Document mis en distribution le 12 février 2002 ![]() N° 3591 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 ONZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 12 février 2002. RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES, FAMILIALES ET SOCIALES(1), EN NOUVELLE LECTURE, SUR LA PROPOSITION DE LOI, REJETÉE PAR LE SÉNAT, portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance maladie, PAR M. Claude EVIN, Député. -- (1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page. Voir les numéros : Assemblée nationale : Première lecture : 3520, 3524 et T.A. 758 Commission mixte paritaire : 3590 Nouvelle lecture : 3585 Sénat : 171 et T.A. 56 (2001-2002) Commission mixte paritaire : 222 Sécurité sociale. La Commission des affaires culturelles, familiales et sociales est composée de : M. Jean Le Garrec, président ; M. Jean-Michel Dubernard, M. Jean-Paul Durieux, M. Maxime Gremetz, M. Édouard Landrain, vice-présidents ; Mme Odette Grzegrzulka, M. Denis Jacquat, M. Patrice Martin-Lalande, secrétaires ; M. Bernard Accoyer, Mme Sylvie Andrieux-Bacquet, M. Léo Andy, M. Didier Arnal, M. André Aschieri, M. Gautier Audinot, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, M. Jean-Paul Bacquet, M. Jean-Pierre Baeumler, M. Pierre-Christophe Baguet, M. Jean Bardet, M. Jean-Claude Bateux, M. Jean-Claude Beauchaud, Mme Huguette Bello, Mme Yvette Benayoun-Nakache, M. Serge Blisko, M. Patrick Bloche, M. Alain Bocquet, Mme Marie-Thérèse Boisseau, M. Jean-Claude Boulard, M. Bruno Bourg-Broc, Mme Christine Boutin, M. Jean-Paul Bret, M. Victor Brial, M. Yves Bur, M. Dominique Caillaud, M. Alain Calmat, M. Pierre Carassus, M. Pierre Cardo, Mme Odette Casanova, M. Laurent Cathala, M. Jean-Charles Cavaillé, M. Bernard Charles, M. Michel Charzat, M. Jean-Marc Chavanne, M. Jean-François Chossy, Mme Marie-Françoise Clergeau, M. Georges Colombier, M. René Couanau, Mme Martine David, M. Bernard Davoine, M. Bernard Deflesselles, M. Lucien Degauchy, M. Marcel Dehoux, M. Jean Delobel, M. Jean-Jacques Denis, M. Dominique Dord, Mme Brigitte Douay, M. Guy Drut, M. Jean Dufour, M. Nicolas Dupont-Aignan, M. Yves Durand, M. Christian Estrosi, M. Michel Etiévant, M. Claude Evin, M. Jean Falala, M. Jean-Pierre Foucher, M. Michel Françaix, Mme Jacqueline Fraysse, Mme Catherine Génisson, M. Jean-Marie Geveaux, M. Jean-Pierre Giran, M. Michel Giraud, M. Gaétan Gorce, M. François Goulard, M. Gérard Grignon, M. Jean-Claude Guibal, M. Francis Hammel, Mme Cécile Helle, M. Pierre Hellier, M. Michel Herbillon, Mme Françoise Imbert, Mme Muguette Jacquaint, M. Serge Janquin, M. Jacky Jaulneau, M. Patrick Jeanne, M. Bertrand Kern, M. Christian Kert, M. Jacques Kossowski, Mme Conchita Lacuey, M. Jacques Lafleur, M. Robert Lamy, M. Pierre Lasbordes, M. André Lebrun, M. Michel Lefait, M. Maurice Leroy, M. Patrick Leroy, M. Michel Liebgott, M. Gérard Lindeperg, M. Lionnel Luca, M. Patrick Malavieille, M. Alfred Marie-Jeanne, M. Marius Masse, Mme Jacqueline Mathieu-Obadia, M. Didier Mathus, M. Jean-François Mattei, M. Pierre Menjucq, Mme Hélène Mignon, M. Pierre Morange, M. Hervé Morin, M. Renaud Muselier, M. Philippe Nauche, M. Henri Nayrou, M. Alain Néri, M. Yves Nicolin, M. Bernard Outin, M. Dominique Paillé, M. Michel Pajon, M. Vincent Peillon, M. Bernard Perrut, M. Pierre Petit, M. Jean-Luc Préel, M. Jacques Rebillard, M. Alfred Recours, Mme Chantal Robin-Rodrigo, M. Marcel Rogemont, M. Yves Rome, M. Jean Rouger, M. Rudy Salles, M. André Schneider, M. Bernard Schreiner, M. Patrick Sève, M. Michel Tamaya, M. Pascal Terrasse, M. Gérard Terrier, Mme Marisol Touraine, M. Anicet Turinay, M. Jean Ueberschlag, M. Jean Valleix, M. Alain Veyret, M. Philippe de Villiers, M. Philippe Vuilque, Mme Marie-Jo Zimmermann. INTRODUCTION 7 TRAVAUX DE LA COMMISSION 9 Article 1er (articles L. 162-1-11 et L. 162-15 du code de la sécurité sociale) : Création d'un accord-cadre entre la CNAMTS et le Centre national des professions de santé 10 Article 2 (articles L. 162-14-1 nouveau et L. 162-14-2 nouveau du code de la sécurité sociale) : Contenu des conventions professionnelles 11 Article 3 (articles