ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DES FINANCES,
DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN
COMPTE RENDU N° 16
(Application de l'article 46 du Règlement)
Lundi 19 octobre 1998
(Séance de 21 heures)
Présidence de M. Yves Tavernier, Vice-Président
SOMMAIRE
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Examen de la deuxième partie du projet de loi de
finances pour 1999 (n° 1078) :
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- Formation professionnelle et article 80 rattaché à ce budget
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- Charges communes et articles 77 et 78 rattachés à ce budget
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- Articles 51 à 58 relatifs aux comptes spéciaux du Trésor
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La commission des Finances, de lÉconomie générale et du Plan a
poursuivi lexamen de la deuxième partie de la loi de finances pour 1999 (n° 1078).
La Commission a tout dabord examiné, sur le rapport de M. Jacques
Barrot, rapporteur spécial, les crédits de la Formation professionnelle et larticle 80
rattaché à ce budget.
M. Jacques Barrot, rapporteur spécial, a dabord
insisté sur la complexité du financement de la formation professionnelle et a indiqué
que la participation de lÉtat à leffort de formation professionnelle en
1999, hors dotations versées à lAssociation pour la formation professionnelle des
adultes (AFPA), sélèverait à 26,419 milliards de francs, en augmentation de
5,3 %. Il a précisé que leffort portait principalement sur les crédits
destinés aux formations en alternance, en augmentation de 10,2 %. A ce sujet, il
sest réjoui de laugmentation des flux dentrée dans les dispositifs
dalternance prévue en 1999.
Après avoir décrit lévolution des dépenses liées à la
promotion de lapprentissage, il a rappelé que 10.000 contrats de qualification
destinés aux adultes avaient été programmés pour 1999. Après avoir évoqué le coût
des actions de formation restant à la charge de lÉtat, il a abordé la question du
financement de lAFPA, remarquant la forte progression de ses ressources et
souhaitant que laccent soit mis sur une gestion de lassociation à
léchelon régional. Concernant lévolution des dotations de
décentralisation, il a regretté que la décentralisation de la formation professionnelle
ait été effectuée sans ligne directrice. Il a ensuite exprimé le voeu que la future
réforme de la formation professionnelle favorise la formation des salariés tout au long
de la vie.
Il a ensuite indiqué que, si la sensible augmentation des crédits de
la formation professionnelle pour 1999 le conduisait à inviter la Commission à les
adopter, il sopposerait en revanche à la modification proposée par
larticle 80 du projet de loi de finances pour 1999. Précisant que cette
disposition visait à réserver aux apprentis les moins formés le versement dune
prime à lembauche, il a déclaré que ce recentrage nuirait aux formules
dapprentissage correspondant à des niveaux de qualification plus élevés et
quil diminuerait lattractivité globale du dispositif. Ajoutant quil
pourrait être possible de trouver ailleurs le financement nécessaire aux actions menées
par le Gouvernement, il a proposé de repousser le dispositif proposé par le Gouvernement
en lui substituant, afin de maintenir constantes les dotations budgétaires, un
prélèvement dun montant identique sur les excédents de trésorerie de
lassociation centralisant le réseau de collecte des fonds de lalternance
(AGEFAL).
M. Alain Rodet, regrettant que " lascenseur
social " ne fonctionne plus dans les mêmes conditions quauparavant, a
souhaité que cette dimension ne soit pas absente des préoccupations des autorités lors
de la contractualisation des actions de la formation professionnelle avec les régions. Il
sest également prononcé pour une collaboration plus étroite entre lAFPA et
le Centre de la fonction publique territoriale (CNFPT).
M. Gérard Bapt, observant que les artisans étaient parfois
dissuadés de prendre un apprenti dès lors que son âge conduisait à lui verser une
rémunération plus élevée, a souhaité que le dispositif dapprentissage soit plus
incitatif envers les personnes non qualifiées, objectif qui, selon lui, nétait
absolument pas rempli par la modification proposée par larticle 80 du projet
de loi de finances. Enfin, il a demandé au Rapporteur spécial des précisions sur les
conditions du suivi des stagiaires bénéficiant dun stage dinsertion et de
formation à lemploi.
