ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
COMPTE RENDU N° 5
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 21 octobre 1998
(Séance de 10 heures)
Présidence de M. Jack Lang, président
SOMMAIRE
Compte rendu d'une mission en Russie
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Compte rendu d'une mission en Algérie
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Crédits des Affaires étrangères pour 1999 (avis)
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Crédits des Relations culturelles internationales et de la Francophonie pour 1999
(avis)
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Mission en Russie
M. Jean-Louis Bianco a exposé que cette mission s'était rendue à
Moscou le 8 septembre 1998, la veille de la nomination de M. Evgueni Primakov
aux fonctions de Premier ministre. L'objet de ce déplacement était de rencontrer les
responsables politiques russes et de faire entendre la voix de parlementaires français à
propos de la transition économique russe.
La mission a pu constater que personne, même parmi ceux qui étaient
le plus critiques à l'égard de Boris Eltsine, ne remettait en cause la nécessité d'une
solution politique consensuelle dans le respect de la Constitution. D'autre part, même
les interlocuteurs classés parmi les plus favorables au libéralisme économique étaient
très critiques à l'égard du FMI et des banques russes. L'un d'entre eux, M. Ryjkov,
bien que libéral, envisageait même de menacer les banques de nationalisation si elles
n'avaient pas un comportement plus civique.
La nomination de M. Evgueni Primakov était probablement la solution
politique la plus sage. On pouvait espérer qu'il parviendrait à former un gouvernement
d'union nationale mais cela n'a pas été possible. Le nouveau Premier ministre,
cependant, a des contacts avec un éventail politique très large.
L'Occident a commis de graves erreurs dans ses conseils à la Russie en
souscrivant à deux affirmations : le marché supposerait des privatisations et conduirait
nécessairement à la démocratie. Aujourd'hui, les Russes et de nombreux experts estiment
qu'il aurait d'abord fallu construire un Etat, élaborer une fiscalité et lutter contre
les oligarchies.
M. René André a approuvé les conclusions de M. Bianco.
L'expérience ultra-libérale a été néfaste. Il est regrettable que la Russie n'ait pas
suivi les exemples de la France et de l'Italie qui, au lendemain de la guerre, ont opté
pour une économie mixte. Par ailleurs, l'aide de l'Union européenne doit se concentrer
sur la maintenance des centrales nucléaires russes qui sont un facteur de risque
extraordinairement préoccupant.
M. Charles Ehrmann a souhaité que les liens de l'Assemblée
nationale avec la délégation parlementaire russe au Conseil de l'Europe soient
approfondis. Il s'est demandé si la Fédération de Russie n'était pas, tel l'empire
romain, trop vaste pour se redresser.
M. Pierre Brana a demandé pour quelles raisons les
privatisations en Russie ont eu des conséquences aussi néfastes alors qu'on les
recommande ailleurs. Il a noté que d'autres pays, la Bulgarie notamment, avaient des
centrales nucléaires en très mauvais état.
Mme Louise Moreau a souhaité savoir si la Russie disposait
désormais d'un droit des sociétés.
M. Jean-Louis Bianco a rappelé que les contacts parlementaires
avec la Douma étaient nombreux grâce au Conseil de l'Europe et aux groupes d'amitié.
Dans le cadre du programme TACIS, l'Assemblée nationale participe à la formation des
fonctionnaires de la Douma.
La Fédération russe est la proie de forces centrifuges. Certaines
provinces sont indépendantes de fait et réagissent à la crise par des mesures
dirigistes. L'Ambassade de France et les Sénateurs ont élargi leurs contacts aux
provinces qui sont parfois dirigées par des réformateurs et présentent des
opportunités pour les entreprises françaises.
Les privatisations ont échoué car elles n'étaient pas encadrées par
une législation adaptée. Elles ont été réalisées selon une logique purement
financière, sans restructuration préalable, et ont donné lieu à des malversations. Par
ailleurs, les débats à la Douma ont buté sur ces réformes de fond, comme le nouveau
code fiscal.
Le droit des sociétés en Russie s'inspire de multiples modèles
étrangers. C'est surtout l'application de ce droit qui fait défaut.
Mission en Algérie
M. François Loncle a rappelé que la Commission des Affaires
étrangères n'avait pas envoyé de délégation aussi importante en Algérie depuis 1982.
