ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des AFFAIRES CULTURELLES,
FAMILIALES ET SOCIALES
COMPTE RENDU N° 5
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 14 octobre 1998
(Séance de 9 heures 30)
Présidence de M. Jean Le Garrec, président
puis de M. Jean-Paul Durieux, vice-président
SOMMAIRE
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Projet de loi de finances pour 1999
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- Avis recherche (M. Jean-Pierre Foucher, rapporteur)
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- Avis enseignement scolaire (M. Yves Durand,
rapporteur)
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- Avis enseignement supérieur (Mme Geneviève
Perrin-Gaillard, rapporteur)
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- Avis culture (M. Patrice Martin-Lalande,
rapporteur)
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a
examiné pour avis, sur le rapport de M. Jean-Pierre Foucher, les crédits
de la recherche pour 1999.
Le rapporteur pour avis a dabord rappelé que la
commission navait pas auditionné le ministre et que très peu de réponses au
questionnaire budgétaire adressé au ministère au début de lété lui étaient
parvenues ce qui rend difficile la présentation du budget. Il a toutefois indiqué que le
budget de la recherche nétait pas un budget prioritaire : en effet, les
crédits naugmentent que de 1,6 % alors que laugmentation du budget
général est de 2,6 %. Cela est regrettable, la recherche étant un moyen
dassurer lavenir économique et social du pays. Il faut par ailleurs souligner
le ralentissement très sensible des créations demplois en 1999 : 100 emplois
de chercheurs contre 400 en 1998 et 50 emplois dingénieurs techniciens
administratifs (ITA) contre 200 en 1998 seront créés en 1999. Leffort commencé en
1998 nest donc pas poursuivi. Les créations demplois pour 1999 ne permettront
pas datteindre le taux de 3 % de créations demplois nécessaire pour
assurer le renouvellement des générations de chercheurs.
En ce qui concerne les grands établissements de recherche publics, on
peut noter la progression de 3 % des crédits de lINSERM qui traduit le
maintien de la priorité accordée à la recherche médicale. En revanche, les crédits du
CNRS qui continuent, avec une progression de 1,6 % en valeur, de diminuer en volume
ne permettront pas au CNRS dassurer tous ses engagements, notamment en ce qui
concerne le fonctionnement des très grands équipements. Cest un motif de
préoccupation sur lequel il faudra que le Gouvernement donne des explications.
En ce qui concerne les incitations à la recherche, en premier lieu on
peut noter une augmentation significative des crédits du fonds de la recherche et la
technologie (FRT) qui permettront de poursuivre la résorption de la dette et la création
dun fonds national de la science (FNS) doté de 500 millions de francs dont une
partie provient des centres nationaux de génotypage et de séquençage. Une partie des
crédits du FNS seront affectés à la recherche en sciences du vivant. En second lieu,
plusieurs mesures fiscales visant à inciter à linnovation sont prolongées ou
créées : le crédit dimpôt-recherche est prolongé pour cinq ans et les
réductions dimpôt pour les investissement en fonds commun de placement pour
linnovation (FCPI) sont prolongés pour trois ans. Enfin, on peut souligner
lextension de la réduction dimpôt pour les dons des personnes physiques aux
associations qui encouragent la création dentreprises innovantes.
En conclusion, le rapporteur pour avis a souligné que la
recherche française était désormais davantage financée par le secteur privé que par
lEtat et que le fléchissement très net de leffort de lEtat en 1999
nétait pas en concordance avec les ambitions affichées par le Gouvernement et ne
permettraient pas de relancer leffort national pour la recherche.
En conséquence le rapporteur pour avis a émis un avis
défavorable à ladoption des crédits de la recherche.
Puis, contrairement aux conclusions du rapporteur pour avis, la
commission a émis un avis favorable à ladoption des crédits de la
recherche pour 1999.
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La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a
ensuite examiné pour avis, sur le rapport de M. Yves Durand, les
crédits de lenseignement scolaire pour 1999.
Le rapporteur pour avis a considéré que ce projet de budget
était satisfaisant quant à sa progression globale, qui se traduit par une augmentation
des crédits de 3,81 % hors transferts. Ces transferts sont dailleurs importants car
ils permettent notamment le remplacement de laide à la scolarité par de nouvelles
bourses des collèges.
Le Gouvernement a fait le choix de profiter de la baisse des effectifs
scolaires pour poursuivre lamélioration des conditions daccueil et
détude des élèves. Comme lan dernier, il ny aura donc pas de
suppression de postes denseignants dans le premier degré. Le projet de budget
prévoit la création à la rentrée 1999 de 3 050 emplois denseignants du
second degré, de 250 emplois de conseillers principaux déducation et de 616
emplois non enseignants. Il faut toutefois reconnaître que ces créations demplois
sont intégralement financées par des redéploiements internes. Le réemploi de tous les
maîtres auxiliaires réalisé lan dernier par la transformation de 90 000 heures
supplémentaires est poursuivi cette année par leur titularisation progressive au travers
de ces nouveaux recrutements.
20 000 nouveau emplois jeunes seront recrutés, ce qui confirme le
rôle moteur joué par le ministère de léducation nationale, de la recherche et de
la technologie dans la mise en oeuvre de la politique sociale du Gouvernement. Il est par
ailleurs prévu de donner un contenu plus affirmé à la formation dont doivent
bénéficier les aides-éducateurs, avec notamment une dotation de 8 millions de francs
pour le Centre national déducation à distance (CNED).