Répondant aux intervenants, M. Jacques Barrot a apporté
les précisions suivantes :
sagissant de lexigence de promotion sociale, la
décentralisation navait pas conduit les régions à adopter ce type de
préoccupations à long terme ; la future loi réformant la formation
professionnelle, annoncée par Mme la Secrétaire dÉtat, devrait linscrire
parmi ses priorités ;
la coopération entre le CNFPT et lAFPA doit être
favorisée car elle permet à lAFPA de sortir de son isolement.
La Commission a adopté, sur la proposition du Rapporteur
spécial, les crédits de la Formation professionnelle.
Puis elle a adopté un amendement de nouvelle rédaction de
larticle 80 rattaché à ce budget, tendant à substituer au recentrage de
laide à lembauche de lindemnité compensatrice forfaitaire à
lapprentissage un prélèvement de même hauteur sur les excédents de trésorerie
de lAGEFAL.
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La Commission a ensuite examiné, sur le rapport de M. Gilbert
Mitterrand, rapporteur spécial, les crédits de la Santé.
Indiquant dabord que le budget de la santé progresserait, en
1999, de 3 %, M. Gilbert Mitterrand, rapporteur spécial, a toutefois
fait valoir quà structures constantes, laugmentation serait, en réalité, de
4,5 %, compte tenu du transfert des centres dhygiène alimentaire et
dalcoologie à lassurance maladie. Il a indiqué que cette progression
sexpliquait essentiellement par la mise en uvre de la loi dorientation
relative à la lutte contre les exclusions (216 millions de francs de mesures
nouvelles) et de la loi relative au renforcement de la veille sanitaire
(42,5 millions de francs de mesures nouvelles).
Se félicitant de laccroissement des moyens des services
sanitaires et sociaux, qui se traduira par la résorption de 155 emplois précaires,
la création de 80 emplois de conseillers dans les DDASS et de 20 emplois de
direction à ladministration centrale, il a précisé que les moyens de
communication du ministère seraient accrus de 20 millions de francs, afin de
financer une campagne dinformation sur la contraception. Il a ensuite fait le point
sur les différentes actions poursuivies ou renforcées, telles que la lutte contre les
toxicomanies, la lutte contre le sida et les maladies transmissibles, la formation
initiale, les subventions aux services de santé des TOM et le fonds daide à
ladaptation des hôpitaux.
Invitant la Commission à adopter les crédits de la santé, il a enfin
estimé que les priorités pour 1998 - prévention, adaptation de loffre
de soins, sécurité sanitaire - étaient prolongées en 1999 et que de nouvelles
priorités étaient mises en uvre dans le cadre de la loi contre les exclusions,
observant néanmoins que cet effort devait saccompagner dune évaluation du
système de soins, dune évolution de la politique du médicament et de la formation
médicale ainsi que dune maîtrise des coûts et des dépenses de santé.
Regrettant la faiblesse persistante des administrations sanitaires en
personnels de catégorie A, qui les conduit trop souvent à recourir à des cadres
hospitaliers, M. Alain Rodet sest interrogé sur lactivité des
agences régionales de lhospitalisation (ARH) en 1998.
Constatant que les crédits destinés au remboursement de
linterruption volontaire de grossesse nétaient maintenus que pour poursuivre
leffort de résorption de la dette de lÉtat à légard des organismes
de sécurité sociale, Mme Nicole Bricq a insisté sur les disparités dans le
secteur hospitalier francilien, citant lexemple de la psychiatrie en grande couronne
et se demandant comment seraient utilisés les crédits prévus pour le fonds de
modernisation en 1999.
Regrettant que les crédits de la lutte contre les toxicomanies soient
dispersés entre un trop grand nombre dorganismes, M. Jacques Barrot a
remarqué que les tâches incombant aux DDASS et aux DRASS sétaient
considérablement alourdies, sagissant en particulier de lanimation des
politiques de lÉtat.
