N° 1107
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE |
N° 11
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999 |
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée
nationale le 7 octobre 1998. |
Enregistré à la Présidence du Sénat le 8
octobre 1998. |
Office parlementaire dévaluation
des politiques publiques
____
RAPPORT
sur
lefficacité des aides
publiques
en faveur du cinéma français
par
M. JEAN CLUZEL,
Sénateur
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
I. DESCRIPTION DU
DISPOSITIF FRANÇAIS DAIDES PUBLIQUES AU CINÉMA
II. LIMPACT DES
AIDES PUBLIQUES SUR LA SITUATION DU CINÉMA FRANÇAIS
A. UN VOLUME ÉLEVÉ DE
PRODUCTION
B. LA SANTÉ FINANCIÈRE DES
ENTREPRISES RESTE FRAGILE
C. ANALYSE DES
" DYSFONCTIONNEMENTS "
III. ANALYSE DES
RÉFORMES EN COUR
A. LES RÉFORMES EN COURS
B. LES QUESTIONS EN SUSPENS
IV. CONCLUSIONS
GÉNÉRALES
COMPTE RENDU DE LA RÉUNION DE
LOFFICE PARLEMENTAIRE DÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES DU MERCREDI 8
JUILLET 1998
ÉTUDE De la
société BIPE & STRATORG INTERNATIONAL (JUIN 1998)
CHAPITRE PREMIER : PANORAMA DU
SECTEUR (France, EUROPE,
Etats-Unis)
CHAPITRE
II : LES AIDES PUBLIQUES AU CINÉMA EN EUROPe
CHAPITRE III : LIMPACT
DU SOUTIEN PUBLIC SUR LORGANISATION ET LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU SECTEUR
CHAPITRE IV : LIMPACT DU
SOUTIEN À LA PRODUCTION SUR LE COÛT MOYEN DES FILMS DINITIATIVE FRANÇAISE
CHAPITRE V : CAPACITÉ DU
DISPOSITIF DE SOUTIEN À SADAPTER AUX ÉVOLUTIONS DU SECTEUR
ANNEXES
AVANT-PROPOS
L'Office a été saisi, le 2 décembre 1996, par le Bureau de
l'Assemblée nationale, sur une initiative du groupe communiste, d'une demande d'étude
portant sur la situation du cinéma français.
Dès sa réunion du 4 décembre 1996, et conformément aux dispositions
de l'article 10 de son règlement intérieur, l'Office a désigné M. Jean Cluzel
sénateur, comme rapporteur de cette saisine afin d'étudier sa faisabilité.
Le 19 février 1997, celui-ci a présenté et fait accepter par
lOffice un rapport sur la faisabilité de cette étude, qui concluait, d'une part,
à la nécessité de circonscrire le champ de l'étude à une évaluation de l'efficacité
des aides publiques en faveur du cinéma et, d'autre part, à l'intérêt qu'il y aurait
à confier sa réalisation à un cabinet d'audit privé.
La procédure en vue de la passation d'un marché négocié (montant
inférieur à 700 000 francs T.T.C.) a été aussitôt lancée. L'avis d'appel public
à la concurrence, publié au Bulletin officiel des annonces des marchés publics (BOAMP)
en avril 1997, a suscité dix candidatures.
La dissolution de l'Assemblée nationale, les élections législatives
et le changement de majorité ont conduit le Président en exercice de lOffice,
M. Christian Poncelet, à suspendre la procédure de sélection d'un organisme
détudes. Il en a informé les candidats par lettre en date du 24 juillet 1997.
Parallèlement et conformément aux dispositions de l'article 16 du
règlement intérieur de l'Office, le Président en exercice de lOffice,
M. Christian Poncelet, a interrogé, en juin 1997, M. Laurent Fabius, Président
de l'Assemblée nationale, sur la suite que le nouveau Bureau de l'Assemblée nationale
entendait donner à la saisine sur l'efficacité des aides publiques en faveur du cinéma.
Par lettre en date du 25 septembre, M. Laurent Fabius a informé le
Président de lOffice que le Bureau de l'Assemblée nationale, lors de sa réunion
du 24 septembre, avait décidé de confirmer cette saisine.
La procédure a pu reprendre. Le jeudi 30 octobre 1997, l'Office a
approuvé le cahier des charges de l'étude. A la suite de cette réunion, le Président
de l'Office, désormais issu de l'Assemblée nationale, a, par une lettre en date du 4
décembre, demandé aux entreprises intéressées si elles confirmaient leur candidature.
Le projet de cahier des charges, auquel les candidats ont dû
répondre, avait principalement pour objet de préciser le contenu des prestations
attendues.
Cinq axes ont été assignés à cette évaluation : un état des
lieux des aides publiques, un recensement des aides sur lesquelles l'étude devra plus
particulièrement porter, un énoncé des critères au regard desquels devra être
appréciée l'efficacité des diverses aides ; une évaluation des modalités de
gestion des aides et, enfin, un éclairage prospectif sur l'avenir de la politique d'aide
au cinéma.
La consultation a donné les résultats suivants :
- 10 entreprises avaient initialement fait connaître leur intérêt pour la
consultation en réponse à l'annonce du BOAMP ;
- 7 entreprises ont confirmé leur candidature à la suite de la lettre du
Président de l'Office en date du 4 décembre 1997 annonçant la reprise de la
procédure.
S'agissant du premier dossier de ce type, que l'Office est amené à
examiner, il sest efforcé de définir une grille d'analyse aussi objective que
possible.
Une analyse comparative des sept offres prises en considération a
été établie pour comparer les propositions aux quatre niveaux qu'il semble important de
distinguer : les références du candidat, les compétences des personnes composant
l'équipe d'audit, la consistance du projet, sans oublier les éléments chiffrés
composant le prix.
Sur proposition du rapporteur et, à lissue dune étude
approfondie de ces offres, lOffice a décidé, le 10 février 1998, de retenir la
proposition de la société BIPE & STRATORG International, qui lui est apparue
sappuyer sur une méthodologie solide et une équipe expérimentée dans le domaine
considéré.
En ce qui concerne la date de remise de l'étude, il avait été
initialement prévu que celle-ci devrait être rendue pour fin mai 1998. Les délais
entraînés par le changement de législature ont conduit lOffice à ne demander à
lorganisme retenu de ne remettre son étude quau début du mois de juin.
*
* *
M. Jean Cluzel, rapporteur, a soumis son
rapport et les travaux de la société BIPE & STRATORG INTERNATIONAL à lOffice
qui, le 8 juillet 1998, a décidé de les transmettre au Bureau de lAssemblée
nationale, assortis dun avis favorable à leur publication dans les conditions
rappelées par le compte rendu ci-annexé.
Le Bureau de lAssemblée nationale a, le 7 octobre suivant,
autorisé la publication du rapport de M. Jean Cluzel et des travaux de la société
BIPE & STRATORG INTERNATIONAL.
Introduction
Pour le Rapporteur, lévaluation dont a été chargé le BIPE
consistait à établir un diagnostic de la situation du cinéma et de
lefficacité des aides publiques. La mission ne comporte donc pas de
recommandations, qui sont de la compétence des Assemblées et, en particulier, de
leurs commissions permanentes.
Dans le même esprit, si le Rapporteur a bien donné des orientations
générales pour lexécution du cahier des charges défini par lOffice, il
sest interdit dinterférer dans les diverses opérations auxquelles sest
livré le BIPE pour la réalisation de son étude, dont les conclusions relèvent donc de
sa seule responsabilité.
Lévaluation a été réalisée par le BIPE entre le 20 mars
et le 12 juin 1998, à partir de lanalyse de données statistiques, de
documents et de rapports existants, ainsi que dune trentaine dentretiens
auprès de professionnels, producteurs, diffuseurs ou distributeurs et responsables du
Centre national de la Cinématographie (CNC). Ces derniers ont activement contribué au
projet en acceptant de présenter et de discuter des réformes en cours.
DESCRIPTION DU DISPOSITIF
Français DAIDES PUBLIQUES
AU CINÉMA
Le dispositif français daides publiques au cinéma a pour
objectif de maintenir une cinématographie nationale, ainsi que de favoriser une
diversité culturelle. Il repose sur des aides à lensemble du secteur, industries
techniques, production, distribution, exploitation, exportation.
Le dispositif français est constitué par :
- un système de soutien automatique et daides sélectives à la production,
à lexploitation et à la distribution, ainsi quà lexportation, géré
par le CNC ;
- un système dobligations dinvestissement dans la production
cinématographique concernant les principales chaînes de télévision en France (TF1,
France 2, France 3, M6 et Canal Plus) ;
- un dispositif complémentaire concernant principalement :
un soutien social, qui concerne le système de retraite des
professionnels du secteur, ainsi que le système dassurance chômage spécifique
dans le cadre du statut dintermittent ;
les SOFICA, système fiscal qui offre la possibilité pour
les personnes physiques de déduire de leur revenu les sommes versées pour la
souscription au capital des SOFICA, dans la limite de 25% de ce revenu. Les fonds
collectés sont réorientés exclusivement dans le financement de films français ;
- le dispositif daides ayant un cadre européen et géré dune part par
le fonds daide européen à la coproduction, Eurimages, ainsi que par le programme
Media de la Commission européenne ;
- et, enfin, le dispositif daides régionales qui reste peu développé, sauf
pour quelques exceptions comme pour la région Rhône-Alpes.
LIMPACT DES AIDES
PUBLIQUES SUR LA SITUATION DU CINÉMA FRANÇAIS
Sur la base, notamment, de comparaisons internationales, le BIPE
effectue deux constats avant danalyser les principaux dysfonctionnements.
UN Volume ÉlevÉ de
production
Le nombre de films " dinitiative française () "
et de coproductions internationales se maintient depuis 1990 dans une fourchette comprise
entre 130 et 150 films par an. La production de 1997 a été de 158 films, dont
140 " dinitiative française ".
Un nombre élevé de premiers et de deuxièmes films : en
1996, sur 104 films " dinitiative française ", on compte
37 premiers films et 18 deuxièmes films. Pour le BIPE, " ceci
traduit lefficacité du soutien aux nouveaux talents ".
La santÉ financiÈre
des entreprises reste fragile
- Les entreprises du secteur sont structurellement déficitaires durant la période
1989-1995 ;
- entre 1989 et 1995, la part des frais financiers passe denviron un quart à
près de 30 % de la valeur ajoutée nette, avec une pointe de 40% en 1993 ;
corrélativement, par suite dune insuffisance de fonds propres, " le
secteur nest pas capable de financer ses investissements " ;
-
moins de la moitié des sociétés de production étaient bénéficiaires en 1995,
tandis que la plupart dentre elles continue de produire, au mieux, un film par an.
Analyse des
" dysfonctionnements "
Globalement, pour le BIPE, " lobjectif est atteint mais
au prix fort ". La réussite quantitative saccompagne dune série de
déséquilibres fonctionnels consécutifs à la multiplicité des financements :
- permanence dentreprises portées par le dispositif de soutien sans
développer de valeur ajoutée suffisante ;
- manque de synergie entre production et distribution : les distributeurs
ne sont plus en mesure de participer au financement du cinéma français ;
- on est passé dune logique damortissement à une logique de
préfinancement, du fait, en particulier, de laccroissement du poids des
diffuseurs : la part des chaînes (pré-achats + coproductions) passe ainsi de
7 % en 1983 à 36 % en 1997 avec un maximum de 40 % en 1996. Cette logique
tend à réduire " la rigueur de la sélection des projets par les
producteurs. Elle nincite pas ces derniers à arrêter un projet en cours de
développement, même sil promet dêtre un échec en salle ".
- en définitive, le dispositif de soutien a, dune façon générale,
contribué à " déconnecter les entreprises des contraintes du
marché " :
il " na pas favorisé
lémergence dentreprises intégrées et suffisamment puissantes pour
sengager sur les marchés internationaux " ;
il a entraîné une " déresponsabilisation "
en limitant la prise de risque par les producteurs, qui napportent de capitaux
quà hauteur dun quart des devis ;
il a alimenté une augmentation des budgets de films -
dont le coût a été multiplié par trois en 1980 et 1997 sans renforcer leur
potentiel commercial.
ANALYSE DES RÉFORMES EN COURS
Les rÉformes en cours
Les principales aides gérées par le CNC ont fait récemment l'objet
de réformes importantes.
- La réforme de l'agrément, qui concerne l'aide automatique à la production,
devrait apporter, après accord de Bruxelles, une meilleure transparence sur les critères
d'éligibilité et recentrer le soutien sur des critères de dépenses en France.
Elle prévoit, notamment, que laccès au soutien devient variable
selon une grille de points pondérée par des coefficients tenant compte pour chaque
critère (langue, nationalités des producteurs, réalisateurs ou techniciens) du
caractère français ou européen du film.
On note, dune part, que des majorations pour inciter à
lutilisation de studios français nont pas été acceptées par Bruxelles et,
dautre part, que le CNC na ni plafonné, ni rendu dégressif le montant du
soutien automatique afin dencourager les films à succès.
- Des modifications doivent être apportées au soutien automatique à l'exploitation :
il est prévu un coefficient dégressif pour éviter de favoriser les groupes et les
multiplexes au détriment des salles indépendantes.
- Une réforme de l'avance sur recettes est en cours pour renforcer la
sélectivité de l'aide (actuellement insuffisante, car 30 à 40 % des films en
bénéficient) et favoriser les films dauteur.
Les questions en
suspens
-
Concernant les SOFICA : pour le BIPE, lapport de ces sociétés,
" significatif jusquen 1987, na pas cessé de décroître depuis ".
Au surplus, elles joueraient surtout pour les grosses productions, tout en ayant tendance
à " exclure les producteurs indépendants ".
" Il est acquis que 4 ou 5 films par an
nauraient pu être produits sans les SOFICA. Compte tenu du niveau actuel de la
production cinématographique en France, il faut se demander si ce résultat répond à
une priorité et si son coût pour la collectivité (1,15 milliard de dépenses
fiscales entre 1985 et 1996) est justifié. ".
-
Le régime des intermittents du spectacle est considéré comme " généreux
et détourné par les conditions concrètes dorganisation du travail "
(Cf. pages 60 à 65 du rapport) :
Le statut est devenu un outil régulier de gestion des ressources
humaines pour les entreprises de ce secteur. Il attire de nombreux nouveaux venus, mais
profite essentiellement aux " anciens ". Il semble inciter les
intermittents à plafonner leur nombre de jours dactivité annuelle qui est
stable depuis 1980 (autour de 65 jours par an) ;
- La pénétration des films français en Europe est à un niveau très bas :
2,8 % en Allemagne, 3,9 % en Espagne, 1,9 % en Grande-Bretagne, 1,5 %
en Italie :
Le système français daide privilégie le financement
français à la production au détriment des financements internationaux. Il ne prend
pas suffisamment en compte les impératifs liés à linternationalisation des
marchés, ainsi que des financements qui permettent de garantir un meilleur accès aux
marchés internationaux et donc un meilleur amortissement des films français ;
Unifrance : des résultats plus que modestes au
regard des efforts consentis ; le BIPE souligne la croissance de 18% par an des
subventions et la présentation du budget en déficit; le contrôle du CNC est
essentiellement réglementaire et encore, puisque ses décisions ne sont pas toujours
suivies deffets (demande concernant la suppression de délégations à
létranger).
CONCLUSIONS GÉNÉRALES
Pour le BIPE, le dispositif daides au cinéma est moins un
système de subvention directe (dailleurs relativement peu important au regard
du volume de la production nationale par comparaison au dispositif des autres pays) quun
mécanisme dencadrement, de redistribution, ainsi que dobligations
dinvestissement à la charge des chaînes de télévision.
Létude était nécessaire, car elle montre quen dépit des
réformes engagées, certaines difficultés demeurent importantes : on constate un
certain niveau de divergence entre la politique culturelle de soutien à la production et
léquilibre économique dun secteur, dont les produits - les films - sont peu
présents sur les marchés étrangers.
En outre, létude souligne " un risque de crise
financière à moyen terme " : " pour linstant,
il a été couvert par laugmentation des ressources mobilisées par les chaînes,
dans le cadre des obligations réglementaires. Il serait ravivé par la stagnation du
chiffre daffaires des principaux contributeurs (Canal + et TF1 notamment) dans le
cadre dune baisse de laudience TV à moyen terme, dune dégradation du
marché publicitaire ou de lémergence de nouveaux concurrents. "
Lanalyse est particulièrement riche et lon y trouvera
matière à réflexions et, éventuellement, à propositions. Telle est la raison pour
laquelle le Rapporteur propose de transmettre cette étude au Bureau de
lAssemblée nationale qui la demandée, assortie dun avis
favorable à sa publication.
COMPTE RENDU DE LA RÉunion de loffice parlementaire
dÉvaluation des politiques publiques du mercredi 8 juillet 1998
Présidence de M. Augustin Bonrepaux, Président
LOffice a procédé, sur le rapport de M. Jean Cluzel,
à lexamen de létude relative à lévaluation de lefficacité des
aides publiques en faveur du cinéma français.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a rappelé que lOffice,
saisi par le Bureau de lAssemblée nationale sur linitiative du groupe
communiste, dune demande détude portant sur la situation du cinéma
français, avait décidé, au cours de sa réunion du 10 février 1998, den
confier la réalisation au cabinet BIPE Conseil. Il a indiqué, quen tant que
rapporteur, il avait assuré un suivi des travaux de cet organisme, ceuxci étant
expressément limités à un diagnostic et une évaluation de nature à servir de base aux
choix politiques qui seraient exprimés par le Parlement ou le Gouvernement.
Il a précisé que létude remise par le BIPE le 12 juin
1998 sarticulait autour de trois parties, la première contenant la description du
dispositif français daides publiques au cinéma, la deuxième examinant
limpact de ces aides et la troisième analysant les réformes en cours.
Sur le premier volet, il a déclaré que le dispositif daides
publiques au cinéma, dont lobjectif consistait à maintenir une cinématographie
nationale et à favoriser une diversité culturelle, reposait sur des aides à
lensemble du secteur, quil sagisse des industries techniques, de la
production, de la distribution, de lexploitation ou de lexportation. Il a
précisé quà côté du système géré par le Centre national de la
cinématographie (CNC), existaient un système dobligations dinvestissements
dans la production cinématographique, à la charge des principales chaînes de
télévision françaises, ainsi quun dispositif complémentaire dans le cadre duquel
sinscrivaient, à la fois, un soutien social avec, notamment, le statut
dintermittents du spectacle et un soutien fiscal avec les SOFICA. Il a enfin
mentionné un dispositif daides ayant un cadre européen ainsi quun dispositif
daides régionales, ajoutant toutefois que celuici restait peu développé.
Abordant ensuite limpact des aides publiques sur la situation du
cinéma français, le Rapporteur a souligné que létude du BIPE constatait
quelles avaient permis le maintien de la production dun nombre élevé de
films dorigine française et dun nombre important de premier et de deuxième
films mais quen revanche la santé financière des entreprises restait fragile. Il a
insisté sur le fait que le BIPE estimait que, globalement, lobjectif de maintenir
un cinéma français avait été atteint, mais au prix fort. Il a relevé que lon
était passé dune logique damortissement à une logique de préfinancement du
fait, en particulier, de laccroissement du poids des diffuseurs et que le dispositif
de soutien avait, dune façon générale, contribué à déconnecter les entreprises
des contraintes du marché, cestàdire des goûts du public. Il a
constaté que cette situation avait entraîné une déresponsabilisation du secteur dès
lors que les producteurs, qui napportaient des capitaux quà hauteur dun
quart des devis, limitaient leur prise de risques, alors même que les budgets des films
avaient été multipliés par trois entre 1980 et 1997, sans que leur potentiel commercial
en fût augmenté.
Le Rapporteur a alors présenté le troisième volet de létude
portant sur la réforme des principales aides gérées par le CNC, quil
sagisse de la modification du régime dagrément en ce qui concerne
laide automatique à la production, ou de lamélioration de lavance sur
recettes destinée à en renforcer la sélectivité et à favoriser les films
dauteurs.
Il a toutefois observé que létude du BIPE était critique sur
le régime des SOFICA, qui a coûté 1,15 milliard de francs de dépenses fiscales
entre 1985 et 1996 pour permettre seulement la production de quatre ou cinq films
supplémentaires par an, et sur le régime des intermittents du spectacle, considéré
comme généreux et détourné de son objectif par les conditions concrètes
dorganisation du travail, en ajoutant quil appelait sans doute les mêmes
réformes quen son temps le régime des dockers.
Il a enfin déclaré que létude du BIPE relevait le très faible
niveau de pénétration des films français en Europe et lefficacité réduite
dUnifrance, compte tenu de son coût pour le contribuable.
Il a conclu son rapport en indiquant que, pour le BIPE, le dispositif
français daides au cinéma se présentait moins comme un système de subventions
directes que comme un mécanisme dencadrement, de redistribution et
dobligations dinvestissements à la charge des chaînes de télévision et que
létude faisait apparaître un certain niveau de divergences entre la politique
culturelle de soutien à la production et léquilibre économique du secteur, ce qui
faisait planer un risque de crise financière à moyen terme. Il a relevé que si ce
risque était, pour linstant, couvert par laugmentation des ressources
mobilisées par les chaînes dans le cadre des obligations réglementaires, cet équilibre
pourrait être remis en cause par une baisse de laudience à moyen terme, une
dégradation du marché publicitaire, ou lémergence de nouveaux concurrents.
Le Rapporteur, considérant que létude fournissait matière à
réflexion et, éventuellement, à propositions, a souhaité quelle soit transmise
au Bureau de lAssemblée nationale, assortie dun avis favorable à sa
publication.
Un débat a suivi lexposé du Rapporteur.
M. Christian Poncelet, premier viceprésident,
sest interrogé sur le point de savoir comment il était possible dassurer le
financement de la production de films français, compte tenu des enjeux culturels, dans un
contexte de rigueur budgétaire. Il a estimé que cétait à la lumière de cette
question quil fallait réorienter le dispositif daides actuel pour le rendre
plus efficace.
M. Laurent Dominati, relevant que létude du BIPE
considérait que lobjectif de soutien de lindustrie cinématographique
française était atteint, mais au prix fort, a souhaité avoir des précisions sur le
coût qui pesait sur les deniers publics et sur ce qui était compris dans la notion
daides publiques, dans la mesure où cellesci assuraient les troisquarts
du budget dun film, le producteur napportant que le quart, et encore ne
sagissaitil pas là de ses propres deniers, mais de largent collecté
auprès des chaînes de télévision.
Il a considéré quau nombre des aides publiques, devaient être
prises en compte, outre les subventions directes versées par le CNC, des aides comme le
système des SOFICA ou le régime des intermittents du spectacle.
Sagissant des aides du CNC financées par une taxe sur les
entrées dans les salles, il sest demandé si elles devaient être considérées
comme une aide publique ou bien comme une redistribution payée par les spectateurs.
Sagissant du régime des SOFICA et relevant quil avait
coûté, depuis sa création, entre 110 et 120 millions de francs par an, il a
constaté que cétait à la fois beaucoup, puisque cela représentait 10 % du
budget des films aidés, et peu, puisque cela natteignait pas linvestissement
annuel dans la production doeuvres cinématographiques dune chaîne comme
France 2.
Il a ensuite demandé des précisions sur le coût du régime des
intermittents du spectacle et sur le point de savoir sil favorisait les lieux de
tournage français, tout en critiquant le fait quil semblait être construit de
telle sorte quil incitait ses bénéficiaires à limiter leur activité.
Relevant, enfin, quil était proposé à lOffice de se
prononcer sur le rapport de M. Jean Cluzel et que celuici constituait une
synthèse de létude du BIPE qui nétait consultable quau secrétariat
de lOffice, il a estimé que le travail du BIPE constituait un élément essentiel
de la réflexion de lOffice et quil devrait être soumis à lapprobation
de ses membres. En définitive, il a demandé si le rapport de lOffice se limiterait
au rapport de M. Jean Cluzel ou comprendrait également létude du BIPE.
M. Christian Poncelet, premier viceprésident, a
répondu que le débat sur ce dernier point avait déjà eu lieu au cours de la réunion
tenue par lOffice le 10 février dernier.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a indiqué quil avait
personnellement veillé à ce que le rapport du BIPE se borne à un audit de la situation
du secteur et ne contienne aucune proposition et que son rôle sétait borné à
contrôler lexécution du travail et à en rendre compte à lOffice.
Il a ensuite précisé que sur les 2,7 milliards de francs
investis dans la production cinématographique en 1995, les aides publiques, regroupant à
la fois les aides budgétaires et la redistribution du prélèvement assis sur les ventes
de billets, avaient représenté 392 millions de francs.
Il a insisté sur lintérêt et la spécificité dun
dispositif de redistribution qui faisait que les Français allant voir des films
américains participaient au financement du cinéma français, tout en relevant que la
part de marché des films français en salle était passée de 50 % en 1981 à
35 % en 1997.
Il a expliqué que si létude du BIPE estimait que
lobjectif assigné au dispositif daide publique avait été atteint, dans la
mesure où le cinéma français continuait à exister, cette satisfaction avait été
payée au prix fort, que ce soit en termes dargent public ou dobligations
mises à la charge des chaînes de télévision, dont il était douteux quelles
puissent continuer longtemps à assumer une charge dun tel niveau dans un contexte
de concurrence croissante et de stagnation des ressources publicitaires.
Il a regretté que le système français soit complètement
déconnecté des goûts du public, en raison de linfluence du corporatisme des
instances de décision octroyant les aides, ce qui dispensait les producteurs français de
toute obligation de rentabilisation du film sur le marché, contrairement à ce qui se
passait aux États-Unis, où seul le succès public permettait aux producteurs de recevoir
un retour sur investissement et donc, de réinvestir ultérieurement et ainsi, de
poursuivre leur activité.
Aussi, tout en réaffirmant sa ferme conviction de la nécessité de
soutenir la création française, il a estimé indispensable de veiller à ce que
largent public soit bien utilisé.
A cet égard, il a déclaré que le régime des intermittents du
spectacle, qui bénéficiait à 100.000 personnes travaillant en moyenne
65 jours par an, devrait faire lobjet dune remise en ordre, dans la
mesure où il coûtait 2,8 milliards de francs par an à la collectivité, pour
619 millions de francs de cotisations apportées par les affiliés.
M. Patrick Delnatte a demandé si la concentration des
réseaux de distribution avait joué un rôle sur la production cinématographique
française.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a répondu que la diminution du
nombre des salles indépendantes était en effet préoccupante et que les deux grands
groupes dexploitants opérant en France avaient enrayé la dégradation du score des
films français, grâce aux multiplexes, sans pour autant remédier à la crise des salles
indépendantes. Il a ajouté que les Américains, qui avaient parfaitement compris que la
production et la distribution étaient liées, avaient pris pied en Europe, de manière à
peser sur les distributeurs français.
Il a insisté sur le fait que, face au rêve américain qui
simposait peu à peu au monde entier, la France se trouvait depuis plusieurs années
dans une situation défensive et il a regretté la déconnexion entre la production et les
goûts du public quavait favorisée le mécanisme de lavance sur recettes, en
plaidant pour une augmentation de la part du financement privé pour sauver le cinéma
français.
M. Arthur Paecht a demandé des précisions sur les
dispositifs daides régionales.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a indiqué que cette aide qui,
à sa connaissance, était pratiquée, notamment, par la région RhôneAlpes,
constituait une aide directe, versée aux producteurs de films, tout en soulignant
quelle navait pas été reconduite cette année dans cette région, en raison
de la modification de la composition du Conseil régional.
M. Laurent Dominati a précisé que lattribution de
cette aide, versée pour les tournages effectués dans la région, entrait dans les
compétences de celleci, au titre de laide économique. Il a ensuite demandé
sil ne convenait pas de rajouter aux 392 millions de francs daides
publiques, la dépense fiscale liée aux SOFICA et le coût du régime des intermittents
du spectacle. Évoquant par ailleurs les charges et ressources du compte de soutien à
lindustrie cinématographique, il a relevé le montant élevé (200 millions de
francs) du budget de fonctionnement du CNC.
M. Christian Poncelet, premier viceprésident, a
rappelé que des initiatives avaient été prises antérieurement pour réduire certaines
contributions publiques, comme, par exemple, les SOFICA, mais que la majorité du
Parlement sy était alors opposée. Il sest interrogé dans ces conditions sur
laccueil qui serait susceptible dêtre fait par le Parlement à une
proposition de réduction des crédits de fonctionnement du CNC. Insistant sur le fait que
le dispositif des SOFICA avait coûté 1,15 milliard de francs et navait permis
de produire que quatre à cinq films supplémentaires par an, il a estimé que
lanalyse faite par le rapport justifiait une remise en cause de cet avantage et
quil convenait de savoir sil existait une majorité politique pour en tirer
les conséquences.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a reconnu que cette question
était au coeur du sujet sur lequel il a relevé labsence de clivage politique. Il a
constaté quil existait un consensus pour défendre la pérennité dun cinéma
français et sur limpossibilité de pratiquer, en France, le système de financement
appliqué aux ÉtatsUnis, en raison de linsuffisance de nos débouchés
internationaux, ce qui justifiait la mise en place dun dispositif daide
publique.
Il a, par ailleurs, insisté sur les dangers duniformisation
culturelle qui résulteraient de lhégémonie américaine qui se dessinait dans le
secteur des technologies numériques.
M. Laurent Dominati a convenu de limportance du
soutien au cinéma français pour assurer le maintien dune pluralité culturelle et
a estimé quil était justifié de laider dans la mesure où nous disposions
dun marché plus étroit que le marché américain. Il a cependant relevé
qualors que les Américains consacraient 30 % du budget dun film aux
dépenses de promotion, ce taux était limité à 10 % en France, en ajoutant,
quen outre, les Américains avaient passé des accords avec les deux plus grands
réseaux de distribution français, ce qui favorisait la diffusion de leur production.
Relevant en outre que toutes les salles dart et dessai
parisiennes avaient bénéficié daides publiques à la rénovation, il a estimé
que lon était loin de disposer dune photographie nette de lensemble des
financements publics en faveur du cinéma, au-delà du dispositif de soutien géré par le
CNC.
Il a déclaré que le dispositif des SOFICA qui, pour un coût de
110 millions de francs par an, avait permis daider quatre à cinq films
supplémentaires par an grâce à un système dinvestissements privés qui
navait quun défaut, labsence de risques pour linvestisseur,
nétait pas cher, comparé aux 200 millions de francs par an de budget de
fonctionnement du CNC ou au coût du régime des intermittents du spectacle, soit
2 milliards de francs par an. Il a en conséquence plaidé pour, quà défaut
de trouver un meilleur système, celuici soit maintenu.
M. Christian Poncelet, premier viceprésident, a
estimé que 110 millions de francs par an nétait pas une dépense négligeable
lorsquil sagissait de largent du contribuable. Dune manière plus
large, il a constaté que les critiques du BIPE portaient sur le fait que le dispositif
daide publique avait contribué à déconnecter les entreprises des contraintes du
marché, à entraîner une déresponsabilisation par la limitation de prise de risques par
les producteurs et à alimenter une augmentation du budget des films.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a relevé que, dans le budget
dun film, la part de financement apportée par le producteur était passée de
42 % en 1990 à 34 % en 1997, alors que celle des chaînes de télévision avait
été portée respectivement de 16 % à 29 %. Constatant par ailleurs que les
producteurs américains, face à un marché national saturé par la multiplication de
loffre et compte tenu de laugmentation des budgets des films, se voyaient
contraints de rechercher des débouchés internationaux et que lEurope constituait
dès lors pour eux un marché important, il a estimé que si la France restait dans un
système marqué par un corporatisme excessif, son cinéma serait en danger.
M. Arthur Paecht a observé que le rapport fait par
M. Jean Cluzel ne contenait pas de propositions et, estimant que la simple
publication dun constat était peutêtre insuffisante, il sest
interrogé sur le point de savoir si le Rapporteur ne devrait pas, à la lumière des
débats de lOffice, intégrer des propositions. Faisant ensuite un parallèle avec
les restructurations de lindustrie militaire, il sest demandé si le salut du
cinéma français ne résidait pas dans une approche européenne.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a répondu quen ce qui
concernait lapproche européenne, la plus grande cacophonie régnait, dans la mesure
où le dénominateur commun demeurait les ÉtatsUnis et où même en labsence
de barrières culturelles, il existait une barrière de langue difficile à surmonter.
Sur le premier point de la question de M. Arthur Paecht, il a
indiqué quil avait personnellement veillé à ce que le rapport ne contînt aucune
proposition, puisque la discussion qui avait eu lieu au cours de la réunion de
lOffice du 10 février dernier avait conclu sur le fait quil appartenait
aux assemblées et, en particulier, à leurs commissions permanentes de présenter des
propositions sur la base des travaux de lOffice.
M. Christian Poncelet, premier viceprésident, a
abondé en ce sens en ajoutant que lOffice se bornait à dresser un diagnostic.
Le Président Augustin Bonrepaux sest interrogé sur la
prise en charge de la différence entre les 692 millions de francs de cotisations
payés par les intermittents du spectacle et les 2,8 milliards de francs de dépenses
de leur régime. Il a également souhaité savoir pour quelles raisons ils pouvaient être
incités à plafonner leur nombre de jours dactivité annuelle, en sétonnant
quils ne travaillent en moyenne que 65 jours par an, et a rappelé quils
bénéficiaient, par ailleurs, dune déduction forfaitaire supplémentaire sur
limpôt sur le revenu.
M. Jean Cluzel, rapporteur, a répondu que le statut des
intermittents du spectacle, qui profitait, en 1992, à 100.000 personnes, exigeait,
pour louverture du droit à lallocation dégressive, un plancher de
507 heures de travail au cours des douze derniers mois et que ladite allocation
était calculée sur la base du salaire réel, dans la limite toutefois élevée dun
plafond de 1.780 francs par jour. Il a précisé que la différence entre les
cotisations et les prestations était prise en charge par le régime général et que si,
à la suite du conflit intervenu lannée dernière, le statu quo avait été
prolongé jusquà la fin de lannée 1998, cette question reviendrait au coeur
des débats, lors de lexamen du projet de loi de finances pour 1999.
M. Laurent Dominati a ajouté que le statut des
intermittents revenait à subventionner non seulement les artistes mais également les
producteurs qui en intégraient les effets dans le budget de leurs films.
Sil a estimé quil était normal que le rapporteur ne fasse
pas de propositions, il a considéré que linterprétation du règlement intérieur
de lOffice qui consistait à distinguer entre le rapport de M. Jean Cluzel,
quil était proposé dadopter, et létude du BIPE, qui nétait pas
soumise à lappréciation de lOffice, nallait pas de soi.
Le Président Augustin Bonrepaux a répondu que
larticle 15 du règlement intérieur de lOffice répondait à la question
et que le rapport soumis à lapprobation de lOffice était celui de
M. Jean Cluzel, qui avait été adressé à chacun des membres dans les délais
requis. Il a ajouté que les membres de lOffice avaient, en outre, eu accès aux
travaux de lorganisme détudes, au secrétariat de lOffice, dans les
conditions prévues par ledit article, et quil était clair que létude du
BIPE ne constituait pas le rapport.
M. Christian Poncelet, premier viceprésident, a
rappelé à nouveau que cette question avait lobjet dun débat et quelle
avait été précédemment tranchée.
M. Arthur Paecht a demandé à qui appartenait le rapport
et si les débats de lOffice lui seraient annexés.
Le Président Augustin Bonrepaux a répondu que le rapport de
M. Jean Cluzel serait transmis au Bureau de lAssemblée nationale, auteur de la
saisine, qui déciderait de sa publication et quil contiendrait, en annexe,
létude du BIPE et le compte rendu des débats de lOffice.
LOffice a alors décidé de transmettre le rapport de
M. Jean Cluzel sur la saisine relative à lefficacité des aides publiques en
faveur du cinéma français au Bureau de lAssemblée nationale en recommandant sa
publication.
*
* *
M. Christian Poncelet, premier viceprésident, a
alors rendu hommage à M. Jean Cluzel en estimant que sa décision de ne pas se
représenter aux élections sénatoriales de septembre prochain ferait perdre au Parlement
français un homme qui lui avait fait honneur.
Evaluation de lefficacité des aides
publiques
au cinéma français
_______________________________________
Rapport de
BIPE & STRATORG INTERNATIONAL
Juin 1998
AVANT-PROPOS
CHAPITRE PREMIER PANORAMA
DU SECTEUR (FRANCE, EUROPE, ÉTATS-UNIS)
I. ÉLÉMENTS DE
COMPARAISONS INTERNATIONALES (EUROPE, ETATS-UNIS)
II. PANORAMA DU
SECTEUR EN FRANCE (PRODUCTION, DISTRIBUTION, EXPLOITATION)
CHAPITRE II LES AIDES
PUBLIQUES AU CINÉMA EN EUROPE
I. SYNTHÈSE DU
CHAPITRE
II. DES AIDES
PUBLIQUES DIRECTES DANS TOUS LES PAYS EUROPEENS
III. LES
AIDES DIRECTES À LA PRODUCTION, AU COEUR DES DISPOSITIFS DE SOUTIEN EN EUROPE
IV. LE CAS DES
INCITATIONS FISCALES
V. LÉGITIMITÉ ET
EFFICACITÉ DU DISPOSITIF DE SOUTIEN SOCIAL
CHAPITRE III
LIMPACT DU SOUTIEN PUBLIC SUR LORGANISATION ET LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU
SECTEUR
I. SYNTHÈSE DU
CHAPITRE
II. LES CAUSES DE LA
FRAGILISATION ÉCONOMIQUE : UNE CONTRIBUTION INDIRECTE DU SYSTÈME DE SOUTIEN
III. LIMPACT
DU DISPOSITIF DE SOUTIEN SUR LES PRINCIPAUX DYSFONCTIONNEMENTS DE LA FILIÈRE
CHAPITRE IV
LIMPACT DU SOUTIEN À LA PRODUCTION SUR LE COÛT MOYEN DES FILMS DINITIATIVE
FRANÇAISE
I. SYNTHÈSE DU
CHAPITRE
II. FILMS
DINITIATIVE FRANÇAISE : UN COÛT MOYEN MULTIPLIÉ PAR PLUS DE 3 ENTRE 1980 ET 1997
III. LES POSTES DE
DÉPENSES NE SONT PAS LA PRINCIPALE SOURCE DINFLATION
IV. LÉVOLUTION
DES SOURCES DE FINANCEMENT A FORTEMENT CONTRIBUÉ À LINFLATION DU BUDGET DES FILMS
V. STRUCTURE DU BUDGET
DES FILMS SELON LIMPORTANCE DU DEVIS : TROIS ÉCONOMIES DU LONG MÉTRAGE
VI. DEUX FACTEURS
LIÉS À LORGANISATION DU TRAVAIL QUI ALIMENTENT LINFLATION DES BUDGETS
CHAPITRE V CAPACITÉ DU
DISPOSITIF DE SOUTIEN À SADAPTER AUX ÉVOLUTIONS DU SECTEUR
I. SYNTHÈSE DU
CHAPITRE
II.
LINTERNATIONALISATION DES OEUVRES ET DES ENTREPRISES : UNE CONTRAINTE ET UNE
OPPORTUNITÉ
III. UNE RÉFORME
TRÈS IMPORTANTE DE LAGRÉMENT MISE EN PLACE PAR LE CNC
IV. OUTRE LA RÉFORME
DE LAGRÉMENT, LE CNC A PROCÉDÉ À UNE MODIFICATION DU SOUTIEN AUTOMATIQUE À
LEXPLOITATION.
V. DES MODIFICATIONS EN
COURS VISANT À RENDRE PLUS SÉLECTIVE LAVANCE SUR RECETTES
VI. UN RENFORCEMENT
DES AIDES À LÉCRITURE
VII. UNE
POLITIQUE À LEXPORTATION CONFIÉE TRADITIONNELLEMENT À UNIFRANCE FILM
INTERNATIONAL
VIII. UNE AIDE À
LEXPANSION DES FILMS À LÉTRANGER QUI RESTE FAIBLE
IX. UNE PARTICIPATION
ACTIVE DU CNC À LA DÉFINITION ET À LA MISE EN PLACE DES POLITIQUES EUROPÉENNES
X. EXISTE-T-IL UN
RISQUE DINCOMPATIBILITÉ ENTRE UNE POLITIQUE DE SOUTIEN À LINDUSTRIE ET UNE
POLITIQUE CULTURELLE ?
ANNEXES
ANNEXE
1 : LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉes - BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 2 : ÉLÉMENTS
DE COMPARAISONS INTERNATIONALES (UNION EUROPÉENNE, ÉTATS-UNIS)
ANNEXE 3 : PANORAMA
DU SECTEUR EN FRANCE (PRODUCTION, DISTRIBUTION, EXPLOITATION)
ANNEXE
4 : COMMENTAIRES SUR LES SOURCES STATISTIQUES
ANNEXE 5 : COMPLÉMENTS
DINFORMATION SUR LE SYSTÈME DAIDES PUBLIQUES AU CINÉMA FRANÇAIS
ANNEXE
6 : ESTIMATION DU MONTANT TOTAL DES FINANCEMENTS AIDÉS OU DES OBLIGATIONS
D'INVESTISSEMENT
Avant-Propos
Délais de réalisation
Lévaluation des aides publiques au cinéma a été réalisée
par le BIPE entre le 20 mars et le 12 juin 1998.
Cadre général
Conformément au cahier des charges, lévaluation ne comporte pas
de recommandations. Lanalyse sest portée plus particulièrement sur :
- la santé financière des entreprises,
- lidentification des éventuels surcoûts générés par le dispositif daide,
- les performances des films français à lexportation,
- les dispositifs financiers complémentaires (Sofica),
- lévaluation du soutien social.