Léducation nationale participe aussi pleinement à la politique
de lutte contre les exclusions et de nouvelles impulsions sont données pour créer un
meilleur environnement social au profit des élèves les plus en difficulté. Plusieurs
mesures concernant différents aspects de la vie scolaire trouvent leur concrétisation
financière dans ce projet de budget.
La volonté des lycéens de mieux participer à la vie des
établissements a été révélée par la consultation sur les lycées et émerge des
revendications des manifestations actuelles. Pour répondre rapidement à ce souhait, il a
été décidé de généraliser les comités déducation à la santé et à la
citoyenneté et de créer des conseils de la vie lycéenne.
Le renforcement des moyens de la santé scolaire, qui demeure un
secteur véritablement sinistré, est indispensable pour mieux prendre en charge des
élèves. Au titre du rattrapage du retard accumulé, il est prévu cette année la
création de postes pour 30 médecins, 185 infirmières et 185 assistantes sociales.
La relance de la politique des zones déducation prioritaires
(ZEP) sera réalisée conformément aux orientations arrêtées lors des assises de Rouen
en juin 1998. Il faut cerner les difficultés au plus près du terrain. Cest
pourquoi des réseaux déducation prioritaires seront créés et la révision de la
carte des ZEP sera effective pour la rentrée 1999. Lopération " écoles
ouvertes ", qui consiste à accueillir les enfants dans les établissements
au-delà du temps scolaire pour leur proposer diverses activités périscolaires,
bénéficie de nouveaux crédits. Le rôle spécifique des enseignants en ZEP sera aussi
mieux pris en compte par diverses mesures indemnitaires.
Enfin, la consolidation des aides aux familles en difficulté est
réalisée au travers du maintien des dotations pour les trois fonds sociaux - pour les
collèges, pour les lycées et pour les cantines -. Il faut également noter la
revalorisation de lallocation de rentrée scolaire et la création dun
troisième taux pour les nouvelles bourses de collèges.
En conclusion, le rapporteur pour avis a invité la commission
à donner un avis favorable à ladoption des crédits de lenseignement
scolaire pour 1999.
M. Bruno Bourg-Broc a souhaité obtenir des précisions sur les
points suivants :
- les mesures prises pour tenir compte des besoins futurs en
professeurs des écoles à lhorizon 2003, compte tenu dimportants départs à
la retraite dinstituteurs à cette date ;
- la réalisation des objectifs affichés de recrutement
demplois-jeunes dans léducation nationale ;
- les conséquences budgétaires de la déconcentration du
mouvement des enseignants du second degré mise en place par le ministre de
léducation nationale, de la recherche et de la technologie ;
- les moyens permettant un réel aménagement des rythmes
scolaires ;
- les crédits affectés au développement des nouvelles
technologies de linformation et de la communication (NTIC) dans les établissements
scolaires.
M. René Couanau a posé des questions sur :
- le calendrier de mise en oeuvre de la réforme des lycées
présentée par M. Claude Allègre en commission le 7 juillet 1998 suite au colloque
organisée par M. Philippe Meirieu, compte tenu des attentes fortes que les lycéens
expriment aujourdhui dans la rue ;
- les redéploiements deffectifs réalisés pour financer
les " créations " demplois dans ce budget ;
- lorganisation des mutations entre académies dans le cadre
du nouveau mouvement déconcentré de gestion des personnels enseignants du second degré
;
- les mesures envisagées pour former et préparer lavenir
professionnel des emplois-jeunes recrutés par léducation nationale, afin
quils puissent avoir accès à un concours ou à un emploi et ne se trouvent pas
confrontés aux mêmes problèmes que ceux rencontrés dans le passé par les
maîtres-auxiliaires ;
- les fermetures de classes lorsquil manque un ou deux
élèves par rapport aux quotas nationaux de référence, ce qui prouve que les mesures
quantitatives prennent trop souvent le pas sur une approche qualitative ;
- les moyens de revaloriser la fonction de directeur
décole, les enseignants étant de plus en plus réticents à occuper ce
poste ;
- linsuffisance des moyens des services de santé scolaire
qui ne date dailleurs pas du présent budget ;
- lirresponsabilité de lEtat en matière
denseignement des langues étrangères à lécole primaire, léducation
nationale semblant sêtre désengagée dexpériences lancées il y a plusieurs
années et demandant maintenant aux collectivités locales de prendre le relais ;
- labsence de traduction sur le terrain des bonnes
intentions affichées en ce qui concerne le développement des NTIC, ce qui prouve, ici
comme ailleurs, quil serait souhaitable que la politique présentée au niveau
national trouve son expression au niveau local.
M. Bernard Perrut a posé des questions sur :
- la préservation du système scolaire en milieu rural, notamment
par la mise en place de contrats entre léducation nationale et les collectivités
locales, et les conclusions que la ministre déléguée chargée de lenseignement
scolaire entend tirer dun rapport qui lui aurait été remis récemment sur ce sujet
;
- les mesures précises prévues dans le projet de budget pour
1999 en matière de médecine scolaire et déducation à la santé, les quelques
postes dinfirmières supplémentaires annoncés ne permettant pas de répondre à
lensemble des problèmes,qui vont bien au delà de la simple bonne santé des
élèves et concernent aussi leur nutrition ou leur taux de suicide ;
- la mise en place des mesures de formation prévues pour les
emplois-jeunes recrutés par léducation nationale ;
- les critères utilisés pour la redéfinition de la carte des
ZEP et la liste des zones retenues ;
- les mesures envisagées pour répondre au problème lancinant de
la sécurité dans les établissements scolaires.