Après le succès de la visite du Président Jack Lang et des déplacements de plusieurs
députés, il s'agissait de porter un regard neuf et dépourvu d'a priori sur l'Algérie,
certains membres de la délégation s'y rendant pour la première fois.
Au-delà de sa diversité politique, la délégation a montré une
grande cohérence. Elle s'est entretenue avec le Président de l'Assemblée populaire
nationale, les responsables de tous les groupes politiques et des membres de diverses
commissions et avec le Président du Conseil national économique et social. Elle a
rencontré de nombreux représentants de la société civile, chefs d'entreprise,
responsables d'associations et des familles de disparus et a établi des contacts
informels avec la population à Alger, Blida et Annaba. Malgré sa demande, elle n'a pu ni
s'entretenir avec des responsables de l'exécutif, accaparés par la mission de l'ONU, ni
se rendre à Tizi-Ouzou. La délégation a été impressionnée par la complexité de la
situation et la multiplicité des défis auxquels l'Algérie doit faire face : défi
sécuritaire, défi démocratique, défi économique et social.
La situation sécuritaire s'est sensiblement améliorée depuis 1992
car les groupes armés ne semblent plus en mesure de l'emporter militairement malgré les
actes de violence aveugle qu'ils commettent. La peur a donc changé de camp mais la
violence reste endémique. Le combat mené par les autorités contre ce terrorisme n'est
pas exempt de dérapages, de confusions, de bavures. L'existence d'exécutions
extra-judiciaires, d'opérations de vendetta et le nombre élevé de disparus ont été
dénoncés.
Une certaine liberté de la presse dont on a perçu ces jours derniers
les limites, le goût du débat, la pluralité des opinions, les critiques véhémentes
contre le pouvoir, comme l'existence d'un certain pluralisme institutionnel démontrent
que l'Algérie s'efforce d'enclencher un processus de démocratisation. Mais le manque de
transparence dans la prise de décision est frappant, que ce soit pour l'application de la
loi sur la généralisation de la langue arabe, les atteintes à la liberté de la presse
ou la démission du Président Zéroual. Aussi, les critiques de la société civile
algérienne sont-elles nombreuses et portent sur la nature politique du régime, l'absence
de respect des droits de l'Homme et un code de la famille particulièrement rétrograde.
Malgré ses richesses, l'Algérie doit résoudre d'immenses problèmes
économiques et sociaux : le chômage atteint près de 30% de la population dont 60 à 70%
des jeunes. Le système scolaire est sinistré et les réformes entreprises, libération
des prix, privatisation, restructuration des terres agricoles et relance budgétaire
doivent être accélérées.
Face à cette situation, les Algériens attendent beaucoup de la France
qui doit renforcer ses relations avec l'Algérie par l'augmentation du nombre de visas
accordés aux Algériens, la relance de la coopération économique et culturelle et le
traitement favorable de certaines demandes algériennes si les conditions de sécurité le
permettent (reprise des vols Air France sur l'Algérie, réexamen du classement du risque
par la COFACE, réouverture de certains centres culturels). Les relations bilatérales
franco-algériennes, obérées par le problème de la sécurité doivent et peuvent être
améliorées.
Le Président Jack Lang a déclaré partager les analyses du
Rapporteur. Selon lui, l'Algérie est entrée dans une période nouvelle marquée par la
décision du Président Zéroual de provoquer des élections présidentielles anticipées
et par les entraves imposées à la liberté de la presse indépendante. La démocratie
est une arme contre le terrorisme, une plus forte légitimité du pouvoir algérien le
renforcera dans cette lutte.
Approuvant les vues du Rapporteur, Mme Yvette Roudy a estimé
que la Commission des Affaires étrangères devait suivre le déroulement du processus
électoral en Algérie, en y envoyant des observateurs soit dans le cadre de l'Assemblée
nationale soit dans celui de l'Union européenne.
Mme Louise Moreau s'est demandée si l'Algérie accepterait
l'envoi d'observateurs de l'ONU ou de l'Union européenne lors des élections
présidentielles. Elle a voulu savoir où en étaient les négociations sur les contrats
de gaz.