Méthodologie
Les outils mis en oeuvre pour la réalisation de lévaluation
comprennent :
- une analyse statistique des données existantes sur les principaux indicateurs du
secteur et sur les entreprises ; en particulier, une analyse structurelle des budgets
des films dinitiative française sur longue période a été développée ;
- une analyse des documents et rapports existants sur le secteur dont la liste est fournie
en annexe
- une trentaine dentretiens auprès de professionnels, producteurs, diffuseurs,
distributeurs ainsi quauprès des principaux responsables du CNC dont la liste est
fournie en annexe
Le CNC a activement contribué au projet en fournissant les données
issues du suivi économique du secteur. Il a également accepté de présenter et de
discuter les priorités de son action et les réformes en cours du dispositif de soutien.
Trois réunions de travail ont été organisées avec le Sénateur
Cluzel, rapporteur de lOffice parlementaire dévaluation des politiques
publiques.
CHAPITRE PREMIER
PANORAMA DU SECTEUR (France, Europe, États-Unis)
Éléments de comparaisons internationales (Europe,
Etats-Unis)
- Lindustrie cinématographique américaine domine le marché mondial, ce qui se
traduit notamment par une part de marché en salles supérieure à 60% en Europe et par un
poids des majors supérieur à 50% dans la distribution (80% au Royaume-Uni).
- Le modèle américain repose sur un marché domestique unique (deux fois plus gros que
lensemble du marché européen), des groupes intégrés (la distribution a pris le
contrôle de lexploitation) et internationaux (lexportation représente 43%
des recettes des majors) et un véritable effort de promotion par les entreprises (50%
dun budget est consacré à la promotion). Le volume de la production américaine
est comparable à celui de lEurope, mais les budgets moyens des films sont 4 fois
supérieurs. Les recettes salles permettent damortir ces coûts, ce qui nest
pas le cas en Europe. Les capacités dinvestissement des majors, la saturation du
marché domestique, linternationalisation de réseaux de distribution incitent les
américains à investir en Europe.
- Le marché européen connaît une reprise de la fréquentation et son potentiel de
croissance est important. La part de marché des films nationaux dans les recettes salles
remonte depuis 1994 et atteint 19%. Ce marché reste fragmenté : les films
européens non nationaux voyagent peu en Europe. La fonction de production nest pas
intégrée à la distribution ou à la diffusion, même si des groupes se structurent
(Canal+, Polygram, Sogepaq) et passent des accords avec les studios américains, pour la
diffusion ou lexploitation. Cette fonction nest pas rentable. Le morcellement
de la distribution pose le problème de laccès aux salles des films non
commerciaux.
- Ces contrastes permettent desquisser les thèmes de lévaluation. En
particulier, il faudra voir dans quelle mesure lintervention des pouvoirs publics
explique la spécificité du cinéma en France :
- un volume de production sans égal en Europe (22% de la production européenne),
- le maintien dune part de marché importante des films nationaux (37% des recettes
salles).
- Lévaluation devra également clarifier limpact des dispositifs de soutien
sur :
- la structure de léconomie du cinéma (une rentabilité structurellement
négative),
- la capacité du secteur à répondre aux défis lancés par les américains (une
nouvelle stratégie de pénétration, de la part des distributeurs).
Panorama du secteur en France (production,
distribution, exploitation)
- Un état des lieux précis est utile, pour cerner les impacts des politiques de soutien
et identifier les défis que ces politiques devront relever à moyen terme.
- Nous verrons que le cinéma français repose sur une production nombreuse et
diversifiée. Elle est financée de manière croissante par les diffuseurs ; la part
des producteurs dans le financement diminue et le montant élevé des préfinancements
atténue les risques liés à la sanction du marché en salles. Cette activité est
structurellement déficitaire et aujourdhui mal armée pour affronter
linternationalisation du secteur, qui reste la principale issue économique à
lamortissement de la production.
- Cette situation explique que le patrimoine et la production cinématographiques
français soient peut valorisés à lexportation. La structure de la fonction de
distribution, atomisée et inadaptée aux conditions modernes de léconomie du
cinéma, accentue cette faiblesse.
- Cette situation est dautant plus préjudiciable que lintérêt des
diffuseurs pour le cinéma français sétiole, en particulier au profit des
téléfilms. Aujourdhui, léquilibre du secteur provient des obligations qui
portent sur les diffuseurs et de laugmentation de la fréquentation en salles, qui
génère des ressources importantes pour le soutien public. Cette augmentation est portée
par une vague dinvestissement dans le secteur de lexploitation, de la part de
grands groupes.
- A moyen terme, la pérennité de léquilibre du secteur suppose que la production
soit amortie sur les marchés mondiaux, en particulier européens. Cela passe par une
internationalisation des films produits, des structures de production et de distribution.
Le secteur de la production, confronté
à un fort besoin dinternationalisation
- Le volume de production se stabilise à un niveau élevé. Le renouvellement est très
important et les barrières à lentrée sont faibles : 1/3 des films
dinitiative française sont des premiers films. Le coût moyen des films produits a
été multiplié par 3,5 entre 1980 et 1997. Sur les 5 dernières années, les films
moyens (entre 10 et 50 MF) voient leur part dans la production diminuer, car ils
répondent moins bien aux nouvelles orientations de la demande.
- Le financement de la production a été bouleversé par laugmentation
considérable de la part des diffuseurs, qui apportent aujourdhui plus du tiers des
investissement en production. Dans le même temps, le financement est passé dune
logique damortissement, soumise aux aléas du marché, à une logique de
préfinancement. Cette évolution limite le risque pris par le producteur et engendre des
surcoûts pour les chaînes de télévision qui pré-achètent des films.
- Le soutien public participe activement au financement de la production : le soutien
automatique représente près de 15% du coût total de production ; 30 ou 40% des
films dinitiative française bénéficient de lavance sur recettes, qui
apporte en moyenne 11% des financements.
- Le secteur reste atomisé, même si le poids des plus grosses entreprises
saccroît. Lactivité est structurellement déficitaire, au moins depuis 1989
et les fonds propres nont jamais couverts les investissements ; en
conséquence, lendettement saggrave. Dans le même temps, lamortissement
des films sétale sur une plus longue période, que les petits producteurs sont
incapables de supporter. Ces facteurs alimentent un risque de crise financière à moyen
terme.
- Linternationalisation apparaît comme une bonne stratégie : il est plus
facile damortir un film international de 200 MF sur le marché mondial
quun film français de 50 MF sur le marché national. Elle suppose une
ouverture des entreprises et une adaptation des oeuvres produites.
La distribution, un secteur clé, relativement peu aidé, qui ne
sest pas modernisé
- La durée de vie des films en salles se raccourcit, ce qui renforce le besoin dune
promotion efficace. Les dépenses dédition et de promotion augmentent rapidement,
sans atteindre (et de loin) les efforts des américains. Toutefois, elles ne portent que
sur un nombre restreint de films.
- Le secteur est composé de quelques grosses entreprises et de beaucoup de très petites.
Lappareil de distribution cinématographique est en surcapacité. Malgré la
croissance de lactivité (+4% par an entre 1989 et 1995), la marge nette se
dégrade, comme le taux dautofinancement du secteur.
- Le poids du soutien public est marginal, comparé aux charges dexploitation des
entreprises.
- La concurrence des distributeurs américains est en partie contenue par des stratégies
daccords passés avec des groupes français.
Lexploitation, en proie à une vague dinvestissements à
la rentabilité incertaine, menée par des groupes
- La croissance du secteur est liée à la fréquentation en salles et saccélère
depuis quelques années. Le développement des multiplexes dynamise la fréquentation et
change la donne du secteur de lexploitation. Le secteur se concentre et la taille
des entreprises augmente. Les salles se modernisent et séquipent. Les
investissements ont doublé en 3 ans ; leur croissance devrait se poursuivre à moyen
terme, animée par les groupes, dont des entreprises étrangères.
- La rentabilité du secteur reste négative depuis 1989. La capacité
dautofinancement se dégrade, malgré un soutien public important. Le recours à
lemprunt se développe.
- La part des financements publics dans les investissements diminue, notamment à cause de
lexplosion du volume dinvestissements mobilisés par les multiplexes.
- Les entrées se concentrent sur un nombre réduit de films. La part des films
américains dans la programmation saccroît.
Lexportation, un potentiel pas encore exploité
- La demande est portée par les diffuseurs (plus que par les salles), portée par la
multiplication des bouquets de chaînes dans le monde. Elle ne concerne quun petit
nombre de producteurs et de distributeurs français, les plus petits étant découragés
par la complexité des actions à mener (doublage, constitution de catalogues,
négociation avec les agents de vente internationaux, etc.).
- Les recettes sont concentrées sur un petit nombre de films et une part considérable du
patrimoine et de la création nest pas valorisée sur ce marché.
- Le dispositif de soutien français concentre ses moyens sur la promotion du cinéma
français, et non sur laide directe à lexportation.
La diffusion télévisuelle et vidéo
- Le volume des achats de films augmente régulièrement. Pourtant, les chaînes tendent
à préférer dautres produits (séries, téléfilms) qui correspondent mieux à
leurs besoins ; la programmation des films français, notamment inédits, baisse. Par
conséquent, le rapport entre producteurs et diffuseurs sinverse, les premiers
étant de plus en plus dépendants des seconds pour le financement de leur activité,
alors que les seconds sont moins friands des oeuvres cinématographiques.
- Les chaînes cherchent à diminuer les délais de diffusion, ce qui explique leur
participation à la coproduction de certains films.
CHAPITRE II
Les aides publiques au cinéma en Europe
Synthèse du chapitre
- Tous les pays européens ont choisi daider le secteur du cinéma. La plupart
tentent darticuler une logique économique et une politique culturelle.
- Les efforts les plus massifs portent sur la production, pour lutter contre la domination
américaine et renforcer lindustrie nationale et européenne de programmes.
- Dans ce contexte, le système daide français à la production est moins un
système de subvention directe, quun mécanisme dencadrement, de
redistribution et dobligations dinvestissement pour les diffuseurs. Par
conséquent, il pose le problème de lindépendance des producteurs vis-à-vis des
diffuseurs, notamment de Canal+. Les aides publiques à la production, bien
quimportantes en valeur absolue, sont faibles par rapport aux autres pays, si on les
rapproche du volume de la production nationale.
- A côté de ce dispositif, deux mécanismes complémentaires ont été mis en
place :
- une incitation fiscale à linvestissement dans la production ;
lévolution du contexte financier du secteur et des modes de fonctionnements des
intermédiaires financiers pose la question de la légitimité et de lopportunité
de ce dispositif très généreux ;
- un encadrement des professions, qui nest que partiellement efficace ; il se
double dun régime dérogatoire de protection sociale adapté aux conditions de
lactivité, mais dont les effets négatifs doivent être soulignés :
- développement de la précarité, par le recours accru aux contrats dintermittents
et par le raccourcissement de la durée des contrats de travail ;
- renforcement des inégalités, entre permanents et intermittents et au sein de la
population des intermittents, entre ceux qui travaillent beaucoup (souvent des anciens) et
les autres.
DES AIDES PUBLIQUES DIRECTES DANS TOUS LES PAYS EUROPEENS
Des choix
structurants entre action économique et aide culturelle
- Tous les pays européens aident leur industrie cinématographique. La France nest
pas une exception.
- Toutefois, les systèmes reposent sur des principes très différents et correspondent
à des contextes économiques contrastés.
- En ce qui concerne les principes, le Royaume-Uni se distingue par une approche
essentiellement économique du secteur. Lobjectif de lArts Council of England
est de soutenir le développement de studios verticalement intégrés ; à
lheure actuelle, trois consortiums bénéficient de ce soutien. Par contraste, la
France privilégie une approche culturelle et soutient le développement des oeuvres.
- Les différences entre les contextes économiques et culturels expliquent en partie la
diversité des systèmes daides en Europe. Par exemple, en Allemagne et au
Royaume-Uni, la majorité de la production des oeuvres de fiction est réalisée par les
diffuseurs ou leurs filiales : laide à la production porte donc
essentiellement sur le financement des diffuseurs. En France, cette activité est
essentiellement assurée par des entreprises indépendantes ; laide à la
production relève alors de mécanismes spécifiques et bien identifiés.
Lexemple de lAllemagne
Le poids déterminant des
Länder
- La culture est une compétence dévolue aux Länder. La plupart des Länder ont mis en
place des fonds de soutien au cinéma. Le cumul des fonds gérés par les Länder
représente 64% de laide publique allemande. Traditionnellement, ces fonds
poursuivaient essentiellement des objectifs culturels. Ces dernières années, de nouveaux
fonds ont été créés, avec une visée plus nettement économique : attirer sur le
Land les tournages des films.
- Les trois fonds les plus importants (Fondation du cinéma de Rhénanie du Nord -
Westphalie, Fonds du film et de la télévision de Bavière, Commission du film de
Berlin - Brandebourg) ont un statut de société privée. Le plus souvent, une part
au moins des financements est publique (le Land, la télévision régionale
publique) ; le secteur télévisuel privé participe également, par le biais de ses
instances de contrôle.
- Le gouvernement fédéral intervient dans le secteur essentiellement sous langle
économique : le Filmforderunganstalt (FFA) est sous la tutelle du Ministère de
léconomie. Deux autres organismes interviennent au niveau fédéral : le
Ministère de lintérieur (BMI) et le Kuratorium Junger Deutscher Film (financé par
lensemble des Länder). Les dispositifs fédéraux interviennent pour la production,
la distribution et lexploitation.
- Les obligations de diffusion des chaînes sont minimales, dans le cadre de la
réglementation européenne. Les chaînes publiques et privées contribuent aux budgets
des fonds fédéraux et régionaux ; les chaînes publiques investissent également
en coproduction.
- Les avantages fiscaux ont été supprimés à la fin des années 1970. En labsence
de tout système de garantie bancaire, les prêts bancaires sont rares.
- Dans ce système, le financement direct par lEtat ne représente que 16% de
laide publique distribuée au niveau fédéral et 6% de laide publique totale.
La contribution des chaînes de télévision représente 36% du budget de laide
publique des Länder.
Budget annuel des fonds (1995)
(M DM) |
Etat |
Länder |
Télévisions |
Taxes |
Montant à distribuer |
FFA |
|
|
23 |
57 |
80 |
BMI |
15 |
|
|
|
15 |
Kuratorium |
|
2,2 |
|
|
2,2 |
Total aides nationales |
15 |
2,2 |
23 |
57 |
97,2 |
Total aides des Länder |
|
110,7 |
63,3 |
|
173,9 |
TOTAL |
15 |
112,9 |
86,2 |
57 |
271,1 |
Source : Territoires
Le FFA
- Le FFA fonctionne de manière similaire au CNC. Il est financé par les contributions
des chaînes de télévision publiques et la taxe sur les salles de cinéma, les revenus
des éditeurs vidéo (2% du CA). Une part du budget provient du remboursement des prêts.
Le FFA intervient dans les domaines suivants :
- aide aux scénarios de long métrage, attribuée aux auteurs ;
- aide à la production de longs métrages, sous forme de prêt sans intérêt ;
- aide automatique aux producteurs (dite aide du film de référence) ; il
sagit dune subvention pour lécriture, le développement, ou la
production dun nouveau projet ; son montant découle des recettes générées
en salles par un film précédent ; il est plafonné ;
- aide automatique aux courts métrages ;
- aide à la commercialisation de longs métrages (distribution et vente) : prêt
sans intérêt, ou subvention ;
- aide à lexploitation ; il sagit de subventions, éventuellement
assorties de prêts, pour la modernisation ou la création de salles, ou pour favoriser
des actions innovantes ou de coopération entre salles ;
- la formation, la recherche et laide aux vidéothèques.
Le BMI
- Financé sur le budget de lEtat, le soutien accordé par le BMI au cinéma a un
caractère culturel et artistique. Il sagit de subventions à la production et à la
distribution, ou de prix récompensant des films qui nont pas été diffusés sur
une chaîne de télévision : ces prix sont assortis de primes aux producteurs pour
la production dun nouveau long métrage. Dautres prix concernent les courts
métrages, les exploitants (prix à la programmation), laide au scénario.
Le Kuratorium
- Le Kuratorium est une fondation sous tutelle des Länder, qui assurent 95% de son
financement. Ces aides sont réservées aux jeunes cinéastes et aux premiers films. Il
sagit de prêts sans intérêt :
- aide à la production pour un premier long métrage ;
- aide à la distribution et au sous-titrage ;
- aide à lexploitation, pour lamélioration de la salle.
Le cas du Royaume-Uni
Un dispositif mis en oeuvre
par des structures privées
- Au Royaume-Uni, le secteur du cinéma est placé sous la double tutelle du Ministère du
patrimoine (DNH, en charge de la culture) et du Ministère du commerce et de
lindustrie (DTI).
- Dans lensemble, le soutien prend la forme daides sélectives à la
production. Le système de soutien automatique a été supprimé en 1985.
- Les structures en charge du soutien au cinéma sont le British Film Institute (BFI,
fondation à vocation culturelle, en partie financée par le DNH), British Screen Finance
Ltd (BSF, à vocation économique, subventionnée par le DTI) et le European Coproduction
Fund (ECF, administré par le BSF). En 1995, une nouvelle aide au cinéma a été créée,
financée par une part des ressources de la Loterie Nationale et gérée lArts
Council of England. Ces structures ne financent que la production, même si à terme,
lArts Council doit financer également lexploitation et la distribution.
- A côté de ce dispositif, les provinces financent des dispositifs spécifiques,
notamment en Ecosse, au Pays de Galles et à Londres. La structure londonienne est une
société privée, indépendante des collectivités locales, même si elle reçoit une
subvention ; elle est la seule à soutenir linvestissement dans les salles,
alors que laction des autres structures régionales est centrée sur laide à
la production (y compris les phases de développement des projets et de postproductions.
- Dans le cadre de la dynamique de privatisation qui a prévalu au cours des années
1980-90, toutes les structures nationales et régionales, en dehors de lArts Council
et du BFI sont des sociétés privées, qui reçoivent des fonds privés, notamment des
télévisions.
- Par ailleurs, des incitations fiscales permettent aux individus qui investissent dans le
capital dune société qualifiée de bénéficier dexonérations
dimpôts.
- Tous les diffuseurs sont soumis à des quotas de diffusion de productions européennes.
Les chaînes de télévision hertziennes doivent faire appel à des producteurs
indépendants, pour au moins 25% de leurs programmes. Par ailleurs, les chaînes
commerciales hertziennes (hors Channel 4) doivent diffuser au moins 65% de
productions originales. BSkyB, de son côté, sest engagée à pré-acheter tous les
films soutenus par BSF, acquérant ainsi les droits de diffusion sur les télévisions
payantes au Royaume-Uni.
Budget annuel des fonds, 1994
(M £) |
Montant à distribuer |
BFI Production |
1,7 |
BSF |
4,31 |
ECF |
2,0 |
Total aides nationales |
8,01 |
Agence du film de Londres |
0,5 |
Fonds écossais de production |
0,51 |
Fonds du film de Glasgow |
0,15 |
Fonds gallois de production |
0,06 |
Total aides régionales |
1,23 |
TOTAL |
9,24 |
Source : Territoires
- A partir de 1995, il faut ajouter 16 M £ provenant de la Loterie Nationale,
gérés par lArts Council of England.
BFI
- BFI est financé par le DNH, Channel 4, ITCA (association de télévisions
indépendantes du réseau ITV) et des coproducteurs (4 000 membres).
- Il a pour objectif de soutenir des projets qui ne pourraient pas être produits dans un
cadre strictement commercial. Il gère les aides suivantes :
- aide au développement et à la production de longs métrages ; BFI intervient
comme coproducteur ;
- aide à la coproduction de courts métrages ; BFI intervient sous formes de
subventions, mais cette procédure sassimile à un investissement en production,
dans la mesure où BFI peut participer aux recettes de distribution du film ; une
procédure spécifique soutient les projets de nouveaux réalisateurs ;
- aide aux projets danimation, dans le cadre du Musée de limage animé
(MOMI), en collaboration avec Channel 4.
- BFI Production produit 2 à 3 films par an.
BSF
- Il sagit dune société privée, sous contrat avec lEtat. Ses
principaux actionnaires sont Channel 4, United Artists Screen Entertainment, Rank,
Cannon, Granada Television. Le financement est assuré par les investissements des
actionnaires, une dotation du gouvernement et les revenus des investissements
antérieurs ; les retours des investissements correspondent à environ 60% du budget
de BSF.
- Lobjectif de BSF est de renforcer lindustrie du film britannique. Il
distribue deux types daides :
- aide au développement de longs métrages ; laide est accordée sous forme de
prêts sans intérêt, éventuellement remboursables, pour financer les étapes de
préparation des films ;
- aide à la production de longs métrages ; cette aide constitue un prêt
considéré comme un investissement dans la production ; le taux de ce prêt est
supérieur de 2% au taux de base bancaire.
- BSF produit environ 11 films par an.
Arts Council of England
- Le budget du Conseil est alimenté par une subvention du DNH (pour des programmes de
soutien à laudiovisuel) et par une partie des recettes de la Loterie nationale. Les
ressources de la Loterie nationale doivent financer la production, la distribution et
lexploitation ; seul le premier volet est aujourdhui opérationnel ;
laide à la production est une subvention.
- Lobjectif du Conseil est de faire émerger des sociétés intégrées, sur le
modèle des majors américains. Trois franchises ont été attribuées à des studios pour
le développement et la production de films, pour une durée de 6 ans.
- Les bénéficiaires sont :
- Pathé Production, en partenariat avec Guild, BSkyB, Pathé, Studio Canal+, BZW, Coutts,
Thin Man, Lynda Myles ; ils ont obtenus 49,5 MECU, pour la production de 35
films ;
- The Film Consortium a obtenu 45,37 MECU, pour la production de 39 films ; le
consortium regroupe Scala Pictures, Parallax, Skreba, Greenpoint, Virgin, BMG Vidéo,
Cofiloisirs ;
- DNA Films Ltd (Duncan Kenworthy, Andrew Mac Donald), qui a obtenu 43,5 MECU, pour
16 films.
- Une quatrième franchise de 94,5 MECU na pas été attribuée. Elle
bénéficiera à des projets individuels non commerciaux.
ECF
- Il sagit dune société privée détenue à 100% par BSF. Lobjectif de
lECF est de soutenir le développement de la coopération de lindustrie
cinématographique nationale avec celle dautres pays européens, pour la production
de films. Le fonds sengage à soutenir au moins 5 coproductions par an. Le fond
était financé jusquen 1997 par une subvention garantie par le DNH.
- Laide est accordée sous forme de prêts, dont le retour doit être supérieur à
30%.
Les aides directes à la production, au coeur des dispositifs de
soutien en Europe
Des
mécanismes différents pour une préoccupation commune
- Chaque pays cherche à maintenir un niveau minimum de production nationale et une
diversité culturelle des films produits.
- Tous les gouvernements européens ont mis en place des politiques daides publiques
directes à la production cinématographique.
- Ces politiques ont été relayées pour certaines actions par la Commission européenne
(programme Média) afin de renforcer les autres secteurs de lindustrie du cinéma
(exploitation, distribution, constitution et promotion de catalogues européens).
- Ces politiques cherchent à contrebalancer la domination de la production américaine
dans les différents pays et à renforcer lindustrie européenne des programmes
audiovisuels.
- Les principaux pays de lUE ont chacun mis en place des dispositifs de financements
publics de la production cinématographique.
- Parmi les grands pays européens, l'Allemagne a le système d'aides directes à la
production de longs métrages le plus important (632 MF en 1995), ainsi que dans une
moindre mesure l'Espagne (200 MF en 1995).
- Les pays nordiques (Danemark, Suède, Finlande) ont mis en place un système daide
qui finance la part des investissements nationaux de production par des ressources presque
exclusivement publics.
- L'Italie a le système d'aides directes le plus faible (120 MF en 1995).
- Le système britannique daide directe à la production cinématographique
présente une spécificité liée sans doute à la langue anglaise :
- Il cherche à attirer les investissements étrangers dans la production.
- Mais, il développe un niveau relativement important d'aides directes (170 MF,
correspondant à 50% de l'aide française), afin de maintenir un niveau minimum de
production de films à caractère spécifiquement britannique.
- Les structures visant à orienter de nouveaux financements vers la production (fonds
provenant de la Loterie Nationale) respectent l'autonomie de gestion des diffuseurs
privés (pas d'obligation d'investissements pour les diffuseurs privés) et permet aux
producteurs de conserver une indépendance complète vis-à-vis des diffuseurs.
- Le système d'aide français à la production de longs métrages apparaît moins comme
un système de subventions directes que comme un système d'encadrement, de redistribution
(fonds de soutien) et d'obligations d'investissement pour les diffuseurs.
- Laide directe française à la production est constituée essentiellement par le
soutien automatique (70% de laide) et lavance sur recette (30% de laide)
pour un total de 392 MF en 1995.
- L'importance des financements des diffuseurs et plus particulièrement de Canal+ (1
milliard de francs par an), pose le problème de l'indépendance des producteurs par
rapport aux diffuseurs.
Le niveau des aides publiques françaises
- Compte tenu de limportance de la production française de films, les aides
directes françaises à la production, bien qu'importantes en valeur absolue, restent à
un niveau relativement faible par rapport aux autres pays de lUnion européenne
- Laide française à la production de longs métrages est en valeur absolue la
seconde des pays de l'UE
- L'aide directe française à la production de longs métrages d'un montant de 392 MF en
1995, correspond à 21% du total de l'aide publique des pays de l'UE (1 819 MF).
- Contrairement aux autres pays européens, cette aide est constituée à la fois par une
aide automatique (soutien automatique) qui dépend donc du succès des films et par une
aide sélective (avance sur recettes) qui privilégie les critères artistiques et
culturels.
- Lautomaticité favorise les acteurs du secteur qui ont rencontré un succès
commercial,
- tandis que la sélectivité constitue le fondement de la politique culturelle des
pouvoirs publics, car elle nest pas fondée sur des critères de rentabilité
économique, mais vise à maintenir une partie de loffre de films que la seule
demande du marché ne suffirait pas à faire exister.
- On constate cependant, que les obligations dinvestissement des diffuseurs ont pour
effet, en augmentant les financements " obligatoires " à la
production, de diminuer lincitation du soutien automatique à réaliser des films à
caractères commerciaux.
- Laide publique ne correspond qu'à 14% du montant total des investissements en
production de films français, soit le plus faible taux après celui du Royaume-Uni (12%).
- Certains pays apportent un pourcentage très important d'aide comme le Portugal (85%),
le Danemark (80%), la Grèce (79%), l'Allemagne (64%). L'aide directe française
correspond à seulement 62% de l'aide publique allemande (632 MF).
- Le pourcentage d'aide à la production de longs métrages est encore plus significatif
pour certains pays, si l'on prend comme base de comparaison le montant des investissements
nationaux en production (donc hors investissements étrangers dans la production
nationale) : Grèce (100%), Portugal (100%), Suède (91%), Finlande (94%), Allemagne
(76%).
- Sur ce critère, le Royaume-Uni apporte 40% de financement public contre seulement 16%
pour la France et 19% pour l'Italie.
- Les pays de l'UE apportent en moyenne 4,2 MF de financement public par films nationaux
produits.
- L'Allemagne apporte 13 MF et le Royaume-Uni 4,6 MF.
- La France se situe en cinquième position des pays de l'UE avec 4 MF, soit légèrement
en dessous de la moyenne.
- Par contre, l'Italie n'apporte que 1,6 MF en moyenne par film en financement public.
Le cas des incitations fiscales
- Nous avons vu que la France et lAngleterre ont mis en place des systèmes
dincitations fiscales, alors que ces dispositifs ont été arrêtés en Allemagne.
- A lheure actuelle, ces mécanismes alimentent exclusivement le soutien à la
production.
En France, le
cas des Sofica
- Lobjectif des Sofica est de pallier un ralentissement des ressources disponibles
pour financer la production cinématographique (stagnation du revenu des télévisions et
des aides publiques). Dans un secteur réputé peu rentable, la mobilisation des capitaux
privés passe par une incitation fiscale.
- Les Sofica sont des intermédiaires qui collectent des fonds pour les investir dans le
financement doeuvres cinématographiques ou audiovisuelles agréées par le CNC. Le
financement se fait par souscription au capital de sociétés de production ou par apports
en numéraire dans le cadre de contrats dassociation à la production.
- Le principal avantage fiscal des Sofica est la possibilité pour les personnes physiques
de déduire de leur revenu net global les sommes versées pour la souscription au capital
des Sofica, dans la limite de 25% de ce revenu. Les entreprises peuvent amortir dès la
première année 50% du capital investi. Le montant de la collecte est plafonné par le
Ministère des finances à 300 MF par an.
- Ce dispositif est périodiquement remis en question. Le débat porte sur
ladéquation entre le coût du dispositif pour la collectivité, le bénéfice
retiré par des personnes privées et la valeur ajoutée par les Sofica dans le
financement de la production cinématographique française. En novembre 1996, le
gouvernement a suivi la position du Sénat, qui a souhaité supprimer le plafonnement du
montant des souscriptions aux Sofica, déductibles du revenu imposable.
Un bilan économique
mitigé
- Le rapport de lIGF établi en juin 1996 soulignait limpact quantitatif des
Sofica.
Bilan économique des Sofica
souscription au capital de sociétés de
production (1994) |
29,5 MF |
nombre de films investis en 1995 |
38 |
investissement total des Sofica en 1995 |
153,6 MF |
part des Sofica dans les budgets des films
investis |
10,5% |
investissement moyen par film |
3,2 MF |
nombre dinvestissements dans des
premiers films (1995) |
7 |
Source : IGF, 1996
- Lanalyse développée plus loin de lévolution de la structure des films
français montre que lapport des Sofica, significatif jusquen 1987, na
cessé de décroître depuis. De plus, il a surtout joué un rôle notable dans les
grosses productions, alors quil est toujours resté marginal pour les films à petit
budget.
- Selon la Commission des finances du Sénat, 69 créations ou augmentations de capital de
Sofica sont intervenues entre 1985 et 1996, pour une collecte totale de 2,59 milliards de
francs ; la souscription moyenne était de 112 KF. Le montant des dépenses
fiscales a été de 1,15 milliards de francs sur la même période.
- Ces résultats mitigés étaient considérés comme positifs, par le rapporteur de
lIGF et par la Commission des finances du Sénat, dans la mesure où les Sofica
auraient apporté aux groupes de production des relais de trésorerie peu coûteux :
les Sofica nont pas eu dimpact significatif sur le volume et la qualité des
productions, mais elles ont permis de diminuer le coût de financement de cette
production.
- Pourtant, lévaluation doit prendre en compte deux éléments
complémentaires :
- lévolution des ressources financières disponibles et dun éventuel besoin
de financement ;
- la capacité des Sofica à soutenir les projets et les entreprises qui en ont besoin.
Lévolution du mode
de fonctionnement des Sofica et des ressources financières des producteurs pose la
question de la valeur ajoutée du dispositif
- Les entretiens réalisés par le BIPE démontrent que, si les Sofica apportent des
ressources bon marché aux groupes dont elles dépendent, il en va autrement des
conditions de financement quelles proposent aux autres producteurs, notamment
indépendants. De plus, les Sofica (en dehors essentiellement de Sofinergie) tendent à
garantir leur investissement : cette exigence tend à exclure du dispositif les
producteurs indépendants.
- Il est acquis que 4 ou 5 films par an nauraient pas pu être produits sans
lapport des Sofica. Compte tenu du niveau actuel de la production cinématographique
en France, il faut se demander si ce résultat répond à une priorité et si son coût
pour la collectivité est justifié.
- Dès lors, lefficacité et la légitimité des Sofica doivent être
reconsidérées :
- le secteur de la production cinématographique en France dispose, globalement, de
ressources financières abondantes ; la reprise marquée de la fréquentation en
salles et lévolution des conditions damortissement des films (voir
létude du BIPE sur ce sujet pour lARP) suggèrent que cette abondance
nest pas remise en cause à court terme ;
- le dispositif nest pas adapté au mode de fonctionnement et à la situation des
producteurs qui ont besoin de nouvelles sources de financement bon marché ;
- il bénéficie essentiellement à des entreprises qui nont pas de difficultés à
trouver sur le marché les ressources financières dont ils ont besoin ;
- il constitue un avantage fiscal qui nest plus justifié par un risque
dinvestisseur.
- Rappelons que, selon le rapport de lIGF de juin 1996,
- 2 527 contribuables ont bénéficié du système en 1995 ; 30% ont un revenu
imposable supérieur à 1 MF ;
- lattrait du système décline rapidement, lorsque le taux dimposition est en
dessous de 56,8% ; il est nul pour un contribuable imposé à 20%.
Légitimité et efficacité du dispositif de soutien social
- La France a mis en place un dispositif de soutien qui protège les professions et les
individus impliqués dans les secteurs du cinéma et de laudiovisuel. Ce dispositif
repose sur un encadrement des professions et sur une protection sociale particulière.
Un cadre réglementaire et conventionnel qui maîtrise mal les
conditions de lemploi dans le secteur
Un accès à lemploi
réglementé, mais mal géré
- Laccès à lemploi dans le secteur du cinéma est soumis à lobtention
dune carte professionnelle. Il existe 17 types de cartes professionnelles.
- Les statistiques sur le nombre de cartes délivrées ne sont disponibles quà
partir de 1992.
Nombre de cartes délivrées
1992 |
211 |
1993 |
226 |
1994 |
224 |
1995 |
181 |
1996 |
183 |
1997 |
222 |
Source : CNC
- Sur la période récente, on constate une stabilité, voire une diminution, à la fois
du nombre de cartes et du nombre de personnes titulaires dune carte.
|
Nombre de cartes en circulation |
Nombre dindividus détenteurs de
cartes |
1995 |
9759 |
6141 |
1996 |
9537 |
5979 |
1997 |
9354 |
5842 |
Source : CNC
- Ces chiffres ne permettent pas dapprécier limpact de la réglementation. En
effet, les cartes sont délivrées à vie. Donc le nombre dindividus détenteurs de
cartes comprend des personnes qui disposent dune carte mais qui ne sont plus en
activité. Par ailleurs, une nouvelle carte ne correspond pas nécessairement à un nouvel
individu. Un assistant opérateur qui a déjà une carte peut se voir accorder une carte
de chef opérateur.
- Lévolution des métiers pose la question de la pertinence de cet outil de gestion
de laccès à lemploi, qui semble dautant moins utile que, comme en
témoignent les éléments ci-dessus, il ne peut pas être géré avec la rigueur
nécessaire (cartes à vie, déconnectées de lactivité).
Des rémunérations très
inégales
- Lemploi dans le secteur de le production cinématographique est géré par un
ensemble de conventions collectives, qui distinguent :
- les acteurs et les acteurs de complément,
- les artistes musiciens,
- les techniciens,
- les ouvriers indépendants des studios,
- les cadres, agents de maîtrise et assistants des auditoriums cinématographiques.
- Dans le cadre des conventions collectives, des salaires minima sont revus
périodiquement, par profession. Le tableau ci-dessous reprend quelques exemples et
souligne leur progression.
Exemples dévolution des salaires minima
1990-1998
|
01/01/1990 |
01/01/1998 |
|
cachet |
semaine (5j) |
cachet |
semaine (5j) |
Acteurs et acteurs de complément |
|
|
|
|
1ère catégorie |
319 |
|
378 |
|
artiste interprète |
1 637 |
4 979 |
1 937 |
5 896 |
Techniciens |
|
|
|
|
habilleuse |
|
3 272 |
|
3 875 |
cameraman |
|
7 010 |
|
8 296 |
directeur de production |
|
11 010 |
|
13 035 |
Ouvriers indépendants |
|
|
|
|
machiniste électricien (tournage) |
|
3 696 |
|
4 496 |
machiniste électricien (chef
déquipe) |
|
4 816 |
|
5 949 |
Source : Convention collective nationale
- Sur cette base, les salaires minima des acteurs et des techniciens ont augmenté de
18,4% sur la période. Ceux des ouvriers indépendants ont augmenté de 21%.
- Cependant, lanalyse des budgets des films agréés et les entretiens menés par le
BIPE montrent que la rémunération des interprètes est mal connue et peu maîtrisée.
Elle alimente une inflation du budget moyen des films.
- A la fin des années 1980, la baisse des cachets versés aux rôles secondaires, aux
petits rôles, aux acteurs de complément (figuration, doublure, cascadeurs, etc.) et aux
musiciens a compensé laugmentation des cachets versés aux premiers rôles.
Léchelle des salaires au sein de la profession dinterprètes serait ainsi
devenue plus inégale.
- Par ailleurs, la tendance des acteurs à accepter une participation aux résultats du
film se serait accélérée au cours de la période, ce que semble attester
lévolution à la hausse de lapport des producteurs au cours de la période,
du moins entre 1987 et 1991.
- En effet lapport des producteurs comprend les crédits professionnels et la
participation des interprètes et des auteurs. La part de ce poste dans le budget total a
crû de 3,2% en moyenne par an entre 1987 et 1991, contre une baisse de 10% lan en
moyenne entre 1983 et 1987. Exprimée en francs constants la participation des
interprètes a crû de 13,4% lan entre 1987 et 1991 (-9% entre 1983 et 1987). Ainsi,
il y aurait bien eu au cours de la période une forte croissance de la rémunération des
rôles principaux, cependant elle napparaît pas dans les statistiques de la
structure moyenne du devis de production, les acteurs acceptant de prendre un risque sur
la production.
Lorganisation du travail : un cadre réglementaire
contraignant et peu respecté
- La convention collective nationale des techniciens de la production cinématographique
du 30 avril 1950 définit les équipes minima, pour tout film de fiction
dun métrage supérieur à 1 800 mètres. Ces équipes comprennent au moins 30
personnes.
- Nos interlocuteurs soulignent que dans la pratique, ces minima ne sont pas respectés.
Un système
de protection sociale généreux et détourné par les conditions concrètes
dorganisation du travail
- Les conditions et modes dorganisation du travail dans le domaine de la production
cinématographique ont été jugés suffisamment particuliers pour justifier un système
de protection sociale spécifique. Outre des bonifications dans le système des retraites,
les employés bénéficient dun régime dassurance chômage dérogatoire au
régime général, pour les intermittents du spectacle.
- Les artistes et techniciens titulaires dun contrat à durée indéterminée (CDI)
cotisent au régime général de lassurance chômage. Les artistes et techniciens
titulaires dun contrat à durée déterminée cotisent selon des modalités
définies dans les annexes VIII (ouvriers et techniciens de la production
cinématographique et audiovisuelle) et X (artistes du spectacle et techniciens des
entreprises du spectacle) du règlement général du régime dassurance chômage.
- Ce régime dérogatoire se distingue par le nombre dheures de travail requis pour
ouvrir des droits aux allocations chômage. Ce plancher est fixé à 507 heures de travail
dans les 12 mois précédents la rupture de leur contrat de travail. Rappelons quen
1992, environ 100 000 personnes ont bénéficié dau moins un contrat
dintermittent ; 36 000 ont atteint ce plancher.
- Le montant des allocations chômage est fixé, pour les ouvriers et techniciens de la
production cinématographique, à partir des salaires minimaux de la profession ;
pour les artistes et techniciens du spectacle, cest le salaire réel qui est pris en
compte, dans la limite dun plafond (1 780 F par jour).
- Lallocation est dégressive : elle diminue de 20 ou de 10% (en fonction de
lâge de lintéressé) une fois dans lannée. Rappelons que dans le
régime général, lallocation diminue tous les 4 mois.
- Dans son ensemble, ce statut nest pas remis en cause, dans la mesure où,
dune part, il est particulièrement adapté aux conditions de production des
entreprises culturelles et où, dautre part, il contribue à préserver la liberté
de choix et lindépendance artistique des personnels concernés. Ces résultats
positifs doivent être soulignés.
- Toutefois, le statut des intermittents a été critiqué, notamment sur le fait que
lécart entre les cotisations perçues (619 MF) et les allocations versées
(2,8 milliards) est significatif. La question est posée du déplafonnement des
cotisations sociales. En 1997, le plafond au delà duquel les cotisations
naugmentent plus était fixé à 13 720 F de rémunération mensuelle. De
plus, des pratiques illicites et des abus ont été observés. Dans ce contexte, un
médiateur a été nommé et le statu quo a été prorogé jusquà la fin de
lannée 1998.
Banalisation du recours aux contrats dintermittents
- Lusage sest considérablement modifié au cours des années 1980, notamment
après la privatisation de laudiovisuel en 1986. Le recours au statut
dintermittent, après être resté longtemps marginal, est devenu majoritaire, aussi
bien pour les artistes que pour les ouvriers et techniciens de la production
cinématographique. Le nombre dactifs ayant eu au moins un contrat
dintermittent au cours de lannée a doublé entre 1980 et 1992, alors que le
nombre de permanents a augmenté dun quart : en 1992, les intermittents sont
devenus deux fois plus nombreux que les permanents.
Lalternance entre emploi rémunéré et chômage indemnisé
et le plafonnement des jours dactivité
- Les analyses de lINSEE montrent que, depuis 1980, le secteur des spectacles
évolue vers un recours croissant aux emplois de durée brève et vers limbrication
de plus en plus fréquente entre emploi rémunéré et chômage indemnisé : un
intermittent indemnisé peut suspendre cette indemnisation pour reprendre une activité de
courte durée ; il retrouve ses indemnités au terme de cette période
dactivité.
- Cette pratique de lalternance entre temps chômé indemnisé et reprise
dactivité réduite est passée de 36% des cas en 1980 à 90% en 1992, pour
lensemble du secteur. Dans le même temps, le nombre des interruptions dans une
séquence dindemnisation est passé de 4 à 16 et leur durée moyenne a diminué.
Lalternance est ainsi devenue le mode normal de gestion du temps des
intermittents : en 1980, 34% des intermittents ayant travaillé au delà du plancher
étaient indemnisés au titre de lassurance chômage ; en 1992, 90% des
intermittents sont dans ce cas. Elle correspond à la fois au calcul des personnels et aux
modes dorganisation du travail des employeurs.
