ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des AFFAIRES CULTURELLES,
FAMILIALES ET SOCIALES
COMPTE RENDU N° 57
(Application de l'article 46 du Règlement)
Jeudi 27 mai 1999
(Séance de 9 heures 30)
Présidence de M. Jean-Paul Durieux, vice-président
SOMMAIRE
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- Examen du projet de loi, adopté par le Sénat, sur linnovation et la recherche n° 1410 (M. Jean-Paul Bret, rapporteur)
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- Informations relatives à la commission
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a examiné, sur le rapport de M. Jean-Paul Bret, le projet de loi, adopté par le Sénat, sur linnovation et la recherche n° 1410.
M. Jean-Paul Bret, rapporteur, a indiqué en préambule que linnovation technologique est aujourdhui unanimement reconnue comme un élément essentiel pour la croissance économique et le développement des entreprises.
Les liens entre innovation et croissance ont notamment fait lobjet, à la demande du Premier ministre, dun rapport du Conseil danalyse économique publié en septembre 1998. Sappuyant sur les nouvelles théories économiques de la croissance endogène, ce rapport met en avant le fait que le rendement social de linnovation est supérieur à son rendement privé, ce qui nécessite la mise en uvre dune politique publique dencouragement et de valorisation de la recherche axée sur le développement de réseaux dinnovation. Ainsi, les nouvelles technologies ont apporté un demi-point de croissance au PIB en 1998.
Lensemble de la politique du Gouvernement en faveur de la recherche est ainsi tournée vers ce but. Elle peut sappuyer, outre ce rapport du Conseil danalyse économique, sur un rapport particulier de la Cour des comptes de juin 1997 sur la valorisation de la recherche dans les établissements publics à caractère scientifique et technologique et sur le rapport de mission sur la technologie et linnovation de M. Henri Guillaume, président dhonneur de lAgence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR), remis à ses commanditaires, MM. Claude Allègre, Dominique Strauss-Kahn et Christian Pierret, en mars 1998. MM. Pierre Cohen et Jean-Yves Le Déaut ont également été nommés, en février 1999, parlementaires en mission pour étudier notamment la mobilité des chercheurs.
Cette politique a été définie, à lissue des Assises de linnovation du 12 mai 1998, lors du Comité interministériel de la recherche scientifique et technologique (CIRST) du 15 juillet 1998. Pour favoriser linterpénétration des activités de recherche publique et privée, il a été décidé de soutenir linnovation technologique en renforçant les moyens incitatifs et en facilitant les échanges et les mises en réseau.
Cette politique sappuie sur un constat, assez décevant. Alors que la France crée 1 300 entreprises chaque année dans les secteurs dits de haute technologie (biotechnologies ou informatique par exemple), seules 389 entreprises ont pu être recensées comme ayant été directement créées à partir de la recherche publique (organismes de recherche, universités et écoles dingénieurs) depuis 1984. Dans 95 % des cas, ce transfert de technologie sest réalisé par la mobilité dun chercheur dun laboratoire public vers une entreprise privée. Ces entreprises ont un taux de survie important et une propension à créer des emplois trois fois supérieure à la moyenne : elles ont créé au total près de 6 000 emplois et réalisent plus de trois milliards de francs de chiffre daffaires. Le CNRS estime quant à lui que 800 entreprises exploitent, sans avoir de liens avec lui, des brevets citant un chercheur du CNRS comme inventeur. Promouvoir la création dentreprises innovantes, cest donc bien assurer, à plus ou moins court terme, la création de plusieurs milliers demplois nouveaux.
Ces résultats prouvent lintérêt de la valorisation de linnovation technologique et la nécessité de la renforcer. La politique mise en uvre par le Gouvernement dans ce sens vise dabord à consolider les outils existants : augmentation des soutiens financiers accordés par lANVAR et par le fonds de la recherche technologique, reconduction et amélioration du dispositif du crédit dimpôt-recherche, renouveau de la politique contractuelle avec les organismes de recherche, nouveaux avantages fiscaux pour le développement du capital-risque avec notamment la création des bons de souscription de parts de créateur dentreprise (BSPCE) par la loi de finances pour 1998.