L. 162-12-17, L. 162-12-1-8 et L. 162-12-20 nouveau du code de la sécurité sociale) : Réforme des accords de bon usage des soins et des contrats de bonne pratique 13 Article 4 (article L. 162-12-20 nouveau du code de la sécurité sociale) : Création des contrats de santé publique 14 Article 5 (articles L. 162-15-2, L. 162-15-3 et L. 162-5-9 du code de la sécurité sociale) : Suppression de la régulation unilatérale par les caisses 15 Article 6 (articles L. 162-14, L. 322-5 à L. 322-5-5, 645-2-1 du code de la sécurité sociale) : Diverses dispositions de cohérence et validation des actes pris en application de la convention nationale des masseurs kinésithérapeutes 17 TABLEAU COMPARATIF 19 Le 21 décembre 2001, M. Jean Le Garrec, président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, M. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, et le rapporteur, également rapporteur pour l'assurance maladie et les accidents du travail lors de l'examen de la loi de financement de la sécurité sociale, ont déposé la présente proposition de loi portant « rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et organismes d'assurance maladie ». Le dispositif de cette proposition, qui développe une architecture conventionnelle à trois niveaux, est la reprise, presque à l'identique, de l'article 18 de la loi n° 2001 - 1246 du 21 décembre 2001 de financement de la sécurité sociale pour 2002, censuré par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2001 - 453 DC du 18 décembre 2001. L'article premier de la proposition créée un nouvel instrument de la vie conventionnelle : il s'agit d'un accord-cadre conclu entre la CNAMTS (et au moins une autre caisse nationale) et le Centre national des professions de santé (CNPS). L'article 2 rénove le contenu des conventions professionnelles. L'article 3 réforme les dispositifs contractuels incitatifs créés par la loi n° 99 - 1140 du 29 décembre 1999 de financement de la sécurité sociale pour 2000 : les accords de bon usage des soins (contrats collectifs), les contrats de bonne pratique (contrats individuels) ; l'article 4 créée un nouveau type de contrat individuel, le contrat de santé publique. L'article 5 supprime la régulation unilatérale par les caisses. L'article 6 comporte des mesures de cohérence et de validation. Cette proposition de loi, examinée par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales le mercredi 9 janvier 2002, a été adoptée par l'Assemblée nationale le jeudi 10 janvier 2002. Deux amendements au texte établi par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales ont été adoptés lors de l'examen en séance publique : l'un, déposé par le rapporteur, est d'ordre rédactionnel ; l'autre, déposé par le Gouvernement à l'article 2, est la reprise d'un amendement du rapporteur et vise à préciser que lorsque les ministres décident de ne pas mettre en _uvre une modification de la nomenclature proposée, ils en informent les signataires des avenants concernés en leur communiquant les motifs de leur décision. Le texte a été ensuite transmis au Sénat, l'urgence ayant été déclarée. Le 7 février 2002, le texte a été discuté en séance publique. M. Alain Vasselle, rapporteur, a déposé au nom de la commission des affaires sociales une motion opposant la question préalable à la délibération de la proposition de loi, en application de l'article 44 alinéa 3 du Règlement du Sénat. La motion ayant été adoptée, la proposition de loi a été rejetée par le Sénat. Etant donné l'importance de l'enjeu de la nécessaire rénovation des rapports conventionnels entre les organismes d'assurance maladie et les professions de santé libérales, le rapporteur juge indispensable de passer outre le rejet du Sénat Contrairement à ce qu'ont avancé les adversaires de la proposition de loi, au Sénat comme à l'Assemblée nationale, l'élaboration du texte a été précédée d'une phase intense de négociations avec les professionnels de santé, concertation qui s'est inscrite dans les deux réunions dites du « Grenelle de la santé » tenues en 2001, et également dans le travail de la mission de concertation sur l'évolution de la médecine