ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des AFFAIRES CULTURELLES,
FAMILIALES ET SOCIALES
COMPTE RENDU N° 45
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 7 avril 1999
(Séance de 9 heures 30)
Présidence de M. Jean Le Garrec, président
puis de M. Jean-Paul Durieux, vice-président
SOMMAIRE
|
pages
|
Examen du rapport dinformation de M. Yves Durand, rapporteur pour avis des crédits de lenseignement scolaire, sur la gestion des personnels enseignants du second degré (rapport présenté en commun avec M. Jacques Guyard, rapporteur spécial, au nom de la commission des finances, de léconomie générale et du plan, des crédits de léducation nationale).
|
2
|
Suite de lexamen du projet de loi portant création dune couverture maladie universelle n° 1419 : examen des articles des titres préliminaire, I à III et V (M. Jean-Claude Boulard, rapporteur).
|
8
|
Informations relatives à la commission
|
19
|
La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a examiné le rapport dinformation de M. Yves Durand, présenté en commun avec M. Jacques Guyard pour la commission des finances, de léconomie générale et du plan, sur la gestion des personnels enseignants du second degré.
Après avoir indiqué quil avait rédigé ce rapport conjointement avec M. Jacques Guyard, rapporteur spécial de la commission des finances, de léconomie générale et du plan sur les crédits de léducation nationale, M. Yves Durand, rapporteur pour avis des crédits de lenseignement scolaire, a rappelé que ce rapport dinformation a été décidé à la suite du rejet par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, le 25 novembre 1998, dune proposition de résolution de M. Claude Goasguen tendant à la création dune commission denquête sur la gestion des personnels enseignants du second degré. A la différence de la commission denquête créée par le Sénat sur le même sujet, la méthode de la mission dinformation a permis de faire rapidement mais de manière précise le point sur la situation et la gestion de ces 386 000 personnels en équivalents temps plein (ETP), prenant en charge un million et demi délèves. Outre des entretiens avec les équipes responsables au niveau de ladministration centrale du ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie, la mission a pu apprécier la réalité de la situation en se rendant dans les académies de Paris, Versailles et Lille.
La gestion administrative et financière des personnels enseignants du ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie est par nature complexe, compte tenu de la distinction existant entre les postes budgétaires affectés par académies et les professeurs recrutés au niveau national par concours. Il faut également tenir compte du contexte général de rigueur budgétaire, de la multiplicité de corps et de statuts particuliers existants, ainsi que du grand nombre de filières et doptions enseignées.
Depuis trois ans, lévolution à la baisse de la démographie scolaire a introduit un changement majeur, et dailleurs incomplètement perçu, par rapport à une période où, pendant quarante ans, toute la structure administrative du ministère de léducation nationale avait fondé ses décisions sur laugmentation ininterrompue des effectifs liée à la croissance démographique puis à la démocratisation de lenseignement. Cette inversion de tendance rend caduque la pratique antérieure qui conduisait à prévoir, pour une année donnée, des moyens excédentaires parce quon était sûr de leur insuffisance lannée suivante. La baisse des effectifs se poursuivra encore pendant quelques années, à un rythme moins soutenu, avant une période de stabilisation dune dizaine dannées, et cette conjoncture oblige ladministration de léducation nationale à passer dune logique de flux à une logique de stock et à pratiquer une gestion pluriannuelle attentive aux mouvements de départ à la retraite, aux conséquences des évolutions pédagogiques et à la demande sociale.
La mise en place du mouvement national déconcentré des enseignants doit permettre de mettre un terme à la lourdeur de la gestion de 110 000 demandes de mutation et la réalisation de 50 000 mutations, dont plus de la moitié à lintérieur de chaque académie. Il faut également noter que, dans de nombreuses académies, lhabitude était prise dorganiser un second mouvement interne concernant parfois jusquau tiers des postes, au moyen des délégations rectorales. Ce système, sil apportait une souplesse plus grande dans la gestion des personnels, nen favorisait pas toujours la lisibilité car il était loin dêtre transparent.
En ce qui concerne le problème des remplacements, il faut préciser que le délai moyen au bout duquel intervient le remplacement est actuellement de quinze jours mais que les variations des absences, entre disciplines et entre académies, sont importantes. On doit regretter que la gestion des remplacements demeure au niveau du rectorat alors que, dans lenseignement privé, elle est du ressort du chef détablissement. Cela pose problème compte tenu de la demande forte et légitime des parents et de lexistence dun système concurrentiel denseignement.
Le problème des détachements et des mises à disposition est très largement réglé, au vu des investigations réalisées par la mission dinformation. Il y a 9 800 enseignants du second degré en position de détachement. Dans cet effectif global, 7 000 personnes sont placées en situation réelle denseignement dans des établissements (lycées français à létranger, lycées agricoles, lycées militaires ou établissements denseignement supérieur) dépendant dautres administrations de lEtat et 2 800 personnes occupées à des tâches où il peut être difficile de faire la distinction entre ce qui relève de la fonction denseignement et de la fonction administrative. Par nature, les détachements nentraînent aucune dépense pour le ministère de léducation nationale, puisque les personnels détachés sont pris intégralement en charge par les administrations daccueil. A propos des mises à disposition, il convient den évaluer lincidence en équivalents temps plein (ETP), en raison de lampleur très variable de leur durée selon les situations concrètes. Parmi les différentes causes de mise à disposition, il faut citer les décharges syndicales (1 207 ETP), les activités dans les associations complémentaires de lenseignement public (470 ETP) et, enfin, les 4 677 ETP correspondant à des activités à responsabilité académique qui consistent en des tâches dintérêt pédagogique réalisées dans le cadre de léducation nationale.
