au Qatar, qui a démontré la qualité de sa puissance de feu et son aptitude au tir en roulant, dans des conditions extrêmes de température. Ensuite, pour la première fois, un escadron de 15 chars Leclerc a été projeté au printemps 1999 au Kosovo. Ces chars ont contribué à la réalisation des missions confiées à la brigade Leclerc dans la zone qui lui a été attribuée. Cette première a permis de valider les différents schémas de projection (rail, route, transport de chalands de débarquement). Si le Leclerc na pas été engagé dans un conflit classique, sa participation active aux opérations de maintien de la paix (patrouilles diurnes et nocturnes, appui aux interventions selon une démonstration progressive de la force, etc.) a confirmé sa fiabilité. Un déplacement sur zone du 6 au 9 septembre 1999, préalable à la rédaction du rapport spécial, a permis de recueillir des témoignages de la satisfaction de ses utilisateurs. Aucun problème opérationnel, de maintenance ou de soutien na été signalé. Il va de soi que le Leclerc na pas été déployé dans le seul but de participer au maintien de lordre public à Mitrovica, mais bien dans lhypothèse dune intervention rendue nécessaire par lhostilité déléments militaires ou paramilitaires serbes. Les autres partenaires de la coalition ont dailleurs déployé leurs chars les plus modernes (Challenger, Leopard II et Abrams) dans le même but. Ce satisfecit est donc sans réserve. Il est dautant plus important quil met un terme à une phase délicate de la vie du programme. Cest la première fois que lon peut faire ce constat positif après un parcours qui a connu des étapes très difficiles. Lescadron projeté appartient en effet au premier groupement de 40 chars (GE 40) reconnu opérationnel par larmée de Terre. Or, cette mise en service opérationnel na été prononcée quen décembre 1998, avec presque deux ans de retard par rapport aux prévisions. Ce retard résulte dune fiabilité jusqualors insuffisante des équipements livrés par le Giat à larmée française et de son incapacité à stabiliser la définition du char et à obtenir la qualification dun char de série, érigé en exemplaire de référence. Pour saisir lampleur de ces dysfonctionnements passés, il faut revenir sur lhistorique industriel de la série et sur son échéancier de commandes et de livraisons.
Les 45 chars opérationnels sont les chars de la tranche 5, cest-à-dire portant les numéros 90 à 134. Ils ont été commandés à partir de 1993 et livrés à partir de 1997. Les 17 premiers chars, dont le dernier a été livré en 1993, sont inaptes à une quelconque activité militaire. Les suivants, livrés à partir de 1994 et jusquen 1996, nécessitent des interventions industrielles complémentaires (retrofit). Pour la tranche 4 (38 chars), le coût du retrofit est estimé à 150 millions de francs. Pour la tranche 3 (34 chars), lopération sera plus difficile et plus coûteuse (250 millions de francs). Il est navrant de constater que larmée de Terre ait dû attendre 1996, soit 7 ans de production de chars, avant de disposer dun équipement immédiatement opérationnel, toutes les énergies étant concentrées sur les seules performances du produit exporté. Compte tenu de ces éléments, on peut se demander sil ne serait pas efficace de compenser la perte des 17 premiers chars par un allongement équivalent de la série, financé par une anticipation dune dizaine dannées du retrait du service dun nombre à déterminer de chars AMX 30 B2 dont le parc sélève à 660 exemplaires. Les raisons de cet échec tiennent à lorganisation du programme (absence de pré-série et volonté daccélérer lindustrialisation en vue de lexportation) mais aussi au manque de rigueur de la DGA dans son métier de maître douvrage jusquen 1997 (réforme Helmer), à la fois dans la négociation contractuelle et dans lacceptation des matériels déficients. Quant au Giat, il a délibérément choisi de privilégier le client émirati dans ses choix dorganisation industrielle (cadence de livraison) et dans la qualité de ses prestations (soutien constructeur notamment). Les chars de larmée de Terre ont donc subi les aléas du lancement de la production. Il faut que Giat accède rapidement aux demandes légitimes de retrofit de larmée de Terre dans des conditions favorables, maintenant que la qualité du char français a rejoint celle du char émirati, dont les composants sont à 50 % différents. Le coût total du programme est évalué à 35,246 milliards de francs (CF 01/99), dont 19 milliards de francs sont consommés à la fin 1999 (5 milliards de francs pour le développement et 14 milliards de francs pour lindustrialisation et la fabrication). B. LHELICOPTÈRE DE COMBAT TIGRE Le Tigre est un hélicoptère biplace qui a été conçu dès lorigine dans deux versions, la version appui-protection retenue par la France (HAP) et la version anti-char pour les armées de terre française et allemande. Cette deuxième version comporte une variante française (HAC) et une variante allemande (UHT) ayant des capacités dappui plus limitées. Un premier accord bilatéral concernant le Tigre a été signé avec les Allemands en 1984. Il a été amendé fin 1987, date à partir de laquelle les premiers travaux de développement ont pu démarrer. Le premier vol du premier prototype est intervenu en avril 1991. Le programme Tigre a été intégré dans lOCCAR en février 1998. Un accord bilatéral sur lindustrialisation, signé mi-1995, prévoyait le lancement de lindustrialisation fin 1995 sur une base paritaire. Le budget de 1996 et la programmation 1997-2002 ont conduit la France à prévoir le lancement de lindustrialisation en 1997. Un exercice de révision des spécifications et déconomie sur le programme Tigre a été entrepris. Il a conduit à ne pas retenir certains équipements souhaités par les utilisateurs. Il sagit dun détecteur dalerte et de veille pour la version appui-protection, dun détecteur dobstacles, dun FLIR (forward looking infrared system) de pilotage de nuit pour la version appui-protection, dune conduite de tir air-air de deuxième génération, dun système de surveillance des ensembles mécaniques et dun nouvel équipement de tête intégré. Par ailleurs, une communauté déquipement avec lhélicoptère NH 90 a été recherchée dans tous les cas où cela était envisageable. Les discussions avec les coopérants allemands ont permis darrêter les décisions suivantes : · financement dune seule chaîne dassemblage au titre de lindustrialisation au lieu de deux ; · diminution de 10 % du prix moyen de la part Eurocopter obtenue en contrepartie de quelques évolutions sur le programme et dans le cadre de commandes globales. Le contrat dindustrialisation a été signé le 20 juin 1997 et laccord bilatéral sur la production le 20 mai 1998. Les contrats de série ont été signés le 18 juin 1999 à loccasion du salon du Bourget. Ils portent sur 80 hélicoptères pour la France et 80 pour lAllemagne. La commande française est constituée de 70 appareils appui-protection (HAP) et de 10 appareils anti-char (HAC). Les deux versions diffèrent essentiellement de systèmes de combat. Le HAP est doté de 4 missiles air-air très courte portée Mistral et dun canon de 30 mm alors que la version HAC est dotée de 4 missiles Mistral et de 6 missiles antichar. Depuis le départ de la France du programme de missile antichar de 3è génération à longue portée (AC3GLP), il est question que ces missiles antichar soient ou bien des Hot ou bien un achat sur étagère. Dici 2002, la France aura fait son choix. Cette décision aura des conséquences sur la capacité dattraction de la version HAC à lexportation. Dans cette attente, lAllemagne continue seule à travailler au développement et à lindustrialisation de lAC3GLP. Les livraisons des 70 HAP séchelonneront de 2003 à 2011 et les HAC commenceront à être livrés à partir de 2011. À lhorizon 2015, la France devrait être équipée de 120 appareils dont 70 HAP et 50 HAC. Le nombre total dexemplaires prévus est de 215 appareils pour la France (115 HAP 100 HAC) et de 212 pour lAllemagne.
