
ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des AFFAIRES CULTURELLES,
FAMILIALES ET SOCIALES
COMPTE RENDU N° 23
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 25 novembre 1998
(Séance de 10 heures )
Présidence de M. Jean Le Garrec, président
SOMMAIRE
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Examen de la proposition de résolution de M. Claude Goasguen, visant à créer une commission denquête sur les modalités de gestion des personnels enseignants de lenseignement secondaire - n° 1140 (M. Yves Durand, rapporteur)
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Examen de la proposition de résolution de M. Alain Barrau sur la proposition de lignes directrices pour les politiques de lemploi des Etats membres pour 1999 [COM (1998) 574 final/E 1171] - n° 1184 (M. Gaëtan Gorce, rapporteur)
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a examiné, sur le rapport de M. Yves Durand, la proposition de résolution de M. Claude Goasguen visant à créer une commission denquête sur les modalités de gestion des personnels enseignants de lenseignement secondaire - n° 1140.
M. Yves Durand, rapporteur, a tout dabord rappelé que, selon les auteurs de la proposition de résolution, la création dune commission denquête serait justifiée par le caractère « particulièrement obscur » de la situation des personnels enseignants dans les collèges et lycées et de leur gestion par le ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie. Le Parlement ne connaîtrait pas, au-delà des lignes budgétaires demplois, la répartition réelle des postes denseignants. Leurs affectations et mutations, ainsi que leurs éventuelles mises à disposition, seraient « laissées à la libre appréciation de ladministration » et « cogérées par un syndicat ».
La recevabilité de cette proposition de résolution doit être examinée au travers de deux critères. Le premier, qui est relatif à la définition précise, soit des faits qui donnent lieu à enquête, soit des services publics ou des entreprises nationales dont la commission doit examiner la gestion, est satisfait puisque la proposition de résolution vise à étudier les modes de gestion de certains personnels enseignants participant au service public de léducation. Le second, plus substantiel, qui concerne la mise en uvre du principe de séparation des pouvoirs législatif et judiciaire et interdit à lAssemblée nationale denquêter sur des faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires, est également rempli puisque la commission denquête envisagée vise à examiner la gestion dun service public et non à enquêter sur certains faits, dailleurs peu susceptibles de caractériser une infraction pénale comme la confirmé le Garde des Sceaux.
Si la proposition de résolution est parfaitement recevable, elle ne paraît cependant pas opportune, et ce pour plusieurs raisons de fond.
Il est dabord tout à fait inexact de prétendre que les effectifs denseignants du second degré ne sont pas connus précisément. Ainsi, la direction de la programmation et du développement du ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie publie chaque année une présentation détaillée des personnels enseignants, en distinguant notamment par académie, par type détablissement, par corps et par discipline. Les parlementaires peuvent donc prendre aisément connaissance des données chiffrées en la matière.
Sagissant des mises à disposition, 947,5 personnels en équivalent-temps plein (ETP) sont mis à disposition par ladministration centrale du ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie en 1998. Dans certains cas, les ETP font lobjet dun remboursement budgétaire et ne sanalysent donc pas comme des aides. Il sagit pour lessentiel de personnels mis à disposition de certaines collectivités territoriales et de mutuelles (MGEN, MAIF, CAMIF). La plupart des mises à disposition, qui ne font pas lobjet de remboursement, correspondent à des aides accordées par le ministère, soit aux associations complémentaires de lenseignement public agréées conformément aux textes en vigueur, soit à dautres administrations, soit enfin à des organismes divers présentant un intérêt pour lenseignement ou la recherche. On peut citer par exemple les cas de la fondation Charles-de-Gaulle, de lassociation Georges-Pompidou ou du groupe permanent de lutte contre lillettrisme.
Par ailleurs, le ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie applique de façon stricte les dispositions du décret n° 82-447 du 28 mai 1982 régissant les décharges dactivités de service pour lexercice dun mandat syndical. En aucun cas, les mises à disposition et les décharges syndicales ne représentent des emplois fictifs. Il faut, en outre, insister sur le fait quaucune mise à disposition na été effectuée au profit dun parti politique.