Au-delà de lexplication de la gestion du système et de létat des lieux dressé, le rapport dinformation a aussi un aspect plus prospectif. En effet, il inclut un certain nombre de propositions relatives à la gestion des personnels enseignants du second degré :
Il faut simplifier le système en poursuivant le mouvement général de déconcentration de la gestion. A cet égard, la politique de contractualisation entre ladministration centrale et les académies, sur la base de projets pédagogiques pluriannuels, doit permettre une meilleure lisibilité de laffectation des moyens. Le caractère national du mouvement des enseignants doit être réaffirmé, ce qui signifie que ce mouvement doit être déconcentré et non décentralisé. De même, la réduction du nombre des statuts denseignants (actuellement vingt-quatre pour les premier et second degrés) doit être poursuivie.
- La bivalence des enseignants doit être encouragée dans les collèges, pour tenir compte du caractère notoirement traumatisant pour les élèves, notamment ceux qui sont en difficulté, du passage dun enseignant unique à une pluralité de professeurs. Il sagit aussi de mettre un terme aux difficultés daffectation rencontrées, particulièrement en zone rurale, auxquelles conduit actuellement le système de la monovalence. Cette proposition va à lencontre de la tendance actuelle, caractérisée par lextinction progressive du corps des professeurs denseignement général de collège (PEGC).
Il est souhaitable dutiliser la possibilité légale dembaucher des professeurs associés dans les lycées professionnels, comme cela se pratique déjà dans lenseignement supérieur, de manière à éviter douvrir des concours administratifs pour le recrutement dun seul professeur dans une discipline particulièrement pointue conformément aux exigences réglementaires et, par ailleurs, à réaliser une ouverture bienvenue vers le monde de lentreprise.
- Pour améliorer les conditions de remplacement des enseignants, objet dune attente particulière des parents, il est indispensable de prévoir avant tout une information systématique des parents en cas dabsence dun professeur, y compris sur les causes dabsence, plus souvent pédagogiques quon ne le pense. Dans le cadre de lenveloppe unique affectée aux recteurs et regroupant les moyens en enseignants et les moyens de remplacement, les chefs détablissement doivent avoir les moyens et les compétences pour faire face aux remplacements de courte durée au sein de leur établissement. Il faut préciser quil existe à cet égard plus de facilités dans lenseignement privé que dans lenseignement public. Les zones géographiques de remplacement dans les académies doivent aussi être revues. Enfin, laugmentation des moyens accordés au remplacement simpose, car leur insuffisance a été constatée par le rapport Bloch qui chiffre à 3,5 % du nombre total denseignants le nombre de remplaçants structurellement nécessaire, étant précisé que les besoins se situent plus probablement à hauteur de 6 ou 7 %. Dans ce cadre, augmenter la durée des stages des enseignants en formation dans les instituts de formation des maîtres (IUFM) permettrait à la fois de renforcer le contenu du stage et de dégager des ressources de remplacement supplémentaires.
- Il faut insister particulièrement sur la situation des professeurs en difficulté pédagogique, des professeurs qui perdent pied. Avec le durcissement des conditions dexercice du métier le problème est de plus en plus fréquent. Les 439 postes de réadaptation ouverts à destination de ces personnels sont très insuffisants et les académies sont amenées à compléter ce dispositif en prélevant sur leurs moyens de remplacement. Pour venir en aide à ces enseignants, la création de réseaux académiques daccompagnement psychologique est nécessaire. Selon lestimation du rapport Bloch, 0,5 % des enseignants devraient être déclarés inaptes pour motif psychiatrique. Plus en amont, tous les futurs enseignants devraient faire des stages devant élève avant même dêtre recrutés, pour savoir sils sont adaptés à ce métier passionnant mais difficile. Le métier de professeur est en effet actuellement le seul où lon sengage dans une carrière avec la perspective daccomplir jusquà la retraite les mêmes tâches. La seule reconversion possible pour un enseignant est de devenir chef détablissement et cette situation constitue un obstacle à une véritable professionnalisation de cette dernière fonction.
- Il faut enfin une gestion prévisionnelle des effectifs, que rend difficile labsence actuelle de statistiques cohérentes. On peut signaler laccroissement très rapide de la proportion denseignants de plus de cinquante ans, qui était à la rentrée 1997 de 26 % et à la rentrée 1998 de 30 %. Dimportants besoins de recrutement sont à prévoir dici 2000-2004, compte tenu de la pyramide des âges des enseignants.
Un débat a suivi lexposé du rapporteur.
Le président Jean Le Garrec sest interrogé sur la qualité de la gestion des ressources humaines au sein de léducation nationale et sur labsence de gestion humaine des ressources.
M. Claude Goasguen, après avoir salué la qualité du rapport qui permet de disposer dinformations souvent difficiles à obtenir de la part de léducation nationale, a fait les observations suivantes :
- Il faut se réjouir de ce que ce rapport comporte des propositions tout à fait audacieuses qui pourraient opportunément inspirer laction du ministre de léducation nationale, de la recherche et de la technologie. Il serait souhaitable de connaître les suites quentend donner le ministre à ces propositions.
- La gestion des délégations rectorales demeure floue.
- En ce qui concerne les enseignants en difficulté, il faut noter que le ministère de léducation nationale a mis en place des structures administratives spécifiques permettant, pour les unes, la réadaptation des enseignants concernés et, pour les autres, le réemploi de ces enseignants. Le Centre national denseignement à distance (CNED) permet dutiliser pleinement les compétences de ces professeurs. Ces enseignants réemployés pourraient également être mobilisés sur des fonctions de conception pédagogique qui leur permettent, tout en nexerçant plus devant des élèves, de contribuer à la réflexion sur le contenu des cours.