Plus pessimiste sur la situation de l'Algérie que le Rapporteur, Mme
Marie-Hélène Aubert a dénoncé les stères de "langue de bois" employés
par les autorités algériennes à propos de la maîtrise du terrorisme et de l'existence
d'un pluralisme démocratique. Les contacts directs de la délégation avec la population
algérienne n'ont pas été aisés et n'ont été possibles que grâce à la diligence de
quelques députés algériens.
Elle s'est demandé quelle initiative prendre pour que des observateurs
internationaux puissent assister aux élections présidentielles. Elle a souhaité que le
Ministre des Affaires étrangères soit auditionné par la Commission au sujet de
l'Algérie et que les relations bilatérales franco-algériennes soient dynamisées pour
répondre aux attentes de la jeunesse algérienne.
M. Georges Sarre s'est félicité de la concordance des
observations du Rapporteur avec celles de la délégation du Mouvement des Citoyens qui a
séjourné en Algérie. Le soutien à la liberté de la presse dans ce pays doit être
total. Il y a effectivement une guerre des clans, et des problèmes de corruption en
Algérie. La venue d'observateurs internationaux pendant les élections présidentielles
est subordonnée à une demande de l'Algérie.
Il a demandé qu'Air Algérie dispose en France d'un espace plus grand
pour ses guichets et qu'Air France reprenne ses vols sur l'Algérie. Il a dénoncé la
situation inacceptable faite aux Algériens qui demandent des visas. Il faut qu'en 1998 au
moins 80 000 visas leur soient délivrés.
M. François Loncle a estimé que le suivi du processus
électoral pouvait être effectué par des observateurs mandatés par l'Union européenne
ou les Nations Unies.
Le Président Jack Lang a souhaité que l'on parvienne à
convaincre les Algériens de l'importance de la crédibilité des futures élections
présidentielles. Un suivi de la politique des visas et plus généralement de la
coopération et du dialogue franco-algérien s'impose.
En application de l'article 145 du Règlement, la Commission a
autorisé la publication du présent rapport d'information.
Crédits des Affaires étrangères pour 1999
M. Jean-Louis Bianco, rapporteur pour avis, a exposé que la
dotation réservée au Quai d'Orsay par le projet de loi de finances pour l'année 1999
s'élevait à 20,78 milliards de francs soit une enveloppe nettement plus élevée que le
budget voté pour 1998 qui se montait à 14,5 milliards de francs. Cette augmentation
s'explique naturellement par l'intégration des crédits de la Coopération au budget des
Affaires étrangères, conséquence logique de la réforme approuvée par le Conseil des
ministres du 4 février 1998. A structure constante, les crédits diminuent de 0,7% par
rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Cette réduction est inférieure à
celles subies en 1998 (-1,25%) et en 1997 (-5,08%).
Mais cette stabilité apparente masque une différence sensible entre
les crédits qui relevaient du ministère des Affaires étrangères et ceux qui étaient
gérés par la Coopération. Les premiers sont en augmentation de 2,5% alors que les
seconds sont en diminution de 7,7%. Cette évolution s'explique, d'une part, par une
baisse des concours aux Etats les moins avancés et des bonifications consenties au titre
des prêts d'ajustement structurel, et, d'autre part, par une baisse des crédits de
paiement du Fonds d'aide et de coopération et de l'Agence française de développement.
Par ailleurs, le projet prévoit 313 millions de francs de mesures
d'ajustement au titre de l'effet-change-prix. En effet, la loi de finances a pris pour
base un dollar à 6,07 francs pour l'année 1999, soit un niveau plus élevé que celui
retenu par la loi de finances pour 1998 (5,66 francs). Même si l'on peut avoir des doutes
sur la fiabilité de cette prévision, il était nécessaire de compenser l'augmentation
éventuelle du dollar afin que le pouvoir d'achat des rémunérations du personnel
expatrié et des crédits d'intervention soient préservés. A ce propos, il convient de
souligner la vulnérabilité du budget des Affaires étrangères face aux aléas de la
conjoncture. La mauvaise anticipation du dollar en 1998 s'est traduite par une baisse du
pouvoir d'achat des crédits d'intervention des postes.