M. Pierre Hériaud a souhaité obtenir des précisions sur
les activités des ARH dans les différentes régions.
M. Yves Tavernier, Président, a observé que les DDASS et
les DRASS, qui exercent pourtant la tutelle sur le budget des hôpitaux publics, voient
leurs moyens diminuer.
Répondant aux intervenants, le Rapporteur spécial a apporté
les précisions suivantes :
les postes dencadrement ont été régulièrement
augmentés au cours des dernières années, cet effort étant poursuivi en 1999 avec la
création de vingt postes de catégorie A dans les services centraux ;
les ARH, qui travaillent actuellement sur les schémas
régionaux dorganisation des soins (SROS) dits de " deuxième
génération ", disposeront, en 1999, de 107,7 millions de francs de
subventions de lÉtat, dont 5 millions de mesures nouvelles au titre des
SROS ; sans doute nont-elles pas encore accompli leffort de transparence
nécessaire, quil sagisse de la question de la rémunération des directeurs,
évoquée en 1997 par le précédent rapporteur spécial, ou des critères
dappréciation sur lesquelles elles fondent leurs décisions, ce qui montre
limportance des outils dévaluation, tels que le PMSI ; quant à la
situation en Île-de-France, elle est indéniablement rendue plus délicate par le
chevauchement des compétence entre lAssistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)
et lARH ;
le fonds daide à la modernisation ayant été mis en
place par la loi de finances pour 1998, 91 dossiers ont déjà été présentés à
ce titre, pour des projets dun montant global de près de 4,2 milliards de
francs ;
si, une fois de plus, le rapporteur spécial na pas
encore reçu, à ce jour, de réponse à ses questions sur la lutte contre les
toxicomanies, la dispersion des crédits sexplique en partie par limportance
des crédits destinés à laction interministérielle, lesquels sont ensuite
répartis, par définition, entre différents autres budgets ;
la diminution des moyens des DDASS et des DRASS nest
quapparente, car les crédits destinés aux emplois de vacataires ont diminué, dans
le cadre de la résorption de lemploi précaire, les crédits de rémunération
correspondants se trouvant désormais sur les chapitres normalement prévus à cet effet.
Puis la Commission a adopté, suivant la proposition du
Rapporteur spécial, les crédits de la Santé.
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La Commission a ensuite examiné, sur le rapport de M. Jean-Louis
Dumont, rapporteur spécial, les crédits du Logement.
M. Jean-Louis Dumont, rapporteur spécial, a rappelé que
le budget de 1998 était de transition et que les observations adoptées lan dernier
par la Commission navaient pas été sans effet. Il a précisé que le rapport
réalisé par le Conseil économique et social à sa demande avait contribué à la
réalisation de laccord conclu entre les collecteurs du 1% logement et
lÉtat, que les crédits de financement de laccession à la propriété
avaient été réintégrés dans le budget général et que des conventions avaient été
passées pour lamélioration des rapports entre les locataires et les bailleurs. Il
a ajouté que, en matière de politique foncière, autre sujet de préoccupation du
Conseil économique et social, la suppression de la TVA sur les terrains à bâtir et la
future loi relative à lhabitat devraient améliorer la situation.
Il a indiqué ensuite que le projet de loi de finances pour 1999
proposait une augmentation de 1,5 million de francs des crédits de
lassociation nationale pour linformation sur le logement (ANIL), ce qui était
insuffisant mais constituait une avancée dans le sens de la lutte contre lexclusion
sur des valeurs républicaines. Il a manifesté des inquiétudes sur la consommation des
crédits de mises en chantier en 1998. Il a estimé nécessaire dêtre vigilant
compte tenu de la difficulté dévaluer les effets des réformes de diminution du
taux de TVA menées par MM. Périssol et Besson, comme ceux de la réorganisation de
ladministration centrale du ministère, alors que les besoins annuels de logements
ont été estimés par le Conseil économique et social à 320.000.