M. Jean-Pierre Baeumler a rappelé que le budget de
lenseignement scolaire pour 1999 était en augmentation de 4,13 % en prenant en
compte les transferts, contre par exemple une hausse de seulement 1,47 % en 1997, et
que les mesures envisagées en matière de technologies nouvelles, de ZEP et de bourses
traduisent une véritable volonté politique soutenue par des crédits et des moyens. De
plus, ce budget est créateur demplois puisquil prévoit 3 050 postes
denseignants du second degré supplémentaires, alors que le budget pour 1997 en
supprimait près de 5 000.
Ce projet de budget ne permet certes pas la satisfaction de tous les
besoins, notamment pour la médecine scolaire et pour les personnels ATOS. Mais il faut
souligner que les engagements pris depuis 1989 en matière de revalorisation des statuts
et des rémunérations seront tenus. Dautres revendications pourraient aussi
lêtre facilement, par exemple pour les professeurs hors-classe, les personnels des
enseignements artistiques et les directeurs décole.
Quant aux revendications des lycéens, elles portent bien évidemment
sur des créations de postes denseignants supplémentaires, mais également sur les
questions des horaires, des programmes et des pratiques pédagogiques ; sur tous ces
points, des engagements ont été pris par le ministre de léducation nationale, de
la recherche et de la technologie et ils devront être confirmés à loccasion du
vote du budget.
M. Yves Nicolin a considéré que le ministre de
léducation nationale, de la recherche et de la technologie ne peut se contenter de
rappeler, pour répondre au problème de surcharge des classes, que le taux national
dencadrement est satisfaisant. En effet, le calcul de ce taux est biaisé par le
fait que nombre de classes prises en compte se situent en milieu rural et comptent très
peu délèves, ce qui fait bien évidemment baisser la moyenne nationale.
On peut également constater, sagissant de lélaboration
des grilles scolaires, que les seuils douverture et de fermeture de classes sont
différents selon les départements, par exemple entre la Loire et celui de la
Haute-Loire. Il est permis de se demander si léducation nationale nest pas de
fait départementalisée et si les grilles sont les mêmes sur lensemble du
territoire.
M. Lionnel Luca a posé des questions sur :
- le financement des contrats éducatifs locaux ;
- les effectifs dassistantes sociales, dont lutilité
est au moins aussi importante que celle des infirmières ;
- les moyens prévus dans ce budget pour les établissements
privés sous contrat.
M. Edouard Landrain a demandé pourquoi les emplois-jeunes dans
les écoles ne peuvent pas exercer de tâches de surveillance, en particulier dans les
cantines scolaires, au motif quil conviendrait de leur confier des missions plus
qualifiantes, alors quil est demandé aux communes de faire exactement le contraire.
M. René Couanau a qualifié de
" kafkaïenne " lattitude des services académiques qui
sadressent aux maires pour procurer des occupations aux emplois-jeunes recrutés par
les établissements scolaires.
En réponse aux intervenants, le rapporteur pour avis a apporté
les précisions suivantes :
- M. Claude Allègre avait annoncé devant la commission, le 7
juillet 1998, que la mise en oeuvre de la réforme de lenseignement dans les lycées
ninterviendrait pas avant la rentrée 1999. Certaines mesures, en particulier celles
concernant la vie lycéenne, ont déjà été prises. Mais il nest pas possible de
modifier les programmes en cours dannée.
- Le budget pour 1999 prévoit la création de
3 916 emplois enseignants et administratifs. Ces emplois sont financés par
une diminution du nombre de postes en administration centrale (111 emplois
administratifs), des suppressions demplois vacants (490 professeurs des écoles
stagiaires et 15 emplois dinstituteur spécialisé) et un transfert de 3 300
emplois de maîtres dinternat et surveillants dexternat (MI/SE) chargés de
remplacement sur des crédits globaux de remplacement. Il convient à cet égard de
réfléchir à une redéfinition des missions des MI/SE pour mieux préciser leur rôle.
- La mise en place du mouvement déconcentré des professeurs du
second degré ne prendra effet quà la rentrée prochaine et il nest pas
encore possible dévaluer ces conséquences financières.
- Les emplois-jeunes sont financés par la baisse de la
rémunération du taux des heures supplémentaires. Les objectifs de recrutement fixés
ont été globalement respectés, même sil se pose parfois un problème de profil
des postulants par rapport à lemploi concerné. Ce sont les établissements situés
en ZEP qui ont bénéficié en premier lieu des recrutements effectués. En plus des
formations qualifiantes dispensées et prises en charge dans les structures de
léducation nationale, une mesure nouvelle de 8 millions de francs est prévue
pour la formation professionnelle des aides éducateurs.
- 10 millions de francs sont budgétés pour revaloriser
lindemnité de sujétions spéciales des directeurs décole, en particulier
ceux situés en ZEP. Mais il faudra mener une réflexion sur leur statut au regard de
leurs missions, particulièrement lourdes.
- En ce qui concerne les ZEP, le projet de budget pour 1999
prévoit plusieurs améliorations : laugmentation des indemnités des
personnels, leffort en faveur des instituteurs et la réflexion engagée sur
laugmentation souhaitable du nombre de ZEP dans le cadre de lélaboration de
la nouvelle carte des zones. A cet égard, il faut rappeler que le classement en ZEP
nest pas une fin en soi, lobjectif doit au contraire être, à terme,
den sortir.