M. Jean-Pierre Baeumler a formulé les remarques suivantes :
- Le rapport confirme quil ny a pas de problème de détournement de moyens au sein de léducation nationale, avec par exemple les mises à disposition et les décharges de service.
- La déconcentration du mouvement national des affectations est en bonne voie.
- Léducation nationale doit repenser et améliorer son système de gestion pluriannuelle de recrutement des enseignants. La question de la crise du recrutement des professeurs ne devrait plus se poser à lavenir.
- Il convient daborder la question de la bivalence avec modération puisque, il y a quelques années, cette option avait été délibérément écartée.
- Le rôle et de la place des chefs détablissements mériteraient une étude particulière, y compris en comparant la manière dont les autres pays européens gèrent le problème de lencadrement et de la direction des établissements scolaires.
M. Jean-Paul Durieux, après avoir considéré que le rapport donnait un éclairage indispensable et complet sur la gestion des personnels enseignants, a formulé les remarques suivantes :
- Bien souvent, léducation nationale établit des moyennes académiques résultant du rapport entre le nombre délèves et celui des enseignants. Il faut regretter que ces moyennes aient pour effet de gommer les écarts importants existant entre les établissements et les disciplines. Dans les matières scientifiques par exemple, il nest pas rare davoir des classes de 35 à 36 élèves. Il conviendrait à lavenir d'établir des analyses et des statistiques beaucoup plus fines par discipline.
- Le rapport ne donne pas dindications sur les personnels ATOS.
- Il convient de prendre en compte davantage la véritable souffrance subie par certains professeurs mis en difficulté, jour après jour, devant leurs classes et cependant maintenus à leur poste. Une gestion plus humaine de ce type dexpériences mériterait dêtre mise en place.
- Il faut par ailleurs insister sur la nécessité daméliorer la qualité du recrutement des chefs détablissement qui sont parfois des enseignants lassés de faire cours à des élèves et nayant pas forcément les qualités danimateur dune équipe pédagogique.
M. Jean Ueberschlag a souhaité connaître la ventilation entre les différentes organisations syndicales des 1 207 décharges syndicales recensées.
M. Edouard Landrain a insisté sur les points suivants :
- La question de la bivalence doit être reposée aujourdhui dans la mesure où, pour de nombreux élèves, le passage du primaire au secondaire reste une étape difficile.
- Il convient de renforcer le rôle et la formation des chefs détablissement.
- Les jeunes professeurs auraient sans doute besoin dêtre davantage guidés dans leurs premières années denseignement, et éventuellement de bénéficier des conseils dun de leurs collègues plus expérimentés qui pourrait être désigné comme tuteur.
M. René Couanau a relevé les points suivants :
- Le présent rapport dinformation ne développe pas suffisamment la question du rôle du chef détablissement, qui manque souvent de réels moyens et pouvoirs dintervention alors que les rectorats et les inspections dacadémie se déchargent sur eux de certaines tâches administratives.
- On peut sinterroger sur la réalité du caractère national du mouvement des enseignants. La question du recrutement des enseignants au niveau dune région, dune académie ou pour lensemble du territoire doit être posée.
- Ce rapport a le mérite daller bien au-delà du rassemblement dinformations puisque les rapporteurs nont pas hésité à élaborer des propositions parfois révolutionnaires. Il serait intéressant de connaître la réaction du ministre.
M. Alain Néri a fait les remarques suivantes :
- Il convient de réaffirmer le rôle pédagogique et éducatif assigné aux enseignants, qui devraient aussi retrouver aujourdhui un rôle et un statut social plus importants.
- Le monde scolaire doit sorienter vers un modèle de communauté éducative organisée autour dune équipe pédagogique gérée par le chef détablissement. Ce dernier doit être gestionnaire des ressources humaines en même temps quanimateur pédagogique.
- Il faut revoir la situation statutaire des enseignants, tant sont multiples et variés les différents statuts particuliers.
- Les analyses chiffrées ne devraient pas globaliser les chiffres qui, actuellement, intègrent sans distinction les situations pourtant fort différentes des grandes comme des petites académies. En effet, des problèmes spécifiques se posent en milieu rural.
M. André Schneider a noté que les chefs détablissements constituent la clé de voûte du système éducatif et quils sont loin dêtre recrutés en majorité parmi les enseignants fatigués. Il nest pas normal que les chefs détablissements aient à gérer personnellement le problème des remplacements des enseignants, les heures supplémentaires et les vacations attribuées.
En réponse aux intervenants, M. Yves Durand, rapporteur, a apporté les éléments dinformation suivants :
- Il est logique que le rapport nait pas pris en compte la situation des personnels ATOS puisque son objet est limité à la gestion des personnels enseignants, qui est un sujet déjà très vaste.
- Le problème des chefs détablissements mériterait aussi de faire à lui seul lobjet dun rapport particulier. Il convient en effet de repenser le rôle, la formation et le recrutement de ces derniers. En tant quanimateurs dune équipe pédagogique, il est souhaitable quils soient recrutés parmi les enseignants plutôt que choisis parmi des personnels administratifs.
- Sagissant des délégations rectorales, on peut noter que, dans certaines académies du Sud de la France, 30 % des personnels sont concernés.
- Le nombre de postes de réadaptation pour les enseignants en difficulté, qui sélève à 439, paraît notoirement insuffisant eu égard à lampleur du problème.
- Il ne serait pas difficile mais guère intéressant de connaître la répartition des décharges syndicales entre syndicats.
- Le mouvement des enseignants du second degré, cest-à-dire les mutations des professeurs, est bien un mouvement national à gestion déconcentrée. Il ne sagit pas de décentraliser ce mouvement, mais de réduire la lourdeur dun système où plus de la moitié des vux de changement demeurent intra-académiques.