- Au cours des 15 dernières années, le rythme de cette alternance sest
accéléré : les artistes ont pu maintenir leur niveau dactivité en
accumulant un plus grand nombre dengagements de durée plus courte ; les
techniciens, quant à eux, ont subi la baisse de la durée moyenne des contrats, sans
pouvoir augmenter le nombre dengagements sur lannée ; leur niveau
dactivité a donc baissé.
- La durée moyenne dactivité par actif est stable entre 1980 et 1992, autour de 65
jours par an ; cette stabilité suggère que le système incite les intermittents à
plafonner leur nombre de jours dactivité.
Une dynamique
inégalitaire
- Cette forme demploi a un impact sur la pérennité des personnels concernés. Nous
avons vu que, sur une année, un tiers des titulaires dun contrat
dintermittent atteignait le plafond ouvrant droit aux allocations chômage. Or,
chaque année, les entrants représentent 15% des effectifs ; la moitié dentre
eux restera moins de 2 ans dans le secteur. Ce turn over peut être expliqué de deux
manières complémentaires :
- le régime est très attractif, pour un public qui cherche des opportunités
demploi ; les barrières à lentrée sont minimes ;
laugmentation des effectifs témoigne de ce phénomène, notamment pour les
techniciens ;
- le régime est sélectif ; il ne fournit pas les moyens de persévérer dans ce
secteur.
- Les analyses de lINSEE montrent que lintermittence alimente la concurrence
entre les personnes : elle répartit un volume demploi donné sur un plus grand
nombre dactifs. Cette concurrence provoque des disparités fortes, au sein de chaque
catégorie de métier, dans les quantités de travail obtenues par les professionnels
faisant carrière. Les travaux de lObservatoire de lemploi culturel montrent
que, pour 350 professionnels quasi permanents qui ne travaillent que dans le cinéma, la
moyenne annuelle du nombre de jours travaillés est de 140.
- Lassurance chômage natténue que très partiellement les différences de
revenus entre professionnels intermittents.
Indemnisations au titre de lannexe 8 de lassurance
chômage
(production cinématographique et audiovisuelle)
|
Nombre de personnes indemnisées au
cours de lannée |
Montant total des indemnisations
versées (en MF) |
1991 |
|
599,0 |
1992 |
17 753 |
883,1 |
1993 |
18 223 |
907,1 |
1994 |
18 125 |
840,0 |
1995 |
19 590 |
955,9 |
1996 |
22 380 |
1 085,5 |
Source : UNEDIC
- On ne connaît pas le nombre total dintermittents relevant de la production
cinématographique pendant ces années-là.
- La baisse des indemnisations en 1994 est liée à la restriction du champ
dapplication des indemnités. Avant, il suffisait de relever dune fonction de
lannexe 8. Depuis, il faut en plus travailler pour une entreprise de code APE bien
précis (production cinématographique et audiovisuelle).
Durée moyenne dindemnisation
1992 |
178 jours |
1993 |
178 jours |
1994 |
167 jours |
1995 |
172 jours |
1996 |
166 jours |
Source : UNEDIC
Les conséquences du détournement du
statut dintermittent
- Les données ci-dessus indiquent que les contrats dintermittents sont devenus la
règle, plus que lexception, dans le domaine de la production cinématographique.
Or, les conditions de recours aux contrats à durée déterminé sont définies par le
code du travail :
- remplacement dun salarié, dans certains cas,
- accroissement temporaire de lactivité de lentreprise,
- emplois à caractère saisonnier, ou pour lesquels il est dusage constant de ne
pas recourir au CDI.
- Les usages se sont considérablement modifiés dans le secteur, du fait des personnels
et des employeurs. Cette rupture avec les pratiques de la profession a incité le
médiateur à proposer quun accord sectoriel interbranche définisse et encadre les
cas de recours à un CDD dusage, pour les artistes et techniciens du spectacle.
- Les analyses du Centre de sociologie des arts, publiées par lINSEE, soulignent
que le recours systématique au CDD alimente un certain nombre de dérives préjudiciables
à la fois aux professions et à léconomie globale du secteur.
- La souplesse générée par le statut déstabilise le marché du travail du
secteur :
- augmentation rapide du nombre dactifs,
- diminution de la durée moyenne des contrats,
- plafonnement du nombre de jours dactivité par actifs sur lannée.
- Cette dynamique alimente le déséquilibre structurel des comptes de lassurance
chômage des intermittents.
- Le statut ne fonctionne pas comme un mode de péréquation interne aux
professions ; il alimente des disparités entre permanents et intermittents
dune part, et entre catégories dintermittents dautre part. En
effet :
- le statut abaisse les barrières à lentrée et incite à tenter sa chance dans
les professions liées aux spectacles ;
- cette concurrence rend difficile la survie dans les métiers concernés, pour le plus
grand nombre, qui doit trouver dautres modes de rémunération à lextérieur
du secteur (62% des intermittents nont pas travaillé assez pour avoir droit aux
allocations chômage) ;
- dans le même temps, le statut a profité à un nombre restreint de professionnels
(artistes et techniciens) ; il est particulièrement confortable pour ceux qui sont
capables de travailler régulièrement.
- La souplesse accordée par le statut compense le manque dorganisation du travail
et des calendriers par les entreprises. Lopportunisme des chefs dentreprise
est révélé par :
- la fragmentation des contrats,
- la substitution progressive des permanents par les intermittents.
Chapitre III
Limpact du soutien public sur lorganisation et la situation économique du
secteur
Synthèse du chapitre
- Lensemble de la filière cinéma en France reste très fragile dun point de
vue économique. Le secteur narrive pas à amortir sa production et à financer ses
investissements. A lexception de la distribution, toutes les fonctions sont
structurellement déficitaires.
- Il est possible de montrer que lafflux de financement, voulu et orchestré par les
pouvoirs publics, a entretenu une surcapacité de loutil de production : trop
dentreprises produisent trop peu de films. Cette surcapacité a contribué à
fragiliser le secteur : marge nette négative, endettement accru, faible recettes à
lexportation.
- Lapport de financements aidés (aides publiques, obligations des diffuseurs,
marginalement apports des Sofica) na pas favorisé lémergence
dentreprises intégrées et suffisamment puissantes pour sengager sur les
marchés internationaux. Il a surtout profité à des entreprises de taille moyenne, dont
léquilibre repose sur ces ressources contraintes.
- Labondance des ressources financières et la fragilité financière des
entreprises ont contribué à un certain nombre de déséquilibres :
- permanence dentreprises portées par le dispositif de soutien sans développer
leur valeur ajoutée
- insuffisance des investissements dans le développement des projets, en amont de la
phase de production proprement dite
- manque de synergie entre production et distribution
- déresponsabilisation dune part significative des acteurs de la filière et
transfert du risque financier des producteurs vers les diffuseurs et, dans une moindre
mesure, les distributeurs
- prise en compte insuffisante de la contrainte dinternationalisation dans
léconomie de la filière.
- La priorité des pouvoirs publics a porté sur le développement du volume de
production. Cet objectif a été atteint. Cette réussite a permis de développer une
cinématographie sans équivalent en Europe.
- Aujourdhui, les conditions de réalisation de cet objectif doivent être
soulignées, dans la mesure où elles préparent mal lavenir du cinéma français.
- En effet, laugmentation du volume de la production nationale a été acquise sans
tenir compte des évolutions du contexte économique du secteur et, en particulier, de la
capacité du marché à amortir les investissements réalisés. En particulier, le
problème de laccès des films des petits producteurs aux salles na pas été
résolu
- Cette action na pas permis de produire un nombre suffisant de films à fort
potentiel répondant aux demandes des diffuseurs, du public des salles, en France et à
lexportation.
Les causes de la fragilisation économique : une contribution
indirecte du système de soutien
Un secteur qui a du mal à amortir sa
production
- Au cours de la période 1980-1997, la durée damortissement des films français a
eu tendance à sallonger, comme lindique la couverture des investissements en
production par les revenus générés à court terme en salles, lors de la première
exploitation. Ce ratio est passé de 219% en 1980 à 45% en 1997.
Recouvrement des investissements en production
réalisés sur les films dinitiative françaises par les recettes
en salles
(en MF 97)

Source : BIPE, à partir du CNC
- Toutefois, cet indicateur doit être affiné : il comprend au numérateur les
soutiens automatique et sélectif, les pré-achats des chaînes et les minima garantis
(M.G.) des distributeurs, quatre facteurs inclus dans le calcul des investissements en
production. Or les aides publiques directes, le soutien automatique, les montants investis
par les chaînes en pré-achat (droits dantennes) ou les M.G. peuvent être
apparentés à des recettes à court terme. Pour mesurer la capacité damortissement
à court terme, il convient donc de les exclure des investissements en production.
Recouvrement des apports producteurs, coproducteurs et SOFICA
réalisés sur les films dinitiative françaises par les recettes
en salles
(en MF 97)

Source : BIPE, à partir du CNC
- Sur cette base, la capacité du marché français des salles à amortir la production
cinématographique française est allée en se dégradant depuis 1983 jusquen 1992.
Depuis 1992, la couverture est orientée à la hausse, sans atteindre le niveau du début
des années 1980.
- Alors quen moyenne les apports des producteurs français et étrangers, les
investissements en part coproducteurs des chaînes et lapport des SOFICA étaient
plus que couverts par les recettes en salles jusquen 1988, à partir de 1989 et
jusquen 1992, la fréquentation des salles na pas permis à ces acteurs de
rentrer dans leur frais à court terme : le déficit de financement représentant
selon les années entre 1% et 19%.
- Depuis 1992, ce ratio dépasse toujours les 100% avec quelques variations selon les
années, mais en retrait par rapport aux 300% des années 1983 ou 1984.
- Si ces chiffres ne paraissent pas alarmants, trois remarques simposent :
- le ratio ne prend pas en compte le fait que le producteur touche directement moins de
50% des recettes salles. Toutefois, nous soulignons ici lévolution du ratio,
plutôt que sa valeur brute ;
- il ne comprend pas lensemble des coûts consacrés à la promotion et la
distribution des films, il est donc surestimé. Même si ces coûts restent peu élevés,
les distributeurs de films français consacreraient en moyenne entre 3 et 5% de leur C.A.
à la promotion et à la distribution de ces films ;
- ces chiffres sont des moyennes. Or, nous avons vu que les entrées en salles avaient
tendance à se concentrer sur un nombre restreint de films. Par conséquent, si quelques
producteurs rentrent dans leur frais après lexploitation de leurs films en salles,
la majorité est incapable de couvrir les coûts de production par les recettes en salles.
Une surcapacité économique et une
dégradation des conditions dactivité entretenues par le système de soutien
Une surcapacité économique entretenue
par lafflux de financements
- Cette surcapacité est particulièrement bien illustrée par les données statistiques
suivantes :
- Dans lindustrie cinématographique française, il faudrait en moyenne, sur la
période 1989-1995, à lensemble des sociétés " actives "
entre un an, et un an et un trimestre pour produire 1 film
- Cette statistique a été établie sur la base du nombre de sociétés de production
intervenant dans lannée dans la production de films français ou étranger, en tant
que producteur délégué ou coproducteur.
- Ce chiffre est conforme au temps " standard " sécoulant entre
linitiation du projet et sa commercialisation.
- Il reste cependant quen 1995 seulement 20% des sociétés autorisées par le CNC
sont concernées par cette statistique.
- Selon les estimations du BIPE, le pourcentage de sociétés produisant au mieux un film
tous les deux ans a eu tendance à saccroître entre 1989 et 1995 : celui-ci serait
passé de 65% à 80% en 1995.
- Cette évolution reflète sans doute la faiblesse des ressources en capital pour la
plupart des sociétés de production françaises.
- Elle témoigne aussi sans doute :
- de la faiblesse des barrières à lentrée du marché (une des principales
exigences du CNC pour autoriser une société de production étant de disposer dun
capital de départ de 300KF) ;
- de limportance des barrières à la sortie (les dépôts de bilan sont retardés
par les gérants de sociétés de production, car ils signifient une perte totale sur les
recettes de commercialisation de leur catalogue de films).
- Le nombre moyen de films distribués par les sociétés de distribution en salles serait
stable sur la période : il se situe autour de 3 films.
- En 1995, les 15 premiers distributeurs distribuaient 42% des films soit en moyenne 11
films. Aux Etats-Unis, en 1995, ce ratio moyen se situe aux alentours de 25 pour les
majors.
- Près de 60% des sociétés de distribution françaises distribueraient moins de 3 films
par an. Compte tenu de la concentration du secteur exprimée en termes de C.A. on peut
supposer que 90% de ces 60 % distribuent en moyenne 1 film tous les 1,5 ans.
- Le ratio de concentration de la filière cinéma, rapproché du nombre total de
sociétés autorisées par le CNC, révèle latomisation du secteur.
- Le nombre dentreprises dans la filière a augmenté de 8% entre 1989 et 1995.
- Cette augmentation sest répartie à peu près uniformément sur tous les types
dentreprises : le poids des très petites et petites sociétés (inférieur à 5 MF)
a très légèrement diminué, le poids des grandes entreprises (plus de 20 MF) est resté
stable. La hausse a très légèrement plus bénéficié aux entreprises moyennes.
- Le secteur a donc connu un mouvement de concentration qui a surtout affecté les
entreprises dont le C.A. était compris entre 100 et 300MF en 1989.
- Ainsi, le C.A. moyen réalisé par les 75 premières entreprises a crû de 5% par an en
moyenne passant de 100 à 140 MF : le C.A. moyen des 9 premières entreprises a
relativement moins vite évolué, tandis que celui des 66 entreprises suivantes a été
multiplié par 1,5 entre 1989 et 1995.
- Dans ce contexte, le C.A. moyen des petites et très petites entreprises a eu lui
tendance à se dégrader passant de 3,3 à 2,7(-3% par an en moyenne)
- En 1995, 95% des entreprises concentraient seulement 29% du C.A. de la filière
cinématographique.
- Ainsi laisance de financement observée au cours de la période 1980-1997,
découlant des obligations des chaînes de TV dinvestir dans le cinéma et relayée
par le soutien automatique, semble avoir conduit à entretenir sur le marché des
sociétés de production, de distribution et dexploitation cinématographiques, qui
sans laide publique, et par la seule loi du marché, auraient disparu. Ces
entreprises contribuent marginalement à la valeur ajoutée du secteur.
Une priorité donnée à
laugmentation de la production, plutôt quà ladaptation entre
loffre et la demande
- Le marché français du cinéma a été caractérisé par une baisse forte de la
fréquentation depuis la fin des années 1970 et jusque fin 1992.
- Nous avons montré lincapacité du système à calibrer la production de films
français avec lévolution de la fréquentation.
- Les chiffres présentés dans le panorama du secteur montrent également le manque
dadéquation entre le nombre dentreprises de production et les conditions de
performance des entreprises.
- Afin de réunir des conditions de gestion saines, toutes les entreprises de production
françaises devraient être en mesure de produire au moins un film par an afin
dengranger des recettes de catalogues suffisantes pour financer par leurs propres
ressources la production nouvelle.
- La concurrence entre les productions en exploitation, la concurrence entre les
entreprises pour sattacher les services des talents, la concentration de la
production au sein dun nombre réduit de sociétés, et linexistence de marge
nette positive pour la grande majorité empêche la majeure partie des sociétés
datteindre cet objectif.
- La surcapacité de production semble donc être alimentée par le manque de
sélectivité du système dagrément du CNC, son inadaptation à la situation
économique du marché.
- Le système dexploitation ne permet pas damortir les films dinitiative
française. Cela traduit à la fois :
- le nombre insuffisant de films français capables de rencontrer un large public en
salles ;
- le goulot détranglement que constitue la distribution, fonction paradoxalement
peu aidée.
- La priorité donnée à laugmentation de la production a réussi. Toutefois, dans
le contexte macro et micro-économique actuel, il peut être opportun de la remettre en
cause.
Une
surcapacité conduisant à une fragilisation du secteur
- La surcapacité économique et de production a entraîné une concurrence plus forte
entre les productions. Combinée avec la baisse de la fréquentation, elle a conduit à
une fragilisation du secteur.
- La marge nette de la " filière cinéma " est constamment négative
sur lensemble de la période 1989-95. Le déficit courant représente 6% du C.A. en
1995.
- Bien que les ressources en capital aient crû plus rapidement que le C.A. de la
filière, et que le soutien public représente une part relativement stable du total des
charges courantes, les fonds propres ne suffisent pas à couvrir limportance des
investissements qui représentent environ sur toute la période 100% de la V.A. nette
- Ainsi le secteur a tendance à sendetter au fil des ans: les frais financiers
passent d1/4 de la V.A. nette à 30% entre 1989 et 1995, lannée 1993 voyant
passer ce pourcentage à plus de 40%.
- Les exportations évoluent à la hausse mais restent relativement faibles : 6% du C.A.
de la filière en 1995.
- Par ailleurs sur à peu près tous les segments dactivité de la filière, la
situation économique des petites et très petites entreprises sest dégradée entre
1989 et 1995.
Le système
français daides au cinéma na pas favorisé lémergence de grands
groupes cinématographiques rentables
- En particulier, leffet global du soutien automatique sur la structure et sur les
performances des entreprises de secteur de la production apparaît modéré.
- Le soutien automatique à la production repose, en particulier, sur cinq principes
fondamentaux :
- Les sociétés de production qui produisent un premier film ny ont pas
droit : ce qui évite de voir se multiplier les " sociétés dun seul
film " , qui seraient créées à loccasion dun film pour
bénéficier de cette aide, et qui disparaîtraient une fois le film rentabilisé.
- Toutes les sociétés de production qui ont produit plus dun film peuvent accéder
au compte de soutien : ce qui garantit une certaine équité.
- Le soutien profite plus fortement aux sociétés qui produisent beaucoup de films :
il favorise un phénomène de concentration devant logiquement aboutir à
lémergence de sociétés de taille importante.
- En " indexant " le montant du compte de soutien sur les entrées
réalisées par chaque film, il récompense les sociétés sur leurs performances, et
devrait favoriser lémergence de sociétés rentables " tournées vers le
marché " et non la création de sociétés " orientées
produits ".
- Cest une aide au réinvestissement : ce qui assure que les montants financiers
retirés de lexploitation des films seront bien utilisés pour la production
cinématographique.
- Lanalyse de la fonction de production a montré que ce secteur était globalement
déficitaire et que moins de la moitié des sociétés de production étaient
bénéficiaires en 1995. Cette contre-performance peut être imputée au système de
soutien automatique.
- Par ailleurs, lanalyse de la concentration de la production de films
dinitiative française en pourcentage du nombre total de sociétés actives, montre
que le phénomène de concentration devant résulter du système de soutien automatique a
été modéré.
- Entre 1989 et 1997, le pourcentage de films dinitiative française produits par
les trois premiers producteurs que ce soit en tant que producteur délégué ou
coproducteur est resté relativement stable (respectivement 8% et 7%), de même que celui
des 12 sociétés suivantes, (respectivement 24% et 23%). Le nombre moyen de films
dinitiative française produits par ces sociétés en tant que producteurs
délégué est resté stable, respectivement 4 et 2,5 films.
- En revanche, le pourcentage de films dinitiative française produits par les 25
premiers producteurs du secteur en tant que producteur délégué, a fortement évolué :
il est en effet passer de 37% à 43%. Le nombre moyen de films dinitiative produits
en tant que producteur délégué par ces sociétés est passé de 1,5 films à plus de 2.
Cela traduit un effet positif du compte de soutien, mais concerne une frange relativement
restreinte de sociétés, qui restent des acteurs de petite taille, comparés aux
standards internationaux.
- En outre, cela signifie que la production dune grande part des sociétés de
production cinématographique françaises na pas su monter en puissance.
- Dans ce contexte, on peut sinterroger sur lefficacité du système de
soutien pour structurer lindustrie et améliorer de manière globale la situation
économique du secteur puisque :
- les sociétés de production restent en majorité déficitaires,
- la plupart dentre elles continuent de produire au mieux un film tous les deux ans,
- le nombre moyen de films produits par les " grandes sociétés " de
production est resté stable.
Une spirale
qui sétend aux industries techniques
- Les industries techniques françaises jouissent dune réputation mondiale.
Pourtant, leur situation économique et financière est précaire. Leffet conjugué
dune surcapacité et dun ralentissement du volume de commandes a généré une
spirale déflationniste. Les prix sont de moins en moins transparents : forfaits,
rabais commerciaux, non facturation des heures supplémentaires, allongement des délais
de paiement, absence de contractualisation, travail au noir brouillent la lecture de la
réalité économique des prestations.
- Le cas des laboratoires est illustratif. Le morcellement de loffre et la situation
financière précaire des entreprises placent les laboratoires français dans une
situation concurrentielle défavorable. Dans le secteur du 35 mm, les géants
multinationaux Rank et Technicolor bénéficient déconomie déchelle,
quils répercutent sur leurs tarifs ; le volume dactivité de Technicolor
est équivalent à celui des trois plus gros laboratoires français réunis. Ils sont
appuyés sur des groupes puissants (respectivement Rank et Carlton), qui proposent des
modes de règlement avantageux. Dans le secteur du 16 mm, les laboratoires belges (De
Yonghe, Meuter) proposent des prix inférieurs de 30% aux prix français, essentiellement
grâce à des conditions salariales favorables.
Limpact du dispositif de soutien sur les principaux
dysfonctionnements de la filière
- La surcapacité économique voulue par les pouvoirs publics nest pas critiquable
en elle même : elle est en adéquation avec les objectifs dune politique visant à
garantir une identité culturelle forte.
- Limportance du parc de salles est a priori légitime puisquelle garantit
laccès du public à la culture.
- De même, limportance de la production cinématographique garantie par
laction publique est fondée puisquelle garantit a priori lidentité et
le rayonnement culturel de la France
- Entretenir un tissu économique dense de la distribution apparaît de ce fait rationnel
puisque le rôle de ce secteur est essentiel pour que les films rencontrent leur public
- Cependant, la surcapacité devient critiquable dès lors quelle introduit des
distorsions dans la concurrence, des rentes de situation ou des effets daubaines.
- La section qui suit montre que :
- lensemble des évolutions observées sur le secteur cinématographique français a
conduit à lémergence de rentes de situation et à certains effets daubaine.
- la fragilisation économique du secteur, découlant de la surcapacité économique, est
en partie due à lincapacité du système de soutien à prendre en compte les
évolutions du marché et des pratiques professionnelles.
La
dé-responsabilisation des intervenants de la filière
Une situation économique délicate
aboutissant à des inefficiences
- Longs métrages : les étapes essentielles réalisées dans la précipitation du fait du
manque de ressources en capital des sociétés de production
- La phase de développement du film (travail sur lécriture du scénario) est
vitale : limportance quon lui accorde fait souvent le succès dun film.
- En France, les producteurs accordent relativement moins de temps à la phase de
développement dun film que leurs homologues nord-américains.
- Les " majors " placent une grande partie de leurs ressources
financières sur cette étape. Cette phase, étalée dans le temps, prévoit plusieurs
paliers de sélection qui permettent au final de ne retenir que les scénarios à très
fort potentiel commercial.
- Pour les majors cette phase est donc considérée comme létape faisant le succès
du film. Cette approche est rendue possible grâce aux ressources financières propres
dont elles disposent.
- La phase de préparation dun film est essentielle, son bon déroulement
conditionne lefficacité du tournage et des prestations de post-production
- Le producteur a le choix entre deux possibilités :
- soit il concentre la préparation du film sur les deux trois mois avant le tournage.
Cette solution peut impliquer jusquà 50 personnes employées simultanément. Elle
est donc très coûteuse, et peut au total rapidement conduire à des inefficiences
organisationnelles :
- au niveau de la phase de préparation (linformation circule mal entre le
réalisateur et chaque équipe, et entre les équipes elles) ;
- mais aussi, au niveau du tournage (ce qui peut conduire très vite à des dépassements
budgétaires) ;
- soit il étale la préparation sur une période plus longue, et implique au fur et à
mesure les différentes équipes de préparation de tournage. Le coût de la phase de
préparation est identique à la première solution, mais il est lissé dans le temps.
Cette approche a toute les chances de donner de meilleurs résultats que la première,
mais elle exige du producteur de disposer dune trésorerie importante
- Chez une grande majorité des producteurs français, la pratique la plus courante est de
retenir la première solution : ayant peu de fonds propres, et les financements des
chaînes de TV arrivant tardivement, ils ont tout intérêt à retarder au maximum la
préparation dans le temps, puisque cela diminue le terme sur lequel seffectue
lescompte des pré-ventes TV auprès des organismes financiers.
- Articulation production/distribution : une quasi absence de réflexion marketing en
amont chez la plupart des distributeurs et producteurs français.
- La faiblesse du nombre détablissements cinématographiques intégrés français
explique en partie la déconnexion entre les secteurs de la production et de la
distribution.
- La force des sociétés comme Gaumont, UGC, Pathé ou le Studio Canal+ est
dintégrer au moins deux des trois étapes de la filière cinéma. En particulier,
cela leur permet dintégrer dès la phase de développement une réflexion marketing
sur les films.
- La chute brutale de lapport des distributeurs dans le financement des films
explique aussi cette situation. Aujourdhui, la plupart des distributeurs
indépendants sont dans lincapacité dintervenir dans le financement des films
français, leurs ressources en capital demeurant somme toute assez faibles, même si le
secteur est globalement bénéficiaire. Ainsi, larticulation entre production et
distribution a du mal à se faire correctement, ce qui pousse dailleurs certains
producteurs indépendants à intégrer cette fonction.
- Enfin, les conditions dactivité pour les petits producteurs étant plutôt
difficiles, leur énergie est souvent consacrée à garantir à leur société un volume
daffaire suffisant pour accroître leurs revenus à court terme et donc
dessayer dentreprendre le plus rapidement possible la production dun
nouveau film. Certaines sociétés de production, plus importantes, font dailleurs
ce choix délibéré de choisir une stratégie de croissance basée sur les revenus à
court terme. De ce fait, chez ce type de producteurs, la distribution passe au second
plan, et en particulier la distribution à linternational : larticulation du
secteur de la production avec celui de la distribution se fait donc mal, ou très
lentement.
Une situation
économique particulière conduisant à une déresponsabilisation de lensemble des
intervenants de la filière et à des effets daubaine
- Une sélectivité des projets moins importante des chaînes de TV
- Les obligations des chaînes de TV étant liées à lévolution de leur C.A. et ce
dernier étant au cours des dix dernières années constamment orienté à la hausse,
elles disposent dun budget dinvestissement de production chaque année plus
important.
- Cette évolution les conduit à être moins regardantes sur la qualité du scénario et
des documents fournis.
- Des budgets de production fréquemment surestimés par les producteurs.
- Compte tenu de lévolution des budgets dinvestissements des chaînes, les
producteurs nhésitent plus à leur présenter des budgets de production très
élevés, ou sans correspondance précise avec le coût réel du projet (ce qui leur
permet de " sur-financer " leur projet).
- Ces mêmes devis " sur-financés " sont présentés au CNC.
- Une certaine frange de producteurs apporte peu de valeur ajoutée et reste déconnectée
de la sanction du marché.
- Lanalyse du marché montre quil existe trois types de producteurs :
- les grosses sociétés de production indépendantes, souvent historiques, et
bénéficiaires, qui tirent correctement partie du compte de soutien automatique en se
donnant les moyens de produire des films ambitieux, souvent tournés vers
linternational, en adéquation avec la demande des spectateurs.
- les sociétés indépendantes, que nous qualifierons de catégorie 1, à peine
équilibrées, qui produisent un nombre relativement élevé de films dun budget
moyen, intégrant relativement peu la dimension internationale et réalisant sur le
marché domestique des performances en termes dentrées relativement médiocres.
Certaines de ces sociétés jouant sur la notoriété des réalisateurs et des acteurs
quelles produisent, ou sur leurs relations professionnelles, ont tendance à
pratiquer le sur-financement de leur projet auprès des chaînes de TV et à se
rémunérer confortablement à court terme. Ce type de sociétés et de producteurs
minimise ses risques, et retire du système de soutien des rentes situation ;
- les sociétés indépendantes, que nous qualifierons de catégorie 2, très souvent
déficitaires, qui produisent de manière épisodique des films de petit budget,
intégrant relativement peu la dimension internationale du marché, mais pouvant réaliser
parfois sur le marché domestique un nombre dentrées inattendu qui permet de
rentabiliser le projet. Ce type de société a souvent du mal à réunir les financements
nécessaires à la réalisation de leurs projets auprès de lensemble des chaînes
de TV. Elles recourent donc à lavance sur recettes et/ou aux aides supranationales
et dans une moindre mesure au soutien automatique
- Cette analyse conduit à se demander dans quelle mesure le système de soutien
automatique entretient sur le marché des sociétés de production qui pénalisent la
créativité, lefficacité de la production, et lentrée dacteurs plus
performants sur le marché.
La question
du niveau de risque pris par les différents intervenants
Une fragilisation du secteur
cinématographique conduisant au final à des risques élevés
- Producteurs : un risque de faible probabilité mais réel et élevé
- Il semble utile à ce stade de rappeler une différence fondamentale entre le système
nord-américain et le système français cinématographiques.
- Aux Etats-Unis, le producteur est bien souvent un salarié dune société de
production (cas des majors). En France, il est plus souvent gérant de la société.
- Ainsi aux Etats-Unis, le risque financier concerne souvent la société de production et
rarement le producteur en lui même, qui risque le licenciement.
- En France, selon une probabilité assez faible, les producteurs peuvent être amenés à
mettre en jeu leurs biens personnels; particulièrement les " petits "
producteurs.
- En cas de dépassement du budget estimatif (imprévus compris), le producteur qui est
obligé de trouver de nouveaux financements a le choix :
- soit, de ponctionner sur sa rémunération a priori, et/ou de céder une partie de ses
droits sur le négatif du film, mais alors son travail aura simplement consister en la
gestion dun budget et sa rémunération sera au final nulle. Il naura alors
pas assez de fonds propres pour sengager dans une nouvelle production. En
sengageant quand même dans une nouvelle production il a alors toutes les chances de
déposer son bilan si son nouveau film ne fait pas de succès...
- soit, de décider garder intacte sa part sur le négatif et dengager de nouveaux
crédits auprès des organismes financiers, qui alors, à cause de la sous-capitalisation
de sa société, exigeront sans aucun doute des garanties personnelles. Dans ce cas, si le
film ne marche pas, non seulement il dépose son bilan mais en plus il sendette
personnellement.
- Distributeur : une prime de risque plus élevée que celle des producteurs
- Lévolution du chiffre daffaires des distributeurs est fortement dépendante
de leur capacité à prendre dans leur catalogue les films à plus fort potentiel
commercial.
- Le distributeur ne bénéficie pas en règle générale dun actif comme un
catalogue de droits lui permettant de générer des revenus sur le long terme
- Le secteur de la distribution ne bénéficie pas dune aide soutenue : en
moyenne, les subventions dexploitation ne représentent que 2% des charges courantes
en 1995. Rappelons que le soutien public a eu tendance au cours de la période 1989-1995
à baisser en intensité : il représentait en 1989 3,4% du total des charges courantes du
secteur. Par ailleurs, au dire des professionnels du secteur, il nexiste aucun outil
public daide français à la distribution à létranger véritablement adapté
aux mécanismes du marché mondial du cinéma.
- A lexception de la commission fixe que les distributeurs saccordent sur les
recettes des films quils prennent dans leur catalogue, laccroissement de leurs
recettes est donc en grande partie lié aux performances des films quils distribuent
(en moyenne 42% des 14FF sur le prix des tickets vendus)
- Les coûts dédition et de promotion des films ayant augmenté de 30 à 50% au
cours des dix dernières années, les distributeurs français sont condamnés à réussir,
et le risque financier des distributeurs français a non seulement tendance à
saccroître mais aussi à être plus élevé que celui des producteurs de cinéma
puisque les coûts de distribution sinscrivent en pertes nettes en cas déchec
commercial du film.
- Chaînes de TV : un risque de surcoût élevé
- Sur le marché mondial des droits de diffusion, le prix de ventes dun film est
généralement corrélé au nombre dentrées réalisées sur le marché domestique.
- En pré-achetant massivement les films dinitiative française, les chaînes de TV
paient fréquemment un surcoût sur les droits de diffusion des films.
- Lanalyse de la fréquentation a en effet montré que les entrées avaient tendance
à se concentrer sur un nombre de plus en plus réduit de films et que le nombre moyen
dentrées réalisées par les films dinitiative française restait globalement
médiocre voire se dégradait.
- Par conséquent, le système de soutien conduit les chaînes a endosser une grosse
partie du risque financier des producteurs.
- Cette situation conduit à se demander dans quelle mesure cette répartition du risque
entre les différents intervenant est juste, et si elle entretient des conditions
dactivités favorables à lexpression de la créativité et des performances
de certains.
La question
du rôle des distributeurs et de laccès des producteurs à la distribution.
- Lanalyse du secteur de la distribution a montré que le secteur était
relativement concentré en termes de C.A., et que par ailleurs, la situation économique
et financière des petites sociétés de distribution indépendantes sétait
dégradée au cours du temps.
- Cependant les 15 premières sociétés ne concentrent que 42% des films distribués en
1995.
- Ainsi, 58% des films distribués doivent passer par le circuit de la distribution
indépendante regroupant les moyennes et petites sociétés.
- Ces dernières sont caractérisées par des ressources en capital relativement faibles
et un niveau dendettement relativement plus élevé que les
" leaders " ou les sociétés adossées à de grands groupes
audiovisuels. Elles ne peuvent donc assumer des coûts dédition et de promotion des
films élevés qui puissent garantir que les films quelles distribuent rencontrent
un public et soient correctement rentabilisés sur le marché français des salles.
- Le secteur de la production cinématographique connaît donc un problème daccès
des producteurs indépendants, particulièrement les plus petits, à la distribution.
- Cette situation est dautant plus regrettable que le rôle de la petite et moyenne
distribution semble essentiel pour accroître les chances de rentabiliser les films
français.
- Cette situation amène deux interrogations :
- Comment les films indépendants à petits budgets vont-ils, à moyen terme pouvoir être
distribués en salles, si la petite et moyenne distribution a disparu, si la capacité des
grandes entreprises de distribution cinématographique à distribuer des films
naugmente pas et que le volume de la production films français reste orienté à la
hausse ?
- Quest-ce qui explique que le secteur de la distribution soit relativement moins
aidé que les secteurs de la production et de lexploitation ? Etant donné le rôle
essentiel de la distribution dans la rentabilisation des films, les axes du soutien public
sont-ils encore pertinents ?
Labsence
de réflexion marketing sur les films, en amont
- La force des Etats-Unis réside dans limpact des campagnes de promotion et
publicitaires associées aux films. Ces campagnes sont pensées dès la phase de
développement des films, grâce à lexistence de sociétés intégrant les
fonctions de production et de distribution.
- La fragilisation financière du secteur du cinéma français, labsence daide
française au marketing du film, et la " disparition " des M.G. des
distributeurs dans le financement des films français ont vraisemblablement conduit à un
certain laxisme au niveau de la gestion des budgets de distribution des films français et
à une absence de réflexion marketing en amont.
- Ce laxisme est dautant plus regrettable que le coût " au
mille " des campagnes publicitaires pour le cinéma reste moins fort en France
quen Allemagne ou en Grande Bretagne du fait notamment de labsence de
publicité télévisée.
- Selon les chiffres présentés par Disney, la France par rapport à lAllemagne et
la Grande Bretagne présente un coût " au mille " relativement moins
élevé. Les ratios dépenses publicitaires/recettes prévisionnelles établis par Disney
pour chacun de ces trois pays, et pour un film l ,
sétablissent en effet comme suit.
Comparaison des dépenses publicitaires sur les recettes
prévisionnelles
dans trois pays européens

Source : Disney
- Cette efficacité relative est donc en partie gâchée par la mauvaise articulation
production/distribution.
- La mauvaise articulation entre production et distribution amène à se poser la question
suivante : comment faire pour que les sociétés françaises de production et de
distribution considèrent plus systématiquement les questions de marketing du film dès
la phase de développement du film ?
- Cette interrogation amène une remarque : le système daides français a
joué un rôle contre-productif dans le fait que les distributeurs se sont retirés du
financement du cinéma français.
Une internationalisation du secteur très limitée
- La fragilisation du secteur limite les initiatives dinternationalisation et les
possibilités damortissement secondaire des films.
- Le degré dinternationalisation du secteur cinématographique français
sinscrit dans la moyenne des secteurs de services de léconomie française.
- Cependant le niveau dexportations reste relativement faible, et ce sont,
finalement, les importations de la distribution qui expliquent en grande partie un niveau
dinternationalisation " dans la norme ".
- Le solde de la balance commerciale sur les produits " cinéma "
reste fortement négatif (1,12 milliards de francs en 1995) et le déficit sest
accru depuis 1989.
- Il semble donc que la France ne se donne pas suffisamment les moyens dexporter sa
production.
- Cette situation sexplique dabord par lendettement et/ou labsence
de ressources en capital de la plupart des sociétés de production et de distribution,
qui limitent les initiatives de ces entreprises à lexport.
- Elle sexplique aussi en partie par linadaptation des principes de
laide publique à lexport aux évolutions du marché mondial.
- Rappelons quau contraire les Etats-Unis se donnent les moyens de rentabiliser leur
films en mettant laccent sur la fonction de distribution, comme le montre
lexemple suivant.

- Cet exemple montre que la politique de distribution des films aux Etats-Unis est
caractérisée par les deux points suivants :
- des campagnes publicitaires et de promotion lourdes : en sommant les investissements de
distribution sur le marché domestique et le marché international, le poids des
investissements en distribution peut représenter jusquà 70% du coût de production
dun film ;
- les recettes complémentaires issues de lédition vidéo et du secteur de la TV
sur le marché domestique sont beaucoup plus importantes quen France.
- Dans une perspective dinternationalisation croissante de léconomie et du
secteur du cinéma français, dans laquelle les autoroutes de linformation et plus
particulièrement Internet joueront un rôle essentiel, on peut se demander quelle sera la
place des entreprises françaises sur le marché mondial du cinéma, si rien nest
entrepris pour faciliter lexportation des sociétés de cinéma françaises
CHAPITRE IV
Limpact du soutien à la production sur le coût moyen des films dinitiative
française
Synthèse du
chapitre
- Le chapitre précédent a montré que la réussite du système de soutien au cinéma
français, mesurée à laune du volume de la production nationale, a mal préparé
les acteurs de la filière aux contraintes économiques actuelles (allongement du cycle
damortissement, internationalisation des marchés). Pour confirmer cette analyse,
nous montrons ici comment ce dispositif a en même temps alimenté une augmentation rapide
des budgets moyens des films, sans renforcer leur potentiel commercial. Il a contribué à
déconnecter les entreprises de la contrainte du marché.
- Au cours de la période 1980-97, plusieurs types de facteurs ont contribué à la hausse
du coût moyen des films dinitiative française.
- La " mouvance cinématographique " peut-être mise en cause,
notamment pour les périodes suivantes :
1983-1987 avec ladoption rapide des innovations Dolby/THX ;
1987-92 : la baisse de la fréquentation a conduit les
professionnels à calquer la production française de films sur celle des Etats-Unis, avec
lidée que pour faire revenir le public en salle il fallait faire des films haut de
gamme, donc chers ;
cette approche se poursuit en 1992-97, avec les effets spéciaux.
- Depuis 1987, les cachets versés aux interprètes principaux et les M.G. versés aux
réalisateurs et aux scénaristes constituent une source dinflation importante.
- La nécessité pour les producteurs de recourir de plus en plus fréquemment à
lemprunt alimente également la hausse du coût moyen des films français (les frais
financiers, représente depuis 3 -4 ans, selon les années entre 3% et 4% du devis moyen
des films. dinitiative française)
- Plus récemment, le choix de certains producteurs de se rémunérer en amont de la
production induit aussi une augmentation des coûts de production.
- Cependant, compte tenu du poids de ces postes dans le devis des films dinitiative
française (poids relativement stable et faible), leur contribution nexplique que
partiellement la hausse du coût moyen des longs métrages observée sur la période
1980-1997.
- Au cours des 15 dernières années, les financements régulés (soutiens publics,
Sofica, obligations des chaînes) et, en fin de période, la remontée de la
fréquentation ont accru les ressources financières de la production cinématographique.
- La capacité de financement issue des chaînes est devenue prépondérante ; elle
repose sur le développement de leur chiffre daffaires.
- Le soutien automatique à la production est un poste important, mais dont
lévolution dépend de la fréquentation des salles.
- La part du soutien sélectif décline.
- Le rôle des Sofica reste marginal.
- Le montant des investissements en production cinématographique exprimé en francs
constants est passé de 1,8 milliards de francs en 1986 et 2,6 milliards de
francs en 1996, lobligation dinvestissement en production des chaînes de TV
représentant 10% en 1986 et environ 40% en 1996, alors que dans le même temps le nombre
de films produits avait tendance à décroître.
- Une étude du BIPE pour lARP montre que lon est pas encore parvenu au terme
de cette dynamique : il est probable que les flux financiers vont encore augmenter et
irriguer la production cinématographique en France. Or, le nombre de films est
nécessairement limité, par le nombre de réalisateurs et par la capacité
dabsorption des salles.
- Cette évolution reflète lintervention des pouvoirs publics pour favoriser le
financement de la production cinématographique. Elle est la principale cause
dinflation du coût moyen des films dinitiative française.
Films
dinitiative française : un coût moyen multiplié par plus de 3 entre 1980 et 1997
Le coût moyen progresse fortement, à des rythmes différenciés
- Au cours de la période 1980-97, le coût moyen des films dinitiative française
exprimé en Francs constants 1997 est passé de 9 MF à 31,3 MF. Il aura ainsi
été multiplié par un facteur proche de 3,5.