Cette politique a su également dégager des fonds spécifiquement pour favoriser la création dentreprises innovantes et susciter des vocations dentrepreneur chez les chercheurs. Un concours national de création dentreprises technologiques innovantes, doté de 100 millions de francs, a été lancé le 8 mars 1999 par le ministère de léducation nationale, de la recherche et de la technologie pour inciter des porteurs didées à se lancer dans des projets en émergence ou de création-développement dentreprises, grâce à un soutien financier approprié. Dans le même cadre, un appel à projet doté de 200 millions de francs a été lancé le 24 mars 1999 en partenariat entre MM. Claude Allègre, Dominique Strauss-Kahn et Christian Pierret. Les établissements denseignement supérieur, les organismes de recherche, les professionnels de laccompagnement des entreprises et les spécialistes du capital-risque sont invités à présenter des projets, soit en faveur de lincubation dentreprise cest-à-dire la création de structures daccompagnement de la création dentreprises technologiques, soit en faveur de fonds damorçage cest-à-dire des fonds investissant dans des entreprises de technologie en création pour leur apporter des capitaux propres nécessaires à leur croissance.
Au-delà de cet aspect financier et incitatif, cette politique de valorisation de la recherche et de promotion de linnovation sappuie sur le présent projet de loi qui couvre lensemble des domaines statutaire et institutionnel liés à la diffusion des résultats de la recherche publique vers les entreprises privées. Ce projet de loi a essentiellement pour objectif de rendre possible ce qui est aujourdhui juridiquement impossible.
Mise à part une disposition de nature fiscale en faveur du développement des jeunes entreprises innovantes par la modification du régime des BSPCE qui figure à larticle 3, ce texte est essentiellement centré sur le rôle des chercheurs et des organismes de recherche et des établissements denseignement supérieur dans la promotion de linnovation. Tout dabord, il permet à un chercheur ou à un enseignant-chercheur de créer une entreprise, de participer à son capital, de la diriger, ou de lui apporter son concours scientifique, tout en conservant son statut de fonctionnaire et en pouvant continuer à entretenir des liens avec son laboratoire dorigine. Afin de préserver les intérêts des établissements publics, lavis préalable et le contrôle dune commission de déontologie sont institués. Ensuite, le projet de loi permet aux établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) et aux établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) de créer des « incubateurs » en leur sein pour valoriser leurs activités de recherche. Ces incubateurs seront gérés selon des règles financières souples, dans le cadre de services dactivités industrielles et commerciales (SAIC) internes aux organismes de recherche et aux universités, qui pourront mettre à la disposition de jeunes entreprises innovantes des moyens matériels et humains, contre rémunération. Enfin, toujours dans le même but, les formalités administratives et les modes de gestion des structures de collaboration entre établissements publics et entreprises sont simplifiés.
Ce projet de loi a déjà été examiné par le Sénat, en première lecture, au cours de sa séance du 18 février 1999. Lensemble de ses dispositions, correspondant à un objectif partagé par tous, a fait lobjet dun consensus, sous réserve de modifications et de précisions dordre rédactionnel proposées par la commission des affaires culturelles du Sénat. La majorité sénatoriale a toutefois souhaité compléter le projet de loi initial du Gouvernement par un certain nombre de mesures purement fiscales qui ny ont pas leur place. Alors que le texte soumis au Sénat ciblait les problèmes liés à linnovation, il en revient lesté dune dizaine darticles supplémentaires concernant la création dentreprise en général, par le biais dun assez vaste « paquet-cadeau » fiscal en faveur des contribuables aisés, concernant notamment les stock options à la française que sont les plans doptions de souscription ou dachat dactions.