Il existe toutefois un certain nombre de dysfonctionnements dordre administratif au sein du système éducatif, dailleurs révélés par le mouvement lycéen doctobre 1998, et mis en avant par le ministre lui-même. M. Claude Allègre a en effet décidé dagir résolument afin de moderniser ladministration de son ministère et daméliorer la gestion des ressources humaines. Son action tranche avec limmobilisme dont a fait preuve son prédécesseur et qui na pas été sans aggraver la situation.
En ce qui concerne le mouvement national des enseignants du second degré, tous les acteurs conviennent que le système actuel est trop lourd. Deux décrets du 13 octobre 1998 (n° 98-915 et n° 98-916) ont concrétisé la volonté du ministre de poursuivre, à la rentrée scolaire 1999, la déconcentration du mouvement des personnels enseignants du second degré et des personnels dinformation, dorientation et déducation. Ces mesures sinsèrent dans un vaste processus de déconcentration des responsabilités au sein du système éducatif, concernant lensemble du domaine des ressources humaines. Elles participent indubitablement à la modernisation du service public de léducation.
Deux remarques importantes de procédure doivent enfin être faites.
Il faut relever que le Sénat a déjà décidé, le 5 décembre 1998, la création dune commission denquête sur lensemble des personnels enseignants et non enseignants du ministère de léducation nationale, à lexception de lenseignement supérieur. Il ne semble donc pas adéquat den créer une seconde sur un sujet quasiment identique à lAssemblée nationale. Il nexiste quun seul précédent de situation dans laquelle deux commissions denquête portant sur un sujet semblable ont mené leurs travaux dans le même temps au sein des deux assemblées : il sagit des commissions denquête qui firent suite aux événements étudiants de novembre et décembre 1986. En tout état de cause, chaque assemblée est autonome dans son fonctionnement et libre de sa propre appréciation de la manière de traiter un sujet.
En réalité, une commission denquête ne paraît pas être linstance appropriée pour remplir une mission de contrôle de la gestion des personnels enseignants du second degré. En effet, il sagit dinformer les députés sur lutilisation des crédits quils ont votés en faveur de la politique éducative de la France, et non de jeter la suspicion sur un ensemble de personnels dévoués à leur tâche. Enquêter sur la gestion des enseignants du second degré reviendrait à mettre en doute, soit la réalité de lutilisation des créations demploi sur le terrain, soit le travail devant les élèves des enseignants eux-mêmes. En revanche, il ne fait aucun doute que les services du ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie connaissent précisément les affectations réelles des personnels enseignants et les problèmes de gestion qui se posent. Il serait tout à fait opportun que le Parlement prenne connaissance de ces éléments dinformation.
Cette mission relève pleinement du contrôle budgétaire et ne nécessite pas lutilisation de moyens denquête particuliers, tels que ceux qui sont dévolus à une commission denquête. Cest ce qui ressort de lanalyse du dernier alinéa du IV de larticle 164 de lordonnance n° 58-1374 du 30 décembre 1958 portant loi de finances pour 1959 ainsi que de larticle 146 du Règlement de lAssemblée nationale. Le rapporteur spécial des crédits de léducation nationale pour la commission des finances, de léconomie générale et du plan est donc parfaitement habilité à obtenir communication de toute information relative notamment à la répartition des moyens en personnel enseignant, par académie et par discipline. Sa mission sinscrit, par ailleurs, dans le cadre de lannualité budgétaire et nest pas limitée par le délai de six mois imparti aux commissions denquête.
En conclusion, le rapporteur a demandé à la commission de rejeter la proposition de résolution.