- Il convient de prendre davantage en compte les disparités entre académies afin de passer dune gestion purement administrative et financière à une gestion véritablement pédagogique. Dans le cadre de lélaboration par chaque académie dun projet pluriannuel, un dispositif de contractualisation doit être développé avec ladministration centrale, notamment pour améliorer la gestion des ressources humaines. La réduction des inégalités passe par la mise en place de discriminations positives dans laffectations des moyens, sur la base de critères sociaux ainsi établis.
- Sagissant des problèmes de remplacement des enseignants absents, un meilleur équilibre doit être trouvé entre le système des établissements denseignement privés, qui peuvent remplacer les professeurs absents pour une courte durée dans un délai dune journée avec très peu de contraintes, et celui des établissements denseignement publics, qui subissent des délais plus longs.
- La mise en place dune gestion pluriannuelle des recrutements des enseignants est prévue par la loi dorientation sur léducation du 10 juillet 1989 mais nest pas appliquée.
Pour conclure, le président Jean Le Garrec a observé que la méthode du rapport dinformation devait être privilégiée car elle est plus rapide et plus souple que les travaux pouvant être menés dans le cadre dune commission denquête, qui constitue une machine relativement lourde à mettre en place. Les avis budgétaires pourraient également être le support détudes de fond plus détaillées que la simple analyse des crédits, et la question du rôle des chefs détablissements pourrait opportunément être traitée dans ce cadre à loccasion de lexamen du projet de loi de finances pour lan 2000. Enfin, le présent rapport dinformation sera officiellement transmis à M. Claude Allègre, ministre de léducation nationale, de la recherche et de la technologie, afin de contribuer à faire avancer le débat et, le cas échéant, dinfluencer positivement le contenu des réformes en cours et à venir.
La commission a décidé, en application de larticle 145 du Règlement, le dépôt du rapport dinformation en vue de sa publication.
*
La commission a ensuite procédé à lexamen, sur le rapport de M. Jean-Claude Boulard, des articles des titres préliminaire, I à III et V du projet de loi portant création dune couverture maladie universelle n° 1419.
Titre préliminaire - De la couverture maladie universelle
Article 1er : Le principe dun nouveau droit aux soins pour tous
La commission a examiné un amendement de suppression de M. Denis Jacquat.
M. Denis Jacquat a considéré que cet article doit être supprimé car, dune part il est superfétatoire puisque le droit à la protection de la santé figure dores et déjà dans le préambule de la constitution de 1946 et dautre part parce que le projet de loi, en créant un effet de seuil pour laccès à la protection complémentaire, met en place une inégalité qui est une négation du droit à laccès de tous à la protection de la santé. Tant quune solution alternative à cet effet de seuil, comme par exemple une sortie « en sifflet », nest pas trouvée, cet article de principe nest pas acceptable.
Le rapporteur sest opposé à lamendement en considérant quil revenait à écarter lensemble du projet de loi. Largument sur leffet de seuil nest pas pertinent car, dans le droit actuel, laccès à laide médicale gratuite est dores et déjà déterminée par des seuils. Le texte se contente de substituer un seuil national à des seuils départementaux.
M. Pierre Hellier a considéré que la détermination dun seuil pour laccès à une couverture complémentaire gratuite va à lencontre du principe duniversalité défendu par le projet de loi.
M. Bernard Accoyer, rappelant les différence de revenus existant entre les régions, sest opposé à la détermination dun seuil unique pour tout le territoire national.
Le rapporteur sest étonné que lon découvre avec la CMU quil existe des différences de niveau de vie entre régions. Cette réflexion est tout à fait pertinente mais concerne tous les domaines de laction publique et il nest pas envisageable de régionaliser toutes les prestations.
La commission a rejeté lamendement.
La commission a ensuite examiné, en discussion commune, deux amendements du rapporteur et de M. Denis Jacquat prévoyant une nouvelle rédaction de larticle.
M. Denis Jacquat a proposé, pour éviter les conséquence trop rigoureuses de leffet de seuil, de substituer au droit à une couverture complémentaire gratuite une aide financière permettant aux plus démunis daccéder volontairement à une protection complémentaire.
Le rapporteur sest opposé à cet amendement correspondant à une logique autre que celle du projet de loi. Il faut rappeler que laccès des plus démunis à une protection sociale complète existe déjà en droit, puisquil a été affirmé par la loi du 29 juillet 1992 dadaptation de la loi de 1988 portant création du RMI. Lamendement marque donc un recul par rapport au droit existant.
Il a ensuite exposé son propre amendement qui propose trois modifications de larticle. Il sagit tout dabord de supprimer la première phrase, qui est dépourvue de portée juridique et relève de lexposé des motifs, puis de définir géographiquement le champ dapplication du texte, afin de limiter le bénéfice de la CMU aux personnes résidant en France métropolitaine ou dans les DOM ou à Saint-Pierre et Miquelon, et enfin de substituer lexpression « personnes dont les revenus sont les plus faibles » à lexpression « personnes les plus défavorisées », trop peu précise.
M. Pierre Hellier a approuvé lamendement du rapporteur et sest opposé à celui de M. Denis Jacquat, lui préférant une solution permettant une sortie « en sifflet » du dispositif prévu pour lassurance complémentaire.
M. Denis Jacquat sest déclaré favorable à la troisième modification proposée par lamendement du rapporteur.
M. René Couanau a considéré que lamendement du rapporteur sinsérait bien dans la logique du projet de loi et a proposé un sous-amendement visant à substituer les termes « accès à une protection complémentaire » aux mots « droit à une protection complémentaire », ce qui permettrait de progresser vers une disparition de leffet de seuil.
Le rapporteur a une nouvelle fois rappelé son souhait de ne pas revenir sur le droit existant et donc sur le droit à laccès à une couverture complémentaire gratuite pour les plus démunis créé par la loi sur le RMI.