En conclusion, le rapporteur a proposé de supprimer toutes ces dispositions qui sont souvent inopportunes, parfois injustes fiscalement et socialement et de toute façon hors cadre. Le débat à leur sujet doit être renvoyé à la discussion de la loi de finances. Pour le reste, il a indiqué quil présenterait quelques amendements de cohérence et quelques compléments dans la ligne du projet de loi initial qui, compte tenu de son enjeu pour la recherche et léconomie française, doit pouvoir recueillir lapprobation unanime de la commission.
Après lexposé du rapporteur, M. Claude Birraux a estimé que le présent projet de loi peut permettre de remédier aux inconvénients nés de la fonctionnarisation de la recherche, considérée comme la panacée dans les années 1980. Cependant, on peut regretter une approche trop segmentée de la politique de promotion de linnovation et de la recherche, ce qui correspond à un système typiquement français qui napporte pas de solutions cohérentes englobant, notamment, la fiscalité et le droit des sociétés, alors que le retard français en la matière est considérable par rapport aux Etat-Unis.
Sagissant du texte du projet de loi lui-même, des précisions sont souhaitables sagissant de lapplication aux chercheurs qui créent leur propres entreprises du seuil de participation au capital dune société ayant pour objet de valoriser des travaux de recherche et sagissant du délai dautorisation de trois mois qui risque de retarder le processus.
En réponse, le rapporteur a estimé que le projet de loi navait pas pour objectif de défonctionnariser la recherche, ce qui est un terme inapproprié car la France a une longue tradition en matière de recherche publique. Les problèmes liés à la fiscalité de linnovation doivent quant à eux relever dune loi de finances.
La commission est ensuite passée à lexamen des articles du projet de loi.
Avant larticle premier
La commission a examiné un amendement de M. Patrick Leroy proposant la création dune Agence nationale de linnovation et de la recherche chargée de promouvoir et de soutenir leffort dinnovation et de favoriser les transferts de technologie entre les secteurs public et privé. M. Patrick Leroy a souligné la nécessité de garantir limpartialité et lindépendance de cette agence dont le financement serait assuré par une augmentation des prélèvements sur les plus-values des cessions dactifs.
Le rapporteur sest déclaré défavorable à la création dun deuxième organisme, à côté de lANVAR, dont la mission statutaire consiste justement à soutenir le développement industriel et la croissance par laide à linnovation.
M Patrick Leroy a souhaité que le Gouvernement sengage plus avant dans cette voie.
Le rapporteur ayant rappelé que le ministre sétait déjà engagé dans ce sens lors de la discussion du texte au Sénat, M. Patrick Leroy a retiré son amendement.
Article premier (articles 14, 18, 19, 19-1 nouveau et 25-1 à 25-4 nouveaux de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 dorientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France) : Valorisation de la diffusion des résultats de la recherche par les organismes de recherche et facilitation de la création dentreprise par les chercheurs
Article 14 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a rejeté un amendement de M. Patrick Leroy visant à ce que les contrats pluriannuels conclus entre les établissements publics de recherche et lEtat soient évalués par les instances compétentes de ces établissements, le rapporteur ayant considéré que lévaluation de ces contrats doit relever des deux parties en vertu même des principes conventionnels.
Article 19 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a rejeté un amendement de M. Patrick Leroy visant à ce que les prises de participation, les constitutions de filiales et les participations à des groupements fassent lobjet dune approbation par le conseil dadministration des EPST, le rapporteur ayant préféré conserver une certaine souplesse à la prise de décision de ces établissements publics.
Article 19-1 nouveau de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a rejeté trois amendements de M. Patrick Leroy :
- le premier précisant que la mise à disposition des moyens des EPST à des entreprises privées ne doit pas nuire au fonctionnement normal de ces établissements et aux programmes de recherche en cours de ces établissements, le rapporteur ayant indiqué quil existe des instances de contrôle internes en leur sein qui veilleront à garantir leur fonctionnement normal ;
- le deuxième visant à introduire une réciprocité dans la mise à disposition de moyens par les entreprises et les EPST afin que la coopération ne pèse pas uniquement sur le service public, le rapporteur ayant estimé que les jeunes entreprises innovantes ne seraient pas en mesure de fournir des moyens aux EPST ;
- le troisième étant un amendement de conséquence de lamendement qui proposait la création dune Agence nationale de linnovation et de la recherche précédemment retiré par son auteur.