de ville. Ce travail a inspiré en partie les treize propositions de la ministre de l'emploi et de la solidarité exposées le 4 octobre 2001. Le présent texte reprend d'ailleurs les grands traits de la proposition n° 12 intitulée « Rénover le cadre conventionnel ». On est en droit de considérer que ce souci de la concertation a même poussé le Gouvernement à ne pas déposer en première lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale un amendement portant article additionnel dans sa rédaction définitive, laissant à ses interlocuteurs le temps de la négociation et du dialogue, afin de proposer au Parlement, dans un deuxième temps, d'adopter un dispositif pleinement examiné par les partenaires conventionnels. En outre, si les termes de la motion déposée par M. Alain Vasselle, au nom de la commission des affaires sociales donnent à penser que l'avis du conseil d'administration de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés constitue un désaveu, le rapporteur considère plutôt le texte de cette motion comme un encouragement. En effet, cette proposition procède à la modernisation des rapports conventionnels entre les organismes de sécurité sociale et les professionnels de santé. Contrairement aux arguments avancés dans la motion déposée par M. Alain Vasselle, sénateur, le présent dispositif a bien vocation à s'appliquer, et ceci le plus rapidement possible après la promulgation du présent texte. Une réforme d'ensemble est devenue indispensable. La présente proposition de loi en constitue la première étape. En conséquence, le rapporteur propose de l'adopter dans le texte voté par l'Assemblée nationale le jeudi 10 janvier 2002, sous réserve de quelques amendements de précision. La commission a examiné, sur le rapport de M. Claude Evin, la présente proposition de loi au cours de sa séance du mardi 12 février 2002. Un débat a suivi l'exposé du rapporteur. Le président Jean Le Garrec a souligné que le présent dispositif avait été préparé par la mission de concertation constituée à l'occasion du « Grenelle de la santé » et que le conseil d'administration de la caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés l'avait approuvé. M. Pierre Hellier a observé que si le dispositif proposé devait se substituer au mécanisme actuel, il n'en n'était pas pour autant satisfaisant. L'exigence d'un seul signataire pour l'entrée en vigueur des conventions est en particulier inacceptable. M. Philippe Nauche a rappelé que l'inconstitutionnalité du dispositif n'avait été prononcée que pour des motifs de procédure et que l'adoption de ce texte répondait à une nécessité de fond. M. Jean-Pierre Foucher, après avoir souligné que les amendements du Gouvernement soumis à l'examen de la commission montraient l'état d'impréparation du texte, a reconnu l'urgence d'une réforme mais a observé que la proposition, inadaptée, n'avait pas recueilli l'accord des professionnels. La commission est passée ensuite à l'examen des articles. (articles L. 162-1-11 et L. 162-15 du code de la sécurité sociale) Création d'un accord-cadre entre la CNAMTS et le Centre national des professions de santé · Le paragraphe I de cet article crée un article L. 162-1-11 au chapitre II du titre VI du livre Ier du code de la sécurité sociale. Cet article L. 162-1-11 met en place un nouveau type d'accord entre les organismes d'assurance maladie et les professions de santé exerçant en ville. Le premier alinéa de ce nouvel article précise qu'il s'agit d'un « accord-cadre » conclu entre la CNAMTS, au moins une autre caisse nationale d'assurance maladie et le Centre national des professions de santé (CNPS). Les professions concernées sont les professions mentionnées : - à l'article L. 162-5, soit les médecins généralistes et spécialistes ; - à l'article L. 162-9, soit les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les auxiliaires médicaux (orthophonistes, orthopédistes et pédicures-podologues) ; - à l'article L. 162-12-2, soit les infirmiers ; - à l'article L. 162-12-19, soit les masseurs-kinésithérapeutes ; - à l'article L. 162-14, soit les biologistes ; - à l'article L. 322-5-2, soit les