Présentant les crédits, il a souligné lamélioration très
significative des aides personnelles en 1998, en évoquant cependant un risque
dinsuffisance de 400 millions de francs en 1999. Il sest félicité de la
forte progression des crédits des fonds de solidarité pour le logement (FSL) et de
laide au logement temporaire (ALT), en souhaitant un renforcement des subventions
départementales aux FSL et une plus grande souplesse dans leur fonctionnement. Il a
constaté la consolidation des crédits dintervention en faveur du parc privé et au
secteur de lhabitat locatif social, tout en appréciant la simplification des
mécanismes dobtention des crédits. Il a rappelé que le projet de loi de finances
prévoyait la réintégration, dans le cadre du budget général, des moyens dévolus à
laccession à la propriété, en insistant sur la nécessité de renforcer après
1999 les dotations budgétaires en proportion de la diminution programmée des
contributions des collecteurs du 1% logement. Il sest félicité de la mise en place
dun dispositif de sécurisation dans le cadre de la convention du 3 août 1998.
M. Alain Rodet a considéré que la situation du secteur
locatif social était préoccupante, la production des prêts locatifs aidés (PLA) étant
trop onéreuse et celle des primes à lamélioration des logements à usage locatif
et à occupation sociale (PALULOS) à revoir, compte tenu du bon accord passé par les
artisans du bâtiment pour lapplication de la loi sur les 35 heures. Il a
estimé nécessaire de diminuer le taux dintérêt des prêts consentis par la
Caisse des dépôts, actuellement de 4,3%, en salarmant des difficultés de nombreux
OPHLM.
M. Gérard Bapt a exprimé les mêmes craintes, en
observant que les prix de loyer déquilibre des constructeurs sociaux étaient peu
éloignés de ceux du privé, même dans sa commune où le prix du foncier était peu cher
et où les constructeurs étaient exonérés de taxe locale déquipement.
M. Jacques Barrot a regretté que les crédits de
lAgence nationale pour lamélioration de lhabitat (ANAH)
naugmentent pas, alors que la diminution du taux de TVA à 5,5% pour les logements
conventionnés allait susciter davantage de dossiers. Il a rappelé le décalage
persistant des dotations budgétaires avec le rendement de la taxe additionnelle au droit
de bail qui, autrefois, avait été affecté à lANAH.
Le Rapporteur spécial a déclaré partager nombre
dobservations des intervenants, en souhaitant cependant ne pas verser dans
lalarmisme. Il a considéré que la réalisation de PALULOS devait être améliorée
car les loyers réévalués entraînaient parfois le départ des résidents, voire la
vacance des logements. Il a estimé que la mise en place des opérations de
construction/démolition par le Gouvernement était une excellente initiative qui devait
être poursuivie avec davantage de souplesse, en observant que ces programmes étaient
extrêmement bénéfiques aux locataires, notamment dans les zones rurales. Il a souhaité
une même souplesse pour la mise en uvre des PLA, en soulignant toutefois que les
loyers proposés étaient souvent incompatibles avec les moyens des ménages et que la
consommation des crédits votés pour 1998 constituait un vrai problème. Il a appelé de
ses vux des interventions accrues des collectivités locales, au-delà des garanties
demprunt, en espérant que cette réflexion trouve sa traduction dans le cadre de la
loi annoncée sur lhabitat.
Le Rapporteur spécial a ensuite observé que les opérations de
construction de logements sociaux nimpliquaient pas, dans tous les départements,
lobligation dun contingent de PLA dinsertion, dans le cadre des
programmes de PLA normaux, mais il a admis que les PLA-I étaient quelquefois mal
acceptés par les communes, ce qui entraînait un risque dapparition de nouveaux
ghettos, notamment dans les friches urbaines des anciennes zones minières. Enfin, il a
souscrit à lobservation selon laquelle la désaffectation de la taxe additionnelle
au droit de bail avait nui au maintien à un niveau élevé des crédits de lANAH.