M. Yves Bur a présenté le même sous-amendement que M. René Couanau. Il convient en effet de rappeler que si le droit à une couverture maladie de base relève de la solidarité nationale, la couverture complémentaire ne relève pas dun droit ; lEtat doit simplement en faciliter laccès. Prévoir une aide financière pour laccès à la protection complémentaire tend à responsabiliser les personnes en fonction de leur capacité contributive et étend la portée de la mesure bien au delà de la population visée par la couverture complémentaire gratuite prévue par le texte. Une telle disposition permettrait de sortir dune logique dassistance totale et serait un facteur supplémentaire dinsertion sociale pour ses bénéficiaires.
Le rapporteur a annoncé que différentes solutions seraient examinées dans la suite du débat pour lisser leffet de seuil. Mais, au sein de ce seuil, le projet de loi a lavantage de conserver le déclenchement dun droit, et non pas seulement de prévoir la possibilité dun accès. Cest une différence essentielle quil convient de conserver.
M. Jean-Luc Préel a présenté un sous-amendement remplaçant « le droit à une protection complémentaire » par le droit à une aide financière pour leur permettre de bénéficier dune protection complémentaire. Il a considéré que la couverture complémentaire relevait dune autre logique que lassurance de base. Lune des difficultés majeures du texte est quil ne fait pas clairement la différence entre les responsabilités des différents acteurs de lassurance maladie. Or il est absolument nécessaire, si lon souhaite préserver notre système de protection sociale et éviter une mise en cause au niveau européen, de délimiter clairement les rôles respectifs du régime de base et de la couverture complémentaire.
M. Yves Bur a rappelé que les assureurs et les mutuelles avaient fait part à la commission de leur volonté de participer à leffort en faveur dune couverture maladie universelle en ouvrant à toute la population laccès à une couverture complémentaire minimale.
M. René Couanau, après sêtre déclaré personnellement favorable à lévolution proposée par le texte en ce qui concerne lassurance de base, a considéré que leffacement de leffet de seuil observé pour laccès à la couverture complémentaire était absolument nécessaire. Cela ne pourra se faire que par linstitution dune cotisation, bien évidemment modulée en fonction du revenu. Il ne sagit pas de remettre un droit en cause, mais dadopter une approche différente pour lassurance de base et la couverture complémentaire.
M. Bernard Accoyer a déclaré ne pas comprendre la volonté du Gouvernement de maintenir un accès à lassurance complémentaire gratuit, automatique, déresponsabilisant et finalement porteur dune menace pour le système actuel de protection sociale.
Le rapporteur a rappelé que le fait de confirmer un droit nétait pas incompatible avec lidée dune cotisation. Divers amendements seront proposés dans ce sens. Il est cependant préférable que le droit existant soit confirmé, quitte à prévoir ensuite un dispositif daccompagnement au delà du seuil, afin déviter ses effets les plus négatifs.
La commission a rejeté les sous-amendements à lamendement du rapporteur proposés par MM. René Couanau, Jean-Luc Préel et Yves Bur et adopté lamendement du rapporteur, lamendement de M. Denis Jacquat, ainsi quun amendement de M. Yves Bur et un amendement de Mme Gilberte Marin-Moskovitz devenant de ce fait sans objet.
Larticle 1er a été ainsi rédigé.
TITRE 1er
DISPOSITIONS RELATIVES AUX RÉGIMES OBLIGATOIRES
CHAPITRE Ier
DISPOSITIONS GÉNÉRALES
Article 2 (article L. 111-1, chapitre 1er du titre IV du livre VII, article L. 741-11 du code de la sécurité sociale) : Principe de laffiliation et du rattachement aux nouveaux régimes obligatoires et suppression du régime de lassurance personnelle
La commission a adopté larticle 2 sans modification.
Article 3 : Critères daffiliation au nouveau régime général et cotisation
Article L. 380-1 du code de la sécurité sociale : Critères daffiliation au régime
La commission a adopté un amendement du rapporteur visant à élargir le champ territorial de larticle à la collectivité locale de Saint-Pierre et Miquelon.
La commission a examiné un amendement de Mmes Muguette Jacquaint et Jacqueline Fraysse visant à substituer à la notion de « résidence stable et régulière » comme condition daffiliation, celle de « résidence durable ».
Mme Muguette Jacquaint a indiqué que cet amendement tenait compte de lavis du Conseil dEtat de 1981 qui a retenu comme critère subsidiaire ouvrant droit à laffiliation au régime de base le seul critère de résidence durable. Cet amendement est également une mesure de justice sociale visant à éviter toute discrimination pour les étrangers en situation irrégulière et une mesure de santé publique.
Le rapporteur a observé que le Conseil dEtat, dans son avis, avait mis en avant le critère de résidence durable en labsence de disposition législative. Le projet de loi actuel prévoit un critère de résidence stable et régulière ; lavis du Conseil dEtat na donc pas à sappliquer dans ce cas présent. De plus, les personnes en situation irrégulière sont prises en compte dans la troisième partie du projet de loi : elles sont couvertes automatiquement par laide médicale de lEtat. Enfin, à lheure actuelle, laffiliation au régime de base se fait sur un critère de résidence stable et régulière. Le projet de loi ne fait donc que reprendre le droit existant en matière daffiliation.
La commission a rejeté cet amendement.
Article 380-2 du code de la sécurité sociale : Cotisation et seuil dacquittement ou dexonération
La commission a examiné un amendement présenté par M. André Aschieri visant à relever le seuil de ressources pris en compte pour laffiliation gratuite en régime général jusquau seuil de pauvreté calculé par lINSEE en 1998, soit 3 800 F mensuels et à instaurer une dégressivité jusquau SMIC.