- Lévolution vers les 31 MF na pas été linéaire. En effet, il est
possible de distinguer quatre périodes au cours desquelles lévolution du coût
moyen des films dinitiative française a connu des rythmes distincts.
- La période 1980-83 voit passer le coût moyen exprimé en francs constants de 9 à
16 MF affichant une croissance annuelle moyenne de 22%.
- La période 1983-87 connaît une certaine stabilisation autour de 17 MF.
Laugmentation du coût moyen naura été que de 3% lan en moyenne entre
1983 et 1987.
- La période 1987-92 enregistre une nouvelle reprise, le coût moyen passant de
18 MF à plus de 28 MF (+9% lan en moyenne).
- Enfin, au cours la période 1992-97, le coût moyen des films dinitiative
française a connu une stabilité erratique, laugmentation sétablissant à 2%
lan en moyenne, mais le coût moyen variant tantôt à la hausse tantôt à la
baisse, autour de 27 MF.
La part des films dun budget supérieur à 20 MF est passée de
0,6% en 1980 à près de 45% en 1997
- Lévolution du coût moyen des films dinitiative française traduit des
changements dans léventail des budgets.

Source : BIPE, daprès CNC
- 1980-1983 : forte chute du nombre de films dun budget inférieur à 10 MF. La
part des films dun budget entre 10 et 20 MF et celle dun budget entre 20
et 50 MF croissent au même rythme.
- 1983-1987 : la part des films dun budget entre 10 et 20 MF croit plus vite
que celle des films entre 20 et 50 MF tandis que le nombre de films dun budget
inférieur à 10 MF continue de chuter.
- 1987-1992 : la part des films dun budget supérieur à 50 MF et celle
dun budget entre 20 et 50 MF saccroissent, tandis que les films dun
budget inférieur à 20 MF ont tendance à représenter une part moins importante.
- 1992-1997 : la part des films dun budget inférieur à 20 MF varie selon les
années entre 50% et 60% du nombre total de films. La part des films dun budget
supérieur à 50 MF a tendance à diminuer en fin de période tandis que la part les
films dun budget compris entre 20 et 50 MF a tendance à se stabiliser autour
de 33%.
La production
se structure autour de grandes catégories de films, qui sont en train de se modifier
- Sur la période récente, les petits films (moins de 10 MF) voient leur part dans
la production augmenter, comme les plus gros films. La part des films moyens (entre 10 et
50 MF) décline, même si elle reste prépondérante (58%).
- En parallèle, une nouvelle catégorie de films est en train démerger : les
films dinitiative française destinés au marché international. Ils sont
généralement à très gros budget (Le Cinquième Elément, Jeanne dArc en
tournage actuellement et Astérix), réalisés par les grandes maisons de
production (Gaumont ou Pathé) et éventuellement tournés en anglais.
Les postes de
dépenses ne sont pas la principale source dinflation
La structure
des devis de production reste relativement stable sur la période 1980-97
- Au cours de la période, la structure du devis de production des longs métrages
dinitiative française na pas connu de bouleversements majeurs. Chaque poste
de dépenses du devis a évolué quasiment au rythme du coût moyen.
- Lanalyse statistique fait tout de même ressortir certains phénomènes lorsque
lon considère les périodes identifiées dans le chapitre sur la production. En
particulier,
- au cours de la période 1983-87, les dépenses techniques afférentes au tournage et à
la post-production ont été un des facteurs dinflation du coût moyen des films
dinitiative française ;
- au cours de la période 1987-92, le poste " Frais généraux et
imprévus " a relativement plus contribué à cette hausse, de même que, dans
une moindre mesure, le poste " Droits artistiques ", surtout en fin de
période ;
- la période 92-97 est à nouveau caractérisée par une évolution rapide des dépenses
techniques afférentes au tournage et à la post-production, et des dépenses relatives
aux droits artistiques. Dans le même temps, on observe une certaine reprise du coût de
la rémunération des interprètes.
- Les facteurs qui ont contribué à la hausse du coût moyen des films dinitiatives
françaises, lors de ces différentes périodes, sont les suivants.
1983-87 :
augmentation rapide des dépenses techniques
- Cette augmentation sexplique essentiellement par la hausse du prix des prestations
de post-production sonore avec lapparition des innovations Dolby/ THX.
- Ce type dinnovations a conduit à augmenter de manière sensible le temps
nécessaire au montage et au mixage de la bande son des longs métrages (en moyenne 8
semaines, contre 2 semaines auparavant).
- Les dépenses effectuées sur le poste de post-production ont donc suivi.
1987-92 :
augmentation des frais financiers
- La période 1987-92 a connu une forte hausse des frais financiers à payer par les
producteurs délégués - inclus dans le poste " frais généraux et
imprévus ".
- Deux constats expliquent cette évolution.
- Au cours de cette période, la forte chute de la fréquentation des salles a fragilisé
le tissu économique du secteur de la production. La plupart des entreprises,
sous-capitalisées et sans réelle capacité dinvestissement, se sont trouvées dans
une situation financière difficile.
- La montée en puissance des chaînes de TV dans le financement des longs métrages a
modifié les pratiques de financements : lapport des chaînes ne constitue pas,
au contraire de lapport propre des producteurs et des sommes versées au titre du
compte de soutien ou de laide sélective, une avance de trésorerie. En effet, la
plupart du temps, les chaînes versent la majorité de leur apport après avoir visionné
le film.
- Ces deux évolutions ont obligé la plupart des producteurs à recourir, dans des
proportions plus importantes quauparavant et de manière plus fréquente, à
lemprunt pour couvrir non seulement leurs apports propres mais aussi une large part
des apports des chaînes.
A partir de
1990, augmentation des " Droits artistiques "
- Les minima garantis (M.G.) versés aux scénaristes, dialoguistes et au réalisateur,
inclus dans le poste " Droits artistiques ", tendent à augmenter.
- Cette évolution marque un changement important : auparavant, conformément au
cadre juridique du droit dauteur, scénaristes, dialoguistes et réalisateurs se
rémunéraient plus largement sur la base des entrées réalisées par le film, donc a
posteriori. Les perspectives de rentabilisation des films allant en se dégradant, ils ont
garanti leurs revenus à court terme, ce qui a conduit les producteurs à verser des M.G.
de plus en plus élevés sans être certains de pouvoir les couvrir avec les recettes du
film.
La question
de la rémunération des acteurs
- Les entretiens avec des professionnels soulignent que, au cours de la période 1987-92,
le cachet des interprètes, notamment des premiers rôles, a connu une forte hausse. Le
rapport de lInspection générale des finances rédigé par J.P. Cluzel cite
dailleurs lévolution des cachets des acteurs comme " la première
source de dérive du coût du cinéma français ", " les salaires
dinterprétation élevés donnant un certain standing au film et contribuant à
lélévation du coût des autres postes du devis ".
- Or, lanalyse statistique ne fait pas ressortir clairement cette évolution. Selon,
les données fournies par le CNC, la part des cachets des interprètes dans le budget
moyen total des films dinitiative française aurait plutôt tendance à baisser au
cours de la période, au rythme annuel moyen de 2,3%, comme au cours de la période
1980-83 (-3,7%).
- Toutefois, les analyses développées plus haut sur la rémunération des acteurs
permettent de penser que la hausse du cachet des interprètes principaux aurait concerné
une majorité de films et pourrait être finalement considérée comme une des causes les
plus importantes de la hausse du coût moyen des films dinitiative française
1992-97 :
hausse des dépenses affectées aux effets spéciaux et droits artistiques
- Lanalyse fait ressortir laugmentation des dépenses relatives aux cachets
des interprètes.
- Alors que le coût moyen des films croit de 2,1% par an, le poste
" Interprètes ", qui jusquà présent évoluait moins vite,
augmente au rythme de 2,7%.
- Linflation du cachet des vedettes du grand écran a plusieurs raisons, déjà
évoquées par le rapport Cluzel : star system français reposant sur un nombre
réduit dacteurs, volonté des producteurs de miser sur des valeurs sûres,
insistance des chaînes de TV coproductrices pour que laffiche comporte des noms
susceptibles de garantir un niveau daudience, surenchères de certaines sociétés
de production désirant sattacher les services de réalisateurs ou dacteurs
renommés, concentration des talents au sein dun nombre réduit dagences.
- Cependant, si la nouvelle hausse du nombre de films dinitiative française crée
une tension inflationniste sur les cachets des vedettes les plus prisées (ces dernières
voyant leur disponibilité se réduire), les stars ont depuis 2-3 ans tendance à
accepter des salaires moindres, pourvu que le scénario leur apparaisse de bonne qualité
et susceptible de garantir un plan de carrière honorable.
- Lanalyse met par ailleurs en relief la tendance à la hausse des dépenses
affectées aux effets spéciaux.
- Au cours de la période, le poids du poste "Moyens techniques" a augmenté
plus vite que le coût moyen des films (6,2% lan en moyenne contre 2,1%). Cette
évolution traduit le recours accru aux effets spéciaux numériques, pour rivaliser avec
le spectacle offert par les grosses productions nord-américaines.
- Pour information, sur Le cinquième élément le coût moyen des 231 plans de 3
secondes deffet spéciaux était 400KF : cela correspond à des effets
spéciaux numériques très complexes. Mais les prix des effets spéciaux sont
extrêmement variés et peuvent être beaucoup moins chers : sur Les visiteurs 2,
le coût moyen des 100 plans deffets spéciaux était 100KF.
- Cette période voit aussi la confirmation de la dérive observée lors de la période
précédente sur les droits artistiques (+4,7% par an en moyenne, contre 2,1% pour le
coût moyen des films)
- Cette évolution provient sans aucun doute de la prise de conscience au sein de la
profession que ce sont avant tout les scénarios de qualité qui font le succès dun
film. Ainsi, la " course au bon projet " conduit les producteurs à
sans cesse surenchérir pour sattacher les services des scénaristes et dialoguiste
à succès.
- Enfin, notons aussi quau cours de cette période, face à la concentration des
entrées sur un nombre de plus en plus réduit de films et aux faibles perspectives de
rentabilisation à court terme de leur film, certains producteurs ont fait le choix de se
rémunérer confortablement dès la phase de développement du film.
- En 1997, la rémunération des producteurs représente ainsi en moyenne, tous types de
films confondus, 3,5% du budget de production
- Lorsquil assume pleinement son risque, le producteur délégué est le dernier à
se rémunérer : la remontée des recettes en salles paie normalement tout
dabord les exploitants de salles et les distributeurs, puis lensemble des
créanciers et enfin les ayants droits et les coproducteurs. En se rémunérant en amont,
certains producteurs font donc aujourdhui le choix de limiter leur risque. Cette
dérive contribue à accroître le coût moyen des films.
Lévolution des sources de financement a fortement contribué à
linflation du budget des films
- Nous avons vu que la structure de financement des films dinitiative française a
connu de profonds changements entre 1980 et 1997.
- Les différents postes de financement des films dinitiative française suivent des
rythmes de croissance différenciés qui peuvent expliquer lévolution non linéaire
du coût moyen des films au cours des périodes 1980-83, 1983-87, 1987-92 et 1992-97.
1980-83 :
forte augmentation de la fréquentation
1983-87 : une baisse relative des
financements disponibles
- La période 1983-87 voit une croissance très forte de lapport des chaînes en
1987, avec la privatisation de TF1, la création de M6 et La Cinq, et surtout la montée
en puissance de Canal+ et ses obligations en matière de cinéma (+33,5% en moyenne par
an; +99,5% entre 1986 et 1987).
- Il en est de même pour les Sofica (+141% entre 1986 et 1987).
- Les à-valoir des distributeurs français chutent fortement (-23,4 % par an) au cours de
cette période, tandis que lapport des producteurs français reste relativement
stable. (Tableau 2).
- Bien que lapport des chaînes de TV croisse de manière soutenue, il ne suffit pas
à compenser la forte chute des à-valoir des distributeurs : le déficit de
financement qui résulte de ces évolutions entre 1983 et 1986 tend à stabiliser le coût
moyen des films dinitiative française.
1987-92 :
recours accrus aux sources de financement régulées
- La période 1987-92 regroupe deux sous-périodes (Tableau 2).
- Jusquen 1989-90, lapport des chaînes de TV en francs constants continue de
croître fortement (+17,2% par an en moyenne). Les apports des producteurs français et
étrangers reprennent, tandis que les à-valoir des distributeurs français continuent de
chuter (-40% par an) et que le recours aux Sofica baisse (-2,2% par an). Les soutien
automatique et sélectif augmentent fortement (respectivement +76% et 9,5% par an), de
même que les cessions de droits vidéo (+88% par an).
- A partir de 1990, lapport des producteurs français et étrangers se stabilise,
les à-valoir des distributeurs français connaissent une reprise soutenue (+34% par an)
et le soutien automatique finance relativement moins les films dinitiative
française (-12% par an), du fait entre autres de la baisse de la fréquentation et de la
chute brutale des cessions de droits vidéo (-42%). Les autres postes de financement
observent la même tendance quentre 1987 et 1990.
- Tout au long de la période, la croissance des ressources financières régulées
(apports des chaînes, soutien public) exprimée en francs constants commence à compenser
la baisse continue des à-valoir des distributeurs (+16% de croissance contre 2,7%). La
forte croissance des chiffres daffaires de Canal+ et de TF1 génère de nouvelles
ressources financières pour le cinéma. La mise en oeuvre de quotas de diffusion
doeuvres originales françaises élargit les débouchés des longs métrages. Le
confort apporté par lafflux de ces ressources, dont la nature limite le risque pris
par les producteurs, explique en grande partie la hausse du coût moyen des films
français sur cette période.
1992-97 :
baisse des investissements en production
- La période 1992-97 regroupe aussi deux périodes (Tableau 2).
- Jusquen 1995, lapport des producteurs français et étranger baisse.
Lapport des chaînes augmente encore, mais sa croissance ralentit (7,7%). La reprise
de la fréquentation alimente une augmentation de la part du soutien automatique dans le
budget total (+9,4%) tandis que la part du soutien sélectif diminue (-1,9%). Les
à-valoir des distributeurs français sont de nouveau orientés à la baisse (-3%) et le
recours aux Sofica continue de chuter (-27%).
- A partir de 1995-96, lapport des chaînes décroît (-3%). Lapport des
producteurs français est de nouveau orienté à la hausse entre 1996 et 1997. Après une
légère reprise jusquen 1995 (+13%), le recours aux Sofica est moins fréquent
(-27%) et les cessions de droits vidéo ont pratiquement disparu. Les autres sources de
financement connaissent la même évolution quentre 1992 et 1995.
- Entre 1992 et 1996, les investissements en production sont orientés à la baisse (-5%).
Le rythme de croissance des ressources financières régulées jusquen 1997 se
ralentit fortement (+3,3%). En conséquence, le coût moyen des films dinitiative
française se stabilise de nouveau.
Structure du budget des films selon limportance du devis : TROIS
économies du long métrage
Avant-propos : labsence de données statistiques récentes sur
la structure de financement des films selon limportance de leur budget
- Depuis 1992, le CNC ne publie plus de statistiques détaillées sur la structure de
financement des films dinitiative française selon limportance de leur budget.
- Lanalyse de la structure de financement des films dinitiative française
selon limportance de leur budget, en 1987, met pourtant en relief trois types
déconomie du longs métrages.
- Les films à gros budget (supérieur à 20MF pour lépoque) sont relativement peu
financés par lapport des producteurs français (35% du budget total). Le poids des
Sofica (11,6%), des M.G. des distributeurs (9,7%), des apports des producteurs ou
distributeurs étrangers (16,9%), et du soutien automatique (5,8%) sont relativement plus
élevés que dans les deux autres catégories de films.
- Les films dun budget moyen (entre 5 et 20MF pour lépoque) sont relativement
plus que les deux autres catégories financés par les chaînes de TV (24%) et le soutien
sélectif (5,9%).
- Les films à petit budget (inférieur à 5 MF) sont relativement plus financés par
lapport des producteurs français (64%), mais relativement peu par les chaînes de
TV (11%), le soutien public, quil soit automatique (1,9%) ou sélectif (4,5%) ou les
distributeurs (4,9%). Le poids des Sofica est marginal. Les apports étrangers
représentent 12% du budget.
- Selon les professionnels, il semblerait que cette caractéristique de triple économie
du film de longs métrages demeure en 1997, avec cependant quelques changements en valeur
: lapport des producteurs sinscrivant dans une tendance générale de baisse,
et celui des chaînes de TV étant orienté à la hausse.
Des structures de devis qui se différencient par les dépenses
liées au tournage, la rémunération des interprètes et les droits artistiques
- Les données concernent lannée 1997.
- Lanalyse des devis selon limportance du budget des films fait ressortir les
caractéristiques suivantes :
- sur les films à gros budget (supérieur à 50MF), le poids des postes
" Interprètes ", " Décors et costumes " et
" Frais Financiers " est plus élevé que dans les deux autres
catégories (respectivement 12,6%, 13,6%, et 4,1%) ;
- sur les films dun budget moyen (entre 10 et 50 MF) le poids des charges sociales
est relativement plus élevé (13,6%) que dans les autres ;
- les droits artistiques, moyens techniques, frais de transport et de régie et les
dépenses relatives à lachat de pellicules et de prestations de laboratoires
pèsent de manière plus lourde dans le devis des petits films ;
- dune manière générale, la rémunération du personnel représente pour toutes
les catégories de films environ 20% du devis.
Deux facteurs liés à lorganisation
du travail qui alimentent linflation des budgets
- Rappelons que la hausse du coût moyen des films nest pas critiquable en
elle-même. Elle est en phase avec lobjectif des pouvoirs publics qui est
dencourager un cinéma ambitieux commercialement, qui se donne les moyens de
réussir sur les marchés étrangers.
- Pourtant, cette inflation devient critiquable si elle ne permet pas datteindre ce
résultat, ou si elle alimente des rentes de situations qui absorbent les financements
destinés à la production cinématographique.
- La section qui suit montre que laugmentation du coût des films dinitiative
française :
- nest pas la conséquence directe de méthodes de travail et/ou pratiques
professionnelles trop rigides ou inefficaces. La comparaison internationale montre au
contraire que :
- lorganisation de la production est en règle générale plus efficace en France
que dans les pays européens voisins, ou aux Etats Unis ;
- la force des organisations professionnelles ou syndicales en France nest pas plus
importante que celle connue aux Etats-Unis ;
- que les facteurs dinflation ou de non compétitivité du système français
viennent plutôt des différences de législation générale en matière de travail ;
- nest pas corrélée à une amélioration de la performance commerciale. Au
contraire, dans le contexte actuel, elle entretient un risque de crise financière du
secteur et met en question lexercice de la fonction de producteur délégué.
Une bonne protection sociale des
professionnels, malgré un poids relativement faible des syndicats
La force des syndicats des techniciens français est moindre que
celle des syndicats américains
- Etats-Unis : un pouvoir énorme, mais des engagements respectés.
- Le pouvoir des syndicats ("unions" ou "guilds") est énorme
dans la production cinématographique. Tous les corps de métier ont leur syndicat :
- Writers Guild of America (WGA): scénaristes
- Screen Actors Guild (SAG): acteurs
- Directors Guild of America (DGA): réalisateurs
- Alliance of Motion Picture & TV Producers (AMPTP): producteurs
- International Alliance of Theatrical Stage Employees, Moving Picture Technicians,
Artists and Allied Crafts of the United States and Canada (IATSE): tous métiers
techniques
- Des contrats lient l'AMPTP et chacun des autres syndicats. Ils encadrent les conditions
de travail et les rémunérations de manière très précise. En théorie il faut être
syndiqué pour travailler sur un film, sauf pour les films indépendants à petit budget
pour lesquels des exceptions sont prévues (" non-union films ")
afin que les salaires des techniciens et acteurs puissent être adaptés au budget du
film.
- Les salaires minima pour chaque type de poste doivent être respectés
- De même que les minima syndicaux concernant le nombre de personnes employés sur chaque
poste de travail
- Les métiers sont bien distingués : un électricien ne pourra pas travailler sur
un autre poste que le sien même sil possède les compétences requises
- Les contrats définis entre AMPTP définissent aussi la durée hebdomadaire de travail
(50h), lamplitude maximum de la journée de travail (16h), les temps de repos et
prévoient que des repas soient fournis aux techniciens 2 fois par jour.
- Les syndicats ont donc le pouvoir de paralyser totalement l'activité du fait du nombre
de leurs membres et de leurs ressources financières (gestion des fonds de pension des
membres). Les renégociations de contrats (tous les 3 ans ) sont donc toujours délicates.
- L'industrie audiovisuelle américaine affronte régulièrement (tous les 3 ans) la
difficile étape de la renégociation des contrats liant les Guilds (syndicats d'acteurs,
scénaristes, réalisateurs ou autres artistes) à l'Alliance of Motion Picture & TV
Producers (AMPTP).
- Récemment la Screen Actors Guild (SAG) et l'American Federation of TV & Radio
Artists (AFTRA) ont renégocié leur accord avec lAMPTP.
- Après des menaces de grève, un pré-accord a finalement été conclu, accordant
notamment des hausses des minima salariaux. Il laisse cependant de côté la revendication
principale, concernant les revenus ("residuals") provenant des droits dérivés
(câble, DBS, marchés étrangers), jugés trop faibles face à l'explosion de ces
débouchés. En revanche, les 2 parties se sont mises d'accord pour lancer conjointement
une étude économique sur ce sujet.
- La Writers Guild of America, en négociations finales avec l'AMPTP actuellement, devrait
s'y joindre et obtenir un deal similaire, en vertu du pattern bargaining qui a cours aux
Etats-Unis (chaque Guild exige au moins l'équivalent de ce qu'ont obtenu les autres).
- Avant de commencer le tournage dun film, un producteur sait donc quil doit
observer certaines règles, ce qui laisse peu de place aux imprévus quand aux méthodes
et aux conditions demplois des techniciens : les engagements doivent être
respectés des deux côtés.
- France : des exigences découlant de la baisse des offres demploi
- La convention collective nationale de la production cinématographique, faisant force de
loi, définit un certain nombre critères à respecter pour lembauche de
techniciens.
- Elle définit notamment les salaires minima pour chaque type de postes
- Elle définit la durée hebdomadaire de travail (39h) et les majorations de salaires
pour les heures supplémentaires, les jours fériés et les jours de week-end.
- Elle prévoit en outre des indemnités de repas et de casse-croûte, ainsi que les
defraiements liés aux déplacements.
- Elle définit enfin lamplitude maximum de la journée de travail (12h), la durée
maximale de travail hebdomadaire (48h- code du travail) et le temps de repos (12h)
- A lembauche, le producteur doit respecter ces critères dans le contrat quil
passe avec chaque technicien.
Les équipes de techniciens français
sont plus productives que les américains et au moins aussi compétentes que les
britanniques
- Etats-Unis : des équipes moins productives quen France
- Trois facteurs alimentent ce manque de productivité.
- Leurs salaires sont relativement plus élevés quen Europe
Exemples de minima salariaux syndicaux
Base hebdomadaire de 5 jours

- Les équipes de tournage étant plus conséquentes, les déficits dorganisation se
font plus vite sentir : linformation circule plus lentement, les inerties sont
fortes.
- La durée quotidienne maximale de travail étant de 16 heures, la productivité de ces
équipes a tendance à baisser rapidement.
- En France les équipes étant plus petites, leurs salaires moins élevés, et la durée
maximale de travail étant plus courte, lefficacité de tournage est au total plus
élevée.
- Grande Bretagne : des équipes qui capitalisent sur lexpérience
- Les salaires moins élevés quaux Etats-Unis (mais au niveau français), des
cotisations sociales basses, labsence de contraintes sur la durée quotidienne du
travail, la faiblesse des syndicats, la qualité des infrastructures et les compétences
des techniciens britanniques ont conduit les américains à délocaliser de façon
sensible une part de leur production cinématographique en Grande Bretagne.
- En outre, la pratique du " two weeks notice " et la
" pleine activité " abaissent les barrières au licenciement.
- Les industries techniques britanniques tournent donc à plein régime, et les équipes
de tournage ne connaissent pas de problèmes de chômage, dautant que le cinéma
britannique connaît une période de renouveau. De ce fait, la courbe dapprentissage
des techniciens est optimale : le plein emploi favorise lamélioration des
compétences et touche un grand nombre de techniciens.
- Les équipes françaises sont moins nombreuses à présenter des compétences identiques
à celles des britanniques.
En France, les
professionnels bénéficient dune meilleure protection, par le code du travail
- Une grande partie des critères retenus par la convention collective nationale reprend
des points du code du travail sappliquant à lensemble de léconomie
française (majorations pour les heures supplémentaires, pour les heures de nuit, les
jours fériés et de week-end, préavis et primes de licenciement).
- Ainsi, lécart de compétitivité réside moins dans les méthodes et les
pratiques, que dans la législation du travail.
- Par ailleurs, la France présente le désavantage par rapport à la Grande Bretagne ou
dautres pays européens davoir un niveau de cotisations sociales plus élevé.
- Ce niveau important de protection sociale, dans un secteur de prototypes soumis à une
forte saisonnalité et à une charge de travail irrégulière, contribue à expliquer le
recours accru aux intermittents et le relatif désintérêt des producteurs étrangers
pour des tournages en France.
La
question du rôle du producteur délégué dans le financement de la production
cinématographique française
- Sil est manifeste que, tout au long de la période 1980-97, les producteurs de
cinéma français ont cherché à limiter leur prise de risques, on peut sinterroger
sur leur capacité à faire autrement.
- En effet lanalyse faite plus haut montre que, sous la pression dinfluences
économiques, culturelles, ou politiques, les producteurs ont recherché les moyens de
maintenir leur activité.
- Rappelons que les producteurs sont, en théorie, les derniers à se rémunérer et donc
ceux dont la position est la plus fragile en cas de crise de la fréquentation. Pourtant,
maîtres doeuvre du cinéma français, leur rôle est essentiel.
- La détérioration du tissu économique du secteur, en partie causée par la baisse de
la fréquentation, a poussé les producteurs à préserver leur capacité financière par
les moyens que leur offrait le système de soutien.
- La surestimation des budgets peut être analysée comme une réponse à la crise, qui a
allongé les durées damortissement des films et diminué les revenus à court terme
des producteurs.
- Elle est aussi une réponse au risque de perte de la principale source de financement
que constituent les droits territoriaux sur le négatif, face au danger dacteurs
puissants pouvant facilement intervenir en tant que coproducteurs.
- Par ailleurs, le producteur a vu ses marges de manoeuvre se réduire.
- La pratique culturelle européenne réserve le final cut au réalisateur ;
elle contribue au développement du cinéma dauteurs, mais ne permet pas au
producteur dassumer son rôle dentrepreneur visant à fabriquer un produit
adapté au marché (voir le cas médiatisé de Les amants du Pont-Neuf).
- Le versement de cachets de plus en plus élevés aux interprètes principaux semble
difficilement contournable, lorsque la logique commerciale prévaut : aux yeux des
bailleurs de fonds, la notoriété des vedettes garantit un certain potentiel commercial.
- Limplication croissante des chaînes dans la production cinématographique
fragilise la trésorerie des producteurs, qui ont du recourir de manière fréquente à
lemprunt.
- Le poids des chaînes dans léconomie de la production oblige les producteurs à
tenir compte des politiques éditoriales des diffuseurs, même si elles éloignent le
produit des attentes propres au public des salles (qui sont différentes de celles des
publics des chaînes).
- Linfluence de certains diffuseurs sur le scénario et le casting des films
commence à se faire sentir. TF1, dont lobjectif est de financer des films qui
pourront être diffusés en prime time, précise par contrat que toute modification
de scénario devra lui être soumise.
- La bagarre entre les diffuseurs pour les films qui génèrent le plus daudience
les conduit à proposer des packages aux producteurs, qui englobent la commercialisation
du film à létranger et garantissent un minimum pour les droits vidéo. Le
producteur se contente de contrôler la réalisation.
- Rappelons quun accord interprofessionnel entre les principaux diffuseurs, le BLIC
et lARP, signé en 1997, a pour objet de protéger le cinéma indépendant contre la
volonté des chaînes de contrôler la production.
CHAPITRE V
Capacité du dispositif de soutien à sadapter aux évolutions du secteur
Synthèse du chapitre
- Les aides principales gérées par le CNC ont fait récemment
l'objet de réformes importantes.
- La réforme de l'agrément qui concerne l'aide automatique à la production, apporte une
meilleure transparence sur les critères d'éligibilité et recentre le soutien sur des
critères de dépenses en France.
- Les modifications apportées au soutien automatique à l'exploitation permettent un
rééquilibrage de l'aide au profit des grandes salles indépendantes.
- Les modifications en cours concernant l'avances sur recettes vont renforcer la
sélectivité de l'aide.
- L'aide automatique à la production reste efficace et adaptée
tandis que l'aide automatique à l'exploitation tend à générer des déséquilibres
entre les types dexploitants.
- L'aide automatique à la production apporte un réel soutien à la production
indépendante et permet le maintien de la production à un niveau minimum tout en restant
neutre par rapport au succès commercial obtenu, grâce à l'absence de plafonnement et de
dégressivité du soutien.
- Cependant, le soutien automatique à la production tient encore insuffisamment compte de
l'internationalisation de la production en ce qui concerne son degré d'ouverture aux
investissements des producteurs non européens dans la production de films français.
- Le soutien automatique à l'exploitation tend à augmenter de façon importante, grâce
à laugmentation de la fréquentation en salles, favorisant le développement des
multiplexes par ailleurs réglementé, et générant à terme un déséquilibre entre les
exploitants.
- L'aide sélective à la production requiert des critères et des
procédures transparentes afin dassurer une réelle sélectivité. Laide
sélective à lexploitation remplit bien ses objectifs.
- L'aide sélective à la production (avance sur recettes) reste en définitive une aide
peu sélective car 35% à 40% des films d'initiatives françaises en bénéficient,
diluant ainsi le montant moyen de l'aide. Le CNC prévoit des modifications afin d'assurer
une meilleure sélectivité.
- Les critères actuels de sélection, compte tenu les difficultés liées à l'aspect
culturel de la sélection, apparaissent insuffisamment transparents.
- Laccroissement de la sélectivité rend nécessaire une plus grande formalisation
dans le processus de sélection. Ce dernier point concerne également l'aide à
l'écriture.
- L'aide sélective à l'exploitation apporte un réel soutien et assure actuellement une
bonne adéquation entre le nombre de salles actives aidées présentant un petit nombre
d'écrans et le montant de l'aide.
- Les soutiens à l'exportation se heurtent à de nombreuses
difficultés liées aux déséquilibres des politiques de soutien dans les différents
pays européens ainsi qu'aux difficultés de gestion des soutiens sélectifs à la
production dans un cadre multilatéral.
- Le dispositif français concentre ses moyens sur la promotion globale du cinéma
français et non sur l'aide directe à l'exportation de films.
- Malgré les moyens consentis à Unifrance, les résultats concernant le développement
des films français à l'export restent modestes sur les principaux marchés.
- Malgré la mise en place d'une aide à l'expansion des films français à l'étranger,
on constate encore un intérêt faible des producteurs pour l'exportation.
- Le CNC participe activement à la définition et à la mise en place des politiques
d'aides dans le cadre européen, mais rencontre des difficultés afin d'améliorer
l'efficacité de ces aides.
- La mise en place des réformes permettant un meilleur fonctionnement d'Eurimages, bien
que nécessaire, reste difficile à mettre en oeuvre dans un contexte multilatéral à 24
pays.
- Les initiatives du programme MEDIA de la Commission européenne en faveur de la
distribution permettent de stimuler la distribution de films français en Europe, mais
restent encore insuffisantes en terme budgétaire pour avoir un impact significatif.
- Existe-t-il un risque dincompatibilité entre une
politique de soutien à lindustrie et une politique culturelle ?
- On constate jusque dans les années 1980, une convergence dintérêt entre
politique culturelle et politique industrielle.
- Depuis la fin des années 1980, la politique industrielle doit prendre en considération
linternationalisation des flux dinvestissement et des marchés. Cette
dynamique plaide pour une réévaluation des objectifs dune politique culturelle
encore fondée sur des critères de nationalité.
Linternationalisation des oeuvres et des entreprises : une
contrainte et une opportunité
Un besoin dinternationalisation
accru
- Nous avons souligné les évolutions récentes dans léconomie générale du
secteur du cinéma, en France et en Europe.
- En particulier, les modalités de financement et damortissement de la production
reposent sur une ouverture croissante au niveau international :
- internationalisation des investisseurs
- internationalisation de la distribution et de la diffusion.
- Nous verrons que le système de soutien français repose sur des principes et des outils
qui répondent mal au besoin dinternationalisation du secteur. A titre
dillustration, il repose sur des critères de nationalité des oeuvres qui sont de
moins en moins univoques et qui deviennent contestables.
- Lévolution de la réglementation internationale en matière de commerce et
dinvestissement souligne les besoins dadaptation, comme en témoignent les
débats récents sur lAMI.
- Le projet daccord multilatéral sur les investissements (AMI) vise à libéraliser
les investissements internationaux, comme lOMC, après le GATT, a codifié la
libéralisation des échanges. En principe, il interdit toute discrimination dans le
traitement des investissements entre investisseurs domestiques et étrangers. Le projet
définit deux modes de traitement des investissements, susceptibles davoir un impact
sur les modes de régulation de léconomie du cinéma en France :
- le traitement national : chaque partie accorde aux investisseurs étrangers un
traitement non moins favorable que celui quelle accorde à ses propres investisseurs
et à leurs investissements. Ce principe aurait pour conséquence douvrir les
mécanismes daide et de soutien aux cinéma des pays contractants. En particulier,
le fond de soutien et les aides à la production et à lexploitation seraient
concernés.
- le traitement de la nation la plus favorisée : chaque partie accorde aux
investisseurs dune autre partie un traitement non moins favorable que celui
quelle accorde aux investisseurs dune autre partie (contractante ou non). Ce
principe revient à étendre à tous les pays signataires les accords spécifiques,
éventuellement bilatéraux, conclus entre certains pays. Il concerne notamment les aides
aux coproductions internationales et les accords de réciprocité.
- Cest dans ce contexte quil faut apprécier dune part la capacité du
système de soutien à sadapter à ces mutations et dautre part sa capacité
à accompagner les entreprises françaises dans le mouvement dinternationalisation.
Lexportation, la priorité absente du cinéma français des
10 dernières années
- Le cinéma français a concentré son action sur ses rapports avec la télévision
(rôle du BLIC) et sest mobilisé autour de la réglementation T.V. concernant le
cinéma.
- Ceci sest traduit par une absence de mobilisation sur lexportation, malgré
la création dUnifrance.
- Pourtant, la France dispose de nombreux atouts valorisables à lexportation :
- une production importante ;
- une création de catalogues structurés avec une identification facile des ayants droits
et des contrats déjà conclus grâce au registre ;
- ainsi, un acheteur peut acheter facilement 500 films, ce qui répond à un nouveau type
de demande, notamment de la part des nouveaux bouquets numériques.
Une reconnaissance commerciale internationale difficile à atteindre
pour le cinéma français
- Le cinéma français a obtenu une reconnaissance de qualité culturelle dans les
festivals internationaux et en particulier au festival de Cannes.
- Sur la période 1960-1998, lItalie obtient le plus grand nombre de
" Prix spécial du jury " et de " Palme
dor ", soit un total de 14.
- La France, sur ce critère, se situe en seconde position (14), bien que suivi de près
par les Etats-Unis (13) et le Royaume-Uni (13).
Principaux prix obtenus entre 1960 et 1998
au festival de Cannes
|
France |
Etats-Unis |
Italie |
R.U. |
Japon |
Autres pays |
Total |
Palme dor |
6 |
11 |
8 |
6 |
3 |
12 |
46 |
Prix spécial du jury |
8 |
2 |
8 |
7 |
5 |
17 |
47 |
Total |
14 |
13 |
16 |
13 |
8 |
29 |
93 |
Source : Festival de Cannes
- Les conséquences commerciales pour un film dun prix à Cannes restent
limitées :
- sur la période 1987-1997, en moyenne, les films ayant reçu la " Palme
dor " atteignent moins de 1 millions dentrées (940 000) ;
- 9 films sur 13 atteignent moins de 1 million dentrées en France ;
- seulement 2 films sur 13 atteignent plus de 2 millions dentrées.
Résultat en salles des " Palme dor "
au festival de Cannes sur la période (1987-1997)
Années |
Films |
Nombre d'entrées |
1987 |
Sous le soleil de Satan |
815 000 |
1988 |
Pelle le conquérant |
621 000 |
1989 |
Sexe, mensonge et vidéo |
1 412 000 |
1990 |
Sailor et Lula |
923 000 |
1991 |
Barton Fink |
467 000 |
1992 |
Les meilleures intentions |
89 000 |
1993 |
La leçon de piano |
2 588 000 |
1993 |
Adieu ma concubine (ex-aequo) |
652 000 |
1994 |
Pulp Fiction |
2 763 000 |
1995 |
Underground |
346 000 |
1996 |
Secrets et mensonges |
1 400 000 |
1997 |
L'anguille |
80 000 |
1997 |
Le goût de la cerise
(ex-aequo) |
70 000 |
|
Total |
12 226 000 |
|
Moyenne par film |
940 462 |
Source : CNC
- Malgré la reconnaissance de qualité obtenue dans les festivals, il est difficile, à
quelques exceptions près, pour les films français darriver à convaincre les
acheteurs étrangers sur simple scénario. Hormis quelques réalisateurs ou comédiens de
stature internationale (Luc Besson, Jean Jeunet, Gérard Depardieu, Juliette Binoche, par
exemple), les professionnels français manquent de notoriété auprès du public étranger
et de reconnaissance internationale sur le plan commercial.
- Les films français obtiennent des succès irréguliers. Le marché du cinéma français
à létranger est quasiment à reconquérir film par film, comme le souligne le
rapport Wallon.
Une réforme très importante de lagrément mise en place par le
CNC
La procédure
de lagrément, en donnant aux producteurs accès au soutien automatique, est au
centre du dispositif daide à la production
- Lagrément dinvestissement permet au producteur dinvestir dans un film
les allocations de soutien dont il peut bénéficier sur la base de lexploitation de
ses oeuvres cinématographiques antérieures (soutien automatique à la production).
- Il permet de plus le versement au producteur des aides sélectives promises par les
commissions spécialisées.
- Enfin, il détermine la nationalité de loeuvre.
Elle
nincite pas les producteurs à accroître les performances de leurs films sur le
marché des salles français
- Le fonds de soutien automatique est particulièrement intéressant pour les producteurs
car il constitue pour eux une épargne bonifiée.
- Chaque film ayant reçu lagrément génère un montant de soutien calculé à
partir de la taxe de 11% (TSA) prélevée sur les billets, soit 4 francs par billet.
- Le producteur se voit créditer sur son compte de soutien dun montant qui dépend
dabord de sa part producteur, mais également dun coefficient modifié chaque
année par le CNC en fonction de la part des films français dans les recettes globales
" salles " en France (33% de part de marché pour les films français
en 1997) et qui est de 130% actuellement.
- Par exemple, le film Les visiteurs I ayant généré 14 millions d'entrées, le
retour au titre du compte de soutien est donc de 4 francs x 14 = 56 MF x 130% = 73 MF.
- Pour son film suivant, le producteur mobilise dans son plan dinvestissement tout
ou partie du fonds de soutien quil a généré précédemment, si ce nouveau film
reçoit lui-même lagrément.
- Cette mobilisation du fonds de soutien constitue souvent une part importante de
lapport financier des producteurs au film.
- On constate cependant, que plus la part de marché en salle du cinéma non français est
élevée, plus le coefficient multiplicateur est élevé et inversement que si la part de
marché du cinéma français en salle atteignait 50 à 60%, ce coefficient serait égal à
zéro, rendant peu intéressant pour les producteurs le mécanisme de soutien automatique.
- Les producteurs nont donc pas dintérêt financier à optimiser la part de
marché du cinéma français.
Lagrément
délivré par le CNC, après avis dune commission professionnelle
- Lagrément dinvestissement est accordé, dans le cadre actuel (avant la
réforme en cours), si les films remplissent des conditions minimum :
- Les oeuvres doivent être tournées en version originale en langue française pour les
films français (le tournage dans une langue étrangère est accepté, si le film est
réalisé dans le cadre dune coproduction internationale).
- Les oeuvres doivent être réalisées par des entreprises de production dont les
dirigeants sont de nationalité française ou ressortissant dun Etat membre de
lUnion européenne.
- Les oeuvres doivent être réalisées avec le concours dauteurs, de techniciens,
ainsi que dacteurs principaux français. Pour les films qui dépensent en France au
moins 80% de leur devis, le montant du soutien peut être majoré par une allocation
complémentaire de 25%.
- De plus elles doivent être tournées en France. Si le film est tourné en studio en
France, le soutien mobilisé dans le film peut être majoré dans la limite de 2 MF.
- Le producteur doit justifier dun apport financier en numéraire, investi à titre
personnel, dun montant égal à 15% du devis hors taxe (15% de la part française en
cas de coproduction internationale).
- Dans certaines conditions, des dérogations peuvent être obtenues afin de permettre la
participation dartistes étrangers.
- Dans ce cas, le soutien financier généré par les recettes du film est soumis à un
abattement compris entre 10% et 90%, calculé en fonction du pourcentage des dépenses de
production effectuées en France.
- Cependant cet abattement est rarement appliqué.
- Lagrément dinvestissement est délivré après avis dune commission
constituée par des représentants des professionnels, producteurs (6), distributeurs (1),
industries techniques (1), auteurs (1), réalisateurs (1), directeurs de la photo (1),
acteurs (2), salariés (2).