La commission a adopté un amendement du rapporteur ayant pour objet de préciser que les services dactivités industrielles et commerciales (SAIC) peuvent recruter des personnels contractuels pour lexécution des contrats de recherche de ces services et non pas seulement pour leur fonctionnement.
La commission a examiné un amendement de M. Jean-Michel Dubernard proposant de créer des cellules de valorisation régionales mettant en commun les moyens des EPST et de la recherche afin de développer leurs relations avec le réseau industriel local.
M. Jean-Michel Dubernard a souligné la nécessité de remédier à la multiplication des structures isolées et non coordonnées créées par les laboratoires de recherche publics et les universités et de mieux intégrer ainsi la recherche universitaire dans le tissu industriel.
Le rapporteur a considéré que cette mesure ne relevait pas du domaine législatif car il existe déjà beaucoup dexpériences pratiques dans ce domaine sous la forme de groupements ou de services communs.
La commission a rejeté lamendement.
Article 25-1 nouveau de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a adopté les amendements n°s 8 et 7 de M. Daniel Chevallier, rapporteur pour avis au nom de la commission de la production et des échanges, visant à étendre la possibilité de créer une entreprise innovante aux fonctionnaires relevant des entreprises publiques.
La commission a examiné un amendement de M. Jean-Michel Dubernard permettant au fonctionnaire participant à la création dune entreprise innovante dêtre associé à lélaboration du contrat conclu entre celle-ci et le service public.
M. Jean-Michel Dubernard a fait valoir que le fonctionnaire ne pouvait être écarté de la finalisation du projet quil avait conçu.
Le rapporteur a souligné les risques de conflits dintérêts que ladoption de cet amendement créerait car le fonctionnaire ne peut pas négocier à la fois pour son propre compte et pour celui du service public.
La commission a rejeté lamendement.
La commission a adopté lamendement de conséquence n° 6 de M. Daniel Chevallier, rapporteur pour avis au nom de la commission de la production et des échanges, visant à étendre la possibilité de créer une entreprise innovante aux fonctionnaires relevant des entreprises publiques.
La commission a examiné un amendement de M. Pierre Lasbordes fixant à la commission de déontologie prévue par larticle 87 de la loi n° 93-112 du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques, un délai maximal de trois mois pour statuer sur les demandes dautorisation de création dentreprise.
Le rapporteur ayant souligné que le décret relatif à la commission de déontologie prévoit quelle doit rendre son avis dans un délai dun mois et que lautorité de tutelle du fonctionnaire dispose du même délai pour statuer après transmission de cet avis, M. Pierre Lasbordes a retiré son amendement.
La commission a adopté deux amendements de cohérence rédactionnelle du rapporteur substituant aux mots « lintéressé », les mots « le fonctionnaire ».
La commission a examiné un amendement de M. Pierre Lasbordes permettant au fonctionnaire ayant obtenu lautorisation de participer à la création dune entreprise innovante de poursuivre des activités de recherche au sein du service public.
Le rapporteur a objecté que la poursuite dactivités de recherche, au sein de son organisme dorigine, par un fonctionnaire passé au secteur privé était susceptible de créer des conflits dintérêts.
M. Pierre Lasbordes a alors retiré son amendement.
La commission a adopté un amendement du rapporteur de retour au texte initial du projet de loi, soumettant la définition des activités denseignement pouvant être assurées par les personnels mis à disposition dune entreprise à un décret simple et non à un décret en Conseil dEtat.