La commande passée en 1999 est une commande globale dun montant de 12,7 milliards de francs. Léconomie attendue de ce type de procédure est de lordre de 10 %. Le coût total du programme est estimé à 46 milliards de francs (CF01/99) dont 9,5 milliards de francs pour le développement et 36,5 milliards de francs pour la production. À ce jour, 8 milliards de francs dAP ont été mobilisés sur ce programme et 7,2 milliards de francs de CP consommés. Ce programme est en compétition sur plusieurs marchés à lexportation. En Espagne, la décision a été repoussée à 2001. Une solution possible serait dintégrer lindustrie espagnole au programme et délargir ainsi la coopération européenne. En Turquie, après bien des hésitations, les partenaires allemands ont autorisé lutilisation des prototypes pour des démonstrations. Le Tigre a pu ainsi convaincre de ses qualités. En Australie, laccident du prototye n°4, survenu en février 1998 à la suite de manuvres très périlleuses (simulation de tir de nuit) na aucunement remis en question la capacité du Tigre mais plutôt les conditions de sécurité de ce type de démonstration. Ainsi, le Tigre a-t-il été retenu sur la liste restreinte des trois appareils sélectionnés pour la suite de la compétition. La difficulté dans lavenir sera de faire évoluer le Tigre vers des fonctions davantage multi-rôles, sans pour autant trop lalourdir en additionnant des systèmes darmes différents, à moins de consentir dimportants investissements pour renforcer la motorisation. C. LHÉLICOPTÈRE DE TRANSPORT NH90 Lhélicoptère de transport NH90 doit répondre à deux besoins. Pour larmée de Terre, il sagit de transport tactique, 14 à 20 commandos ou deux tonnes de charge utile ou un véhicule de combat léger (versionTTH). Pour la Marine, il sagit de transport tactique mais aussi de lutte anti-sous-marine et anti-navires à partir de frégates (version NFH). La cible a été fixée à 160 appareils dont 27 pour la Marine. Le développement de ce programme a été mené en coopération avec lItalie (28 %), lAllemagne (24 %) et les Pays-Bas (6,5 %), la France assumant 41 ,5 % des dépenses, soit de lordre de 5,2 milliards de francs. Larmée de Terre en finance 60 % et la Marine 40 %. 4,7 milliards de francs dAP ont déjà été engagées et 4 milliards de francs de CP consommés. Le développement atteint aujourdhui son terme puisque le cinquième prototype sapprête à voler. Le premier avait volé en décembre 1995. Il conviendrait désormais de signer le contrat dindustrialisation et de fabrication dun premier lot de lordre de 150 appareils sur les 640 envisagés par lensemble des quatre pays. Cette décision achoppe encore en raison de la difficile conciliation des objectifs des différents partenaires. Les Français et les Néerlandais accordent la priorité à la version navale, alors que les Allemands privilégient le transport tactique. Le décalage de la version navale serait préjudiciable à la France dont le vieillissement de la flotte de super Frelon et de Lynx appelle un remplacement à partir de 2004/2005. Par ailleurs, pour lexportation, les pays scandinaves et notamment les Finlandais expriment un besoin important de remplacement avant 2003. Les Néerlandais ont exprimé leurs craintes en ouvrant leur appel doffres à dautres appareils que le NH90. On ne peut pas exclure non plus des problèmes budgétaires. Du côté allemand, les réductions de crédits annoncées par le ministre des Finances cet été laissent mal augurer de lavenir du budget dacquisition. Côté français, aucune dotation nest inscrite dans le projet de budget pour le financement de la production du NH90. Dans lhypothèse dun accord, le financement se ferait par redéploiement dAP non affectées ou non engagées. Lestimation du coût de la part française de lindustrialisation est de lordre de 1,5 milliard de francs (CF01/99), le prix unitaire de la version transport tactique de lordre de 130 millions de francs et celui de la version marine de lordre de 195 millions de francs. D. LE VÉHICULE BLINDÉ DE COMBAT DINFANTERIE Le véhicule blindé de combat dinfanterie (VBCI) est une autre illustration de la difficulté à mener un programme en coopération lorsque les besoins des uns et des autres sont différents dès le départ. À un moment ou un autre de la vie du programme, les divergences initialement exprimées resurgissent et font voler en éclat les compromis difficilement élaborés. Depuis lorigine, la satisfaction de besoins militaires différents pour la version des véhicules de transport de troupes (VTT), véhicule faiblement armé et axé principalement sur le transport de troupe pour lAllemagne et le Royaume-Uni, véhicule équipé dune tourelle et dun canon de moyen calibre pour la France, a constitué une difficulté majeure pour la coopération. À la fin de lannée 1998, il a donc été convenu que la version française du VTT, dite de combat dinfanterie (VCI), ferait lobjet à léchelle européenne dune recherche de solutions possibles et que la coopération trilatérale se poursuivrait sur le besoin commun (véhicules postes de commandement (VPC) pour les trois pays et VTT pour lAllemagne et le Royaume-Uni). Un mémorandum dentente trilatéral a été signé sur cette base le 17 décembre 1998. Cependant, les difficultés rencontrées dans la mise en place dune organisation industrielle équitable au sein du consortium Artec, composé des sociétés allemandes Krauss-Maffei et Wegmann, du britannique GKN-Alvis et de Giat industries, notamment pour ce qui concerne la place qui reviendrait à ce dernier et plus généralement à lindustrie française, retardent la notification du contrat de développement du programme en coopération. Le nombre de VPC prévus pour la France est de 150 véhicules et le nombre de VCI de 450. Les prototypes devraient être livrés en 2001 et le lancement de la production à la fin de 2003 pour les premières livraisons mi-2005. Pour larmée de Terre, il sagit dassurer le remplacement de lAMX10-P chenillé. Le véhicule de transport de troupe est un véhicule à 8 roues motrices dont léquipage permanent est de deux hommes (pilote et radio-tireur). Il doit permettre le transport dun groupe de combat de 9 hommes en lui assurant un niveau de protection significatif. Dans la zone dengagement, il doit permettre le débarquement rapide des personnels et fournir son « appui feu » (armement de moyen calibre servi sous blindage). Outre une exigence renforcée de mobilité, lapport essentiel du programme a trait à la protection. La modernisation des armements, autant en précision quen puissance, implique en effet un besoin nettement accru en protection. Ceci est dautant plus sensible que le caractère inacceptable des pertes en vie humaines est sans cesse renforcé par la médiatisation extrême des opérations militaires. En situation de crise, la menace est en priorité constituée par les munitions de petit et moyen calibres, les éclats dus aux obus dartillerie et de mortier ainsi que les mines. Ce niveau de menace est caractéristique, en particulier, des opérations de maintien de la paix, au cours desquelles les forces engagées subissent les effets collatéraux de combats dans lesquels elles ne sont pas toujours parties prenantes. Cest la raison pour laquelle un programme durgence de renforcement du blindage de lAMX 10-P a été lancé au printemps 1999 au moment de la projection sur le Kosovo. En cas de guerre, ainsi que dans les crises de haute intensité, cette menace saggrave en raison de lutilisation de munitions beaucoup plus puissantes et sophistiquées, en particulier à vocation anti-char. La protection à réaliser devient alors globale et inclut la nécessité déchapper à la détection adverse (furtivité), de détecter les menaces au plus tôt par le biais des moyens appropriés et de pouvoir les éviter (agilité, mobilité, mise en uvre de contre-mesures). Quant au véhicule poste de commandement, il est destiné à permettre le commandement tactique de formations de combat. Il doit intégrer le système dinformation régimentaire SIR. Les missions de commandement devraient pouvoir être conduites à larrêt comme lors des déplacements. Le coût total estimé du programme sélève à 10 milliards de francs pour un coût unitaire (CF 01/99) de 9 millions de francs pour le VPC et de 13 millions de francs pour le VCI. Les crédits consommés à ce jour sont inférieurs à 100 millions de francs. Le programme commence sa montée en puissance puisque 411 millions de francs dautorisations de programme sont demandés en 2000 pour le développement du VCI. VI. LA GENDARMERIE La Gendarmerie bénéficiera dun budget déquipement en hausse de plus de 5 % en crédits de paiement en 2000 avec un montant de 2.280 millions de francs. Ce budget permettra de pourvoir au renouvellement des matériels nécessaires au service quotidien (1.400 véhicules de brigade, 300 motocyclettes, 373 véhicules de liaison) ainsi quà lentretien des flux (munitions). Lannée 2000 verra aussi lachèvement de léquipement des groupements de la Gendarmerie en matériel du réseau de transmission numérique Rubis. A la fin de 2000, seuls resteront en dehors du réseau les groupements des DOM/TOM en raison du surcoût généré par leur couverture aussi bien au niveau du coût dacquisition quen matière de maintenance. Seul programme majeur de la gendarmerie nationale, le réseau Rubis est un système sécurisé de radiocommunication numérique cellulaire à couverture nationale. Il renouvelle et fédère dans chaque département, trois réseaux analogiques de télécommunications mis en uvre entre 1968 et les années 1980, c'est-à-dire les réseaux de commandement des compagnies de gendarmerie départementale