La Commission a ensuite adopté, sur la proposition du
Rapporteur spécial, les crédits du Logement.
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La Commission a ensuite examiné, sur le rapport de M. Thierry
Carcenac, rapporteur spécial, les crédits des Charges communes.
M. Thierry Carcenac, rapporteur spécial, a indiqué
quavec 680,9 milliards de francs le budget des Charges communes connaîtrait,
en 1999, une progression de 0,8% et quil représenterait ainsi 34% des crédits
bruts totaux du budget général. Il a observé que cette évolution minime résultait,
pour une grande part, des changements de structure qui affectent ce budget, à hauteur de
59,5 milliards de francs en termes de masses déplacées. Il a précisé, à cet
égard, que les principaux mouvements concernaient les mesures en faveur de lemploi
et de la formation professionnelle, dont les crédits sont transférés sur le budget de
lEmploi (43 milliards de francs), et les charges de pension de La Poste,
auparavant financées par voie de fonds de concours, qui abondent les crédits initiaux de
14,8 milliards de francs.
Il a ensuite présenté les trois principaux postes de crédits, qui
représentent 95% du budget des Charges communes.
Après avoir noté que les remboursements et dégrèvements seraient
stables, en 1999, par rapport à leur évaluation révisée pour 1998, avec
306,7 milliards de francs, il a indiqué que la charge nette de la dette
progresserait de 5 milliards de francs pour atteindre 237,2 milliards de francs.
Il a précisé que la réduction du déficit budgétaire et des amortissements des bons du
Trésor à moyen terme diminuerait de près de 80 milliards de francs le besoin de
financement de lÉtat en 1999. Il a observé que la couverture de ce besoin de
financement seffectuerait par des titres émis à des taux inférieurs à ceux
constatés en 1997 et 1998. Il a souligné, par ailleurs, que la dotation provisionnelle
de 3 milliards de francs inscrite en 1998 pour abonder les crédits de rémunération
des agents publics nétait pas reconduite du fait de la conclusion dun accord
salarial en février 1998. Il a indiqué que les charges de pension saccroîtraient
de près de 17,6 milliards de francs, bien quelles ne représentent quune
faible partie des crédits de pension dispersés sur lensemble du budget général.
Il a estimé que les projections démographiques laissaient prévoir, dans les années
prochaines, une augmentation sensible du flux des départs en retraite, qui devrait
provoquer un accroissement important des charges budgétaires de pension.
Il a observé ensuite que les autres dotations du budget de Charges
communes ne connaissaient que des ajustements limités. Il a précisé ainsi que les
dotations pour primes dépargne logement seraient stables, en 1999, à
8,1 milliards de francs, que les crédits pour bonifications dintérêts
diminueraient de 450 millions de francs et que les dotations reflétant la
participation de la France au capital des organismes internationaux et à divers fonds
internationaux augmenteraient de 290 millions de francs en crédits de paiement. Il a
rappelé que lallocation de rentrée scolaire ne faisait, traditionnellement,
lobjet daucune dotation en loi de finances initiale, les dépenses afférentes
étant financées, soit par décret davance, soit en loi de finances rectificative.
Il a souligné en outre que larticle 77 du projet de loi de
finances, relatif à la revalorisation des majorations légales de rentes viagères, ne
concernait plus les rentes constituées entre particuliers, linscription dune
disposition concernant ces rentes en loi de finances constituant un cavalier budgétaire.
Il a, enfin, indiqué que larticle 78 visait à autoriser la mise à
disposition de La Poste des fonds des comptes courants postaux, dans le cadre de
lautonomie croissante accordée à cet établissement, ainsi quà ajuster, en
conséquence, le cadre comptable des activités de La Poste.
M. Gérard Bapt a relevé la diminution de la dotation
relative aux moratoires de dettes accordés aux rapatriés et a déploré
lostracisme de certaines juridictions à légard de ces personnes, notamment
au regard de la suspension des poursuites engagées contre les rapatriés surendettés. Il
a estimé que, trop souvent, les juridictions nappliquaient pas lesprit des
textes.
