ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des AFFAIRES CULTURELLES,
FAMILIALES ET SOCIALES
COMPTE RENDU N° 67
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 30 septembre 1998
(Séance de 11 heures 30)
Présidence de M. Jean Le Garrec, Président
SOMMAIRE
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Examen, pour avis, des conclusions de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de ladministration générale de la République, sur les propositions de loi de M. Jean-Pierre Michel, visant à créer un contrat dunion civile et sociale (n° 88), de M. Jean-Marc Ayrault, relative au contrat dunion sociale (n° 94) et de M. Georges Hage, relative aux droits des couples non mariés (n° 249) (M. Patrick Bloche)
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a examiné, pour avis, sur le rapport de M. Patrick Bloche, les conclusions de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de ladministration générale de la République, sur les propositions de loi de M. Jean-Pierre Michel, visant à créer un contrat dunion civile et sociale (n° 88), de M. Jean-Marc Ayrault, relative au contrat dunion sociale (n° 94) et de M. Georges Hage, relative aux droits des couples non mariés (n° 249).
M. Jean Le Garrec, président, a rappelé que les textes examinés par la commission des lois provenaient des trois groupes de la majorité et seraient examinés le vendredi 9 octobre dans le cadre de la séance mensuelle réservée à linitiative parlementaire. Le débat, sil se prolonge, pourra continuer le samedi 10 octobre après la fin du texte sur la programmation agricole.
M. Bernard Accoyer ayant souligné que son groupe serait réuni en journée parlementaire le samedi 10 octobre et quune telle organisation de lordre du jour nétait donc pas acceptable, le président Jean Le Garrec sest engagé à signaler ce problème et à informer la commission des suites qui lui seraient données.
Il a ensuite souligné lintérêt du texte relatif au pacte civil de solidarité (PACS) qui crée un droit nouveau en donnant un statut juridique minimal aux couples vivant en concubinage, cest-à-dire à environ cinq millions de personnes. Le texte proposé par la commission des lois ne vise nullement à remettre en cause le droit du mariage et de la famille et ninterfère en rien avec les droits des enfants. Par contre, il illustre parfaitement le principe de neutralité qui doit guider laction législative dun Etat républicain. En effet, celui-ci na pas à porter de jugement sur des choix individuels de vie privée mais doit régulièrement réfléchir et faire le bilan de lévolution de la société afin dadapter le droit positif.
En conclusion, le président Jean Le Garrec a souhaité, quà limage de ce qui sest passé lors de lexamen des différentes propositions de loi par la commission des lois, les débats de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sur ce sujet se déroulent dans un esprit de tolérance et de sérénité.
M. Patrick Bloche, rapporteur, a tout dabord situé historiquement la proposition faite aujourdhui par trois groupes politiques de créer un statut pour les personnes souhaitant voir reconnaître juridiquement leur projet de vie en commun. Au début des années quatre-vingt dix, cette revendication a été portée par des associations homosexuelles qui, confrontées au développement de lépidémie de sida, demandaient que lexistence dun lien de solidarité au sein des couples homosexuels soit reconnue par le droit. Cette démarche pouvait clairement se lire comme un prolongement de la reconnaissance juridique de lhomosexualité opérée durant les années quatre-vingts (consécration du principe de non-discrimination en droit du travail ou du logement notamment).
La première proposition de loi relative au contrat dunion civile a ainsi été déposée en 1992. Deux des dispositions de ce texte (le transfert de la qualité dassuré social et le transfert de droit au bail) ont été reprises dans le cadre dun projet de loi portant diverses mesures dordre social (DMOS) et, si le transfert de droit au bail a été annulé par le Conseil constitutionnel pour des raisons de procédure, le principe du transfert de la qualité dassuré social a, dès cette époque, été inscrit dans le droit positif.
Désormais cependant, la revendication initiée par les associations homosexuelles est reprise par lensemble de la société et concerne tous les couples ayant un projet de vie en commun, ce dont on doit se féliciter.
