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Colloque sur « La diplomatie parlementaire »

 du 23 mai 2001

organisé conjointement avec le Sénat

Pour la première fois, l’Assemblée nationale et le Sénat organisent conjointement un colloque : celui-ci s'est tenu le mercredi 23 mai 2001 au Centre de conférences internationales de l’avenue Kléber.

Ce colloque avait pour thème la diplomatie parlementaire. Il permettait de mieux faire connaître l’implication croissante du Parlement dans le domaine international et la diversification de ses modes d’action en la matière. Au-delà de ses missions traditionnelles d’examen et de contrôle de la politique étrangère menée par le Gouvernement, le Sénat et l’Assemblée nationale se sont engagés dans plusieurs voies nouvelles, développement de la coopération juridique et institutionnelle, accueil de personnalités étrangères, participation à de nombreuses missions d’information à l’étranger. Néanmoins, une progression rapide des échanges internationaux, leur influence croissante sur la vie économique et sociale imposent au Parlement d’accentuer une action dont l’enjeu n’est rien d’autre que le contrôle démocratique des acteurs de la communauté internationale.

Après les allocutions d’ouverture des présidents Christian Poncelet et Raymond Forni, cette manifestation s’est articulé autour de trois tables rondes, une le matin et deux l’après-midi.
- La première avait pour thème : " la diplomatie parlementaire : un concept émergent ". Interviendront les présidents des commissions des affaires étrangères et des délégations pour l’Union européenne, ainsi que trois députés et trois sénateurs. M. Olivier Duhamel en sera le modérateur.
- La deuxième portait sur " l’essor de la coopération interparlementaire ". Elle sera co-présidée par les vice-présidents de l’Assemblée et du Sénat chargés des relations internationales et fera intervenir trois députés et trois sénateurs. MM. Guy Carcassonne et Jean-Pierre Elkabbach en seront les modérateurs.
- La dernière, plus prospective, avait pour thème " la régulation internationale : une nouvelle frontière pour les parlements ". Elle sera placée sous la co-présidence de MM. Yves Tavernier et Philippe Marini, permettra l’intervention de deux députés et de deux sénateurs et aura pour modérateur M. Ivan Levaï.

A la fin de chaque table ronde, un échange de questions-réponses s'est déroulé avec la salle.

MM. Hubert Védrine et Charles Josselin devraient intervenir, ainsi que plusieurs personnalités étrangères.

Les actes du colloque ont été publiés dans les collections des documents d’information de l’Assemblée nationale et du Sénat.


Colloque Assemblée nationale - Sénat
La diplomatie parlementaire

Mercredi 23 mai 2001
Centre des conférences internationales

Sous la présidence de

M. Raymond Forni,
président de l'Assemblée Nationale
M. Christian Poncelet,
président du Sénat
En présence de
M. Hubert Védrine,
ministre des affaires étrangères

 

Programme

9 heures.- Accueil des participants

9 heures 30.- Allocutions d'ouverture :
M. Christian Poncelet, président du Sénat
M. Raymond Forni, président de l'Assemblée nationale


10 heures.- Première table ronde :
LA DIPLOMATIE PARLEMENTAIRE : UN CONCEPT ÉMERGENT

L'affirmation du Parlement sur la scène internationale

Co-présidents :
M. François Loncle, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale
M. Xavier de Villepin, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat

La montée en puissance des Parlements en Europe

Co-présidents :
M. Alain Barrau, président de la délégation pour l'Union européenne de l'Assemblée nationale
M. Hubert Haenel, président de la délégation pour l'Union européenne du Sénat

Modérateur : M. Olivier Duhamel, député européen, professeur de droit public

Témoins :
MM. Christian Kert, Jean-Bernard Raimond, Michel Vauzelle, députés
MM. André Dulait, Gérard Larcher, Jacques Valade, sénateurs
(modérateur et témoins sont communs aux deux thèmes)

Débat


12 heures 30.- Déjeuner sur place

14 heures 30.- M. Charles Josselin, ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie


Deuxième table ronde :
L'ESSOR DE LA COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE

Co-présidents :
Mme Christine Lazerges, Vice-présidente de l'Assemblée nationale, chargée des relations internationales
M. Jean Faure, vice-président du Sénat, chargé des relations internationales

Modérateurs :
M. Guy Carcassonne, professeur de droit public
M. Jean-Pierre Elkabbach, président de Public-Sénat

Témoins :
MM. René André, René Dosière, Mme Michèle Rivasi, députés
MM. Robert Badinter, Claude Huriet, Jacques Pelletier, sénateurs

Débat


16 heures.- Troisième table ronde :
LA RÉGULATION INTERNATIONALE : UNE NOUVELLE FRONTIÈRE POUR LES PARLEMENTS

Co-présidents :
M. Yves Tavernier, député
M. Philippe Marini, sénateur

Modérateur : M. Ivan Levai, président de LCP-AN

Témoins :
M. Jean-Claude Lefort, Mme Béatrice Marre, députés
MM. Jacques Legendre, Guy Penne, sénateurs

Débat


M. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères

17 heures 30.- Clôture

 



 


DOCUMENTS DE TRAVAIL  

SOMMAIRE

I. Les compétences constitutionnelles du Parlement en matière internationale
I.1. L'approbation et la ratification des conventions
I.2. L'autorisation budgétaire
I.3. Les pouvoirs d'information et de contrôle

II. Le Parlement et les relations internationales : données spécifiques
II.1. Le rôle des Présidents des assemblées
II.2. La représentation des Français établis hors de France, spécificité constitutionnelle du Sénat
II.3. Les missions d'observation électorale

III. Le Parlement et la construction européenne
III.1. Les délégations pour l'Union européenne
III.2. L'article 88-4 de la Constitution

IV. Les actions de coopération internationale du Parlement
IV.1. Les structures administratives chargées des affaires internationales
IV.2. Le rôle des groupes d'amitié
IV.3. La coopération technique interparlementaire

V. Le Parlement et les organisations internationales
V.1.Les organisations interparlementaires dans le monde - Esquisse d'une typologie
V.2.La participation du Parlement aux organisations internationales

 

 

 

I. Les compétences constitutionnelles du Parlement en matière internationale

 

I.1. L'APPROBATION ET LA RATIFICATION DES CONVENTIONS

Ratification ou approbation ?

Comme le rappelle l'article 53 de la Constitution, la pratique internationale connaît deux procédures permettant de constater l'engagement international de l'État : la ratification d'un traité ou l'approbation d'un accord. S'agissant des compétences du Parlement français, cette distinction est sans conséquence aucune, car la pratique constante sanctionnée par la jurisprudence considère que le critère permettant de savoir si un engagement international doit ou non être soumis au Parlement pour engager l'État est matériel et non formel. Quelle que soit la procédure internationale suivie, quel que soit le nom retenu (traité, convention, accord, etc.), le Parlement (ou le peuple si la voie du référendum est choisie) devra donner son accord si le contenu de l'engagement relève du champ de l'article 53 de la Constitution. Cette solution n'est pas évidente : la solution inverse prévaut aux États-Unis, où le Sénat américain n'autorise la ratification (quand il l'autorise...) que des seuls « traités » et non des « executive agreements ».

Au delà, la procédure au Parlement elle même ne dépend pas davantage de la qualification retenue, même si le débat est généralement plus long sur les textes importants, lesquels relèvent plus souvent de la catégorie des « traités » que des accords en forme simplifiée.

Quelle est donc cette procédure ?

La procédure parlementaire

 La procédure applicable à l'examen, à la discussion et au vote des projets de loi autorisant la ratification des traités s'inspire largement de la procédure législative normale, la pratique ayant conduit à ce qu'il ne s'agisse pas d'un acte spécifique du Parlement mais d'« une loi autorisant la ratification (ou l'approbation, l'acceptation etc.) d'un traité (ou d'une convention, accord, protocole etc..) »

S'agissant tout d'abord de l'initiative législative, il n'y a jamais eu, semble-t-il, de lois autorisant la ratification d'un traité (dans la suite de cette note on utilisera les termes « ratification de traité », mais ceux-ci seront valables pour une approbation d'un accord, protocole etc.) qui provienne d'une « proposition » de loi déposée par un membre du Parlement. Toutes les lois autorisant la ratification de traités résultent donc de projets de loi déposés par le Gouvernement sur le bureau de l'une ou l'autre assemblée (sauf, bien entendu les traités dont l'autorisation de les ratifier est soumise à référendum). On notera toutefois que le Président de l'Assemblée nationale a jugé recevable une proposition de loi déposée par Monsieur Alain Madelin et tendant à autoriser la ratification du Traité créant la Cour pénale internationale : il a donc estimé que cela ne contrevenait pas aux articles 52 et 53 de la Constitution.

Dès lors qu'un projet de loi autorisant la ratification d'un traité est déposé sur le bureau d'une assemblée, il est renvoyé à une commission : à l'Assemblée nationale, tous sont renvoyés pour examen au fond à la commission des affaires étrangères, la situation étant un peu différente au Sénat où, par exemple, les conventions fiscales sont renvoyées à la commission des finances.

L'examen est le même que pour un projet de loi classique, sauf bien entendu que le droit d'amendement des parlementaires y est inexistant. En effet, non seulement il n'est pas possible d'amender le traité lui-même - ce qui est bien naturel - mais l'article 128 du Règlement de l'Assemblée nationale interdit même de présenter des amendements au projet de loi autorisant sa ratification. En fait, l'Assemblée ne peut , aux termes mêmes de cet article, qu'adopter, rejeter ou ajourner le projet sans le modifier. Le Règlement du Sénat ne connaît pas cette restriction au droit d'amendement, mais applique en fait les mêmes règles.

Cette disposition n'a pas empêché l'adoption d'amendements à certains projets de loi autorisant la ratification de traités , mais ces amendements, même si leur origine était parlementaire, ont, en droit, été déposés par le Gouvernement. L'exemple le plus récent de cette pratique à l'Assemblée nationale peut être trouvé lors de l'examen du Traité d'Amsterdam : à cette occasion l'Assemblée nationale, puis le Sénat, ont adopté un article additionnel déposé par le Gouvernement, mais résultant des délibérations de la commission des affaires étrangères, dont l'objet était de prévoir une réforme des institutions préalable à tout nouvel élargissement de l'Union européenne.

Le rejet d'un traité est tout à fait exceptionnel. Il ne semble pas y avoir eu de cas sous la Ve République. Cependant, certains textes internationaux sont retardés plus ou moins discrètement et parfois définitivement. Dans l'époque récente, la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale a reporté pour des durées souvent longues des textes aussi divers que l'Accord d'association entre l'Union européenne et Israël, la convention de circulation avec le Togo ou le Traité d'extradition avec les États-Unis. Déjà, en 1979 et 1981, la commission avait reporté l'examen d'une convention d'extradition avec le Canada, ce qui avait finalement conduit le ministère des affaires étrangères à renégocier une nouvelle convention qui, elle, a été adoptée : qu'il se fût agi d'un rejet formel, on en était là très près.

La question des « réserves » est assez sensible : on peut soutenir que le critère matériel de compétence du Parlement imposerait qu'il statue sur le contenu des réserves, dans la mesure où celles-ci peuvent modifier substantiellement le champ d'engagement international de la France. Toutefois, avec bon sens, une pratique différente s'est instituée : les réserves que le Gouvernement envisage de présenter sur un texte n'est pas incorporé dans le projet de loi autorisant la ratification, mais est indiqué à la commission compétente, qui, le plus souvent, les publie dans son rapport afin que le Parlement en soit informé. Cette procédure souple, qui permet aux parlementaires de délibérer en connaissance de cause et de discuter, le cas échéant, la pertinence des réserves, a l'avantage de ne pas obliger à un retour devant le Parlement en cas de changement dans le contenu des réserves ou dans leur éventuel retrait lorsqu'elles deviennent ultérieurement inutiles.

L'examen en séance publique est assez différent à l'Assemblée nationale et au Sénat, au moins pour les conventions ne suscitant aucun débat. En effet, à l'Assemblée existe une procédure dont le nom a changé dans le temps, mais dont la pratique est demeurée la même et qui permet un examen réduit au seul vote en séance publique. Ce qui, en réalité, ne nuit pas au débat : lorsque le recours à cette procédure est décidé, les groupes politiques et la commission peuvent s'y opposer et ne manquent pas de le faire si la convention soulève des problèmes. Dans la pratique, lors de l'examen en commission des affaires étrangères, on décide qu'il y aura débat si un député le demande, ce qui montre bien qu'il ne s'agit pas d'esquiver le débat mais seulement d'alléger la séance publique.

Le délai d'examen des traités constitue un vrai problème : en raison de la lourdeur des procédures gouvernementale et parlementaire, la France est l'un des grands pays les plus longs à ratifier les conventions internationales, ce qui conduit souvent nos partenaires étrangers à suspecter des motifs politiques. Bien entendu, cela arrive parfois ; mais souvent, une certaine inertie des administrations est à l'origine de cette situation ; par la suite, l'ordre du jour du Parlement, souvent surchargé, ne permet guère de rattraper le temps perdu.

Après que le Parlement a autorisé la ratification, celle-ci n'intervient pas nécessairement immédiatement. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Il arrive que les autres signataires n'aient pas achevé leur procédure interne, ce qui est assez rare, en raison de la relative lenteur des ratifications françaises... Plus couramment, il arrive que les États de l'Union européenne se mettent d'accord pour tous ratifier le même jour . Il arrive aussi que la France attende pour ratifier d'avoir pris en droit interne les mesures de mise en œuvre de la convention : certes, les conventions ont « dès leur publication une autorité supérieure aux lois » (art.55 de la Constitution), mais comment imposer aux entreprises ou aux citoyens français de nouvelles règles internationales, si l'on n'a pas auparavant institué les procédures ou les nouvelles sanctions qui s'appliqueront etc. C'est ainsi que l'on a été conduit à attendre l'adoption de normes internes d'application avant que n'entrent en vigueur à notre endroit des textes tels que la convention créant la Cour pénale internationale ou la Convention OCDE de lutte contre la corruption.

En conclusion, on doit souligner qu'environ une loi sur deux a pour objet d'autoriser la ratification d'une convention internationale.


I.2. L'AUTORISATION BUDGÉTAIRE

Le budget des affaires étrangères ne constitue qu'une partie([1]) des crédits destinés à l'action extérieure de la France. L'examen du contrôle parlementaire sur ces crédits nécessite d'inclure les dotations qui sont gérées par les autres ministères et, en particulier, par le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie([2]). Pour contrôler cette masse de crédits dont il autorise l'ouverture, le Parlement dispose de moyens diversifiés, qu'il a été amené, ces dernières années, à utiliser de manière renforcée.

1. Des moyens de contrôle diversifiés

Traditionnellement, le domaine des affaires étrangères échappe au contrôle parlementaire. Cependant, et notamment dans le domaine financier, le pouvoir parlementaire s'est progressivement doté d'instruments de contrôle. Aujourd'hui, trois grands types d'instruments lui permettent d'intervenir :

-    Les pouvoirs des rapporteurs spéciaux

Conformément aux termes de l'ordonnance du 30 décembre 1958 portant loi de finances pour 1959, les rapporteurs spéciaux des commissions des finances suivent et contrôlent de façon permanente, sur pièces et sur place, l'emploi des crédits inscrits au budget des différents départements ministériels. En l'occurrence, sont compétents, à titre principal, le rapporteur spécial des crédits des affaires étrangères, celui des crédits de la coopération([3]), ainsi que les rapporteurs des charges communes, des services financiers et des comptes spéciaux du Trésor.

-    Les rapports d'information

Au-delà des seuls rapports budgétaires, les rapports d'information permettent aux parlementaires, notamment aux rapporteurs spéciaux de la commission des finances, d'aborder des thèmes particuliers en dehors de la seule période budgétaire (avec possibilité de contrôle sur pièces et sur place) et d'étendre le champ des contrôles à des questions transversales, communes à plusieurs fascicules budgétaires.

-    La présence de parlementaires dans des instances de décision ou de consultation liées à l'exécutif

La présence de deux députés et d'un sénateur au sein du conseil de surveillance de l'Agence française de développement (ancienne Caisse centrale de coopération économique), opérateur principal de l'aide publique au développement française, est explicitement prévue par les textes, y compris depuis la réforme de cet établissement public. De même, le conseil d'orientation stratégique du nouveau Fonds de solidarité prioritaire (ex-FAC) comprend deux députés et deux sénateurs.

Enfin, le Haut Conseil de la coopération internationale (HCCI), mis en place en 1999, accueille en son sein plusieurs parlementaires (présidence assurée par M. Jean-Louis Bianco, député).

2. Des moyens de contrôle de plus en plus utilisés

La discussion budgétaire offre l'occasion régulière d'examiner le financement de la politique extérieure. Presque toutes les commissions y participent : la commission des finances examine au premier chef le projets de budget du ministère des affaires étrangères, tandis que les commissions des affaires étrangères et de la défense, ainsi que les commissions des affaires culturelles émettent des avis sur différents secteurs de la politique extérieure. Cette multiplicité des rapports et d'avis permet de croiser les analyses et de cerner au plus près le contenu et les moyens de financement de l'action extérieure.

Ces dernières années, les initiatives se sont multipliées pour compléter ce rendez-vous annuel par des contrôles plus réguliers, plus approfondis et qui ont pu conduire à infléchir sur certains points les orientations gouvernementales.

Par exemple, depuis trois ans, à l'Assemblée nationale, le rapporteur spécial et le rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères envoient au ministère des affaires étrangères un questionnaire commun, ce qui permet généralement d'obtenir des réponses plus complètes dans des délais plus brefs.

Plusieurs rapports d'information de nature différente ont permis, par ailleurs, d'examiner tel ou tel aspect particulier de l'action extérieure et de son financement.

Un rapport d'information sur les services consulaires et la politique des visas([4]) a conduit le Quai d'Orsay à augmenter les crédits destinés à améliorer les conditions d'accueil des demandeurs des visas et à pérenniser l'affectation aux affaires étrangères d'une partie des recettes de chancellerie. Plusieurs rapports sur la politique de la francophonie([5]) et ses moyens budgétaires ont incité le gouvernement à isoler, depuis le projet de loi de finances pour 2001, les crédits destinés à financer de manière spécifique cette action, ce qui est allé dans le sens d'une plus grande transparence.

Le Parlement a obtenu du gouvernement([6]) qu'un rapport lui soit remis chaque année sur les contributions de la France au fonds monétaire international et au groupe de la Banque mondiale([7]), institutions internationales qui jouent un rôle de plus en plus déterminant sur la scène internationale sans qu'aucun contrôle parlementaire ne s'exerce.

Au Sénat, les rapporteurs spéciaux de la commission des finances ont évalué par exemple l'outil diplomatique français dans les pays candidats à l'adhésion européenne([8]) ou encore l'aide publique au développement affectée aux pays du Maghreb([9]).

Ainsi, de façon progressive, le Parlement investit le champ du contrôle du financement de l'action extérieure, domaine qui a pu pendant longtemps apparaître comme réservé au seul pouvoir exécutif et sur lequel il n'avait pas de compte à rendre. Ce mouvement s'inscrit dans le cadre plus général de la volonté exprimée par l'opinion publique de se saisir des questions de coopération internationale et d'aide au développement.


[1]  40 % de 56 milliards de francs pour 2001.

[2]  Les crédits concourant à l'action extérieure de la France sont répartis sur 28 budgets, les cinq principaux (80 %) étant les Affaires étrangères, les Charges communes, l'Économie et finances, les Comptes spéciaux du Trésor et le budget civil de recherche et développement.

[3]  Depuis la loi de finances pour 2000, les crédits des affaires étrangères et de la coopération font l'objet d'un fascicule budgétaire unique « affaires étrangères ».

[4]  M. Yves Tavernier, Les services des Visas, parents pauvres des affaires étrangères. Assemblée nationale, XIe législature, n° 1803, 8 septembre 1999.

[5] M. Yves Tavernier, Du global à l'universel, les enjeux de la francophonie, Assemblée nationale XIe législature, n° 2592, 21 septembre 2000.

[6] Article 44 de la loi de finances rectificative pour 1998.