- En 1999, le nombre dassistants étrangers pour
lenseignement des langues étrangères à lécole primaire sera porté à
3 300, soit une augmentation de 1 000 par rapport à cette année, de manière
à assurer lextension de cet enseignement au CM2 à la rentrée 1998 et au CM1 à la
rentrée 1999.
- En ce qui concerne lenseignement dans les zones rurales,
la réflexion sur le moratoire de fermeture des classes doit se poursuivre. On peut
envisager la création de structures de regroupement intercommunales, qui seraient
pédagogiquement plus intéressantes pour les élèves que des classes à effectif très
réduit. En tout état de cause, les évolutions dans ce domaine ne pourront se faire que
progressivement et en concertation avec tous les acteurs locaux.
- Leffort en matière de santé scolaire est globalement
maintenu : 125 emplois dinfirmières et 125 dassistantes sociales ont été
créés au 1er janvier 1998, complétés par 175 de chacun de ces corps au 1er septembre
1998, puis 30 médecins, 185 infirmières et 185 assistantes sociales pour la rentrée
1999. Il conviendrait cependant de clarifier les statuts des infirmières et des médecins
scolaires qui ont à la fois une mission éducative et une mission de santé publique.
- En ce qui concerne la lutte contre la violence à lécole,
des moyens spécifiques seront mis en uvre par léducation nationale : le
renforcement des classes-relais dont le nombre sera porté à 250, laffectation
prioritaire des aides éducateurs à cette tâche et laugmentation du nombre
dassistantes sociales. Il faut toutefois préciser que lécole nest pas
le seul lieu de lutte contre la violence et quil sagit dun problème de
société beaucoup plus général, impliquant notamment la politique de la ville.
- La grille scolaire nationale relative au nombre délèves
pour louverture ou la fermeture des classes doit faire en pratique lobjet
dune appréciation souple en fonction des besoins au niveau des rectorats. De même,
la scolarisation en maternelle à partir de deux ans doit être adaptée en fonction des
possibilités matérielles daccueil des enfants.
- Pour favoriser laménagement des rythmes scolaires et le
développement des activités périscolaires, des contrats éducatifs locaux seront
signés entre léducation nationale et les collectivités locales pour mettre en
commun leurs compétences. En plus des crédits de fonctionnement des établissements, les
moyens budgétaires affectés à lopération " écoles
ouvertes " augmentent de 8 millions de francs.
- Des moyens conséquents permettront le développement des NTIC
à lécole : 65 millions de francs de crédits de fonctionnement, 55,4 millions de
francs pour la poursuite de la mise en réseau des services de léducation nationale
et 72 millions de francs dautorisations de programme en investissement, soit un
total de 192 millions de francs contre seulement 76 millions de francs lannée
dernière. Ces moyens budgétaires sont complétés par la création dun fonds de
soutien au câblage et à la mise en réseau des établissements scolaires, doté de
500 millions de francs, qui servira à financer des prêts pour les collectivités
territoriales.
- Lenseignement privé ne semble pas se plaindre de sa
situation, et il ny a aucune raison pour cela car il bénéficie complètement du
principe de parité dans le cadre du présent projet de budget.
Puis, conformément aux conclusions du rapporteur pour avis, la
commission a donné un avis favorable à ladoption des crédits de
lenseignement scolaire pour 1999.
*
La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a
ensuite examiné pour avis, sur le rapport de Mme Genevieve Perrin-Gaillard, les
crédits de lenseignement supérieur pour 1999.
Le rapporteur pour avis, après avoir vivement regretté la difficulté
pour obtenir en temps utile des réponses au questionnaire budgétaire - un tiers de
celles-ci ne lui ayant toujours pas été fournies par le ministère la veille du passage
en commission -, a considéré que ce projet de budget, en progression de 5,48 %,
est centré sur lamélioration des conditions de vie et détude des étudiants
et traduit les engagements pris par le ministre de léducation nationale, de la
recherche et de la technologie.
Il est prévu la création de 1 500 postes
denseignants-chercheurs par la libération des crédits utilisés jusqualors
au recrutement des attachés temporaires denseignement et de recherche (ATER). Au
moyen dun transfert de lignes budgétaires, on dégage ainsi des postes sans
remettre en cause les ATER existants. Conjuguées à la poursuite de la baisse des
effectifs des étudiants dans lenseignement supérieur en général ( - 1,1 % en
1997), ces créations de postes permettront une nouvelle amélioration des taux
dencadrement qui doivent diminuer de 19,8 étudiants par enseignant en 1998 à 19,25
en 1999.
Sagissant des personnels IATOS, 823 emplois - dont 150 pour les
bibliothèques - sont créés à la rentrée 1999. La qualité du niveau de ces créations
demplois (40 % en catégorie A et 34 % en catégorie B), mérite dêtre
soulignée car elle tient compte de lévolution des métiers dans
lenseignement supérieur, contribuant ainsi à leffort de modernisation des
établissements.
On peut raisonnablement estimer à plus de 2 000 le nombre
demplois-jeunes qui seront pourvus par les établissements publics
denseignement supérieur dans le courant de lannée universitaire 1998-1999,
chaque établissement ayant sa propre appréciation des besoins à satisfaire. Les
auxiliaires de vie universitaire auront des fonctions daccueil et dassistance,
danimation et de sécurisation des locaux. Il est par ailleurs prévu de recruter
400 jeunes docteurs sous la forme demplois-jeunes affectés dans les IUFM. Ils
seront chargés dy promouvoir le développement des nouvelles technologies de
linformation et de la communication (NTIC).