M. Patrick Bloche, rapporteur, a ensuite rappelé quil y a environ six mois, Mme Catherine Tasca, présidente de la commission des lois, lui a demandé de travailler avec M. Jean-Pierre Michel sur lefficacité et la précision juridiques des dispositifs développés par les différentes propositions de loi, afin de lever toute ambiguïté sur la nature du projet et dapporter une réponse claire à la critique majeure dinstauration dun « faux mariage ». Ce travail de réflexion juridique a également été mené par la Chancellerie, puisque, dès 1997, M. Jacques Toubon avait demandé au professeur Jean Hauser de conduire une réflexion sur les conséquences financières de la séparation des couples, ce qui a notamment abouti à la présentation dun rapport développant la notion de « Pacte dintérêt commun ». Par ailleurs, Mme Irène Théry a été chargée par Mmes Elizabeth Guigou et Martine Aubry de la rédaction dun rapport portant sur les évolutions de la famille et les conséquences à en tirer en droit. Ce document, remis en juin dernier, propose notamment lélargissement de la notion de concubinage à deux personnes du même sexe, ce que ne reconnaît pas, jusquà aujourdhui, la jurisprudence de la Cour de cassation.
Il ne sagit pas dune révolution, sauf peut-être sur le plan juridique. Le PACS a simplement pour objet de traduire dans le droit des évolutions de la société qui prennent en compte la réalité de la vie quotidienne de quatre à cinq millions de nos concitoyens. Suivant ladage que M. Jean-Pierre Michel, rapporteur de la commission des lois, aime à reprendre : « le fait génère le droit ».
Le traitement dun sujet de société comme celui-ci par une proposition de loi contribue à revaloriser limage du Parlement. Les conclusions de la Commission des lois sont laboutissement dun long processus de réflexion mené depuis 1990. Si elles nont pas fait lobjet dun avis du Conseil dEtat, elles ont été précédées dune concertation approfondie avec la direction des affaires civiles et du sceau du ministère de la justice. Il convient par ailleurs dajouter que les rapporteurs de la commission des lois et de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales ont procédé, depuis le début du mois de septembre, à de nombreuses auditions et organisé une table ronde réunissant les associations familiales représentatives membres de lUNAF, ce qui a permis dajuster les dispositions du texte de la proposition de loi.
Refusant toute démarche communautariste contraire au modèle républicain, le texte présenté na pas pour objet de créer un statut spécifique pour les couples homosexuels mais propose un cadre juridique unique applicable à deux partenaires, que ceux-ci soient de même sexe ou de sexe différent et visant à préciser et conforter certaines dispositions sociales applicables aux concubins. Ce faisant, la législation française se mettra en conformité avec le droit communautaire interdisant les discriminations en matière de sexualité. Après ladoption du texte, les couples hétérosexuels disposeront dune liberté de choix entre le mariage, lunion libre ou le pacte civil de solidarité. Il est très probable, parallèlement, que la création du PACS entraînera une évolution de la jurisprudence qui permettra daccorder aux couples homosexuels les mêmes droits que ceux reconnus aux concubins de sexe différent.
Il faut également souligner que la proposition de loi ne touche en aucune manière le droit de la famille et les droits des enfants. Mais le PACS constituant un élément de stabilisation du couple, les relations entre parents et enfants sen trouveront renforcées. Le PACS est donc un moyen de reconnaître un nouveau lien social et dorganiser une solidarité active entre deux personnes.
M. Patrick Bloche, rapporteur, a ensuite rappelé les principales dispositions de la proposition de loi.
Larticle premier introduit le pacte civil de solidarité, qui sadresse aux couples composés de deux personnes physiques, dans le livre premier du Code civil. Lenregistrement du PACS sera effectué en préfecture.
La proposition de loi énumère les devoirs résultant de la conclusion dun PACS : ils consistent en laide mutuelle et matérielle et en la solidarité à légard des biens pour les dettes contractées par lun des partenaires pour les besoins de la vie commune. La gestion des biens communs est assurée dans le cadre du régime de lindivision, les partenaires du PACS ayant toutefois la possibilité de choisir un autre système par un acte notarié. La rupture du PACS peut résulter du mariage, du décès, de la volonté de lun des partenaires ou bien dune décision commune. Le contentieux de la rupture relève du juge civil. En cas de rupture abusive, le partenaire lésé pourra, en application de larticle 1382 du Code civil et dune jurisprudence bien établie concernant le concubinage, se voir attribuer des dommages et intérêts.
Le PACS ouvre droit à limposition commune des revenus des partenaires à compter de limposition des revenus de lannée du troisième anniversaire de lenregistrement du pacte. En matière de droits sur les successions ou les donations, un abattement de 250 000 francs sera effectué, les droits denregistrement sur les 100 000 francs suivants seront imposés au taux de 40 %, et au-delà, au taux de 50 %. Par ailleurs, les dispositions du code du travail relatives au droit aux congés payés sont étendues aux partenaires de PACS. Larticle 17 relatif à la prise en compte du pacte pour lattribution dun titre de séjour ne modifie pas la loi n° 98-349 du 11 mai 1998 relative à lentrée et au séjour des étrangers et au droit dasile mais a simplement pour objet déclairer son application : la conclusion dun pacte constituera simplement un des éléments dappréciation pour lobtention dun titre de séjour. En outre, des dispositions visent à permettre lattribution immédiate de la qualité dayant-droit par lun des partenaires lorsque lautre est assuré social et la continuation du bail.