[7] M. Yves Tavernier, Fonds monétaire international, Banque mondiale : vers une nuit du 4 août ? Assemblée nationale, XIe législature, n° 2801, 13 décembre 2000.

[8] M. Jacques Chaumont, La France et le défi de l'élargissement de l'Union européenne, Sénat, session ordinaire de 2000-2001, n° 102, 23 novembre 2000.

[9] M. Michel Charasse, Bilan de la coopération avec les états du Maghreb : une « rénovation » justifiée, Sénat, session ordinaire de 2000-2001, n° 83, 16 novembre 2000.


I.3.LES POUVOIRS D'INFORMATION ET DE CONTRÔLE

Par-delà sa compétence législative, qu'il exerce lors de l'examen et du vote de projets de loi autorisant la ratification ou l'approbation de textes internationaux, le Parlement a mis en place des outils et une pratique propres à lui permettre d'assurer, dans le domaine international comme dans les autres, sa double mission institutionnelle d'information et de contrôle de l'action du Gouvernement.

En réalité, ces deux fonctions d'information et de contrôle ne sont guère séparables : le contrôle suppose l'information et celle-ci constitue une modalité permanente de contrôle.  

La nécessaire information du Parlement sur les dossiers internationaux

La prééminence du pouvoir exécutif pour la définition et la mise en œuvre de la politique étrangère ne dispense pas le Parlement de recueillir, sur cette politique même et sur les différents dossiers internationaux, l'information la plus complète possible. Celle-ci s'impose notamment, lorsque le Parlement est invité à se prononcer sur un projet de loi autorisant la ratification ou l'approbation d'un texte international : il doit alors disposer des moyens d'exercer cette compétence en toute connaissance de cause.

Mais le Parlement est aussi l'endroit privilégié où s'élaborent des choix politiques, qui ne se limitent pas aux seules questions intérieures. Il lui revient donc de recueillir tous les éléments d'information permettant de se forger une conviction sur les événements internationaux, de même qu'il se doit de suivre et de contrôler l'exécution de la politique étrangère de la France, conduite par un Gouvernement responsable devant lui.

Le rôle spécifique des commissions

Les auditions régulières du ministre des affaires étrangères et de ses ministres délégués, par la commission permanente compétente en matière d'affaires étrangères de chacune des deux assemblées, permettent aux commissaires, de recueillir l'analyse de l'exécutif sur tel ou tel événement international et d'exprimer l'appréciation qu'ils portent sur les choix diplomatiques effectués par le Gouvernement.

Plus généralement, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, comme son homologue de l'Assemblée nationale, ont à cœur de privilégier la fonction d'information que le règlement des assemblées leur assigne, d'autant qu'elle permet de contrebalancer une fonction législative par nature plus réduite que pour les autres commissions. C'est ainsi qu'au-delà des auditions institutionnelles (ministres, ambassadeurs, etc...) leur effort porte sur l'audition d'experts, français ou étrangers, de questions internationales, de responsables d'organisations internationales, de personnalités politiques étrangères...

Par ailleurs, les commissions des affaires étrangères et de la défense du Parlement publient chaque année des rapports d'information sur divers sujets ou événements internationaux (rôle de l'ONU dans le maintien de la paix, l'avenir de l'OTAN, enseignements de la crise du Kosovo, enjeux stratégiques du projet américain de défense anti-missiles, etc...).

 Indépendamment des commissions, les groupes d'amitié, unissant Parlement français et assemblées étrangères et rassemblant des membres de toutes les commissions, contribuent utilement à la sensibilisation et à l'information des députés ou des sénateurs sur le pays ou la région concerné.

Les commissions d'enquête et les missions d'information. S'agissant des commissions d'enquête formées « pour recueillir des éléments d'information soit sur des faits déterminés, soit sur la gestion des services publics (...) », on constate que très peu ont été consacrées à des questions relevant spécifiquement des compétences du ministère des affaires étrangères. Le rare précédent est sans doute constitué par la commission d'enquête du Sénat de 1992  sur les conditions d'accueil en France (pour raison de santé) de M. Georges Habache, alors recherché pour des actes terroristes.

Les missions d'information, souvent communes à plusieurs commissions, constituent, en revanche, un champ d'application privilégié des questions internationales, tout particulièrement celles dont la création par chacune des assemblées -à l'initiative, en l'occurrence, des commissions des affaires étrangères ou de la défense- ont pour objet de recueillir des éléments d'appréciation sur tel ou tel événement ou sujet international.

Le Sénat avait ainsi créé, dès 1993, une mission d'information sur la mise en œuvre des accords de Schengen de libre circulation des personnes ; en 1998, l'Assemblée nationale a créé une mission d'information sur le génocide rwandais de 1994 ; une seconde, décidée en 2000 et toujours en cours, s'efforce d'identifier les responsabilités dans la tragédie de la ville bosniaque de Srebrenica.

Chaque année enfin, les commissions des affaires étrangères du Parlement décident la création de missions d'information à l'étranger, qui conduisent une délégation représentative des divers groupes politiques, à effectuer un ou plusieurs déplacements hors de nos frontières. Le recueil de l'information sur place se double alors d'un autre objectif, plus spécifique et plus « actif », tendant à relayer et conforter, auprès des autorités politiques du pays visité, le message diplomatique délivré par notre Gouvernement par ses canaux diplomatiques habituels.

L'information et le contrôle dans le cadre de la séance publique

Les débats en séance publique sur des questions internationales interviennent lorsque notre pays se trouve impliqué dans des crises : guerre du Golfe, opération « force alliée » au Kosovo, ou encore à l'occasion d'événements communautaires importants (présidence française de l'Union européenne). Les séances, souvent simultanément organisées dans chacune des deux assemblées, permettent aux représentants des groupes politiques d'exprimer leur position, leur soutien ou leurs critiques sur la stratégie arrêtée par le pouvoir exécutif.

Le Gouvernement peut, par ailleurs, inviter chacune des deux assemblées à se prononcer, par un vote, sur l'opportunité de la participation de la France à une action internationale. Tel fut notamment le cas, tant à l'Assemblée nationale (engagement de la responsabilité du gouvernement, article 49, 1er alinéa de la Constitution) qu'au Sénat (demande d'approbation au Sénat d'une déclaration de politique générale, article 49, 4è alinéa), lors de l'engagement de la France dans la guerre du Golfe le 16 janvier 1991.

Enfin, les questions écrites, orales, avec ou sans débat, ou encore les séances de questions au Gouvernement retransmises par la télévision permettent d'obtenir, de la part du ministre des affaires étrangères, un éclairage précieux sur une situation ou un événement international particulier.

Le cas particulier du pouvoir de résolution parlementaire dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC).

L'insertion de l'article 88-4 dans notre Constitution a conféré au Parlement la possibilité de voter des résolutions sur des « projets, propositions d'acte ou tout document émanant d'une institution de l'Union européenne ». L'Assemblée nationale et le Sénat ont donc désormais la possibilité de voter des résolutions, notamment dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Cette faculté, encore peu usitée, et qui s'apparente au pouvoir d'information et de contrôle, constitue cependant, pour le Parlement français, et dans l'état actuel de notre Constitution, le seul cadre où il lui est possible de voter une résolution sur un sujet international.


II. Le Parlement et les relations internationales : données spécifiques

 

II.1.LE RÔLE DES PRÉSIDENTS DES ASSEMBLÉES

  Les interventions institutionnelles

 1. Les fonctions de représentation

- Respectivement deuxième et quatrième personnages de l'État, les Présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale assument des fonctions protocolaires qui enrichissent l'information internationale dont ils disposent. A ce titre, ils s'entretiennent avec les hôtes officiels de la République, les invités des assemblées ou avec les diplomates en poste à Paris. Ils nouent également des relations privilégiées avec leurs homologues étrangers. En 2000, M. Christian Poncelet a ainsi notamment rencontré 22 chefs d'États et de gouvernement, 8 présidents d'assemblée, 8 ambassadeurs. M. Raymond Forni a accordé une soixantaine d'entretiens à des personnalités politiques étrangères entre avril 2000 et février 2001 : 13 présidents de la République, 7 premiers ministres, 13 présidents d'Assemblées, 7 ambassadeurs, la présidente du Parlement européen, le commissaire européen chargé du commerce, le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, MM. Mikhaïl Gorbatchev, Shimon Peres et le Dalaï-Lama.

- Les Présidents des assemblées sont parfois chargés de représenter le Président de la République à des cérémonies à l'étranger ou de mener en son nom des missions diplomatiques. En 1992, le Président de l'Assemblée nationale a porté un message au Japon pour dissiper le malentendu suscité par des propos du Premier ministre d'alors. De même, en 1995, le Président de l'Assemblée s'est rendu, à la demande du Président de la République, en Algérie en vue d'aider à mettre un terme au blocage des relations entre les deux pays.

            Par ces entretiens et ces déplacements, les Présidents des assemblées multiplient leur sources d'information sur la situation internationale et rappellent la position du Gouvernement ou de leur assemblée sur un ou plusieurs aspects de la diplomatie française. M. Christian Poncelet s'est rendu, début 2001, à Cuba tandis que M. Raymond Forni a effectué des déplacements en Pologne et en Égypte.

2. Les fonctions institutionnelles

- Les Présidents des assemblées sont présidents de droit de plusieurs délégations parlementaires à des assemblées  internationales.

MM. Christian Poncelet et Raymond Forni, présidents de droit du groupe français de l'Union interparlementaire (UIP), ont, à ce titre, participé, fin août 2000, à la conférence, organisée à New-York par l'UIP, qui a permis de définir une approche parlementaire de la coopération internationale à l'aube du 3e millénaire.

Le Président de l'Assemblée nationale, en tant que président de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie  (APF) est intervenu à Ottawa en juillet 1999 lors de la session annuelle de l'APF. Il est également co-président de la grande commission parlementaire France-Russie qui se réunit chaque année : au cours de la sixième session de cet organisme, à Moscou en octobre 2000, M. Raymond Forni a précisé sa position sur l'équilibre stratégique, la coopération entre l'Union européenne et la Russie, le rôle des parlements dans le règlement de la crise des Balkans et la coopération entre l'Assemblée nationale et la Douma.

- Les conférences des présidents des assemblées européennes donnent aussi aux Présidents de l'Assemblée et du Sénat l'occasion de s'exprimer dans le cadre du Conseil de l'Europe, ou dans celui, plus restreint, de l'Union européenne. A ce titre, M. Raymond Forni a participé aux Conférences de Bruxelles en mai et de Rome en septembre 2000.

C'est à l'occasion de l'une de ces réunions, en 1989, qu'à l'initiative des présidents Laurent Fabius et Alain Poher a été créée la conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC), dont la XXIIIe réunion a eu lieu en octobre à Paris.

Les nouvelles formes de l'action internationale des présidents

A - Les initiatives du Président de l'Assemblée nationale

1. La réception dans l'hémicycle de chefs d'État ou de gouvernements étrangers

l A l'exception du Président américain en 1919, il n'était pas dans les usages parlementaires qu'un chef d'État étranger s'exprimât à la tribune de l'Assemblée. M. Philippe Séguin, avec l'accord du Bureau, a amorcé un revirement en invitant à s'exprimer dans l'hémicycle le roi d'Espagne en 1993, le Président Bill Clinton en 1994 et le roi du Maroc en 1995.

Dans le prolongement de cette initiative, le Président Laurent Fabius a élargi cette invitation aux chefs de gouvernement : le Président du Conseil italien, M. Romano Prodi,  le Premier ministre de Grande-Bretagne, M. Tony Blair et le chancelier de la République fédérale d'Allemagne, M. Gerhard Schröder, ont ainsi prononcé une allocution devant les députés, de même que MM. Abdou Diouf et Abdelaziz Bouteflika, Présidents de la République du Sénégal et de la République algérienne, ou M. Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU.

2. L'intervention au forum des droits de l'homme et la démocratie parlementaire

L'intervention en faveur des droits de l'homme n'est pas nouvelle, puisque les Présidents Jacques Chaban-Delmas et Louis Mermaz ont défendu avec vigueur le respect des droits de l'homme en URSS. Elle revêt désormais un caractère plus affirmé, avec la réception à l'Assemblée nationale de personnalités comme le Dalaï Lama ou des dissidents comme le Chinois Wei Jingsheng en 1998.

Sous l'impulsion des Présidents, ce type d'action a eu tendance ces dernières années à s'institutionnaliser. A l'occasion du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, en décembre 1998, se sont tenus à Paris les États généraux des défenseurs des droits humains : dans ce contexte, de nombreux députés, à l'invitation de leur président, ont décidé de parrainer personnellement des défenseurs des droits de l'homme menacés dans leur pays pour le combat qu'ils mènent. Pour le suivi de cet engagement, deux types d'intervention sont prévues, celle des députés parrains, ou pour les situations les plus graves, celle du Président de la délégation du Bureau de l'Assemblée chargée des activités internationales

3. L'institutionnalisation des contacts bilatéraux

En 1979, le Président Jacques Chaban-Delmas avait pris l'initiative, avec son homologue de l'Assemblée nationale du Québec, de créer une association interparlementaire franco-québecoise qui fait suite à l'institution, en 1965, d'une association interparlementaire France-Canada. Plus d'une vingtaine d'années plus tard, ces organismes qui se réunissent alternativement en France ou au Canada, sont toujours vivaces, puisque la commission parlementaire franco-québecoise tient, en mai 2001, sa quinzième session en France.

De la même façon, le Président Philippe Seguin a proposé à son collègue, le Président de la Douma d'État de la Fédération de Russie, la constitution d'une grande commission parlementaire France-Russie qui tint sa première réunion à Paris en octobre 1995 ; la session de 2000, sixième du genre, a eu lieu à Moscou et la prochaine se tiendra à Paris en novembre 2001. Ces réunions sont toujours présidées, côté français, par le Président de l'Assemblée nationale lui-même.

En octobre 1997, à l'initiative du Président Laurent Fabius et de la Présidente Rita Süssmuth, ont été instituées des rencontres régulières entre la présidence de l'Assemblée nationale (Président et vice-Présidents) et le Präsidium du Bundestag (Diète fédérale allemande). C'est dans le cadre de ces réunions, d'une périodicité annuelle, qu'ont été prises plusieurs décisions portant la création des séjours de contact pendant lesquels un député est reçu par un de ses homologues de l'autre assemblée pendant plusieurs jours, partageant ainsi les différentes facettes de son activité parlementaire tant en circonscription que dans la capitale ; la troisième série de séjours de contact vient ainsi de se dérouler en Allemagne en mai 2001. Des actions de coopération plus techniques, entre administrations parlementaires, par exemple, sont également engagées dans ce cadre.

Toujours dans le même esprit, le Président Raymond Forni envisage de développer cette formule des organismes parlementaires bilatéraux : il a proposé d'en instituer un avec l'Égypte, à l'occasion de son voyage dans ce pays en avril 2001 ; il le proposera aussi au Président de la Chambre des députés du Mexique lors de la visite que celui-ci doit accomplir en France en juillet prochain.

B - Les initiatives du Président du Sénat

1. La réunion des Sénats du monde à Paris

Le Président du Sénat a réuni le 14 mars 2000, au Palais du Luxembourg, les présidents des deuxièmes chambres des Parlements du monde.

Cette initiative reposait sur un double constat : en premier lieu, celui du développement considérable des relations et échanges interparlementaires ; en second lieu, et surtout, celui d'une très large diffusion du modèle bicaméral. En effet, le nombre de Parlements constitués de deux chambres augmente sans cesse : il est ainsi passé de quarante en 1970 à plus de soixante aujourd'hui. Bien plus, une douzaine d'États envisagent, en ce moment même, la création d'un Sénat.

Cette dernière évolution, remarquable si l'on songe au thème dominant des années 70 qui était celui du déclin du bicamérisme, traduit le besoin de donner aux démocraties des instruments qui permettent d'équilibrer le fonctionnement des pouvoirs publics, de perfectionner le travail législatif et de renforcer le contrôle de l'action gouvernementale.

Elle s'inscrit dans le cadre de la démocratisation, certes progressive mais réelle, en cours au niveau mondial, mais aussi de la volonté croissante, dans les pays qui adoptent le modèle bicaméral, d'une représentation équilibrée des différentes composantes des sociétés nationales.

Le Forum des Sénats du monde a permis de répondre à quatre objectifs : affirmer la spécificité du bicamérisme, en faisant mieux connaître son utilité et sa vitalité ;  dresser le bilan et établir la typologie des secondes chambres, encourageant ainsi la réflexion scientifique sur les fondements et les "pratiques" du bicamérisme ; permettre l'identification et l'expression des besoins et organiser la solidarité entre les secondes chambres du monde dans le respect des spécificités régionales et nationales ; jeter les bases d'une coopération souple et coordonnée entre les Sénats du monde pour faciliter le développement du bicamérisme.

2. La création de l'Association des Sénats d'Europe

A l'invitation du Président Christian Poncelet, les Présidents de quatorze deuxièmes chambres européennes ont, au cours d'une réunion qui s'est tenue au Palais du Luxembourg le 8 novembre 2000, décidé la création d'une Association des Sénats d'Europe.

Cette Association regroupe les Bundesrat d'Allemagne et d'Autriche, les Sénats de Belgique, de Croatie, d'Espagne, de France, d'Italie, des Pays-Bas, de Pologne, de Roumanie et de la République tchèque, le Conseil national de Slovénie, le Conseil des États de Suisse, ainsi que le Conseil d'État du Luxembourg à titre d'observateur.

L'Association, qui se fixe pour objectifs le développement des relations entre les membres, la promotion du bicamérisme et le renforcement de l'identité et de la conscience européenne, organisera, chaque année, au moins une réunion des Présidents des Sénats sur des thèmes précis.

De plus, l'Association mettra en place un réseau de correspondants au sein des administrations des Sénats afin d'organiser des stages de fonctionnaires, faciliter les échanges d'informations et d'expériences, au besoin par la création d'un site internet.

A l'issue de cette réunion fondatrice, au cours de laquelle elle a adopté ses statuts, l'Association a décidé de tenir sa prochaine réunion à Paris, au Palais du Luxembourg le 6 juin 2001, sur le thème du rôle des Sénats dans la représentation des collectivités territoriales. Les réunions suivantes seront organisées à Bruxelles, à Ljubljana et à Madrid.

3. La conférence des Présidents des Parlements du Caucase du Sud

Le Président du Sénat, M. Christian Poncelet, a réuni, les 14 et 15 décembre 1999, les Présidents des Parlements du Caucase du Sud (Azerbaïdjan, Géorgie et Arménie). Il s'agissait de la première réunion de ces personnalités tenue à l'initiative d'un président d'assemblée d'un État.

Les Présidents des Parlements des trois États du Caucase du Sud ont participé le 14 décembre à un colloque, organisé par le Sénat et le Centre français du commerce extérieur (CFCE) et sous l'égide des groupes sénatoriaux d'amitié France-Caucase, section Azerbaïdjan, et section Géorgie, et France-Arménie, consacré aux relations économiques et commerciales entre la France et ces États.

Le Président Christian Poncelet a ensuite réuni ses homologues, le 15 décembre à Versailles, pour envisager l'avenir des relations entre leurs trois États. A l'issue de cette réunion de travail, les Présidents des Parlements d'Arménie, d'Azerbaïdjan et de Géorgie ont signé une déclaration commune par laquelle ils sont convenus de mettre en place entre leurs Parlements un mécanisme de consultation et de coopération dans différents domaines législatifs représentant un intérêt commun. Ils ont également décidé de se réunir de façon régulière, sous l'égide du Président du Sénat, pour, d'une part, débattre des sujets relatifs à la sécurité et à la stabilité dans la région et, d'autre part, favoriser le développement des relations culturelles, économiques et financières entre les États du Caucase du Sud et le reste de l'Europe.


II.2. LA REPRÉSENTATION DES FRANÇAIS ÉTABLIS HORS DE FRANCE,
SPÉCIFICITÉ CONSTITUTIONNELLE DU SÉNAT

L'article 24 de la Constitution de 1958 dispose que « les Français établis hors de France sont représentés au Sénat ».