Le budget de fonctionnement progresse de 1,9 %, ce qui permet
dassurer le rattrapage des crédits de fonctionnement des établissements et de
respecter les engagements contractuels pluriannuels entre lEtat et les
établissements denseignement supérieur. Il faut noter un effort particulier pour
les bibliothèques universitaires (avec 15 millions de francs de mesures nouvelles) et
pour le développement des NTIC avec la connexion de tous les établissements à une
version rénovée du réseau RENATER et la création de centres de ressources multimédia
dans les universités.
En ce qui concerne les crédits dinvestissement, qui progressent
également de 1,9 %, au-delà de la poursuite des actuels contrats de plan
Etat-régions et des opérations de maintenance des bâtiments universitaires, un milliard
de francs permet danticiper sur le plan " Université du troisième
millénaire " (U3M) qui doit prendre la suite du schéma " Université
2000 " (U2000). Ce nouveau plan doit avoir pour ambition d'améliorer la
qualité des locaux existants et de faciliter les conditions de travail et de vie des
étudiants plutôt que de procéder à des constructions nouvelles. 150 millions de francs
sont notamment prévus cette année pour la construction ou la restructuration de
restaurants et cités universitaires.
La mise en place du plan social étudiant, qui reçoit sa première
concrétisation financière dans le présent projet de budget, permettra à tous les
étudiants de bénéficier dune plus grande autonomie et dêtre davantage
responsabilisés dans le déroulement de la vie étudiante.
Lélément essentiel du plan social étudiant est la refonte du
système des bourses sur critères sociaux. Lobjectif est daugmenter en quatre
ans de 30 % le nombre détudiants bénéficiaires et de 15 % le niveau moyen des
aides. A cet effet, une mesure nouvelle de 733 millions de francs permet, dès cette
année, une hausse différenciée des taux des différentes aides, avec notamment un
relèvement de 5 % du taux de bourses du 5ème échelon réservé aux
étudiants des familles les plus modestes, et une augmentation de 25 000 du nombre
détudiants aidés se répartissant ainsi : 10 000 boursiers supplémentaires
par relèvement des plafonds de ressources des différents échelons et maintien
dune aide individualisée exceptionnelle (AIE) à 15 000 nouveaux étudiants
redoublants ou en réorientation.
En outre, 200 bourses de mérite seront attribuées à des étudiants
issus dun milieu défavorisé ayant obtenu de très bons résultats dans le cycle
secondaire et se destinant à la préparation des concours de la magistrature et de
lEcole nationale dadministration. 25 millions de francs sont par ailleurs
prévus pour exonérer de nouveaux publics étudiants des droits dinscription à
luniversité.
Autre aspect plus qualitatif du plan social étudiant, le rôle, les
moyens et les droits des élus étudiants dans les instances de la vie universitaire
feront l'objet de dispositions de nature à garantir réalité et efficacité à la
citoyenneté étudiante dans l'enseignement supérieur. Les étudiants seront mieux
associés à la gestion des oeuvres sociales, notamment par la présidence des CROUS et du
CNOUS.
En 1999, des mesures seront également prises afin daméliorer la
qualité de la vie étudiante dans le domaine du logement, des transports, de la santé et
de laccès aux activités culturelles et sportives. LObservatoire de la vie
étudiante est dailleurs amené à participer à cette réflexion.
En conclusion, le rapporteur pour avis a invité la commission
à donner un avis favorable à ladoption des crédits de lenseignement
supérieur pour 1999.
M. Bernard Perrut a fait les remarques suivantes :
- Si on observe une baisse des effectifs des étudiants dans
différentes filières, cela nest pas le cas pour les sciences et techniques des
activités physiques et sportives (STAPS), ce qui risque daboutir à terme à un
nombre trop élevé de diplômés dans cette discipline.
- Le plan social étudiant annoncé et mis en place par M. Claude
Allègre ne constitue pas un véritable statut pour les étudiants puisquil se
limite à prévoir laugmentation du montant des aides et du nombre des boursiers, en
faveur notamment des étudiants dorigine modeste. On peut sinterroger sur le
montant des crédits effectivement consacrés à ce plan et notamment aux bourses.
- Le fonctionnement des bibliothèques universitaires fait
apparaître des retards importants par rapport à dautres pays européens. Ainsi,
dans les universités françaises, on compte une place en bibliothèque pour
18 étudiants, alors que cette proportion est de 1 à 5 dans certains pays. Les
efforts réalisés dans le domaine des bibliothèques demeurent bien insuffisants.
- Le projet de budget pour 1999 prévoit la création dun
nouveau corps, celui des assistants de lenseignement supérieur. On peut
sinterroger sur les fonctions exactes qui seront dévolues à ces assistants.
M. Philippe Vuilque a observé que laugmentation des
crédits de lenseignement supérieur pour 1999, qui suit celle de 1998, témoigne de
leffort consenti par le Gouvernement en direction de ce secteur, alors que le nombre
détudiants baisse de 1,1 %. Dans ce contexte de baisse des effectifs, le
budget de lenseignement supérieur savère excellent.
Il convient de rendre hommage à linitiative du ministre de
léducation nationale, de la recherche et de la technologie visant à mettre
effectivement en place un plan social étudiant, démarche qui est aujourdhui bien
accueillie par les intéressés. Ce plan met en uvre différentes mesures
nécessaires, même sil na pas vocation à créer un véritable statut pour
les personnes concernées dans la mesure où le fait dêtre étudiant ne représente
quune période temporaire dans la vie des individus.