La commission a examiné un amendement de M. Jean-Michel Dubernard supprimant lobligation de déclaration à la commission de déontologie de tous les contrats conclus avec le service public par lentreprise auprès de laquelle un chercheur a été mis à disposition pendant les cinq années suivant son départ de cette entreprise.
M. Jean-Michel Dubernard a souligné le caractère bureaucratique de cette disposition peu propre à développer lesprit dentreprise.
Le rapporteur sest opposé à ladoption de cet amendement, soulignant quil méconnaissait lexigence dun contrôle a posteriori efficace.
La commission a rejeté lamendement.
La commission a ensuite adopté un amendement de M. Patrick Leroy confiant à la commission de déontologie un pouvoir dalerte de lautorité ministérielle, le rapporteur ayant observé que cette disposition renforçait le contrôle a posteriori.
La commission a examiné, en discussion commune :
- un amendement de M. Jean-Michel Dubernard permettant au chercheur de conserver une participation dans le capital social de lentreprise, dans la limite de 15 %, après la fin de sa mise à disposition ;
- un amendement de M. Germain Gengenwin supprimant lobligation pour le chercheur de céder ses droits sociaux après la fin de sa mise à disposition dune entreprise innovante ;
- un amendement de cohérence rédactionnelle du rapporteur rappelant la possibilité pour le chercheur de continuer à détenir une participation dans le capital social de lentreprise à lexpiration de sa mise à disposition.
M. Germain Gengenwin a fait valoir que lobligation de céder les droits sociaux lors de la réintégration ninciterait pas les chercheurs à participer à la création dune entreprise.
M. Jean-Michel Dubernard a considéré quil était normal que linvestissement personnel du chercheur soit valorisé même après réintégration.
Le rapporteur a jugé que son amendement clarifiait le texte puisquil permet au chercheur de conserver les parts dont il disposait pendant sa mise à disposition dès lors quil apporte un concours scientifique à lentreprise en application de larticle 25-2, tout en rappelant le plafond de 15 % fixé à cette participation.
Mme Marie-Thérèse Boisseau a estimé que lamendement du rapporteur autorisant la détention dune part du capital était contradictoire avec lobligation énoncée dans le même alinéa de cession, par lintéressé, de ses droits sociaux.
A la demande de M. Jean-Paul Durieux, président, les trois amendements ont été retirés par leurs auteurs en vue de lélaboration dun amendement clarifiant la rédaction du texte qui sera examiné par la commission lors de la réunion que celle-ci tiendra en application de larticle 88 du Règlement.
La commission a ensuite adopté un amendement rédactionnel du rapporteur ayant pour objet de rectifier un décompte dalinéas.
Article 25-2 nouveau de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a adopté les amendements de conséquence n°s 5 et 4 de M. Daniel Chevallier, rapporteur pour avis au nom de la commission de la production et des échanges, visant à étendre la possibilité dapporteur leur concours scientifique à une entreprise innovante aux fonctionnaires relevant des entreprises publiques.
La commission a adopté un amendement du rapporteur et lamendement n° 1 de M. Jean Proriol qui lui est identique, visant à régulariser la situation des fonctionnaires détenant des participations dans des entreprises, en leur permettant de conserver des actions après avis de la commission de déontologie.
La commission a rejeté lamendement n° 3 de M. Jean Proriol prévoyant daugmenter la part du capital social pouvant être détenue par le fonctionnaire de 15 % à 33,3 %, après que le rapporteur a noté que cet amendement risquait de créer des conflits dintérêts en aboutissant à une prise illégale dintérêts au sens du droit pénal.
Elle a ensuite rejeté lamendement n° 2 de M. Jean Proriol accordant un délai dun an au fonctionnaire détenteur de plus de 15 % du capital social pour se conformer à ses obligations légales.
Elle a rejeté un amendement de M. Jean-Michel Dubernard visant à ce que le fonctionnaire puisse participer à lélaboration du contrat pour le compte dun service public avec lequel il est conclu.