Ce projet de budget est donc décevant, surtout si l'on se souvient que
le budget 1998 avait été présenté comme un budget de stabilisation devant précéder
un rebond. Depuis 1993, le Quai d'Orsay a supprimé environ 8% de ses effectifs, effort
sans équivalent dans l'ensemble de l'administration, et certains chapitres ont subi une
réduction considérable. Alors que les crédits des Affaires étrangères représentaient
1,68% du budget de l'Etat en 1992, ils n'en représentent plus que 1,28%. Tous ceux qui
constatent cette évolution ne peuvent que la déplorer.
L'année 1999 sera à nouveau une année de suppression d'emplois.
L'administration des Affaires étrangères perdra 130 emplois alors qu'il paraissait
convenu que les effectifs se stabiliseraient après la dernière année d'application du
schéma d'adaptation des réseaux qui s'est traduit par la perte de 610 emplois en cinq
ans. L'ancienne Coopération, pour sa part, perdra 15 emplois budgétaires, 5 postes de
coopérants du service national et 170 postes d'assistants techniques.
On justifie la baisse des crédits d'aide au développement par
l'amélioration de la situation des économies africaines qui ne nécessiterait plus le
même effort au titre de l'ajustement structurel. Dans le passé, la France a consenti une
aide importante, notamment en procédant à des transformations de prêts en dons ou à
des annulations de dette. Mais personne ne peut croire que la relative amélioration des
"fondamentaux" des économies africaines annonce une transformation rapide des
conditions de développement des pays les plus déshérités.
A l'intérieur des contraintes qui sont les siennes, le projet de
budget présente des choix justifiés et cohérents. Le personnel bénéficiera de la
revalorisation générale des bas salaires de la fonction publique et le gouvernement a
décidé une réforme équitable du régime des majorations familiales. Certains services
du ministère achèvent ou conduisent une modernisation trop longtemps attendue. Il en est
ainsi de l'OFPRA dont les ressources humaines sont désormais garanties et du service de
l'état-civil qui a bénéficié d'une attention et d'un effort exceptionnels. Il convient
aussi de saluer l'augmentation, presque inespérée, des contributions volontaires
versées aux organisations internationales après des années de diminution constante,
ainsi que la progression des crédits en faveur de l'action audiovisuelle extérieure, de
l'aide aux Français de l'étranger et des bourses.
M. Jean-Louis Bianco a souligné les conséquences que risquait d'avoir
la réduction des moyens en personnel. Depuis 1990, le nombre d'ambassades a augmenté. Le
recrutement local ne peut être développé au-delà de son niveau actuel. La suppression
du service national nécessitera le développement du volontariat international qui fera
l'objet du dépôt d'un projet de loi au début de l'année prochaine.
Dans ces conditions, une réflexion sur la carte diplomatique et
consulaire est inévitable. Elle devrait être l'occasion d'un examen de la répartition
géographique de nos postes, des situations éventuelles de sureffectifs et du contenu des
tâches confiées aux diplomates. En effet, ces derniers sont trop accaparés par
l'accueil de personnalités diverses et par la collecte d'informations rapidement
périssables dont l'intérêt se reflète dans les télégrammes diplomatiques. Les
Ambassades devraient pouvoir travailler davantage à leur mission d'influence et à la
défense des intérêts économiques et culturels de la France.
La réforme de la Coopération se traduit par la création d'une
nouvelle direction générale : la direction générale de la coopération internationale
et du développement (DGCID) qui sera à pied d'oeuvre en janvier 1999. Les ministres ont
fait le choix courageux d'une fusion des services et non d'un simple rapprochement. Les
syndicats adhèrent aux modalités de la réforme qui sera une sorte de "big
bang" administratif. La prochaine étape en sera la réunion du Comité
interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) dont
l'avenir dira s'il accomplira effectivement son rôle de coordination.
Le Président Jack Lang a regretté que la présence culturelle
de la France à l'étranger ne fasse pas l'objet d'une réflexion profonde. La France dans
ce domaine vit sur un acquis en régression constante et souffre d'une absence de vision.
La francophonie est en crise. Il n'existe qu'une solution que le Gouvernement devrait
promouvoir auprès de ses partenaires : que les Etats rendent obligatoire l'apprentissage
de deux langues vivantes.
M. Jean-Bernard Raimond a estimé que la réduction des
effectifs était une erreur. Elle affecte le Quai dans une mission qu'il est le seul à
accomplir parmi toutes les administrations : l'information du Gouvernement. A ce titre, la
plus-value des télégrammes diplomatiques ne doit pas être négligée.