M. André Aschieri a indiqué que ce relèvement du seuil était nécessaire afin que le projet de loi remplisse réellement son objectif de lutte contre lexclusion. De plus, ce barème fixé arbitrairement entraîne un effet de seuil regrettable auquel il faut remédier. Celui-ci a pour conséquence dexclure des soins les personnes ayant un revenu, certes supérieur au seuil fixé, mais insuffisant pour leur permettre daccéder à des soins corrects.
M. Denis Jacquat a observé que ce relèvement du seuil à 3 800 F était indispensable même sil impliquait une augmentation des bénéficiaires de 2 millions de personnes ainsi quun dispositif dégressif afin déviter tout effet de seuil.
M. René Couanau a soutenu lamendement dans un souci dharmonisation avec dautres seuils en vigueur.
M. Yves Bur a regretté que le projet de loi laisse le Gouvernement fixer le seuil par décret, de manière discrétionnaire. Un débat sur ce sujet devrait être prévu lors de lexamen de la loi de financement dans la mesure où il sagit de dépenses de santé.
M. Edouard Landrain sest interrogé sur la situation des gens du voyage dont les revenus sont très difficiles à déterminer et donc sur la difficulté à les faire entrer dans le dispositif de couverture maladie universelle.
M. Bernard Accoyer a remarqué que le Gouvernement actuel avait instauré un très grand nombre de seuils tous différents et sest interrogé sur la légitimité de la fixation du seuil à 3 500 F, seuil qui est en-deçà de celui déclenchant laide médicale dans vingt-neuf départements.
Le rapporteur a rappelé que tous les seuils de revenus prévus dans la législation sociale étaient fixés par décret et non par la loi. Il faut sen tenir à ce principe et éviter la rigidité dun seuil inscrit dans la loi. En outre, lamendement est certainement irrecevable au regard de larticle 40 de la Constitution.
Pour ce qui est des gens du voyage, laffiliation prévue par le présent projet de loi sera un élément déterminant dintégration de cette communauté.
La commission a adopté lamendement.
En conséquence, un amendement de M. Yves Bur relatif à la fixation du plafond dans la loi de financement de la sécurité sociale ainsi quun amendement du rapporteur prévoyant une révision annuelle du plafond de prise en charge sont devenus sans objet.
Le rapporteur a ensuite indiqué que, compte tenu de ladoption de lamendement de M. André Aschieri, il nétait pas favorable à ladoption de larticle 3 ainsi modifié.
La commission a rejeté un amendement de M. Denis Jacquat supprimant la possibilité donnée au Gouvernement dadopter les modalités de recouvrement de la cotisation.
La commission a ensuite adopté larticle 3 ainsi modifié.
Article 4 (article L. 161-2 nouveau du code de la sécurité sociale) : Immédiateté et automaticité du droit à laccès aux soins
La commission a examiné un amendement de Mme Gilberte Marin-Moskovitz prévoyant que laffiliation des personnes était subordonnée à un engagement de justifier de lidentité et de la résidence stable et régulière et non à une production immédiate de justificatif.
Mme Gilberte Marin-Moskovitz a évoqué les difficultés concrètes de personnes dont les papiers ont été volés ou sont perdus ou encore les cas de renouvellement de ces pièces didentité. Il convient donc douvrir un droit en lattente de lobtention de nouveaux papiers.
M. Yves Bur a estimé que cet amendement pose un très réel problème pour laffiliation des gens du voyage.
M. Denis Jacquat sest déclaré défavorable à un tel amendement qui allège par trop les procédures extrêmement simples requises par le projet.
M. René Couanau a fait remarquer que le problème ne concernait pas laccès aux soins mais lenregistrement de la demande devant la caisse primaire dassurance maladie.
M. Bernard Accoyer a souligné que si un tel amendement était adopté, tout moyen de preuve disparaîtrait.
Mme Jacqueline Mathieu-Obadia a fait remarquer que même en labsence de toute pièce didentité les patients étaient tout de même soignés.
Le rapporteur a jugé quil convenait de ne pas ouvrir de droits sans un minimum de procédure. Les règles prévues par le projet sont simples et claires et ne constituent pas une entrave à laccès à la CMU. De surcroît les associations présentes sur le terrain ne manqueront pas daider les personnes dans leurs démarches, et lexigence dune procédure minimale est un puissant facteur dintégration.
La commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite rejeté un amendement de conséquence de Mme Muguette Jacquaint substituant pour qualifier la résidence, aux mots « stable et régulière » le mot « durable » et un amendement de André Aschieri substituant à ces mêmes mots le mot « habituelle ».
La commission a ensuite examiné un amendement du rapporteur attribuant aux services ou associations ou organismes à but non lucratif un rôle daccompagnement pour les démarches daffiliation.
M. Yves Bur a jugé que laffirmation que contenait le dispositif proposé allait de soi et sest demandé si les caisses primaires dassurance maladie accepteront volontiers cette intervention des associations. Quant à lhabilitation à transmettre les documents donnée aux associations, doit-elle sentendre comme une habilitation à vérifier la validité des conditions daffiliation ?
M. René Couanau sest interrogé sur le point de savoir si cet amendement incluait ou non les mutuelles, et sur la portée de lexpression organismes à but non lucratif. Si les mutuelles sont incluses, la portée concrète du texte est extrêmement forte.
M. Jean-Luc Préel sest également interrogé sur le rôle des mutuelles et de la MSA pour préparer les dossiers. Si celles-ci sont incluses, cet article rompt légalité avec les compagnies dassurance.
M. Bernard Accoyer a souligné quun tel amendement mettait laccent sur les carences du texte en matière daccompagnement humain des démarches administratives. Il tend à combler un vide du texte par un dispositif largement improvisé.