et des unités dautoroute et la composante radioélectrique du réseau de transmission de données Saphir. Outre des communications phoniques, ce réseau chiffré permet lacheminement des communications automatiques et une messagerie électronique qui permet à partir de micro-ordinateurs fixes et portables de communiquer sur lensemble du territoire et daccéder aux bases de données centralisées. Compte tenu de la complexité du projet et des technologies davant-garde mises en uvre, le programme Rubis a bénéficié, de 1988 à 1994, dune importante phase de recherche et de développement. La phase de production a été lancée en décembre 1992 et le déploiement national des 97 réseaux de groupement a débuté en 1994. La prévision initiale était dachever léquipement des groupements en 1997 à une cadence de deux départements par mois. Les difficultés dinstallation rencontrées avec les propriétaires des sites (France Télécom et TDF) en 1994 et 1995 ont retardé dun an le début du déploiement. Ensuite, les contraintes budgétaires ont conduit à un nouveau report de six mois et au ralentissement de la cadence du déploiement. Il faut souligner que les coûts de ce programme majeur ont été maîtrisés. Dans les années qui ont suivi le lancement du programme, un changement de périmètre a été généré par des évolutions opérationnelles comme le développement et la mise en place du centre national de supervision ou de relais supplémentaires. Ces évolutions du programme et des opérations connexes (portatifs, travaux dingénierie et dinfrastructure des sites) ont porté le coût du système à son niveau maximum en 1995. Entre 1995 et 1996 ont été négociés et contractualisés des gains de productivité qui ont permis une réduction denviron 43 millions de francs du coût du programme. Depuis la fin 1996, le coût du système na cessé de baisser par restitution des provisions (70 millions de francs), optimisation des sous-systèmes radio, transmissions, logistique initiale et infrastructure (73 millions de francs) au point quun nouveau coût objectif inférieur à celui de 1996 a été retenu par la DGA fin 1998. Début 1999, 71 millions de francs de réductions ont encore été obtenues par loptimisation du sous-système radio-commutation. Ces réductions successives (18 % du reste à engager de fin 1996) et celles escomptées lors de la clôture du programme en 2000 devraient conduire à latteinte du coût objectif du programme. Le coût total pour la défense (programme, portatifs, opérations connexes) sera de lordre de 3.131 millions de francs courants. Son financement est acquis puisque le budget 2000 ne prévoit plus que 217 millions de francs en crédits de paiement pour la couverture de cette dernière tranche. Une dotation ultime de 44 millions de francs est à envisager pour la période 2001-2002. Il faut aussi signaler que ce programme a donné lieu à un produit commercial, le système Matracom 9600, qui est un grand succès à lexportation puisque 25 contrats ont été notifiés à ce jour dans 15 pays différents. Au-delà de Rubis, la Gendarmerie devra aussi continuer à remplacer ses hélicoptères de sauvetage et dintervention puisque ses douze Alouette III devront être relayés par des hélicoptères biturbines conformes aux normes européennes en matière de survol des zones urbaines et de montagne. Il est regrettable quelle nait pas pu se joindre à la commande de 32 hélicoptères de la sécurité civile afin de bénéficier des mêmes conditions tarifaires. Enfin, la Gendarmerie devra pourvoir dans un avenir proche au remplacement de ses 155 véhicules blindés actuellement en dotation pour ses unités de gendarmerie mobile. CHAPITRE VII LAVENIR DES « INDUSTRIELS DÉTAT » Lune des conséquences les plus douloureuses de la baisse des budgets déquipement de défense en France a été dengager et de mener à bien ladaptation des anciens arsenaux, terrestres et maritimes. Ces structures pluriséculaires ont dû envisager leur lente transformation en entreprises et lexigence de productivité a, peu à peu, bouleversé leur exploitation. La transition est aujourdhui un peu plus avancée au Giat dont le statut est celui dune entreprise publique ce qui implique une véritable transparence des coûts et des résultats. Elle est plus chaotique à la Direction des constructions navales dont la situation, très préoccupante, requiert un traitement de fond et un signal de rupture avec le passé. Dans les deux cas, la mutation est difficile et exige beaucoup defforts de tous les partenaires. I. LA DIRECTION DES CONSTRUCTIONS NAVALES « Une réforme profonde, globale, immédiate de la DCN simpose. Vérité, concertation, pragmatisme : ces trois exigences devront guider les pas des acteurs de cette nécessaire mutation. » Ainsi sachevait le chapitre du précédent rapport spécial consacré lannée dernière à la Direction des constructions navales (DCN), au terme dune description de la crise traversée par cette institution, qui, sans alarmisme excessif, traduisait une véritable source de préoccupation. Ce constat sappuyait notamment sur une analyse détaillée de lexécution par la DCN dun important contrat à lexportation, le contrat de révision des frégates saoudiennes dit « Mouette », soldé par une perte estimée à 1,2 milliards de francs, soit 38 % de la facturation qui sélevait à 3,150 milliards de francs. Une année plus tard, il savère que ce sinistre financier nest pas isolé et que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la liste des pertes de la DCN à lexportation et au développement sallonge, alors que cette stratégie devait contribuer à équilibrer son exploitation fortement déstabilisée par la baisse des commandes nationales. Ces déboires successifs agissent en fait comme un révélateur de la crise profonde de la DCN qui appelle une réponse des pouvoirs publics. Ceux-ci ne sont pas restés inactifs puisquau terme dun travail approfondi daudit interne et externe, ils ont annoncé au printemps dernier une réforme densemble devant conduire à la transformation des méthodes de gestion de la DCN. Au vu des précédents et de lampleur de la tâche, il convient de se demander toutefois si cette initiative salutaire, mais de portée encore limitée, suffira à redresser totalement la situation. La réponse est négative. A. LEXPORTATION ET LE DÉVELOPPEMENT : LE RÉVÉLATEUR DE LA CRISE Avant dêtre confrontée à la réalité de la compétition économique et de lengagement contractuel, la DCN navait pas conscience de sa faible productivité et des lacunes de sa gestion ou de son management. Elle vivait à labri dun monopole de fait et dune procédure budgétaire, le compte de commerce, dont le fonctionnement empêchait toute vérité des coûts et tout calcul de rationalité économique. Les prestations de la DCN effectuées pour le compte de la Marine nationale font en effet lobjet de facturations au montant des dépenses constatées. Les écarts dincorporation apparaissant en fin dexercice sont systématiquement réincorporés dans les coûts des prestations de lannée suivante. Le système de gestion de la DCN était donc organisé autour dune logique de financement dont la seule exigence était de sassurer que toutes les charges étaient bien imputées sur les projets afin de les facturer au client budgétaire. Dans un tel système, les incitations à la réduction des coûts et à la productivité restent, par construction, du domaine du discours convenu. A partir de 1990, la baisse des budgets militaires, la réduction des commandes puis les opérations de réduction de coûts menées par la DGA ont commencé progressivement à semer le trouble dans cet édifice qui, jusqualors, donnait satisfaction à tous ses acteurs, sauf au contribuable, en droit dattendre un meilleur rendement de la dépense publique. Le véritable choc est venu de la confrontation avec lextérieur à partir de la moitié des années 1990. Avec le recul, on doit aujourdhui constater que cet axe stratégique qui simposait à la DCN, a donné des résultats décevants et quil a contribué à révéler une situation densemble de la DCN véritablement préoccupante. 1. Une option imposée Il serait vain de remettre en cause la nécessité pour la DCN de gagner des contrats à lexportation ou de diversification. Il sagissait véritablement dune obligation à partir du moment où le chiffre daffaires généré par des commandes dÉtat passait progressivement de 20 milliards de francs en 1990 à moins de 9 milliards en 2000 et quil était impensable daligner purement et simplement la dimension de loutil industriel sur cette décroissance rapide. Les projections financières de la DCN pour les années 1998-2002 tablent ainsi toujours sur un volume daffaires global de 12 milliards de francs en moyenne dont plus du tiers est assuré par les contrats à lexportation ou de diversification. Ce nest quà ce prix que certains sites de la DCN peuvent bâtir des plans de charge économiquement viables. Une autre raison de fond plaide en faveur de cette stratégie, cest lobligation du maintien des compétences. Sans la stimulation de lexportation, on peut ainsi se demander si le rythme de développement des produits nouveaux pour la seule Marine nationale, compte tenu de son format à moyen terme, suffirait à maintenir à la DCN les compétences de conception de navires et de systèmes aux standards les plus modernes. Si la réponse était négative, cest le maintien en condition opérationnelle des bâtiments actuels qui pourrait aussi devenir problématique. 2. Des résultats décevants Le tableau ci-après récapitule les contrats commerciaux les plus difficiles exécutés par la DCN. Il est à craindre que leur déficit cumulé dépasse les 2 milliards de francs.