M. Jacques Myard a félicité le Rapporteur pour avis qui a, en
quelque sorte, accompli un travail d'opposant en soulignant combien ce budget était
insuffisant. L'outil diplomatique est menacé et cela affecte la voix de la France. Les
moyens de l'action extérieure doivent être renforcés et redéployés. Il est
regrettable que le "jaune" retraçant les crédits extérieurs de la France ne
soit pas disponible.
La réforme de la Coopération est une bonne initiative mais il n'est
pas certain que la création d'une grande direction générale soit idoine. Il aurait
mieux valu créer, au sein du ministère, une direction spécifique aux pays du champ. Par
ailleurs, les expériences antérieures inclinent au scepticisme quant à la coordination
géographique.
M. Pierre Brana a regretté que ce budget ne soit pas plus
élevé. Il a souligné que les difficultés en matière de délivrance des visas ne
concernaient pas seulement l'Algérie ; en Roumanie, par exemple, les demandeurs sont
soumis à des conditions sévères. Ne faudrait-il pas relancer l'idée de regrouper les
représentations diplomatiques des pays de l'Union européenne ? Comment les contributions
volontaires évoluent-elles dans le budget ?
Mme Marie-Hélène Aubert a jugé que ce budget était plus que
décevant. Les crédits baissent d'année en année et les objectifs de la politique
étrangère ne sont pas redéfinis. Il est vrai que la cohabitation ne facilite pas les
choses. Au sommet, la politique étrangère de la France paraît exclusivement consacrée
à la promotion des intérêts commerciaux et ne traite jamais de culture, de social, de
développement. Souvent les télégrammes diplomatiques ne sont suivis d'aucune réaction.
La mise en oeuvre des conventions en matière de développement et d'environnement est
insuffisamment assurée faute de moyens.
Mme Marie-Hélène Aubert a demandé comment la réforme de la
Coopération prévoyait d'associer les parlementaires à la politique d'aide au
développement.
M. Pierre Lequiller a estimé qu'il serait utile d'ouvrir un
débat à propos du réseau d'enseignement français à l'étranger car des
redéploiements sont nécessaires. Il a souhaité que les pays européens renforcent leur
coopération au niveau de leurs représentations diplomatiques. Il a approuvé l'idée que
l'apprentissage obligatoire de deux langues vivantes soit généralisé. Il a estimé que
la réforme de la Coopération ne pouvait en rester là mais devrait déboucher sur la
création d'une administration unique de l'action économique extérieure.
Le Président Jack Lang a suggéré que les parlementaires
puissent, avant l'élaboration du projet de loi de finances, exprimer des remarques et des
voeux.
M. Jean-Louis Bianco a estimé qu'une intervention des
parlementaires avant les lettres de cadrage pourrait être utile.
Il a convenu que les télégrammes diplomatiques pouvaient être très
utiles et même admirables d'intelligence et de style. Cependant, leurs auteurs sont
souvent découragés par les faibles suites qui leur sont données.
Il s'est déclaré favorable à la création d'une administration
unique, compétente pour l'action économique extérieure.
L'organigramme de la DGCID prévoit une coordination géographique
forte des directions fonctionnelles. Parmi ces dernières, une direction sera chargée des
pays de l'ancien "champ".
La Constitution ne permet pas (selon le Conseil d'Etat) la création
d'ambassades communautaires mais il est possible de multiplier les projets de regroupement
des représentations diplomatiques.
Les contributions volontaires passent de 228 millions de francs dans le
budget 1998 à 278 millions de francs dans le projet de loi de finances, soit 22%
d'augmentation.
Les parlementaires seront représentés au Conseil d'administration de
l'Agence française de développement ; en revanche, la composition du Haut conseil de la
coopération internationale n'est pas encore arrêtée.
Dans deux domaines, la politique étrangère de la France a été
réorientée. La politique européenne met désormais l'accent sur le social. La politique
africaine a été redéfinie, en accord avec le Président de la République.
Suivant les conclusions du Rapporteur, la Commission a émis un avis
favorable à l'adoption des crédits des Affaires étrangères pour 1999.
Crédits des Relations culturelles internationales et de la
Francophonie pour 1999
M. Georges Hage, rapporteur pour avis, a rappelé que cet
avis porte essentiellement sur les crédits traditionnellement confiés au Quai d'Orsay,
même s'il est de moins en moins possible de les analyser séparément de ceux gérés
jusqu'à cette année par le ministère de la Coopération.