A la suite de lexposé du rapporteur, plusieurs intervenants se sont exprimés.
M. Bernard Accoyer, tout en reconnaissant une certaine diversité de sensibilités parmi les membres du groupe RPR, a fait part de lopposition de la majorité de son groupe au Pacte civil de solidarité. Plusieurs raisons expliquent cette opposition :
- Etant posée la nécessité du respect absolu du droit de chacun à vivre comme il lentend mais aussi de la protection de la famille, de la femme et des enfants, la proposition de loi, en ce quelle a pour objet essentiel de reconnaître juridiquement le couple homosexuel, touche à léquilibre même de la société.
- De nombreux sujets de législation concernant notamment le domaine social et la lutte contre la précarité sont bien plus prioritaires que ce texte.
- La proposition de loi constitue en fait une remise en cause du mariage qui est un des fondements essentiels de notre société. La volonté de légiférer sur la liberté de chacun à se comporter comme il lentend doit être repoussée.
- Le texte fait lobjet dune présentation falsifiée alors que la proposition de loi a pour objectif premier daccorder un statut au concubinage homosexuel, celle-ci est désormais présentée comme un moyen daméliorer la situation des concubins hétérosexuels.
- La totalité des autorités religieuses et de nombreuses autorités philosophiques et scientifiques incontestables se sont opposées à la proposition de loi et près de 20 000 maires, consultés par pétition, ont dores et déjà refusé lenregistrement des pactes dans les mairies.
- Les conséquences sur les finances publiques et sociales, qui nont pas été évaluées, seront supportées par les couples mariés, les concubins hétérosexuels et les célibataires.
- La protection des plus faibles, cest à dire de la femme et de lenfant, nest pas assurée.
- Les conséquences du PACS en matière de mutation pour les fonctionnaires et de prise de congé dans les entreprises ne sont pas acceptables.
En conclusion, après avoir constaté que les caricatures faites sur les positions des opposants au PACS montraient que lesprit de tolérance nest pas aussi répandu quon le croit, M. Bernard Accoyer a déclaré que si le groupe RPR ne conteste bien évidemment pas le droit à la différence et la liberté de chacun de conduire sa vie comme il lentend, il exprime un avis cependant défavorable à une proposition de loi qui lui apparaît dangereuse pour léquilibre social de la nation.
Le président Jean Le Garrec, après avoir rappelé le droit de chacun à exprimer son opinion, a demandé aux membres de la commission de faire preuve de tolérance les uns envers les autres. Dautre part, afin de laisser à la discussion générale tout le temps nécessaire, la discussion des articles et des amendements est reportée à la prochaine réunion de la commission, jeudi 1er octobre à 15 heures.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin a déclaré faire partie du groupe de parlementaires qui sest intéressé à cette question de société depuis longtemps. Elle a indiqué rechercher si ce nouveau texte était en accord avec ses réflexions tant personnelles que partagées avec dautres sur les évolutions de notre société, et en particulier, sil prenait en compte trois types de publics : les couples hétérosexuels qui ne se sentent pas concernés par le mariage, les couples homosexuels et les couples ne fondant pas leur vie commune sur la sexualité ou la procréation. Elle a ensuite formulé différentes observations :
- Le PACS et le mariage ne doivent pas être confondus ; bien que lenregistrement en mairie ne la choque pas, la préfecture lui semble une solution raisonnable.
- Le PACS doit être ouvert aux frères et surs et aux membres dune même famille afin de satisfaire aux situations du troisième type de public, cela permettrait notamment de créer un nouveau mode de prise en charge des personnes handicapées.
- Le PACS ne remet nullement en cause les droits à ladoption ou à linsémination artificielle qui demeurent des droits liés à lindividu.
- Les droits corrélatifs aux devoirs ouverts par le mariage et par le PACS doivent être nettement délimités.
- Le PACS, en tant que nouvelle structure juridique, est fondé sur un concept global de solidarité de vie, ce que ne sauraient régler des mesures parcellaires répondant à certaines situations de détresse.