En 1999, 25 200 nouveaux étudiants vont bénéficier
daides. A cet égard, il faut saluer linnovation que constituent les 200
bourses de mérite, lesquelles doivent sélever à 40 000 francs pour les
étudiants se destinant à la préparation des concours de la magistrature et de
lENA. Des aides aux transports sont par ailleurs prévues, comme la nouvelle carte
orange étudiante en Ile-de-France. Dans les autres régions, il convient dailleurs
de réfléchir à une unification du système des aides en la matière.
La problème de certaines filières attirant trop détudiants se
pose aujourdhui de façon aiguë et concerne notamment les études de sociologie, de
psychologie et déducation physique et sportive. De même, les taux déchec
des étudiants en premier cycle restent inquiétants et méritent dêtre analysés
de façon plus précise à lavenir. Il semble que seulement 2 % des étudiants
aient bénéficié, en 1998, du dispositif du semestre dobservation, ce qui est
notoirement insuffisant.
M. Bruno Bourg-Broc, après avoir noté que le plan social
étudiant comportait en réalité peu de mesures nouvelles et restait en demi-teinte par
rapport à ce qui avait été initialement annoncé par le ministre, a relevé que si le
nombre des bourses augmentait, leur barème ne semblait pas avoir été modifié.
Concernant les bourses de mérite, il est surprenant que celles-ci naient été
prévues que pour les étudiants se destinant à la magistrature ou à lENA. En
outre, les crédits de lenseignement supérieur privé semblent en régression.
Enfin, si le plan U3M mobilise une enveloppe globale dun milliard de francs
cette année, seuls 150 millions de francs correspondent à des mesures
véritablement nouvelles comme la création ou la rénovation de restaurants
universitaires.
M. René Couanau, après sêtre interrogé sur les
raisons du taux déchec très élevé des étudiants observé dans le premier cycle,
a considéré que les instituts universitaires de technologie (IUT) ne semblent guère
faire partie des priorités de la politique du ministère, alors que le schéma U2000
avait abouti à des résultats satisfaisants dans ce domaine, par exemple dans la région
Bretagne. Grâce à ce plan qui sachève aujourdhui, de nouveaux locaux ont
été construits, mais les effectifs et le fonctionnement nont pas suivi. Il serait
dommageable que les arbitrages opérés entre les universités et les IUT interviennent au
détriment de ces derniers. En outre, on peut se demander si ces arbitrages ont lieu au
niveau du ministère ou à léchelon des universités elles-mêmes.
En réponse aux intervenants, le rapporteur pour avis a apporté
les éléments dinformation suivants :
- Le plan social étudiant a le mérite de satisfaire les
intéressés, qui se réjouissent de bénéficier désormais de mesures spécifiques
destinées à faciliter leurs conditions détudes. Les étudiants ont commencé à
participer à la dynamique densemble, ce qui témoigne de lutilité de ce
dispositif. Il faut bien rappeler que le précédent Gouvernement navait rien fait
en la matière.
- La revalorisation des bourses est largement engagée dès cette
année, avec une mesure nouvelle de 733 millions de francs. Mais il faut prévoir une
réforme de leur réglementation de façon à éviter les effets de seuils susceptibles
décarter injustement certains étudiants.
- Les assistants de lenseignement supérieur constituent un
nouveau corps denseignants regroupant les assistants non agrégés de différentes
disciplines et améliorant leur situation indemnitaire. Les statuts étant en cours
délaboration, il est difficile pour linstant dêtre plus précis pour
les 1 567 personnes concernées.
- Lenseignement supérieur privé bénéficiera en 1999
dune augmentation de ses subventions de fonctionnement de 2,3 millions de
francs. Leffort le plus important doit cependant porter sur lenseignement
public.
- Concernant les IUT, il sagit dune question
dune grande importance qui fait lobjet de développements dans le rapport
Attali, lequel a énoncé le principe dit du " 3-5-8 ",
cest-à-dire de trois grands cycles détudes possibles à bac + 3, bac + 5 ou
bac + 8. Une réflexion doit être menée afin de donner toute leur place aux IUT dans un
tel schéma, étant donné leur rôle spécifique et leur réelle utilité.
- Il convient de réorienter dès à présent certains étudiants
qui se destinent en trop grand nombre à certaines voies denseignement, comme par
exemple le sport. A ce sujet, le ministre de léducation nationale, de la recherche
et de la technologie a annoncé la création dun BTS spécifique pour tenter de
décharger les STAPS.
- Quant aux bourses de mérite, elles ne visent pour
linstant que les étudiants intéressés par les concours de deux grandes écoles,
lENM et lENA, mais elles doivent être étendues dès lannée prochaine
aux études de médecine et aux autres grandes écoles, notamment scientifiques et
techniques.
Puis, conformément aux conclusions du rapporteur pour avis, la
commission a donné un avis favorable à ladoption des crédits de
lenseignement supérieur pour 1999.
*
La commission des affaires culturelles, familiales et sociales a
ensuite examiné pour avis, sur le rapport de M. Patrice Martin-Lalande, les crédits
de la culture pour 1999.
Le rapporteur pour avis a tout dabord souligné que, du
fait de laudition un peut trop anticipée de la ministre et de la très grande
difficulté à obtenir des réponses au questionnaire budgétaire, ses conditions de
travail navaient pas été très confortables.