C'est une spécificité de la Haute Assemblée. Alors qu'ils ne sont pas représentés à l'Assemblée nationale, les Français de l'étranger élisent des sénateurs, au nombre de douze depuis 1983.

I - LE CONSEIL SUPÉRIEUR DES FRANÇAIS DE L'ÉTRANGER (C.S.F.E.)

1 - Le rôle du Conseil supérieur des Français de l'étranger

Le C.S.F.E. est présidé par le ministre des affaires étrangères. Il est chargé d'une part d'élire les sénateurs représentant les Français établis hors de France, et d'autre part « de donner au Gouvernement des avis sur les questions et projets intéressant les Français établis hors de France et le développement de la présence française à l'étranger. Dans les matières ressortissant directement à sa compétence, le Conseil supérieur des Français de l'étranger peut être consulté par le Gouvernement sur les projets de textes législatifs et réglementaires. Il est appelé à donner son avis sur tout autre projet que lui soumet le Gouvernement. Il peut également, de sa propre initiative, adopter des avis, des voeux et des motions sur tout sujet concernant les Français établis hors de France et le développement de la présence française à l'étranger ». (Article premier A de la loi du 7 juin 1982, introduit par la loi n° 90-387 du 10 mai 1990).

2 - La création d'un collège électoral sénatorial

Les sénateurs qui représentent les Français établis hors de France sont, eux aussi, issus du suffrage universel indirect. Jusqu'en 1983 , ils étaient désignés par le Sénat sur proposition du Conseil supérieur des Français de l'étranger. Depuis la réforme intervenue à cette date, ils sont élus par « un collège formé des membres élus du Conseil supérieur des Français de l'étranger ».

La loi n° 82-471 du 7 juin 1982 relative au Conseil supérieur des Français de l'étranger a en effet transformé le mode de désignation des membres de cet organisme en substituant au suffrage restreint l'élection au suffrage universel direct par les Français résidant hors de France.

La loi n° 83-390 du 18 mai 1983 relative à l'élection des sénateurs représentant les Français établis hors de France constitue la suite logique de la précédente en faisant du nouveau C.S.F.E., issu du suffrage universel, un véritable collège électoral chargé d'élire les sénateurs représentant les Français de l'étranger.

3 - Les modalités d'élection du collège électoral

La loi n° 90-384 du 10 mai 1990 modifiant la loi du 7 juin 1982 relative au C.S.F.E. a apporté des modifications substantielles à la composition du Conseil (augmentation du nombre de ses membres élus, de la durée de leur mandat, modification de son mode de renouvellement), aux prérogatives et au statut de ses membres (régime indemnitaire, mode d'élection, incompatibilités et inéligibilités, etc.).

La loi n° 92-547 du 22 juin 1992 relative aux circonscriptions électorales pour l'élection des membres du C.S.F.E. établit une nouvelle ventilation des circonscriptions consulaires dans les États où se sont produits ces dernières années des changements politiques importants (Allemagne, Namibie, ex-URSS, ex-Yougoslavie), entre les différentes circonscriptions électorales des membres du C.S.F.E.

Renouvelable par moitié tous les trois ans, le collège électoral du C.S.F.E. est composé de 150 membres élus pour six ans, au suffrage universel direct, par les 1.700.000 Français de l'étranger inscrits sur une liste électorale créée à cet effet à l'étranger et dressée dans le ressort de chaque consulat ou, en cas de nécessité, dans un département limitrophe d'un État frontalier. Le mode d'élection prévu par la loi du 7 juin 1982 (la représentation proportionnelle intégrale) a été modifié par la loi n° 86-1115 du 15 octobre 1986, qui avait adopté un système inspiré du mode d'élection des sénateurs (scrutin majoritaire à un tour dans les circonscriptions où le nombre de sièges à pourvoir est de 4 ou moins ; représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel, dans les circonscriptions où le nombre de sièges à pourvoir est de 5 ou plus).

Depuis la loi du 10 mai 1990, l'élection au scrutin majoritaire à un tour a lieu désormais dans les circonscriptions où le nombre de sièges à pourvoir est de un ou deux, tandis que la représentation proportionnelle est applicable dans les circonscriptions où le nombre de sièges à pourvoir est de trois ou plus.

4 - La composition du C.S.F.E.

Outre ces 150 membres élus, qui seuls participent à l'élection des sénateurs, siègent au Conseil les sénateurs représentant les Français établis hors de France, des personnalités désignées pour six ans  par le ministre des affaires étrangères « en raison de leur compétence dans les questions concernant les intérêts généraux de la France à l'étranger », ainsi qu'un représentant des Français établis dans la principauté d'Andorre, désigné en leur sein pour six ans par le ministre des affaires étrangères .

Sa composition est la suivante :

150 membres élus (collège électoral sénatorial)

21 membres désignés par le ministère des Affaires étrangères

12 sénateurs représentant les Français établis hors de France 

Total : 183

 

Le Ministère des Affaires étrangères 

1 700 000 Français de l'étranger

}= C.S.F.E.

désigne

élisent

           ↓

21 représentants

150 représentants
           ↓

12 sénateurs

II - L'ÉLECTION ET LE RÔLE DES SÉNATEURS REPRÉSENTANT LES FRANÇAIS ÉTABLIS HORS DE FRANCE

1 - L'élection des sénateurs

Le collège électoral, formé des seuls membres élus du Conseil supérieur des Français de l'étranger, se réunit au ministère des affaires étrangères le jour du renouvellement de la série concernée. L'élection a lieu à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel. Quatre sénateurs sont élus tous les trois ans pour un mandat de neuf ans.

La loi organique n° 83-499 du 17 juin 1983 a porté de 6 à 12 le nombre de sièges des sénateurs représentant les Français établis hors de France. Il convenait, en effet, que ces sénateurs soient plus nombreux pour mieux représenter les Français établis à l'étranger, dont le nombre s'est accru depuis 1958, notamment en Europe.

Ce texte a également rapproché du droit commun des élections sénatoriales les conditions d'éligibilité, les incompatibilités et les règles applicables au contentieux des élections des sénateurs représentant les Français de l'étranger.  

2 - Le rôle des sénateurs

Le rôle des sénateurs représentant les Français établis hors de France est le même que celui de tout autre sénateur, mais leur circonscription est le monde entier moins la France métropolitaine et les départements et territoires d'outre-mer. Ils ne représentent pas des pays particuliers, bien qu'ils aient des zones privilégiées.

Particulièrement intéressés par les relations internationales de par leurs fonctions, les sénateurs participent activement aux groupes sénatoriaux d'amitié, où ils sont souvent membres du bureau. Huit des douze sénateurs appartiennent à la Commission des affaires étrangères, les quatre autres étant répartis dans les commissions des lois, des affaires économiques, des affaires sociales et des affaires culturelles.

Sur les pages "Français de l'étranger" du site Internet du Sénat, peuvent  être consultés :
- la présentation des sénateurs ;
- une messagerie à l'adresse de chacun des sénateurs ;
- leurs questions écrites et orales ;
- les lois et règlements concernant le mode d'élection et de représentation des sénateurs ;
- les relations internationales et les groupes sénatoriaux d'amitié au Sénat ;
des conseils pratiques concernant l'expatriation.


II.3. LES MISSIONS D'OBSERVATION ÉLECTORALE

Depuis la fin des années 80, le renouveau de la démocratie dans de nombreux pays a entraîné le développement de missions d'observation électorales, organisées à la demande des pays concernés.

Fréquemment sollicités pour envoyer des parlementaires suivre les différentes étapes des scrutins, les Bureaux de l'Assemblée nationale et du Sénat ont fixé des critères, très proches dans les deux assemblées, pour apprécier l'opportunité de telles missions, auxquels s'ajoutent des éléments relatifs à la situation concrète du pays.

I - Les critères de recevabilité d'une demande d'observation électorale

1. L'exigence d'une demande formelle des autorités du pays en cause

Dans la pratique, l'Assemblée nationale et le Sénat sont saisis soit directement, sous la forme d'une correspondance adressée à leur Président par les autorités gouvernementales ou parlementaires du pays concerné, par le président de la commission électorale, par les partis politiques au pouvoir ou d'opposition qui participent au scrutin, soit par le ministère des affaires étrangères qui relaie une demande officielle transmise à l'ambassade de France sur place ou émanant d'organisations internationales chargées de coordonner le processus électoral : ONU, Organisation des États américains, Union Européenne, OSCE ou Conseil de l'Europe.

La décision d'envoi d'une mission parlementaire d'observation électorale est prise au Sénat par son Président et à l'Assemblée nationale par le Bureau sur  proposition de sa délégation chargée des affaires internationales, l'accord du Président étant systématiquement requis.

2. L'importance politique du scrutin

Cette notion est prise en compte dans la plupart des cas. Par exemple, les processus engagés en Russie de 1993 à 1996, ou dans les Territoires autonomes palestiniens en 1996, concernaient des pays dont la situation géopolitique justifiait largement l'intérêt de la communauté internationale. Plus récemment, l'envoi d'une mission d'observation au Pérou, lors du premier tour des élections législatives et présidentielle tenues en avril dernier, répondait à la volonté de témoigner de l'attention vigilante que la France porte au respect des libertés fondamentales et de suivre le processus de retour à la démocratie.

3. La consultation systématique du ministere des affaires étrangères et du poste diplomatique

Si leurs avis défavorables sont  généralement suivis d'effet, des avis favorables n'ont pas entraîné automatiquement l'envoi d'une mission, dès lors que les autorités parlementaires estimaient celle-ci inopportune, ou considéraient que le processus de transition démocratique était achevé, comme ce fut le cas pour les élections générales en Roumanie en 1996.

 4. La possibilité de suivre sur place et sans contrainte les opérations de vote doit être garantie

La qualité du certificat de bonne démocratie donné par les parlementaires qui acceptent d'assurer une telle mission dépend "de la possibilité pour ceux-ci de se déplacer sans contrainte dans le pays visité et de rendre publics, dans les plus brefs délais, les commentaires que leur inspire le déroulement de la mission d'observation", comme l'écrivait, à l'automne 1996, le ministre des affaires étrangères en réponse à une lettre du Président de la Délégation de l'Assemblée nationale. Même si, parfois, la mission parlementaire française d'observation électorale peut être amenée à bénéficier de la logistique matérielle d'organisations internationales, elle garde sa pleine liberté d'analyse et de réaction, notamment lors de la communication de ses premières conclusions.  

II - L'appréciation de la situation concrète du pays

1. La nature du scrutin

Lorsqu'un pays entame un processus de démocratisation, il n'est pas rare que se succèdent trois types d'élections, avec parfois deux tours de scrutin : référendum d'indépendance ou constitutionnel, élection présidentielle, élections législatives. Dans la mesure où l'on ne peut songer à envoyer des observateurs à tous les scrutins faisant l'objet d'une demande, un tri s'opère au bénéfice des élections jouant un rôle essentiel dans l'installation d'une démocratie. Ainsi, la Délégation du Bureau de l'Assemblée nationale a toujours donné un avis favorable à la présence d'observateurs lors des référendums sur l'indépendance d'un État, compte tenu de leur solennité et de leur importance pour l'avenir du pays. Pour des référendums constitutionnels, l'envoi d'une mission d'observation s'est imposé lorsque les scrutins étaient très disputés et que la fraude risquait fort d'entacher les résultats. S'agissant d'élections présidentielle et législatives, les autorités parlementaires ont très fréquemment accepté le principe d'une mission pour les premiers tours.

2.  La présence d'autres observateurs

La présence de parlementaires de l'autre chambre ou d'observateurs étrangers (parlementaires, juristes, membres d'organisations internationales ou d'ONG) constitue également un élément d'appréciation.

Dans les pays avec lesquels la France entretient des relations bilatérales privilégiées - en particulier l'Afrique francophone - la présence d'autres observateurs étrangers encourage l'envoi d'une mission française. La participation est, en revanche, plus délicate lorsque la France est seule sollicitée, dans la mesure où l'ancienne puissance coloniale ou le partenaire privilégié peut être soupçonné d'ingérence par telle ou telle partie de la population.

Dans les pays avec lesquels les relations bilatérales sont moins étroites, la présence d'observateurs étrangers a joué un rôle sur la décision d'envoi d'une mission, selon que l'on estimait qu'il convenait d'affirmer la présence de la France dans l'État concerné ou, au contraire, qu'une participation au processus d'observation était moins nécessaire puisque d'autres pays s'en chargeaient.

3. Conditions requises pour le déroulement d'élections libres

L'assurance qu'un certain nombre de conditions nécessaires au déroulement d'élections libres et transparentes sont potentiellement réunies conditionne enfin l'envoi d'une mission d'observation électorale.

- l'existence d'un suffrage universel

Le principe "un homme, une voix" doit être respecté et la population du pays appelée à voter sans exclusion ethnique ou territoriale, ce qui pose le problème des États où sévit une guerre civile et où, de ce fait, les élections ne peuvent pas avoir lieu sur la totalité du territoire. Dans certains cas, toutefois, la présence d'observateurs internationaux s'est révélée particulièrement propre à garantir la liberté de scrutin.

- la présence de plusieurs partis politiques et la reconnaissance des droits des opposants politiques

La reconnaissance du multipartisme, l'existence de partis politiques et leur participation à l'élection, la liberté d'aller et de venir des opposants politiques doivent bien sûr être garanties. Dans cette mesure, l'appel au boycott ou au report des élections par plusieurs partis politiques ou associations peut rendre problématique l'envoi d'une mission d'observation.

D'une manière générale, un examen attentif de la situation locale s'impose, le risque étant de cautionner des élections suspectes.

- la reconnaissance de la liberté de la presse et le libre accès aux médias

L'existence d'une presse indépendante et pluraliste est également significative de la volonté d'un État d'engager un véritable processus démocratique. S'il apparaît nettement que la liberté de la presse n'est pas garantie et que l'information de la population est tronquée, les élections, même opérées dans le calme, risquent d'être contestées ; les observateurs peuvent alors se trouver en porte-à-faux et contraints d'admettre la légitimité du résultat, tout en constatant l'inégal accès des candidats aux moyens d'information.

Sont également pris en compte des éléments comme la fiabilité des listes électorales et le niveau d'organisation des opérations électorales.

III - Le déroulement de la mission

Quelques jours avant le scrutin, la délégation parlementaire française, composée dans la mesure du possible d'au moins deux membres issus l'un de la majorité et l'autre de l'opposition, participe à un programme d'entretiens organisés sur place, à sa demande, par l'ambassade de France.

Des contacts avec des autorités politiques (membres du gouvernement, chefs de partis, président de la commission nationale électorale.....), des responsables administratifs chargés de l'organisation du scrutin, des représentants des organes de presse, des personnalités impliquées dans la défense des droits de l'homme ou d'autres membres représentatifs de la société civile permettent de vérifier que les conditions préalables à la tenue d'élections libres et justes sont réunies.

La présence des observateurs aux dernières réunions publiques des candidats, lorsqu'elle est possible, leur permet de « tester » l'atmosphère pré-électorale.

Le jour du scrutin, la délégation parlementaire se déplace sur le territoire, parfois dans des régions distantes d'une centaine de kilomètres en vue d'assister au déroulement des opérations de vote dans le plus grand nombre possible de bureaux et d'observer le dépouillement et les procédures de communication des résultats.

Le lendemain du scrutin , les membres de la délégation parlementaire se réunissent, éventuellement avec les autres observateurs internationaux, pour échanger leurs constatations. Le chef de la délégation fait connaître par un communiqué ou une conférence de presse les conclusions des parlementaires sur le déroulement du vote. Dans la mesure du possible, la mission reste sur place jusqu'à la proclamation des résultats.

Un rapport de mission, qui peut être commun aux deux assemblées, consigne les observations faites sur le déroulement du scrutin, en suggérant le cas échéant des améliorations. Il fait l'objet d'une diffusion restreinte, notamment auprès du Président de l'assemblée concernée, des membres de la Délégation du Bureau chargée des activités internationales de l'Assemblée nationale, du ministère des affaires étrangères et du poste diplomatique.

D'octobre 1988 à avril 2001, les assemblées françaises ont ainsi participé à plus d'une centaine de missions d'observation des élections, en Afrique, en Europe de l'Est, en Asie et en Amérique centrale et du Sud. Ces missions ont contribué à enrichir leur information sur les problèmes internationaux et ont souvent été suivies par des actions de coopération interparlementaire venant soutenir les processus d'évolution vers la démocratie.


III. Le Parlement et la construction européenne

 

III.1. LES DÉLÉGATIONS POUR L'UNION EUROPÉENNE

I - COMPOSITION ET FONCTIONNEMENT DES DÉLÉGATIONS

1. Composition

L'article 6 bis de l'ordonnance n° 58-1100 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires inséré dans ce texte par la loi n° 79-564 du 6 juillet 1979 relative aux représentants au parlement européen, dispose que chacune des deux assemblées constitue, à côté de ses six commissions permanentes, une délégation pour l'Union européenne. Celle‑ci compte trente‑six membres désignés de manière à représenter proportionnellement tous les groupes politiques, tout en veillant à ce que chacune des six commissions permanentes y soit aussi représentée.

La délégation de l'Assemblée nationale est actuellement présidée par M. Alain Barrau (PS), celle du Sénat par M. Hubert Haenel (RPR).

2. Fonctionnement

Le fonctionnement des délégations, est semblable à celui d'une commission, mais leur mission est différente. Alors que les commissions ont pour vocation première de préparer l'examen et le vote en séance publique de la législation française, les délégations pour l'Union européenne ont pour tâche de suivre les travaux qui sont menés au sein des institutions de l'Union européenne. De plus, alors que chaque commission a un domaine déterminé de compétences (l'économie, la culture, le social, les finances...), les délégations ont une activité transversale et peuvent être amenées à examiner tout sujet, dès lors que l'Union européenne s'en saisit. Le fait que tous les membres d'une délégation soient également membres d'une des six commissions permanentes facilite ce travail transversal.

Les délégations se réunissent généralement chaque semaine pendant les périodes de session.

II - RÔLE DES DÉLÉGATIONS

1. La participation au contrôle de la politique européenne du Gouvernement

·   A cette fin, il est procédé à l'examen systématique des textes européens avant qu'ils ne soient adoptés par les institutions européennes et qu'ils ne deviennent des directives ou des règlements de l'Union européenne. Parmi ces très nombreux textes, chaque délégation sélectionne ceux qui revêtent une certaine importance, politique ou économique. Sur ces textes, elle peut, sous sa responsabilité, adopter des conclusions à l'intention du Gouvernement ou, si les enjeux sont plus importants, déposer une proposition de résolution afin que l'une ou l'autre assemblée puisse en débattre et se prononcer.

·   Sur de grandes questions appartenant à l'actualité européenne, des débats en séance publique peuvent être organisés selon des procédures propres à chaque assemblée permettant un dialogue avec le Gouvernement et l'expression de tous les groupes politiques.

·   Chaque délégation procède également de manière régulière à l'audition de membres du Gouvernement - le ministre des affaires européennes étant naturellement le plus souvent entendu - de commissaires européens et de personnalités. Le dialogue qui s'établit alors entre les délégations et les personnalités entendues permet aux parlementaires de compléter leur information et de faire connaître leurs réflexions et leurs préoccupations.

2. L'information des assemblées

 Des publications spécifiques retracent l'ensemble des travaux menés par les délégations.

 Les délégations peuvent choisir d'étudier de manière approfondie certains sujets sur lesquels elles publient des rapports.

 Les délégations effectuent également un suivi du processus d'élargissement de l'Union européenne.

3. Les relations interparlementaires au sein de l'Union européenne

 Trois membres de chacune des délégations des deux assemblées participent à la Conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC) qui, deux fois par an, réunit six représentants de chaque Parlement national et du parlement européen ainsi que trois observateurs du Parlement de chaque pays candidat à l'adhésion.

 Les délégations peuvent également recevoir des délégations parlementaires de pays membres de l'Union européenne ou candidats à l'adhésion à celle-ci.

HISTORIQUE DES DÉLÉGATIONS

Les délégations ont été créées en 1979 par une loi qui a été modifiée à deux reprises, en 1990 et 1994.