Le contrat bénéficiaire de fourniture de six frégates La Fayette à Taiwan, sous maîtrise duvre Thomson-CSF, est le fait dun contexte géopolitique particulier. Les conditions mises à son exécution ont permis de générer des produits financiers. A lexception du contrat de fourniture de trois frégates à lArabie Saoudite (Sawari II) qui a été équilibré, tous les autres grands contrats ont dégagé des pertes importantes ou sont susceptibles de le faire. Il est inutile de revenir sur lexécution du contrat Mouette détaillée lan dernier. Le contrat Scorpene nest pas assez avancé pour disposer dune visibilité fiable. En revanche, il est permis daffirmer que les contrats de fournitures de plates-formes pétrolières à Schlumberger et de sous-marins au Pakistan se solderont par de nouveaux sinistres financiers. Le contrat pakistanais, dont lexécution nest pas sans rappeler celle du contrat Mouette, appelle quelques commentaires. Il sagit de fournir trois sous-marins Agosta 90B à propulsion de type Mesma, le premier fabriqué à Cherbourg, les deux autres à Karachi avec transfert de technologie. La première partie du contrat semble aujourdhui remplie puisque le premier sous-marin a été livré, à quelques réserves près, conformément aux engagements pris, et quil constitue donc une référence correcte. Il nen va pas de même de la construction des deux autres au Pakistan qui sannonce difficile et coûteuse pour la DCN, contractuellement responsable des essais et de la qualification des équipements. Une des difficultés rencontrées par la DCN est de mettre en place lexpatriation temporaire de ses cadres, ingénieurs et techniciens, au moyen de dispositifs indemnitaires à la fois attractifs et conformes à la réglementation administrative. Fondé sur un devis approximatif, le contrat voit peu à peu son équilibre financier se dégrader en raison des engagements pris et des différents obstacles rencontrés. Lévaluation de la perte nette est encore difficile à apprécier. Les plus pessimistes la prédisent considérable. Quant à la diversification, elle conduit à des constatations comparables, assumées par la DCN elle-même, comme le montrent les réponses honnêtes apportées par ladministration aux questions du rapporteur spécial : « La diversification de capacité a connu un développement important au début de 1998 avec deux contrats en offshore pour des plates-formes à livrer en 2000 et ces premiers contrats ont été une source utile dapprentissage pour la maîtrise des difficultés, notamment juridiques, de telles activités. En effet, lactivité de DCN Brest dans loffshore, couronnée de succès au plan technique par la maîtrise dun chantier très complexe, a fait apparaître les difficultés structurelles de la DCN qui sont apparues en cours de contrats, notamment : · problèmes de compétitivité liés à la production, aux achats et sous-traitances ; · problèmes de réactivité ; · difficulté à se positionner sur un marché mondial fortement perturbé par des aides détats ou régionales à des chantiers constructeurs concurrents de la DCN, à lidentique de ce que connaît la construction navale civile. » 3. Une situation extrêmement grave La situation de la DCN est plus quinquiétante à de nombreux titres. Au plan financier, tous les indicateurs sont au rouge : résultat dexploitation, capacité dautofinancement, trésorerie. Les conséquences sur linvestissement et les études sont préoccupantes pour lavenir. En 1998, la DCN a dû partiellement compenser les pertes prévisibles sur les plate-formes pétrolières par une baisse de ses investissements. Leffort dinvestissement a ainsi été réduit à 200 millions de francs en terme dengagements et 250 millions de francs en terme de paiements et consacré pour lessentiel à de linformatique de gestion et au renouvellement du parc de micro-ordinateurs. Le montant total des financements étatiques et internes consacré aux études hors grands programmes peut être estimé à 350 millions de francs par an, soit moins de 2,5 % du chiffre daffaires alors que les grands industriels de laéronautique et de lélectronique de défense affichent des ratios de R et D par rapport au chiffre daffaires très supérieurs à 10%. Le montant total des études autofinancées était seulement de 110 millions de francs en 1998 ce qui traduit une grande difficulté à dégager des financements mais aussi des ressources humaines adaptées. La situation du personnel et du management nest en effet pas moins inquiétante que celle des finances. La DCN souffre dabord dun déficit évident de management. Ses échecs commerciaux sont largement dus à des carences dans les domaines de la gestion, du droit, des finances et des relations sociales ce qui nest pas très étonnant pour une structure où lencadrement était uniquement constitué dingénieurs de larmement qui nont pas été formés pour ce type de responsabilité. Lentreprise souffre aussi dun manque de cohésion ; le clivage entre les ouvriers et les cadres est trop marqué, faute de strates intermédiaires ou de volonté de communiquer et de partager les mêmes objectifs. La démotivation, lirresponsabilité, le laxisme se développent, ce qui a pour conséquence de déclencher un mouvement de fuite des cerveaux et des compétences. Dans le domaine crucial des systèmes de combat, le regroupement opéré au centre dIngénierie Sud de Toulon sest accompagné dun recours excessif à de lassistance technique extérieure à la DCN, y compris sur des créneaux technologiques complexes. Le plan de résorption de cette assistance technique, destiné à mettre un terme à des pratiques contraires au code des marchés publics dans des proportions variables, sest accompagné du départ de la moitié des cadres en trois ans car ceux-ci ont refusé dêtre recrutés par la DCN notamment pour des raisons financières. Certains ont été embauchés par la concurrence. Par ailleurs, de nombreux jeunes ingénieurs militaires, notamment parmi ceux qui ont des compétences dans la gestion de systèmes complexes, quittent la DCN. Lillustration la plus caricaturale du malaise de la DCN est observée au site de Toulon où la cinquantaine de personnes mises en examen et appartenant à la DCN a apporté une touche judiciaire à un climat délétère. A ce sujet, on ne peut quobserver que les procédures de contrôle interne à la DCN navaient pas permis de détecter déventuelles malversations et que le traitement disciplinaire des personnes mises en cause, protégées par les règles de la fonction publique, diffère fortement de celui qui leur serait appliqué dans des entreprises. Il sécoule ainsi parfois un délai très long entre la mise à jour des pratiques condamnables et le départ effectif des personnes fautives. Ce contexte explique, au-delà des difficultés liées aux réductions deffectifs qui se font sans licenciements, que le climat social soit tendu à lintérieur de la DCN. Au-delà de ses causes immédiates liées à la comparaison des offres faites pour lentretien du pétrolier ravitailleur « Var », le conflit du printemps 1998 à Toulon en est une illustration. Il faut quand même rappeler que cette crise a entraîné un arrêt des travaux pendant plus de deux mois pour un coût évalué à 160 millions de francs, auquel il faut ajouter 10 millions de francs dindemnisation de la sous-traitance. B. LA RÉACTION DE LÉTAT : TOUJOURS UN TEMPS DE RETARD LÉtat nest pas resté inactif face à la dégradation des conditions dexploitation économique de la DCN. Il a, comme toujours, mis du temps à prendre la mesure des événements. Toutefois, après force missions et groupes de travail dont les conclusions publiques ont été régulièrement édulcorées, il sest engagé en 1996-1997 dans une action nécessaire de clarification en amorçant la séparation des activités étatiques et des activités industrielles de la DCN, processus en passe dêtre achevé à ce jour. Dans le même temps, il a lancé un programme dadaptation des effectifs aux plans de charge prévisibles, grâce à des mesures coûteuses mais socialement acceptables. Cependant, plus cette clarification avance, plus il devient patent quil est difficile de transformer une administration séculaire, technologiquement performante mais à la compétitivité médiocre, en un acteur industriel lâché dans la compétition internationale. La tentation est alors, au nom du pragmatisme, de continuer à avancer pas à pas dans la lignée des mesures précédentes et sans jamais oser franchir un pas décisif de nature à débloquer la situation. On peut craindre à ce titre que la réforme annoncée au printemps dernier même si elle fournit quelques réponses aux maux précédemment identifiés, ne constitue pas le signal salutaire dun véritable redressement. Pourtant, le temps presse et les alliances industrielles internationales sont en train de se nouer dans lEurope de larmement. 1. La séparation des activités industrielles et étatiques Jusquà la fin de 1996, les activités à caractère étatique de maîtrise douvrage et les activités industrielles étaient, dans le domaine des constructions navales militaires, assurées au sein dune même direction et gérées au sein du compte de commerce. Le décret n° 97-35 du 17 janvier 1997 fixant les attributions de la DGA a recentré les missions de la DCN sur ses activités purement industrielles alors que les fonctions de maîtrise douvrage relèvent désormais du service des programmes navals de la DGA. Dans le même esprit, lÉtat a engagé en 1999 un processus de transfert de charges immobilières de la DCN vers la Marine afin dadapter leur financement à laffectation réelle de nombreuses installations portuaires et maritimes. Laboutissement de ce processus est lannonce faite au printemps de faire sortir la DCN de lorbite et de la tutelle hiérarchique de la DGA pour lériger en service à compétence nationale directement rattaché au ministre. Sous réserve dune mesure technique consistant à faire sortir les quatre centres dessais relevant de la DGA du compte de commerce de la DCN, les ponts seraient ainsi coupés et la confusion des genres impossible. Ce processus est assurément souhaitable. Cette confusion pouvait nuire à la rationalité économique des décisions et à lidentification des responsabilités. Elle rendait de surcroît le dispositif français très suspect à létranger notamment lors de programmes en coopération. Cette réforme permettra à la DGA, conformément à sa vocation, de faire plus systématiquement appel à la concurrence, sans arrière-pensées et sans être accusée dêtre juge et partie. A cet égard, il faut rappeler que sur le marché national, la DCN a toujours été en position de monopole de fait, au moins dans son rôle de maître duvre de lensemble du programme et du système de combat. La conception et la construction des plate-formes lui étaient aussi généralement confiées, à quelques exceptions près, relatives à des navires de faibles caractéristiques militaires comme les frégates de surveillance « Floréal », construites par les chantiers de lAtlantique ou le pétrolier ravitailleur « Somme » fabriqué par les chantiers CNIM de la Seyne. Cette position de monopole nest plus assurée pour lavenir, compte tenu des contraintes de réduction des coûts qui simposent à la DGA. Dans la continuité de cette action de clarification, lÉtat a engagé le processus dadaptation des effectifs à la charge prévisible de travail comme le montre le tableau ci-après.