Après lexposé du rapporteur, M. Claude Goasguen a indiqué que la création dune commission denquête sur ce thème répondait aux inquiétudes exprimées publiquement par le ministre de léducation nationale, de la recherche et de la technologie, M. Claude Allègre lui-même. Ce dernier a en effet tenu des propos alarmistes qui ne pouvaient quinciter à la fois lopinion publique et les parlementaires à demander que toute la lumière soit faite sur un certain nombre de dysfonctionnements apparus dans la gestion du corps enseignant. Cette commission denquête naurait nullement pour objet de mettre en doute les compétences ou les comportements des enseignants. Dailleurs, les réformes nécessaires dans léducation nationale ne pourront se faire sans les enseignants eux-mêmes, qui ne sont pas en cause. A cet égard, le terme de « commission denquête », qui peut donner le sentiment que des suspicions existent, nest sans doute guère approprié.
Il nen reste pas moins vrai que les chiffres sur les emplois effectifs, les mutations, affectations et mises à disposition restent difficiles à obtenir, y compris par le ministre qui sest publiquement plaint de cette carence dinformations précises. On observe en effet une surabondance de chiffres globaux, fournis a posteriori par la direction de la programmation et du développement, et une absence quasi totale de données très précises sur la gestion effective des personnels.
Sagissant des mises à disposition syndicales, elles sont de droit ; il nest nullement dans lintention des auteurs de la proposition de la résolution de remettre ce droit en question. A ce sujet, le ministre nhésite pas, pour sa part, à citer nommément un syndicat denseignants, voire son responsable, lorsquil conteste les modalités de gestion de certaines affectations de professeurs. En revanche, il faut sinterroger sur la pratique qui consiste à mettre des professeurs à la disposition dassociations, et plus généralement sur le problème des enseignants qui nenseignent pas. Le chiffre de 1 200 enseignants dans ce dernier cas est ainsi avancé pour lacadémie de Paris. Les informations contenues chaque année dans le fascicule budgétaire ne permettent pas davoir une vision exacte de la situation. Il convient de gérer de façon plus précise le stock de personnels qui, pour une raison ou une autre, nexercent plus une activité denseignement.
En définitive, la proposition de résolution sinscrit dans le sens de la volonté du ministre de léducation nationale, de la recherche et de la technologie dopérer des réformes dans la gestion des personnels enseignants de lenseignement secondaire.
Le président Jean Le Garrec a constaté trois points daccord entre le rapporteur et M. Claude Goasguen : la volonté de soutenir dans son action de réforme le ministre de léducation nationale, de la recherche et de la technologie, le souhait de voir le plus grand nombre denseignants enseigner et la nécessité davoir une information suffisante et fiable. En revanche, le recours à une commission denquête ne semble pas approprié dans la mesure où il sagit dune méthode dinvestigation beaucoup trop lourde. De surcroît, trois commissions denquête devraient être bientôt créées par lAssemblée nationale, sur le service dordre dun parti politique, les pratiques des groupes industriels et le régime étudiant de sécurité sociale.
Cest pourquoi la méthode du rapport dinformation est plus adéquate. Ce rapport, qui pourrait être établi par M. Jacques Guyard, rapporteur spécial des crédits de léducation nationale pour la commission des finances en liaison avec M. Yves Durand, traiterait de la gestion des effectifs et du problème particulier de la déconcentration du mouvement des enseignants. Si M. Jacques Guyard en était daccord, il pourrait être publié au deuxième trimestre 1999, après examen par la commission des finances et par la commission des affaires culturelles.
M. Jacques Guyard, après avoir souligné que le principal facteur dopacité dans la gestion des effectifs de léducation nationale avait dores et déjà disparu avec la décision prise par M. Claude Allègre de titulariser les maîtres-auxiliaires, a donné son accord pour établir un rapport fournissant la répartition des moyens en personnel enseignant du second degré par académie, discipline, corps et type détablissement. Toutefois, une présentation du nombre denseignants par établissement est encore impossible en raison de lexistence de nombreux postes à cheval sur plusieurs établissements. Par ailleurs, il est faux de dire que les 1 200 postes vacants à Paris correspondent à des enseignants capables denseigner mais payés à ne rien faire, un certain nombre de ces postes étant inoccupés pour des raisons médicales.