La Commission a ensuite adopté, sur la proposition du
Rapporteur spécial, les crédits des Charges communes ainsi que les articles 77
(Majoration légale des rentes viagères) et 78 (Mise à disposition de
La Poste des fonds des comptes courants postaux) rattachés à ce budget.
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La Commission a enfin examiné, sur le rapport de M. Dominique
Baert, rapporteur spécial, les articles 51 à 58 relatifs aux comptes
spéciaux du Trésor.
M. Dominique Baert, rapporteur spécial, a tout
dabord noté que lévolution de la charge nette des comptes spéciaux du
Trésor continuait à être erratique dun exercice à lautre. Il a souligné
que cette charge, dont le montant sélevait à 4,6 milliards de francs en 1998,
devait présenter, en 1999, un excédent atypique de 3,1 milliards de francs.
Évoquant les opérations à caractère définitif des comptes daffectation
spéciale, il a expliqué quelles enregistraient un excédent de 3,44 milliards
de francs, alors que ces comptes étaient traditionnellement à léquilibre. Il a
indiqué que, pour lessentiel, cet excédent résultait de recettes supérieures aux
dépenses sagissant du Fonds pour le financement de laccession à la
propriété, tout en précisant quen raison de linscription de crédits
supplémentaires sur le budget du Logement, le solde général nétait pas affecté
par lopération dextinction progressive du compte. Il a considéré que la
principale caractéristique du projet de loi de finances était précisément
dopérer dimportants transferts entre les comptes daffectation spéciale
et le budget général, puisque les actions financées par le Fonds de soutien aux
hydrocarbures, ainsi quà terme celles du Fonds pour le financement de
laccession à la propriété, seraient retracées par le budget général.
Abordant les opérations temporaires, le Rapporteur spécial a
remarqué que leur charge nette diminuait fortement par rapport à 1998, passant de
4,56 milliards de francs à 329 millions de francs, sapprochant ainsi de
léquilibre. Il a observé que ce mouvement provenait des évolutions du compte
davance sur le montant des impositions locales, passant dun déficit de
2,7 milliards de francs en 1998 à léquilibre en 1999.
Traitant, ensuite, de lévolution des recettes de cessions de
titres, le Rapporteur spécial a rappelé que la loi de finances pour 1998 avait prévu
28 milliards de francs de recettes à ce titre. Il a noté quà la fin du mois
de juillet, les ressources encaissées sélevaient à 6,79 milliards de francs,
dont 2,37 milliards de francs pour la cession de titres Péchiney, tandis que les
cessions de titres Total avaient représenté 829 millions de francs et celle de
titres SEITA 741 millions de francs. Il a indiqué que louverture du capital de
la Caisse nationale de prévoyance devrait procurer environ 7,2 milliards de francs.
Il a précisé que les dépenses enregistrées sur le compte daffectation des
produits de cessions de titres sétaient, quant à elles, élevées à
5,89 milliards de francs et concernaient avant tout le rachat de titres GAN
(4,46 milliards de francs) et la SFP (850 millions de francs). Pour 1999, il a
remarqué que les recettes de cessions de titres diminueraient encore, passant à
17,5 milliards de francs, les principales opérations annoncées concernant
louverture du capital de France Télécom ainsi que celle dAir France et la
récupération des disponibilités de GAN-SC. Il a rappelé que sagissant des
dotations en capital, les besoins des entreprises publiques étaient estimés à
64 milliards de francs sur les deux années 1998 et 1999 et concernaient
principalement le secteur financier (près de 30 milliards de francs), les transports
(23 milliards de francs) et le secteur minier (5 milliards de francs).