Ces réductions deffectifs ont été obtenues par des mesures extrêmement favorables et dun coût très lourd. Il sagit dabord de mesures de départ anticipé. Le dispositif de dégagement des cadres applicable aux ouvriers dÉtat depuis le mois de mai 1998 leur permet de quitter la DCN à partir de lâge de 52 ans en bénéficiant de leur retraite avec effet immédiat sils totalisent 37 ans et demi dannuité ou bien dune allocation unique dégressive (AUD) qui leur assure un complément de ressources plafonné au niveau du salaire dactivité pendant 45 mois. Ce dispositif qui complète le dégagement des cadres à 55 ans est applicable jusquau 31 décembre 2000. Le coût moyen dun dégagement des cadres (DCC) à 52 ans est de 1,25 million de francs et celui dun DCC à 55 ans est de 0,7 million de francs. Ces coûts regroupent les montants de préretraites versées jusquà 60 ans, des allocations uniques et dégressives, des bonifications dancienneté et des suppléments de pensions versées aux organismes en charge du paiement des pensions au 60e anniversaire des personnels ayant bénéficié des bonifications dancienneté. En 1998, sur la déflation totale de 1.700 personnes, 1.184 départs ont été obtenus par un DCC, à 52 ans (720) ou à 55 ans (464). Pour 1999, la prévision totale est de lordre de 1.200 personnes dont 1.060 départs par dégagement des cadres. Pour les ouvriers nayant pas lâge requis pour un DDC mais totalisant quand même au moins six années de service, il existe une aide au départ volontaire dun montant de 60 à 300 KF. 168 personnes en ont bénéficié en 1998 mais la prévision pour 1999 nest que de 10 personnes. Les personnels fonctionnaires civils et militaires de la DCN bénéficient des dispositifs classiques applicables dans les services de lÉtat (congés de fin dactivité pour les uns, pécules pour les autres). Les autres mesures favorisant la déflation des effectifs visent principalement à encourager le reclassement des ouvriers au sein du ministère de la défense et principalement dans les armées, qui manquent de personnels civils. Sous certaines conditions, les agents qui acceptent ce reclassement peuvent bénéficier dune indemnité de conversion dun montant de 54 à 80 KF. 261 mutations dans les armées ont ainsi été obtenues en 1998 et la prévision pour 1999 est de 160 personnes. Lensemble de ces mesures dites de restructuration est pris en charge par le titre V du budget de la Défense, sur un fonds dadaptation industrielle (FAI) (chapitre 5511-article 38). Sur la période 1997-2002, le coût de restructuration de la DCN ainsi défini sélèvera à 3 milliards de francs. 1.078 millions de francs étaient inscrits sur ce fonds en 1999 et 1.175 millions de francs pour 2000. Ces dotations paraissent toutefois excessives au regard de la consommation constatée. Malgré ces mesures, la part du personnel ouvrier représentait encore en 1998 76 % de la masse salariale de la DCN qui sest élevée à 3.971 millions de francs. Pour 1999, la masse salariale de la DCN subira limpact du relèvement décidé du taux de cotisation employeur au fonds spécial de retraite des ouvriers de lÉtat (FSPOEIE) qui est passé de 10,3 % à 24 %. Limpact direct est de lordre de 10 % sur la masse salariale des ouvriers et de 5 % sur le coût horaire de production. Cette mesure contribue à clarifier le coût réel de la main duvre et laisse la DCN dans une situation encore favorable par rapport aux entreprises privées en matière de charges sociales. Elle a été contrebalancée par une réduction de la subvention du budget de la Défense au FSPOEIE (chapitre 32.92 article 10) dun montant de 1.200 millions de francs. Le ministère de la Défense étant lui-même directement employeur douvriers dÉtat, il a été atteint par le relèvement de la cotisation à hauteur de 690 millions de francs, mais le gain reste de plus de 500 millions de francs. La DCN a donc bien engagé un véritable effort dajustement des effectifs. Il doit être confirmé dans les années à venir. Le plan dentreprise échelonne leffort de réduction deffectifs comme suit :
Le ministre de la Défense, en citant le chiffre de 12.500 personnes en 2002, a fixé un objectif plus ambitieux encore. Lexécution de ce programme dépendra dun certain nombre de paramètres au nombre desquels : · lévolution de la productivité ; · lissue de la négociation sur laménagement du temps de travail ; · lévolution des taux de sous-traitance des différents sites ; · le taux de recrutement jugé indispensable à la poursuite de lactivité. En tout état de cause, les objectifs ne pourront être atteints par la seule poursuite de lapplication du dégagement des cadres à 52 ans, jusquen 2002. Un effort de restructuration de lorganisation industrielle, prévu par le plan dentreprise, sera nécessaire. Une redynamisation de la mobilité vers les armées est aussi indispensable. Les charges de la restructuration ainsi programmée, avec le maintien du dégagement des cadres à 52 ans jusquen 2002, sélèveraient, après 2002, de 3,5 à 5,2 milliards de francs, en fonction des dispositions retenues (prolongement ou non des dégagements des cadres à 55 ans et des indemnités de départ volontaire).Il ne fait guère de doute que cette charge restera inscrite au budget de la défense. 2. LÉtat peut-il transformer une administration en entreprise dans des délais raisonnables ? La lecture des événements depuis 1995 montre que lÉtat peine à piloter cette transformation, pourtant timide, alors que le temps presse, notamment dans la perspective des restructurations et des alliances industrielles internationales. Il existe tout dabord un conflit récurrent et inextricable entre la volonté légitime de contrôle et dapplication de la réglementation administrative et le souci de laisser à la DCN une souplesse de gestion indispensable pour affronter la concurrence, notamment à lexportation. Les difficultés issues du montage de DCN International, la société anonyme dont lÉtat est unique actionnaire et qui est chargée dassurer la commercialisation des produits de la DCN, illustrent cette contradiction. Le rapport spécial avait cité lannée dernière un rapport particulier de la Cour des Comptes datant du 28 novembre 1997 qui énumérait les facilités prises avec la réglementation pour assurer lactivité de cette entreprise : constitution de capitaux propres sous forme de pseudo-marché, refacturations irrégulières de charges à la DCN, etc Il faut reconnaître que la réalisation et la gestion de contrats à lexportation nécessitent des modes de fonctionnement (réactivité, procédures souples) que ne connaît pas ladministration. Le montage juridique actuel est complexe et génère soit des irrégularités soit des lenteurs préjudiciables à la position de la DCN face à ses clients. Ses conséquences sur lorganisation des achats ou la répartition des financements sont très pénalisantes. Les relations entre la DCN et DCNI sont parfois ambiguës, les deux structures nayant pas toujours les mêmes intérêts. Les mesures actuellement présentées destinées à réformer la gestion sont un nouvel exemple de cette contradiction de lÉtat. Il sagit dun côté dassouplir le code des marchés publics en instituant un régime inspiré de celui qui est appliqué aux opérateurs de réseaux et qui permet de recourir plus facilement à la procédure de marché négocié, adaptée à lachat de produits industriels complexes, ou de nouer des accords de partenariat en passant des accords cadres. A ce propos, il est permis de se demander si ces aménagements suffiront à la DCN pour assurer la réelle maîtrise de ses sous-traitants, handicap chronique qui explique quelques-uns de ses déboires. Une telle maîtrise impose en effet la constitution dune équipe dès la remise de la première offre et une association tout au long de la négociation qui semblent impossible à garantir en respectant le code des marchés publics, même aménagé. Dun autre côté, linstruction interministérielle portant charte de gestion de la DCN aura pour conséquence de renforcer la tutelle de lÉtat, y compris et surtout sur ses actes commerciaux. Instruits par les sinistres passés et présents, les représentants des ministres de la Défense et du Budget siégeront au sein dun conseil stratégique qui pilotera de fait la DCN. Les prises de contrats importants seront ainsi subordonnées à leur accord. Parallèlement, il sera institué une comptabilité contradictoire des engagements par lordonnateur principal du compte de commerce et le contrôleur financier central auprès du ministère de la Défense. On peut justifier ce resserrement du contrôle en raison du montant des crédits budgétaires mobilisés en faveur de la DCN, soit au titre du fonds dadaptation industrielle, soit au titre de la couverture des pertes issues des contrats commerciaux. Il nen reste pas moins que ces procédures ne suffiront pas à favoriser la réactivité de la DCN ni son dynamisme commercial. Elles ne contribueront pas à endiguer la dilution des responsabilités ni, finalement, lirresponsabilité, déjà très présente à de nombreux niveaux de la hiérarchie. Une autre contradiction de lÉtat se manifeste lorsque la logique budgétaire lemporte sur la logique industrielle. Cela fut le cas lorsque le produit des placements financiers résultant du contrat des frégates de Taiwan a été prélevé au profit du budget de lÉtat à la fin de 1997 à hauteur de 1,4 milliard de francs, alors que cet argent aurait pu permettre à la DCN de compenser partiellement par elle-même certaines pertes ultérieures mais aussi de financer des investissements ou des études nécessaires à son développement. Le fait que cette opération ait été autorisée par le Parlement lors de la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 1997 ne suffit pas à la justifier complètement. Ce fut une erreur collectivement partagée. Enfin, on ne parvient pas à comprendre comment lÉtat pourrait, sur ses propres ressources, fournir à la DCN les compétences qui font défaut à son management. 