Il a ensuite considéré que le budget de la culture pour 1999
présentait une augmentation satisfaisante des crédits et un objectif ambitieux étayé
par laffichage de mesures phares incontestables. Après le
" rattrapage " de 1998 (+ 3,8 %) dautant plus
justifié que 652 millions de francs avaient été annulés le 9 juillet, peu après
linstallation du nouveau Gouvernement, le projet de budget pour 1999 donne donc
550 millions de francs de moyens nouveaux au ministère de la culture, soit une
augmentation de 3,5 % en francs courants et de 2,3 % en francs constants,
laugmentation moyenne des dépenses de lEtat étant limitée à 2,2 %. La
culture est donc clairement, même si son budget natteint pas encore 1 % des
dépenses de lEtat, une priorité de laction de lEtat.
Le budget de la culture pour 1999 a pour ambition de
" concilier création et démocratisation " et sa présentation
affiche la volonté de rendre mieux perceptible la fonction primordiale jouée par
lEtat en matière de développement culturel. Cette ambition est servie par des
mesures phares a priori incontestables :
- des crédits dintervention (titre IV) en augmentation de
4 % et un net accroissement de la proportion de crédits déconcentrés
(+ 17,3 %), ce qui va dans le sens dun rapprochement de laction
culturelle et de ses bénéficiaires ;
- 110 millions de francs supplémentaires pour la nouvelle
direction du spectacle vivant, prioritairement consacrés aux pratiques culturelles
innovantes comme les musiques actuelles et les arts de la rue, aux pratiques en amateur et
aux institutions culturelles appliquant la Charte de service public et favorisant le
soutien aux créateurs et les politiques en faveur des publics ;
- 110 millions de francs supplémentaires pour les équipements
culturels en région à travers les crédits dinvestissement destinés aux
opérations dintérêt régional sous maîtrise douvrage des collectivités
locales ;
- louverture de nouvelles institutions culturelles mises au
service des professionnels et du public comme le Centre national de la danse, la Cité de
larchitecture et du patrimoine ou la Maison du cinéma ;
- le renforcement de leffort en faveur du multimédia et de
lappropriation des technologies culturelles de linformation par tous les
citoyens.
Un flou budgétaire certain ne permet cependant pas didentifier
clairement les financements des mesures annoncées et ne parvient pas à dissimuler de
graves faiblesses venant contredire les objectifs affichés. Lopacité croissante
des documents budgétaires présentés au Parlement et les modifications continuelles de
la nomenclature budgétaire notamment, ne permettent pas une estimation satisfaisante des
moyens véritablement mis au service des actions annoncées et lon ne peut pas
demander aux parlementaires de simplement croire la ministre sur parole.
De plus, des faiblesses graves viennent contredire laffichage
général :
- Les crédits dacquisition seront en pratique inexistants
en 1999 puisque, malgré 10 millions de francs de mesures nouvelles, ils sont totalement
absorbés par la constitution des collections du Musée des arts et civilisations (pour
25 millions de francs) alors que ce projet aurait dû faire lobjet de mesure
nouvelles, et non pas dun financement par redéploiement. Sans crédits
dacquisition, il est difficile de véritablement soutenir la création et de
conserver sur notre territoire les " trésors nationaux " essentiels
à la préservation dun lien artistique démocratique avec les publics non-initiés.
- Le budget global des enseignements artistiques en quasi
stagnation : 38 millions de francs supplémentaires (soit + 2,7 %) sur
lensemble du budget et à peine + 1 % pour les crédits
dintervention, ce qui est totalement insuffisant pour un budget qui fait de la
démocratisation sa priorité.
- Leffort sur le patrimoine connaît un relâchement après
le rattrapage opéré en 1998, puisque les subventions dinvestissement accordées
aux propriétaires de monuments historiques seffondrent (- 24,5 %) et que
lessentiel de leffort budgétaire est limité aux travaux effectués par
lEtat sur ses propres monuments.
- Les crédits destinés aux grands projets régionaux connaissent
un net ralentissement (76 millions de francs contre millions de francs en 1998), ce qui ne
permet pas de rattraper le déséquilibre qui perdure entre Paris et la province.
- Alors que la déconcentration croissante des crédits
dintervention saccroît, ce dont il faut se féliciter, les directions
régionales des affaires culturelles ne bénéficient daucune création
demplois (seul un transfert de personnel est annoncé, sans chiffrage précis, pour
lautomne) et risquent donc de ne pas avoir les moyens dassumer leurs nouvelles
responsabilités.
- Enfin, en matière législative, aucun engagement précis
na toujours été obtenu en ce qui concerne la présentation des textes attendus sur
les musées, la protection des biens mobiliers classés, les archives, larchéologie
préventive, les enseignements artistiques spécialisés et les établissements publics
culturels locaux. Les bases de laction culturelle ne devraient donc pas évoluer
dans lannée qui vient, ce qui vient assez largement tempérer la volonté de
changement affichée par la ministre.
Par ailleurs, le rapporteur pour avis a souligné que son
rapport présenterait également un réflexion sur deux questions de fond : limpact
des nouvelles technologies de linformation et de la communication (NTIC) sur
laction culturelle et la place et lorganisation du ministère de la culture
face à lévolution des enjeux de la politique culturelle.