Évoquant, enfin, la situation du secteur public, il a relevé que les
grandes entreprises nationales (GEN) poursuivaient leur redressement et a rappelé que le
résultat net des GEN qui sétait encore dégradé en 1996, avait connu, en 1997, un
tournant puisquà une perte de 15,23 milliards de francs succédait un
bénéfice de 3 milliards de francs. Sagissant des entreprises du secteur
concurrentiel et non financier, il a jugé que si une embellie semblait sêtre
manifestée, elle restait à confirmer. Il a précisé que leur résultat net
sétait amélioré puisquà une perte densemble de 4,58 milliards
de francs en 1996 avait succédé un bénéfice de 1,1 milliard de francs, en raison
avant tout du rétablissement des résultats dAir France et dAérospatiale,
ainsi que de la forte réduction du déficit de Thomson. Le Rapporteur spécial a
toutefois noté que ces chiffres ne tenaient pas compte de la récente modification des
résultats de GIAT-Industries en 1997, intégrant une provision pour restructurations de
3 milliards de francs. Il a constaté que le secteur financier public restait encore
fragile. Il a souligné quau total, les banques publiques avaient enregistré une
perte de 2,64 milliards de francs, succédant à celle de 368 millions de francs
enregistrée en 1996. Il a toutefois noté que les résultats densemble étaient
affectés par les 3,09 milliards de francs de pertes de la Société marseillaise de
crédit, les autres banques voyant leur résultat saméliorer. Quant au secteur des
assurances, il a indiqué que le résultat net était en sensible amélioration, les
bénéfices atteignant 2,2 milliards de francs en 1997 après une perte de
3,81 milliards de francs en 1996.
Concluant son intervention, le Rapporteur spécial a souhaité que le
Gouvernement soit en mesure de présenter, dans les délais requis, les rapports au
Parlement concernant la mise en uvre des privatisations et la situation du secteur
public. Il a fait part de son souhait de voir à lavenir se développer
lélaboration de comptes consolidés portant sur lensemble du secteur public.
M. Gilbert Mitterrand a interrogé le Rapporteur sur
lorigine de la progression de 4,8% du produit de la redevance audiovisuelle ainsi
que sur lévolution récente des versements de la Russie au titre de
lindemnisation des porteurs demprunts russes.
M. Yves Tavernier, Président, a souhaité savoir si la
Russie avait honoré ses engagements à cet égard.
Répondant aux intervenants, M. Dominique Baert, rapporteur
spécial, a indiqué que la croissance du produit de la redevance audiovisuelle
sexpliquait en partie par une sous-estimation de la recette 1998, par une
progression de lassiette, due à de meilleures ventes de téléviseurs, et par un
meilleur taux de recouvrement.
Il a indiqué que tous les engagements pris par la Russie avaient été
respectés jusquà présent, notant que le versement daoût dernier avait
été honoré sans défaillance. Il a rappelé quà ce jour, 1,2 milliard de
francs avaient été versés, conformément au mémorandum daccord conclu entre la
France et la Russie le 26 novembre 1996. Il a évoqué la question de la
rémunération des sommes encaissées par lÉtat, dont le produit profiterait aux
bénéficiaires de lindemnisation, indiquant que certaines pistes avaient pu être
évoquées sans quune réponse définitive ait été encore apportée.
La Commission a ensuite adopté, sur la proposition du
Rapporteur spécial, les articles :
51 (Clôture du compte daffectation
spéciale n° 902-12 " Fonds de soutien aux hydrocarbures ou
assimilés " (FSH) ;
52 (Modification des recettes du compte
daffectation spéciale n° 902-22 " Fonds pour laménagement de
lIle-de-France " (FARIF) ;
53 (Modification des recettes du compte
daffectation spéciale n° 902-30 " Fonds pour le financement de
laccession à la propriété " et programmation de la clôture du
compte) ;
54 (Comptes daffectation spéciale.-
Opérations définitives.- Services votés) ;
55 (Comptes daffectation spéciale.-
Opérations définitives.- Mesures nouvelles) ;
56 (Comptes spéciaux du Trésor.- Opérations à
caractère temporaire.- Services votés) ;
57 (Comptes daffectation spéciale.-
Opérations à caractère temporaire.- Mesures nouvelles) ;
58 (Comptes de prêts.- Mesures nouvelles).
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