3. Le véritable redressement appelle un signal plus lisible A ce stade de la transition, la meilleure façon pour lÉtat de transformer la DCN en entreprise est maintenant dy associer un ou plusieurs partenaires extérieurs, industriels de larmement et de la construction navale. Cet adossement paraît seul de nature à créer limpulsion indispensable au redressement. Le respect du statut des personnels ouvriers ninterdit pas denvisager des alliances, soit avec Thomson CSF dans le domaine des systèmes de combat ou des torpilles, soit encore avec Technicatome dans le domaine de la propulsion nucléaire et des services associés. Une filialisation de certaines de ces activités pourrait être envisagée de manière à mutualiser des savoir-faire ou des produits complémentaires. Sans ce type dalliances, lavenir de la DCN semble mal assuré dans la compétition internationale de la construction navale. Son plan dentreprise repose pourtant sur des objectifs de parts de marché ambitieux pour les dix prochaines années, de lordre de 30 % du marché accessible, soit 2,5 milliards de francs par an. Dans le même temps, les alliances sont en train de se nouer et laissent la DCN dangereusement isolée. Dans le domaine des sous-marins, qui représentent plus de 40 % des objectifs de la DCN à lexportation, la fusion annoncée entre le suédois Kockums du groupe Celsius et lallemand HDW du groupe Preussag, est un coup très dur. Paralysée par son statut, la DCN avait mis un an à monter un G.I.E. avec Kockums qui lui fait aujourdhui défection. Ne reste désormais que son partenariat sur les sous-marins Scorpene avec Bazan dont le gouvernement espagnol a annoncé la privatisation prochaine. * * * Pour lavenir de la DCN, il est plus que jamais nécessaire de parler vrai, de manière à attirer lattention sur cette institution dont la survie est en train de se jouer. La DCN est en crise très grave, ce qui ne saurait faire oublier quelle détient des savoir-faire et des compétences indispensables à la défense de la France. Le statut des personnels, la sécurité de lemploi ne sont pas en cause. LÉtat a, à légard de ses employés, des devoirs impérieux qui doivent être remplis. Par delà les structures anesthésiantes du compte de commerce, il convient de prendre conscience que ce sont, en définitive, les crédits déquipement des armées qui seront mis à contribution pour éponger les pertes et que ceci, à terme, ne peut rester sans conséquence sur le volume physique des matériels disponibles à lemploi. Il faut faire preuve rapidement daudace pour lui permettre de rebondir et de trouver un nouveau souffle. Il ny aura pas davenir de la DCN sans changement de son statut, sans adossement à un ou plusieurs industriels nationaux. Il est à craindre que les ravalements successifs ne changent plus rien, quelle dilapide toujours plus de crédits de la défense, que loutil lui-même finisse par disparaître, paralysé par un héritage juridique et culturel inutilisable dans le monde actuel. La DCN possède des savoir faire techniques brillants et des personnels compétents. Il est temps de mettre fin au mythe, trop longtemps cultivé, dune DCN immuable. II. LE GROUPE GIAT INDUSTRIES Depuis sa création en 1990, lhistoire du groupe GIAT Industries aura été ponctuée de réductions dactivité et de mauvais résultats financiers. Malgré le succès commercial du contrat émirati en mars 1993 dont il na pas su gérer laccompagnement financier, il faut bien admettre que le groupe na pas encore été en mesure de démontrer sa viabilité. Les difficultés liées à la transformation en entreprise se sont ajoutées à la crise majeure du secteur des armements terrestres pour rendre lexercice particulièrement douloureux. Après le plan de retour à léquilibre (PRE) décidé en mai 1996 pour la période 1996-1998 est intervenu, en juillet 1998, le plan stratégique, économique et social (PSES) entré en application le 1er janvier 1999 pour la période 1999-2002. Les perspectives dactivité du GIAT démontrent la nécessité de ces ajustements successifs. A. LES PERSPECTIVES DACTIVITÉ Lévolution du chiffre daffaires du GIAT traduit la baisse tendancielle de lactivité :
Après 1999 et les derniers effets du contrat émirati, GIAT verra son chiffre daffaires descendre jusquen 2001, date à laquelle il atteindra 5 milliards de francs, soit à peine plus que le creux de 1994 qui avait conduit au montant historique de pertes de 1995 (10 milliards de francs). Ces chiffres, qui reposent pourtant sur certaines hypothèses extrêmement optimistes, traduisent la crise observée sur les principales activités de GIAT. 1. Lactivité blindée En matière de char de bataille, la perspective à moyen terme est une décroissance forte du marché mondial sous leffet de lachèvement des programmes de rééquipement des grands pays de lOTAN, des restrictions budgétaires qui poussent de nombreux pays à moderniser les matériels existants plutôt quà acheter du neuf, de labondance du matériel doccasion qui suffit à certains pays, et surtout de la révision des concepts demploi des chars de bataille du fait de lévolution géostratégique. Sur un marché en baisse, GIAT compte des concurrents solides qui bénéficient de marchés captifs. Ainsi, le Leclerc est-il actuellement vendu à 796 unités (390 pour les Émirats Arabes Unis et 406 pour la France) contre 3.000 pour le Léopard 2 de Krauss Maffei (Allemagne) qui la vendu aux Pays-Bas, à la Suisse, la Suède, lAutriche et lEspagne, 400 pour le Challenger 2 de Vickers (Grande-Bretagne) vendu à Oman et 10.000 pour lAbrams M1 de General Dynamics (États-Unis) vendu en Égypte, Arabie Saoudite et au Koweït. On peut dailleurs noter que devant la faiblesse des perspectives sur ce marché, le groupe britannique Vickers a annoncé la fermeture dune de ses deux usines de production de chars. Le contrat émirati prévu pour sachever en 2000 a été repoussé en 2001. GIAT compte sur le marché saoudien pour prendre la relève. Dans ses perspectives de chiffres daffaires, il a intégré une commande dune brigade sur les deux proposées à lappel doffres, soit 175 chars et 20 dépanneurs livrables à partir de 2001. Sans ce contrat, dont lissue est repoussée compte tenu des priorités de lArabie saoudite, cest lensemble du plan stratégique qui devrait être reconsidéré puisque son impact est estimé à 800 millions de francs pour 2001 et 2,7 milliards de francs en 2002 en termes de chiffres daffaires et à 2.000 personnes en termes demploi. En tout état de cause, GIAT devra éviter de remporter un marché de chars de bataille dans les conditions accordées aux Émirats Arabes Unis, qui ont été désastreuses pour la France, puisquil faut rappeler que la perte à terminaison de ce contrat, due à un défaut de couverture initiale contre le risque de taux de change, mais aussi à linsuffisance de la protection juridique du GIAT, augmente chaque année davantage. Une provision de 600 millions de francs supplémentaires a été passée dans les comptes 1998 du GIAT, portant le total (provisoire ?) de la perte à terminaison à 7,7 milliards de francs, soit près de 20 millions de francs par char. GIAT estime avoir rempli ses obligations en matière de compensation industrielle mais subit le contrecoup de lampleur de ses obligations contractuelles en matière de soutien constructeur. Quant au segment blindés légers, il englobe les chars légers (châssis et tourelles), le transport de troupe ou de combat dinfanterie. La perspective est plus favorable car les blindés dinfanterie répondent à un profil demploi opérationnel plus large que les chars. La part actuelle de GIAT est faible et elle a été parfois acquise au prix de pertes très élevées. GIAT a ainsi vendu des tourelles dappui feu dinfanterie Dragon (calibre 25 mm) à la Turquie dans des conditions financières étonnantes (700 millions de francs de pertes pour un contrat de 400 millions de francs). Ce secteur est lobjet dimportantes restructurations et alliances dont la dernière en date est laccord de coopération entre le britannique Vickers et le suisse Mowag. Les résultats de la double compétition, européenne, dune part, et française, dautre part, sur le véhicule blindé de combat dinfanterie (VBCI) seront décisifs dans ce domaine. Le programme en coopération européenne vise à développer et produire des véhicules blindés de deux types : des véhicules de transport de troupes (VTT) et des véhicules poste de commandement (VPC). Depuis lorigine, la satisfaction de besoins militaires différents pour la version VTT, véhicule faiblement armé et axé principalement sur le transport de troupe pour lAllemagne et le Royaume-Uni, véhicule équipé dune tourelle et dun canon de moyen calibre pour la France, a constitué une difficulté majeure pour la coopération. A la fin de lannée 1998, il a été convenu que la version française du VTT, dite de combat dinfanterie (VCI), ferait lobjet à léchelle européenne dune recherche de solutions possibles et que la coopération trilatérale se poursuivrait sur le besoin commun (VPC pour les trois pays et VTT pour lAllemagne et le Royaume-Uni). Un memorandum dentente trilatéral a été signé sur cette base en décembre 1998. Cependant, les difficultés rencontrées dans la mise en place dune organisation industrielle équitable au sein du consortium Artec, composé des sociétés allemandes Krauss-Maffei et Wegmann, du britannique GKN-Alvis et de Giat industries, notamment pour ce qui concerne la place qui reviendrait à ce dernier et plus généralement à lindustrie française, retardent la notification du contrat de développement du programme en coopération. Le programme VCI est destiné à pourvoir au remplacement des véhicules de combat AMX 10P actuellement en service dans l'armée de terre. Le besoin exprimé est de 450 exemplaires à livrer à partir de 2004. Dans ce cadre, la délégation générale pour larmement (DGA) a consulté en mars 1999, après appel à candidatures, huit industriels, dont GIAT industries, en vue du développement et, ultérieurement, de la production en série de ce véhicule. Compte tenu des regroupements intervenus entre certains candidats, deux consortiums se sont de fait constitués. Le premier se compose de GIAT Industries, du britannique Vickers et du suisse Mowag, le second de Panhard et Levassor, Renault Véhicules industriels (RVI) et de lallemand Kuta-Henschel. Le choix du consortium ne devrait pas intervenir avant le début du printemps 2000 et le début de la production avant mi-2003, voire 2004. Enfin, GIAT Industries, qui a toujours été présent dans les matériels de combat du génie, sest allié avec Royal Ordnance en vue dun futur programme de véhicule de terrassement et de déminage, lancé par les autorités britanniques. Cette coopération a été étendue au programme Tracer (blindé de reconnaissance). GIAT Industries sest également engagé au côté de la société Vickers sur le segment des véhicules de franchissement avec les véhicules blindés poseurs de travures de lavant. 