- Il convient de réfléchir aux conséquences du PACS, en termes de droits sociaux. Le droit aux avantages vieillesse, même si la demande nest pas illégitime, nest pas opportun au moment où les systèmes de retraite sont en voie dexplosion. Pour ce qui est des prestations familiales, le droit à celles-ci étant centré sur lenfant, le PACS na pas à traiter de ce problème. En revanche, la reconnaissance juridique de certains couples est de nature à diminuer les charges de la branche famille.
- En dernier lieu, si lentrée dans le PACS est bien délimitée, la sortie mériterait dêtre mieux encadrée, par exemple par lintroduction de la notion de préavis en cas de rupture unilatérale du contrat, comme cest le cas dans beaucoup dautres domaines.
Sous réserve de ces observations, Mme Roselyne Bachelot-Narquin sest déclarée favorable à la proposition de loi.
M. Pierre-Christophe Baguet sest interrogé sur la protection du partenaire le plus faible dans un tel type de contrat ainsi que sur les risques dinégalité entre les enfants nés dans le mariage et ceux nés dans le PACS. Par ailleurs, le PACS accroîtra certainement les risques de fraude fiscale et de fraude en matière de séjour des étrangers et daccès à la citoyenneté. Ce texte est donc plus porteur de conflits que de solidarité.
Mme Catherine Génisson a déclaré quelle voterait avec fierté et sérénité la proposition de loi et a affirmé sa volonté dintroduire, parmi les publics bénéficiaires, les couples de personnes ne partageant pas une vie sexuelle ou affective.
M. Bernard Perrut, après avoir rappelé que la déclaration universelle des droits de lhomme de 1948 stipule que la « famille est lélément fondamental de la société » sest opposé à lidée que « le fait génère le droit », en soulignant que, par exemple, si tous les Français se mettaient à rouler à 200 à lheure ou à voler, les règles en matière de limitation de vitesse ou de protection des biens ne devraient pas en être changées pour autant. Il est vrai que la vie affective et privée de chacun doit être respectée mais le PACS crée dans le code civil un sous-mariage et tend à ériger un nouveau modèle de couple. Le professeur Hauser, cité par le rapporteur, a dailleurs déclaré dans la presse sa préférence pour un contrat de droit privé et non un contrat public et officiel. Enfin, le PACS recèle trois inconvénients majeurs :
- les fichiers de contractants tenus à la préfecture pourraient représenter une atteinte à la liberté individuelle ;
- les enfants sont les principales victimes de ce contrat ;
- des risques de fraude existent (fraude fiscale ou de fonctionnaires souhaitant accélérer une mutation).
Mme Christine Boutin a indiqué que son groupe avait adopté une position de principe contre ce texte mais quil laissait la liberté de vote à ses membres. Cette opposition est justifiée par le fait que lEtat se doit de protéger le plus faible, à savoir lenfant dans le cadre de la famille. On ne peut pas justifier le PACS par la neutralité de lEtat républicain car lEtat nest jamais neutre même lorsquil décide de lêtre. En fait, le PACS est une nouvelle attaque de la majorité actuelle contre la famille.
Mme Dominique Gillot a considéré quil nétait plus possible de parler de la famille uniquement sur une base patrimoniale. Les familles non-mariées sont de fait de plus en plus nombreuses. Il a été reconnu, lors de la conférence nationale sur la famille en juin dernier, que cétait lenfant qui était à la base de la famille. Or le PACS ne concerne pas lenfant. Il vise uniquement à apporter des réponses concrètes à des situations dexclusion de droit commun.
Adapter le droit à lévolution des murs au moyen du PACS ne remet en cause ni le mariage ni lunion libre. Il sagit dorganiser une solidarité réciproque sur la base dun projet de vie commune inscrit dans la durée, sans poser le problème de la filiation. Chacun conserve donc sa liberté de vie individuelle et peut choisir entre mariage, union libre ou PACS. A cet égard, la proposition de Mme Roselyne Bachelot-Narquin visant à nécarter personne du bénéfice possible du PACS doit être soutenue. Il serait également souhaitable que la mairie, qui est le lieu identifié par tous pour lexercice de la vie citoyenne, soit le lieu denregistrement administratif du PACS.
M. Noël Mamère a affirmé quil était du devoir de lEtat dadapter le droit à lévolution de la société. Il faut bien reconnaître que le mariage nest plus aujourdhui le seul garant de la famille. Aucune autorité, même religieuse nest par ailleurs incontestable en démocratie et on doit sinscrire en faux contre la prétendue pétition des maires mentionnée par M. Bernard Accoyer car celle-ci sappuyait sur des informations parfaitement erronées.
