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Document E3773
(Mise à jour : 12 décembre 2009)


Position commune du Conseil 2008/.../PESC renouvelant les mesures restrictives à l'encontre du Zimbabwe.


E3773 déposé le 4 février 2008 distribué le 4 février 2008 (13ème législature)

Le plus vieux chef d’Etat africain, M. Robert Mugabe, âgé de 83 ans et au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, a fait prendre à ce pays riche un tournant désastreux pour son économie et son régime politique à partir du début de la dernière décennie.

La réforme agraire a été décidée en 2000 pour mettre fin à la répartition inégale des meilleures terres, mais la redistribution des propriétés des 5 000 fermiers blancs à des proches du pouvoir ou à des démunis sans expérience ni moyens pour investir s’est traduite par un effondrement de la production.

L’économie est devenue progressivement irrationnelle et a connu en 2007 des records d’inflation à 8 000 % au taux officiel, un gel des prix et l’arrêt de la production, des files d’attente devant les magasins vides et une pénurie d’argent liquide.

La désagrégation de l’économie a conduit le régime à multiplier les fraudes électorales et les violences contre les opposants politiques et la presse lors des élections présidentielles de 2002. Cette violence pratiquée par la police politique, la «  Central Intelligence Organization  », n’a pas cessé depuis et s’est exercée physiquement en mars 2007 contre le chef du principal parti d’opposition, M. Morgan Tsvangirai, du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Cependant, le dialogue noué, sous les pressions régionales et la médiation du Président sud-africain Thabo Mbeki, entre le parti du Président Mugabe, l’Union nationale africaine du Zimbabwe – front patriotique (ZANU-PF), et le MDC, a abouti à la signature d’un accord sur les élections générales de 2008 et à la réforme de lois répressives sur la sécurité et la police.

Le Président Mugabe vient d’être officiellement investi par son parti pour briguer un sixième mandat lors du scrutin de 2008. M. Nelson Chamisa, porte-parole du MDC, a déclaré que 2008 serait une année décisive et qu’on ne pourrait plus parler de pays si le Zimbabwe passait une année de plus sous ce régime.

Qualifié de « caricature de dictateur africain » par le prix Nobel de la paix sud-africain, Mgr Desmond Tutu, le Président Mugabe a été défendu par un grand nombre de ses pairs contre les critiques européennes lors du deuxième sommet UE-Afrique à Lisbonne, les 8 et 9 décembre 2007. Le respect qu’il inspire à de nombreux Africains en dépit de ses dérives autoritaires souligne le poids du ressentiment suscité par les inégalités issues de la colonisation.

Les atteintes aux droits de l’homme avaient conduit le Conseil de l'Union européenne à mettre en œuvre, en 2002, une série de mesures restrictives qui ont été prorogées depuis.

Le projet de position commune a pour objet de proroger pour une nouvelle période de douze mois, jusqu’au 20 février 2009, la position commune 2004/161/PESC. Elle prévoit une interdiction de vente d’armements et de matériel connexe, une interdiction d’entrée ou de passage en transit de certains dirigeants zimbabwéens sur le territoire des Etats membres de l'Union européenne ainsi qu’un gel de leurs capitaux et ressources économiques.

La Délégation a approuvé le projet d’acte de l'Union européenne, en l’état des informations dont elle dispose, au cours de sa réunion du 6 février 2008.