1979 : La décision de créer, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, une « délégation parlementaire pour les Communautés européennes », a été une conséquence de l'élection du Parlement européen au suffrage direct. Aussi longtemps que l'Assemblée de Strasbourg était composée de parlementaires nationaux, ceux-ci étaient tout naturellement associés à la construction européenne. La disparition de ce lien a conduit, en 1979, à mettre en place, dans chaque Assemblée, une structure parlementaire spécifique chargée du suivi des questions européennes.

1990 : La forte croissance du nombre des directives et règlements communautaires, à la suite de l'adoption de l'« Acte unique européen » en 1987, a conduit, en 1990, à renforcer le rôle des délégations. Le nombre de leurs membres est passé de dix-huit à trente-six, et leur mode de fonctionnement s'est rapproché de celui d'une commission permanente.

1994 : Pour tirer les conséquences de l'entrée en vigueur du traité de Maastricht qui créait l'Union européenne, les délégations de l'Assemblée nationale et du Sénat ont pris le nom de « délégations pour l'Union européenne » tandis que leur compétence s'étendait à l'ensemble des activités de l'Union européenne, y compris la politique extérieure et de sécurité commune (PESC), et la coopération en matière de justice et d'affaires intérieures (JAI).


III.2. L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

I - CONTENU ET FONCTIONNEMENT

Introduit dans la Constitution en 1992, à l'occasion de la révision constitutionnelle préalable à la ratification du Traité de Maastricht, puis modifié en 1999, dans le cadre du processus de ratification du Traité d'Amsterdam, l'article 88-4 a doté le Parlement français de moyens de contrôle spécifiques sur les affaires européennes.

Cette disposition constitutionnelle fait obligation au Gouvernement de soumettre à l'Assemblée nationale et au Sénat, dès leur transmission au Conseil de l'Union, les projets ou propositions d'actes des Communautés européennes ou de l'Union européenne comportant des dispositions de nature législative.

Pour les textes ainsi transmis par le Gouvernement, l'article 88-4 ouvre aux assemblées la possibilité d'adopter des résolutions exprimant leur point de vue sur le document en discussion et suggérant une ligne de conduite au Gouvernement. Le domaine européen est ainsi le seul où le Parlement peut prendre position par voie de résolutions, cette possibilité, dont il disposait avant 1958, ne lui étant pas reconnue pour les matières de droit interne depuis une décision du Conseil constitutionnel de juin 1959.

Pour les projets de textes européens, qui ne sont pas de nature législative (par exemple, le programme de travail annuel de la Commission ou les documents consultatifs du type « livres blancs » ou « livres verts »), la révision constitutionnelle de 1999 a introduit la possibilité pour le Gouvernement de les transmettre également au Parlement au titre de l'article 88-4. Dans la pratique, le Gouvernement fait un usage très large de cette clause de transmission facultative.

L'article 88-4 couvre donc un vaste champ d'application. Il permet au Parlement de se prononcer sur l'ensemble des textes européens relatifs aux trois piliers de l'Union européenne (politiques communes, politique extérieure et de sécurité commune, justice et affaires intérieures) ainsi que sur la plupart des documents de consultation ou de proposition émanant des institutions européennes. Au total, le nombre de textes transmis chaque année sur la base de l'article 88-4 est d'environ 200.

Si chacune des deux assemblées dispose d'une totale autonomie dans la mise en œuvre de l'article 88-4, les règles de procédure sont comparables à l'Assemblée nationale et au Sénat :

- dès leur réception, les projets de textes européens sont imprimés et distribués sous forme de documents bleus spécifiques.

- les documents sont ensuite systématiquement examinés par chacune des délégations parlementaires pour l'Union européenne. Pour chaque projet de texte européen, la délégation peut décider, soit de ne pas intervenir, soit d'intervenir mais de manière informelle en adoptant des conclusions qui n'engagent qu'elle ou en adressant un courrier au ministre compétent, soit, enfin, de déposer une proposition de résolution. Si le droit de déposer une proposition de résolution sur un texte européen appartient à tout parlementaire, député et sénateur, dans la pratique la plupart des propositions de résolution émanent des délégations parlementaires : ces dernières jouent donc un rôle central dans la mise en œuvre de l'article 88-4.

- La proposition de résolution est ensuite renvoyée à l'examen au fond d'une commission permanente. La résolution finale est adoptée soit par la commission permanente, soit par l'Assemblée nationale ou le Sénat en séance plénière si la demande en est faite par le Gouvernement, le président d'un groupe, celui d'une commission permanente ou de la délégation.

II - MISE EN OEUVRE ET PORTÉE

Le nombre de résolutions adoptées chaque année par les assemblées est variable : 12 pour l'Assemblée nationale et 13 pour le Sénat en 1999;, 11 pour l'Assemblée nationale et 4 pour le Sénat, en 2000. Elles couvrent des matières très variées comme, dernièrement, la question des OGM, les services d'intérêt général en Europe, Eurojust ou la sécurité du transport maritime.

Les résolutions sont des « avis » dépourvus de force obligatoire pour le Gouvernement. Elle sont publiées au Journal officiel - ce qui leur confère une certaine solennité - puis transmises au SGCI - qui doit procéder à un examen interministériel. La circulaire du Premier ministre de juillet 1994, révisée en décembre 1999, a introduit un mécanisme de « réserve parlementaire » en prescrivant aux ministres de ne pas se prononcer au Conseil sur un texte dans l'hypothèse où une des deux assemblées aurait manifesté l'intention d'adopter une résolution à son sujet. Cette même circulaire invite les ministères concernés à examiner « les suites à donner » à une résolution adoptée « eu égard à la position française dans la négociation ».

Il en découle que les résolutions sont essentiellement des textes de valeur politique. Le vote d'une résolution est le moyen pour le Parlement d'indiquer au Gouvernement l'importance que la représentation nationale attache à la défense de tel ou tel point de vue au cours des discussions au Conseil et la valeur de cette démarche sera d'autant plus affirmée que la résolution aura été adoptée en séance publique après que les groupes politiques se furent exprimés en présence du Gouvernement.

Cette intervention du Parlement peut d'ailleurs être un atout pour le Gouvernement au cours des négociations communautaires. Souvent, ces résolutions viennent conforter la position officielle, voire la compléter, plutôt que la contredire : le Gouvernement peut donc tirer argument des demandes présentées par la représentation nationale pour rester ferme sur des points en discussion vis-à-vis de ses partenaires. L'article 88-4 peut être ainsi l'instrument d'une collaboration « interactive » entre l'exécutif et le législatif pour la défense de points de vue d'intérêts nationaux dans le processus de décision communautaire.


IV. Les actions de coopération internationale du Parlement

 

IV.1. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES CHARGEES DES AFFAIRES INTERNATIONALES

En matière internationale, les assemblées exercent trois types d'activités : leur mission traditionnelle consiste à examiner, à contrôler la politique étrangère du gouvernement ; elles marquent un intérêt tout particulier à l'évolution de la construction européenne ; elles multiplient les relations avec les États étrangers, contribuant ainsi à la politique étrangère de la France.

A ces trois activités correspondent trois structures administratives différentes, secrétariat des commissions permanentes, service des affaires européennes et service des relations internationales.

I - Le secrétariat des commissions permanentes  

A l'Assemblée comme au Sénat, le secrétariat de la commission compétente se compose de cinq administrateurs ou conseillers. A l'Assemblée, il s'agit de la commission des Affaires étrangères, alors qu'au Sénat, la commission correspondante suit également la défense et les forces armées.

Les secrétariats assistent les présidents, les rapporteurs et les membres des commissions dans leur mission de contrôle de la politique étrangère. Bien sûr, il s'agit de participer aussi bien à la procédure budgétaire que législative (ratification des traités, examen des projets de loi ayant une incidence diplomatique ou militaire), mais il s'agit aussi de contribuer à la réflexion de fond sur les buts et les moyens de la politique étrangère et sur la situation internationale.

Au-delà, les commissions, et en particulier leurs présidents, entretiennent de nombreuses relations avec les pays et les institutions étrangères dont ils reçoivent régulièrement les représentants.

II - Les services des affaires europÉennes

A. À l'Assemblée nationale

Le développement des activités des Communautés européennes conduisit en 1975 à l'individualisation d'une division administrative propre aux affaires communautaires qui se trouva tout naturellement chargée d'assurer le secrétariat de la délégation de l'Assemblée nationale pour les Communautés européennes, créée par la loi du 6 juillet 1979.

En 1994, la réforme administrative des services internationaux de l'Assemblée nationale consacrait l'organisation d'un service des affaires européennes, chargé de quatre missions :

- Informer l'Assemblée nationale sur les affaires européennes

La mission première de la délégation pour l'Union européenne est de suivre les travaux conduits par les institutions de l'Union européenne afin d'assurer l'information de l'Assemblée nationale. Dans cet objectif, le service des affaires européennes recueille l'ensemble des documents émanant des institutions européennes (soit plus de 2 000 documents par an). Il en assure la sélection et l'analyse qui donnent lieu à une publication mensuelle intitulée « Sélection de documents de l'Union européenne ». Le classement et la conservation de ces documents (environ 11 000 en stock depuis octobre 1990) constituent une source originale d'information dont il n'existe pas d'équivalent.

- Assurer le secrétariat de la délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne

L'une des deux divisions du service, la division des Communautés et de l'Union européenne, assure le secrétariat de la délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne qui est chargée, par la loi, de suivre les travaux conduits par les institutions européennes, et aussi d'examiner les projets ou propositions d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative qui lui sont soumis par le Gouvernement en application de l'article 88-4 de la Constitution (soit 250 textes examinés en 2000 et 1 700 textes depuis l'instauration de cette procédure en 1992).

A ce titre, le secrétariat de la délégation pour l'Union européenne est chargé d'assister ses membres dans l'ensemble du processus d'information, d'instruction et de délibération.

Sous l'autorité du Président de la délégation, le secrétariat assure également la préparation des réunions, l'organisation des auditions, la préparation et la mise en forme des différentes publications, le suivi des procédures tant au niveau européen que pour l'adoption de propositions de résolution au titre de l'article 88-4, et encore l'organisation de missions d'information à l'étranger, de réunions interparlementaires... Le secrétariat de la délégation est en outre appelé à préparer et à suivre les travaux de la Conférence des Organes spécialisés dans les Affaires communautaires (COSAC) qui se réunit semestriellement dans le pays en charge de la Présidence de l'Union européenne. Il lui revient aussi de développer la communication et l'information extérieure, notamment en alimentant la page « Europe » du site Internet de l'Assemblée nationale, sur laquelle est porté l'ensemble des travaux de la délégation.

-  Mettre en œuvre les relations interparlementaires au sein de l'Europe

Cette mission du service est devenue primordiale au regard des évolutions de la construction européenne et de son élargissement. Les échanges avec le Parlement européen, avec les Parlements nationaux des pays de l'Union européenne ainsi qu'avec les Parlements des pays candidats se développent aussi bien dans un cadre bilatéral qu'européen. Un important programme de réunions de travail et d'organisation de débats sur l'avenir de l'Union européenne est actuellement en préparation dans les perspectives de « l'après-Nice ».

- Procéder à des études de législation comparée

Le service des affaires européennes est chargé de procéder à des études de droit comparé et de fournir des analyses sur les législations et réglementations des différents pays européens. La plupart de ces études sont réalisées à la demande des commissions, à l'occasion d'une réforme législative, ou à la demande des députés.

La division des études et des relations parlementaires européennes assure en outre les travaux de traduction pour le compte de l'Assemblée nationale. Outre la traduction en langues étrangères de la Constitution, du Règlement, de brochures d'information sur l'Assemblée nationale, l'objectif est aussi de développer la traduction des différentes rubriques de son site Internet.

- Le service des affaires européennes, placé sous l'autorité d'un directeur, compte 30 fonctionnaires dont 1 directeur-adjoint, 4 conseillers, 8 administrateurs et 3 administrateurs-adjoints.

B. Au Sénat

Le Sénat s'est très tôt préoccupé de suivre la construction européenne. Ainsi a-t-il créé, dès 1973, un service des affaires européennes qui s'est vu assigner trois missions 

- Informer les sénateurs

Il s'agit d'assurer aux sénateurs les moyens de s'informer des travaux menés dans le cadre de l'Union européenne et de prendre position sur ceux-ci.

A cette fin, le service assure en premier lieu le secrétariat de la délégation du Sénat pour l'Union européenne qui est chargée par la loi de suivre les travaux conduits par les institutions de l'Union européenne.

La délégation est en outre chargée d'examiner les projets ou propositions d'actes communautaires comportant des dispositions de nature législative.

La délégation peut entendre les ministres intéressés ainsi que des représentants des institutions communautaires. En particulier, elle entend très régulièrement le ministre chargé des Affaires européennes.

De plus, le service des affaires européennes constitue le centre de documentation du Sénat en matière européenne. Il est destinataire de l'ensemble des documents émanant des institutions européennes ainsi que des documents émanant des Assemblées des autres États membres de l'Union.

Il a vocation à assurer l'information des parlementaires en ce domaine, notamment en mettant à la disposition des sénateurs, des commissions compétentes du Sénat et enfin des fonctionnaires tous éléments utiles d'information ou d'appréciation des projets législatifs en fonction des législations et réglementations européennes

- Assister les sénateurs dans les assemblées européennes composées de parlementaires nationaux

La seconde mission du service des affaires européennes consiste à assister les sénateurs désignés pour participer aux travaux des assemblées européennes composées de parlementaires nationaux.

A cette fin, des fonctionnaires des services des affaires européennes du Sénat et de l'Assemblée nationale travaillent en commun pour assurer le secrétariat de :

- la délégation française aux Assemblées du Conseil de l'Europe et de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO), comportant 36 membres, dont 24 députés et 12 sénateurs ;

- la délégation française à l'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), composée de 8 députés et de 5 sénateurs, soit 13 membres.

Le service des affaires européennes tient également à disposition des sénateurs l'ensemble des travaux menés au sein de ces organisations.

- Élaborer des études de législation comparée

Sa troisième mission consiste à préparer et diffuser des études de législation comparée en vue des travaux législatifs du Sénat. La plupart de ces études sont réalisées à l'occasion d'une réforme législative et à la demande d'une commission permanente ou d'un sénateur à titre individuel.

A partir de l'analyse des dispositions législatives et réglementaires de quelques pays étrangers (membres de l'Union européenne et, le cas échéant, pays non membres de l'Union européenne choisis en fonction du sujet traité), les études de législation comparée permettent de souligner les points communs et les différences entre les évolutions législatives envisagées en France et les solutions retenues par les autres États.

Depuis que le service des affaires européennes s'est vu attribuer cette compétence, en octobre 1989, plus de 150 études ont été élaborées.

Le service des affaires européennes compte, sous l'autorité d'un directeur, 20 fonctionnaires dont 8 administrateurs et 5 administrateurs adjoints.  

III - Les services des relations internationales

A. À l'Assemblée nationale

Le service des relations internationales est une création administrative récente, formée de quatre divisions issues de trois anciens services. Ses principales missions sont les suivantes :

- Assurer le secrétariat des délégations françaises dans six assemblées parlementaires internationales, tant lors de leurs sessions plénières que pour les réunions de leurs bureaux, commissions et groupes de travail.

- Coordonner la gestion administrative de cent soixante et onze groupes d'amitié et groupes d'études à vocations internationale et assurer directement le secrétariat de soixante-cinq d'entre eux.

- Concevoir et mettre en œuvre les actions de coopération interparlementaire dans un cadre bilatéral ou multilatéral.

- Organiser des manifestations internationales, dont les deux catégories les plus importantes sont les colloques sur des sujets internationaux et les réunions sur notre territoire d'assemblées internationales ou de leurs organes.

- Répondre aux demandes documentaires des députés et des services sur les pays étrangers et sur les organisations internationales (132 questions, de nature et d'ampleur très variables, posées en 2000).

- Contribuer aux missions d'observation électorale décidées par le Bureau.

La division des assemblées et organisations internationales (voir fiche n° 13) assure, le plus souvent en liaison avec le Sénat, le secrétariat et le suivi des travaux des délégations parlementaires auprès des assemblées du Conseil de l'Europe, de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), de l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et de l'Organisation du Traité de l'atlantique nord (OTAN), et de leurs instances.

La division de la coopération interparlementaire (voir fiche n° 11) mène des actions d'évaluation, de conseil et de formation.

La division de la francophonie (voir fiche n° 13) assure le secrétariat de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), de l'association interparlementaire France-Canada et de la commission interparlementaire France-Québec. Elle suit l'activité des opérateurs de la francophonie et l'actualité des grands dossiers du secteur, actualise la documentation sur les pays francophones et assure la liaison avec les parlements francophones.

La division des relations parlementaires et des études internationales est chargée du suivi des relations avec les parlements étrangers, de la mise en place des missions d'observation électorale, de la documentation sur les pays étrangers (sauf Union européenne), de l'organisation administrative des groupes d'amitié, du secrétariat et du suivi du groupe de l'Assemblée nationale auprès de l'Union interparlementaire (UIP).

Le service des relations internationales se compose d'un directeur, de six conseillers, d'un administrateur, de onze administrateurs-adjoints, de quatre secrétaires administratifs et de six secrétaires, soit au total vingt-neuf fonctionnaires.

B. Au Sénat

Sous l'impulsion du Président et du Bureau, le Sénat a accompli un important effort d'ouverture sur l'international. En quelques années, son action en la matière a été profondément remaniée et renforcée. Cette volonté d'ouverture sur l'international se traduit par l'affirmation des activités internationales classiques, mais aussi par le développement de nouvelles opérations. Le service des relations internationales, créé le 17 juin 1994, a pour vocation de faciliter et, dans certains cas, d'organiser directement, les unes et les autres.

L'activité du service des relations internationales est répartie entre trois pôles principaux :

- Le pôle « groupes sénatoriaux et prospective » :

Le Sénat compte 79 groupes sénatoriaux d'amitié avec des Parlements étrangers couvrant 184 États. Ces groupes, composés de sénateurs, administrés par des fonctionnaires du Sénat et dont l'activité est coordonnée par le service des relations internationales, ont quatre missions : établissement de relations politiques et d'amitié ; soutien au développement de la coopération décentralisée ; contribution à la coopération interparlementaire ; action d'encouragement à la coopération économique et culturelle.

Moyens d'action traditionnels du Sénat dans le domaine des relations internationales, les groupes sénatoriaux n'en connaissent pas moins un profond renouvellement. De fait, ils deviennent un vecteur privilégié des activités internationales du Sénat : afin de favoriser leur développement, des modifications réglementaires ont déjà été adoptées par le Bureau du Sénat en 1996 et en 1999.

L'affirmation du rôle des groupes se concrétise par l'accroissement de leur nombre (une quinzaine de nouveaux groupes depuis 1994) ; par l'organisation régulière de rencontres avec des experts des affaires internationales (CERI, IFRI...) ; par la réalisation de colloques économiques en partenariat avec le Centre Français du Commerce Extérieur (en un an, ces colloques ont réuni plus de 1.500 personnes dont près de 1.000 responsables d'entreprises) ; et par l'organisation de petits déjeuners thématiques au profit des groupes sénatoriaux.

Le pôle « Groupes sénatoriaux et prospective» est responsable du développement de ces activités. Plus généralement, il est chargé d'instruire les demandes de création de nouveaux groupes et de coordonner l'action des 79 groupes sénatoriaux existants.

Il est, en outre, chargé d'élaborer des notes et études de synthèse en matière internationale. Enfin, il est à noter que les fonctionnaires du Service assurent le secrétariat exécutif de 11 groupes sénatoriaux couvrant 24 pays.