M. André Schneider a observé que la volonté dobtenir une information suffisante en ce qui concerne la gestion des enseignants ne répondait pas à un souci de suspicion mais bien plutôt à un souci defficacité. Cet état des lieux des effectifs est dautant plus nécessaire que des années difficiles en terme de gestion prévisionnelle sont à venir, en raison des départs massifs à la retraite après 2003.
M. René Couanau a précisé que la commission des affaires culturelles, familiales et sociales ne pouvait se borner à un état des lieux mais devait sintéresser à la mise en place dune gestion déconcentrée au niveau régional de léducation nationale. La gestion des personnels enseignants nest pas seulement un problème financier mais aussi un problème déducation qui concerne au premier chef la commission. Par contre, la création dune commission denquête sur ce sujet ne semble pas très appropriée.
Mme Marie-Thérèse Boisseau a insisté sur la nécessité dune information fiable sur la gestion des enseignants. A défaut de commission denquête, la mise en place dune mission dinformation de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales serait par contre judicieuse pour garantir la transparence et le pluralisme de linformation.
MM. Pierre Hellier et Edouard Landrain ont soutenu la demande de création dune mission dinformation faite par Mme Marie-Thérèse Boisseau.
M. Jean Delobel a fait observer quune réflexion était indispensable sur la réorganisation générale de lenseignement scolaire, dans la perspective de la fin du moratoire sur la fermeture des classes, et que ce travail devait se faire en liaison avec le ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Claude Goasguen, après avoir constaté que les problèmes scolaires pouvaient désormais être abordés en des termes non conflictuels, a rappelé sa préférence pour une commission denquête. Le fait de ne pas connaître le nombre denseignants par établissement et de ne pas pouvoir disposer dun état récapitulatif exhaustif des effectifs est une situation aberrante. La mise en place de la déconcentration du système éducatif, qui est une impérieuse nécessité, doit pouvoir sappuyer sur des données fiables. Cependant, si le choix de la commission denquête nétait pas retenu, il faudrait tenir compte de la proposition très pertinente de Mme Marie-Thérèse Boisseau de mettre en place une mission dinformation à caractère pluraliste.
M. Yves Durand, rapporteur, après sêtre félicité quun accord général se soit dégagé contre toute suspicion portant sur les enseignants eux-mêmes et sur la politique de déconcentration engagée par le ministre, a fait remarquer que les pouvoirs dinvestigation des rapporteurs budgétaires sont identiques à ceux dune commission denquête et donc plus importants que ceux dune mission dinformation. La pluralité sera garantie par lexamen du rapport et des informations recueillies lors dun débat en commission des finances et en commission des affaires culturelles.
Le président Jean Le Garrec a considéré que la création dune commission denquête nétait pas opportune. Quant à la demande de création dune mission dinformation, elle sera examinée par le bureau de la commission, compte tenu de la charge de travail de la commission.
Puis, conformément aux conclusions du rapporteur, la commission a rejeté la proposition de résolution.
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a ensuite examiné, sur le rapport de M. Gaëtan Gorce, la proposition de résolution de M. Alain Barrau sur la proposition de lignes directrices pour les politiques de lemploi des Etats membres pour 1999 - n° 1184.
Le rapporteur a dabord rappelé le contexte communautaire dans lequel intervient cette proposition de résolution.
Les décisions prises lors des Conseils européens dAmsterdam, en juin 1997, et de Luxembourg, en novembre de la même année, ont fait de la politique de lemploi une des composantes des politiques communautaires.
Larticle 2 du traité sur lUnion européenne, dans sa nouvelle rédaction, a placé lemploi parmi les objectifs de lUnion. Le nouveau titre VIII de ce traité fixe, pour sa part, les modalités dune stratégie coordonnée de lemploi entre lensemble des Etats membres. Cette stratégie coordonnée repose sur la définition et la mise en uvre de plans nationaux dactions pour lemploi qui doivent sinspirer des lignes directrices adoptées par le Conseil, sur proposition de la Commission, et font lobjet dun rapport annuel conjoint du Conseil et de la Commission.