La proposition de Mme Roselyne Bachelot-Narquin visant à élargir le PACS aux personnes seules ayant des liens de solidarité entre elles, les frères et surs par exemple, est une bonne initiative qui doit être soutenue car elle apportera notamment un élément de cohésion sociale dans le monde rural. Les députés verts souhaitent que le choix soit possible, pour lenregistrement du PACS, entre la préfecture et la mairie. Ils sont également favorables à la suppression des délais nécessaires pour bénéficier dune imposition commune adoptés par la commission des lois.
M. Gérard Lindeperg a précisé que la question qui avait été posée aux maires sur le mariage des homosexuels navait rigoureusement rien à voir avec le texte du PACS discuté au Parlement. Il sagit uniquement dune caricature grossière et dune opération de désinformation comme il y en eut sur dautres textes de société comme la contraception ou linterruption volontaire de grossesse. Il ne faut pas perdre de vue la perspective historique qui souvre au législateur aujourdhui de prendre ses responsabilités au vu des évolutions de la société. Le débat doit donc être à la hauteur de lenjeu. Concernant le problème de lenregistrement du PACS, le choix de la préfecture permet déviter tout fantasme fondé sur de telles ambiguïtés et donc davoir un véritable débat de fond.
M. Jean-Claude Boulard a évoqué la mémoire de Jean-Louis Bory, professeur à Henri IV, qui lui avait indiqué, il y a déjà de cela vingt ans, combien il était très difficile à des personnes de milieux sociaux défavorisés dexercer leur liberté individuelle et dassumer leur choix de vie différent de ceux de la majorité. Le PACS permet de répondre à ses attentes.
M. Patrick Bloche, rapporteur pour avis, a ensuite apporté aux différents orateurs les réponses suivantes :
- Affirmer que le pacte civil de solidarité ne concernerait que les homosexuels est une erreur dans la mesure où il est expressément prévu quil peut être conclu entre deux personnes physiques, quel que soit leur sexe. La société sest bien appropriée une revendication dassociations homosexuelles. Beaucoup de couples hétérosexuels sont, en effet, à la recherche dun cadre juridique nouveau qui contribue à stabiliser leur relation et dont pourront profiter leurs enfants. Selon le professeur Hauser les couples qui souscriront un PACS acquerront les notions de droits et dobligations qui échappent trop souvent aux couples mariés, malgré la lecture des articles 212 à 214 du code civil par le maire au cours de la cérémonie du mariage.
- Il est clair que la mise en place du PACS pourra globalement avoir pour conséquence une diminution de recettes fiscales. En revanche il nen sera pas de même pour les dépenses sociales puisque certaines allocations attribuées sous condition de ressources, voire disolement, pourront ne plus être versées.
- On ne peut pas ramener la protection du plus faible à celle de la femme ou des enfants. Les évolutions actuelles du monde professionnel et de la société montrent que cette question est autrement plus complexe.
- Le PACS ne traite pas du statut des enfants mais de celui du couple. Il naborde donc ni les questions de filiation ni de lexercice de lautorité parentale, qui est un aspect essentiel de notre vie sociale, Ce sujet cependant, qui peut être rapproché des phénomènes dexclusion et des cas de déshérence familiale mériterait dêtre examiné dans un cadre législatif approprié.
- Les mairies semblaient être naturellement linstance privilégiée denregistrement du PACS, ne serait-ce que parce quelles peuvent exercer un contrôle efficace. Toutefois, il apparaît souhaitable déviter que cette question ne devienne un éventuel enjeu de campagne électorale. En outre, les conséquences de la campagne auprès des maires font redouter le risque déventuelles discriminations à légard des couples homosexuels.
- Pour ce qui concerne les fichiers, la proposition de loi prévoit que la CNIL sera consultée à leur sujet afin que les libertés individuelles soient totalement respectées.
Rendant hommage à Mme Roselyne Bachelot-Narquin pour son engagement personnel sur la proposition de loi, le rapporteur pour avis a ensuite indiqué que lextension du PACS aux fratries mérite réflexion. La proposition de loi déposée par M. Jean-Pierre Michel prévoyait dailleurs den faire bénéficier les collatéraux. Sagissant de lencadrement du droit de rupture unilatérale, cest un sujet auquel il convient de réfléchir afin de ne pas entrer en contradiction avec le droit des contrats, qui privilégie la liberté des parties.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin a précisé quil nétait pas question de maintenir le contrat mais, dans le but de protéger le cocontractant qui na pas souhaité la rupture, déviter de mettre brutalement fin au soutien dont il bénéficiait, en prolongeant, pendant une durée limitée, les obligations liées au PACS.
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