- Le « pôle coopération interparlementaire » :

En qualité d'Assemblée parlementaire d'une démocratie confirmée, le Sénat est régulièrement sollicité pour apporter l'appui de son expérience aux Parlements des nouvelles démocraties. La variété des demandes montre que la procédure parlementaire élaborée par le Sénat et ses méthodes de travail et d'organisation sont considérées comme des références sous des latitudes très diverses, et que les qualités d'expertise de ses fonctionnaires sont très appréciées. Le bicamérisme, enfin, est un modèle qui se répand dans le monde et les nouveaux Sénat se tournent tout naturellement, quelle que soit leur composition, vers le Sénat français pour bénéficier de son expérience. Le Sénat, au travers de son Service des Relations internationales, qui fait appel au concours des fonctionnaires des différents services, répond à ces attentes par trois types d'actions :

- les missions d'expertise à l'étranger qui peuvent être, soit des missions d'évaluation, soit des missions de conseil, soit des missions d'animation de séminaires ou sessions de formation ;

- l'accueil à Paris de fonctionnaires ou parlementaires étrangers pour leur présenter l'organisation et le fonctionnement du Sénat ;

- organisation à Paris de stages, d'une durée d'une semaine le plus souvent, afin de les associer à la vie des services du Sénat.

Ce pôle est par ailleurs responsable du secrétariat de la section française de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie et du groupe français de l'Union interparlementaire.

- Le pôle « accueil de personnalités étrangères » :

Il est chargé de participer à l'accueil des centaines de personnalités étrangères que reçoit le Sénat chaque année et d'organiser leurs programmes. Il participe à l'organisation de l'accueil des hôtes étrangers du Président du Sénat.

Placé sous l'autorité d'un directeur, le service des relations Internationales compte quatre administrateurs, quatre administrateurs-adjoints, un secrétaire administratif et trois secrétaires, soit, au total, 13 fonctionnaires.

Si ce faible effectif, comme l'activité du service, n'autorise aucun cloisonnement, il n'en reste pas moins que les fonctionnaires se spécialisent dans certains domaines.

Pour des raisons évidentes, ce service fonctionne en étroite liaison avec le cabinet du Président du Sénat. Chaque semaine, une réunion présidée par le conseiller diplomatique du Président et à laquelle participe un fonctionnaire du service permet d'examiner le calendrier des activités internationales du Sénat..


IV.2. LE RÔLE DES GROUPES D'AMITIÉ

Les groupes d'amitié constituent un instrument privilégié de la politique de relations des assemblées internationales et l'un des relais parlementaires de la politique étrangère de la France

A - A L'ASSEMBLÉE NATIONALE

I - Des structures qui ont été progressivement rationalisées

A l'origine, l'existence des groupes d'amitié ne relevait d'aucune décision expresse de l'Assemblée nationale. Il s'agissait d'un phénomène spontané, résultant d'initiatives individuelles, qui est apparu pour la première fois entre les deux guerres avec la création du groupe d'amitié France - Grande Bretagne. Il fallut attendre 1959 pour que le Bureau reconnaisse explicitement l'existence de ces groupes, mais ce n'est qu'en juillet 1981 que le Bureau a arrêté l'ensemble des règles qui leur sont applicables et a créé une Délégation chargée de veiller à la mise en œuvre de ces règles, concernant l'agrément, la constitution et les activités des groupes d'amitié.

Depuis 1981 donc, aucun groupe d'amitié ne peut se constituer avant d'avoir reçu l'agrément du Bureau de l'Assemblée nationale.

Des critères prudemment énoncés

D'emblée, le Bureau s'est montré particulièrement prudent dans la définition des critères applicables : il a décidé, en effet, d'admettre la possibilité de constituer des groupes d'amitié "avec tout pays membre de l'ONU, sous réserve du respect de différents critères tels que l'existence d'un Parlement et de relations diplomatiques de la France avec le pays concerné."

La conséquence de cet énoncé avait été de faire disparaître les groupes fédérateurs, tels Europe - Afrique, couvrant le champ de plusieurs groupes d'amitié.

Le critère de l'appartenance à l'ONU a immédiatement connu des exceptions, la décision du Bureau qui en pose le principe prévoyant d'étendre la liste des États éligibles à d'autres pays, comme la Suisse, ou à une province dans une situation particulière comme le Québec.

 Le critère de l'existence d'un Parlement semblait, a priori, une condition nécessaire compte tenu de l'objet même des groupes d'amitié, condition qui avait été rappelée à plusieurs reprises, notamment le 31 mai 1978 lors d'un incident de séance provoqué par M. André Chandernagor, lequel était hostile à l'initiative prise par M. Édouard Frédéric-Dupont de créer un groupe d'amitié avec le Chili. De fait, à partir de cette date, le Bureau fut amené à refuser l'agrément à des groupes concernant des pays où n'existe pas de parlement, même si la pratique montra qu'il était parfois difficile de respecter ce principe.

Des trois critères posés, celui de l'existence de relations diplomatiques de la France avec le pays concerné est en définitive celui qui a posé le moins de problèmes d'application, compte tenu de la possibilité, prévue dès 1973, de créer, en ce cas, non pas un groupe d'amitié mais un groupe désigné par un vocable différent, celui de groupe d'études à vocation internationale. Cette forme permet de disposer, pour l'essentiel, d'une structure de relations internationales avec des États internationalement reconnus mais ne répondant pas aux autres critères d'agrément.

Une mise en œuvre pragmatique

Au début de chaque législature, la Délégation du Bureau chargée des relations internationales se réunit pour confirmer, modifier ou compléter la liste des groupes d'amitié existant sous la législature précédente. Elle statue également en cours d'année, si elle est saisie de nouvelles demandes d'agrément ou si l'évolution de la situation d'un pays justifie la création d'un nouveau groupe ou la suppression ou la transformation d'un groupe existant. La Délégation peut solliciter l'avis de la commission des affaires étrangères.

La Délégation réunit les représentants des groupes politiques pour répartir entre eux, en proportion de leurs effectifs, les présidences des groupes d'amitié, étant entendu que désormais aucun député ne peut en détenir plus d'une. Les groupes politiques désignent ensuite les titulaires de ces présidences.

Lorsqu'il s'agit de manifester expressément une désapprobation d'ordre politique, la Délégation peut recommander au Bureau de supprimer tel ou tel groupe d'amitié, -ce fut le cas pour le Chili en 1981-, ou de le transformer en groupe d'études à vocation internationale.

De même, en 1981, le groupe d'amitié France - Afrique du Sud en fut transformé en groupe d'études à vocation internationale sur les problèmes de l'apartheid en Afrique du Sud, alors pourtant que ce pays remplissait les trois critères d'agrément. Il est redevenu un groupe d'amitié après les élections d'avril 1994 organisées dans ce pays, pour la première fois au suffrage universel hors de tout critère ethnique.

Cette souplesse dans l'application des critères est nécessaire, pour des raisons politiques, mais aussi parce que le rôle des groupes d'amitié a profondément évolué. Cent soixante cinq groupes d'amitié et six groupes d'études à vocation internationale sont actuellement agréés. Au delà des relations d'amitié qu'ils ont traditionnellement pour vocation d'entretenir, ces groupes constituent un relais parlementaire auquel les ambassades françaises et le ministère des affaires étrangères font couramment appel.

Chaque groupe d'amitié ou d'études à vocation internationale bénéficie de l'assistance d'un secrétaire administratif, obligatoirement recruté parmi des fonctionnaires de l'Assemblée nationale.

Les groupes d'amitié disposent aussi d'un crédit global attribué chaque année, permettant douze missions ou réceptions.

II. Un rôle en pleine évolution

Les groupes d'amitié ont ainsi obtenu un statut que l'on peut qualifier d'officiel, même s'il n'a pas trouvé sa consécration dans le Règlement de l'Assemblée nationale. Cette évolution se reflète tout naturellement dans l'apparition, à côté des échanges traditionnels, d'activités nouvelles en relation directe avec la vie internationale et la politique étrangère de la France.

1 - Les activités traditionnelles

Les activités traditionnelles -missions à l'extérieur ou accueil de délégations étrangères- gardent une importance qui ne doit pas être négligée : par les contacts qu'elles permettent de nouer, par la découverte de réalités qui ne se révèlent que sur le terrain, ces activités demeurent un moyen irremplaçable de connaissance et d'action.

Les missions et les réceptions des groupes d'amitié sont limitées à un seul échange par groupe d'amitié et par législature, mis à part le cas des pays limitrophes. Les délégations des missions, qui doivent s'efforcer de reproduire la composition politique de l'Assemblée, sont limitées à quatre, six ou sept parlementaires, selon l'éloignement du pays visité. Les échanges en cause sont fondés sur le principe de la réciprocité, ce qui les distingue des missions d'information des commissions.

Les missions à l'étranger des groupes d'amitié donnent systématiquement lieu à un rapport publié dans la collection des documents d'information de l'Assemblée nationale. Rassemblant, commentant et analysant les données et les propos recueillis sur place, exprimant parfois le souhait d'un infléchissement des relations bilatérales de la France avec le pays concerné, ces rapports sont une source non négligeable d'information à la disposition des parlementaires, du gouvernement et du public.

Avec l'Allemagne et la Grande Bretagne, les échanges, qui ont lieu en principe tous les ans, ne durent pas plus de deux ou trois jours et sont principalement consacrés à des réunions de travail autour d'un thème défini à l'avance.

Avec des pays moins proches, les réceptions se déroulent généralement en deux temps : à Paris, d'abord, où sont organisés des entretiens politiques au niveau parlementaire et ministériel, puis en province, souvent dans la circonscription du président ou d'un vice-président du groupe d'amitié, lequel trouve là l'occasion de faire connaître à ses hôtes les particularités de sa région. Dans tous les cas, les programmes d'accueil prennent en compte aussi largement que possible les souhaits des délégations invitées.

En dehors de ces échanges, mais aussi parfois grâce à eux, les groupes d'amitié organisent des réunions d'information (colloques, auditions d'ambassadeurs, de diplomates du ministère des Affaires étrangères, de journalistes, de représentants d'associations...), effectuent des démarches pour débloquer tel ou tel dossier ou prennent des initiatives dans des domaines extrêmement variés : envoi de livres, de médicaments ou de matériel médical ; développement des jumelages ; actions en faveur de la coopération interparlementaire ou décentralisée ; interventions dans le domaine des droits de l'homme, etc.

2 - Vers un regroupement régional des activités des groupes d'amitié

Force est de constater que la pratique actuelle, malgré ses réussites, entraîne un éparpillement de l'activité internationale peu propice, notamment pour les « petits pays »,  à une action suivie et approfondie. C'est pourquoi, le 28 juin 2000, le Bureau de l'Assemblée nationale a décidé de favoriser la coordination des activités des groupes d'amitié d'une même région géographique. Cette démarche vise à promouvoir la diplomatie parlementaire, en répondant à l'internationalisation de la vie politique.

Elle a également pour objet d'approfondir la coopération interparlementaire, tout en respectant les compétences et en garantissant l'indépendance d'action de chacun des groupes d'amitié existants. Conduite sur une base volontaire, au niveau des présidents de groupes d'amitié, elle a déjà permis de regrouper les activités de trois zones : Europe du Sud-Est, Amérique centrale et Caraïbes, Asie centrale. Deux autres regroupements sont en cours concernant l'Afrique australe et la péninsule arabique. Au total, ce seront les activités de 41 des 171 groupes d'amitié ou groupes d'études à vocation internationale qui seront « regroupées ».

3 - Les groupes d'amitié, relais parlementaires de la politique étrangère de la France

Les groupes d'amitié ont été dotés d'un statut et de moyens leur permettant de participer pleinement au développement de la diplomatie parlementaire et de relancer la coopération interparlementaire en faveur des démocraties récentes.

Conscient du fait que les groupes d'amitié ont vocation à représenter l'Assemblée nationale, le ministère des affaires étrangères y a vu le moyen de démultiplier la présence de la France : antérieure ou consécutive à une visite ministérielle, la mission d'un de ces groupes peut apporter beaucoup aux relations bilatérales de la France, encore plus lorsque ces relations connaissent une éclipse ne correspondant pas à un choix politique délibéré.

Désormais, le ministère des Affaires étrangères, et plus encore peut-être nos ambassades à l'étranger, ont reconnu l'intérêt des échanges parlementaires. A partir des années 1982-1983, les présidents de groupes d'amitié ont été systématiquement associés aux voyages officiels du Président de la République et de plusieurs ministres, quelle que soit leur appartenance politique.

Inversement, l'accueil à l'Assemblée nationale de hautes personnalités étrangères en visite officielle apparaît désormais comme un élément important, voire incontournable, de leur programme, et les groupes d'amitié y sont souvent associés.  

B - AU SÉNAT

I - Le développement des groupes sénatoriaux : une couverture mondiale, des missions renouvelées

C'est à l'issue de la Seconde Guerre mondiale qu'est apparue au Sénat la notion de « groupe d'amitié » : il s'agissait alors tout simplement de regrouper au sein d'une structure stable, et sur la base d'une totale liberté d'adhésion, les Sénateurs désireux de maintenir et approfondir les liens d'amitié avec leurs collègues d'un pays déterminé. Tout naturellement, les premiers groupes - dès 1947 - eurent pour vocation les relations avec les assemblées des États-Unis, de Grande-Bretagne, de Belgique, de Suisse, auxquels s'ajoutèrent peu après les groupes sénatoriaux France-Pays-Bas (1949), France-Italie (1950), France-Amérique latine (1951), France-Canada (1951), France-URSS (1957), France-Allemagne (1961), etc... Le mouvement de création des groupes sénatoriaux d'amitié au Sénat connut deux accélérations majeures avec l'accession à l'indépendance de nombreux États dans les années 1960 et les conséquences de la disparition de l'Union soviétique en 1991 : aujourd'hui le Sénat compte 79 groupes sénatoriaux d'amitié, couvrant la quasi-totalité des États du monde puisqu'un groupe peut concerner soit un seul pays (63 groupes sont dans ce cas), soit plusieurs pays « formant une entité géographique et historique » (16 groupes*).

A la fonction première des groupes qui consistait en l'établissement de liens d'amitié avec des parlementaires étrangers, se sont ajoutées progressivement de nouvelles missions. C'est ainsi que les groupes ont été chargés, lors de la réforme de 1999, par le Bureau du Sénat, de contribuer au développement de la coopération décentralisée, de participer à des actions de coopération interparlementaire et de favoriser l'action des entreprises françaises à l'étranger.  

II - Organisation et fonctionnement des groupes sénatoriaux : souplesse et liberté

Les règles concernant l'organisation et le fonctionnement des groupes sénatoriaux d'amitié sont déterminées par le Bureau du Sénat, le service des relations internationales étant chargé de l'instruction du dossier nécessaire aux membres du Bureau pour statuer. Les principes fondamentaux sont les suivants :

1 - Création et constitution d'un groupe

C'est le Bureau du Sénat qui, à la demande d'un sénateur adressée au Président du Sénat, décide d'autoriser la création d'un groupe, au vu d'un rapport établi par le service des relations internationales.

La seule condition réglementaire est l'existence de « relations officielles » de la France avec le pays concerné. Toutefois, le Bureau peut s'appuyer sur des considérations d'opportunité pour statuer.

Une fois l'autorisation de création donnée par le Bureau, le service des Relations internationales adresse à tous les membres du Sénat une lettre les informant de cette autorisation et les invitant à adhérer à ce nouveau groupe. L'adhésion des sénateurs à un groupe d'amitié est totalement libre.

Lorsque les adhésions ont été collectées, le service invite les adhérents à participer à une assemblée générale constitutive chargée de désigner le Bureau du groupe. Ici encore, le principe est celui de la liberté : aucune règle ne s'impose pour la constitution de ce Bureau**. Cependant, il est d'usage que sa composition reflète, autant que possible, le poids respectif des groupes politiques au sein du groupe sénatorial et que, dans toute la mesure du possible, chaque groupe politique y dispose d'un représentant.

Lorsqu'un groupe concerne plusieurs pays, des sections sont créées en son sein afin d'être les correspondantes de chacun des pays considérés. Elles ont chacune à sa tête un sénateur différent président délégué pour le pays concerné.

2 - Moyens administratifs et financiers

Chaque groupe bénéficie du concours d'un secrétaire exécutif qui en assure l'administration et le fonctionnement, sous l'autorité du président. Les secrétaires exécutifs ne peuvent être choisis que parmi les fonctionnaires du Sénat (généralement administrateurs ou administrateurs-adjoints).

Leur candidature est proposée, par le service des relations internationales, aux Secrétaires généraux dont l'accord est nécessaire pour procéder à la désignation officielle du secrétaire exécutif.

Ces sections ont, en principe, les mêmes membres et le même secrétaire exécutif que le groupe général. Elles ne disposent pas d'une autonomie administrative ou financière.

Un groupe peut percevoir deux types de ressources :

- les cotisations de ses membres, qui sont modiques (18 euros, soit 118,07 F, par an en 2001) et ne permettent que de couvrir les frais de fonctionnement courant du groupe ;

- les subventions accordées au cas par cas par les Questeurs du Sénat au vu d'un dossier détaillé et chiffré. Pour bénéficier de ces subventions, qui seules permettent de fonctionner correctement, le groupe doit avoir un effectif minimum d'adhérents (15 membres pour les groupes concernant un ou deux pays ; 20 membres pour les autres).

Chaque groupe dispose d'un compte bancaire spécifique, géré par le secrétaire exécutif du groupe.

Un groupe peut chaque année, soit effectuer un déplacement à l'étranger, soit recevoir une délégation amie. Les groupes "régionaux" peuvent organiser deux missions à l'étranger ou d'accueil de délégations chaque année.

Pour les déplacements à l'étranger, la subvention peut couvrir au maximum 90 % des frais de transport et des frais de séjour et d'hébergement (en pratique les frais de séjour et d'hébergement sont généralement pris en charge par le pays hôte ; en toute hypothèse, les frais du secrétaire exécutif sont intégralement pris en charge par le Sénat). Les frais d'accueil d'une délégation étrangère peuvent être totalement pris en charge par la subvention ; il en va de même pour les autres manifestations organisées à Paris, dans la limite de certains tarifs (par exemple, pour le prix des repas).  

III - Les activités des groupes sénatoriaux : progression et diversification

1 - Déplacements à l'étranger

Selon le rythme et les modalités exposés précédemment, tout groupe d'amitié a la possibilité de désigner une délégation de ses membres chargée d'effectuer une visite auprès du Parlement étranger correspondant.

Ces déplacements, dont le nombre annuel global évolue entre 10 et 20, permettent de nouer des contacts personnels entre les membres des deux assemblées, mais ils sont également l'occasion de dresser un bilan de la situation du pays visité dans les domaines politiques, économiques, etc... grâce aux entretiens accordés par de nombreuses personnalités. Plus encore, les missions des groupes sénatoriaux peuvent contribuer au développement d'actions de coopération dans les domaines des relations interparlementaires, bien sûr, mais aussi de la coopération décentralisée ou du développement économique ; dans cet esprit, le groupe sénatorial France-Arménie s'est fait accompagner à Erevan par une délégation de chefs d'entreprises français. Les groupes disposent, par ailleurs, de la possibilité de publier, dans une collection spéciale éditée par le Sénat, le compte rendu de leurs déplacements.

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Déplacements à l'étranger

13

10

15

20

26

28

Rapports publiés

4

6

8

7

4

2

2 - Accueil en France de délégations étrangères

Chaque groupe dispose également de la possibilité de recevoir une délégation de son correspondant étranger. Ces accueils, qui sont également de l'ordre d'une dizaine par an au total, sont de plus en plus fréquemment l'occasion d'organiser des réunions de travail politiques et économiques au profit des délégations étrangères. Parfois, et à la demande de la délégation, elles sont assimilables à de véritables séminaires thématiques, par exemple sur l'organisation et les pouvoirs des collectivités locales ou la situation économique d'un secteur déterminé.

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Visites en France

3

11

14

15

14

15

3 - Organisation de manifestations sous l'égide de groupes sénatoriaux ou participation à des manifestations extérieures

Les groupes sénatoriaux ont la possibilité d'organiser des manifestations en France sans qu'elles soient nécessairement liées à la présence d'une délégation étrangère. Il s'agit en général, au travers de repas, de petits déjeuners-débat, de conférences ou de colloques de parfaire l'information du groupe sur le pays dont il est le correspondant ou de mieux faire connaître ces pays en France.

Depuis peu, les groupes ont la possibilité d'organiser des colloques économiques, colloques à la vocation très opérationnelle qui consiste notamment à permettre l'établissement de contacts directs entre investisseurs potentiels et représentants du pays considéré. Il arrive aussi que les groupes accordent leur patronage à des manifestations culturelles, expositions d'art, concerts dans les grands salons de la Présidence du Sénat.