Dix-neuf lignes directrices ont été adoptées à la fin de lannée 1997 auxquelles ont répondu les plans nationaux pour lemploi présentés au Conseil européen de Cardiff au printemps dernier. A cette occasion, la délégation pour lUnion européenne avait présenté une première proposition de résolution qui avait été adoptée par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales avant de devenir définitive.
Il faut souligner la qualité de la démarche engagée et la rapidité avec laquelle elle a été mise en uvre. La France est en effet très largement à lorigine de cette procédure qui vise à concilier la compétence nationale en matière demploi et la responsabilité communautaire. Il aurait été, en effet, dommageable que lUnion européenne progresse dans tous les domaines sauf dans celui qui préoccupe au premier chef nos concitoyens, à savoir lemploi. La rapidité avec laquelle cette stratégie coordonnée pour lemploi a été mise en place doit être aussi, pour une large part, mise au crédit de la France.
Il apparaît désormais clairement que se met rapidement en place une démarche originale et prometteuse en matière demploi à léchelon communautaire.
Dès le Conseil européen de Luxembourg, il a été en effet décidé dappliquer, par anticipation sur la ratification du traité dAmsterdam, les nouvelles dispositions relatives à la coordination des politiques de lemploi. Dès la fin de 1997, les premières lignes directrices ont été adoptées, le Conseil de Cardiff a été saisi en juin 1998 des plans nationaux daction et une première analyse de ces plans sera effectuée lors du sommet de Vienne.
Cela témoigne que les instances de lUnion, comme les Etats membres, se sont appropriés le nouveau dispositif et ont montré quils y attachaient une réelle importance. Cette attitude positive trouve sa concrétisation dans lampleur des efforts déployés par chacun dentre eux. Là encore, la démarche exemplaire de la France doit être rappelée, le plan national présenté par le Gouvernement ayant été cité en exemple, tant pour son contenu que pour lampleur des moyens financiers qui lui sont consacrés.
Le contenu de ce plan est bien connu, en particulier des membres de la commission qui ont eu loccasion de débattre à plusieurs reprises de certaines dispositions qui en découlent lors de lexamen de nombreux projets de loi et pendant la discussion budgétaire.
La présente proposition de résolution de la délégation pour lUnion européenne porte sur la proposition dactualisation des lignes directrices adoptées lan dernier. En effet, la Commission, qui souhaite inscrire la politique européenne de lemploi dans une perspective pluriannuelle, maintient dans sa proposition de lignes directrices pour 1999 les quatre grands axes des lignes directrices :
- lamélioration de la capacité dinsertion professionnelle ;
- le développement de lesprit dentreprise ;
- le renforcement de la capacité dadaptation des travailleurs et des entreprises ;
- légalité des chances.
La proposition de la Commission pour 1999 porte le nombre des lignes directrices de dix-neuf à vingt, apporte quelques modifications et compléments à certaines dentre elles et évoque lutilisation dautres instruments dintervention au service de lemploi tel que le Fonds social européen.
Lexamen de la proposition de lignes directrices pour 1999 par la délégation pour lUnion européenne a fait lobjet de la publication dun rapport « Pour lemploi » de M. Alain Barrau et de ladoption dune proposition de résolution suggérant plusieurs modifications dont voici les deux principales :
- la première porte sur le rétablissement de la ligne directrice 12 relative à la baisse de la TVA sur les services à fort contenu de main-duvre et non exposés à la concurrence transfrontalière. Considérant lintérêt que porte lAssemblée nationale à ce sujet, qui a dailleurs fait lobjet de nombreuses initiatives dans le cadre de la discussion de la loi de finances pour 1999, il est regrettable que cette recommandation ait été supprimée ;
- la deuxième concerne lextension du système dobjectifs quantifiés à de nouvelles lignes directrices. Ceux-ci sont en effet encore trop souvent lexception. Ils concernent aujourdhui uniquement le nouveau départ pour les jeunes et les chômeurs de longue durée et la formation des chômeurs alors quils constituent les références de base à partir desquelles pourront être mis en place de véritables critères de convergence en matière demploi, comparables à ceux utilisés en matières budgétaire et financière. Il convient donc de soutenir la demande de la délégation pour lUnion européenne visant à étendre lapplication du principe de la fixation dobjectifs quantifiés à dautres domaines : le développement de lapprentissage tout au long de la vie (ligne directrice 6) ; laccès des personnes handicapées au marché du travail (ligne directrice 9) ; la réduction des charges pesant sur les entreprises et sur le travail (lignes directrices 10 et 14) ; le développement des emplois dans les services (ligne directrice 12).