- Lagrément complémentaire est délivré après lachèvement du film et rend
définitif linvestissement du soutien financier généré préalablement et
mobilisé pour le film, et le droit au soutien généré par le film lors de son
exploitation.
- Le financement du film fait dans ce cadre lobjet dun examen approfondi:
comparaison du coût définitif par rapport au devis.
- En cas de non respect des conditions initiales, le dossier peut être réexaminé par la
commission dagrément qui peut décider dun abattement sur le soutien
financier généré par lexploitation du film.
Une
réglementation datant des années 1960, modifiée sur des points mineurs en 1989 et 1992,
ne correspondant plus au marché
- Le développement des coproductions internationales a rendu complexe la procédure
dagrément.
- Le pourcentage de coproductions, par rapport au total des films agréés, est passé de
28% en 1986 à 47% en 1995, partagé à égalité entre majoritaire et minoritaire
française.
- Cette politique deuropéanisation de la production a été encouragée par les
pouvoirs publics avec en particulier, la création du fonds ECO à destination de
lEurope orientale et centrale, du fonds européen Eurimages (dont la France est le
principal contributeur), par la signature avec lAngleterre, lItalie et
lEspagne daccords de coproduction financière qui ouvre laccès aux
aides françaises sans contraintes dapport artistique et technique mais sous
réserve de réciprocité.
- Le développement des accords de coproduction a permis à des films majoritairement
italiens un cumul des aides italiennes et françaises.
- La complexité des coproductions internationales et leur importance en nombre ont rendu
opaque la jurisprudence de la commission dagrément et de
ladministration." Chaque coproduction posant un problème nouveau, il
faut perpétuellement interpréter les textes pour essayer de les faire coller au
réel ".
- Le contrôle sur les devis est resté de pure forme.
- Le devis nest pas souvent fiable, en particulier parce que les producteurs sont
tentés de les " augmenter artificiellement " afin
daccroître leffort des diffuseurs en pré-achat ou investissement.
- Dans le cadre de coproductions, l" abondance " des
financements disponibles en France confrontée à la " rareté " des
financements disponibles dans certains pays oblige les producteurs français à accroître
artificiellement la part des coproducteurs étrangers afin datteindre les 20%
exigés par les traités dans le cas de coproductions majoritaires françaises. Par
exemple, le producteur français " oublie " de mentionner les
pré-achats de Canal+ dans le plan de financement.
- Les apports des coproducteurs étrangers sont difficilement vérifiables.
- Il sensuit que la fiabilité financière des films est purement fictive, même si
ladministration du CNC dépense une énergie considérable à obtenir du producteur
délégué le maximum déléments dappréciation.
- Le nombre des bénéficiaires du soutien à la production sest concentré
- Une dizaine de sociétés, Gaumont, UGC Images, Téléma, Studio Canal+, Films A. Sarde,
Productions Lazennec, MK2 Production, TF1 films production, France 2 Cinéma, France 3
Cinéma, ont mobilisé 63% du soutien automatique à la production.
- Une trentaine de sociétés ont mobilisé 30% du montant du soutien et 60 sociétés les
7% restant.
- Labsence de définition et de reconnaissance du rôle de producteur délégué
favorise les producteurs " financiers ".
- En effet, cest le producteur délégué qui assume la réalité de loeuvre
ainsi que la réalité du montage juridique et financier souvent complexe de la
production, tandis que les textes actuels de lagrément ne lui réservent aucun
avantage spécifique.
- Ainsi comme tout producteur, les filiales cinéma des diffuseurs peuvent bénéficier
des majorations de réinvestissement en France et des majorations studio au même titre
que le producteur délégué.
Une réforme
importante de la procédure dagrément, entreprise par le CNC
- Cette réforme, définie suite aux conclusions du rapport Bonnell-Mennegoz, doit
recueillir préalablement laval de la Direction Générale de la concurrence de la
Commission européenne (DG IV).
- Les principes retenus dans cette réforme ont pour objectifs principaux de rendre plus
transparents les critères déligibilité et de recentrer le soutien sur des
critères de dépenses en France. Cette réforme prévoit :
- labaissement du seuil minimal à 10% (contre 20% actuellement) dans le cadre de
coproductions financières afin déviter de maintenir des exigences réglementaires
incompatibles avec la réalité. Cette mesure concerne dans un premier temps
lEspagne et lItalie ;
- laccès au soutien devient variable selon une grille de points pondérée par des
coefficients tenant compte de laspect français et européen du film sur une liste
de critères (langue, producteur, réalisateur, techniciens, etc.). Pour le réalisateur,
sil est européen, le contrat de travail doit être de droit français afin
dêtre crédité du nombre de points correspondants. La grille de points est
calculée sur une échelle de 100 points :
- pour moins de 25 points, pas daccès au soutien ;
- entre 25 et 80 points, le soutien généré est proportionnel au nombre de points ;
- entre 80 et 100 points, le soutien généré est de 100% ;
- le maintien des majorations afin de favoriser lutilisation de studios français.
Les majorations concernant les industries techniques (son et image) nont pas été
acceptées par la Commission européenne ;
- le renforcement du contrôle des devis a posteriori, lorsque le film est terminé afin
déviter des contrôles inutiles sur les devis ;
- une meilleure prise en compte du rôle exercé par le producteur délégué grâce à la
reconnaissance dans les textes de cette fonction. De plus, le soutien généré par la
part antenne (droit de diffusion) est supprimé pour les filiales cinéma des diffuseurs.
Cependant, les diffuseurs vont continuer de bénéficier des majorations au même titre
que le producteur délégué.
- En revanche le CNC, na pas plafonné ni rendu dégressif le montant du soutien
généré par un film, afin de conserver au mécanisme sa neutralité par rapport au
succès commercial et dencourager lexploitation de films à succès.
- De même, il na pas retenu la possibilité de générer un soutien à la
production pour les filiales de producteurs non européens (principalement américains),
même en cas de film compatible avec les contraintes de lagrément, cest à
dire tournés en français, en France par un réalisateur français avec des acteurs
français principalement.
- Cette mesure concernait plus précisément la filiale française de Warner qui
sest lancée dans la production de films français avec La classe de neige de
Claude Miller (Prix du Jury du Festival de Cannes), Comme une bête de Patrice
Schulman, ainsi que le prochain film de Cédric Klapisch.
- Pourtant, linternationalisation des marchés rend nécessaires les relations de
coopération avec les firmes non européennes. De plus, lattraction de capitaux
étrangers dans la production de films français doit compenser les investissements
français dans la production étrangère (Studio Canal+, Pathé, etc.).
- Ainsi 27,7% des entrées réalisées par les films français en Allemagne ont fait
lobjet dune distribution par la filiale allemande de Warner en 1996.
- 22% des entrées réalisées par les films français en Espagne ont fait lobjet
dune distribution par la filiale espagnole de Buena Vista (Disney) en 1996.
- On constate en définitive que lagrément bien quayant fait lobjet de
modifications très importantes, reste centré sur la France.
- Une option plus radicale visant à procéder à une ouverture européenne plus complète
na pas été retenue, en particulier sur recommandation des professionnels.
- Cette mesure aurait consisté à ouvrir la génération du soutien à tous les films
européens exploités en France, même sans coproducteur français, en réservant
toutefois la mobilisation de ce soutien aux seuls films tournés en France et en
français.
- Elle reste difficile à mettre en place, car elle dépend en partie de la possibilité
pour la France dobtenir en réciprocité un traitement égal de la part des pays de
lUnion ayant mis en place des aides nationales et être conforme aux possibilités
offertes par le traité dAmsterdam concernant la mise en place de politiques
communes à un nombre restreint de pays de lUnion.
- Le risque principal dune telle mesure aurait été que la mobilisation du soutien
généré par les films européens soit concentrée sur un petit nombre de films
français, diminuant ainsi les possibilités de financement pour un grand nombre de films
et restreignant le nombre de films français produits.
- Afin de limiter ce risque, des mesures techniques complémentaires devraient être
étudiées, telles que le plafonnement, en pourcentage du budget, de la mobilisation pour
chaque film du fonds de soutien ou telles que la réalisation détudes économiques
complémentaires visant à mieux quantifier ce risque.
- A terme, compte tenu de laccélération de linternationalisation à la fois
des marchés, des investissements en production et du capital des sociétés, il apparaît
quune telle option ne puisse être évaluée que dans le cadre dun objectif
visant à accroître substantiellement la place de la France dans la production et la
diffusion de films français en Europe.
Outre la réforme de lagrément, le CNC a procédé à une
modification du soutien automatique à lexploitation.
Le soutien à
lexploitation, destiné à financer les travaux déquipement et de
modernisation ainsi que les créations de salles
- En 1997, 293 MF ont été distribués au titre de ce soutien. Le total des sommes
versées aux exploitants représente 48% du montant des travaux acceptés.
- Les recettes perçues aux guichets des salles de cinéma génèrent, avant réforme, une
allocation de soutien financier automatique proportionnelle au montant de la taxe
encaissée sur le prix du billet et calculée sur une base dégressive (30% taux minimum).
Lavantage
offert aux complexes constitués de plusieurs salles
- Le soutien automatique à lexploitation calculé salle par salle favorise les
complexes de petites salles et pénalise les grandes salles.
- La réforme actuellement en cours a pour but de corriger ce fonctionnement en instaurant
un coefficient assurant une dégressivité du soutien automatique en fonction, du nombre
de salles, rééquilibrant ainsi laide aux grandes salles.
- Le soutien automatique permet de plus aux groupes possédant plusieurs salles de
mobiliser leur soutien sur une seule opération, tandis que les salles indépendantes ne
peuvent bénéficier de cette possibilité.
La remise en
cause de la légitimité de laugmentation du soutien automatique, par le
développement des multiplexes
- Les multiplexes voient progresser de façon très importante leurs poids dans
lexploitation. En 1996, les entrées générées par les multiplexes représentaient
14,9 millions, soit 10,8% du total des entrées en France, mais en 1997, elles
représentaient 25,9 millions (+11 millions), soit 17% du total des entrées en France.
- On constate une augmentation importante des investissements liés à la création de
salles dans le cadre de multiplexes.
- En 1997, 185 écrans nouveaux ont été créés, dont 75%, soit 138 salles appartiennent
à des multiplexes. Sur les 11 nouveaux multiplexes créés en 1997, 8 appartiennent à
UGC, Gaumont ou Pathé, représentant 55% des écrans créés soit 100 et 72% des écrans
créés par les multiplexes.
- Les investissements dans lexploitation, hors fonciers et activité annexes (vente
de glaces, etc.), ont progressé de 427 MF en 1994 à 814 MF en 1997 , soit une
augmentation de 90% sur 3 ans.
- Dans le même temps, le soutien automatique à lexploitation a progressé de 251
MF en 1995 à 293 MF en 1997.
- Sur deux ans, laugmentation du soutien automatique est importante et correspond à
17%, soit 42 MF représentant un montant presque équivalent à la totalité du soutien
sélectif à lexploitation (48 MF en 1997).
- Cette augmentation du soutien automatique à lexploitation est générée par
laccroissement du parc de multiplexes qui alimente une augmentation de la
fréquentation et donc des revenus de la TSA sur lesquels ce soutien est assis.
- Ainsi, le soutien automatique à lexploitation génère sa propre augmentation,
dans un secteur concurrentiel. Il accélère le développement de louverture des
multiplexes et peut aboutir à des distorsions de concurrence. Il en va autrement du
soutien automatique à la production, fondé sur les oeuvres et la création.
- Le Ministère de la Culture souhaite cependant prendre dès 1998 des mesures permettant
dabaisser le seuil dautorisation de création de nouveaux multiplexes de
1 500 à 1 000 fauteuils et le seuil concernant lextension de salles
existantes de 2 000 à 1 500 fauteuils.
- Le soutien automatique à lexploitation ne contribue que partiellement au
développement du nombre dentrées des films français (34,5% de part de marché).
Laide
sélective à lexploitation permet actuellement daider un nombre significatif
de salles de 1 ou 2 écrans
- Pour ce qui concerne le soutien sélectif à lexploitation, une aide à la
création et à la modernisation de salles permet dattribuer des subventions pour
favoriser la création et la modernisation de salles principalement dans les zones rurales
et à la périphérie des grandes villes.
- 1 888 salles sont constituées par des établissements possédant un seul écran ou deux
écrans, représentant 40% des 4 655 salles actives en France.
- Le montant de laide sélective à lexploitation est passé de 40 MF en 1995
à 48 MF en 1997, concernant 197 écrans en 1997 et 212 écrans en 1996.
- Ainsi chaque année, laide sélective actuelle est significative car elle concerne
10% des écrans appartenant à des établissements constitués par une ou deux salles.
Des modifications en cours visant à rendre plus sélective lavance
sur recettes
Lavance
sur recettes, principale aide sélective à la production
- Lavance sur recettes, instituée en 1959, constitue une aide sans intérêt,
remboursable en fonction des résultats dexploitation.
- Cette aide est accordée principalement en fonction du scénario, sur décision d'une
commission composée de professionnels. Laide peut être accordée, quoique plus
rarement, après réalisation.
- Les professionnels recherchent l'avance sur recettes non seulement car elle constitue
une aide financière mais également car elle constitue une reconnaissance et une caution
culturelle qui peut déclencher plus facilement dautres financements (Canal+ en
particulier) ou une distribution en salles.
- Cette aide dun montant total de 147 millions de francs en 1997, est financée
grâce au fonds de soutien.
- Entre 1988 et 1997, le montant moyen annuel global de laide est de 103,5 MF.
- Il est passé de 99,5 MF en 1996 à 147 MF en 1997 (+48%).
Laide
est octroyée sans tenir compte du potentiel commercial du film ni du budget du film
- La sélection étant fondée sur la lecture du scénario, laide est accordée sur
des critères culturels aussi bien à des premier films quà des films de
réalisateurs prestigieux.
- Ainsi en 1996, une avance sur recette de 2,2 MF a été accordée au film La vie de
Jésus de Bruno Dumont représentant 26% du budget total du film de 8,4 MF. Sur 36
films dinitiative française ayant reçu lavance sur recettes, 16 films (45%)
étaient des premiers films. Dans le même temps, une avance de 5 MF était accordée
à Lucie Aubrac de Claude Berri coproduit par TF1, représentant 3,6% du budget
total du film (140 MF).
- Le montant moyen par film de laide est de 2,4 MF.
- L'aide se situe principalement entre 1,8 MF et 3 MF selon les films. Lavance sur
recette représente en moyenne 11,5% du devis des films concernés.
- Environ 52 films par an bénéficient de l'avance sur recettes.
- En 1997, 71 films ont bénéficié de cette aide, dont 16 sur une sélection après
réalisation pour un montant total de 7,2 MF.
- Suivant les années, entre 35% et 40% des films dinitiative française produits
ont bénéficié de lavance sur recettes.
- En 1996, 36 films dinitiative française sur 104 en ont bénéficié (35%).
- En 1997, 54 films dinitiative française sur 125 en ont bénéficié (43%).
- Les remboursements restent très faibles, de lordre de 10 MF par an, soit moins de
10% du montant total de laide.
Le CNC a
entrepris de modifier les critères dattribution de lavance sur recettes
- Le CNC souhaite dès 1998, augmenter la sélectivité de laide et sélectionner
moins de films, afin de leur attribuer un montant moyen daide par film plus
important, soit 2,8 MF à 3 MF par film.
- Le CNC souhaite privilégier les films d'auteur et être plus restrictif concernant les
films à potentiel commercial, afin de concentrer laide sur les films qui en ont
réellement besoin.
- Afin de responsabiliser les producteurs au remboursement de laide, les
remboursements effectués viendront augmenter le budget total de l'avance. Il sera ainsi
possible daider un plus grand nombre de films ou daugmenter le montant moyen
de laide.
Un renforcement des aides à lécriture
Une meilleure
prise en compte, au niveau des aides du CNC, de la nécessité daméliorer la
qualité des scénarios
- La qualité des scénarios reste lun des points faibles de la production en
France.
- Les filiales des chaînes de télévision souhaiteraient que les producteurs accordent
plus dattention à la qualité des scénarios.
- Les scénaristes ne reçoivent pas une reconnaissance suffisante de leur travail (ils
sont souvent absents des documents de promotion).
- Pour de nombreux observateurs, cest au contraire la qualité des scénarios qui
est à lorigine des meilleurs films et qui permet au cinéma américain de
simposer.
- Depuis 1993, le CNC a mis en place une aide au développement de projets de films de
long métrage afin de permettre aux producteurs daccorder plus dattention au
travail décriture. En 1996, 31 sociétés ont reçu cette aide pour un montant de
7,2 MF, contre seulement 24 sociétés pour un montant de 4,8 MF en 1997.
Les
procédures sélectives nécessitent une définition de critères de sélection qui soient
transparents
- En complément de laide au développement de projet, le CNC a attribué en 1997,
afin daméliorer la qualité des scénarios, 38 aides à la réécriture, pour un
montant de 7 MF.
- De plus, à linitiative du CNC a été créé en 1998, latelier
" Scénario ", consacré à lécriture des premiers et seconds
films.
- " Scénario " doit associer auteurs et producteurs et dispenser une
formation professionnelle spécifique en collaboration avec les écoles et les centres de
formation européens.
- Pour certains producteurs interrogés, les critères de sélectivité ne sont pas
suffisamment transparents.
Une politique à
lexportation confiée traditionnellement à Unifrance Film International
Louverture
de la production vers les marchés internationaux est devenue lun des principaux
enjeux de la profession
- La part de marché des films français en France reste stable depuis 1988, à 35% (entre
28% et 39,1%).
- La coproduction avec des partenaires étrangers concerne à présent un film français
sur deux, soit 77 films en 1997, avec pour principaux partenaires lItalie et
lEspagne ainsi que la Suisse et la Belgique.
- Les apports étrangers au financement des films dinitiative française ne cessent
de diminuer : ils sont passés de 20% du budget des films en 1991 à 9,8% en 1997.
- Ceci s explique dune part par la plus grande facilité pour les
producteurs à trouver des financements nationaux, mais également par la diminution des
" à valoir " de distribution provenant de létranger,
traduisant un faible intérêt des distributeurs étrangers pour les films français.
- Un remontée de ce taux est nécessaire, afin danticiper la décroissance relative
de lapport des chaînes de télévision dans la production. Dans un contexte de
forte augmentation des investissements en production (+35% entre 1996 et 1997 pour un
total de 3,4 milliards de francs), les chaînes nont pas augmenté leurs
investissements dans les mêmes proportions, ce qui sest traduit par une diminution
de leurs apports en coproduction et pré-achat de 42% des devis en 1996 à 36% en 1997.
- Dans ce contexte daugmentation des investissements, les recettes guichet en France
nont augmenté que de 13,5% en deux ans, rendant nécessaire un amortissement plus
fort sur les recettes provenant des marchés internationaux.
- Cependant les recettes dexportation (hors réexportation de films étrangers)
restent tendantiellement stables depuis 1988, entre 350 MF et 400 MF.
- On constate enfin le développement de la production de films dinitiative
française tournés en anglais et ayant pour vocation un amortissement sur les marchés
étrangers.
- Le " Cinquième élément " produit par Gaumont a réalisé
7,5 millions dentrées en France, réalisant la meilleure performance du cinéma en
1997 pour les entrées en salles.
- Les performances à lexport de ce film ont été réalisées sans soutien
dUnifrance et grâce à la prise en charge de Sony pour la distribution aux
Etats-Unis.
Unifrance,
une structure autonome gérée par les professionnels
- Fondée en 1949, Unifrance est régie par le régime des associations de type "Loi
de 1901" et regroupe les producteurs, les réalisateurs, les acteurs, les
exportateurs, ainsi que le CNC.
- Lassociation est présidée par un producteur de films de long métrage et
administrée par un comité directeur qui nomme le délégué général de
lassociation qui est chargé de la gestion quotidienne de lassociation.
- Le directeur général du CNC est membre de plein droit dUnifrance.
Une mission
principale consacrée à la recherche d'information et à l'accompagnement des entreprises
à l'exportation
- Unifrance assure la promotion et aide à la diffusion à létranger des films
français ayant reçu lagrément et pour cela est chargé des actions visant
à :
- organiser en France ou à létranger les manifestations permettant détendre
le prestige et le renom de la production de films français ;
- recueillir toutes informations sur les marchés audiovisuels étrangers ;
- fournir aux professionnels étrangers tous renseignements utiles et de les assister dans
la promotion et la diffusion du cinéma français.
- Unifrance nintervient pas dans la commercialisation directe des films.
Afin
d'accomplir ces missions principales, Unifrance exerce trois métiers
- Un métier de société de services pour le compte de ses membres
- Réalisation de stands collectifs français pour certains festivals : Berlin, AFM (Los
Angeles), MIFED ( Milan), ainsi que le MIP TV.
- Centralisation des recueils dinformations sur les résultats de diffusion des
films français à létranger dans les salles et à la TV sur 100 chaînes dans 25
pays.
- Aide au sous-titrage.
- Financement de voyages dartistes à létranger afin de soutenir le lancement
dun film à létranger.
- Ces actions concernent en France les 10 principaux exportateurs et de façon plus
occasionnelle les 80 producteurs français, et à létranger 500 à 600 acheteurs.
- Un métier dagence de publicité
- En particulier, dans le but de vendre le cinéma français dans le cadre de festivals
internationaux.
- Unifrance favorise la couverture médiatique grâce à un travail régulier auprès de
la presse étrangère.
- Le résultat de ce type dactions reste difficilement mesurable.
- Un métier de production dévénements
- Laction d'Unifrance sest portée sur la réalisation de festivals
spécialisés dans la promotion du cinéma français : Sarasota aux Etats-Unis
(action commencée en 1989 et arrêtée en 1995),Yokohama (Japon), Acapulco (Mexique).
Unifrance a
stoppé son activité d'achats de droits
- Unifrance avait créé en 1990, un GIE " France Cinéma Diffusion "
(FCD) qui était en charge de lachat de droits et de la commercialisation de ces
droits sur les marchés internationaux.
- Lobjectif de FCD était de favoriser la diffusion des films français dans les
pays ou pour des raisons économiques (coûts des droits et du matériel), un accès
normal par les professionnels était difficile. Ces pays étaient principalement
constitués par les pays en développement et par certains pays à revenus intermédiaires
comme le Brésil et le Mexique.
- Initialement FCD avait pour objectif dacheter des droits sur certains pays
dAfrique, dAsie, et dAmérique Latine des 15 films français jugés
suivant certains critères (résultats " salles " en France, prix)
comme les plus représentatifs du cinéma français.
- Le prix unique était fixé à 350 000 francs par film pour une durée de 5 ans.
- Le budget du GIE reposait sur une subvention denviron 5 MF du CNC et de 1 MF du
Ministère des Affaires Etrangères. Il était prévu que les aides publiques ne devaient,
au bout de trois ans, représenter quune fraction en régression progressive de ses
ressources car lobjectif visé était de relancer les échanges commerciaux et non
de pérenniser une diffusion subventionnée des films.
- Ce GIE na pas fonctionné car la création dun catalogue sest
révélée coûteuse et sest périmée assez vite, rendant difficile
laugmentation des recettes liées au ventes.
- Il est préférable de limiter les actions de diffusion à un petit nombre de
territoires sur lesquels existent des intérêts professionnels des distributeurs et
diffuseurs TV. Sur les pays à faible potentiel commercial, laide relève plus de la
coopération culturelle gérée par le Ministère des Affaires Etrangères.
- Selon les dirigeants d'Unifrance il sest avéré préférable dimpliquer les
entreprises et déviter que le GIE soit lui même détenteur de droits. Il est
préférable de ne pas se substituer aux entreprises en achetant des droits pour les
revendre.
- Actuellement cette activité est en sommeil. Cependant sur certains pays difficiles,
comme par exemple la Russie, Unifrance réfléchit à une formule daide et
daccompagnement des entreprises plus efficace.
Le budget
dUnifrance provient principalement du CNC
- Le budget d'Unifrance est de 60 MF, dont 40 MF en programmes et 20 MF en fonctionnement.
- Ce budget est financé essentiellement par le CNC à hauteur de 49 MF (80%) et par des
recettes propres à hauteur de 12 MF (20%).
- Le budget d'Unifrance est en déficit depuis 1993, atteignant un déficit cumulé total
de 5,8 MF avec un objectif actuel déquilibre en 1998.
Des
résultats qui restent modestes malgré les efforts financiers consentis
- On constate une forte augmentation du budget d'Unifrance dans les dernières années.
- Passé de 10 MF en 1980 à 19 MF en 1985, le montant du budget alloué à Unifrance n'a
pas varié jusqu'en 1989.
- A partir de 1990, il s'est fortement accru, principalement du fait de la création du
GIE "France Cinéma diffusion" (FCD), pour atteindre 31,5 MF en 1994, soit 60%
d'augmentation en 5 ans.
- Entre 1994 et 1997, les subventions accordées par le CNC ont progressé à nouveau de
55% en 3 ans.
- Entre 1989 et 1997, la moyenne annuelle de progression des subventions accordées par le
CNC a été de 18%.
- Le budget d'Unifrance (subventions et ressources propres mais hors FCD) est passé de 28
MF en 1990 à 58 MF en 1997 (+107%).
- Depuis 1995, les dépenses de fonctionnement représentent 35%, soit 19,4 MF en 1997 du
budget total d'Unifrance et 65% pour les dépenses de programmes, soit 38,4 MF en 1997.
Evolution des subventions du CNC versées à Unifrance
(en MF) |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Subventions + Budget CNC |
19,8 |
25,5 |
32,2 |
29 |
28 |
31,5 |
36,3 |
42,4 |
49 |
Evolution |
|
+29% |
+26% |
-10% |
-3% |
+12% |
+15% |
+17% |
+15% |
Sources : CNC et Unifrance
- Cependant, les performances globales du cinéma français à l'étranger restent
faibles.
- Les films français représentent 3% du marché mondial pour ce qui concerne les salles,
- et 7% des téléspectateurs tous films confondus pour ce qui concerne la télévision.)
- La réexportation de films étrangers progresse plus vite que l'exportation de films
français et correspond en 1996 à 39% du CA export des films français soit, 256 MF sur
un total export de 660 MF.
- en 1990, sur un total de CA export de 460 MF, la réexportation de films étrangers
était de 65 MF, représentant seulement 14% du total.
- entre 1990 et 1996, le CA export des films français est passé de 395 MF à 404 MF soit
une quasi-stagnation, tandis que la réexportation de films étrangers est passée de 65
MF à 256 MF soit un quadruplement en 6 ans.
- D'une façon générale, le résultat des ventes TV reste meilleur que les ventes
salles.
- Ainsi la mesure de l'audience des films français sur les télévisions européennes
indique une progression de 600 millions de téléspectateurs sur les principales chaînes
de TV en 1995 à 650 millions en 1996 (+9%).
- En Allemagne, on constate une progression des ventes TV et une perte sur le marché
salle.
- Au Royaume-Uni, la diffusion en salles reste très difficile.
- L'évolution du nombre de films français sortis à l'étranger au mieux stagne et dans
certains pays régresse entre 1995 et 1996.
- En Espagne le nombre de films sortis régresse de 41 à 37, en Italie de 33 à 31.
- Au Royaume-Uni, il stagne à 30 films.
- L'Allemagne fait cependant exception avec une progression de 22 à 35 films entre 1995
et 1996.
- Le nombre de spectateurs de films français dans les principaux pays européens
régresse entre 1995 et 1996.
- Sur les quatre principaux pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, UK), le nombre de
spectateurs régresse de 9% et passe de 13,53 millions en 1995 à 12,53 millions en 1996
après avoir augmenté de 30% entre 1994 et 1995.
- La régression est particulièrement importante en Italie (-45%) tandis que l'Allemagne
a gagné près de 1 million de spectateurs entre 1995 et 1996.
Evolution du nombre de spectateurs des films de production françaises
(en millions) |
Allemagne |
Espagne |
UK |
Italie |
Total |
1994 |
2,91 |
2,81 |
1,91 |
2,67 |
10,3 |
1995 |
2,73 |
3,97 |
2,81 |
4,02 |
13,53 |
1996 |
3,69 |
4,01 |
2,41 |
2,22 |
12,33 |
Source : Unifrance
- La part de marché des films français régresse dans trois pays sur quatre, parmi les
principaux partenaires de la France.
- La part de marché maximum pour les films français dans ces quatre pays est de 4%
(Espagne). Par comparaison les films britanniques ont réalisé 7% de part de marché en
France en 1997.
- La fourchette de part de marché dans ces quatre pays est passée de 2,3%-4,1% en 1995
à 1,9%-3,9% en 1996, traduisant une diminution de la pénétration moyenne des films
français.
Part de marché des films français
(en %) |
Allemagne |
Espagne |
Royaume-Uni |
Italie |
1995 |
2,3% |
4,1% |
2,4% |
3,4% |
1996 |
2,8% |
3,9% |
1,9% |
1,5% |
Ecart |
+0,5% |
-0,2% |
-0,5% |
-1,9% |
Source : Unifrance
Des actions
prioritaires insuffisamment tournées vers les principaux marchés d'exportation
- Avec 58% du CA export et 56% des entrées (y compris Europe de l'Est) l'Europe demeure
en 1996 de très loin le premier client du cinéma français.
- Cependant les actions concernant la réalisation de festivals ont été orientées
d'abord sur les Etats-Unis (Festival de Sarasota), puis sur le Japon (Festival de
Yokohama), puis récemment sur l'Amérique du Sud (Festival d'Acapulco).
- Le festival de Sarasota après six ans d'activité a été abandonné, car ne produisant
pas les résultats espérés aux Etats-Unis.
- Le festival d'Acapulco créé en 1997, vise à positionner les films français sur un
marché en devenir, mais dont le potentiel actuel de lAmérique Latine reste faible
(2% des ventes export).
- Le festival de Yokohama reste positionné sur un marché d'exportation non négligeable
(9,7% des ventes export), en progression constante depuis plusieurs années, mais mobilise
pour Unifrance des moyens budgétaires importants, soit 5,5 MF ce qui représente 21 % des
subventions accordées par le CNC non affectées aux dépenses de fonctionnement en 1996
(soit 26 MF sur un total de subventions de 42,4 MF en 1996).
- Plus généralement, l'impact réel des festivals à l'étranger créés par Unifrance
reste difficile à évaluer. Cet aspect des choses a été soulevé dès 1994 par le CNC
dans un rapport au Ministre de la Culture. Ces actions ont représenté en 1997 une
mobilisation de 9 MF, soit 35% des subventions du CNC consacrées aux dépenses de
programmes d'Unifrance (soit hors dépenses de fonctionnement).
- Jusqu'en 1995, les moyens d'intervention dUnifrance ont été faiblement
mobilisés sur des actions concernant l'Europe de l'Ouest.
- Seulement 27%, des moyens d'intervention ont concerné des actions sur l'Europe
occidentale en 1995, soit un volume d'intervention inférieur à l'Asie (29%) et
sensiblement égal à l'Amérique du Nord (25%).
- Malgré le rééquilibrage opéré en faveur de l'Europe occidentale en 1997, cette zone
géographique ne recueille qu'un tiers des moyens d'intervention en 1997 (35%).
Evolution de la répartition géographique des moyens d'intervention
(en %) |
Europe occidentale |
Europe de l'Est |
Amérique du Nord |
Amérique du Sud |
Asie |
Autres |
1995 |
27% |
8% |
25% |
8% |
29% |
3% |
1997 |
35% |
9% |
22% |
11% |
21% |
2% |
Evolution |
+8% |
+1% |
-3% |
+3% |
-8% |
-1% |
Source : Unifrance
Un contrôle
du CNC sur Unifrance essentiellement budgétaire
- Dans la structure actuelle d'Unifrance, le CNC, même s'il participe à leur
élaboration, ne détermine pas ses actions, mais les finance à travers principalement
les fonds prélevés sur le compte de soutien.
- En vertu des statuts, le directeur général du CNC exerce auprès d'Unifrance les
pouvoirs de Commissaire du gouvernement et les délibérations du Comité directeur ne
peuvent être exécutés qu'avec son accord. Cependant, depuis la création d'Unifrance,
ce droit de veto n'a jamais été exercé.
- Bien qu'identifiée dès 1994 par le CNC,comme une zone géographique prioritaire,
l'Europe n'a commencé de bénéficier d'une réorientation vers ce marché des moyens
d'intervention d'Unifrance qu'à partir de 1996.
- Les demandes effectuées par le CNC à Unifrance de réformes de programmes ou de
structures se sont avérées difficiles à réaliser :
- Les suppressions des délégations d'Unifrance à New-York et à Munich avaient été
décidées pour 1998 sur demande du CNC afin de rétablir l'équilibre budgétaire de la
structure. Cependant, sous la pression d'une pétition adressée au Ministre par des
artistes, cette mesure a finalement été annulée.
- On constate que depuis 1994, l'existence des délégations à l'étranger est remise en
cause par le CNC sans qu'une décision ne puisse être mise en application.
- Malgré plusieurs interventions du CNC, Unifrance a continué de présenter des budgets
en déficit malgré une augmentation constante des subventions accordées. Ces déficits
tiennent essentiellement à l'organisation des manifestations à l'étranger qui
présentent des risques d'engagements de dépenses supérieures aux prévisions.
- Ainsi dans le rapport de juin 1994 au Ministre de la Culture, le CNC notait " Les
moyens financiers et aussi humains de l'association sont maintenant essentiellement
mobilisés pour Sarasota et pour Yokohama. /...../ Cette concentration s'est accompagnée
d'une dérive financière du fait des risques d'impasse présentés par des manifestations
lourdes à l'étranger mais aussi de l'absence d'un véritable contrôle de gestion
interne comme de transparence à l'égard de la tutelle sur les budgets
prévisionnels".
- Sarasota a finalement été abandonné en 1996, mais pour être remplacé en 1997 par le
Festival d'Acapulco avec les mêmes risques de dérives financières.
- Le budget a été déficitaire à nouveau pour l'année 1997 et le déficit cumulé est
de 5,8 millions de francs à fin 1997.
- La création du GIE "France Cinéma Diffusion" dont l'objet était
d'acheter des droits pour les revendre sur les marchés étrangers s'est avérée être
une impasse coûteuse et mal maîtrisée ainsi que le notait le CNC dans le rapport de
juin 1994 " FCD s'est lancé dans une politique de prospection très ouverte, mais
manquant de réalisme eu égard aux moyens budgétaires comme aux situations locales
rencontrées, et menée d'une façon insuffisamment rigoureuse, sans véritables études
de marchés préalables".
- Dans l'organisation actuelle, l'intervention du CNC consiste principalement à demander
à Unifrance une gestion équilibrée de ses comptes, mais sans volonté d'intervention
sur les priorités d'actions à mettre en oeuvre.
- Le choix des actions est laissé aux professionnels.
- Il apparaît néanmoins que la complexité des actions à mettre en oeuvre concernant
l'exportation ainsi que leur nécessité afin d'assurer une meilleure présence à long
terme des films français sur les principaux marchés étrangers rend nécessaire une
impulsion directe plus forte des pouvoirs publics sur la détermination et la mise en
oeuvre des actions destinées à faciliter l'exportation des films français.
- Certains producteurs français portent un regard critique sur les actions
dUnifrance
- Certains professionnels ont exprimé leur souhait que les actions dUnifrance se
concentrent plus sur la création de réseaux pan-européens de distributeurs afin
daméliorer leur connaissance des circuits européens de distribution et les rendre
plus facilement accessibles aux producteurs indépendants.
Une aide à lexpansion des films à létranger qui reste
faible
Laide
à lexpansion des films français à létranger gérée par le CNC est
destinée principalement aux producteurs français
- Le CNC a mis en place depuis 1995 une procédure permettant aux producteurs français de
mobiliser leur soutien automatique pour financer en tout ou en partie la réalisation de
supports de prospection (plaquette commerciale, bande de démonstration, dossier de presse
électronique, etc.) et de doublage.
- Depuis 1996, le CNC a mis en place un soutien sous forme dune aide financière
correspondant à 50% du coût de création des supports de prospection à létranger
dans la limite dun plafond fixé pour chaque support.
- Seuls les films français ayant reçu lagrément et sortis depuis moins de 6 mois
en France sont éligibles.
- Seuls les producteurs apportant, solidairement avec le mandataire en charge des ventes
internationales, la preuve que le film est inscrit à au moins deux des marchés
principaux, Cannes, Mifed, AFM et Berlin, peuvent en bénéficier.
- En complément de cette aide, un distributeur étranger dun film français peut
recevoir une aide à la distribution dont le montant dépend du plan de sortie du film.
- Laccord préalable du producteur est nécessaire.
- Une priorité est accordée pour les distributeurs de lAllemagne, lItalie,
la Grande-Bretagne, lEspagne et le Québec.
- Enfin une aide peut être attribuée à un producteur français sur la base dun
programme global présentant les actions de promotion à létranger quil
envisage dentreprendre. Sont éligibles :
- lorganisation de tournées dartistes dans plusieurs pays ;
- linvitation en France de journalistes étrangers ;
- le doublage ;
- le soutien auprès dun distributeur.
Un faible
intérêt des producteurs pour les procédures daides à lexportation
- Laide à la distribution des films français à létranger représente
lessentiel de laide accordée, mais ne concerne encore quun nombre
limité de distributeurs étrangers.
- Laide aux distributeurs, malgré son réel intérêt, nest sollicitée que
par un faible nombre de producteurs. Aussi, ceci semble traduire le manque de motivation
des producteurs pour lexportation.
- Laide à la distribution a représenté 3,8 millions de francs en 1997, répartis
sur 23 distributeurs étrangers, représentant environ 1 million dentrées à
létranger.
- Laide moyenne par distributeur est de 165 000 francs et de moins de 4 francs par
entrée générée, ce qui représente une aide substantielle.
- Elle est orientée principalement (75%) vers les distributeurs des pays prioritaires
(Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne et Québec).
- Laide ne dépasse pas, sauf exception 200 000 francs.
- Cette aide, si elle se développe devra sarticuler avec laide automatique à
la distribution mise en place de façon expérimentale par le programme Media de la
Commission européenne.
- Laide aux supports de prospection a représenté 1 million de francs en 1997 sur
33 films, soit une aide moyenne par film de 30 000 francs.
- Cependant, laide sétale, suivant les films, entre 5 000 et 115 000 francs.
- Elle concerne des petits producteurs ainsi que des producteurs plus importants comme
Ciby 2000 et Les films Alain Sarde.
- Laide globale concernant la mise en place par un producteur dun plan
daction global à létranger na représenté que 500 000 francs en 1997.
Une participation active du CNC à la définition et à la mise en place
des politiques européennes
Eurimages,
un fonds européen d'aide à la coproduction
- Eurimages a été créée en 1988 sur une initiative de la France. Eurimages est un
fonds européen daide à la coproduction, à la distribution et à
lexploitation doeuvres audiovisuelles et cinématographiques européennes
destiné à promouvoir et aider la diversité de la création artistique européenne.
- Laide à la coproduction constitue lactivité principale dEurimages
(97% des budgets de programmes).
- A lorigine, le fonds Eurimages était conçu comme un fonds de soutien entre pays
de niveau économique et de production cinématographique comparable. La chute du mur de
Berlin a modifié cette homogénéité entre les pays, puisque certains pays de
lEurope de lEst sont devenus membres dEurimages, bien que dans le même
temps il ny ait pas eu de modifications substantielles des critères et des
procédures dattribution des aides.
- Au début de 1997, Eurimages comptait 24 pays membres avec pour particularité une
grande diversité des situations en ce qui concerne le niveau de développement et les
capacités de financement de lindustrie cinématographique dans chacun des pays
membres ainsi quune diversité dans lexistence dinstances nationales de
contrôle et de soutien des industries cinématographiques nationales.
- Afin datteindre lobjectif de promotion des échanges et la coopération
entre les pays, la décision relative à loctroi dune aide est soumise à la
condition que le projet de coproduction comporte la participation de trois coproducteurs
de trois pays (procédure tripartite) membre du fonds Eurimages. La décision
dintervention est également subordonnée à lengagement de distribution dans
chacun des trois pays coproducteurs.
- Le coproducteur majoritaire ne peut apporter plus de 70% du coût de la réalisation de
la coproduction.
- Dautre part, la part du coproducteur minoritaire ne peut être inférieure à 10%
du coût total de la coproduction.
- La procédure daide à la coproduction mise en place par Eurimages implique la
présentation dun projet par un groupe de trois coproducteurs de trois pays
différents.
L'objectif
principal de la création d'Eurimages, la circulation des films en Europe et leur sortie
en salles, n'a été que très partiellement atteint
- Un grand nombre de films soutenus ne sortent pas en salle ou ne sortent trop souvent que
dans le pays du coproducteur majoritaire. Ainsi sur 247 longs métrages ayant commencé
leur exploitation commerciale en 1996, il apparaît, sur une base dévaluation
statistique concernant une sortie en salle de plus dune semaine, que :
- 19% des films ont été distribués dans les trois pays coproducteurs ;
- mais 44,6% des films sont sortis dans trois pays pour une durée inférieure à une
semaine :
- 29% des films ont été distribués dans deux des trois pays ;
- 37% des films ont été distribués dans un seul pays, généralement le pays
majoritaire ou dinitiative du film.
- Il en résulte quune minorité de films, moins de 20% des films aidés par
Eurimages atteignent lobjectif visé par le fonds de sortie commerciale dans au
moins trois pays, et quune majorité de films, plus de 35% des films aidés par
Eurimages sont distribués dans un seul pays.
- En effet, l'exigence d'une coproduction tripartite s'est avérée en définitive
irréaliste compte tenu des possibilités faibles de financement existant dans un grand
nombre de pays pour les coproductions minoritaires, surtout pour ce qui concerne les films
à gros budgets.
- Les dossiers de demande de participation sont donc souvent fictifs. Le troisième
coproducteur et dans certains cas, le second sont souvent de complaisance. Certaines
coproductions apparaissant comme officielles lors de lexamen par le Comité de
Direction dEurimages deviennent une fois le films terminé, des films 100%
nationaux.