 

 

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Déjeuners de travail

19

57

43

59

60

49

Autres réceptions officielles

8

30

22

25

24

18

 

 

Colloques économiques

1996

1997

1998

1999

2000

Nombre de colloques

2

7

4

6

3

Groupes sénatoriaux « organisateurs »

3

10

7

7

4

Participants

300

1 445

900

1 215

479

* Par exemple, les groupes France-Asie centrale, France-Pays baltes, France-Amérique du Sud

** Une règle récente interdit toutefois à un même sénateur de présider plus de deux groupes sénatoriaux d'amitié.

IV.3. LA COOPÉRATION TECHNIQUE INTERPARLEMENTAIRE

La coopération interparlementaire est devenue un axe privilégié de l'action internationale du Parlement, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat. Cette action obéit à des principes généraux communs aux deux assemblées, même si certaines modalités techniques peuvent différer au Palais Bourbon et au Palais du Luxembourg.

Le contexte historique de la fin des années quatre‑vingts et du début des années quatre-vingt dix confronte les Parlements des démocraties confirmées à des responsabilités internationales nouvelles.

L'effondrement de l'Union soviétique, la chute du mur de Berlin, les conférences nationales africaines ont suscité une vague de démocratisation des institutions politiques en Europe centrale et orientale ainsi que dans de nombreux pays du Sud et de l'Afrique francophone en particulier. Ces nouveaux postulants à la démocratie parlementaire ont spontanément reconnu aux Parlements des démocraties plus anciennes, et particulièrement à la France, un double rôle de témoin et de parrain.

En qualité d'assemblées parlementaires d'une démocratie confirmée, l'Assemblée nationale et le Sénat sont ainsi de plus en plus fréquemment sollicités pour apporter l'appui de leur expérience aux Parlements des nouvelles démocraties ou des pays en voie de démocratisation ou encore des pays candidats à l'Union européenne.

La variété de ces demandes montre que la procédure parlementaire élaborée par le Parlement français et ses méthodes d'organisation et de travail sont considérées comme des références sous des latitudes très diverses.

La coopération technique interparlementaire a pour objectifs de contribuer à l'approfondissement de l'État de droit, au bon fonctionnement des institutions démocratiques par l'amélioration du travail parlementaire et de répondre aux demandes des Parlements des pays candidats à l'Union européenne, notamment sur les procédures d'intégration de l'acquis communautaire.

La démarche trouve sa légitimité d'une part dans le fait que l'action de l'Assemblée nationale et du Sénat dans ce domaine consiste à répondre aux demandes qui leur sont adressées et, d'autre part, dans le respect de la réalité étrangère : il ne s'agit en aucun cas de prétendre imposer un modèle ou d'inciter au mimétisme mais, beaucoup plus humblement, d'exposer à l'assemblée étrangère demanderesse les solutions retenues par le Parlement français pour assumer ses fonctions.

Le cadre d'intervention peut être bilatéral ou multilatéral ; le nombre des intervenants, d'ailleurs, se multiplie en raison notamment de la prise en compte par les institutions internationales du volet institutionnel dans leurs programmes.

Ces deux niveaux d'intervention ne s'excluent pas ; ils peuvent être très complémentaires : les programmes multilatéraux, en effet, offrent une capacité d'action évidemment supérieure à celle d'une seule assemblée -que ce soit en termes financiers ou en moyens humains- ; en revanche, le bilatéral peut prendre le relais du multilatéral en permettant ainsi au parlement bénéficiaire de perfectionner les volets du programme achevé et d'avoir un correspondant.

  I - A L'ASSEMBLEE NATIONALE

La coopération technique interparlementaire, officiellement reconnue par une décision du Bureau de l'Assemblée nationale de décembre 1989 a récemment connu une évolution sensible. M. Raymond FORNI, Président de l'Assemblée nationale, constatant la multiplication des demandes d'assistance technique et juridique adressées à l'Assemblée nationale par des Parlements étrangers afin de concourir à la consolidation ou à l'établissement de l'état de droit dans leurs pays, a en effet souhaité « intensifier les actions de coopération interparlementaire, en étroite liaison avec les groupes parlementaires d'amitié concernés ».

Les principes directeurs

Dans la pratique, les opérations de coopération sont autorisées par la délégation du Bureau chargée des activités internationales, saisie, le plus souvent par l'intermédiaire du Président, des demandes adressées à l'Assemblée nationale.

Elle privilégie les demandes relatives à la consolidation de l'institution parlementaire des pays de la zone de solidarité prioritaire et celles émanant des parlements des États candidats à l'Union européenne.

Elle cherche par ailleurs à promouvoir les coopérations à moyen terme, à l'image de celles conduites, par exemple, avec les assemblées de Bulgarie, de Madagascar, du Nigéria ou de Roumanie, ou dans le cadre de certains programmes multilatéraux.

La Délégation s'efforce enfin de faire coïncider diplomatie parlementaire et coopération technique, pour donner à celle-ci la dimension politique qui doit être la sienne : les députés, et notamment les Présidents de groupes d'amitié, sont étroitement associés aux actions mises en œuvre ou coordonnées par le service des relations internationales.

La coopération bilatérale : des formes variées

Les actions de coopération bilatérale prennent aujourd'hui des formes variées.

En France, l'Assemblée nationale organise des visites de travail pour les parlementaires et des stages pour les fonctionnaires parlementaires étrangers : à côté des visites de travail ou stages à caractère général, qui demeurent fréquents, l'Assemblée nationale a cherché à développer des actions répondant à des objectifs précis, afin de permettre à ses hôtes de tirer profit de l'expérience française dans des domaine particuliers du fonctionnement de l'Assemblée et de l'activité parlementaire. Cependant, le nombre des visites de travail et des stages a atteint un niveau qu'il semble difficile de dépasser, sauf à perturber à l'excès les activités des différents services de l'Assemblée. D'où l'idée, mise en œuvre depuis 1995 en collaboration avec le Sénat et l'Institut International d'Administration Publique, de réaliser un cycle de formation sur l'organisation du travail parlementaire réunissant des députés et des fonctionnaires parlementaires de plusieurs pays, cette formule présentant aussi l'avantage de permettre une confrontation de différentes expériences nationales.

Au cours de l'année 2000, près de 40 visites de travail et actions de formation d'une durée moyenne d'une semaine ont été organisées. Au total, ce sont plus de vingt parlementaires et plus de soixante-dix fonctionnaires qui ont été reçus dans le cadre de ces visites. Le stage organisé à l'I.I.A.P. a réuni 2 parlementaires et 26 fonctionnaires.

A l'étranger, l'Assemblée nationale réalise dans le cadre de la coopération interparlementaire un certain nombre de missions. Les missions d'évaluation des besoins d'un Parlement souhaitant l'appui de l'Assemblée nationale sont réalisées par un député accompagné d'un fonctionnaire, et permettent souvent de mettre au point un programme de coopération à moyen terme. Les missions d'assistance technique consistent à envoyer dans un parlement étranger un ou plusieurs parlementaires ou fonctionnaires chargés d'apporter une aide ou des conseils en vue de résoudre des problèmes bien identifiés. Enfin, les missions de formation sont réalisées au profit de parlementaires et de fonctionnaires parlementaires étrangers par des parlementaires ou des fonctionnaires français. Ces actions sont réalisées dans le cadre de séminaires bilatéraux destinés aux députés et fonctionnaires d'un seul Parlement ou de séminaires régionaux destinés aux fonctionnaires de plusieurs Parlements.

En 2000, sept missions d'évaluation ont été menées par sept députés, présidents de groupe d'amitié, assistés par des fonctionnaires du service des relations internationales. Elles se sont déroulées successivement au Bénin, au Nigeria, au Mali, à Madagascar, au Niger, au Burkina Faso et au Cambodge. Un séminaire régional au Cameroun a réuni 22 fonctionnaires.

Cette énumération n'est bien sûr pas limitative, tant l'Assemblée nationale cherche toujours à répondre de la manière la plus adéquate aux besoins qui sont exprimés : elle met ainsi à la disposition de ses correspondants étrangers comme du grand public, sur son site Internet, les ouvrages de la collection « Connaissance de l'Assemblée » et des fiches techniques élaborées par les services sur l'organisation et le fonctionnement de l'Assemblée nationale. Cet outil est particulièrement utile pour les Parlements souhaitant obtenir des informations ponctuelles ou approfondir leur connaissance de l'Assemblée.

Une expérience reconnue

Compte tenu des besoins spécifiques exprimés par les Parlements étrangers, les actions entreprises par l'Assemblée nationale depuis plus de dix ans ont concerné les sujets les plus variés. On constate toutefois qu'elles se concentrent sur un certain nombre de domaines où l'expérience française est considérée à l'étranger comme une référence : aide à l'amélioration du processus législatif, procédures de contrôle du Gouvernement, organisation administrative et financière des parlements, aide à l'élaboration des comptes rendus, concours à l'intégration de l'acquis communautaire dans les pays candidats à l'Union européenne.

Si ces actions ont concerné la plupart des régions du monde, les Parlements demandeurs sont le plus souvent ceux des pays de la zone de solidarité prioritaire définie par le Ministère des Affaires étrangères et, depuis quelques années, ceux des pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne.

L'enjeu de la multilatéralisation

La principale évolution du contexte dans lequel se développe la coopération technique interparlementaire est la multiplication du nombre des intervenants qui mènent des opérations liées au fonctionnement des institutions démocratiques.

Ces actions peuvent en premier lieu être organisées par d'autres institutions françaises (Sénat, Conseil constitutionnel, Conseil d'État, ministère des affaires étrangères...) : à leur demande, l'Assemblée nationale apporte son concours à l'élaboration et au déroulement de leurs programmes respectifs, qui concernent souvent l'ensemble du cheminement législatif (de l'élaboration d'un projet de loi à son éventuel examen par le Conseil constitutionnel par exemple).

Par ailleurs, les programmes multilatéraux de coopération financés par l'ONU, l'Union européenne, la Banque mondiale et d'autres organismes internationaux prennent une importance croissante. Ils comportent souvent un volet relatif à la consolidation de l'État de droit, incluant un renforcement de la capacité institutionnelle des parlements.

L'Assemblée nationale a été la première assemblée de l'Union à conclure, en 1996, un contrat avec la Commission européenne pour un programme TACIS d'aide à un parlement étranger (la Russie en l'occurrence). Ce contrat, conclu dans le cadre d'un consortium constitué avec la Bundesakademie et réalisé en collaboration  avec le Sénat français, le Bundestag, le Bundesrat et les Cortes ne concernait que les seuls fonctionnaires parlementaires. Son succès a conduit, à la demande du Parlement russe, à la conclusion d'un nouveau contrat, dont l'objet a été étendu aux parlementaires, et qui s'est récemment achevé.

Elle a par ailleurs participé à un programme TACIS conduit par le Sénat en Géorgie et sera associée au programme PHARE engagé par le Sénat en Pologne.

L'Assemblée a retiré de cette expérience la volonté de participer activement à ce mouvement de multilatéralisation : les coopérations engagées dans ce cadre permettent en effet des capacités d'intervention, financières ou humaines, qu'un parlement seul ne peut offrir ; elles peuvent, comme le montre l'exemple de la Russie, être complémentaires de celles mises en œuvre sur une base bilatérale.

II - AU SÉNAT

Le Sénat est de plus en plus fréquemment sollicité pour apporter son appui aux Parlements des nouvelles démocraties ou des pays en voie de démocratisation ou encore des pays candidats à l'Union européenne.

La variété et le développement rapide de ces demandes montre que les méthodes d'organisation et de travail élaborés par le Sénat sont considérées comme des références par de nombreux pays. Le bicamérisme, par ailleurs, est un modèle qui se répand dans le monde et les nouveaux Sénats se tournent tout naturellement, quelle que soit leur composition, vers le Sénat français pour bénéficier de son expérience.

A - Cadre général des actions de coopération du Sénat

Objectifs

La coopération technique interparlementaire a pour objectifs de contribuer à l'approfondissement de l'État de droit et au bon fonctionnement des institutions démocratiques par l'amélioration du travail parlementaire.

La démarche trouve sa légitimité d'une part dans le fait que l'action du Sénat dans ce domaine consiste à répondre aux demandes qui lui sont adressées et, d'autre part, dans le respect de la réalité étrangère : il ne s'agit en aucun cas de prétendre imposer un modèle ou d'inciter au mimétisme mais, beaucoup plus humblement, d'exposer à l'assemblée étrangère demanderesse les solutions retenues par le Parlement français pour assumer ses fonctions.

Origines

L'origine de ces actions est diverse :

- la plupart résultent des audiences et déplacements du Président du Sénat qui peut être sollicité, selon le cas, par son homologue étranger, voire par le Chef de l'État ;

- les autres répondent à des sollicitations diverses, parfois relayées par les groupes sénatoriaux d'amitié, à des programmes organisés par des organismes multilatéraux (ONU, Programme des Nations Unies pour le Développement [ PNUD ] , Union européenne [ TACIS, PHARE, MEDA, ALA, FED ] , Banque interaméricaine de développement [ BID ] , Banque asiatique de développement, Banque africaine de développement...) ou encore à des demandes du ministère des Affaires étrangères.

Objet

L'objet de ces actions est soit général, c'est-à-dire l'organisation et le fonctionnement d'un Parlement, soit spécialisé : procédure législative, travail en commission, mise en place d'un site internet, compte rendu des débats, intégration européenne...

Le Sénat est également appelé à intervenir dans l'établissement de secondes chambres nouvellement créées. Ainsi, la coopération avec le Sénat gabonais date de la mise en place de cette institution en février 1997. Par ailleurs, le Sénat a mis à la disposition du Sénat du Cambodge successivement trois de ses fonctionnaires pour des périodes de deux mois chacune, afin d'assister cette jeune assemblée, notamment dans le cadre de la réforme de son Règlement et de la rédaction d'un statut de son personnel. De même, le Burundi a sollicité l'appui de la Haute assemblée pour l'installation du Sénat prévu par l'accord d'Arusha.

 Cadre d'intervention

Il peut être bilatéral ou multilatéral ; le nombre des intervenants, d'ailleurs, se multiplie en raison notamment de la prise en compte par les institutions internationales du volet institutionnel dans leurs programmes.

Ces deux niveaux d'intervention ne s'excluent pas ; ils peuvent être très complémentaires : les programmes multilatéraux, en effet, offrent une capacité d'action évidemment supérieure à celle d'une seule assemblée -que ce soit en termes financiers ou en moyens humains- ; en revanche, le bilatéral peut prendre le relais du multilatéral en permettant ainsi au parlement bénéficiaire de perfectionner les volets du programme achevé et d'avoir un correspondant. En ce qui concerne le Sénat, ce fut le cas pour le Parlement géorgien au bénéfice duquel il a conduit un programme TACIS faisant suite à une coopération bilatérale. A l'inverse, il a établi un programme de coopération bilatérale avec le Cambodge et l'Arménie après avoir mené dans chacun de ces deux pays une mission d'expertise pour le compte d'une organisation internationale.

- La coopération bilatérale

Les actions d'assistance bilatérale peuvent intervenir soit à la demande des autorités des assemblées étrangères, soit dans un cadre préétabli : les accords de coopération qui lient le Sénat à certaines d'entre elles.

C'est le cas pour le Sénat du Chili, l'Assemblée nationale populaire de Chine, l'Assemblée nationale du pouvoir populaire de Cuba, le Sénat gabonais et le Conseil de la fédération de Russie. La demande doit être adressée au Président du Sénat.

- La participation à des programmes multilatéraux

Les actions de coopération peuvent également s'inscrire dans le cadre de financements internationaux : UIP ; programmes européens TACIS, PHARE ; PNUD...

Il s'agit jusqu'à présent principalement des programmes d'appui européens élaborés au bénéfice des pays de l'Europe centrale et orientale et de la Russie.

Ainsi, le Sénat ‑associé aux Parlements grec, irlandais et portugais‑ a conduit, au Parlement de Géorgie, un programme TACIS visant à renforcer l'institution parlementaire de ce pays. Ce projet, mené sur 18 mois, a été clôturé en juillet 1999 en présence du Président du Sénat et du Président de l'Assemblée de la République portugaise.

De même, le Sénat a participé aux programmes TACIS d'appui à la Douma d'État et au Conseil de la Fédération de Russie, dirigés par l'Assemblée nationale, en recevant des stagiaires et en envoyant des experts.

Enfin, le Sénat vient de se voir confier, en association avec l'Assemblée nationale française et le Sénat espagnol, la responsabilité d'un jumelage du programme PHARE avec le Parlement polonais et l'Office d'intégration européenne de ce pays. L'objectif de ce programme financé par l'Union européenne est d'accélérer le processus parlementaire et gouvernemental de reprise de l'acquis communautaire.

 Modalités

La transmission de son savoir-faire par le Sénat emprunte trois voies :

- les missions à l'étranger ;

- l'accueil de stagiaires et délégations ;

- le suivi des relations avec ses correspondants.

B - Mise en œuvre des actions de coopération

 Missions à l'étranger

L'objet de ces missions est variable : la plupart ont une vocation d'expertise très générale et concernent principalement l'organisation du travail parlementaire et la formation des personnels des assemblées. D'autres ont un objet plus spécialisé (élaboration d'un site internet, expertise pour la construction du siège de l'assemblée,...).

Quelques missions résultent d'un programme bilatéral entre le Sénat et l'assemblée étrangère concernée, d'autres actions sont réalisées en liaison avec d'autres administrations (l'Assemblée nationale, ministère de la Coopération...). En outre, le Sénat met sa capacité d'expertise à la disposition d'organisations internationales comme le PNUD, l'Union interparlementaire (UIP) ou l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF).

 Accueil au Sénat de stagiaires et visiteurs

Le Sénat accueille en formation au sein de son administration des fonctionnaires ou des parlementaires étrangers. Ces stages sont d'une durée d'une semaine à un mois afin d'associer leurs bénéficiaires à la vie des services du Sénat.

Ces stagiaires proviennent de nombreux pays : Slovénie, Sénégal, Gabon, Cambodge, Burkina‑Faso, Côte d'Ivoire, Laos, Lettonie, Géorgie, Pologne, Russie, Cuba...

En outre, le Sénat organise, chaque année, en partenariat avec l'Assemblée nationale et l'Institut International d'Administration Publique (IIAP), des stages longs d'une durée de 4 semaines au profit de fonctionnaires ou parlementaires francophones (une trentaine par an) provenant de nombreux pays.

Le Sénat reçoit chaque année plusieurs centaines de visiteurs ‑parlementaires, fonctionnaires...‑ pour des entretiens sur l'organisation et le fonctionnement de l'institution ou sur un sujet précis (procédure législative, contrôle, politique de communication...).

L'origine de ces visites est diverse : à la demande des Parlements étrangers, du ministère des affaires étrangères (notamment dans le cadre de son programme des personnalités d'avenir) ou de l'Assemblée nationale (et la réciproque est vraie) afin que les stagiaires découvrent le fonctionnement, dans la pratique, du bicamérisme.

Fonction de conseil

Le Sénat s'attache à perfectionner ses outils d'intervention afin d'amplifier les formations qu'il a pu dispenser.

Il est bien entendu qu'il assure une fonction de conseil ou de renseignement auprès de ceux qui voudraient, ponctuellement, solliciter son expérience pour résoudre un problème rencontré dans le fonctionnement du Parlement étranger. Il assure ainsi un suivi téléphonique ou écrit avec ses correspondants.

Afin de permettre à ceux-ci de trouver des éléments de réponse aux questions qu'ils rencontrent, le Sénat a élaboré un recueil de fiches techniques, brèves et concrètes, sur les différents aspects de son organisation et de son fonctionnement. En effet, si chaque assemblée a, de par son histoire et sa localisation, ses spécificités, on constate que de nombreux problèmes sont communs aux assemblées parlementaires, et des procédures éprouvées dans un pays peuvent être adaptées dans d'autres.