Le rapporteur a jugé que les mutuelles ne sont pas à priori exclues du champ de cet article bien que leur champ dintervention concerne surtout le volet complémentaire. Lhabilitation nest quune habilitation à transmettre les dossiers.
La commission a adopté cet amendement.
La commission a rejeté un amendement de M. André Aschieri tendant à ce que les documents demandés par les CPAM pour confirmer louverture des droits à la sécurité sociale soient précisés par décret après que le rapporteur eut indiqué que cette disposition ne relevait pas de la loi et que sa rédaction était inappropriée.
La commission a examiné un amendement de M. Jean-Luc Préel prévoyant que les mutuelles peuvent assurer le service des prestations de base.
M. Jean-Luc Préel a considéré que si les CPAM se voient reconnaître par le projet de loi le droit dassurer la couverture complémentaire, les organismes complémentaires doivent pouvoir en contrepartie assurer une couverture de base. Laccès des CPAM à la couverture complémentaire conduira nécessairement la commission européenne à demander également une mise en concurrence de la couverture de base ;
Le rapporteur a estimé quil nétait pas possible dintroduire les acteurs des régimes complémentaires dans le régime de la couverture de base.
M. Alfred Recours, après avoir indiqué que lobjectif poursuivi par cet amendement relevait clairement dune idéologie de privatisation de la sécurité sociale, a estimé quun monopole portant sur laccès de non-cotisants à un régime de base ne pouvait poser de problème au regard de la législation européenne.
M. Bernard Accoyer a rappelé quà la question de savoir si une remise en cause du monopole de la gestion de la couverture de base était à craindre, le président de la CNAM avait répondu devant la commission par laffirmative.
La commission a rejeté lamendement.
La commission a rejeté un amendement de M. André Aschieri précisant que dans chaque CPAM un référent devait être responsable de laccueil des bénéficiaires de la CMU, après que le rapporteur eut indiqué que cette disposition ne relevait pas du domaine de la loi.
La commission a adopté larticle 4 ainsi modifié.
Après larticle 4
M. André Aschieri a retiré un amendement précisant les documents remis aux personnes relevant de la CMU lors de consultations après que le rapporteur eut précisé que ce dispositif était inspiré par le régime de laide médicale auquel justement le projet de loi a pour objectif de mettre fin.
Article 5 (article L. 161-15-1 du code de la sécurité sociale) : Continuité du droit à laccès aux soins
La commission a rejeté un amendement de M. Yves Bur précisant que la condition de résidence nécessaire à ladmission à la CMU fera lobjet dune vérification régulière après que le rapporteur eut indiqué quil nappartenait pas à la loi denjoindre à une autorité administrative dexercer la compétence quelle lui confie.
La commission a adopté larticle 5 sans modification.
Article 6 (articles L. 161-2, L. 381-7, L.381-12, L. 381-17, L.382-9, L.615-8, L.722-6 du code de la sécurité sociale et article 1106-12 du code rural) : Accès aux soins sans restriction financière
M. Jean-Luc Préel a retiré un amendement relatif à la prise en charge de la couverture maladie du conjoint survivant ayant eu au moins trois enfants à charge après que le rapporteur eut indiqué que cette question serait évoquée à larticle 10.
La commission a examiné un amendement de Mme Muguette Jacquaint inscrivant dans larticle L. 161-8 du code de la sécurité sociale que les droits aux prestations de sécurité sociale sont maintenus pendant un an aux personnes ayant cessé de remplir les conditions daffiliation à un régime.
Après que le rapporteur eut précisé que la durée dun an était actuellement fixée par voie réglementaire, la commission a adopté cet amendement.
La commission a ensuite examiné un amendement du rapporteur tendant à la suspension du versement des prestations en nature de lassurance maladie à lassuré social, mais pas à ses éventuels ayants droit, en cas de non-versement de la cotisation imputable à un refus volontaire constitutif de mauvaise foi.
Le rapporteur a indiqué que cette disposition qui déroge au schéma général de la loi répondait à la situation particulière des régimes tels la CANAM et la MSA qui sont confrontés à des campagnes dappel au refus de cotiser.
M. Yves Bur a fait remarquer quun tel amendement avait davantage sa place à larticle 14 qui traite du recouvrement des cotisations.
M. Bernard Accoyer sest félicité que soit abordé le problème de la fraude et sest inquiété des risques de développement de pratiques frauduleuses de la part de certaines catégories de population à loccasion de la mise en uvre de la CMU.
Le rapporteur a indiqué que linscription de cet amendement à larticle 6 du projet de loi paraissait plus pertinente puisquil supprime les liens entre paiement des cotisations et versement des prestations. La commission a adopté cet amendement.
La commission a adopté larticle 6 ainsi modifié.
Article 7 (articles L.161-14-1, L. 381-9, L. 313-3, L. 615-11 du code de la sécurité sociale) : Régime applicable aux ayants droit des personnes affiliées au régime général
M. Edouard Landrain sest inquiété du caractère extrêmement permissif de cet article et du risque de voir des ménages aisés profiter de ce dispositif pour leurs enfants au lieu de souscrire une couverture complémentaire.
En réponse à cette remarque, le rapporteur a indiqué quen ce qui concerne les prestations en nature de lassurance maladie, le financement était assuré par la CSG et quen conséquence laffiliation directe dun enfant ne modifiait pas lassiette dimposition de ses parents.
La commission a adopté larticle 7 sans modification.
Article 8 (titre VIII du livre IIII, article L. 380-3 nouveaux du code de la sécurité sociale) : Dispositions applicables aux personnes qui, bien que résidant ou séjournant en France ne sont pas concernées par le régime
La commission a adopté larticle 8 sans modification.