Des réformes
incomplètes mises en place par Eurimages
- Des réformes ont été rendues nécessaires car laction dEurimages tend
avec le temps à perdre en efficacité. Cette perte defficacité est due
principalement à :
- Une absence de prise en compte des spécificités nationales par les critères
déligibilité et dexamen.
- Un manque de prise en compte par les critères et les procédures des pratiques
professionnelles du secteur.
- Une déficience dans la sélectivité des procédures de soutien :
- le taux de sélectivité de laide à la coproduction sur la période 1989-1996 est
faible et sétablit à 75%,
- cependant à partir de 1994, pratiquement tous les projets qui ont passé le stade de
lexamen de leur éligibilité par le Secrétariat dEurimages ou qui nont
pas été retirés de lordre du jour sont soutenus.
- Depuis le début de 1998, les coproductions bipartites (deux producteurs de deux pays
différents) sont désormais éligibles au soutien d'Eurimages mais à certaines
conditions.
- Les projets doivent être soumis pas des sociétés de production confirmées qui ont
produit durant les cinq dernières années des oeuvres exploitées dans au moins trois
territoires européens.
- Ils doivent pouvoir justifier d'un potentiel de circulation internationale (le critère
retenu étant la confirmation d'une ou plusieurs pré-ventes sur des territoires
européens, pour au moins 5% du budget total).
- Le film devra sortir dans trois des pays partenaires dans les 18 mois suivant sa
première année d'exploitation en salles sinon l'aide sera remboursée.
- La part minoritaire ne peut être inférieure à 20% du budget.
- Cette évolution en faveur des coproductions bipartites, préconisé par le rapport
d'évaluation mené par le BIPE en septembre 1997, reste incomplète et insuffisante.
- Les conditions de soutien aux coproduction bipartites apparaissent trop restrictives et
difficilement applicables, ce qui encourage une nouvelle fois le dépôt de dossier
présentant de "fausses" coproductions.
- Le BIPE avait préconisé dans son rapport une évolution vers la coproduction bipartite
en évitant dexclure un trop grand nombre de producteurs afin daider les
projets qui en ont réellement besoin (ce ne sont pas forcément ceux qui obtiennent des
pré-ventes importantes). Aussi, il était conseillé de ne pas exiger des pré-ventes
trop restrictives.
- Le BIPE avait préconisé en complément de louverture aux coproduction bipartites
et afin daméliorer globalement lefficacité du fonds en sélectionnant des
projets réellement susceptibles de circuler en Europe de modifier complètement la
procédure de sélection en mettant en place un système de scoring (évaluation des
projets ayant pour base un système de notation par points) et un système de lecture de
scénarios qui nont pas été réalisés à ce jour et dont la mise en place
nest pas prévue.
La mise en
place des réformes permettant un meilleur fonctionnement dEurimages reste
nécessaire
- La gestion dun fonds daide à la coproduction internationale à 24 pays rend
les réformes difficiles à réaliser.
- Cependant, la France bénéficie dune position en Europe qui lui permet
dobtenir des autres pays européens de mettre en place les évolutions nécessaires
au bon fonctionnement du fonds :
- La France est le premier contributeur au fonds Eurimages par le biais du CNC avec une
contribution de 28 MF sur un total de 121 MF en 1996 (23%).
- La production française en nombre de films et en montant des investissements en
production est de loin la première parmi les pays membres dEurimages.
- Entre 60 et 70% des films aidés par Eurimages possèdent au moins un coproducteur
français.
- La mise en place dune procédure de lecture de scénarios permettrait de
compléter, et formaliser au travers de la définition dune grille danalyse
des projets portant sur des critères artistiques, la procédure de sélection
actuellement basée essentiellement sur des critères économiques.
- La mise en place dun système de scoring permettrait :
- de mieux prendre en compte les spécificités de chaque pays et en particulier les
possibilités de financement ;
- de formaliser la procédure dexamen ;
- déviter de soutenir des dossiers présentant de " fausses "
coproductions ;
- daccroître la sélectivité de laide ;
- daméliorer lefficacité du fonds et donc permettre une amélioration de la
circulation et une augmentation du taux de remboursement.
Media, un
programme mis en place par la Commission européenne depuis 1991.
- Lancé en janvier 1996, le programme Media II (1996-2000) continue laction de
Media I (1991-1995).
- Il vise à renforcer la compétitivité de lindustrie européenne des programmes
audiovisuels et cinématographiques et à créer un environnement favorable à
lessor des entreprises du secteur.
- Media II sarticule autour de 3 axes prioritaires :
- La formation
- Media soutient des formations initiales ou continues plus particulièrement dans les
domaines de la gestion de la production, de lusage des nouvelles technologies, de la
maîtrise des techniques décriture et de scénario.
- Le développement
- Media apporte une assistance financière et technique pour :
- des projets de films et de programmes audiovisuels, fictions, documentaires, animations,
productions faisant appel aux nouvelles technologies ou valorisant le patrimoine
darchives européens, à condition que ces projets soient présentés par des
sociétés de production indépendantes (intervention sous forme de prêt ne dépassant
pas 50% du budget de développement).
- des entreprises indépendantes susceptibles de se développer dans de nouveaux secteurs
de production ou sur de nouveaux marchés (intervention sous forme de prêts à
concurrence de 50% maximum des investissements).
- des plates-formes industrielles assurant la mise en réseau dentreprises dont les
projets font appel, par exemple à lanimation.
- La distribution
- Media apporte une aide financière à :
- la distribution transnationale des films européens en salles et sur vidéo ;
- la diffusion des programmes télévisés ;
- la promotion des oeuvres audiovisuelles sur les marchés et dans les festivals.
Le soutien à
la distribution constitue une aide complémentaire des aides françaises permettant de
stimuler la distribution de films français en Europe
- Au total, la Commission européenne a identifié que 246 films européens, dont 99 films
français (40%) sont sortis hors de leur pays dorigine totalisant 26,4 millions
dentrées.
- LEspagne (6 millions dentrées), la France (5,5 millions dentrées),
et lAllemagne (4 millions dentrées) sont les pays les plus accueillants pour
les films européens non nationaux.
- Ces trois pays représentent 59% des entrées des films européens non nationaux.
- Avec 10 millions dentrées réalisées en Europe, le cinéma britannique est le
cinéma européen le plus vu en Europe en dehors de son pays dorigine, suivi par le
cinéma français qui en 1997, totalise 8 millions dentrées en Europe.
- En 1997, la France et le Royaume-Uni ont été les principaux bénéficiaires du soutien
automatique à la distribution accordé dans le cadre de Media II.
- la France a généré 31% du soutien accordé pour un total de 2,69 millions dEcu.
- le Royaume-Uni a généré 32% du soutien accordé pour un total de 2,73 millions
dEcu.
- Le renouvellement des salles à létranger lié en particulier au développement
des multiplexes doit être mieux anticipé afin de permettre aux films français de tirer
un avantage des opportunités offertes par laccroissement du nombre décrans.
- la fermeture des salles en Europe a été très longtemps considéré comme le facteur
principal de déclin de la circulation des films français en salles.
- il est à présent nécessaire daccompagner le mouvement inverse constaté.
Media II, un
programme ambitieux mais qui dispose de moyens dintervention limités
- Media dispose de 310 millions dEcu sur 5 ans, soit 62 millions dEcu par an
pour une " couverture " de 17 pays européens et du secteur de la
production TV et cinéma.
- 265 millions dEcu sont consacrés aux programmes concernant le développement et
la distribution.
- 45 millions dEcu sont consacrés au programme concernant la formation (14,5%).
- En 1996 et 1997, un total de 103,5 millions dEcu ont été engagé au titre de
Media II, dont 61 millions dEcu soit 59% pour le programme concernant le soutien à
la distribution.
- A titre de comparaison, le CNC redistribue pour laudiovisuel et le cinéma un
montant denviron 2 milliards de francs (300 millions dEcu) chaque année aux
professionnels en France.
Une aide à
la distribution qui reste trop faible pour avoir un impact suffisant
- Le soutien à la distribution du programme Media II est en phase expérimentale pour
deux ans (96/97).
- Il constitue un soutien automatique à la distribution, car il permet de générer pour
les distributeurs européens de films européens non nationaux (films ENN) une subvention
proportionnelle à leurs résultats en salles, jusquà un plafonnement de 600 000
entrées par pays.
- Cette aide peut être réinvestie dans la distribution ou la production dun film
ENN.
- Le budget de 10 millions dEcu par an pour le soutien automatique cinéma à la
distribution reste insuffisant.
- En 1996, 433 projets ont été soutenus par Média II et 546 projets en 1997 en
augmentation de 25%, représentant une aide financière totale de 61 millions dEcu
pour les deux ans (cinéma et audiovisuel).
- Le soutien automatique cinéma à la distribution reste insuffisant car il permet à
chaque distributeur de films ENN de recevoir en moyenne 2 francs par entrée générée,
ce qui correspond à 7 % du prix du billet au Royaume-Uni et 6% en Allemagne.
- Ce soutien reste insuffisamment incitatif auprès des distributeurs afin quils
élargissent la sortie des films (augmentation du nombre de copies) et prennent plus de
risques (plan de promotion et de publicité plus ambitieux).
Existe-t-il un risque dincompatibilité entre une politique de
soutien à lindustrie et une politique culturelle ?
On constate,
jusque dans les années 1980, une convergence dintérêt entre politique culturelle
et politique industrielle
- Sur cette période, les objectifs de défense du cinéma français et de promotion de la
diversité culturelle convergent avec lobjectif de développement des entreprises du
secteur. Cette convergence est due principalement :
- à une part de marché des films français élevée (autour de 50%),
- à un bon niveau dexportation des films français, en particulier en Allemagne et
en Italie.
Depuis la fin
des années 1980, la défense dune politique culturelle devient plus difficile à
mettre en place
- Les marchés internationaux y compris en Europe de louest et de lest
subissent une domination du cinéma américain.
- Cette domination sest étendue à lItalie et dans une moindre mesure à la
France.
- Les marchés sinternationalisent de plus en plus.
- Les entreprises françaises sinternationalisent : signature daccords de
distribution avec des partenaires étrangers, développement de la coproduction
internationale, développement de projets de multiplexes hors des frontières, etc.
- Les entreprises cherchent à internationaliser leurs films, car elles constatent que les
films internationaux sexportent plus facilement (Exemple : Le Cinquième
élément).
- Aussi, le développement des entreprises devient de plus en plus dépendant de
linternationalisation de leurs activités et de leurs produits.
- En effet, cette internationalisation tend de plus en plus à conditionner la capacité
dinvestissement des entreprises, leur position concurrentielle ainsi que
léquilibre économique global du secteur.
- Lobjectif de défense des films français (films en langue française,
réalisateurs français, tournage en France, etc.) qui correspond à une politique
culturelle ambitieuse, devient de plus en plus coûteux et de plus en plus difficile à
atteindre et peut tendre à limiter linternationalisation des entreprises.
- Ainsi, cet objectif peut aboutir à terme à ne plus correspondre au développement
dune politique industrielle du secteur, tourné par nécessité vers les marchés
internationaux.
- Aussi la prise en compte du risque éventuel dune incompatibilité entre une
politique de soutien à lindustrie et une politique culturelle doit permettre aux
pouvoirs publics de mieux définir les priorités à mettre en oeuvre concernant les aides
au secteur.
ANNEXES
ANNEXE 1
Liste des personnes rencontrées
A.CNC
M. Tessier Directeur général
M. Calmel Directeur adjoint chargé des financements
Mme Démier Directeur des financements de la réglementation, de la prospective et de
l'information
Mme Devauchelle Directeur des affaires européennes et internationales
Mme Flüry-Hérard Directeur du cinéma
Mme Gallot Direction des affaires européennes et internationales
M. Goudineau Directeur général adjoint
M. Millet Chargé de mission
M. Vernier Chef du service des études
B. Producteurs / Distributeurs
Agepro cinéma Mme de Montbrial Producteur
Gaumont International M. Ledoux Producteur
Gaumont /GBVI M. Le Pogam Distributeur
Les films de la Suane M. Rousselet Producteur
Les films du Losange Mme Menegoz Productrice
Lazennec M. Rocca Producteur
Polygram M. Teulat Distributeur
Pathé M. Ivernel Directeur
UGC YM M. Marmion Président
C. Diffuseurs
Canal+ Mme Bloch-Lainé Chargée des acquisitions
Le Studio Canal+ M. Chioua Directeur général adjoint
France 2 Cinéma M. Héros Directeur général
France 2 M. Poirier Directeur des achats de programmes
France 3 Cinéma M. Lamy Directeur général
TF1 Films M. Delarue Directeur Général adjoint
TF1 Films M. Storch Directeur Général
Autres
ARP M. Gomez Délégué général
CSA M. Hurard Directeur des programmes CSA Mme Brugière Service des programmes
Coficiné M. Duverger Directeur général
Unifrance M. Berthémy Délégué général
Bibliograhie
-
Les mécanismes publics daide au cinéma et à laudiovisuel en Europe.
France. Royaume-Uni. Allemagne, Territoires, 1998
-
Colloque Produire pour la télévision en Europe, CSA, mars 1998
-
Le cinéma français à lhorizon international de lan 2000, rapport
établi par M. Alain Terzian, juin 1994
-
Cinéma et audiovisuel : les politiques territoriales. Evaluation des politiques
cinématographiques et audiovisuelles des collectivités territoriales, CEFPF, mai
1995
-
Rapport de la Commission de réforme de lagrément (2 tomes), sous la
présidence de Mme Menegoz et de M. Bonnell, novembre 1996
-
Le film à la télévision : analyse des facteurs daudience, Martin
Ajdari, CNC, 1989
-
Laudience du film cinéma à la télévision, CSA, août 1995
-
Les intinéraires demploi des cadres, techniciens et ouvriers intermittents de
laudiovisuel et des spectacles, Ministère de la Culture, Observatoire de
lemploi culturel, 1996
-
Les intermittents du spectacle, Cécile Siréjols, ASDEC, 1997
-
Conventions collectives nationales. Production cinématographique, Ministère du
travail et des affaires sociales
-
La production audiovisuelle en Europe. Acteurs et marchés, CSA, janvier 1998
-
Rapport de la mission de réflexion et de propositions sur le cinéma français,
établi par MM. Jean-Paul Cluzel et Guillaume Cerutti, IGF, Ministère de léconomie
et des finances, 1992
-
Rapport sur la production cinématographique et audiovisuelle indépendante, établi
par Mme Marie Masmonteil, CNC, 1992
-
Annuaire statistique. Cinéma, télévision, vidéo et nouveaux média en Europe,
Conseil de lEurope, 1998
-
Le cinéma à la télévision en 1994-95, CSA et CNC, 1997
-
Aides et financements dans le cinéma et laudiovisuel, Axiane, décembre 1997
-
Le financement de la production cinématographique et le rôle des Sofica (document
de travail), Direction de la prévision, Ministère de léconomie, des finances et
du budget, 1990
-
Rapport sur les Sofica, établi par Jean-Michel Bloch-Lainé et Gérald Calderon,
IGF, juin 1996
-
Le marché français des industries techniques, étude réalisée par le BIPE, CNC,
février 1996
-
Bilan CNC Info, CNC, 1980 à 1998
-
Annuaire statistique du MPAA, MPAA, 1998.
-
Le compte économique de lAudiovisuel (compte satellite), Premiers résultats
provisoires 89/95, SJTI-CNC, Mars 1998
-
La production de films (compte macro-économique), SJTI-CNC, février 1998.
-
Les entreprises de laudiovisuel, CNC-SJTI, Juin 97
-
Rapport au Comité directeur dUnifrance, Unifrance, octobre 1997
-
Pour une stratégie dexportation et de diffusion du cinéma français, CNC,
juin 1994
-
La rentabilité des films, CNC, octobre 1997
-
Les films français sur les télévisions étrangères, Unifrance, 1997
-
Les films français en salles à létranger, Unifrance, 1997
ANNEXE 2
Éléments de
comparaisons internationales (Union Européenne, États-Unis)
Le contexte général
Une
domination presque totale de lindustrie cinématographique américaine
Cette
domination se traduit par une part de marché " salles " supérieure
à 60%
- En 1995, la part des entrées réalisées par les films dorigine nord-américaine
dans tous les pays membre de lUE, à lexception de la France, dépasse 60%.
- La part des films nord-américains dans le total des films distribués, à
lexception de la France est proche ou supérieure à 50%. La part de marché des
" majors " américaines dans le domaine de la distribution dépasse
souvent les 50%.
Cette domination américaine sexplique par une industrie
appuyée sur son marché domestique ...
- Lindustrie cinématographique américaine sest structurée autour de trois
axes :
- lexistence davantages compétitifs liés à la langue et à la possibilité
damortir sur le marché national les films qui seront exportés ;
- la pratique courante dune part significative du budget dun film consacrée
à sa promotion ;
- lexistence de groupes intégrés développant une stratégie mondiale de
distribution.
... et par des faiblesses structurelles de lindustrie
cinématographique européenne
- Le secteur de la distribution en Europe souffre de labsence de sociétés
pan-européennes et intégrées (intégrant les activités de production, de distribution,
ou dexploitation). Il nexiste de sociétés intégrées que sur les marchés
nationaux (à linstar de Gaumont en France, ou de Kinepolis en Belgique). Des
sociétés comme UGC (France, Belgique), Pathé (France, Grande Bretagne, Hollande) ou
Lusomondo (PT, Espagne) ont des activités à létranger mais ny sont pas
intégrées.
- Seule la société néerlandaise, Polygram , développant des activités de production
et de distribution, et active dans quatre pays (Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne, France)
semble vouloir développer une stratégie européenne dans le domaine de la distribution.
La
fréquentation des salles
Europe : un
potentiel de croissance de la fréquentation
- La fréquentation a été en particulier stimulée par la modernisation du parc de
salles et la création des multiplexes qui représentent en 1996, 17,4% du parc européen.
Fréquentation des salles (en millions)
Pays |
1995 |
1996 |
Evolution |
France |
130,1 |
136,6 |
+4,8% |
Allemagne |
124,5 |
132,9 |
+6,7% |
Royaume-Uni |
114,9 |
123,8 |
+7,7% |
Espagne |
89,1 |
101,1 |
+12,2% |
Union européenne |
652,2 |
706,2 |
+7,9% |
|
|
|
Source : OEA |
- Le volume dentrées en salles en Europe a atteint en effet les 700 millions en
1996, mais il reste égal à 55% du volume dentrées en salles aux Etats-Unis alors
que la population de lUE est de 25% supérieure.
- Les cinq plus gros marchés de lUE (France, Allemagne, Espagne, Italie,
Royaume-Uni), qui sont également les principaux pays producteurs, représentent 85% des
entrées.
- La fréquentation en Europe a connu une reprise à partir de 1993, après avoir atteint
en 1988 son plus bas niveau avec 590 millions dentrées. Entre 1993 et 1996,
laugmentation de la fréquentation a été de 18%. Pour la seule année 1996, elle a
été de 7,9% et devrait être forte en 1997.
- Le potentiel de croissance est fort : la fréquentation annuelle moyenne en Europe
est de 1,8 par personne, contre 4,2 aux Etats-Unis, sans que lon puisse expliquer
cette différence par un facteur structurel.
États-Unis :
une croissance de la fréquentation en constante augmentation depuis 20 ans
- Le marché américain a amorcé son décollage plus tôt quen Europe.
- Le niveau le plus bas de la fréquentation des salles a été atteint au milieu des
années 1970 avec 820 millions dentrées par an. Le rétablissement du marché
sest étalé sur 20 ans avec une progression de 55% du nombre dentrées sur
cette période. Lexploitation des salles a réalisé aux Etats-Unis en 1996 son
meilleur score depuis 1959.
- Aux Etats-Unis, lexploitation des salles a progressé en 1996 aussi bien en nombre
dentrées (+3,5% pour un total de 1 265 millions dentrées), quen
recettes (+7,6% pour un total de 5,9 milliards de dollars). Cette tendance devrait se
confirmer en 1997 (les chiffres provisoires indiquent des recettes de 6,2 milliards de
dollars soit une progression de +5%) et en 1998. Rappelons que le ticket est moins cher
aux Etats-Unis.
Les recettes
en Europe
Les recettes
salles : une reprise dynamique
- En 1996, les recettes salles dans les pays de lUnion européenne ont augmenté de
2,5% par rapport à 1995 pour un total de 21 milliards de francs.
- Les chiffres disponibles pour les six premiers mois de 1997 indiquent une hausse de 15%
en Allemagne et de 11% au Royaume-Uni, confirmant la dynamique de la reprise en Europe.
Les films
nationaux : une amélioration en 1996
- La part des films nationaux dans le montant des recettes salles en Europe na
cessé de décliner entre 1986 et 1993
- Elle a été presque divisée par deux entre 1986 (28%) et 1993 (15%), qui marque le
creux de la performance des films européens en salles.
- On constate cependant, une amélioration à partir de 1996. Ainsi la part de marché des
films anglais a presque quadruplé depuis 1993, année il est vrai de la plus mauvaise
performance du cinéma britannique (4,7% de part de marché).
Répartition des recettes salles
dans lUnion européenne (en %)
|
Part des films nationaux |
Part des films américains |
1986 |
28 |
57 |
1987 |
24 |
56 |
1988 |
25 |
60 |
1989 |
19 |
67 |
1990 |
19 |
70 |
1991 |
17 |
73 |
1992 |
17 |
73 |
1993 |
15 |
75 |
1994 |
15 |
74 |
1995 |
16 |
72 |
1996 |
19 (estimation) |
64 |
Source : CNC
- Depuis 1994 et 1995, la part des recettes du film national dans les principaux pays
européens remonte. Cette remontée fait suite à une détérioration depuis 1986 au
profit du film américain.
- La France (37,3%) et lItalie (23%) constituent les pays de lUE ayant la part
la plus importante de leurs recettes en production nationale.
- Le Royaume-Uni présente une situation atypique, puisque le renouveau de la production
anglaise profite essentiellement à lexportation et ne sest pas encore traduit
par une remontée significative de la part de recettes provenant des films nationaux sur
le marché domestique (12,7% en 1996), bien que celle-ci ait plus que doublée depuis 1993
(4,7%).
- Cette remontée est liée en partie au développement des multiplexes et à une tendance
à la stabilisation du prix des entrées.
Comparaison de la part des recettes du film national
|
France |
Allemagne |
Espagne |
Italie |
Royaume-Uni |
1986 |
44,4 |
22,1 |
12,4 |
31,6 |
12,0 |
1987 |
36,2 |
17,2 |
14,3 |
34,1 |
9,8 |
1988 |
39,6 |
23,4 |
11,1 |
28,5 |
14,8 |
1989 |
33,8 |
16,7 |
7,3 |
21,7 |
10 |
1990 |
37,4 |
9,7 |
10,4 |
21,0 |
7 |
1991 |
30,1 |
13,6 |
11,0 |
26,8 |
5,5 |
1992 |
35,1 |
9,5 |
9,3 |
24,4 |
8,4 |
1993 |
34,8 |
7,2 |
8,5 |
17,3 |
4,7 |
1994 |
28,3 |
10,1 |
7,1 |
23,7 |
10,5 |
1995 |
35,2 |
6,3 |
11,9 |
21,1 |
- |
1996 |
37,3 |
16,2 |
9,3 |
23 |
12,7 |
Source : CNC
Les films
européens non nationaux (ENN) : une faible circulation en Europe
- On constate que les films européens voyagent peu dans les pays de lUnion
européenne et réalisent une part de marché de 6% de la fréquentation totale en 1996
(16% pour les films nationaux).
- Sur 700 films européens, seuls 21 films (3%) franchissent 1 million
dentrées en dehors de leur pays dorigine. La grande majorité des films
européens ne dépasse pas 50 000 entrées en dehors de leur pays dorigine.
- La France et lEspagne représentent 45% du marché pour les films ENN, alors que
ces deux pays représentent seulement 33% de la fréquentation en salle dans les pays de
lUE. LEspagne totalise 121 films ENN distribués et la Belgique 89, contre
seulement 23 au Royaume-Uni, 40 en Allemagne et 62 en France.
- En 1996, sur les 40 plus grands succès commerciaux dans lensemble de lUE,
seuls 10 films sont européens (25%) et 19 des 20 premiers succès sont américains. Le
principal succès commercial en Europe en 1996, le film Independance day totalise
35 millions dentrées dans lUE.
Taux de consommation de films ENN dans lUnion Européenne (en %)
Pays |
France |
Espagne |
Allemagne |
Italie |
R.U. |
Autres |
|
23% |
22% |
13% |
10% |
3% |
26% |
Source : Programme Media II
Les films
américains : une croissance continue de leur part de marché entre 1986 et 1993 et une
diminution depuis 1994
- La part de marché des films américains na cessé de croître entre 1986 (57%) et
1993 (75%). Depuis 1993, celle-ci tend à diminuer (64% en 1996). La remontée de la
fréquentation en Europe profite plus aux films européens quaux films américains.
- Au total en 1996, les ventes aux salles européennes ont représenté 23,8% des revenus
globaux des majors américaines.
- La croissance de 16,9% entre 1995 et 1996 dans les pays de lUnion européenne est
supérieure à celle enregistrée par les majors sur le marché américain des salles.
- Plus de 60% des recettes salles dans lUnion européenne proviennent des films
produits par cinq studios américains : Fox, Warner, Disney, Columbia et UIP.
- Cependant, on constate des disparités importantes : en France, en Italie et en Espagne
les majors américaines ont une part des recettes comprise entre 45% et 55% ; en
Allemagne et au Royaume-Uni, cette part atteint 70% et 80%.
- Les revenus à lexportation des majors américaines ont connu une forte
augmentation pendant les 10 dernières années (6% pour la seule année 1996).
- Les revenus à lexportation (salles, vidéo et TV) des majors américaines ont
représenté en 1996, 32 milliards de francs soit 43% de leurs recettes totales (contre
30% en 1986) estimées à 74 milliards de francs.
- LEurope a représenté en 1996, plus de 50% de leurs ventes à létranger
(22% de leurs ventes totales).
- Les revenus à lexportation des producteurs indépendants américains réunis au
sein de lAFMA, sont estimés à 8,5 milliards de francs en 1996 (+21% par rapport à
1995). LEurope a représenté en 1996, 56% des ventes à létranger des
indépendants américains.
- Les principaux marchés sont le Japon et lAllemagne.
- La vente de produits dérivés constitue une source de revenus de plus en plus
importante pour les films américains
- La production dun film américain consacre 50% de son budget à la promotion
contre seulement de 3 à 6% pour un film européen. Les majors américaines consacrent le
tiers de leur budget publicitaire à la publicité télévisée.
- Lobjectif est datteindre le public afin de vendre non seulement des entrées
en salles, mais également des revenus en vidéo et en produits dérivés. Pour certains
films, une marque commerciale est créée à partir du film. Aussi il devient de plus en
plus fréquent que les revenus des produits dérivés dépassent ceux des salles.
Ainsi sur les 22 milliards de francs de revenus générés par la
série de films Star Wars, 31% ont été générés par les entrées en salles, 15%
par les recettes en vidéo et 54% par les ventes de livres, jouets et vêtements.
- Les majors américaines ont complété la vente de produits dérivés par la
réalisation daccords de partenariats avec les chaînes de restauration rapide et
les fabricants de jeux qui assurent une promotion croisée de leurs films auprès
dun public jeune.
- Disney a conclu des accords sur 10 ans avec Mattel et Mc Donalds dans le monde.
Cette tendance sétend en Europe et sest concrétisée avec la sortie du Cinquième
élément et dans une moindre mesure des Visiteurs II.
La
production
Une
définition différente de la production indépendante en Europe et aux Etats-Unis
- Les pouvoirs publics en Europe et particulièrement en France, ont constamment tenté de
préserver et protéger le développement de la production cinématographique
indépendante.
- De fait, la majorité des productions européennes sont effectuées par des petits
producteurs indépendants : 80% des producteurs européens ne produisent quun seul
film par an.
- Cependant, alors quen Europe le statut de producteur indépendant se définit
essentiellement par rapport aux diffuseurs, aux Etats-Unis cette indépendance est
réalisée par rapport aux majors.
Europe : une
production importante concentrée sur un nombre restreint de pays
- En 1996, la France, le Royaume-Uni et lItalie réalisent 57% des films produits
dans lUE. La France est le principal producteur de films en Europe (22%), avec une
production deux fois supérieure à la production allemande.
- Les budgets moyens par film sont très différents selon les pays
- Le budget moyen par film en France (28 MF) est supérieur de 60% au budget moyen par
film en Europe (17,5 MF).
- LItalie (13 MF) et lEspagne (10 MF) ont des budgets moyens par film
inférieurs à la moyenne européenne.
- Cependant, on constate que le budget moyen par film au Royaume-Uni est supérieur de 30%
au budget moyen par film en France. La production cinématographique anglaise est peu
orientée vers les films dauteur à petit budget.
Production cinématographique dans lUnion européenne
1996 |
France |
R-U |
Italie |
Espagne |
Allemagne |
Autres |
U.E. |
Nombre de films |
134 |
111 |
99 |
91 |
63 |
212 |
610 |
% |
22% |
18% |
16% |
15% |
10% |
35% |
|
dont nationaux |
74 |
59 |
77 |
66 |
37 |
68 |
381 |
dont coproduction |
60 |
52 |
22 |
25 |
26 |
44 |
229 |
Investissement en
production (MF) |
3 750 |
3 900 |
1 460 |
915 |
1 530 |
1 430 |
12 900 |
Budget moyen par film
(MF) |
28 |
36 |
13 |
10 |
23 |
nc |
17,5 |
Sources : BIPE et Screen Digest
- Un volume minimum de production, permettant un renouvellement des talents et la
création dune offre diversifiée, semble indispensable à un pays pour conserver
une industrie cinématographique.
- On constate en effet, quune cinématographie nationale, pour les cinq principaux
pays de lUnion européenne, nexiste que si les sources de financement
permettent un volume minimum de production de 40 à 60 films par an.
- On constate depuis quelques années la création de grands groupes intégrés ayant pour
vocation de produire des films capables de viser les marchés internationaux.
- Les producteurs en Europe se concentrent sur la fonction de production et ne se fondent
pas, contrairement aux Etats-Unis dans une industrie intégrée commercialement.
- Cependant, de grands groupes intégrés commencent à développer des accords de
partenariats avec des majors américaines pour la diffusion ou lexploitation de
films européens voire américains.
- Cest le cas en particulier des groupes, Canal+, Gaumont, Pathé, en France et
Sogepaq en Espagne (contrôlée en partie par Canal+), ainsi que Polygram, filiale du
groupe Philips jusquen mai 1998.
- Polygram a ainsi créé une structure intégrée assez proche de la structure des majors
américaines, comprenant une structure de production dans plusieurs pays européens et un
réseau européen de distribution de films.
- De plus, Polygram a lancé depuis septembre 1997 une activité de production et de
distribution de films aux Etats-Unis et développe plusieurs grosses productions
américaines.
- Dans un grand nombre de pays de lUE (hors France), la production est
progressivement intégrée par le secteur de la distribution cinématographique.
- Les distributeurs accroissent leurs participations financières dans la production et
investissent dans lachat de droits de films afin dintégrer la filière en
amont.
États-Unis :
un nombre de films produits comparable à celui de lUE, mais des budgets moyens
très supérieurs
Evolution 1995-96
(%) |
Nombre de films |
Coût moyen par film
(MF) |
1996 |
686 |
73 |
% |
|
+6,5% |
Source : Screen Digest
- Lindustrie américaine a produit 686 films en 1996, soit un nombre comparable à
la production de lUnion européenne (610 films), mais pour un nombre dentrées
salles presque deux fois supérieur à celui de lUnion européenne et une part de
marché de films nationaux supérieure à 90%.
- Les chiffres provisoires 1997 indiquent une production de 570 films aux Etats-Unis et de
650 films pour lUnion européenne.
- Ajoutée aux fortes capacités dexportation de lindustrie américaine,
celle-ci se trouve dans une meilleure situation damortissement en salles que
lindustrie européenne.
- Le coût moyen des films américains est 4 fois supérieur à celui des films
européens.
- Cependant, les proportions sont de 1 à 10, si lon prend pour comparaison le coût
moyen des films des majors américaines.
- Ainsi, le coût moyen des films des majors américaines est de lordre de
180 MF (35M$) en 1995 en augmentation de 60% pour 1997 (55 M$) selon des estimations
fournies par Canal+.
- Aussi, les ventes à lexportation sont de plus en plus nécessaires à
lamortissement des productions américaines.
- Les majors américaines souhaitent se développer en Europe
- Les majors disposent de beaucoup de capacité dinvestissement et ne peuvent plus
augmenter leur part de marché aux Etats-Unis supérieure à 90%.
- Aussi elles souhaitent investir en production dans les films nationaux européens.
- Dans un premier temps elles ont choisi dinvestir en Allemagne. Ainsi Disney a
produit 7 films en Allemagne et Sony a prévu dinvestir 55 M$ dans ce pays.
Le
financement de la production
UE
: une production de films globalement peu rentable
- Lindustrie européenne du cinéma apparaît fragile, car :
- sans équilibre économique propre ;
- la rentabilité de certains films commerciaux nest jamais garantie ; elle est
peu discernable par des opérateurs financiers ;
- les budgets ont tendance à augmenter tandis que lamortissement est principalement
réalisé sur un marché domestique qui reste insuffisant pour couvrir cet
investissement ;
- le nombre de films produits est souvent plus élevé que la capacité dabsorption
par le marché domestique.
- Au niveau européen, lintervention du secteur bancaire dans le financement de la
production est réalisé par un nombre réduit dorganismes financiers
- En particulier, BNL en Italie, Banco Exterior en Espagne, Coficiné en France.
- Cette intervention du secteur bancaire porte principalement sur lescompte de
contrats de pré-achats des films par les chaînes de télévision ou des subventions
publiques en attente, ainsi que sur des prêts destinés à compléter le plan de
financement, ou des crédits de trésorerie pendant la phase de mise en production du
film.
- Très peu détablissements financiers accordent des financements directs à des
sociétés de production indépendantes.
Les chaînes de TV, source de financement privilégiée de la
production de films dans certains pays européens
- La France, le Royaume-Uni et lItalie sont les trois seuls pays européens dont la
réglementation donne obligation aux chaînes de TV dinvestir dans le cinéma.
- Sur 77 films en tournage au Royaume-Uni en 1997, 32 sont cofinancés par des chaînes de
TV, dont 14 par la BBC.
- En Italie, une loi récente impose aux diffuseurs publics dinvestir 20% de la
redevance dans la production de fictions TV ou cinéma et aux télévisions privées de
consacrer 30% de leur investissement total à la production ou à lachat de fictions
européennes.
- En France, 36% des investissements en production proviennent des pré-achats ou de la
coproduction des chaînes de TV (y compris Canal +).
- Cependant, dans plusieurs pays où il nexiste pas dobligations
dinvestissement pour les diffuseurs, la part des chaînes de télévision dans la
production cinématographique est importante
- En Allemagne, 50% des films sont coproduits par la télévision. Les investissements des
chaînes publiques sont de 3 milliards de francs (films et fictions).
- En Espagne, la télévision publique investit 80 millions de francs par an dans
lachat de droits de diffusion de films espagnols.
La
distribution
Un secteur
insuffisamment structuré en Europe pour faire face à la concurrence américaine
- Traditionnellement considérées comme des fonctions différentes, la distribution et
lexploitation ont connu aux Etats-Unis un mouvement dintégration à partir
des années 1980.
- Ce mouvement sest caractérisé principalement par la prise de contrôle du
secteur de lexploitation par les principaux groupes de distribution. Les cinq
principales compagnies se partagent 73% du marché national.
- Les Etats-Unis concentrent plus de 50% de part de marché en Europe avec cinq
entreprises.
- Les distributeurs européens privilégient les produits, bien souvent américains, qui
bénéficient du baromètre constitué par le volume de recettes générées sur le
marché américain.
- Comme dans le domaine de la production, une grande partie des sociétés européennes de
distribution est sous capitalisée.
- Si le secteur de la distribution de chaque marché national en Europe est relativement
concentré, il ne permet pas découler correctement la production nationale. Ainsi,
les films nationaux " non commerciaux ", et plus encore les films
européens sont confrontés à un problème daccès aux salles.
- Les grands distributeurs nationaux se partagent les films nationaux à plus forts
potentiels. Cette situation place les petits distributeurs indépendants dans un rapport
de force défavorable vis-à-vis des exploitants de salles et notamment des circuits
nationaux.
- Les majors américaines ont mis en place des réseaux performants de distribution
- Ces réseaux, combinés avec leffet des résultats salles sur leur marché
national, leur permettent un accès aisé aux salles à létranger.
- Ainsi la part de marché des distributeurs américains est de 80% au Royaume-Uni, et de
70% en Allemagne.
Une tendance
récente à la concentration de la distribution en Europe
- Malgré cette tendance, la faiblesse et le morcellement des circuits de distribution en
Europe explique en grande partie la faiblesse de la circulation des films européens en
Europe.
- En 1996, on comptabilise environ 450 distributeurs actifs dans lUE.
- De grands opérateurs européens se sont constitués, dont certains ont passé des
accords avec les majors américaines afin davoir un accès privilégié aux
catalogues américains et dans une moindre mesure dobtenir une possibilité de
distribution des films européens aux Etats-Unis.
Ainsi, Gaumont sest associé avec Disney, Pathé et Canal+ avec
la Fox. Polygram a constitué un réseau transeuropéen de distribution en sappuyant
sur des structures nationales.
- Les revenus bruts par film distribué sont cinq fois plus importants aux Etats-Unis (31
MF) que dans les pays de lUE (6 MF).
Revenus du secteur de la distribution (en MF)
1996 |
Union européenne |
Etats-Unis |
CA distribution |
10 400 |
13 300 |
Croissance 95/96 |
+3,2% |
+7,6% |
Revenus bruts par films distribués |
6 |
31 |
Source : Programme Media II
Lexploitation
UE : un parc
de salles qui augmente malgré une difficulté des exploitants à rentabiliser leur
infrastructure
- Les exploitants et particulièrement les circuits de salles optent majoritairement pour
la programmation de films " grand public "
- En 1995, dans lensemble des pays membres de lUE, un fauteuil de cinéma est
utilisé en moyenne 3 fois par semaine. Ce qui témoigne de la difficulté des exploitants
à rentabiliser leur infrastructure.
- La difficulté de rentabiliser les investissements pousse les exploitants à opter de
préférence pour les films qui présentent le plus fort potentiel de recettes. Ainsi, les
exploitants privilégient la programmation de films dorigine nord américaine, de
films nationaux, et plus particulièrement de comédies.
- Malgré cette difficulté de rentabilisation, le nombre de salles augmente dans les pays
de lUE.
- Le nombre de salles européennes a augmenté de 3,6% entre 1994 et 1995 pour un total de
20 208 pour lensemble de lUE. En 1996, le nombre de multiplexes a
augmenté de 16% pour un total de 3 862 écrans.
Les multiplexes sont créés essentiellement dans les périphéries des
villes, à proximité de la demande. Certains experts estiment que plus de 2 000
écrans devraient être créés dici lan 2000 et que dici 10 ans, deux
tiers des entrées en Europe devraient seffectuer dans ce type de salles.
- Warner Bros et UCI (joint venture entre Paramount et Universal) ont pour projet de
constituer de véritables réseaux pan-européens de multiplexes dont lune des
conséquences sera doffrir à leur propre production une bonne surface
dexposition. Les principaux pays visés par cette stratégie sont lAllemagne,
lItalie, lEspagne, le Royaume-Uni.
États-Unis :
une forte augmentation du nombre de salles
- Le nombre de salles américaines entre 1994 et 1995 a augmenté de 6,8%, pour un total
de 29 731 salles. Cette augmentation est plus forte que celle enregistrée dans
lUnion Européenne (3,6%).
ANNEXE 3
Panorama du secteur en France
(production, distribution, exploitation)
La fréquentation en France
Une
fréquentation qui a bénéficié de louverture des multiplexes
La tendance au redressement de la
fréquentation, amorcée en 1993, se confirme
- La fréquentation des salles de cinéma avait commencé à baisser depuis la fin des
années 1970, atteignant des niveaux particulièrement bas en 1992 (116 millions
dentrées).
- Une tendance au redressement de la fréquentation, généralisée à tous les pays
occidentaux, y compris les Etats-Unis, sest amorcée depuis 1993.
- Lindice de fréquentation continue à être plus élevé en France que dans les
autres pays européens.
- En France, lannée 1997 a été une année record pour la fréquentation, avec
148,1 millions dentrées et une recette globale de 5,14 milliards de francs, soit le
niveau le plus élevé depuis 12 ans.
Le
redressement de la fréquentation sexplique en grande partie par le mouvement
dynamique de création de multiplexes
- La dynamique de création de multiplexes est analysée dans la section sur
lexploitation. Ce mouvement a essentiellement renforcé la fréquentation dans les
banlieues, relativement consommatrices mais sous-équipées jusqualors.
- Avec 10% du nombre décrans les multiplexes ont généré 17% de la fréquentation
en 1997. La progression de la fréquentation est particulièrement forte dans la
périphérie parisienne (+17,3% entre 1996 et 1997), tandis que Paris intra-muros na
pas vu progresser son audience en 1997.
- Il est nécessaire de tempérer linfluence des multiplexes sur la fréquentation.
Les études menées sur les premiers multiplexes ouverts montrent que, si la
fréquentation augmente de manière significative au départ, ces cinémas atteignent leur
rythme de croisière au bout de trois ans. Par ailleurs, dans le même temps, les salles
situées dans la zone de chalandise des multiplexes accusent une baisse sensible de leurs
entrées.