Cette activité de coopération connaît une forte croissance. Depuis 1993, ce secteur de la coopération interparlementaire a connu une véritable explosion.

L'aide du Sénat est de plus en plus fortement sollicitée notamment par les pays d'Europe de l'Est. Le problème qui se pose à lui est de pouvoir répondre effectivement à cette demande.

QUELQUES STATISTIQUES SUR LA COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE DU SÉNAT

1.  Réceptions de stagiaires et de visiteurs

nombres de stages ou visites :

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

9

35

56

73

99

150

141

116

dont stages d'une durée supérieure à une journée :

1

6

8

16

16

33

32

38

nombre de stagiaires ou visiteurs :

1993

1996

1997

1998

1999

2000*

72

453

600

1 050

1 001

797

   * En 2000, le Sénat a organisé le Forum des Sénats du Monde 

2. Missions à l'étranger

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2

7

5

11

12

24(1)

11(2)

2

(1)  dont 3 dans le cadre de l'UIP et 5 dans le cadre du programme TACIS.

(2)  dont 3 dans le cadre de l'UIP et 3 dans le cadre du programme TACIS.


V. Le Parlement et les organisations internationales

 

V.1. LES ORGANISATIONS INTERPARLEMENTAIRES DANS LE MONDE
-  Esquisse d'une typologie  -

 

Sommaire du paragraphe V

I - Les Organisations interparlementaires
1.- A vocation mondiale
2. - A vocation linguistique

3. - A vocation régionale

  II - Les parlements régionaux
1. - A élection directe
2. - Avec composition provenant des Parlements nationaux

III - Les représentations parlementaires auprès d'institutions ou organisations à vocation régionale

I - Les Organisations interparlementaires

1.- A vocation mondiale

 

ORGANISATIONS REGION BUREAU COMPOSITION MODALITES
DE DESIGNATION
ROLE RYTHME
DES
SESSIONS
DATE
DE CREATION
ADRESSE
UNION INTER-PARLEMENTAIRE

(UIP)

Monde Secrétaire général :

Andrew JOHNSSON

Présidente :

Najma HEPTULLA

141 membres

 

5 membres associés

Membres de Parlements désignés à titre de délégués par les groupes nationaux Foyer de concertation entre les peuples, l'Union œuvre pour la paix et la coopé-ration entre les peuples et l'affermissement de la démocratie représentative Conférence biannuelle

2 réunions par an du Conseil inter-parlementaire

1889 Genève

Suisse

  2.- A vocation linguistique

ORGANISATIONS REGION BUREAU COMPOSITION MODALITES
DE DESIGNATION
ROLE RYTHME
DES
SESSIONS
DATE
DE CREATION
ADRESSE
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE LA FRANCOPHONIE

(APF)

Monde Président :

Nicolas AMOUGOU NOMA (Cameroun)

 

Secrétaire général :

Jacques LEGENDRE (France)

64 Parlements nationaux et régionaux provenant des trois régions d'Afrique, d'Amérique et d'Europe Parlementaires désignés par leurs Parlements respectifs Assemblée consultative de la Francophonie.

Lieu de débats, de propositions et d'échanges d'informations sur tous les sujets d'intérêt commun à ses membres

Une assemblée générale annuelle

Deux réunions du Bureau par an

Deux réunions des 4 commissions par an

1967 Paris

France

3.- A vocation régionale

ORGANISATIONS REGION BUREAU COMPOSITION MODALITES
DE DESIGNATION
ROLE RYTHME
DES
SESSIONS
DATE
DE CREATION
ADRESSE
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE ACP  - UE ACP

Europe

Présidents :

John CORRIE

M. CLAIR

Groupe ACP : 77 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique

15 pays de l'UE

A terme : représentations des Parlements nationaux démocratiquement élus Coopération   1999  
ASSOCIATION DE PARLEMENTAIRES EUROPEENS POUR L'AFRIQUE AUSTRALE

(AWEPA)

Afrique Europe Président :

Dr Jan Nico SCHOLTEN

(Pays-Bas)

4 Vice-présidents

2000 membres venant de 20 parlements d'Europe Parlementaires et anciens parlementaires nationaux d'Europe et du Parlement Européen Aider au bon fonctionnement des Parlements en Afrique au regard de la démocratie, des droits de l'homme et des conflits     Prinz

Hendrikkade 48

1012 AC

Amsterdam

Pays-Bas

awepa@antenna

.nl

ASSOCIATION DES PARLEMENTS D'ASIE POUR LA PAIX (AAPP) Asie Président :

Sheik Hasina (Bangladesh)

Vice-président :

Norodom Ranariddh

(Cambodge)

 

31 Parlements

nationaux

Désignés par le Parlement Coopération régionale et action pour promouvoir la paix, la démocratie et le respect des Droits de l'Homme en Asie Prévision : réunion annuelle

 2001 : Cambodge

4 septembre 1999  
ASSOCIATION DES SÉNATS D'EUROPE Europe   14 Deuxièmes Chambres   Développement des relations entre ses membres, promotion du bicamérisme dans le cadre de la démocratie parlemen-taire et renforcement de l'identité et de la conscience européennes Réunion annuelle Novembre

2000

 
ASSOCIATION PARLEMENTAIRE DU COMMONWEALTH

(CPA)

Common wealth Présidente :

Margaret REID

(Australie)

 

Secrétaire général :

Arthur DONAHOE

142 parlements nationaux, provinciaux ou territoriaux

140.000 parlementaires

Désignés par les Parlements Promouvoir le savoir et la compréhension des systèmes constitutionnel, législatif, économique, social et culturel dans le cadre démocratique   - Fondé en 1911

- modifié en 1948

Westminster Tour

Suite 700

7 Millbank

London SW1

3JA - UK

ASSOCIATION PARLEMENTAIRE DU COMMONWEALTH POUR LA REGION AFRIQUE ET ASSOCIATION DES PRESIDENTS DES PARLEMENTS DES ÉtatS MEMBRES Afrique   19 pays     1ère réunion du 24 au 26 mai 1999 aux Seychelles 1987  
ASSOCIATION PARLEMENTAIRE POUR LA COOPERATION EURO-ARABE (APCEA) Europe

Pays arabes

Co-Présidents :

Heenning GJELLEROD

(Danemark)

Roselyne BACHELOT

(France)

600 membres dans 18 Parlements nationaux   Contribution à la recherche de la paix au Moyen-Orient dans l'esprit des résolutions des Nations Unies et la promotion de la coopéra-tion politique, économique et culturelle entre l'Europe et le Monde Arabe. 2 réunions par an du Comité exécutif 1974  
CONFERENCE EUROPE - MEDITERRANEE Europe

Méditer-ranée

  27 pays engagés dans le processus de Barcelone (15 pays de l'Union Européenne + 12 pays du pourtour méditerranéen       février 2001 : décision de créer  une structure permanente  
CONFERENCE PARLEMENTAIRE DES AMERIQUES

(COPA)

Amérique Président :

Geraldo MAGELA (Brésil)

36 pays et 5 régions Délégations des assemblées parlementaires des États unitaires, fédéraux et fédérés, des parlements régionaux et des organisations interparlementaires des Amériques dans le respect des principes de l'équité entre les sexes et du pluralisme politique Concertation sur des enjeux liés à la coopération interaméricaine, aux Sommets des Chefs d'État et de gouvernement des Amériques et au processus de création de la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA) A intervalle régulier à l'invitation d'une assemblée parlementaire des Amériques 1997 Québec

Canada

CONSEIL NORDIQUE Europe   87 membres représentant

5 pays

et 3 territoires autonomes

Représentants des Parlements nationaux, nommés par les partis politiques et élus par les Parlements Forum de coopération interparlementaire Une session ordinaire par an depuis 1996 1952  
UNION DES PARLEMENTS AFRICAINS (UPA) Afrique Président :

Moussa Moutari

 

Secrétaire général :

Henri Adou Sess

 

30 Parlements des États membres de l'OUA Chaque Parlement constitue un groupe national Renforcement du rôle et du prestige de l'institution parlementaire en Afrique - Conférence : une fois par an sessions extraordinaires

- Comité exécutif :

une fois par an sessions extraordinaires

 

  30 bd Roume Quartier du Plateau Abidjan Côte d'Ivoire
UNION INTERPARLEMENTAIRE ARABE (UIPA) Pays arabes Secrétaire général :

Nour Eddine BOUCHROUJ

 

Présidence rotative

19 sections arabes Parlementaires arabes désignés par leurs Parlements respectifs Permettre aux représentants des

différents parlements arabes membres de se réunir, de coordonner leurs activités et de promouvoir les valeurs démocratiques

dans les pays arabes.

  1974 Damas

Syrie

CCEC (Conférence des commissions parlemen-taires chargées de la politique de l'égalité des chances des femmes et des hommes dans les États membres de l'UE et au PE Europe Commission parlementaire du pays organisateur Membres des commissions parlementaires   Améliorer la communication et l'échange d'informations et d'idées ;

débattre des thèmes de femmes d'importance communautaire et européenne

Conférence annuelle 23 mai 1997  

II - Les Parlements régionaux

1.- A élection directe

ORGANISATIONS RÉGION BUREAU COMPOSITION MODALITES
DE DESIGNATION
RÔLE RYTHME
DES
SESSIONS
DATE
DE CREATION
ADRESSE
PARLEMENT CENTRAMERICAIN Amérique Centrale Président :

Hugo Heberto Guiraud Gargano (Panama)

5 Vice-présidents

6 secrétaires

Le Bureau est élu pour une période d'un an

6 pays (Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panama

République Dominicaine)

Observateur : Taiwan

Election au suffrage direct de 20 députés titulaires et de 20 députés suppléants dans chaque Parlement

Durée : 5 ans

Organisme d'intégration politico-régional Session mensuelle, les 10 derniers jours de chaque mois Octobre 1987 Guatemala (Guatemala)
PARLEMENT EUROPEEN Europe Présidente :

Nicole FONTAINE

 

14 Vice-présidents

5 Questeurs

15 pays

375 millions d'Européens

626 députés

Suffrage universel depuis juin 1979 Le Parlement Européen représente « les peuples des États réunis dans l'Unité Européenne. Il possède des pouvoirs législatif, budgétaire, contrôle de l'exécutif Une semaine par mois Traité de Rome 1957 Bruxelles (Belgique)

Luxembourg (Luxembourg)

Strasbourg

(France)

2.- Avec composition provenant des Parlements nationaux

ORGANISATIONS REGION BUREAU COMPOSITION MODALITES
DE DESIGNATION
ROLE RYTHME
DES
SESSIONS
DATE
DE CREATION
ADRESSE
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE LA COMMUNAUTE DES ÉtatS INDEPENDANTS CEI   12 pays

Anciennes républiques soviétiques, à l'exception des États baltes

  Coordination multilatérale et coopération     Minsk

Biélorussie

PARLEMENT AMAZONIEN Amérique latine Président :

Miguel NUNEZ (Pérou)

 

Secrétaire général :

Francisco Ramos Santillan (Pérou)

1 Vice-président par pays membre

 

Parlements démocratiques des 8 pays amazoniens : Bolivie, Brésil, Colombie, Equateur, Guyana, Pérou, Surinam, Venezuela

 

Délégations de Parlements Coopération régionale dans le domaine institutionnel Annuel 1989 Caracas

Venezuela

PARLEMENT ANDIN Amérique latine Secrétaire général :

Ruben Velez NUNEZ

    Organe délibérant du système andin d'intégration

Articulation et harmoni-sation des législations des pays membres

    BOGOTA (Colombie
PARLEMENT INDIGENE D'AMERIQUE Amérique Président :

Enrique Ku HERRERA (Mexique)

18 pays d'Amérique du Nord, Centrale et du Sud Parlementaires Développement et intégration régionale   1987 Managua (Nicaragua)
PARLAMENTATO INTERNACIONAL PARA LA SEGURIDAD Y PAS Amérique              
PARLEMENT LATINO-AMERICAIN

(PARLATINO)

Amérique Président :

Beatriz PAREDES RANGEL (Mexique)

 

22 pays

d'Amérique latine

Parlementaires désignés par leurs Parlements, à raison de 12 sièges par pays Institution démocratique de caractère permanent, représentant toutes les tendances politiques, chargée de promouvoir, harmoniser et canaliser les efforts d'intégration dans la région Session annuelle 7.12.1964

Institutionnalisé en 1987

Sao Paulo

(Brésil)

PARLEMENT PANAFRICAIN

Remplacera l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA)

Afrique   265 Parlementaires (5 par pays dont au moins une femme) Choisis par les États membres au sein des Parlements nationaux Rôle consultatif et de conseil   Projet de traité Syrte II (mars 2000). Entrée en fonctions après la ratification du traité par au moins 27 pays (majorité simple)  

 

III - Les représentations parlementaires auprès d'institutions ou organisations à vocation régionale

 

ORGANISATIONS REGION BUREAU COMPOSITION MODALITES
DE DESIGNATION
RÔLE RYTHME
DES
SESSIONS
DATE
DE CRÉATION
ADRESSE
ASIA PACIFIC PARLIAMENTARY FORUM

(branche législative de l'APEC)

Asie Président :

Yasuhiro NAKASONE (Japon)

Bureau élu pour 3 ans renouvelable

27 pays Parlementaires nationaux participant soit en tant que délégués de leurs parlements, soit en raison de leurs compétences Identification et discussion de sujets d'intérêt commun dans les domaines politique, social, culturel ; coopération régionale Session annuelle 1993 : Déclaration de Tokyo  
ASSEMBLEE DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE (UEO) Europe Président :

Klaus BÜHLER

(Allemagne), élu pour 3 ans

10 Vice-Présidents

187 parlementaires des 28 pays de l'UEO Représentants des Parlements nationaux Composante parlementaire de l'UEO. Pouvoirs consultatifs auprès du Conseil de l'UEO. Session plénière deux fois par an (juin et décembre) 5.7.1955 UEO

43, av. du Pt Wilson

75775 Paris Cedex 16

ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE  DE L'OTAN  (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) Europe   19 membres

et 27 partenaires

  Coopération politique et militaire      
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE L'OSCE  (Organisation pour la séccurité et la coopération en Europe)

 

(AP-OSCE)

Monde Président :

Adrian SEVERIN

(Roumanie)

9 Vice-présidents

1 Trésorier

1 Président émérite

317 parlementaires

des pays signataires de l'Acte Final d'Helsinki (1975) et de la Charte de Paris (1990)

 

55 pays

Représentants des Parlements nationaux Promouvoir la participation des parlementaires dans les activités de l'OSCE et faciliter le dialogue interparlementaire et la coopération Session annuelle de 5 jours au cours des 10 premiers jours de juillet

-Session d'hiver de 3 jours au cours des deux premiers mois de l'année

- Sessions extraordinaires

- Avril 1991 OSCE - PA

Radhustraede 1 - 1466 Copenhague

(Danemark)

ASSEMBLY OF CARIBBEAN COMMUNITY PARLIAMENTARIANS Caraïbes Président :

Curtis V. STRACHAN

15 pays membres

9 pays observateurs

  Branche parlementaire du CARICOM     St George's

Grenada

COMMISSION PARLEMENTAIRE CONJOINTE DU MERCOSUR Amérique   Parlementaires des États membres du Mercosur : Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay   Organe représentatif des parlements des États membres du Mercosur.

Harmonisation des législations

Intégration régionale

Constitution d'un futur Parlement du Mercosur

  - 26 mars 1991 : Traité de Asuncion (Paraguay)

- 31 décembre 1994 : Protocole de Ouro Preto (Brésil)

 
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L'EUROPE Europe Président :

Lord RUSSEL-JOHNSTON (UK)

Elu chaque année pour une période maximale de trois sessions

18 Vice-présidents

Présidents de groupes politiques

Secrétaire général :

Bruno HALLER, élu pour 5 ans

41 États membres

582 membres (titulaires et suppléants)

+ 15 invités spéciaux

+ 15 observateurs

La population détermine le nombre de représentants. Chaque État membre est libre de choisir le mode de désignation de ses représentants à condition qu'ils soient élus ou désignés en son sein par le parlement national ou fédéral. Organe parlementaire du Conseil de l'Europe 4 sessions d'1semaine : janvier-février,

avril-mai,

juin-juillet et

septembre-octobre.

5 mai 1949 Strasbourg

(France)

COMITE INTERPARLEMENTAIRE DE L'UEMOA Afrique M. Trébilé DRAME (Mali) 40 membres Désignés par les Assemblées nationales des États respectifs Rôle consultatif et d'animation des débats sur l'intégration. Préfigure le Parlement de l'Union

 

Au moins une fois par an 27 mars 1998 BAMAKO (Mali)
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE LA COOPERATION ECONOMIQUE DE LA MER NOIRE (PABSEC) Pays de la Mer noire Secrétaire général :

George PETRICU (Roumanie)

Parlementaires appartenant à l'organisation de coopération économique de la Mer noire (BSEC)   Promotion de la compréhension entre les pays participants en encourageant le développement et l'institutionnalisation dans les domaines économique, commercial et technique, juridique et politique, social, éducatif et culturel. Deux fois par an    
COMMISSION INTERPARLEMENTAIRE DE LA CEMAC

(Commission économique et monétaire de l'Afrique centrale)

Afrique Président :

Ahmat Saleh Bodumi (Tchad)

Bureau :

1 Président

5 Vice-présidents

2 Secrétaires

2 Questeurs

6 États membres

(Cameroun, République centrafricaine, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad),

soit 30 Députés

 

Désignés par l'organe législatif de chacun d'eux Assurer le contrôle démocratique des Institutions et Organes de la CEMAC   Projet : création d'un Parlement communautaire de la CEMAC en 2004  
ORGANISATION INTERPARLEMENTAIRE DE L'ASEAN (AIPO) Asie Président :

Bhichai RattakulL

(Thaïlande)

Secrétaire général :

Sirilak Panbamrungkit

(Thaïlande)

8 Parlements nationaux membres de l'ASEAN   Coopération interparlementaire Assemblée générale annuelle 1977 Jakarta

Indonésie

PARLEMENT DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ÉtatS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST (CEDEAO) Afrique Président :

Ali Nouhoun DIALLO (Mali)

1 Président

6 Vice-présidents

3 Trésoriers

5 Secrétaires parlementaires

Secrétaire général et Assistant

15 pays membres

13 Commissions

115 membres

Minimum de 5 sièges, soit 75 sièges pour les 15 pays membres. Les 40 sièges restants sont attribués au prorata du poids démographique des pays.

Parlementaires désignés par les Parlements nationaux

 

Rôle consultatif sur les questions communautaires (droits de l'homme et libertés fondamentales). Formulation d'une politique de santé publique et du traitement des questions scientifiques et écologiques Réunion annuelle 16 novembre 2000 Abuja

 Nigeria

UNION PARLEMENTAIRE DES ÉtatS MEMBRES DE L'OCI (Organisation de la Conférence Islamique)

 

 (UPMOCI)

 

Pays arabes et Palestine, Asie centrale, Afrique Secrétaire général :

Ibrahim Ahmad Auf

56 pays musulmans   Coopération dans les domaines économique, social, culturel et scientifique     Djeddah

(Arabie Saoudite)

Les parlementaires ne sont pas associés aux organisations internationales telles que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, l'Organisation Mondiale du Commerce, le PNUD.

Les parlementaires qui font partie de la délégation française qui participe aux travaux de l'ONU sont désignés par le Gouvernement.


V.2. LA PARTICIPATION DU PARLEMENT AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES

De longue date, les parlementaires de différents pays ont ressenti la nécessité de se retrouver périodiquement pour confronter leurs expériences et échanger leurs points de vue, soit dans une organisation internationale qui leur soit propre, soit au sein d'un organe parlementaire d'une organisation interétatique. Certaines de ces assemblées parlementaires internationales sont fort anciennes, d'autres beaucoup plus récentes : ainsi, alors que la plus que centenaire Union interparlementaire, créée en 1889, vient de tenir sa 105ème session, la jeune assemblée parlementaire de l'OSCE fêtera son dixième anniversaire, à Paris, en juillet prochain. D'une manière générale, on peut constater une tendance des organisations internationales à se doter d'un organe parlementaire, renforçant une légitimité démocratique que leur origine intergouvernementale ne suffit pas à leur conférer.