Les NTIC sont aujourdhui un phénomène majeur et vont
complètement modifier les comportements doffre et de demande culturelles. Dans le
domaine du livre par exemple, le passage à la technologie numérique et le développement
des réseaux vont conduire à la remise en cause du principe du prix unique (qui pourra
être détourné par des commandes à létranger ou lachat de livre
numériques), au bouleversement du fonctionnement des bibliothèques, pour un meilleur
service des lecteurs et des chercheurs, à une mutation du métier de libraire, ou encore
à la mise en concurrence de notre système de protection et de rémunération de la
propriété intellectuelle.
On peut donc se féliciter que le ministère de la culture ait fait
beaucoup defforts depuis 1994 pour intégrer ces nouvelles technologies dans sa
gestion interne et sa communication externe et ait commencé à transformer son action
culturelle afin de prendre en compte ces nouveaux défis par un soutien à la création de
contenus multimédias, à la numérisation ou à laccès des citoyens aux
technologies culturelles de linformation.
En ce qui concerne la place et les missions actuelles du ministère de
la culture, si chacun saccorde à reconnaître que lEtat détient une mission
culturelle qui ne peut être ni réduite, ni déléguée, nombreux sont ceux qui
considèrent, à la suite des travaux de la commission de réflexion présidée par M.
Jacques Rigaud, que lon doit procéder à une refondation de la politique
culturelle, ce qui passe nécessairement par une redéfinition du ministère de la
culture, de ses structures et de ses modalités daction. La restructuration des
services centraux actuellement en cours pourrait donc saccompagner dune
éventuelle extension de son champ de compétences, notamment aux enseignement
artistiques.
Par ailleurs, la dimension culturelle de laction gouvernementale
pourrait être utilement renforcée et encouragée par la création dun comité
interministériel de laction culturelle présidé par le Premier ministre.
En conclusion, au vu des aspects positifs et négatifs du projet de
budget pour 1999, et tout en appréciant les efforts effectués sur certains points, le
rapporteur pour avis a émis un avis défavorable sur ladoption des crédits de
la culture pour 1999.
M. Marcel Rogemont, après sêtre félicité des
propos pondérés tenus par le rapporteur pour avis, a fait les remarques
suivantes :
- Le simple constat comptable des crédits affectés au ministère
de la culture doit déjà inciter à leur adoption. Cependant, il est tout à fait sûr
que la politique culturelle dépasse le ministère de la culture pour sinscrire dans
un ensemble dactions gouvernementales.
- Lintérêt majeur du projet de budget pour 1999 est de
réintroduire une dimension politique dans laction culturelle en marquant la
volonté de reconstruire une relation, jamais terminée, entre public et culture. Une
telle approche entraine bien évidemment une restructuration et une réorganisation des
services ainsi quune forte déconcentration et rend donc parfois difficile les
comparaisons budgétaires avec les années antérieures.
- Létablissement de conventions écrites entre lEtat
et les artistes ou les collectivités locales, à travers notamment la charte de service
public, relève dune pratique saine qui a le mérite de définir clairement les
obligations de chacun et permet une évaluation des réalisations.
- La volonté de développer la pratique artistique fait
lobjet dobjectifs ambitieux comme le montre laction menée pour les
musiques actuelles. Elle relève dune nouvelle approche de lart correspondant
aux besoins des jeunes qui nauraient pas pu bénéficier dun enseignement
classique trop élitiste.
- Après avoir subi des coupes claires sous le précédent
Gouvernement, les crédits du patrimoine sont en augmentation de 42,5 % sur deux ans
: il semble donc difficile de faire des réserves sur ce sujet.
- Larchéologie préventive, dont la nécessaire
réorganisation demande une attention toute particulière, fait actuellement lobjet
dune étude conduite par trois personnalités, ce qui a justifié le report de la
présentation dun projet de loi.
- Parallèlement à laugmentation de 26 % des crédits
destinés au soutien de la langue française, il est prévu un accompagnement de
lenseignement des langues régionales.
M. Bernard Perrut a rappelé quun budget peut être
examiné autrement que par un simple constat de laugmentation des crédits et
notamment par lanalyse des choix.
Il a ensuite fait des observations sur :
- les collectivités locales qui éprouvent des difficultés
importantes pour obtenir des aides de lEtat, en particulier via les DRAC, ou pour
établir des conventions avec lEtat ;
- les crédits prévus dans le budget pour 1999 pour le
développement des théâtres missionnés et des écoles de musique ;
- la nécessité de soutenir davantage les bibliothèques
notamment pour les acquisitions qui relèvent dun volet social comme par exemple les
éditions en Braille.
Le rapporteur pour avis a apporté les réponses
suivantes :
- Une relation plus étroite entre public et culture passe par un
renforcement de leffort en faveur des enseignements artistiques et une coopération
accrue des ministères de la culture, de léducation nationale et de la jeunesse et
des sports. A cet égard, une véritable politique densemble et des moyens
suffisants font défaut.
- Les nouvelles technologies de linformation proposent un
outil de diffusion interactif qui amènera à la culture un public nouveau.
- En 1997, le nouveau Gouvernement avait procédé à une
annulation de 756 millions de francs sur les crédits culture, soit près de 5 %
du budget adopté par la précédente majorité et critiqué comme insuffisant. Il serait
souhaitable à lavenir déviter de procéder à ce type de régulation.
Puis, contrairement aux conclusions du rapporteur pour avis, la
commission a donné un avis favorable à ladoption des crédits de la
culture pour 1999.
*
La commission a décidé, en application de larticle 145 du
Règlement, le dépôt du rapport dinformation de la mission dinformation sur
linformatisation de la santé.
© Assemblée nationale
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