
ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des AFFAIRES CULTURELLES,
FAMILIALES ET SOCIALES
COMPTE RENDU N° 59
(Application de l'article 46 du Règlement)
Jeudi 4 juin 1998
(Séance de 10 heures)
Présidence de M. Jean Le Garrec, président
SOMMAIRE
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- Examen de la proposition de résolution (n° 905) de M. Alain Barrau sur la proposition de règlement du Conseil (CE) relative au fonds social européen (COM [1998] 131 final du 18 mars 1998/E 1061)
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- Information relative à la commission
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a examiné, sur le rapport de M. Gaëtan Gorce, la proposition de résolution (n° 905) de M. Alain Barrau sur la proposition de règlement (CE) du Conseil relative au fonds social européen (COM [1998] 131 final du 18 mars 1998 / E 1061).
M. Gaëtan Gorce, rapporteur, a indiqué que la proposition de résolution, adoptée par la délégation pour lUnion européenne à linitiative de M. Alain Barrau, accompagnait un rapport dinformation de la délégation, intitulé « Après leuro, lemploi », qui expose les perspectives de mise en uvre des orientations pour une stratégie coordonnée en faveur de lemploi adoptées au sommet européen de Luxembourg les 20 et 21 novembre 1997. Il convient en effet de rappeler que suite à ce sommet, des « lignes directrices » ont été arrêtées par le Conseil le 15 décembre 1997 et des « plans daction pour lemploi » ont été élaborés par chaque Etat membre conformément à ces lignes directrices. Sappuyant sur une proposition de règlement relatif au fonds social européen, la proposition de résolution vise à exprimer la position de lAssemblée nationale française à la veille du sommet de Cardiff des 15 et 16 juin prochains qui examinera les plans nationaux.
La présentation de cette proposition de résolution est importante car elle sinscrit dans le cadre des suites du passage à leuro et notamment les craintes qui peuvent être exprimées sur ses conséquences en matière sociale compte tenu des risques de concurrence accrue entre les Etats membres sous forme de « dumping » fiscal ou social. Ces craintes doivent certes être nuancées puisque lEurope sociale a dores et déjà commencé à se construire grâce à une harmonisation « par le haut ». Par ailleurs, les décisions des sommets dAmsterdam et de Luxembourg montrent que lUnion européenne sest réellement engagée, de manière beaucoup plus volontariste quauparavant, dans la coordination des politiques nationales en faveur de lemploi. Les lignes directrices, qui comportent des objectifs quantifiés, et les plans nationaux sont les instruments de cette coordination puisquils font lobjet dun suivi par la Commission européenne et dun examen par le Conseil. Il convient enfin de souligner la qualité du plan daction français qui met notamment laccent sur la réduction de la durée du travail comme moyen de créer des emplois. Le plan français a dailleurs été reconnu par la Commission comme une sorte de modèle.
Il reste que lEurope sociale doit encore saffirmer, et il convient dêtre très vigilant sur la méthode qui sera désormais employée afin déviter tout nivellement par le bas. Il sera également fondamental daboutir à une articulation entre les objectifs économiques et les objectifs en matière demploi à léchelon communautaire. Cest aussi le sens de la proposition de résolution, quil importe dadopter sans modification dans la mesure où elle prend en compte lensemble des préoccupations qui doivent être portées à la connaissance du Gouvernement dans la perspective du sommet de Cardiff.
Après lexposé du rapporteur, M. Pierre Hellier a estimé que le développement de lEurope sociale était certes nécessaire mais que la résolution se contentait dénumérer un certain nombre de vux pieux qui ne permettaient de régler aucun problème et a indiqué quil sabstiendrait lors du vote.
M. Germain Gengenwin, après avoir estimé souhaitable une harmonisation des réglementations sociales vers le haut, a demandé des précisions sur la réforme des fonds structurels et sest interrogé sur la possibilité détendre aux autres pays de lUnion européenne les « avancées » réalisées par la France concernant les emplois-jeunes et la réduction du temps de travail.
Mme Marie-Thérèse Boisseau, après sêtre déclarée en accord avec certains points de la résolution, sest interrogée sur lutilité réelle de celle-ci et a déclaré quelle sabstiendrait lors du vote.
M. Jean Bardet a également exprimé des doutes sur lutilité de la résolution.
Le rapporteur a estimé que la création des emplois-jeunes et la loi sur la réduction du temps de travail pourront être reprises par les autres Etats membres qui le souhaitent selon des modalités qui leur paraissent le mieux adaptées. En ce qui concerne la réduction du temps de travail, la France pour sa part a estimé quil était nécessaire de recourir à la loi pour inciter à la négociation sur la réduction du temps de travail. Cette approche est également partagée notamment par lItalie et la Grèce. Plus généralement, il faut rappeler que les décisions prises à Amsterdam et Luxembourg avec le soutien du Président de la République ont pour objet de poser les principes visant à favoriser la coordination et la convergence des politiques de lemploi des pays membres de lUnion européenne. Une procédure de suivi et dévaluation est également mise en place afin den assurer leffectivité. Il faut signaler en outre que la Commission pourra désormais adresser des recommandations aux Etats membres. Il sera procédé au sommet de Vienne, à la fin de lannée, à une première évaluation des plans nationaux daction pour lemploi avant la présentation des nouvelles lignes directrices pour 1999. Même si on peut sinterroger sur les suites qui seront données à la résolution, il faut rappeler que celle-ci sinscrit dans le cadre de la procédure qui résulte de la réforme constitutionnelle de 1992 visant à développer lassociation du Parlement aux décisions européennes. Compte tenu du calendrier qui est fixé en ce qui concerne la coordination des politiques européennes de lemploi, dorénavant la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sera probablement périodiquement saisie de résolutions sur ce sujet.
Le président Jean Le Garrec a insisté sur lintérêt de la procédure prévue par larticle 88-4 de la Constitution qui permet au Parlement de faire connaître sa position sur des questions européennes et notamment dadresser au Gouvernement des demandes précises, en loccurrence au point 12 de la présente proposition de résolution. Si celle-ci est adoptée par la commission, elle constituera la position officielle de lAssemblée nationale dont pourra se prévaloir le Gouvernement lors du sommet de Cardiff. Il faut rappeler que les principes posés à Amsterdam et Luxembourg constituent lamorce dun processus appelé dans lavenir à se développer visant à affirmer la dimension sociale de lEurope et à souligner lenjeu majeur que constitue lemploi. Cette nouvelle dimension doit être prise en compte par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales qui sera donc amenée à développer ses contacts avec ses homologues des autres parlements nationaux et du Parlement européen.
La commission a adopté la proposition de résolution sans modification.
Information relative à la commission
La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a nommé Mme Monique Denise, rapporteur sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la partie législative du livre VII (nouveau) du code rural - n° 820.
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