Ce sont toujours des Parlements qui sont représentés dans ces assemblées ; or, comme d'un pays à l'autre, ceux-ci peuvent être mono ou bicaméraux, il s'ensuit, dans notre cas, que la délégation française est commune à l'Assemblée nationale et au Sénat, ce qui institue, dans le domaine international, une forme originale de collaboration entre les deux assemblées du Parlement.

Actuellement, le Parlement français participe à six de ces assemblées parlementaires internationales qui, par ordre d'ancienneté décroissante, sont :

- l'Union interparlementaire (UIP) ;

- l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) ;

- l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ;

- l'Assemblée parlementaire de l'Union de l'Europe occidentale ;

- l'Assemblée parlementaire de l'OTAN ;

- l'Assemblée parlementaire de l'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

I - L'UNION INTERPARLEMENTAIRE

1- L'Union interparlementaire : une organisation presque centenaire

L'Union interparlementaire, qui est l'organisation mondiale des parlements des États souverains, est la plus ancienne des institutions internationales à caractère politique.

l  Sa création, en 1889, se situe dans le contexte des idées pacifistes qui s'étaient développées au milieu du XIXe siècle et en réponse à un mouvement d'opinion qui refusait la fatalité de la guerre et réclamait la création de mécanismes susceptibles de résoudre les conflits par la négociation, après l'échec des moyens diplomatiques ordinaires.

l  L'idée de créer une structure permettant de réunir régulièrement des parlementaires de tous les pays pour faire progresser l'application de ce qu'on appelait alors « l'arbitrage international » vit le jour grâce à l'action de deux députés : un Français, Frédéric Passy, et un Anglais, William Randal Cremer.

l  La première conférence interparlementaire se tint les 29 et 30 juin 1889 à Paris et rassembla une centaine de parlementaires de huit pays qui adoptèrent des résolutions en faveur de la juridiction arbitrale. Par la suite, en 1905, elle prit sa dénomination actuelle d'Union interparlementaire.

Neuf pays étaient représentés à la première conférence de l'Union. Au 31 janvier 2000, l'Union comptait 139 membres et cinq membres associés.

Les conférences statutaires de l'Union interparlementaire rassemblent désormais six à sept cents parlementaires ainsi que de très nombreux observateurs représentant, notamment, les organisations internationales et les institutions des Nations Unies concernées par l'ordre du jour.

l  C'est dire l'importance de l'évolution qu'a connue l'Union interparlementaire au cours des dernières années. Foyer de la concertation interparlementaire à l'échelle mondiale, l'Union s'est donnée pour vocation de promouvoir la paix et la coopération entre les peuples par la voie parlementaire, ainsi que le développement et le renforcement des institutions représentatives. Elle est, dans les faits, l'homologue parlementaire des Nations Unies auxquelles la lie, depuis 1996, un accord de coopération. Les liens avec l'Assemblée générale de l'ONU devraient se trouver renforcés suite à la volonté exprimée par les chefs d'États et de gouvernement réunis lors du sommet du millénaire à New-York d'accroître la coopération entre les Nations-Unies et les parlements nationaux par l'intermédiaire de leur organisation mondiale, l'Union interparlementaire.

Les statuts de l'Union prévoient qu'elle se réunit en conférence plénière deux fois par an et qu'elle peut en outre tenir des réunions spécialisées.

l'Union interparlementaire est composée de groupes nationaux représentant leurs parlements respectifs. Dans chaque parlement, il ne peut être formé qu'un seul groupe national et, dans les États fédéraux, seul le parlement fédéral peut former un groupe national. Chaque groupe national doit adhérer aux principes de l'Union, se conformer à ses statuts et fournir une contribution annuelle à son budget, selon un barème inspiré de celui des Nations Unies.

Le Conseil interparlementaire, qui est l'organe directeur de l'UIP, est composé de deux représentants de chaque groupe national affilié. Il élit son président pour un mandat de trois ans non renouvelable (actuellement Mme Heptulla, Inde).

2- La France au sein de l'Union interparlementaire

Depuis la fondation de l'Union interparlementaire, deux parlementaires français ont assuré sa présidence : Fernand Buisson, président de la Chambre des députés, de 1928 à 1933 et André Chandernagor, de 1968 à 1973. La France a accueilli six conférences à Paris : en 1889, 1900, 1927, 1937, 1971 et 1994 et une conférence spécialisée à Marseille en 2000.

Comme le prévoient les statuts de l'Union, un groupe commun à l'Assemblée nationale et au Sénat a été mis en place : le groupe français de l'Union interparlementaire. Ses statuts, qui ont été adoptés en 1995, en remplacement d'anciens statuts datant de 1939, reposent sur deux principes : stricte parité entre l'Assemblée nationale et Sénat, représentation politique équilibrée.

Le groupe français se compose de 50 députés et de 50 sénateurs répartis proportionnellement aux effectifs des groupes politiques de chaque assemblée. Il est présidé, conjointement, par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale.

Un président exécutif est en outre élu par l'assemblée générale du groupe, pour la durée de la législature (actuellement M. Michel Vauzelle). Il doit appartenir alternativement à l'une, puis à l'autre assemblée.

Lors de chaque conférence, le groupe dépose un mémoire et un projet de résolution sur les deux points principaux de l'ordre du jour et sur le point supplémentaire d'urgence choisi par la conférence et participe aux comités de rédaction chargés d'élaborer des résolutions sur les points débattus.

C'est ainsi qu'à la 104e conférence qui s'est tenue à Djakarta en octobre 2000, M. Michel Vauzelle a présidé un comité de rédaction, en vue de proposer une résolution sur la situation au Moyen-Orient.

Le groupe intervient dans tous les débats et participe aux travaux des comités ad hoc dont il est membre.

Le comité des droits de l'homme des parlementaires était jusqu'à la dernière conférence présidé par M. François Autain, sénateur.

Le comité Moyen-Orient est depuis la 104e conférence présidé par M. Yves Tavernier, député.

Le président exécutif du groupe, M. Michel Vauzelle, préside les réunions du comité sur la coopération et la sécurité en Méditerranée (CSCM) qui réunit les représentants des pays riverains de la Méditerranée.

ii - L'ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE LA FRANCOPHONIE (APF)

Créée en 1967 par les délégués de 23 sections, l'Association internationale des parlementaires de langue française (AIPLF) a été reconnue, en 1997, comme l'assemblée consultative de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et s'est transformée en Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), en 1998. Elle rassemble actuellement soixante parlements.

Une telle vitalité témoigne de l'attrait que l'APF continue d'exercer plus de trente ans après sa création sur l'ensemble des pays francophones.

Acteur à part entière de l'Organisation internationale de la francophonie, l'APF participe à la vie institutionnelle de la francophonie (conférence ministérielle, conseil permanent, sommet) et rend des avis sur les principaux dossiers dont les instances de l'OIF se saisissent.

Elle œuvre également au renforcement de la démocratie et de l'état de droit par ses prises de position sur les événements survenant dans l'espace francophone, par la défense des principes de la démocratie représentative et la mise en œuvre de programmes de coopération interparlementaire.

A ce titre, elle participe à des missions d'observation électorale (une soixantaine depuis 1992) ; elle organise des séminaires parlementaires sur des thèmes comme « démocratie et bonne gouvernance », « les rapports entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire », « le rôle de la majorité et de l'opposition dans le travail parlementaire », ainsi que des missions d'information et de bons offices en vue de faciliter la prévention et le règlement pacifique des conflits (Haïti, Guinée).

De même, elle a, dès 1998, décidé de suspendre les sections représentant des parlements dissous ou privés de pouvoir à la suite du renversement par la force des institutions constitutionnelles, et elle a demandé que la même règle s'applique pour les sommets de la francophonie : la déclaration finale de Bamako en novembre 2000, qui prévoit la suspension immédiate de la francophonie de tout pays en cas de coup d'État militaire contre un gouvernement issu d'élections démocratiques, lui a donné satisfaction.

Le secrétaire général parlementaire de l'APF est le sénateur Jacques Legendre.

La section française de l'APF comprend 90 députés et 60 sénateurs. Son président de droit est le celui de l'Assemblée nationale qui, traditionnellement, délègue ses fonctions à un président délégué. Elle participe à l'ensemble des activités de l'APF, qu'il s'agisse des sessions annuelles des réunions du bureau et de celles des quatre commissions (affaires politiques, affaires parlementaires, coopération et développement, éducation, communication et affaires culturelles) ou d'actions menées en vue de renforcer les institutions démocratiques dans l'espace francophone (séminaires parlementaires, missions d'observation électorale).

La section française gère également des activités propres, rencontres avec des experts ou des personnalités, actions de coopération, organisation de stages pour les députés et fonctionnaires d'Europe centrale dans le cadre régional de l'Europe.

III - L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L'EUROPE

Créé à Londres le 5 mai 1949 par dix États d'Europe occidentale et siégeant à Strasbourg, le Conseil de l'Europe est la plus ancienne des organisations européennes. A partir de 1989, il s'est ouvert aux nouvelles démocraties d'Europe centrale et orientale, puis, en 1996, à la Russie et, plus récemment , à la Géorgie, à l'Arménie et à l'Azerbaïdjan. Le Conseil de l'Europe compte aujourd'hui 43 membres. Une procédure a été engagée en vue de l'adhésion de la Yougoslavie.

Organisation intergouvernementale, le Conseil de l'Europe développe une activité particulière pour la sauvegarde et le développement des droits de l'homme et des libertés fondamentales : plus de 160 conventions ont été conclues en son sein, parmi lesquelles la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la Charte sociale du Conseil de l'Europe, la Convention culturelle européenne, la Convention sur la biomédecine et la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

Les organes du Conseil de l'Europe sont  le Comité des ministres, le Secrétaire général, l'Assemblée parlementaire et la Cour européenne des droits de l'homme.

Première dans l'histoire de notre continent, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe se compose de 301 délégués titulaires (et autant de suppléants). Les représentants à l'Assemblée sont désignés par les parlements nationaux dont ils sont membres. Un certain nombre de pays bénéficient par ailleurs du statut d'« invité spécial » auprès de l'Assemblée.

L'Assemblée adopte des recommandations qu'elle adresse au Comité des ministres, des résolutions par lesquelles elle exprime un vœu, ou des directives adressées à ses commissions. Elle tient une session annuelle ordinaire à Strasbourg, divisée en quatre parties de session d'une semaine chacune (janvier, avril, juin et septembre).

A titre d'exemple, au cours de ses dernières sessions, l'Assemblée a adopté des recommandations ou résolutions sur les droits des minorités, sur un projet de convention en matière de cyber-criminalité, sur la situation en Tchétchénie ou sur le conflit du Proche-Orient.

L'Assemblée élit également le Secrétaire général du Conseil de l'Europe, le Secrétaire général adjoint et les juges de la Cour européenne des droits de l'homme.

Elle participe régulièrement à des missions d'observation électorale.

En outre, l'Assemblée du Conseil de l'Europe a, depuis 1995, organisé en son sein une procédure originale de contrôle périodique du respect, par les États membres, des obligations et engagements souscrits lors de leur adhésion : une commission spécialisée, dite « de suivi », présente ainsi régulièrement des rapports sur la situation d'un État membre, par exemple, la Turquie ou l'Ukraine.

Comme celles de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie et de la Russie, la délégation française à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe compte trente-six membres, soit dix-huit titulaires et dix-huit suppléants. Parmi ces membres, vingt-quatre sont désignés par l'Assemblée nationale et douze par le Sénat.

Chaque année, la délégation française publie un rapport d'information sur l'activité de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

IV - L'ASSEMBLÉE DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE (UEO)

Traditionnellement présentée comme la seule organisation européenne compétente en matière de sécurité et de défense, l'Union de l'Europe occidentale a été créée en 1954, à la suite de l'échec de la ratification du traité instaurant une Communauté européenne de défense (C.E.D.).

Liant à l'origine sept États (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), le traité de Bruxelles modifié, qui fonde l'U.E.O., instaure entre les membres de l'organisation une obligation de défense mutuelle. Malgré plusieurs tentatives de relance, l'U.E.O. n'a connu qu'une activité limitée et la mise en place, par le traité de Maastricht, d'une politique étrangère et de sécurité commune au sein de l'Union européenne a posé la question de son devenir.

A la suite du Conseil européen de Nice (décembre 2000), l'Union européenne est appelée à reprendre l'ensemble des activités de l'U.E.O., qui disparaîtra en tant qu'organisation spécifique. Toutefois, son assemblée parlementaire va perdurer, en tant que lieu de réflexion et forum de discussion sur l'avenir de la sécurité en Europe. Dans cette perspective, l'Assemblée de l'U.E.O. a décidé de se rebaptiser « Assemblée européenne intérimaire de sécurité et de défense ».

L'Assemblée se compose de 209 représentants titulaires et d'un nombre égal de suppléants représentants les Parlements des 28 pays de l'UEO.

- 115 représentants siègent de plein droit et émanent des dix États signataires du Traité de Bruxelles, tous membres de l'Union européenne (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni).

- 46 membres représentent les États « associés » à l'U.E.O. (Hongrie, Islande, Norvège, Pologne, République tchèque, Turquie). Ces États sont membres de l'OTAN, mais non de l'Union européenne.

- 26 représentants sont désignés par les pays « observateurs » (Autriche, Danemark, Finlande, Irlande, Suède). Ces pays sont membres de l'Union européenne, mais sauf le Danemark, pas de l'OTAN.

- 22 membres représentent les pays « associés partenaires » (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) qui, non membres de l'OTAN ni de l'Union européenne, ont conclu des accords d'association avec cette dernière.

Les membres « associés » disposent du droit de vote en commission, mais pas en séance plénière. Les « observateurs » ou « associés partenaires » ne disposent du droit de vote ni en séance plénière, ni en commission.

L'Assemblée exerce un contrôle sur le Conseil de l'UEO qui est tenu de lui présenter un rapport annuel.

Elle tient chaque année une session ordinaire divisée, en règle générale, en deux parties.

L'Assemblée adresse au Conseil des recommandations ou des avis sur toute question se rapportant aux objectifs et aux compétences de l'UEO. Elle peut adopter des résolutions sur les questions de fond. Elle adopte également des directives à destination des organes de l'Assemblée et des décisions relatives à son fonctionnement et au statut de ses membres.

Les membres de l'Assemblée de l'UEO sont les mêmes que ceux qui représentent leur Parlement à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

De la même manière que pour le Conseil de l'Europe, cette délégation, commune à l'Assemblée nationale et au Sénat, élabore un rapport annuel d'information sur l'activité de l'Assemblée de l'U.E.O.

V - L'ASSEMBLEE DE L'ORGANISATION DU TRAITE DE L'ATLANTIQUE NORD (OTAN)

L'Assemblée parlementaire de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) a été créée postérieurement à l'organisation elle-même et a tenu sa première réunion en 1955 entre parlementaires des pays membres de l'Alliance atlantique. Depuis l'adhésion à l'Alliance de la République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne, l'Assemblée compte 214 membres, issus de 19 pays.

Le statut de « délégation associée » a été en outre accordé à 14 pays d'Europe centrale et orientale, ainsi qu'à l'Autriche, la Finlande et la Suède. Au total, 73 délégués participent à ce titre aux travaux de l'Assemblée, sans droit de vote.

D'autres pays, notamment de Méditerranée méridionale, sont représentés par des délégations d'observateurs parlementaires.

L'Assemblée compte cinq commissions qui sont la commission sur la dimension civile de la sécurité, la commission de la défense et de la sécurité, la commission de l'économie et de la sécurité, la commission politique et la commission des sciences et des technologies.

Il existe également deux groupes conjoints, chargés de veiller à la bonne application des dispositions de l'Acte fondateur OTAN-Russie et de la Charte OTAN-Ukraine. Enfin, le Groupe spécial Méditerranée vise à intensifier les relations avec les pays de la Méditerranée méridionale.

L'Assemblée se réunit deux fois par an en session plénière, pendant trois jours au printemps et cinq jours en automne.

Les rapports des commissions font l'objet d'un premier examen au moment de la session de printemps, avant leur adoption éventuelle au cours de la session annuelle d'automne. A cette occasion, des recommandations de politique générale peuvent également être adoptées et transmises au Conseil de l'Atlantique Nord. A travers ces rapports, une quinzaine en moyenne, l'Assemblée examine les sujets en débat au sein de l'OTAN (construction d'une politique européenne de sécurité et de défense ; élargissement ; défense antimissile...).

Dans l'intervalle des sessions, l'Assemblée organise régulièrement des missions dans les pays membres ou partenaires de l'OTAN, missions qui sont l'occasion de rencontrer les responsables des politiques de défense.

La délégation française comprend onze députés titulaires et autant de suppléants ; pour le Sénat, la représentation comprend sept membres titulaires et dix suppléants. La délégation française est présidée en alternance chaque année par le président de la délégation de l'Assemblée nationale et celui de la délégation du Sénat.

VI - L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DE L'ORGANISATION POUR LA SÉCURITE ET LA COOPÉRATION EN EUROPE (OSCE)

 

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) prolonge le processus de rapprochement Est-Ouest engagé dans les années soixante-dix par la CSCE (Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe) et marqué par l'Acte final d'Helsinki (1975) et la Charte de Paris pour une nouvelle Europe (1990).

L'OSCE dépasse le cadre proprement européen puisque, parmi ses cinquante-cinq États membres figurent les États-Unis, le Canada et les républiques d'Asie centrale issues du démembrement de l'URSS. A la fin de l'année dernière, la Yougoslavie a réintégré l'OSCE.

C'est à l'occasion de la Conférence de Madrid en 1991 qu'il a été décidé de doter l'organisation d'une assemblée parlementaire, qui s'est réunie pour la première fois à Budapest en 1992.

L'Assemblée parlementaire de l'OSCE compte 317 parlementaires désignés par leur parlement national. Il s'y ajoute des délégations d'observateurs (assemblées parlementaires internationales) et de partenaires (asiatiques et méditerranéens), ainsi que le Saint-Siège, à titre d'invité d'honneur. L'Assemblée parlementaire a principalement pour missions d'évaluer la mise en œuvre des objectifs de l'OSCE et de débattre des sujets traités par le Conseil ministériel et par les réunions des chefs d'État ou de Gouvernement.

Les commissions de l'Assemblée parlementaire sont au nombre de trois, correspondant aux trois « corbeilles » d'Helsinki : ce sont la commission générale des affaires politiques et de la sécurité, la commission générale des affaires économiques, de la science, de la technologie et de   l'environnement et  la commission générale de la démocratie, des droits de l'homme et des questions humanitaires.

L'Assemblée siège une fois par an, pour cinq jours au plus, au début du mois de juillet, dans une ville d'un pays membre. La session annuelle est essentiellement consacrée aux questions posées au Conseil des ministres de l'OSCE et à la discussion et au vote d'une déclaration incluant les projets de résolution adoptés par chaque commission. Ce texte est transmis au Conseil des ministres de l'OSCE, au président de cette organisation et aux parlements des États membres.

La prochaine session annuelle aura lieu à Paris, du 6 au 10 juillet 2001. Ses travaux porteront sur le thème : « sécurité européenne et prévention des conflits : défis posés à l'OSCE au XXIe siècle ».

Dans l'intervalle des sessions, l'Assemblée organise régulièrement des conférences et séminaires (par exemple, en octobre 2000 sur la corruption et la lutte contre le crime organisé). Elle participe activement aux missions d'observation électorale et s'intéresse à des dossiers spécifiques à travers des groupes de travail ad hoc (il en existe actuellement sur le Kosovo, la Moldavie, la Biélorussie et l'Abkhazie).

La délégation française, commune aux deux assemblées, comprend 13 membres, soit 8 députés et 5 sénateurs.

Au sein de l'Assemblée de l'OSCE, la délégation française bataille pour le maintien d'un pluralisme linguistique contrecarré par la prééminence de fait de la langue anglaise. Elle accorde une attention spécifique au développement d'une coopération méditerranéenne et au thème des coopérations économiques régionales qui a déjà donné lieu à deux conférences (Monaco en 1997 et Nantes en 1999).