transporteurs sanitaires assimilés depuis la réforme de 1999 à des professions à honoraires. Le Centre national des professions de santé est une association loi 1901 regroupant des organisations syndicales représentatives des professions de santé. Aux termes de l'article R. 228-1 du code de la sécurité sociale, c'est le CNPS qui désigne les quatre représentants des professions de santé figurant au conseil d'administration de la CNAMTS. Le CNPS désigne également dix-neuf représentants des professionnels de santé exerçant à titre libéral à la Conférence nationale de santé (article R. 766-1 du code de la santé publique). En revanche, c'est la première fois que le CNPS se voit consacré par la loi et que lui est conféré un monopole de négociation au nom des professionnels de santé libéraux. Le texte de l'article précise cependant que ce monopole est subordonné à la condition que la CNPS regroupe « des » - et non « les », c'est-à-dire « toutes les » - organisations syndicales représentatives des professions concernées. Le deuxième alinéa précise que cet accord-cadre ne sera applicable à une profession donnée que si au moins une organisation syndicale représentative de cette profession y a adhéré. Il s'agit donc d'un dispositif contractuel complémentaire aux conventions spécifiques à chaque profession. Ce nouveau dispositif ne se substitue pas aux conventions et n'est pas un accord conventionnel interprofessionnel. Le troisième alinéa précise la durée et le contenu de l'accord-cadre. L'accord-cadre est conclu pour une durée maximale de cinq ans. Il a d'abord pour vocation de fixer des dispositions transversales, « communes à l'ensemble des professions » et qui entrent dans le champ des conventions actuelles (sections 1, 2, 3 du chapitre II). La deuxième phrase de l'alinéa donne à titre indicatif des exemples de mesures pouvant figurer dans l'accord-cadre (il ne s'agit pas d'une liste exhaustive) : - les obligations respectives des caisses et des professionnels de santé exerçant en ville, c'est-à-dire le cadre général des relations entre caisses et professionnels ; - des mesures de renforcement de la qualité et de la coordination des soins en des actions de santé publique. · Le paragraphe II de cet article modifie l'article L. 162-15 concernant les conditions d'application des conventions, de leurs annexes et avenants, compte tenu de la création de l'article L. 162-1-11. L'accord-cadre connaîtra les mêmes conditions d'application que les conventions professionnelles. Il sera donc soumis à l'approbation des ministres chargés de la santé, de la sécurité sociale, de l'agriculture, de l'économie et du budget. Comme les conventions, il sera soumis à l'adhésion individuelle des professionnels de santé. Chaque professionnel aura la possibilité d'y adhérer ou non. * La commission a adopté deux amendements présentés par le Gouvernement visant à conforter l'équilibre entre les parties conventionnelles en ce qui concerne l'élaboration et l'approbation de l'accord-cadre, des conventions, de leurs annexes et de leurs avenants. Puis la commission a adopté l'article ainsi modifié. (articles L. 162-14-1 nouveau et L. 162-14-2 nouveau du code de la sécurité sociale) Contenu des conventions professionnelles Cet article crée deux nouveaux articles du code de la sécurité sociale fixant le contenu commun des conventions professionnelles des différentes professions de santé. Ces articles figureront en effet dans la section III-1 « Dispositions communes aux conventions prévues aux sections I, II et III ». · Le paragraphe I de cet article crée un article nouveau L. 162-14-1 qui détermine précisément la durée, désormais fixée par la loi à cinq ans et le contenu des conventions. Chaque convention définira le niveau des tarifs (1°), les engagements collectifs et individuels des professionnels en matière d'organisation des soins, de respect des bonnes pratiques, d'évolution des pratiques ou de l'activité (2°) et pourra, le cas échéant, mettre en place un fonds de modernisation de la profession considérée (3°). Il s'agit là du contenu existant déjà dans les conventions médicales auquel