Elle a examiné un amendement de M. Germain Gengenwin supprimant linformation de lautorité hiérarchique sur les revenus perçus par le fonctionnaire à raison de sa participation au capital social de lentreprise concernée.
Après que M. Claude Birraux a indiqué quil ne fallait pas imposer une contrainte inutile et injustifiée au fonctionnaire concerné, le rapporteur a précisé quun contrôle a posteriori par lautorité de tutelle est indispensable sagissant du cumul de revenus publics et privés.
La commission a rejeté cet amendement.
La commission a rejeté un amendement de M. Jean-Michel Dubernard, supprimant le contrôle a posteriori pendant cinq ans de la commission de déontologie.
La commission a ensuite adopté un amendement homothétique de M. Patrick Leroy confiant à la commission de déontologie un pouvoir dalerte.
La commission a adopté un amendement de cohérence rédactionnelle du rapporteur visant à prévoir que lautorisation dapporter son concours scientifique doit être renouvelée dans les mêmes conditions que son octroi initial.
La commission a examiné un amendement de M. Germain Gengenwin tendant à supprimer le lien entre la cession des droits sociaux du chercheur et sa réintégration dans son corps dorigine. Après que le rapporteur a suggéré le retrait de cet amendement afin de permettre une rédaction plus cohérente, lamendement a été retiré par son auteur.
Article 25-3 nouveau de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a rejeté un amendement de M. Jean-Michel Dubernard prévoyant que le fonctionnaire peut participer à la négociation du contrat pour le compte du service public.
Un amendement de M. Germain Gengenwin tendant à supprimer lobligation faite au chercheur dinformer sa hiérarchie des revenus quil perçoit à raison de sa participation au capital de lentreprise a été retiré par son auteur.
La commission a rejeté un amendement de M. Jean-Michel Dubernard supprimant le contrôle a posteriori pendant cinq ans de la commission de déontologie.
La commission a adopté un amendement homothétique de M. Patrick Leroy confiant à la commission de déontologie un pouvoir dalerte.
Elle a ensuite adopté un amendement de cohérence rédactionnelle présenté par le rapporteur relatif aux conditions de renouvellement de lautorisation.
M. Germain Gengenwin a retiré un amendement supprimant le lien entre la cession des droits sociaux du chercheur et sa réintégration dans son corps dorigine.
Article 25-4 nouveau de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982
La commission a examiné un amendement de M. Jean-Michel Dubernard tendant à ce que le fonctionnaire ayant déjà créé une entreprise dispose dun délai de six mois pour déposer, auprès de lautorité dont il relève, la demande dautorisation prévue par les articles 25-1 et 25-2.
Après que le rapporteur sest déclaré défavorable à cet amendement au motif quil faut sortir le plus rapidement possible des situations illégales existantes, la commission a rejeté lamendement.
La commission a rejeté un amendement de M. Pierre Lasbordes visant à prévoir la possibilité pour un fonctionnaire dêtre employé par une entreprise déjà existante, après que le rapporteur a expliqué que des dispositions statutaires prévoyaient déjà cette faculté.
La commission a ensuite adopté larticle premier ainsi modifié.
Article 2 (articles 6, 20, 25, 42, 53 et 56 de la loi n° 84-52 du 26 janvier 1984 sur lenseignement supérieur) : Création de services dactivités industrielles et commerciales au sein des établissements denseignement supérieur
La commission a adopté un amendement de cohérence rédactionnelle du rapporteur précisant que les établissements denseignement supérieur ne peuvent assurer des prestations de service que par voie de convention.
La commission a adopté un autre amendement de cohérence rédactionnelle du rapporteur concernant les brevets et les licences.
La commission a rejeté un amendement de M. Patrick Leroy tendant, dans le but de rééquilibrer les efforts demandés en matière dinnovation et de recherche entre les secteurs public et privé, à ce que la mise à disposition des moyens de fonctionnement soit réciproque.
La commission a adopté un amendement du rapporteur tendant à prévoir linformation de linstance scientifique compétente lors de la création dincubateurs au sein des établissements denseignement supérieur.