Après larticle 8
M. André Aschieri a retiré un amendement tendant à pallier les dysfonctionnements du suivi médical dans le domaine pénitentiaire après que le rapporteur eut précisé que ce problème bien réel aurait dû être examiné avec le titre IV.
CHAPITRE 2
DISPOSITIONS FINANCIÈRES
Section 1 - Transferts financiers
La commission a adopté les articles 9 : Incidences financières sur lassurance vieillesse et 10 : Incidences financières de la mise en place de la couverture obligatoire sur la branche famille, sans modification.
Article 11 (article L. 241-2 du code de la sécurité sociale) : Enumération des ressources complémentaires des régimes obligatoires de base
La commission a adopté un amendement du rapporteur précisant que la répartition des droits sur les tabacs serait fixée par une disposition spéciale de la loi de finances pour 2000.
La commission a adopté larticle 11 ainsi modifié.
Article 12 (article L. 213-1 du code des assurances) : Modification de laffectation de la cotisation due par les personnes assurant des véhicules terrestres à moteur
La commission a adopté larticle 12 sans modification.
Article 13 : Transferts financiers entre lEtat et les départements
M. Bernard Accoyer sest élevé contre le fait que les départements les plus généreux allaient être les plus taxés dans le système de financement choisi. Cette attitude immorale du Gouvernement dissuadera à lavenir les collectivités territoriales daller au-delà du strict minimum prévu.
M. Yves Bur a fait remarquer que si le plan de financement résulte dun accord entre le Gouvernement et lAssociation des présidents de conseils généraux, il nen est pas moins vrai que léquité nest pas respectée notamment à légard des départements relativement pauvres qui ont fait de gros efforts dans le domaine de laide sociale de proximité.
Le rapporteur a fait remarquer que des départements comme les Hauts-de-Seine ou Paris avaient également mis en uvre des politiques généreuses. La fixation dun abattement de 5 % a été effectuée au regard du taux de 10 % de doublons, afférent à la prise en charge, dans le cadre de laide médicale, de personnes relevant en réalité de régimes de base, ces dépenses se répartissant pour moitié entre la base et la protection complémentaire. Il existait sans aucun doute beaucoup dautres formules dignes dintérêt mais cette réfaction uniforme de 5 % est apparue lors des négociations la formule la plus simple.
Le Gouvernement ne semble pas hostile à la recherche de plus déquité dans ce domaine, en restant bien entendu dans lenveloppe de 5 %, mais en tout état de cause les deux tiers des départements sont satisfaits par ce dispositif.
M. Alfred Recours a demandé si les 95 % des sommes qui remontaient visaient les dépenses sous le plafond légal ou lensemble des dépenses au titre de laide médicale.
Le rapporteur a indiqué quil sagissait de lensemble des dépenses au titre de laide médicale.
M. Bernard Accoyer a fait remarquer que les dépenses au titre de laide médicale faisaient lobjet dun taux de récupération non négligeable, ce qui rend ambigu le critère retenu pour la contribution et aboutit à une taxation inique des départements les plus généreux.
Le rapporteur sest élevé contre lemploi du terme de taxation puisquil sagit dune remontée de compétence qui laisse aux départements 5 % du montant des dépenses alors quils nont plus de prestations à assurer.
M. Yves Bur a estimé quil fallait prendre en compte la richesse des départements et a souhaité que la dotation globale de décentralisation des départements les plus vertueux ne soit pas diminuée. Laccord de lAPCG lors des négociations nemporte pas celui de tous les élus locaux.
Mme Jacqueline Fraysse a souligné quau-delà des choix politiques de certains départements, existe objectivement une grande disparité de ressources et de difficultés des populations. Aussi sil nest pas envisageable de revenir sur le taux de 5 % obtenu après de difficiles négociations, est-il nécessaire davancer vers un dispositif plus équitable. En outre, labsence de disposition relative aux contingents communaux constitue une des lacunes de ce texte.
Le rapporteur a indiqué que la pratique de la récupération était très réduite et que lobligation alimentaire demeurait en vigueur dans le nouveau dispositif. Les interrogations sur la pertinence du dispositif sont légitimes mais il convient de procéder avec prudence. Il nest pas possible dimproviser en réunion de commission un autre mécanisme que celui du texte.
Le président Jean Le Garrec a souhaité que le rapporteur se rapproche des commissaires intéressés afin de réfléchir, durant la période précédant le passage en séance, aux améliorations à apporter à ce mécanisme et dexaminer également le problème des contingents communaux.
A la demande du président, lensemble des amendements à larticle 13 ont été provisoirement retirés par leurs auteurs et la commission a adopté larticle 13 sans modification.
Informations relatives à la commission
La commission a nommé :
- M. Alain Calmat rapporteur dinformation sur lapplication de la loi n° 98-535 du 1er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à lhomme.
- M. Alain Néri rapporteur dinformation sur lapplication de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage.
- Mme Gilberte Marin-Moskovitz rapporteur sur :
- la proposition de loi de Mme Gilberte Marin-Moskovitz tendant à favoriser le développement des soins palliatifs et laccompagnement des malades en fin de vie (n° 1515).
- la proposition de loi de M. Jean-Jacques Denis tendant à favoriser le développement des soins palliatifs n° 1503 rectifiée
- la proposition de loi de M. Bernard Perrut tendant à créer un congé daccompagnement des personnes en fin de vie n° 1353
- la proposition de loi de M. Roger-Gérard Schwartzenberg visant à garantir le droit à laccès aux soins palliatifs n° 1514
La commission a rejeté la demande du groupe RPR tendant à ce que la proposition de loi de M. Jean-Michel Dubernard visant à garantir les droits du patient n° 1074 fasse lobjet dun rapport commun avec la proposition de loi n° 1515.
© Assemblée nationale
|