Au premier coup d'oeil, on pourrait penser que ce budget est la
déplorable répétition du précédent. En hausse de 2,46 % en francs courants à près
de 5,3 milliards de francs, il semble simplement maintenir la capacité d'action de la
direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques. Comme l'an
dernier, les crédits de fonctionnement en hausse de 6,8 % s'en sortent plutôt mieux que
les crédits d'intervention stables à un peu plus de 3 milliards de francs. Bref, ce
projet pourrait donner le sentiment d'une simple reconduction des crédits à l'identique.
Force est de reconnaître qu'il se différencie du précédent, et
même des précédents, à plusieurs titres.
Tout d'abord, il marque la fin de l'érosion des moyens réels de la
DGRCST, ininterrompue depuis 1993. Le budget 1998 avait été décrit comme un budget de
stabilisation ; l'absence de régulation en 1998, le maintien des moyens pour
1999 confirment cette tendance. Il était temps.
Deuxièmement, et il s'agit là d'une évolution que notre Commission
n'avait cessé de réclamer, la DGRCST a enfin défini des priorités claires. Il en
existe deux majeures : l'audiovisuel extérieur et les nouvelles technologies de
l'information (+ 146 millions de francs) et la promotion de l'enseignement supérieur
français (+ 55 millions de francs notamment pour un programme de bourses dites
d'excellence destinées à la formation des décideurs étrangers).
Les crédits de l'AEFE augmentent quant à eux de 6,6 %.
On ne peut que saluer le courage qu'il a fallu à la DGRCST pour
réduire les moyens consacrés à ses coopérations traditionnelles afin de pouvoir
financer sous plafond ces nouvelles priorités.
Troisièmement, ce budget s'inscrit dans un contexte profondément
différent de celui de l'an dernier. Les plus hautes autorités de l'Etat ont approuvé la
fusion du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Coopération : elle
entraîne le rapprochement de la DGRCST et de la direction du Développement de la rue
Monsieur rassemblées dans une Direction générale de la coopération internationale et
du développement. D'ores et déjà, les crédits sont présentés sous forme d'un budget
unique qui, pour la DGCID, s'élèvera environ à 8 milliards.
Plus importants, ces moyens seront en outre utilisés de manière plus
efficiente par le rapprochement, la simplification des structures de l'administration
centrale et du réseau à l'étranger, ainsi que par une harmonisation des procédures.
Ce budget comporte donc des points encourageants. Les difficultés, les
écueils ne doivent pas être ignorés pour autant. La transition d'une structure à
l'autre constituera une période délicate. Afin de tirer le maximum d'effets de la
réforme, il sera nécessaire de définir de véritables priorités géographiques,
notamment par une éventuelle réorientation des crédits jusqu'à présent gérés par la
Coopération.
Par ailleurs, sur certains points, les changements restent à venir :
il en va ainsi de l'indispensable rationalisation des structures en charge de la
francophonie ou encore de la réforme de l'audiovisuel dont seul le cadre institutionnel
est pour l'heure établi. De même, la réforme du service national pose la question du
remplacement des coopérants du Service national. Deux réponses possibles méritent un
examen particulier : l'ouverture du dispositif "emploi-jeunes" à
l'international, la mise en place d'un volontariat international par le vote d'une loi au
printemps prochain.
Estimant qu'ils reflétaient une véritable volonté de changement
politique, le Rapporteur s'est prononcé en faveur de l'adoption de ces crédits.
M. Pierre Lequiller s'est enquis de l'évolution des crédits
d'intervention de l'AEFE et a souligné l'importance d'une adaptation des réseaux à
l'étranger.
M. Charles Ehrmann a déclaré partager l'avis du Rapporteur sur
le caractère regrettable de la disparition des CSN. Il a par ailleurs observé que la
défense de la langue française était une affaire de volonté politique.
Le Président Jack Lang a insisté sur l'existence d'un
intérêt commun de plusieurs nations à défendre le plurilinguisme.
Suivant les conclusions du rapporteur, la Commission a émis un avis
favorable à l'adoption des crédits des Relations culturelles internationales et de la
Francophonie pour 1999.
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