ont été ajoutés les accords de bon usage des soins et des contrats de bonne pratique mis en place lors de la réforme de 1999, à l'exception du fonds de modernisation. Ce fonds dont la CNAMTS souhaitait la création pourra permettre un financement collectif d'aides individuelles. · Le paragraphe II de cet article crée un article L. 162-14-2 prévoyant que les tarifs seront fixés dans le cadre d'avenants à chaque convention. Il pourra donc y avoir un ou plusieurs rendez-vous tarifaires chaque année entre la profession et les caisses. Cet avenant comportera en annexe les modifications de nomenclature envisagées par les partenaires conventionnels et dont devront tenir compte les ministres lors qu'ils mettent en _uvre des modifications de celle-ci « sauf en cas d'urgence ou d'impérieuse nécessité de santé publique ». Ainsi, dans l'annexe seront regroupés les deux composants des honoraires des professions de santé : les tarifs, soit le prix unitaire de l'acte qui relèvent de la compétence conventionnelle, et la nomenclature, soit le classement (la hiérarchisation de l'acte) qui relève de la compétence réglementaire (arrêté des ministres chargés de la sécurité sociale, de la santé et de l'agriculture). A titre de rappel, la commission, lors de l'examen du texte en première lecture, a adopté un amendement du rapporteur précisant que les ministres devront motiver leurs décisions en matière de nomenclature des actes lorsqu'elles s'écartent des propositions faites sur le sujet par les partenaires conventionnels. Ces deux articles nouveaux signifient pour les professions ayant signé une convention la fin de la réforme de 1999 avec une enveloppe honoraires contrôlée par les caisses d'assurance maladie. En effet, le système issu de la réforme de 1999 prévoit que pour chaque profession, les caisses et les syndicats médicaux déterminent dans l'annexe à la convention, un objectif de dépenses, les tarifs et les mesures propres à faire respecter l'objectif. Ces moyens sont premièrement la fixation des tarifs des honoraires et deuxièmement « les mesures de toute nature propres à garantir le respect de l'objectif fixé » : la réduction du volume des actes non justifiés au plan médical (maîtrise médicalisée) et la possibilité de modifier dans la limite de 20 % la cotation des actes (« lettres-clés »). Les accords ainsi passés ressemblent donc à ceux que le Gouvernement concluait lui-même jusqu'alors avec des spécialités, en jouant sur ces trois leviers (ajustements de tarifs, réduction des actes inutiles, modification de la cotation des actes). A défaut d'accord entre syndicats et caisses, la CNAMTS et une autre caisse d'assurance-maladie peuvent fixer unilatéralement le contenu de l'annexe comme le faisait également de Gouvernement avec les arrêtés de substitution. Pour les professionnels ayant signé une convention, ce système est supprimé et remplacé par le nouveau dispositif proposé au présent article. * La commission a adopté l'article sans modification. (articles L. 162-12-17, L. 162-12-1-8 et L. 162-12-20 nouveau du code de la sécurité sociale) Réforme des accords de bon usage des soins et des contrats de bonne pratique Cet article réforme les dispositifs incitatifs créés par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 : les accords de bon usage des soins (contrats collectifs), les contrats de bonne pratique (contrats individuels). · Le paragraphe I de cet article modifie l'article L. 162-12-17 concernant les accords de bon usage des soins afin d'élargir ces derniers qui étaient réservés aux médecins principaux prescripteurs, à l'ensemble des professionnels de santé exerçant en ville (1° et 2° du I). Ces accords ont été créés dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000. Il existe deux types d'accords de « bon usage de soins » à destination des médecins généralistes et spécialistes : un contrat national conclu entre la CNAMTS et les syndicats de médecins et en contrat régional signé entre les unions régionales de caisses d'assurance maladie (URCAM) et les représentants désignés par les syndicats signataires des conventions nationales. Même à défaut