A cet égard, il est indispensable que des indicateurs homogènes soient rapidement établis de manière à permettre des comparaisons fiables des performances des Etats membres. La France pourrait par ailleurs donner lexemple en procédant à une évaluation précise de lapplication de ses plans annuels daction pour lemploi.
Au cours des derniers mois, lemploi a progressé dans lensemble de lUnion européenne et près de 800 000 emplois nouveaux ont été créés. Cette évolution saccompagne de lexpression dune volonté nouvelle des Gouvernements de faire de lUnion européenne un vecteur de croissance.
Les changements de gouvernement intervenus au cours des dix-huit derniers mois sont à lévidence à lorigine de cette nouvelle orientation dont le sommet de Pörtschach a été lillustration. Non seulement le pacte de stabilité ne constitue plus désormais, de laveu même des chefs de gouvernement, un horizon indépassable, mais ces mêmes chefs de gouvernement sont tombés daccord pour discuter dinitiatives concrètes, sans tabou ni a priori idéologique, notamment en matière de dépenses publiques.
A cet égard, le point 4 de la proposition de résolution de la délégation pour lUnion européenne concernant le lancement dun grand emprunt européen qui permettrait daider à la réalisation des grands chantiers promis depuis le livre blanc présenté par Jacques Delors mérite dêtre soutenu.
Sans doute serait-il également souhaitable de favoriser, en parallèle à la coordination des politiques de lemploi, une véritable coordination des politiques sociales que la mise en uvre de lEuro va rendre de plus en plus indispensable. A cet égard, la stratégie coordonnée en matière demploi constitue une méthode de travail dont on pourrait utilement sinspirer pour approfondir la réflexion sur ce thème sur lequel lAssemblée nationale aura sans doute à revenir.
En conclusion de son exposé, le rapporteur a donné un avis favorable à ladoption de la proposition de résolution.
M. Jean-Paul Durieux a souhaité que lUnion européenne, au-delà des mesures nécessaires de lutte contre le chômage des jeunes quelle préconise, sintéresse davantage au problème du travail des enfants dans les Etats membres.
Le président Jean Le Garrec a estimé souhaitable que la commission se saisisse du problème de plus en plus préoccupant du travail des enfants dans les pays membres de lUnion européenne, et en particulier en France.
Le rapporteur ayant indiqué que les lignes directrices avaient avant tout pour objet de favoriser lemploi, a considéré quil était effectivement nécessaire de faire le point sur la réglementation communautaire concernant le travail des enfants.
La commission a examiné un amendement de M. Jean Le Garrec visant à supprimer le point 6 de la proposition de résolution, suggérant au Gouvernement de tirer profit de la relance du dispositif dévaluation des politiques publiques pour évaluer lapplication du plan national daction français pour lemploi
Le président Jean Le Garrec a estimé que la suggestion formulée dans le point 6 de la proposition de résolution sortait du champ de compétences de la délégation pour lUnion européenne et ne pouvait figurer dans le dispositif de la résolution et a proposé au rapporteur den reprendre lidée dans lintroduction du rapport écrit.
Le rapporteur a accepté cette proposition.
La commission a adopté lamendement. Le point 6 a donc été supprimé.
Puis, la commission a adopté la proposition de résolution ainsi modifiée.
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