Le poids du
cinéma dans les dépenses culturelles des ménages se stabilise
- Le redressement de la fréquentation depuis 1993 ne sest pas traduit par une
augmentation de la part du cinéma dans les dépenses culturelles des ménages. Depuis
trois ans, cette part sest stabilisée à environ 5,3% tandis que la part des
services culturels dans les dépenses totales des ménages est passée de 1,5% en 1990 à
1,9% en 1996.
- Les segments de population qui fréquentent le plus les salles de cinéma sont les
jeunes (85% des jeunes de 11 à 24 ans), les populations urbaines et les catégories
professionnelles aisées.
Une part de
marché des films français en salle qui reste stable
La part de marché des films français en
salle reste élevée par rapport aux autres pays européens
- La part des films français dans les entrées en salle se situe entre 35% et 39% selon
les années, la variation dépendant du succès ou de léchec dun ou deux
films à gros budget.
- La part de marché du film français en 1997 se situe dans la moyenne des cinq
dernières années (34,5%), après une année record (51 millions). En 1997, quatre
films français se situent parmi les dix premiers : Le cinquième élément, La
vérité si je mens, Le pari et Didier.
- Cependant, contrairement aux observations des années précédentes, laugmentation
de la fréquentation en 1997 na pas profité aux films français mais aux films
européens, en particulier britanniques (7,3% de part de marché).
- La recette moyenne par entrée reste stable depuis 1995, comprise entre 34 et 35 francs.
Le succès
des films à gros budget est déterminant
- Le succès de certaines grosses productions, supposées générer des entrées
importantes, détermine la performance dune année en salles. Sur les dernières
années, et notamment en 1996, les comédies françaises ont su concurrencer les
superproductions américaines. Sur les 10 premiers films du box-office en 1997, Le
cinquième élément devance 4 productions américaines et 2 comédies françaises.
Les entrées
se concentrent sur un nombre réduit de films
- Alors quen 1980 les 10 premiers films ne représentaient que 14% des entrées en
salles (56% pour les 100 premiers films), cette proportion est passée à 28,5% en 1996
(84,1% pour les 100 premiers films).
La production
en France
Une
production cinématographique dynamique et renouvelée
La production cinématographique se
maintient à un niveau élevé
- Le nombre de films agréés par an se maintient dans une fourchette de 130 à 150 films
environ (films dinitiative française et coproductions). La fin des années 1980 et
le début des années 1990 ont connu une augmentation importante du nombre de films
produits, mais depuis trois ans la production est revenue au niveau de 1987 avec 134 films
produits en 1996 et 158 films en 1997.
- En revanche, la production dinitiative française, qui avait tendance à fléchir,
retrouve son niveau de 1990 avec 104 films dinitiative française en 1996 et 140
films en 1997.
- La production cinématographique se renouvelle, avec un nombre de premiers et deuxièmes
films exceptionnellement élevé pour lEurope. Plus dun film dinitiative
française sur deux est un premier ou un deuxième film. 37 premiers films et 18
deuxièmes films ont été produits sur un total de 104 films dinitiative
française.
- On constate quil est plus facile de réaliser un premier film quun second
film. Ceci traduit sans doute une barrière à lentrée particulièrement faible
pour les réalisateurs débutants.
Une
évolution marquée des modes de financement, qui privilégie le préfinancement plutôt
que lamortissement
Le poids des diffuseurs dans le
financement est devenu essentiel
- La structure de financement des films dinitiative française a connu de profonds
changements au cours de la période 1980-1997 :
- très forte croissance de lapport des chaînes de TV dont la part dans le budget
total passe de 7% en 1983 à 36% en 1997 (40% en 1996) ;
- chute brutale des à-valoir des distributeurs français dont la part passe de 30% en
1984 à environ 5% depuis 1992.

Source : BIPE, daprès CNC
- Les deux modalités de financement de la production par les diffuseurs sont dune
part le pré-achat de films et dautre part la coproduction. Les achats de droits TV
nentrent pas dans le financement mais dans lamortissement des films.
- Les chaînes " en clair " financent en moyenne 15% des devis totaux
(contre 9,7% en 1990), y compris les films où elles ninterviennent pas, soit en
pré-achat, soit en coproduction.
- TF1 finance en moyenne 12 à 15 films pour un budget de 220 MF.
- France 2 et France 3 ont coproduit 38 films pour 250 MF en 1996
(150 MF pour France 2 et 100 MF pour France 3).
- Arte finance 20 films pour un budget de 45 MF en moyenne.
- Les diffuseurs coproduisent moins de films depuis 1992. La sélectivité des chaînes
est plus forte, particulièrement pour les chaînes privées. Cependant, leurs apports en
coproduction exprimé en francs constants sont orientés assez fortement à la hausse
(+5,5% en moyenne par an entre 1992 et 1997 (+1,8% entre 1987 et 1992) contre +4,8% pour
les pré-achats).
- Canal+ pré-achète 80% des films produits. Par ailleurs, la chaîne intervient via sa
filiale Studio Canal+ dans la coproduction, bien quelle ne soit pas soumise à une
contrainte légale.
- TPS a investi 50 MF en 1997 dans la production cinématographique.
- La part des pré-achats des chaînes de TV dans la structure de financement des films
est passée de 3,7% en 1983 à 29% en 1997 (34,3% en 1996).
- La rivalité entre les grandes chaînes nationales (notamment entre Canal+ et TF1) a
accentué la surenchère sur les films qui pouvaient servir de produits
dappel : les chaînes sont prêtes à surpayer leur investissement en
production pour assurer leur approvisionnement en films dont elles pensent quils
sont susceptibles de contribuer à leur image, de générer des revenus importants en
salles (cas où elles interviennent en tant que coproducteur), ou un niveau
daudience élevé (cas où elles pré-achètent le film).
- Enfin, pour la plupart des chaînes interrogées par le BIPE, lobligation qui leur
est faite de consacrer 50% de leur investissement en pré-achat induit un surcoût. Par
exemple, en 1997, 50% des films pré-achetés par TF1 Production auraient été surpayés
au regard de leurs performances en salles ; si la filiale de la chaîne avait pu
attendre les résultats des entrées de ces films en salles, elle aurait versé en moyenne
des droits de diffusion deux fois moins élevés.
Le financement des films dinitiative française est passé
dune logique damortissement à une logique de préfinancement
- La quasi totalité des films bénéficie dun financement encadré :
participation des chaînes de télévision, soutien automatique ou sélectif.
- Les obligations dinvestissement des grandes chaînes nationales dans la production
cinématographique et, dans une moindre mesure, linstitution des SOFICA ont fourni
aux producteurs une certaine aisance de financement.
- Le préfinancement des longs métrages au travers des pré-achats des chaînes de TV,
des à-valoir des distributeurs, de laide publique, des cessions de droits vidéo et
de lapport des SOFICA qui représentait 53% du budget total moyen des films
dinitiative française en 1986 est passé à 60% en 1997 (68% en 1996).
- Dans le même temps, la part du financement qui repose sur les performances du film en
salles (apports des coproducteurs et à-valoir des distributeurs) est passée de 71% en
1986 (79% en 1893) à 44% en 1997 (37% en 1996).
- En 1996, les producteurs français apportent des capitaux à hauteur dun quart des
devis ; les producteurs étrangers en financent un dixième. La prise de risque par
les producteurs est donc limitée.
- La logique de préfinancement tend à réduire la rigueur de la sélection des projets
par les producteurs. Elle nincite pas ces derniers à arrêter un projet en cours de
développement, même sil promet dêtre un échec en salles.
Les producteurs bénéficient des
mécanismes complémentaires des financements aidés
Le
financement aidé se décompose en 3 grandes catégories
- Le soutien automatique, financé par le compte de soutien, soit une taxe sur le prix des
places et sur le chiffre daffaires des diffuseurs, qui peut être destiné à la
production, à la distribution et à lexploitation.
- Le soutien sélectif, également financé par le compte de soutien, qui propose
plusieurs formes daides à la production (avances sur recettes), à la distribution
et à lexploitation.
- Les prêts des fonds dinvestissements SOFICA, qui bénéficient dune
incitation fiscale et sont destinés à la production.
Le compte de
soutien finance la production cinématographique à hauteur de 13% à 15% en moyenne du
coût total de production
- Les films de long métrage français ou en coproduction, agréés par le CNC, sont
automatiquement générateurs de soutien financier lors de leur exploitation commerciale
en salles ainsi que lors de leur diffusion télévisuelle.
- Ce soutien est calculé par application dune taxe spéciale sur le prix des places
(11%) et dune taxe sur la diffusion télévisuelle (5,5% sur le CA) et vidéo (2%
sur le CA).
- Cette taxe sapplique à tous les films diffusés en France, quelle que soit leur
nationalité. Ainsi, les films américains contribuent au compte de soutien, mais les
producteurs américains ne bénéficient pas de cette aide.
- Il y a donc un coefficient multiplicateur pour les producteurs français (de 1,3 en
1997), revu chaque année, qui tient compte des taxes prélevées sur les films
étrangers. Il sert de levier de réinvestissement dans la production française.
- Le producteur peut solliciter la mobilisation totale ou partielle des droits au soutien
financier engendré par son(ses) film(s) antérieur(s) pour la production dun
nouveau film.
- La part du soutien automatique dans le financement des films dinitiative
française se situe aux alentours de 7-8% par an.
Le soutien
sélectif bénéficie en principe aux films dauteurs
- Lavance sur recettes est le principal mécanisme de soutien sélectif à la
production. Elle a été conçue pour " soutenir un cinéma différent,
indépendant, audacieux au regard des normes du marché et qui ne peut sans aide publique
trouver son équilibre financier ". Elle a concerné 36 films en 1996 pour un
budget de 95 MF.
- 30 à 40% des films dinitiative française en bénéficient, selon les années, ce
qui témoigne dune sélectivité relativement faible.
- Lavance sur recettes représente en moyenne 11,5% du devis des films concernés.
Les montants versés par film se situent majoritairement entre 2,3 et 3 MF,
exceptionnellement 5 MF (exemple de Lucie Aubrac).
- Dans un grand nombre de cas loctroi dune avance sur recettes peut servir de
catalyseur vis-à-vis de lintervention des chaînes de télévision (60% des films
ayant reçu une avance sur recettes bénéficient dun pré-achat dune chaîne
en clair).
- Les autres formes daide sélective sont laide au développement de projets,
laide à lécriture de scénarios, laide à la musique de films et
laide directe.
Le poids des
SOFICA reste stable et secondaire
- Les SOFICA ont été créées en 1985. Elles ont pour objet de favoriser le financement
de la production doeuvres cinématographiques et audiovisuelles, en collectant des
fonds auprès dindividus, qui peuvent bénéficier de réductions dimpôts.
- Les principales SOFICA sont adossées à de grands groupes liés au cinéma (Havas,
Canal+, UGC, Polygram). Seule la SOFICA de la Caisse des Dépôts est véritablement
orientée vers le financement de la production indépendante (hors groupe).
- En 1997, les sept SOFICA ont collecté des fonds à hauteur de 275 MF, soit une
hausse de 33% par rapport à 1996.
- 35% des investissements des SOFICA doivent être réservés à la production
indépendante. Cependant, les aides des SOFICA vont surtout à des films qui ont du
potentiel de recettes en salle, essentiellement les productions des groupes.
Une structure
de production qui ne sest pas assainie
Un
secteur recourant de manière intensive à la main doeuvre
- Bien que le poids des rémunérations salariales (hors cotisations sociales) ait eu
tendance à fortement décroître, il représente encore 40% des dépenses courantes (hors
consommation intermédiaires) en 1995 (54% en 1989) (contre une moyenne de 25% dans
lindustrie).
- Les 2/3 des salaires bruts concernent les intermittents.
- Le poids de la rémunération des intermittents dans le total des rémunérations
salariales tourne autour de 65-69% au cours de la période 1989-95. Mais elle est sans
doute sous-estimée, car les cotisations à la caisse des congés spectacles sont
comptées vraisemblablement dans les cotisations sociales par les services comptables des
entreprises, alors que pour les permanents, les charges équivalentes font partie des
salaires bruts.
- Les grandes entreprises rémunèrent proportionnellement plus les intermittents (90% de
la masse salariale pour les entreprises dun C.A entre 50 et 100MF) que les petites
entreprises (70% de la masse salariale pour les entreprises dun C.A inférieur à
500 KF)
- Entre 1989 et 1995, le nombre de salariés permanents sest sensiblement accru
passant de 1373 à 1939 salariés (+6% par an en moyenne).
Un tissu économique composé de petites entreprises , fragiles
- Entre 1989 et 1995, le nombre de très petites entreprises de production
cinématographique a eu tendance à saccroître.
- En 1989, 42% des sociétés de production réalisaient un chiffre daffaires
inférieur à 500 KF et 74% un chiffres daffaires inférieur à 5MF.
- En 1995, ce sont 50% des entreprises qui réalisent un chiffre daffaires
inférieur à 500 KF et 83% un chiffre daffaires inférieur à 5 MF
- En 1995, la forme juridique prépondérante des sociétés de production était la SARL
(75% des sociétés)
- En moyenne, lensemble des sociétés du secteur emploie seulement 2,4 salariés
permanents.
- Par rapport à 1989, le secteur a connu un mouvement de concentration, mais celui-ci est
loin davoir été radical.
- le rapprochement entre grosses structures ou laccroissement des performances de
ces dernières, semble en effet expliquer ce phénomène : en 1995, les 3 premières
sociétés du secteur totalisaient 30% du chiffre daffaires du secteur, alors
quen 1989, elles ne concentraient que 18%
- En 1995, sur les 797 sociétés de production autorisées par le CNC, 25 se partageaient
70% du chiffre daffaires du secteur
- Sur les 170 sociétés du secteur réellement actives - nombre estimé par le BIPE- 145
se partageaient 24% du chiffre daffaires total du secteur.
- Ainsi près de 80% des entreprises autorisées par le CNC réalise seulement 6% du
chiffres daffaires du secteur. Ce chiffre reflète le nombre important de sociétés
" en sommeil " réalisant lessentiel de leur recettes sur la
commercialisation de droits de leur catalogue.
- Le marché de la production cinématographique se caractérise donc par un phénomène
important " datomisation "
Un niveau de croissance soutenu, mais un secteur qui demeure
globalement déficitaire malgré limportance du soutien public.
- Entre 1989 et 1995, le secteur de la production cinématographique a connu un taux de
croissance, exprimé en francs 95, de 4,2% en moyenne par an, ce qui reste plus élevé
que la croissance du PIB.
- Toutefois, tout au long de la période, la marge nette du secteur est demeurée
négative
- Malgré une légère amélioration depuis 1990, le déficit net du secteur
sétablit en 1995 à 12% du chiffre daffaires
- Au cours des sept années considérées le secteur a accru son endettement
- La production cinématographique recouvre deux activités : la production de films
(production nouvelle) et lexploitation des droits sur le négatif des films
réalisés les années précédentes (activité sur catalogue) Ainsi le C.A. a deux
composantes : un actif qui " consomme " les ressources en capital et
un actif qui " alimente " dans le temps, mais de manière dégressive,
les ressources en capital.
- Pour tenir compte de cette réalité, le calcul du résultat courant doit prendre en
compte les amortissements liés à la dépréciation, au cours du temps, du catalogue de
droits dont dispose le producteur. On aboutit alors aux notions de valeur ajoutée nette
et de résultat courant net.
- Le résultat net courant est fortement négatif tout au long de la période (-654 MF en
1995) : il représente en moyenne plus dun tiers de la production immobilisée
(production nouvelle essentiellement). La production cinématographique est donc très
loin de dégager des revenus suffisants pour renouveler lactif
" consommé " (exploitation des droits sur le négatif) chaque année.
- Au cours de la période, le secteur de la production cinématographique na jamais
su couvrir le montant total de ses investissements (équivalant en moyenne à 50% du C.A,
et entre 200% et 300% de la valeur ajoutée nette) par ses ressources en capital (fonds
propres et recettes augmentés du soutien public et de lapport des SOFICA) :
- Bien que représentant entre 9 et 10% du total des charges (y compris les consommations
intermédiaires), le soutien public na pas permis aux sociétés
" dautofinancer " leur investissements.
- Le taux dautofinancement est demeuré négatif tout au long de la période : le
déficit de financement représentant en moyenne entre 20 et 30% du montant total des
investissements.
- Ainsi, en 1995, plus de la moitié des sociétés de production étaient déficitaires.
- Pour financer leur investissements, les sociétés de production ont dû alors recourir
à des financements extérieurs et accroître leur endettement
- Lemprunt à court terme représente la première source de financement extérieur.
- Exprimés en francs 95, les frais financiers ont doublé entre 1989 et 1995;
- Exprimés en % de la valeur ajoutée nette, ils ont eu tendance à croître mais de
manière assez importante selon les années :
- le poids des frais financiers représente en moyenne 2/3 de la valeur ajoutée nette en
1990, 1991, 1993, et 1994 ;
- il se situe aux environs de 35% en 1989 et en 1995.
- Les pré-ventes et ventes à létranger constituent la seconde source de
financement complémentaire : on constate au cours de la période que les
exportations ont crû relativement rapidement (+9% par an en moyenne).
Une situation économique très délicate mais un secteur qui ne peut
être considéré en faillite.
- Chaque année, le secteur doit accroître son endettement pour financer ses
investissements, mais grâce à la forte progression du résultat courant brut (résultat
courant hors dotations aux amortissements), ses besoins en financements complémentaires
ont tendance à se réduire.
- Le résultat courant brut a progressé de 10% lan en moyenne entre 1989 et 1995.
- Depuis 1990, où il atteignait 1 milliard de francs, le déficit de financement des
investissements en production est ainsi passé à 516 MF en 1995.
- Cette situation traduit la tendance positive observée au niveau des recettes de
commercialisation ainsi que la tendance à la compression des dépenses courantes autres
que les consommations intermédiaires.
- Alors que le C.A. exprimé en francs 95 augmentait de 4% lan en moyenne entre 1989
et 1995, les dépenses courantes autres que les consommations intermédiaires (comprenant
les charges de salaires) nont crû que de 2,6%.
- Par ailleurs à partir de 1992, les recettes de commercialisation des droits sur
catalogue ont tendance à rejoindre le niveau des recettes dégagées pour la production
de films, ce qui contribue " à ne pas dégrader " les fonds propres
des entreprises du secteur.
- Dans la mesure où la différence entre les recettes de commercialisation a posteriori
et les recettes provenant des pré-ventes et cession de droits sur le négatif semble
avoir tendance à devenir positive, on peut considérer que le secteur est en train de
connaître une légère amélioration de sa situation financière, puisque cela signifie
que le secteur amortit mieux sa production à long terme.
- Mais cette tendance apparaît fragile lorsque lon considère lévolution du
nombre de films produits et celle du coût de production des films en 1996 et en 1997.
Des exportations en hausse mais un taux dinternationalisation
du secteur qui reste stable
- La période 1989-1995 a connu une forte progression des exportations et des
importations :
- La création dEurimages a sans doute facilité et favorisé les pré-ventes à
létranger (Exportations), mais aussi lachat de prestations de production à
létranger (Importations).
- Les pré-ventes de films à létranger ont ainsi cru de 9% par an en moyenne.
- Les achats de prestations de production exécutive ont augmenté de 62% par an.
- Les efforts de distribution internationale se sont aussi fait sentir même si les
montants générés par les ventes de droits à létranger et les remontées des
distributeurs français sur les ventes à létranger, exprimées en % du C.A., sont
restées relativement stables au cours de la période, autour de 7-9%.
- Pour bénéficier de tarifs plus compétitifs, ou aussi parce que lorganisation de
la production lexigeait, les producteurs ont eu tendance au cours de la période à
accroître leur achats de prestations techniques à létranger (importations), ces
dernières ont ainsi augmenté de 10% par an en moyenne.
- Cependant, le taux dinternationalisation du secteur ne progresse que très
lentement au cours de la période :
- Le taux dinternationalisation du secteur correspond au rapport entre la somme des
importations et des exportations et celle des commandes à lindustrie française
avec le marché intérieur.
- Selon cette définition, le taux dinternationalisation du secteur se situe autour
des 7-8%.
- Ce niveau est légèrement moins élevé que celui observé pour lensemble des
activités de services de léconomie française (9,6% en 1993).
Une volonté
dinternationalisation qui ne concerne essentiellement que les grosses structures
- Les entreprises de production se divisent en deux catégories :
- les producteurs adossés à des grands groupes (Renn, A. Sarde, Hachette
Première) ;
- les petits producteurs " indépendants ".
- Les producteurs adossés à de grands groupes ont des ressources de financements qui
leur confèrent des capacités dinitiative en termes de production. Ils peuvent
mener une véritable politique de production indépendante.
- Les petits producteurs ont peu de capitaux. Ils sont très fragiles et subissent les
évolutions du marché. Ils sont contraints de trouver des préfinancements, car dans
limpossibilité de supporter le rythme damortissement des films. Cette absence
de moyens est particulièrement problématique dans un secteur où la courbe
dexpérience est aléatoire, où il faut donc diversifier les risques.
- Cette situation fait ressortir loriginalité de la stratégie de certains groupes
français qui cherchent aujourdhui à sinternationaliser et à faire des films
étrangers, ou des films français en langue anglaise car les conditions
damortissement apparaissent meilleures pour un film international de 200 MF que
pour un film purement français de 50 MF.
- Notamment, Canal+ prévoit dinvestir 300 millions de francs en 1998 dans des
coproductions internationales et a pour cela créé différentes structures et un accord
avec Pathé :
- The Bridge, société créée au Royaume-Uni, en partenariat avec Sony (50/50), dont
lobjectif est de produire 3 films britanniques par an, dun budget moyen de 50
MF.
- DOC, société créée à Paris en collaboration avec le producteur Charles Gassot (75%
Canal+ et 25% C.Gassot). Lobjectif est la production de 2 ou 3 films par an
dun budget de 25 à 30 MF et lacquisition de films non français.
- Bel Air, société créée aux Etats-Unis en partenariat avec Warner (50/50).
Lobjectif est la production de 4 à 5 films américains par an, de budgets
importants. Canal+ conserve les droits de distribution sur la France, lEspagne,
lAllemagne.
- Accords avec Pathé :
- Acquisition et distribution
Accord signé en 1997, pour lacquisition et la distribution
(vidéo, salle) dans 4 pays dEurope de films américains et européens de budgets
importants de 150 à 500 MF. La distribution en salles se fait par lintermédiaire
des filiales de Pathé : AMLF (France), Guild (R-U), Tobys (Allemagne) et Sogepac en
Espagne (filiale de Canal+).
Canal+ est associé à Pathé dans lun des 3 consortiums
bénéficiaires des fonds de la loterie nationale au Royaume-Uni. La loterie apporte 30M£
sur 5 ans destinée à financer 1/3 du coût du film. Les 2/3 restent à trouver par
ailleurs. Pathé apporte 80% des financements qui nont pas été trouvés par
ailleurs et Canal+ 20%. Les fonds de la loterie sont considérés comme une avance sur
recettes, remboursable films par films (les recettes d'un succès ne doivent pas compenser
l'absence de recettes sur un autre film).
Un risque
de crise financière à moyen terme
- Aussi, même sil était plus important dans les années 1989-1992, un risque de
crise financière demeure. Pour linstant, il a été couvert par laugmentation
des ressources mobilisées par les chaînes, dans le cadre de leurs obligations
réglementaires. Il serait ravivé par la stagnation du chiffre daffaires des
principaux contributeurs (Canal+ et TF1, notamment), dans le cas dune baisse de
laudience TV à moyen- long terme, dune dégradation du marché publicitaire,
ou de lémergence de nouveaux concurrents (TPS).
- Dans ce contexte, on peut se demander :
- si la production indépendante nest pas véritablement menacée par ces
évolutions, la faiblesse des revenus à court terme mettant fortement en péril son
activité à long terme ;
- jusquà quand les bailleurs de fonds seront encore prêts à investir dans le
cinéma, les chances de rentabilisation dun film allant en se dégradant et le
retour sur investissement sallongeant.
La
distribution
Une offre de
films français en nette augmentation
La distribution se répartit de manière
sensiblement égale entre films français et américains
- Le nombre annuel de sorties de films en première distribution varie entre 130 et 150
pour les films français, comme pour les films américains. Certaines années sont plus
particulièrement favorables au cinéma français, comme 1992 ou 1996.
- En revanche, les films des autres nationalités, au même niveau que les films français
et américains à la fin des années 1980, se situent maintenant nettement en
dessous : 98 sorties en 1997. En 1997, les films européens ont fortement progressé,
réalisant 11,7% de part de marché (7,3% pour les films britanniques).
- Sur 394 films sortis en 1997, 151 étaient de production française, 145 de production
américaine et 25 de production britannique.
Mais une durée de vie à laffiche qui se raccourcit
- La concurrence entre les productions oblige les films à exister très rapidement dans
plusieurs salles car ils risquent de ne pas demeurer longtemps à laffiche.
- Ce phénomène de raccourcissement de la durée de vie des films est relativement plus
fort pour les films américains. Ceux-ci concentrent en moyenne 42% de leurs entrées sur
la première semaine contre 32% pour les films français. Ceci traduit une plus grande
efficacité commerciale des films américains : lancement, publicité, promotion.
Films dinitiative française : des
coûts dédition et de promotion qui progressent rapidement
Une
hausse de 30 à 50% au cours des 10 dernières années
- Des budgets dédition et de promotion différenciés par types de films
- Définir avec précision les montants moyens consacrés à lédition et à la
promotion des films en France est assez difficile
- Il nexiste pas de statistiques publiées par le CNC concernant les films
dinitiative française.
- Si lon se réfère au compte macro-économique de laudiovisuel publié par
le CNC et le SJTI, il est possible de fournir un chiffre approximé, qui porte sur les
films dinitiative française et les films étrangers.
- Selon les professionnels du secteur, le montant consacré par les distributeurs à
lédition et à la promotion dun film dépend avant tout de son potentiel
commercial et, a priori, est moyennement corrélé avec limportance de son budget de
production.
- La règle des " 10% du budget de production consacré à la promotion et à la
distribution dun film avec un plafonnement à 4MF " pour avoir droit au
soutien automatique donne une indication mais elle nest pas précise.
- A partir des données dinvestissements en production, des indications fournies par
le compte macro-économique de laudiovisuel sur les postes publicité et prestations
techniques, et, en tenant compte de la part des films français dans la distribution des
films en première exclusivité, le BIPE estime que le coût dédition et de
promotion des films dinitiative française représente, en 1995 en moyenne 7% de
leur coût de production.
- Selon les professionnels, pour faire connaître un film du public, il faut, en 1997,
prévoir un minimum de 1 à 1,5 MF.
- Ce montant minimum correspond à une distribution sur environ 40 copies avec une sortie
sur 8 salles parisiennes, 12 copies pour la périphérie, et une sortie, en partie
retardée, sur 35 agglomérations de province.
- Les coûts peuvent alors se répartir de la manière suivante :

- Les montants consacrés aux " superproductions " françaises peuvent
atteindre jusquà 15 MF.
- Cependant, au dire des professionnels, les sommes consacrées à lédition et à
la promotion des films à petits budgets (moins de 10 MF) sont souvent proches de 200KF.
- Selon les professionnels du secteur, les dépenses dédition et de promotion des
films ont augmenté de 30% à 50% au cours des 10 dernières années.
- Cette évolution semble confirmée par les estimations effectuées par le BIPE à partir
du compte macro-économique : les dépenses dédition et de promotion consacrées
aux films dinitiative françaises auraient crû de 60% entre 1989 et 1995, soit en
moyenne de 8,5% par an.
- Exprimées en pourcentage du budget de production des films dinitiative
française, les dépenses seraient passées de 4,3% en 1989 à 7%.
- Cette hausse, dans un contexte de stabilisation du prix du billet dentrée, qui
stabilise les recettes distributeur autour de 14F/billet, sexplique par plusieurs
facteurs.
- Le nombre de copies ne cesse daugmenter.
- Le nombre de films lancés en France sur plus de 200 copies a augmenté de 84% entre
1994 et 1997. Cette tendance sexplique par la croissance du nombre de multiplexes,
la durée de vie plus courte des films en salles, le recours plus fréquent de certains
distributeurs à la pratique de " sortie nationale " afin de créer
lévénement.
- Le marché est devenu plus concurrentiel : on observe une surenchère des budgets
de publicité pour tenir tête à la promotion des films nord-américains.
- Le prix de lespace publicitaire en radio et en affichage a augmenté rapidement au
cours de la période.
Une comparaison avec les sommes consacrées par les États-Unis à la
distribution
- Etats-Unis : des budgets de distribution 50 fois supérieurs à ceux consacrés par la
France.
Budget de distribution : comparaison France /États-Unis

Source: BIPE à partir de MPAA et CNC
- Entre 1989 et 1995, les membres de la MPAA ont dépensé en moyenne entre 9 et 18M$ à
lédition et la promotion de leur films pour leur sortie sur le territoire
américain ce qui représente entre 39 et 49% du budget moyen de production des films
quils ont produit.
- En 1997, les membres du MPAA consacreraient, selon les films, entre 15 et 30M$ à
lédition et à la promotion.
- Pour sa sortie aux Etats-Unis, Le cinquième élément a bénéficié dun
budget de distribution de 25M$.
- Toutefois, ces chiffres ne peuvent être comparés sans prendre en compte les données
suivantes :
- Ce ratio " coût de distribution US/ coût de distribution France "
a été établi à partir des données issues de lassociation américaine du cinéma
(MPAA) qui ne regroupe essentiellement que les " majors " et leurs
filiales de production; aussi il ne concerne que très partiellement la distribution
indépendante américaine.
- La taille du marché nord-américain explique en grande partie cette différence :
il est courant que les films des " majors " sortent sur 2000 à 2500
copies sur le seul territoire nord-américain.
- Etats-Unis : une inflation des coûts de distribution causée par la publicité
télévisée
- Les membres du MPAA ont subi une forte hausse de leur coût de promotion et
dédition qui, entre 1989 et 1997, a crû en moyenne par an de 11,5% (il atteint
22M$ en 1997).
- Cette hausse est principalement due au phénomène de surenchère de la publicité
télévisée qui représente 44% des dépenses de promotion en 1997. Ainsi les dépenses
de publicité ont crû de 12% en moyenne par an.
- Les distributeurs français nayant pas droit à la publicité télévisée ils
nont pas dû faire face à cette source dinflation.
- France et Etats-Unis adoptent des approches différentes de la distribution des longs
métrages.
- Pour caractériser brièvement le comportement des distributeurs membres du MPAA, on
pourrait dire " quils recherchent à nimporte quel prix le
contact avec le public".
- Cette approche les conduit à dépenser massivement sur tous les médias quel que soit
le film, sans pour autant cibler géographiquement leur politique marketing .
- Elle a par ailleurs conduit à augmenter de manière sensible le nombre moyen de copies
par films : les dépenses dédition ont augmenté de 10% lan en moyenne.
- En France, les distributeurs adoptent plutôt une approche différenciée selon les
films et ciblent plus facilement certaines régions au profit dautres. Cette
approche prudente, voulue par la relative faiblesse de leurs ressources en capital, permet
de limiter sensiblement les coûts de distribution en organisant de manière plus optimale
la distribution sur le territoire français.
Des plans média optimisés, mais peu de films en bénéficient
- En 1997, les films dinitiative française font lobjet de campagnes
promotionnelles plus organisées quen 1989.
- Cependant, un nombre encore réduit de films bénéficie dune promotion et
dune distribution " optimale ".
- En 1997, seulement 14% des films étaient distribués en France sur plus de 200 copies
et 3% sur plus de 400 copies
- En fonction des données dont il dispose, le BIPE estime quau moins 40% des films
distribués en France le serait sur moins de 50 copies
Un
secteur caractérisé par une " bi-polarisation " des entreprises
selon leur C.A.
Les
statistiques nisolent pas lactivité de distribution cinématographique
- Le compte macro-économique publié par le CNC ne distingue pas lactivité de
distribution cinématographique de celle de distribution de programmes audiovisuels, en ce
qui concerne les résultats financiers.
- Une part de lactivité présentée dans le tableau ci-contre nentre donc pas
dans le champ de lanalyse. Cependant au cours de la période 1989 -1995, la
distribution de films a toujours représenté à peu près 80% du C.A. de lactivité
de distribution; les chiffres qui suivent reflètent donc a priori assez bien
lactivité de distribution cinématographique.
Un secteur composé dun nombre important de très petites
entreprises
- La forme juridique prépondérante est celle de la SARL (61% des entreprises en 1995)
; les distributeurs sont les seuls intervenants de la filière à avoir choisi le
statut de groupements dintérêt économique (2% des entreprises) ; 28% des
entreprises se sont constituées en S.A.
- Le nombre moyen de salariés permanents se situe en 3 et 3,5 personnes selon les années
- Le secteur emploie 1134 salariés permanents en 1995.
- Depuis 1992, le secteur embauche au rythme moyen de 7,7% lan.
- Le secteur emploie relativement peu dintermittents. Leur poids dans la masse
salariale ne dépasse jamais 20% entre 1989 et 1995.
- En 1995, 36% navait aucun salarié permanent ; 94% des sociétés employaient
moins de 5 salariés et seulement 2 sociétés comptabilisaient un effectif de plus de 50
personnes.
Le chiffre daffaires moyen réalisé par les petites et très
petites entreprises sest dégradé
- Bien que le nombre dentreprises de distribution augmente significativement entre
1989 et 1995, la taille des entreprises exprimée selon le C.A. a tendance à croître.
- Le nombre dentreprises de distribution est passé de 245 en 1989 à 313 en 1995,
ce qui représente un taux de croissance de 46%
- Le nombre dentreprises réalisant un C.A. de moins de 5 MF a eu tendance a
décroître, tandis que celui réalisant un C.A. de plus de 20 MF a augmenté.
- Le secteur a ainsi connu un mouvement de concentration qui a concerné en premier lieu
les entreprises qui réalisaient un chiffre daffaires compris entre 100 et 200 MF en
1989.
- Au cours de la période, les 3 premières entreprises du secteur ont vu leur poids
rester relativement stable dans le C.A. total du secteur (29% en 1989; 30% en 1995).
- Le C.A. moyen des 7 entreprises suivantes a plus que doublé entre 1989 et 1995, passant
de 150 MF à 320 MF.
- Dans ce mouvement de concentration, la situation des petites et très petites
entreprises sest dégradée.
- Le C.A. moyen réalisé par les entreprises placées entre le huitième et le quinzième
rang dans le classement selon le C.A. du marché a légèrement baissé passant de 68 à
64 MF entre 1989 et 1995.
- Le C.A. moyen de lensemble des autres entreprises a été divisé par deux,
passant de 4MF en 1989 a un peu moins de 2 MF en 1995.
- Le secteur se caractérise donc par une " bi-polarisation " des
entreprises selon le C.A. et une certaine surcapacité.
- Il est composé dun nombre relativement restreint de " très
grosses " entreprises (réalisant un C.A supérieur à 300 MF) et dun
nombre très important de très petites sociétés (réalisant un C.A de moins de 2 MF).
- La majeure partie dentre ces dernières " vivotent ", ce qui
témoigne dun certaine surcapacité de " lappareil de
distribution " cinématographique français vis à vis de la taille du marché.
Un secteur bénéficiaire, peu aidé et endetté
- Le taux de croissance moyen du C.A. du secteur entre 1989 et 1995, exprimé en Francs
95, sétablit à 4%, un peu au-dessus du PIB.
- Cependant en fin de la période, lactivité de distribution de programmes
audiovisuels a enregistré un taux de croissance plus élevé que celui de la distribution
de longs métrages.
- La marge nette est constamment positive, mais elle a eu tendance à se dégrader au
cours de la période (-1,1% par an en moyenne), même si on observe une certaine reprise
à partir de 1993.
- Elle représente, en 1995, 7% du C.A. total du secteur (contre 9% en 1989).
- En 1995, les ¾ des entreprises de distribution en activité étaient bénéficiaires.
- La taux dautofinancement du secteur est positif en 1989 et en 1995, mais il a eu
tendance à se dégrader au cours de la période (356% contre 159%).
- Le poids des investissements, avec la baisse brutale du poids des M.G. des distributeurs
dans le financement des longs métrages, demeure relativement faible par rapport aux
secteurs de la production et de lexploitation cinématographique (entre 30 et 60% de
la valeur ajoutée nette selon les années).
- Les ressources en capital ont observé un légère baisse entre 1989 et 1995 passant de
400 MF à 375 MF, avec le niveau le plus bas en 1993 (34 MF).
- Cependant, ces ressources ont permis de couvrir relativement correctement les
investissements tout au long de la période.
- Le taux dautofinancement na été négatif que pour les trois années
consécutives 1991,1992 et 1993 (respectivement -73%, -16% et -79%).
- Le secteur se caractérise par un poids des frais financiers dans la valeur ajoutée
nette relativement important. A linstar de la production, la distribution a tendance
à sendetter.
- Le montant des frais financiers sest fortement accru entre 1989 et 1992 (+15,6%
par an en moyenne) pour atteindre 53% de la valeur ajoutée nette. A partir de 93, il
commence à décroître légèrement et représente en 1995 38% de la valeur ajoutée
nette, ce qui reste assez élevé.
- La relative importance des frais financiers peut sexpliquer de deux manières :
- Les petites et très petites entreprises de distribution ne disposant pas suffisamment
de fonds propres doivent, fréquemment et massivement, recourir à lemprunt pour non
seulement financer leurs investissements, mais aussi les coûts de distribution qui au
cours de la période sont orientés à la hausse (+8% entre 1989 et 1992). Leur situation
financière est donc particulièrement délicate.
- Les efforts réalisés par les " grandes " entreprises sur la
promotion et la distribution des films de longs métrages les conduisent, compte tenu de
leur trésorerie insuffisante, à recourir à lemprunt à court terme pour financer
les coûts de distribution.
- Le poids du soutien public ne suffit pas à renforcer les ressources en capital des
sociétés de distribution.
- Les subventions dexploitation perçues par le secteur de la distribution ne
représentent que 2,3% des charges courantes en 1995.
- Ce soutien public a eu tendance à se dégrader au cours de la période : il
représentait en 1989 3,4% des charges courantes du secteur en 1989.
- Le secteur de la distribution apparaît ainsi comme le maillon le moins aidé de la
filière par les autorités publiques.
Des exportations en hausse, mais un taux dinternationalisation
qui diminue légèrement
- Les efforts de distribution à létranger par les sociétés de distribution
françaises sont particulièrement marqués à partir de 1992.
- Les exportations progressent de 2% en moyenne par an entre 1989 et 1992. A partir de
1992, elles progressent de 7,3% par an.
- Ceci traduit certainement en partie les effets du programme européen daide à la
distribution MEDIA 1.
- Les importations (comprenant essentiellement les reversements aux producteurs étrangers
sur ventes réalisées en France) sont importantes en valeur (plus de 1,5 Milliards de
francs tout au long de la période) mais ont tendance à décroître entre 1992 et 1995
(-3,1% par an en moyenne) grâce sans doute à lamélioration de la part de marché
du film français dans la fréquentation.
- En conséquence, le taux dinternationalisation du secteur passe de 22% à 20%.
Cela reste néanmoins élevé pour une industrie de services (taux
dinternationalisation de léconomie française en 1993 : 19%).
Concurrence :
le poids prépondérant des américains
La
combinaison des salles est favorable aux productions américaines
- Alors que la moyenne pour un film en première exclusivité est de 8,9 écrans sur
Paris, les films américains disposent en moyenne de 12,7 écrans, du fait du nombre
élevé de grosses productions.
- Près de 30% des films français ne sortent que dans une seule salle.
Les
distributeurs américains détiennent près de 30% du marché
- Les dix premiers distributeurs réalisent 89% de la recette totale.
- Les distributeurs américains représentent 28,5% du marché. Cette situation
exceptionnellement basse en Europe est liée aux alliances entre Gaumont et Disney (GBVI)
et entre UGC et Fox (UFD) qui ont une part de marché combinée de 35,1%.
- Les distributeurs purement français représentent 31% de part de marché et 36,4% si on
ajoute Polygram.
- Le principal distributeur français AMLF appartient au groupe PATHE (13,3% de part de
marché).
Lexploitation
Un réseau de
salles en forte croissance
Le réseau de salles français est le
plus dense dEurope
- La France disposait en 1997 de 4 695 salles actives, réparties dans 2 156
établissements.
- Elle est le pays le mieux équipé dEurope : 8 salles pour 100 000
habitants (et encore 7,5 salles si lon ne compte pas les salles parisiennes) contre
6 pour le Danemark, deuxième pays de lUnion Européenne suivant ce critère.
- Les zones urbaines sont mieux équipées que les zones rurales. Paris regroupe environ
8% des salles de France.
Le dynamisme
des créations de salles se confirme depuis 1993
- Après avoir connu une régression constante entre 1985 et 1993, correspondant à une
période de baisse de la fréquentation, le parc de salles français connaît une
croissance sensible depuis trois ans. En 1996, le nombre décrans nouvellement
créés a été le double de celui de 1995 et le solde net de créations décrans en
1996 a été de 176 (233 ouvertures et 57 fermetures). En 1997, mle nombre de nouveaux
écrans a été de 185.
- Pour 133 cas sur 185 en 1997, les salles créées sont dues à louverture de
multiplexes ou à la restructuration de complexes classiques en multiplexes.
- Les multiplexes sont définis comme des complexes comprenant au moins 10 salles pour un
minimum de 1 800 à 2 000 fauteuils. A la fin de 1997, 34 multiplexes étaient
en activité, totalisant 442 écrans. Ils cumulaient 26 millions dentrées, soit
17,3% de la fréquentation.
- La capacité des nouvelles salles créées est plus importante quauparavant :
elle tourne autour de 200 fauteuils par écran ; le Château du Cinéma à Lomme,
près de Lille, totalise 7 403 fauteuils pour 23 écrans.