de convention, les médecins peuvent conclure à l'échelon national et à l'échelon régional des accords. Ces accords prévoient « des objectifs médicalisés d'évaluation des pratiques ainsi que les objectifs permettant de les atteindre. » Il s'agit donc d'accords sur les prescriptions des médecins. Ces accords doivent tendre au « juste soin ». Les instruments de maîtrise médicalisée existent depuis la loi de 1993 et ont été précisés et systématisés dans l'ordonnance du 24 avril 1996 (codage des actes, références médicales opposables, recommandations de bonnes pratiques). Le 3° précise que ces accords peuvent donner lieu à des rémunérations forfaitaires. En effet, les accords de bon usage des soins sont incitatifs car en contrepartie du respect d' « objectifs quantifiés », les médecins peuvent percevoir une partie des « dépenses évitées ». Cette partie à verser est fixée dans son montant et dans ses modalités par les parties conventionnelles. · Le paragraphe II de cet article modifie l'article L. 162-12-18 définissant les contrats de bonnes pratiques. - Le 1° permet aux professionnels de bénéficier d'un complément forfaitaire de rémunération en contrepartie du respect des engagements pris dans le cadre du contrat de bonnes pratiques. A l'heure actuelle, ce contrat ouvre droit à la majoration de la participation des caisses d'assurance maladie aux cotisations maladie, vieillesse et famille des professionnels. L'ordonnance du 24 avril 1996 avait prévu que les caisses d'assurance maladie puissent prendre en charge une partie des cotisations dues par les professionnels de santé en tant que professions libérales. Le 1° étend également le contrat de bonnes pratiques aux transporteurs sanitaires. - Le 2° étend l'évaluation de la pratique du professionnel aux références opposables et aux recommandations de bonne pratique. - Le 3° supprime la référence aux actions de formation continue dans la mesure où aux termes du projet de loi relatif aux droits de malades en cours de discussion, la formation médicale continue est obligatoire pour l'ensemble des professionnels de santé exerçant en ville. - Les 4° et 5° modifient la rédaction actuelle du sixième alinéa afin de tenir compte du fait que le contrat de bonnes pratiques pourra concerner des professionnels non habilités à prescrire. - Le 6° supprime l'engagement facultatif pouvant figurer dans un contrat de bonnes pratiques de « favoriser, par une participation à des réseaux de soins, une meilleure coordination des soins ou permettre des regroupements professionnels ». Cet engagement figure désormais de manière obligatoire dans les contrats individuels de santé publique créés à l'article 4 de la présente proposition. Le 7° est une disposition de cohérence tenant compte de l'entrée dans le dispositif prévu au 1° des transporteurs sanitaires. · Le paragraphe III habilite l'Etat à proposer à l'adhésion individuelle des professionnels de santé des accords de bon usage des soins ou des contrats de bonne pratique lorsque les partenaires conventionnels ne l'ont pas fait ou en l'absence de convention nationale. * La commission a adopté un amendement rédactionnel du rapporteur. Puis la commission a adopté cet article ainsi modifié. (article L. 162-12-20 nouveau du code de la sécurité sociale) Création des contrats de santé publique Cet article crée un article L. 162-12-20 instituant le contrat de santé publique. · Le premier alinéa de l'article L. 162-12-20 précise d'une part quels seront les professionnels de santé concernés : il s'agit de tous le professionnels de santé exerçant en ville pouvant signer une convention (à l'exception des transporteurs sanitaires) et d'autre part, la nature individuelle de ces contrats. De surcroît, ces contrats seront définis par les conventions des professions concernées. Enfin, il est prévu que les professionnels adhérant à ces contrats pourront percevoir des rémunération forfaitaires. · Le deuxième alinéa précise le contenu général de ces contrats : les engagements des professionnels et l'actualisation de la rémunération forfaitaire. · Le troisième alinéa énumère les éléments obligatoires