2. Les armes et les munitions Lartillerie souffre de la réduction généralisée des parcs de canons dans les pays occidentaux. Le taux de remplacement est de lordre de un pour deux pour les automoteurs et très faible pour les canons tractés. Les programmes de modernisation des matériels existants augmentent leur durée de vie. Pour les matériels de 155 mm se situant à mi-chemin des tractés et des automoteurs, transportés sur châssis camion, GIAT dispose dun créneau avec le système Caesar qui pourrait trouver des débouchés à lexportation. Le secteur des armes et munitions se prête également à des alliances européennes. On peut citer le développement de lobus Bonus avec Bofors (Suède), les études concernant le renouvellement de la gamme des systèmes anti-char Apilas avec HEL (Grande-Bretagne) et DNAG (Allemagne) ou la conception de munitions intelligentes avec Oerlikon (Suisse). Par ailleurs, une société commune créée à Bourges en 1993 avec Royal Ordnance a pour objet de développer un système darmes de moyen calibre. GIAT Industrie a aussi signé le 4 juin 1998 un accord de coopération avec lindustriel allemand Diehl sur les munitions de moyen calibre. Enfin, GIAT Industries est associé avec la société britannique Royal Ordnance et la société allemande Rheinmetall au sein dune joint-venture dont lobjet est de développer un canon de char de calibre 140 mm. GIAT Industries assurera la maîtrise duvre industrielle du programme de modernisation du parc français de canons de 155 AUF1. Ce programme consiste à valoriser des canons au standard actuel de 39 calibres et à moderniser les autres canons au nouveau standard international de 52 calibres. Pour ces opérations, GIAT Industries récupérera auprès de la Direction centrale du matériel de larmée de terre (DCMAT) les châssis que cette dernière aura, à laide de pièces détachées fournies par GIAT Industries, révisés et/ou réparés. Le premier marché de ce programme a été notifié à GIAT Industries le 13 septembre 1999. Enfin, les applications sur hélicoptères connaissent une évolution importante dans le moyen calibre. Larmement canon en tourelle y reprend de limportance comme en témoigne la tourelle de 30 mm du Tigre. 3. Les activités nouvelles Les débouchés identifiés actuellement relèvent de grands projets dinstallations expérimentales pour le CERN ou astronomiques pour lESO, le CNRS, etc. Dautres projets, actuellement à létude, concernent le développement et la fabrication déquipements électroniques durcis pour laéronautique, des équipements pour lindustrie ferroviaire à grande vitesse(éléments allégés de structure, asservissement de précision et de puissance, électronique durcie) mais aussi pour lindustrie automobile, des réservoirs sous pression (gaz liquéfié GPL) et des pyromécanismes (vérins, micro-générateurs, bloqueurs ). Nous avions jugé lannée dernière ces perspectives bien faibles. Lobjectif fixé, à savoir 200 millions de francs de chiffre daffaires pour une charge industrielle complémentaire de 6 % en 2002, est suffisamment marginal pour que nous ne changions pas davis devant ce manque dambition. Sagissant enfin des activités de réparations lourdes, leur répartition entre la direction du matériel de larmée de Terre et Giat ne peut procéder dun simple transfert de charge sans transfert de personnel, ce qui rend problématique cette solution, sauf à faire payer deux fois la même prestation par lÉtat. En revanche, il paraît indispensable doptimiser la dévolution de ce plan de charge pour en minorer le coût. B. LEXÉCUTION DU PLAN STRATÉGIQUE La procédure légale de consultation des représentants des salariés sest achevée le 22 octobre 1998 et le plan est entrée en application le 1er janvier 1999. Il comprend des mesures de restructuration industrielle et de réduction deffectifs. 1. Les rationalisations industrielles Le projet initial prévoyait la fermeture de trois sites (Rennes, Le Mans et Salbris) et, éventuellement, la fermeture dun quatrième site, celui de Saint-Pierre-en-Faucigny qui abrite la société Cime Bocuze, filiale du groupe GIAT Industries. Concernant le site de Rennes, lactivité de la douillerie sera arrêtée à lachèvement des dernières commandes. La fabrication des culots pour cartouches de calibre 120 mm serait transférée vers un autre centre ou sous-traitée en raison de très faibles quantités à produire, les armées considérant leurs stocks pour ce calibre largement suffisants en cas de conflit. Dans la version initiale du projet, lactivité résiduelle sur les shelters devait être transférée vers le centre de Tarbes qui noffrait pas des synergies suffisantes de métiers. Toutefois, un partenaire britannique a déclaré son intérêt pour cette activité. GIAT Industries a donc créé une filiale sous forme d'une société anonyme, la Société de développement dabris mobiles (SDAM), qui a intégré lensemble de lactivité de fabrication et de commercialisation des shelters, puis elle a cédé 50 % des participations à la société Hunting Engineering Ltd, filiale de Hunting PLC. La dénomination de cette nouvelle filiale est désormais Euro-Schelter. On ne peut que constater que les commandes saccumulent depuis cette cession alors que, selon la direction du GIAT, cette activité semblait peu prometteuse à lexportation. Ceci démontre, une fois de plus, linefficacité structurelle de lorganisation commerciale du siège de Satory, qui ne possède pas beaucoup de cadres dirigeants dotés dune réelle culture de lexportation. Lactivité de fabrication des munitions de petit calibre sur le site du Mans est devenue marginale. La fermeture du site est chose faite. Le transfert des lignes de production vers le site de Cusset, qui abrite la société Manurhin Défense a été décidé. Les activités dencartouchage et de chargement de munitions de gros calibre du centre de Salbris seront transférées vers la filiale Luchaire Défense sur le site de La Chapelle-Saint-Ursin. Le site de Saint-Pierre-en-Faucigny abrite la société Cime-Bocuze, filiale du groupe GIAT Industries. Ce site est spécialisé dans la fabrication de composants en alliage de tungstène et il réalise environ 60 % de son activité sur la fabrication dun seul composant, le pénétrateur cinétique des munitions de char, dont lachèvement des commandes pour le char Leclerc est prévu en 1999. Dans la version initiale du projet stratégique, la fermeture du site était envisagée. Cest finalement un groupe autrichien, la société Plansee, qui sest porté acquéreur de cette activité. Concernant les activités actuelles du site de Saint-Etienne, la proximité du site de Saint-Chamond facilite la rationalisation. Ainsi, les activités résiduelles relatives aux armes de petit calibre seront transférées à Saint-Chamond. Il est prévu de filialiser lactivité optique de Saint-Etienne et de ladosser à un partenaire spécialisé du secteur en la maintenant sur le site dans le cadre du pôle optique et vision. Les transferts des activités de fabrication de composants pour munitions et des activités de chargement et dencartouchage feront de létablissement de La Chapelle Saint-Ursin un site intégré de fabrication de munitions de gros calibre bénéficiant de la proximité du bureau détudes du secteur des armes et des munitions sur le site de Bourges. Seule la pyrotechnie primaire (fabrication des amorces), qui restera sur le site de Tarbes compte tenu des importantes contraintes de sécurité spécifiques de ce secteur, fera exception. Certaines activités concernant le soutien logistique des blindés feront enfin lobjet dun regroupement sur le site de Roanne. Il en est de même des activités de ravitaillement (pièce détachées). Au total, la spécialisation industrielle des sites de GIAT se présentera comme suit :
2. Les réductions deffectifs Les réductions deffectifs résultant du plan stratégique sont retracés dans le tableau ci-après :
Comme pour la DCN, les ouvriers dÉtat bénéficient du départ en préretraite à 52 ans et à 55 ans. Les personnels sous convention collective bénéficient de préretraites à 56 et 57 ans. Dimportants reclassements externes, notamment vers les armées, seront opérés. Le coût de ce plan social a fait lobjet dune provision de 3 milliards de francs passée dans les comptes de lexercice 1997 qui ont de ce fait affiché une perte de 2,850 milliards de francs. En 1998, la perte sest élevée à 870 millions de francs en raison notamment de la dégradation de lexécution du contrat émirati. Ces pertes successives ont obligé lÉtat actionnaire à reconstituer les fonds propres du GIAT. Davril 1996 à décembre 1998, ce sont au total 17,4 milliards de francs qui ont été ainsi apportés en dotation en capital au GIAT dont 10 milliards de francs pour la seule année 1998. Afin dalléger le traumatisme pour certains bassins demplois entourant les sites de GIAT, la société financière régionale pour lemploi et le développement (SOFRED), créée en 1994, développe lessaimage, les aides aux PMI et PME, la prospection et laccueil de projets dinvestissements français et étrangers. Elle a aussi pour objet la constitution dun portefeuille doffres demplois destinées aux salariés du groupe GIAT Industries, créant ainsi des possibilités de reclassement de proximité. La SOFRED est quelquefois un acteur du développement local. Ainsi, depuis sa création en 1994, 186 millions de francs ont été investis dans 252 projets créateurs demplois et de richesse dans les sept principaux bassins demplois du groupe GIAT Industries. 