La commission a rejeté un amendement de M. Patrick Leroy de conséquence de lamendement qui proposait la création dune Agence nationale de linnovation et de la recherche.
La commission a adopté un amendement du rapporteur ayant pour objet de préciser que les SAIC peuvent recruter des personnels contractuels pour lexécution des contrats de recherche de ces services et non pas seulement pour leur fonctionnement.
La commission a rejeté un amendement de M. Patrick Leroy visant à interdire le recrutement sur des contrats à durée déterminée (CDD) dagents non titulaires par les SAIC, après que le rapporteur a indiqué que le projet de loi visait à stabiliser la situation de ces personnels et déviter leur recrutement par des associations.
La commission a adopté un amendement du rapporteur tendant à permettre à tous les établissements qui participent au service public de lenseignement supérieur, relevant du ministère chargé de lenseignement supérieur mais également dautres ministères comme ceux de la défense ou de lagriculture, de recourir à larbitrage.
La commission a rejeté un amendement de M. Patrick Leroy visant à soumettre la conclusion des conventions de coopération entre les EPSCP et les entreprises à lapprobation du conseil dadministration de ces établissements.
Elle a ensuite rejeté un amendement de M. Patrick Leroy tendant à ce que la mise à disposition de moyens au profit dentreprises ne nuise pas au fonctionnement normal du service public et ne porte pas atteinte aux programmes de recherche en cours dans les établissements publics.
La commission a adopté un amendement du rapporteur prévoyant que les EPSCP peuvent participer à des groupements déjà existants pour favoriser la valorisation des résultats de la recherche.
La commission a adopté un amendement de coordination du rapporteur tendant à corriger un décompte dalinéas, compte tenu des modifications apportées par le Sénat.
La commission a adopté lamendement n° 9 de MM. Pierre Cohen et Jean-Yves Le Déaut permettant notamment un recrutement direct des directeurs de recherche de deuxième classe en qualité de professeurs des universités de première classe, après que Mme Cécile Helle a souligné que cet amendement permettait de faciliter la mobilité des chercheurs.
La commission a adopté larticle 2 ainsi modifié.
Article additionnel après larticle 2 (articles 262-1, 262-2, 262-4, 262-5, 262-10,, 262-11 et 262-21 nouveau de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales) : Création de sociétés par actions simplifiées
La commission a examiné en discussion commune trois amendements, lun du rapporteur, lautre de M. Germain Gengenwin et le dernier de M. Jean-Michel Dubernard visant à permettre à toute personne, physique ou morale de créer des sociétés par actions simplifiée (SAS), y compris sous une forme unipersonnelle.
Le rapporteur a expliqué que lamendement était particulièrement adapté à la création dentreprises innovanrtes car il permet à tous daccéder à une forme sociale qui se caractérise par la grande liberté accordée à ses fondateurs, tant dans son organisation interne que dans le contrôle de son actionnariat.
MM. Germain Gengenwin et Jean-Michel Dubernard ont retiré leurs amendements au profit de celui du rapporteur.
La commission a adopté lamendement du rapporteur.
Après larticle 2
La commission a examiné un amendement de M. Germain Gengenwin proposant que les sociétés innovantes bénéficient dune diminution de leurs cotisations patronales.
Après que le rapporteur a relevé que ce type de réformes ne pouvait sinscrire que dans une réflexion densemble sur lassiette et le taux des cotisations sociales, cet amendement a été rejeté par la commission.
La commission a ensuite examiné un amendement de M. Germain Gengenwin tendant à exclure de lapplication de la loi du 13 juin 1998 sur la réduction du temps de travail les entreprises innovantes afin de ne pas pénaliser leur création et leur expansion.
Mme Marie-Thérèse Boisseau a noté que cet amendement visait à faciliter lactivité et le développement de ces entreprises dont les salariés ne comptent pas leur temps puisque leurs travaux de recherche ne peuvent être enfermés dans un carcan horaire trop rigide.