quant aux engagements des professionnels : des actions de prévention d'une part et des actions destinées à renforcer la permanence et la coordination des soins. Il existe déjà des contrats individuels : les contrats individuels de bonne pratique des soins définis à l'article L. 162-12-18 du code de la sécurité sociale également mis en place dans le cadre des conventions médicales. La principale différence entre les deux dispositifs réside dans le contenu des engagements. Le contrat de bonne pratique des professionnels comporte des engagements concernant la maîtrise médicalisée des dépenses : l'évaluation, la formation continue, le suivi avec le service du contrôle médical de son activité, la prescription des médicaments génériques, l'application des références opposables et des recommandations de bonne pratique. Les éléments facultatifs de ce contrat sont une meilleure coordination des soins, un engagement sur le niveau d'activité, une participation aux services des caisses d'assurance maladie en direction des assurés (actions de santé publique). Les engagements concernant le mode d'exercice du praticien, c'est-à-dire la participation à des réseaux de soins sont retirés du contrat de bonne pratique (cf. 6° de l'article 3) et figureront désormais au c_ur du contrat de santé publique, au même titre que les actions de prévention. Ainsi, le contrat de santé publique est un dispositif plus contraignant pour le professionnel concerné. * La commission a adopté cet article sans modification. (articles L. 162-15-2, L. 162-15-3 et L. 162-5-9 du code de la sécurité sociale) Suppression de la régulation unilatérale par les caisses Cet article a pour objet de supprimer le pouvoir unilatéral des caisses d'assurance maladie de prendre des mesures pour les professions placées sous une convention. Désormais, le dispositif de régulation par ajustement des lettres-clés issu de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 sera donc applicable aux seuls professionnels de santé n'ayant pas signé de convention. · Le paragraphe I de cet article modifie l'article L. 162-15-2 portant sur l'objectif de dépenses déléguées et les annexes fixant pour chacune des professions l'objectif de dépenses et les moyens de l'atteindre (tarifs, réduction des actes non justifiés au plan médical, ajustement par les lettres-clés). Le 1° réécrit le premier alinéa du I de l'article 162-15-2 : le pouvoir unilatéral des caisses en matière de fixation de l'objectif des dépenses et des tarifs et/ou de lettres-clés n'est prévu qu'en l'absence de convention. Par conséquent, le système des annexes aux conventions disparaît et la notion d'objectif de dépenses ne s'applique plus qu'aux professions non conventionnées. Le 2° qui supprime le dernier alinéa du I est une disposition de cohérence avec la suppression des annexes. Le 3° prévoit que le suivi deux fois par an des dépenses par la CNAMTS ne se fera qu'en l'absence de convention et non de manière systématique comme c'est le cas aujourd'hui. Le 4° qui supprime le deuxième alinéa du II est une disposition de cohérence avec la suppression des annexes. Le 5° modifie en conséquence les dispositions concernant l'annexe modificative que les parties conventionnelles doivent mettre en place dans le droit actuel lorsqu'elles constatent que l'évolution des dépenses n'est pas compatible avec le respect de l'objectif fixé dans l'année. Il est prévu que lors du dépassement de l'objectif par une profession située hors convention, les caisses fixent unilatéralement « les mesures de toute nature propres à garantir son respect » (tarifs, volume des actes, lettres-clés). Le 6° qui supprime le quatrième alinéa du II est l'abrogation du pouvoir du ministre de fixer les tarifs au cas où les annexes ne l'auraient pas fait. Désormais, en effet, cette décision est renvoyée au règlement conventionnel minimal (cf paragraphe III) Le 7° est un nouveau décompte d'alinéas tenant compte des modifications du II de l'article L. 162-15-3. · Le paragraphe II de cet article modifie l'article L. 162-15-3 portant sur les relations entre les caisses d'assurance maladie et l'Etat (rapports d'équilibre) compte tenu de la suppression de la régulation unilatérale des caisses lorsqu'il y a convention. Les 1°, 3°, 4°, 5° et 6° modifient l'article L. 162-15-3 en conséquence (suppression des annexes et annexes modificatives). Les 2° modifie les dispositions concernant les rapports d'équilibre. La CNAMTS doit élaborer deux rapports intermédiaires à transmettre aux ministres compétents et au Parlement les 15 juillet et 15 novembre. Désormais, il n'y aura qu'un seul rapport le 15 juillet. Le 7° prévoit qu'en l'absence de convention, les tarifs en vigueur au 31 décembre de l'année sont prorogés jusqu'à l'entrée en vigueur des mesures nouvelles fixées par les caisses. · Le paragraphe III de cet article modifie l'article L. 162-5-9 définissant le règlement conventionnel minimal (RCM). Le règlement conventionnel minimal est étendu à l'ensemble des professionnels de santé exerçant en ville d'une part alors qu'auparavant il ne concernait que les médecins généralistes et spécialistes. D'autre part, le règlement conventionnel voit son champ de compétence élargi. Il aura désormais le même champ que les conventions nationales. Ce n'est pas le cas aujourd'hui car la réforme de 1999 a retiré au RCM la fixation des objectifs de dépenses et de tarifs. Ceux-ci sont fixés actuellement en l'absence de convention, par le mécanisme de substitution propre aux annexes, soit par les caisses en application de leur pouvoir de régulation unilatérale, soit à défaut par l'Etat. Le présent article donne donc ce rôle d'ultime recours ou de filet de sécurité en matière de tarifs au règlement conventionnel minimal. * La commission a adopté cet article sans modification. (articles L. 162-14, L. 322-5 à L. 322-5-5, 645-2-1 du code de la sécurité sociale) Diverses dispositions de cohérence et validation des actes pris en application de la convention nationale des masseurs kinésithérapeutes · Le paragraphe I de cet article est une disposition de cohérence. La disposition selon laquelle le règlement conventionnel minimal peut prévoir que les caisses prennent en charge une partie de la cotisation vieillesse n'est plus réservée aux seuls médecins (généralistes et spécialistes) dans la mesure où le RCM a été étendu à l'ensemble des professionnels de santé (cf article 5) · Le paragraphe II tire dans les textes qui leur sont applicables, les conséquences rédactionnelles de l'extension du dispositif commun aux transporteurs sanitaires privés. · Le paragraphe III prévoit que les conventions en vigueur à la date de la publication de la loi, y compris les conventions dont la date d'échéance se situe en 2002 et qui font l'objet d'un renouvellement tacite sont réputées conformes aux dispositions de la présente loi jusqu'au 31 décembre 2002. · Le paragraphe IV de cet article valide, en raison de contentieux les menaçant, tous les actes pris en application de la convention nationale des masseurs kinésithérapeutes, de ses annexes et de ses avenants. Cette convention a été conclue le 3 février 1994, les annexes et avenants datent des 5 août 1999, 18 février 2000, 26 septembre 2001 et 8 novembre 2001. Il s'agit donc d'une mesure de validation classique et assez habituelle en matière de conventions avec les professions de santé. A titre de rappel, la commission, lors de l'examen du texte en première lecture, a adopté un amendement du rapporteur consolidant la mesure de validation prévue par le V de cet article par l'exclusion des actes ayant le caractère de sanction. La commission a adopté l'article sans modification. * La commission a adopté l'ensemble de la proposition de loi ainsi modifiée. En conséquence, la commission des affaires culturelles, familiales et sociales demande à l'Assemblée nationale d'adopter, en deuxième lecture, la proposition de loi n° 3585. ___
TABLEAU COMPARATIF ___
----------------------------------------------------------------------------------- N°3591- Rapport de M. Evin au nom de la commission des affaires culturelles, en nouvelle lecture, sur la proposition de loi, portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance maladie © Assemblée nationale |