- Le nombre détablissements de plus de 10 salles est passé de 7 en 1993 à 37 en
1997.
- La concentration du secteur de lexploitation est croissante : les 50 premiers
établissements réalisent 27,7% des entrées totales et 30,5% des recettes.
Les
multiplexes relancent la fréquentation mais fragilisent dautres exploitants
- La dynamique de création des multiplexes est génératrice daudience dans la zone
de chalandise de ces nouveaux établissements. A la table ronde organisée par
lassociation Villes et Cinémas, le gain net de spectateurs a été estimé à
300 000 en moyenne pour lagglomération dans laquelle ils sont implantés.
- Cependant, leffet des multiplexes sur les autres exploitants de la zone de
chalandise est généralement négatif. Les salles situées à proximité du multiplexe
accusent une baisse sensible de leurs entrées, de 20% à 50%. Les salles qui résistent
le mieux sont les salles Art & Essai dont la programmation est complémentaire de
celle des multiplexes. Cependant, dans certaines villes, les multiplexes ajoutent certains
films dauteur à leur programmation et concurrencent ainsi directement les salles
dArt & Essai de la zone de chalandise. Lassociation les Cinémas
Indépendants Parisiens évalue la chute daudience du Quartier latin, due à
limplantation du cinéma UGC-Ciné-Cités les Halles, entre 20% et 30%.
- Parallèlement, suite à des ouvertures de multiplexes jugées anarchiques, certaines
villes ont dû faire face à des offres en doublon (lexemple de Nantes est le plus
souvent cité). Les exploitants ont engagé une guerre des prix, diminuant les remontées
vers les producteurs.
- Aujourdhui, les ouvertures de multiplexes sont soumises à autorisation, comme le
secteur de la grande distribution. Les Commissions départementales déquipement
cinématographiques (CDEC), instituées par lextension de la loi Royer à la fin de
1996, sont entrées en action en 1997. Quatorze commissions se sont réunies en douze
mois : elles ont autorisé la création de huit multiplexes et ont refusé six
projets. Cette réglementation a conduit les exploitants (principalement UGC et dans une
moindre mesure Pathé et Gaumont) à ouvrir des multiplexes à létranger et à
amorcer un phénomène dinternationalisation, surtout vers les pays européens
(Espagne, Portugal, Pays-Bas).
- Le nombre de salles Art & Essai évolue de manière irrégulière depuis 1975, mais
représente une part croissante du parc total depuis quelques années : de 13,6% en
1975 à 17,2% en 1996. Ce parc génère 629 MF de recettes en 1996, soit 13% du total
national.
Les salles se
modernisent et séquipent progressivement
- Le nombre dinstallations sonores sophistiquées a connu une croissance forte
depuis quatre ans : son Dolby, son digital, son THX.
- Le nombre décrans 70 mm a connu une progression importante en 1992 (passage de 25
à 70 écrans), mais est stable depuis.
Les exploitants sont entrés dans une
phase dinvestissements
- Les investissements des exploitants (hors foncier et activités annexes) ont presque
doublé en trois ans. Ils sont passés de 427 MF en 1994 à 814 MF en 1997. La
conversion des salles en multiplexes explique en grande partie cette évolution.
- Ces investissements ne sont plus couverts par le fonds de soutien exploitant quà
34% en 1997 contre 60% en 1994.
- Cette situation tend à fragiliser les plus petits qui ne peuvent suivre cette
modernisation essentiellement orchestrée par les groupes (UGC, Pathé, Gaumont).
Évolution des investissements des exploitants
(hors foncier et activités annexes)
|
1994 |
1997 |
Fonds de soutien aux exploitants |
255 MF |
274 MF |
Investissements des exploitants |
427 MF |
814 MF |
Taux de couverture |
60% |
34% |
Source : CNC
Les exploitants programment en priorité des films américains, qui
restent plus longtemps à laffiche que les films français
- Mis à part le cas particulier de 1996, les salles programment un nombre croissant de
films américains (54,8% en 1995).
- Les films américains restent plus longtemps à laffiche que les films
français : en 1995, un film français restait en moyenne 17,3 semaines à
lécran, contre 27 semaines pour un film américain.
- On peut expliquer ce phénomène par le fait que seuls sont distribués en France les
films américains ayant déjà généré des recettes aux Etats-Unis.
Une situation
économique largement dépendante de lévolution de la fréquentation et de la
politique des grands groupes de programmation
La
chute du nombre de sociétés dexploitation cinématographique observée entre 1989
et 1995 concerne principalement les petits exploitants
- Au cours de la période, la taille des sociétés dexploitation a eu tendance à
croître.
- En 1989, 94% des entreprises réalisait un chiffre daffaires inférieur à 5MF; en
1995, elles ne sont plus que 80%.
- Dans le même temps, le % des sociétés réalisant un chiffre daffaires
supérieur à 20 MF doublait et passait à 2%
- Le niveau de concentration du secteur, exprimé en fonction du C.A réalisé par les
entreprises, est resté à peu près stable entre 1989 et 1995 ; cependant il est
plus élevé que dans les secteurs de la production et de la distribution
cinématographique.
- Le chiffre daffaires réalisé par les trois premières entreprises est passé de
39% du chiffre daffaires total du secteur en 1989 à 42% en 1995.
- Le chiffre daffaires réalisé par les dix premières entreprises est passé de
46% du chiffre daffaires total du secteur en 1989 à 50% en 1995.
- Le secteur a pourtant connu un phénomène de concentration assez brutal au cours de la
période, qui se mesure assez bien au travers de lévolution du nombre
dentreprises.
- Le nombre total de sociétés dexploitation a en effet chuté de 18% entre 1989 et
1995.
- Les sociétés de petite taille sont les plus concernées par ce phénomène de
" mortalité " (disparition ou fusions)
- Le nombre de sociétés réalisant un chiffre daffaires de moins de 500 KF a
chuté de 63% entre 1989 et 1995
- Le nombre de sociétés réalisant un chiffre daffaires de moins de 5 MF a baissé
de 10% entre 1989 et 1995
- Dans le même temps, le nombre de société réalisant un chiffre daffaires de
plus de 20 MF a augmenté de 70%
- Cette évolution sexplique sans doute par " leffet
multiplexes ".
- Face à ces évolutions, la taille des entreprises exprimée en nombre moyen de
salariés permanents a augmenté de façon sensible au cours de la période, passant de
6,1 à 7,1 salariés
- Le secteur emploie ainsi en 1995, 5185 salariés de manière permanente
- Après une période de " débauchage " jusquen 1992, le
secteur sest mis à réembaucher au rythme moyen de 3,6% lan.
- Le secteur nemploie pas dintermittents du spectacle.
- Les charges salariales sont relativement importantes puisquelles représentent en
1995 un tiers des dépenses courantes (hors consommation intermédiaire). Cependant, elles
sont passées de 36% en 1989 à 32% en 1995.
Un secteur dont la rentabilité reste médiocre malgré
limportance du soutien public
- Le C.A. du secteur a connu au cours de la période 1989-1995, un taux croissance
inférieur à celui du PIB, de 1,2% par an en moyenne.
- Cette évolution traduit la crise de fréquentation observée depuis 1986, et ce,
jusquen 1992.
- La marge nette du secteur est demeurée constamment négative au cours de la période.
- Le déficit courant oscille suivant les années entre 10 et 17% du C.A.
- On constate néanmoins, avec la reprise de la fréquentation, une légère amélioration
depuis 1993 ( 11% du C.A en 1995).
- Au cours de la période la capacité dautofinancement du secteur a eu tendance à
se dégrader, malgré un niveau de subventions publiques assez élevé.
- Les investissements corporels, traduisant la politique de modernisation des salles, ont
fortement augmenté au cours de la période (+18,6%). Leur poids dans la valeur ajoutée
nette est ainsi passé de 19% à 48% entre 1989 et 1995
- Cependant les ressources en capital sont demeurées très faibles tout au long de la
période, même si on a observé une légère amélioration à partir de 1993,
principalement due, dailleurs, à la forte hausse des subventions déquipement
- Le résultat brut courant, alimentant les fonds propres, est resté négatif depuis
1991, même si le déficit a tendance à se résorber depuis (-341 MF en 1992, -50 MF en
1995)
- Les subventions déquipement observent une forte hausse à partir de 1993,
représentant un apport moyen de 300 MF
- Dune manière générale , le niveau des subventions publiques (subvention
déquipement et dexploitation) accordées au secteur de lexploitation
est passé de 5,4% en 1989 à 7,1% du total des charges courantes en 1995.
- En conséquence, le déficit de financement entre les ressources en capital et les
investissements corporels sest accru, particulièrement en 91, 92, 94 et 95.
- Le taux dautofinancement est donc resté négatif tout au long de la période
- En 1991, il atteignait -89%, en 1992, -134%; il sest stabilisé à -65% en 1994 et
1995
- Comme pour les producteurs, les exploitants ont dû trouver des financements
complémentaires auprès des organismes financiers, et se sont endettés.
- Les frais financiers se sont accrus jusquen 1992 pour atteindre 29% de la valeur
ajoutée nette du secteur
- Depuis 1992, ils ont tendance à décroître mais représente toujours 18% de la valeur
ajoutée nette en 1995.
Concurrence :
la part de marché des groupements de programmation baisse
- Le marché de lexploitation cinématographique en France est dominé par trois
acteurs français également impliqués dans la distribution : Gaumont, Pathé et
UGC. Ils représentent plus de 20% du parc national de salles et 46% des recettes guichet
(51% il y a 4 ans).
- Ces sociétés ont un certain nombre de salles dont elles sont propriétaires et
dautres dont elles assurent la programmation. Gaumont privilégie le système
dexploitation propriétaire, ainsi quUGC dans une moindre mesure, tandis que
Pathé au privilégie la programmation sans propriété.
- La baisse de la part de marché des trois groupes sexplique en partie par
larrivée dexploitants étrangers créant des multiplexes comme le groupe
Belge BERT (37 salles en 1996).
Lexportation
Un faible
dynamisme des films français à lexportation
Les chiffres dexportation
recouvrent plusieurs réalités
- Les chiffres dexportation sont établis par le CNC à partir des bordereaux de
déclarations de recettes en provenance de létranger. Ces bordereaux sont remplis
mensuellement par les producteurs et les exportateurs. Les recettes prennent en compte les
encaissements sur une année correspondant aux ventes effectuées en salles, en vidéo et
à la télévision.
- Ces statistiques mesurent le flux de recettes qui remonte chaque année à
lindustrie cinématographique de létranger. Elles ne constituent quune
mesure partielle des performances des films français à létranger : un très
fort encaissement pour un film sur un pays peut correspondre à une vente importante pour
la télévision et ne reflète pas une sortie en salle et un succès éventuel.
- Par ailleurs, il faut noter que les recettes à lexportation comprennent les
ventes des films récents mais aussi des films de catalogues.
- Dans le cas de coproductions, les chiffres dexportation ne comprennent pas les
ventes des coproducteurs sur leur marché national : le coproducteur étranger se
réserve en principe les droits de vente dans son pays. Selon Unifrance, ces ventes
pourraient atteindre 600 à 800 MF par an (à rapprocher des apports des
coproducteurs étrangers dans les films à majorité française, soit 200 MF en 1996
et 380 MF en 1997) et sont également un indicateur du rayonnement du cinéma
français à létranger.
Les recettes
à lexportation de films français demeurent stables, tandis que les réexportations
de films étrangers augmentent
- Les marchés dexportation bénéficient de la multiplication des multiplexes
partout dans le monde, mais surtout de lexplosion des bouquets de chaînes
numériques, qui ont stimulé la demande de programmes et notamment de catalogues de
films. Unifrance estime que les ventes des droits TV représentent environ 70% du total
des exportations, contre 30% pour les ventes en salles.
- En 1996, les recettes globales à lexportation ont atteint 660 MF, dont 404
pour les films français et 226 pour les réexportations de films étrangers. En 1990, ces
derniers représentaient 14% du chiffre daffaires, tandis quils atteignent 39%
du chiffre daffaires de 1996. Au contraire, les exportations de films français
restent stables, hors années exceptionnelles (1989, 1992, 1996).
Les
exportations de films français sont concentrées sur un petit nombre de films et de
producteurs
- Les dix premiers producteurs réalisent plus de 78% des recettes des films français à
létranger. Les principaux sont Canal+ (après le rachat de UGC DA et Lumière),
Gaumont, TF1 (Compagnie de Droits audiovisuels), Marin Karmitz, UGC, FPI (Flash Pyramide
International).
- Les petits distributeurs et producteurs sont découragés par la complexité
dapproche des marchés étrangers : nécessité de faire doubler les films,
difficulté à convaincre les agents de vente internationaux de prendre les films
français dans leurs catalogues et de les commercialiser, coût élevé
dexploitation et de distribution à létranger (pris en charge par le
distributeur).
- Chaque année, seuls quelques titres concentrent la majorité des recettes. Les dix
premiers films représentent environ 40% de la recette globale. En 1989 et 1992, années
particulièrement favorables au cinéma français, les succès à lexportation
sexpliquent par le résultat dun film majeur, Valmont en 1989 et LAmant
en 1992. Cependant, en 1996, la structure des recettes est plus diversifiée et ne
bénéficie pas à un film en particulier. Le premier film français est Un indien dans
la ville, qui a encaissé plus de 30 MF, soit 7,6% des recettes des films
français.
- Comme le montre le rapport Wallon de 1994, deux catégories de films obtiennent de bons
résultats à lexportation :
- les succès au box-office en France qui poursuivent une carrière significative à
létranger sur plusieurs années. On retrouve ainsi Un indien dans la Ville, Les
anges gardiens, Léon, Le hussard sur le toit, Ridicule, Le
bonheur est dans le pré ;
- les coproductions qui nont pas forcément été des succès français mais qui ont
bénéficié de fortes pré-ventes sur quelques territoires importants.
- A ces deux catégories il faudrait ajouter les films tournés en langue anglaise et
conçus pour lexportation, comme Le Cinquième Elément ou Jeanne
dArc, produits par Gaumont.
Les vrais
marchés du cinéma français restent les marchés européens
- En moyenne, la part du film français à létranger est de 3% en salle et de 7% à
la télévision en 1997 (estimation Unifrance).
- LEurope représente 62,5% des recettes du cinéma français à lexportation.
Le poids des marchés européens ne cesse daugmenter depuis 1994. Les pays
francophones (Suisse et Belgique) sont de gros consommateurs de films français, tandis
quen Italie les films français perdent des parts de marché. Sur le marché du
petit écran, lAllemagne est le principal débouché des productions françaises
(773 titres diffusés en 1996).
- Le marché américain reste très difficile à pénétrer pour les produits culturels,
et particulièrement le cinéma. Le cinéma français est le seul en langue étrangère
qui bénéficie dune notoriété aux Etats-Unis, mais seules quelques grosses
productions, généralement tournées en langue anglaise, enregistrent des résultats
significatifs. Par ailleurs, la préférence souvent donnée au remake des films
français à succès rend encore plus difficile lexportation des films originaux.
- Les marchés asiatiques sont plus réceptifs au cinéma français, notamment le Japon,
qui est le deuxième marché à lexportation (19%).
La diffusion
de films à la télévision et en vidéo
Une programmation des chaînes de TV qui
reflète de moins en moins la diversité de la production cinématographique française
Malgré laugmentation de la
production audiovisuelle française, lapprovisionnement des chaînes reste
dépendant de létranger
- En permettant un développement de loffre de programmes TV, la diffusion
numérique a amplifié laugmentation de la demande en programmes apparue par la
multiplication des chaînes hertziennes (Canal+, M6, Arte) et satellites (par exemple, la
création récente des trois nouvelles chaînes thématiques de France Télévision :
Mezzo, Cinéstar, Polar, 13ème Rue). La demande de programmes en Europe est passée de
200 000 heures en 1981 à 730 000 heures en 1996.
- Dans un univers concurrentiel, lensemble des chaînes, en clair ou payantes, doit
proposer des programmes susceptibles de tirer la demande, ou, du moins, de préserver leur
bassin daudience afin de sécuriser leurs revenus. Parmi les programmes
générateurs daudience, on trouve les programmes sportifs, les fictions
télévisées et les films.
- Malgré une importante augmentation depuis 1981, la production européenne de programmes
reste encore insuffisante par rapport à la demande et ne correspond pas toujours aux
critères des diffuseurs.
- Les chaînes françaises sont alimentées en programmes français à 30% pour les
fictions et à 48% pour les films.
- Certaines chaînes, comme Canal+, achètent près de 80% de leurs programmes de prime
time à létranger.
Les achats de
droits TV des films par les chaînes de télévision augmentent régulièrement depuis
1994
- Les achats de droits TV des films ont augmenté de 62% entre 1990 et 1996. Les achats de
droits TV de films français représentent 48% du total (1,5 milliards de francs, pour un
total de 3,2 milliards).
- Le coût dachat par film peut varier de 0,5 MF à 11 MF,
exceptionnellement plus. Ainsi, pour les films français récents, le prix dachat
moyen varie entre 3 et 4 MF pour France 2 ou TF1. Canal+ a acheté 35 MF le
droit de diffusion du film Le cinquième élément.
Cependant,
laudience des films à la télévision régresse.
- Les films de cinéma restent très appréciés par les téléspectateurs, qui y
consacrent 10% du temps passé devant la télévision.
- Cependant, de manière générale, quelle que soit leur nationalité, laudience
des films de cinéma décline à la télévision. Laudience moyenne (15,6%) des 100
meilleurs films diffusés en 1995 par les chaînes hertziennes en clair est en baisse par
rapport à 1994 (17,5%) et 1993 (18,2%).
- En moyenne, le cinéma français devance le cinéma américain dans le classement des
meilleures audiences. En 1996, dans le classement des 100 meilleures audiences, on trouve
52 films français, 45 films américains, 2 films britanniques et un film australien.
Parmi les films français à grande audience, on trouve surtout des comédies. En 1996,
les bons résultats ont été réalisés par Les visiteurs (4ème), La vengeance
dune blonde (6ème) et La totale (10ème). Mais aux heures de grande
écoute, laudience moyenne du cinéma français ne progresse pas, voire décline,
surtout sur TF1 (15,8 en 1993 et 14,7 en 1996).
- Les films américains génèrent les plus fortes audiences. Sur TF1, Sister Act
a généré 24,2% daudience moyenne en 1996 et 51,7% de part de marché, et The
Bodyguard 22,3% daudience moyenne et 52% de part de marché.
- Aucun film français na généré daudience moyenne supérieure à 20% en
1996 (Les Visiteurs sur France 3 ont atteint 19,5%), tandis que la série Navarro
a atteint 20,7% daudience moyenne sur TF1.
La
programmation des diffuseurs se porte de plus en plus vers les fictions télévisées
- 1 064 films ont été diffusés par les chaînes généralistes en 1996, en
croissance depuis 1994.
- Cette augmentation est en partie due à la nouvelle réglementation, qui autorise les
chaînes de télévision à diffuser des films Art & Essai en plus de leur plafond.
Par ailleurs, la création de la Cinquième offre une nouvelle opportunité de diffusion
et la diffusion sur Arte saccroît.
- Sur les chaînes en clair (TF1, France 2, France 3, M6), le nombre de films
programmés varie entre 170 et 200 films par an. Si TF1 et France 3 utilisent
pleinement leurs droits de diffusion de films, France 2 et M6 ont tendance à
programmer moins de films que le maximum autorisé.
- La programmation dArte comprend un grand nombre de films (244 en 1994 et 240 en
1995), notamment des cinématographies peu connues (films inédits, films dauteur,
films européens non français, films étrangers non américains).
- Le nombre de films programmés par Canal+ tourne autour de 450 films par an, ce qui en
fait de loin la première chaîne en termes de programmation cinématographique. Par
ailleurs, Canal+ pratiquant systématiquement la rediffusion de sa programmation, le
nombre total de diffusions est supérieur à 2 000 par an.
- Malgré cette offre importante de programmation cinématographique, le succès croissant
des fictions télévisées fragilise la part de marché des films.
- Depuis le début des années 1990, les fictions télévisées obtiennent un succès
croissant auprès des Français. Près de la moitié des 50 premières audiences sont des
fictions télévisées. Parmi elles, les fictions françaises sont en bonne place (séries
Navarro, Julie Lescaut, LInstit).
- Laudience des films et des fictions est comparable (22 à 24% daudience
moyenne pour les meilleurs résultats). Cependant, en première partie de soirée,
laudience des films diminue régulièrement, tandis que laudience des fictions
est restée stable ou a progressé sur les chaînes en clair. Le film est de moins en
moins perçu comme un événement (possibilité de lenregistrer, rediffusion),
tandis que la fiction commence à le devenir.
- Sur Canal+, les meilleures audiences en 1996 pour les émissions cryptées ont été
réalisées par le football (4 à 5% de part daudience moyenne).
- Dans ce contexte, le rapport entre producteurs et chaînes a tendance à
sinverser. Alors quil y a quinze ans les producteurs se battaient pour éviter
le passage de leurs films au petit écran, ils sont maintenant très demandeurs car ils
espèrent en tirer une source de financement. Au contraire, les diffuseurs privilégient
les fictions télévisées à laudience plus prévisible, aux formats mieux adaptés
et aux coûts de rediffusion moindres.
La
programmation des films français diminue sensiblement, surtout celle des films inédits
- La réglementation définit des quotas de diffusion pour les oeuvres
cinématographiques : 60% doeuvres européennes et 40% doeuvres
francophones.
- Cette réglementation na pas empêché la progression du cinéma américain sur
toutes les chaînes, qui est passé de 30% à 37% entre 1988 et 1995, sur les quatre
principales chaînes françaises.
- Alors que les chaînes programmaient auparavant spontanément plus de films français
que la réglementation ne les y obligeait, le cinéma français est tombé en dessous de
50% pour la première fois en 1993. Cette réduction de la programmation de films
français va de pair avec la baisse de leur audience.
- De plus en plus, les chaînes hertziennes généralistes diffusent des films français
pour obtenir un droit de diffusion de films américains (système des quotas).
- Les films français qui souffrent le plus de cette baisse de la programmation sont les
inédits. Les films inédits programmés sont majoritairement américains. Quant aux films
français inédits, ils sont de plus en plus des coproductions des filiales cinéma des
chaînes. De manière générale, le choix des chaînes en clair reflète de moins en
moins la diversité de la production nationale (voir à ce sujet létude Le
Cinéma à la Télévision en 1994-1995, CSA-CNC).
Une part
importante de la production française nest pas diffusée à la télévision
- Fin 1995, 823 films agréés entre 1983 et 1992 navaient jamais été diffusés
sur les chaînes de télévision hertziennes en clair (hors Arte), soit 57,2% de la
production française de ces 10 années.
- La programmation de Canal+ en revanche contrebalance ce phénomène : seulement
23,2% des films agréés nont pas été diffusés sur cette chaîne.
- Les diffusions des films coproduits par les chaînes se situent à un niveau nettement
plus élevé : 65% des films coproduits par France 2, France 3, TF1 et M6
sont diffusés à la télévision.
- France 3 et Arte se montrent les plus réticentes à légard de la
programmation des coproductions de leurs filiales, tandis que TF1 programme très
largement les films quelle a coproduit.
Diffusion des films coproduits par les chaînes
|
Films coproduits
1990-1992 |
Films
non diffusés |
France 2 |
52 |
21 (40,4%) |
France 3 |
41 |
21 (51,2%) |
TF1 |
53 |
13 (24,5%) |
M6 (*1991-1992) |
17 |
6 (35,3%) |
Arte |
42 |
32 (76,2%) |
Source : Le cinéma à la Télévision - CNC/CSA
Pour les diffuseurs, lenjeu devient la réduction des délais
de diffusion
- Actuellement, les délais de diffusion dun film après sa sortie en salle sont les
suivants : 9 mois pour une cassette vidéo, un an pour Canal+, 3 ans pour les
chaînes hertziennes lorsquelles nont pas participé à la coproduction.
- Cest pourquoi les chaînes participent de plus en plus à la coproduction de
certains films, afin de bénéficier dun délai réduit de diffusion (2 ans).
- Par ailleurs, les chaînes cherchent une deuxième fenêtre, par exemple les bouquets
satellites, pour diffuser les films encore plus rapidement. Une bataille concurrentielle
sest amorcée entre Canal+ et TPS sur la diffusion des films français.
- Les fenêtres de diffusion devraient encore évoluer avec le développement du Pay
Per View.
Le marché de
la vidéo confirme la suprématie des films américains
- Si le nombre de titres parus en vidéo séquilibre entre films français et films
américains (43,8% contre 43,4% en 1995, pour un total de 4 145 titres), il nen
va pas de même pour le nombre de copies et le chiffre daffaires, qui sont nettement
plus élevés pour les productions américaines (68,5% des copies et 78% du chiffres
daffaires en 1995).
- Cette suprématie se retrouve dans le classement des cent meilleures ventes en
1995 : 78 films américains, 15 films français, 5 films britanniques, un film
australien et un film tchèque. Les films de Walt Disney et les films récents
recueillent le plus de succès.
- Les producteurs français dans lensemble ne se sont pas mobilisés pour accroître
les ventes vidéo.
ANNEXE 4
Commentaires sur les sources statistiques
Les données statistiques financières
Les statistiques sur lesquelles est
fondée lanalyse financière de lindustrie cinématographique française sont
issues du compte macro-économique de laudiovisuel
- Le projet de compte macro-économique de laudiovisuel a été lancé en 1990. Il a
exigé de ces promoteurs, le CNC et le SJTI, de :
- définir un cadre comptable adapté aux spécificités du secteur, qui a été finalisé
en 1991.
- procéder à une collecte et à un traitement de données sur le secteur de
laudiovisuel à partir de lensemble des sources statistiques disponibles
(INSEE-EAE, CNC, SJTI, etc.). La phase de traitement a connu quelques difficultés :
- lenquête E.A.E de lINSEE était insuffisamment détaillée, ce qui a exigé
du CNC et du SJTI de lancer une enquête complémentaire auprès dun échantillon de
grande entreprise.
- Les réponses des entreprises au questionnaire complémentaire nétaient pas
homogène et de qualité plus ou moins variables, ce qui a exigé des traitements
complémentaires.
- Il a ainsi fallu 5 années pour lancer et exploiter lenquête complémentaire,
puis contrôler et maîtriser un fichier de plus de 3000 entreprises.
- Il ne porte que sur les années allant de 1989 à 1995. Lannée 96 devrait être
disponibles pour le second semestre 98.
- Le compte macro-économique a pour objectif de mesurer et de suivre annuellement, de
façon cohérente et exhaustive, les relations existantes entre les diverses composantes
du secteur de laudiovisuel avec le reste de léconomie française, en
chiffrant aussi précisément que possible les différents flux monétaires, au sein de
chaque branche et entre les différentes intervenants du secteur de laudiovisuel.
- Ce compte recouvre lensemble des activités de la filière cinéma, de la filière
TV et de la filière vidéo.
- Il établit pour chaque sous secteur leur compte macro-économique de gestion.
Des résultats non définitifs
- Les résultats issus du compte sont des estimations réalisées à laide de toutes
les statistiques disponibles, la plus importante étant lEAE auprès des entreprises
de services réalisé par lINSEE en relation avec le CNC et le SJTI. Les sources
administratives du CNC sont également utilisées.
- Toutes ces sources sont plus ou moins biaisées ou lacunaires de sorte que de nombreux
redressements et évaluations ont du être effectués. Des recoupements ont néanmoins
été possibles entre les diverses sources statistiques. La qualité statistique des
divers postes du compte est donc très variable selon les secteurs et doit encore
progresser.
- Par ailleurs, le compte reste relativement incomplet, notamment pour tout ce qui
concerne les opérations en capital.
- Fin avril 1998, le CNC et le SJTI estimaient que ces statistiques devaient être
considérées comme provisoires, tant que des experts du secteur ne les avaient pas
examinés, afin quils soient vérifiés confrontés et au cas complétés.
- Au terme de cette phase de contrôle, le CNC et le SJTI pensent que les grands agrégats
que compte seront peu affectés; en revanche, certains postes élémentaires pourraient
faire lobjet de révisions plus ou moins fortes : en particulier, les variations
annuelles et les soldes finaux (résultats brut courant, ressources en capital et
investissements, solde des échanges extérieurs) pourront être sensiblement modifiés.
Le lecteur doit donc considérer les
données financières sur les différents sous-secteurs de lindustrie
cinématographique française, avec précaution
- A ces incertitudes, le BIPE en a rajouté une en procédant à un agrégation des trois
comptes de gestion de la production, de la distribution et de lexploitation
cinématographiques.
- En effet, dans le compte macro-économique, le compte de lactivité de
distribution concerne à la fois lactivité de distribution des longs métrages et
celle des programmes audiovisuels.
- Afin de considérer de manière assez juste les contours de la filière
cinématographique française, le BIPE a estimé les données financières de
lactivité de distribution cinématographique au prorata de son poids dans le
chiffre daffaires total du secteur (environ 80% pour toutes les années étudiées)
- Cela correspond donc à une hypothèse forte, étant donné les différences dans la
méthode de gestion qui peuvent exister entre les deux activités de distribution.
- Cela était cependant le seul moyen de fournir un agrégat de la filière
cinématographique.
Les données statistiques sur les devis
des films
Devis professionnel de production : un
nombre impressionnant de postes élémentaires
- Les devis de production employés par les professionnels de la production
cinématographique sont organisés en 9 grands postes qui couvrent 69 sous-postes et plus
de 500 postes élémentaires.
- De ce fait, les postes clés sont difficilement repérables lorsque lon travaille
sur la base de devis récapitulatifs, cest à dire ne retenant que les grands postes
daffectation des dépenses.
- Par exemple, les effets spéciaux sont généralement inclus dans le poste
" Décors et costumes ", parfois dans le poste " Pellicules
et laboratoire ". De même, la rémunération des réalisateurs est répartie
entre les postes " Droits artistiques " et
" Personnel ".
- Ces deux exemples montrent combien il est difficile de faire ressortir lévolution
globale de certaines dépenses, et par conséquent, didentifier avec précision les
sources dinflation du coût moyen des films dinitiative française, à partir
des statistiques existantes.
Devis récapitulatifs demandés par le
CNC : une présentation atypique
- La présentation des devis retenue par le CNC ne sappuie pas sur la présentation
standard internationale. La présentation standard du devis distingue, les coûts
" au dessus " et " en dessous de la ligne ".
- Les coûts " au dessus de la ligne " recouvrent les postes qui ne
seront chiffrés quen fin de phase de développement, cest à dire
principalement :
- les droits artistiques,
- la rémunération, les charges sociales et autres dépenses (agents artistiques,
déplacement/defraiement, casting, assurances, etc.) liées au réalisateur, techniciens,
producteur délégué et rôles principaux.
- Les coûts en dessous de la ligne recouvrent lensemble des autres dépenses,
cest à dire principalement celles relatives à la mise en production du film
(dépenses effectuées sur le tournage et après le tournage).
- Ainsi, la présentation du devis employée par le CNC rend difficile lanalyse de
lévolution des postes de dépenses dont il est admis par la profession quils
sont sources dinflation; ce quune présentation anglo-saxonne des devis aurait
facilité.
Des statistiques fondées sur les devis
déposés lors de la demande dagrément
- Lanalyse statistique présentée dans les pages suivantes repose sur les
informations chiffrées issues du CNC, collectées à partir des devis récapitulatifs
déposés par les producteurs lors de leur demande dagrément. Ce sont donc des
devis estimatifs, alors que des changements daffectation des ressources peuvent
intervenir en cours de tournage ou après (imprévus, contentieux, non respect des
engagements par les partenaires obligeant le producteur délégué à revoir ses dépenses
sur certains postes, etc.).
- Notons néanmoins que si lanalyse sétait appuyée sur les devis déposés
au CNC a posteriori par les producteurs, elle aurait permis davoir une vision
plus conforme mais certainement pas encore exactement identique à la réalité : les
devis réels restent le plus souvent en la possession des producteurs.
- Rappelons par ailleurs que, dune manière générale, les devis présentés par
les producteurs français sont surévalués. Cette surévaluation permet aux producteurs
délégués daugmenter artificiellement leurs apports et donc de réduire la part
des coproducteurs dans les actifs du films. Selon les entretiens menés par le BIPE, la
majoration la plus courante serait de lordre de 15 à 20%.
Une analyse statistique qui permet de
faire certains constats.
- Cet avant-propos vise à mettre en garde le lecteur sur la qualité des sources
utilisées.
- Cependant, le CNC a comparé les devis estimatifs et les devis déposés une fois le
film réalisé. Malgré les écarts constatés,
- la structure moyenne des coûts est relativement peu changée ;
- la structure de financement des films dinitiative française change très peu une
fois le film mis en production ; les plans de financement déposés lors de
lagrément sont fiables.
- En élargissant le champ de lanalyse au financement de la production
cinématographique française, en croisant les données qualitatives issues des entretiens
effectués par le BIPE avec les chiffres du CNC, et en procédant à une analyse plus
fine, lanalyse statistique du coût moyen des films dinitiative française et
de la structure des devis permet donc de faire certains constats.
- Lanalyse des causes des évolutions constatées repose sur deux types de
données : les principaux postes de dépenses et les sources de financement. En
effet, si les variations de prix de certains postes du devis contribuent à
lévolution du coût de production dun film de long métrage, la manière de
le financer, en fonction des ressources financières disponibles, alimente
linflation des budgets moyens.
Linexistence de données statistiques sur les coûts
dédition et de promotion des films dinitiative française
- Le CNC ne publie pas de données relatives aux coûts dédition et de promotion
des films dinitiative française
- Les seules données à disposition sont celles issues du compte macro-économique de
laudiovisuel. Cependant ces dernières incluent les frais techniques et les
dépenses de publicité et de promotion pour les programmes audiovisuels. Lorsque
lon essaie dextraire les chiffres concernant les films, on obtient alors les
dépenses effectuées pour lensemble des films distribués en France.
- Les données sur les coûts dédition et de promotion des films dinitiative
française doivent être par conséquent estimées. Elle demeurent donc imprécises et
forcément globales. Cette réalité a poussé le BIPE à présenter ses estimations dans
le chapitre " Panorama du secteur "
- Lanalyse présentée ci-après nest donc que partielle puisquelle ne
considère pas lévolution des coûts dédition et de promotion des films
dinitiative française. Ceci est regrettable car cela empêche danalyser
limpact du soutien sur les coûts de distribution des films dinitiative
française.
ANNEXE 5
Compléments dinformation sur le système daides publiques au cinéma
français
Principes
généraux
- Le système de financement public du cinéma français, géré par le CNC,
sarticule autour de deux grands mécanismes daide : laide automatique et
laide sélective. Ces aides concernent les trois principaux métiers de
lindustrie cinématographique : la production, la distribution et
lexploitation, mais également dautres activités comme les industries
techniques, la formations, la promotion du cinéma français à létranger, etc.
- Le principal budget consacré aux aides publiques est le compte de soutien (Budget D du
CNC), dont le montant sélevait à 2,292 milliards de francs en 1997 (1,228
milliards de francs pour le seul cinéma). Ce budget est alimenté à 74% par la taxe et
le prélèvement sur le chiffre daffaires des diffuseurs télévisuels, à 22% par
la taxe sur le prix des places de cinéma (TSA), le solde provenant pour lessentiel
de la taxe sur les encaissements réalisés pour la commercialisation des vidéogrammes.
- Les autres budgets du CNC sont consacrés :
- au fonctionnement (Budget A : environ 200 millions de francs),
- aux crédits dintervention (Budget B : environ 220 millions de francs consacrés
aux actions patrimoniales, aux aides européennes et internationales, aux aides culture et
cinéma dans les région, au soutien aux nouvelles technologies, aux crédits
déconcentrés)
- aux prestations de services pour les administration pour la production de produits
audiovisuels (Budget C : environ 130 millions de francs)
- au plan " Nitrate " (Budget E : environ 50 millions de francs)
- En complément des aides du CNC, lindustrie cinématographique peut compter sur
certaines aides régionales (Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais, Languedoc-Roussillon,
Franche-Comté, Val de Loire, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Alsace), sur les fonds
dinvestissement des SOFICA et sur les aides indirectes que représentent les aides
fiscales.
Laide automatique
Soutien automatique à la production
- Le soutien automatique accordé aux producteurs de films est calculé à partir des
recettes dexploitation de leurs films sur le marché cinématographique, mais aussi
de la diffusion des films à la télévision et en vidéo. Le soutien automatique à la
production peut être consacré à de nouvelles productions ou à la préparation des
films.
- Laide automatique à la production est le poste le plus important du budget
consacré aux aides automatiques. 397 millions de francs lui seront consacrés en 1998. Ce
budget est en augmentation depuis 1990, à un rythme annuel moyen denviron 5% par
an. Sa part est également en augmentation, passant de 51,7% des aides automatiques en
1990 à 55,5% en 1998. Cependant, en francs constants, on distingue plusieurs périodes
dévolution des aides attribuées depuis 1980 : après une période de baisse
régulière des budgets de 1980 à 1987, les montants accordés ont commencé à augmenter
en 1987 et 1988, pour se stabiliser à un niveau plus élevé de 1989 à 1993. Puis après
une baisse importante en 1994, les montants ont de nouveau augmenté depuis 1995.
Soutien automatique à la distribution
- Les distributeurs peuvent bénéficier dallocations de soutien,
proportionnellement aux recettes dexploitation de leurs films sur le marché
cinématographique, à condition quils soient de nationalité française ou de
coproduction française.
- Laide automatique à la distribution est le poste le moins important du budget
consacré aux aides automatiques. 60 millions de francs lui seront consacrés en 1998,
concernant une vingtaine de sociétés de distribution. Ce budget augmente à un rythme
annuel moyen de 4,5%. Sa part dans le total des aides reste stable, à environ 8% du
total.
Soutien automatique à lexploitation
- Les exploitants bénéficient dune allocation de soutien financier provenant des
recettes perçues aux guichets des salles de cinéma (allocation proportionnelle au
montant de la taxe enciassée sur le prix du billet). Ce soutient est destiné à financer
les travaux déquipement et de modernisation, ainsi que les créations de salles.
- Laide automatique à lexploitation est le deuxième poste du budget des
aides automatiques. 259 millions de francs lui seront consacrés en 1998. Cest un
poste qui est en diminution relative, par rapport aux deux autres postes budgétaires. Il
représentait 40,1% des aides en 1990 et ne représente plus que 36,2% en 1998.
Conclusion
- Laide à la production et laide à lexploitation sont les deux
principaux postes de dépenses des crédits automatiques. Laide à la production est
en hausse relative, tandis que laide à lexploitation est en diminution.
Laide à la production, qui est loin derrière en volume, conserve un poids stable
dans le total des aides.
Laide sélective
Aide sélective à la production
- Laide sélective à la production est le premier poste de dépenses des aides
sélectives. 169 millions de francs lui seront consacrés en 1998. Sa part dans le total
des aides sélectives est en diminution : elle concentrait 54,9% de laide en 1990 et
ne représente plus que 49,1% en 1998.
- Le principal budget daide sélective à la production est lavance sur
recettes, qui concentre selon les années entre 70% et 90% des aides sélectives à la
production, les autres postes budgétaires étant laide au développement,
laide à la réécriture de scénarios, et les aides pour les coproductions
internationales, etc.
- Lavance sur recettes, instituée en 1959, est un prêt sans intérêt,
remboursable sur les résultats dexploitation. En 1997, cette aide a concerné 71
films pour un montant global de 139,6 millions de francs. Cette aide est attribuée par la
Commission davance sur recettes, sur scénario ou, plus rarement, après
réalisation.
- Parmi les aides sélectives à la production, il faut noter laide à la production
de courts-métrages, exclusivement fondée sur des mécanismes sélectifs. Cette aide peut
être accordée avant réalisation, sur scénario ou après réalisation pour les prix de
qualité. Le montant des aides ainsi que le nombre de films bénéficiaires de laide
est stable sur le long terme.
Aide sélective à la distribution
- Laide sélective à la distribution est le plus petit poste de dépenses du budget
daide sélective. En 1998, 24 millions de francs lui seront consacrés. Cest
un poste en augmentation rapide, de lordre de 9% par an. Sa part relative tend
également à augmenter, passant de 5,8% du total des aides en 1990 à 7% en 1998. Malgré
cet effet de rattrapage, ce poste demeure cependant loin derrière les aides à la
production et les aides à lexploitation.
- Les aides sélectives à la distribution ont pour but de soutenir les entreprises
indépendantes, en participant au fonctionnement des structures et à la réalisation de
programmes de sorties de films, ainsi que de soutenir la distribution doeuvres
produits par des pays dont la cinématographique est peu diffusée (certains pays
dAfrique, dAmérique Latine et dAsie).
Aide sélective à lexploitation
- Cest le deuxième poste budgétaire parmi les aides sélectives. En 1998, 151
millions de francs lui seront consacrés. Cest un poste en augmentation importante
depuis 1990, de 8,1% par an. Sa part relative tend également à augmenter. Il
représentait 39,3% des aides sélectives en 1990, contre 44% en 1998. Ce budget rejoint
presque celui de laide à la production. En 1997, le nombre de projets était en
baisse par rapport à 1996, mais le montant de laide est en augmentation régulière
depuis trois ans.
- Cette aide consiste à participer à la modernisation et à la création de salles en
région, à soutenir les salles " art et essai " et les salles
indépendantes parisiennes et à aider au tirage des copies.
Conclusion
- Les aides sélectives sont concentrées sur les activités de production et
dexploitation, et beaucoup moins sur lactivité de distribution. Ce sont les
aides à lexploitation qui connaissent le dynamisme le plus fort, au détriment des
aides à la production, qui connaissent une progression beaucoup plus irrégulière.
ANNEXE 6
Estimation du montant total des financemEnts aidés ou des obligAtions d'investissement

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