Le rapporteur a relevé que le fait dexclure ces salariés du passage à la durée du temps de travail à 35 heures ne constituerait assurément pas un progrès social ni une innovation à saluer.
M. Jean-Michel Dubernard a considéré que la clé du succès pour les entreprises innovantes était dêtre à même dorganiser leurs travaux de manière souple et libre.
M. Gérard Terrier a noté que, dans le cadre de la deuxième loi sur les 35 heures, il était tout à fait envisageable de prévoir des dispositifs plus souples pour certaines catégories de salariés, parmi les cadres et les personnels ayant des fonctions de conception et de recherche. Il est en effet nécessaire décarter les règles trop strictes et générales pour certains types de collaborateurs de lentreprise.
La commission a ensuite rejeté cet amendement.
Article 3 (article 163 bis G du code général des impôts) : Assouplissement des conditions dattribution des bons de souscription de parts de créateur dentreprise
La commission a adopté un amendement du rapporteur rétablissant une condition dancienneté de trois ans au sein de lentreprise pour pouvoir bénéficier de la taxation sur les plus-values au taux normal de 16 %.
Elle a ensuite rejeté un amendement de M. Germain Gengenwin tendant à étendre le bénéfice des BSPCE aux entreprises cotées sur le second marché, le rapporteur ayant souligné que louverture aux entreprises du nouveau marché, introduite par le Sénat, était suffisante.
La commission a adopté un amendement du rapporteur rétablissant la dénomination actuelle des bons de souscription de parts de créateur dentreprise qui avait été modifiée par le Sénat.
Elle a ensuite rejeté un amendement de M. Germain Gengenwin tendant à ouvrir le bénéfice des BSPCE aux sociétés innovantes étrangères, après que le rapporteur sest interrogé sur lincidence financière de cette proposition et sur la nature des entreprises visées.
La commission a adopté deux amendements du rapporteur tendant à revenir au texte initial du projet de loi, le premier réservant le bénéfice des BSPCE aux dirigeants salariés des entreprises et le second établissant à 25 % la part du capital de lentreprise devant être détenue directement ou indirectement par des personnes physiques, alors que le Sénat avait fixé ce seuil à 20 %.
Elle a ensuite rejeté un amendement de M. Germain Gengenwin tendant à pérenniser le dispositif des BSPCE, le rapporteur ayant fait valoir que ce dispositif doit demeurer expérimental et quil est préférable de sen tenir à la prorogation de deux ans, jusquau 31 décembre 2001, adoptée par le Sénat.
La commission a adopté larticle 3 ainsi modifié.
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Informations relatives à la commission
La commission a nommé :
- M. Marcel Rogemont, rapporteur sur le projet de loi relatif à larchéologie préventive n° 1575.
- M. Alain Néri, rapporteur :
· sur la proposition de loi de M. Jacques Floch relative à la substitution de lexpression « aux opérations effectives en Afrique du Nord » par lexpression « guerre dAlgérie et aux opérations effectuées en Afrique du Nord » - n° 1293,
· sur la proposition de loi de M. Maxime Gremetz relative à la reconnaissance de létat de guerre en Algérie et aux combats en Tunisie et au Maroc n° 1392,
· sur la proposition de loi de M. Georges Colombier tendant à la reconnaissance de létat de guerre en Algérie n° 1558.
- M. Jean-Claude Beauchaud, rapporteur sur la proposition de loi de M. Jean-Marc Ayrault portant diverses mesures relatives à lorganisation dactivités physiques et sportives n° 1612.
- M. Daniel Marsin, rapporteur sur le projet de loi portant ratification des ordonnances n° 98-522 du 24 juin 1998, n° 98-731 du 20 août 1998, n° 98-973 du 2 septembre 1998 prises en application de la loi n° 98-145 du 6 mars 1998 portant habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures législatives nécessaires à lactualisation et à ladaptation du droit applicable outre-mer n° 1173 rectifié.
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