3.375 emplois ont dores et déjà été créés dans les entreprises aidées. Enfin, dans le cadre de la poursuite des adaptations industrielles de GIAT Industries décidées dans le plan stratégique, le capital de la SOFRED, qui correspond également aux capacités de son fonds dintervention, a été porté cette année à 300 millions de francs. La SOFRED continue de poursuivre lobjectif de créer 4.000 emplois sur lensemble des bassins concernés dici la fin de lannée 2002. EXAMEN EN COMMISSION Dans sa séance du 4 novembre 1999, la commission des Finances, de lÉconomie générale et du Plan a examiné les crédits de la Défense et les articles 40 et 41 rattachés à ce budget. M. Jean-Michel Boucheron, Rapporteur spécial, a tout dabord évoqué la nouvelle procédure de discussion budgétaire et il a estimé que le principe de la priorité du passage en commission des Finances avant la discussion au sein des commissions saisies pour avis permettrait de résoudre les problèmes dorganisation constatés cette année. Abordant le budget de la Défense pour 2000, quil a qualifié de serré, M. Jean-Michel Boucheron a estimé que la France consacrait à sa défense 2,5 % de son PIB, ce qui la mettait dans une position médiane, entre les États-Unis qui y consacrent 3,5 % et la plupart des autres pays européens qui plafonnent à 1,5 %. Il a jugé satisfaisant le titre III qui permet daugmenter de 3,3 % les crédits de fonctionnement, hors rémunérations et charges sociales et à périmètre constant, mais il a relevé quavec 83 milliards de francs en crédits de paiement, les titres V et VI étaient inférieurs à la loi de programmation militaire qui prévoit 90 milliards de francs mais aussi à la revue de programme de 1998 qui avait conclu au chiffre de 86 milliards de francs. Le rapporteur spécial a évoqué le financement des surcoûts des opérations extérieures par des ouvertures de crédit gagées par des annulations de crédits déquipement et il a regretté le volume important de la subvention à la recherche civile qui sélève à 1,5 milliard de francs pour une dépense militaire identifiée de 75 millions de francs. Après sêtre interrogé sur la référence qui serait choisie pour discuter de la prochaine loi de programmation militaire, il sest réjoui de lassainissement des procédures financières du ministère de la Défense, en citant : ù la baisse des intérêts moratoires ; ù le rétablissement du lien entre les autorisations de programme et les crédits de paiement ; ù le recours accru aux commandes globales, qui générera des économies. M. Jean-Michel Boucheron a considéré comme satisfaisant le déroulement de la professionnalisation des armées, malgré quelques sous-effectifs en appelés constatés localement. Abordant les grands programmes darmement, il a estimé quil ny aurait pas dimpasse de financement en 2000, à condition que le ministère mobilise ses stocks dautorisations de programme non engagées et non affectées et quil soit exonéré dannulations en crédits de paiement dans la loi de finances rectificative pour 1999 et dans celle pour 2000. Il a ensuite fait part des réflexions suivantes : ù son scepticisme sur le montant des économies annoncé pour le programme de missile stratégique M51 ; ù la chute des crédits consacrés à lespace en raison des difficultés de la coopération européenne sur ses principaux programmes ; ù les incertitudes sur lindustrialisation de lhélicoptère de transport NH 90 ; ù la nécessité de prendre une décision pour lavion de transport futur qui permettrait de disposer de capacités de projection autonomes et pour lequel Airbus propose une solution, lA400 M, qui sort renforcée de la fusion entre Aérospatiale-Matra et Dasa ; ù le montant structurellement faible des dotations consacrées aux constructions neuves de la Marine, malgré le financement nécessaire de deux frégates Horizon. M. Jean-Michel Boucheron a ensuite évoqué ses inquiétudes relatives dune part aux difficultés croissantes de la coopération européenne en matière de programmes darmement, que les réductions budgétaires en Allemagne ne peuvent quaggraver, et dautre part, à la situation de la Direction des constructions navales, dont lisolement en Europe est particulièrement préoccupant. Il sest déclaré favorable à un changement de statut de cette Direction qui, tout en continuant de garantir la sécurité de lemploi à son personnel, lui permettrait de surmonter la crise actuellement traversée. Le Rapporteur spécial a conclu son propos en affirmant que les Européens devraient dabord définir lobjet et létendue de leur coopération militaire avant den négocier les moyens. Il a ajouté que la France avait tenu son rang lors des opérations militaires au Kosovo et que ce budget, vertueux mais tendu, lui permettra de se maintenir à un niveau déquipement satisfaisant. M. Alain Rodet a souhaité avoir des précisions complémentaires sur les points suivants : ù les dates de croisement des courbes entre les effectifs dappelés et de volontaires ; ù létat de léquipement tactique de larmée de Terre en opération ; ù la nature et le coût du dispositif de dégagement des cadres. M. Jean-Louis Dumont a interrogé le Rapporteur spécial sur les modalités de recrutement des militaires du rang par les différentes armées et le déroulement de la professionnalisation, sur le budget de la Gendarmerie, à laquelle sont particulièrement attachés les élus ruraux. Il a fait part des difficultés de certains jeunes hommes détenteurs dun contrat de travail et appelés à accomplir leur service national. Il a enfin évoqué la possibilité dun repli de larmée professionnalisée sur elle-même et le risque de fracture avec le reste de la société. Après les réponses du Rapporteur spécial, qui a notamment indiqué quà lheure actuelle, il y avait trois candidats pour un poste dans larmée de Terre, ce qui conduisait à des recrutements de personnels parfois surqualifiés, que le pécule perçu au titre du dégagement des cadres pouvait atteindre 45 mois de solde et que larmée de Terre avait besoin dun véhicule de combat dinfanterie doté dun blindage plus performant que lAMX 10.P actuel, la Commission a adopté, sur sa proposition, les crédits de la Défense ainsi que les articles 40 et 41 rattachés à ce budget et vous demande démettre un vote favorable à leur adoption. * * * LAISSER CETTE PAGE SANS NUMEROTATIONArticle 40 Mesures nouvelles Dépenses ordinaires des services militaires Texte du projet de loi : I. Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2000, au titre des mesures nouvelles de dépenses ordinaires des services militaires, des autorisations de programme sélevant à la somme de 1.108.692.000 francs, applicables au titre III « Moyens des armes et services ». II. Pour 2000, les crédits de mesures nouvelles de dépenses ordinaires des services militaires applicables au titre III « Moyens des armes et services » sélèvent au total à la somme de 714.621.745 francs. Exposé des motifs du projet de loi : La comparaison des crédits ouverts en 1999 à ceux prévus pour 2000 au titre des dépenses ordinaires militaires (mesures nouvelles) figure au II de la partie « Analyses et tableaux annexes » du présent projet de loi. Les justifications par chapitre sont présentées dans lannexe « Services votésMesures nouvelles » relative au budget de la défense. Observations et décision de la Commission : Cet article a pour objet, dune part, douvrir les autorisations de programme correspondant aux dépenses dentretien programmé des matériels qui restent imputées au titre III et, dautre part, douvrir les crédits correspondant aux mesures nouvelles des dépenses ordinaires pour 2000. Votre commission des Finances a adopté larticle 40 et vous demande démettre un avis favorable à son adoption. LAISSER CETTE PAGE SANS NUMEROTATIONArticle 41 Mesures nouvelles Dépenses en capital des services militaires Texte du projet de loi : I. Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2000, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des autorisations de programme ainsi réparties :
II. Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1999, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des crédits de paiement ainsi répartis :
Exposé des motifs du projet de loi : La comparaison, par titre, des autorisations de programme et des crédits de paiement prévus pour 2000, au titre des dépenses militaires en capital, avec les autorisations de programme et les crédits de paiement accordés en 1999, figure au II de la partie « Analyses et tableaux annexes » du présent projet de loi. Les justifications détaillées par chapitre sont présentées dans lannexe « Services votés-Mesures nouvelles » relative au budget de la défense. Observations et décision de la Commission : Votre commission des Finances a adopté larticle 41 portant ouverture des autorisations de programme et des crédits de paiement correspondant aux mesures nouvelles des dépenses en capital du budget de la Défense et vous demande démettre un avis favorable à son adoption. LAISSER CETTE PAGE SANS NUMEROTATIONANNEXE 1 LISTE DES PERSONNES ENTENDUES PAR VOTRE RAPPORTEUR · Général Jean-Pierre Kelche, chef détat-major des armées. · Amiral Jean-Luc Delaunay, chef détat-major de la Marine. · Général Jean Rannou, chef détat-major de larmée de lAir. · Général Yves Crène, chef détat-major de larmée de Terre. · M. Bernard Prévost, directeur général de la Gendarmerie nationale. · M. Jean-Yves Helmer, délégué général pour larmement. · M. Jean-François Hébert, secrétaire général pour ladministration. · M. Rodolphe Greif, directeur des constructions navales · M. Jacques Dewatre, directeur général de la sécurité extérieure. · M. Jacques Bouchard, directeur des applications militaires au CEA. · M. Marc Perrin de Brichambaut, directeur de la Délégation aux affaires stratégiques. · M. Yves Michot, président du directoire du groupe Aérospatiale Matra. · M. Patrick Gavin, président dEurocopter. · M. Jacques Loppion, président de GIAT Industries. · M. Jean-Paul Béchat, président de SNECMA. · M. Denis Ranque, président de Thomson CSF. · MM. Charles Edelstenne et Bruno Revellin-Falcoz, vice-présidents de Dassault Aviation. · M. Philippe Camus, directeur-général du directoire du groupe Aérospatiale Matra. ________ ANNEXE 2 TABLEAU DE SITUATION DES PROGRAMMES ET OPÉRATIONS FIGURANT DANS LE RAPPORT ANNEXÉ Cette annexe, publiée dans le rapport imprimé, ne figure pas dans le document mis en ligne pour des raisons techniques. ______________ N°1861-40. - Rapport de M. Jean-Michel Boucheron, au nom de la commission des finances, sur le projet de loi de finances pour 2000. - Défense. - Cliquer ici pour retourner au sommaire général - Cliquez ici pour retourner à la liste des rapports et avis budgétaires - Cliquez ici pour retourner à la liste des discussions budgétaires
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