ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DES FINANCES,
DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN
COMPTE RENDU N° 76
(Application de l'article 46 du Règlement)
Jeudi 1er octobre 1998
(Séance de 9 heures 30)
Présidence de M. Augustin Bonrepaux, Président
SOMMAIRE
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Examen de la deuxième partie du projet de loi de
finances pour 1999 (n° 1078)
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- Budgets annexes de la Légion dHonneur et de lOrdre de la Libération
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- Secrétariat général de la défense nationale
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- Budget annexe des prestations sociales agricoles
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Information relative à la Commission
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La commission des Finances, de lÉconomie générale et du Plan a
commencé lexamen de la deuxième partie de la loi de finances pour 1999 (n° 1078).
Elle a tout dabord examiné, sur le rapport de M. Christian
Cabal, rapporteur spécial, les crédits des budgets annexes de la Légion
dHonneur et de lOrdre de la Libération.
M. Christian Cabal, rapporteur spécial, a tout
dabord constaté que le budget annexe de la Légion dhonneur
sélèverait, en 1999, à 113,2 millions de francs, soit une augmentation de
2,8 % par rapport à 1998. Expliquant que cette progression résultait
essentiellement de lapplication de laccord salarial conclu dans la fonction
publique, il a relevé que la progression de 17 % des dépenses en capital
permettrait de mettre fin aux travaux de rénovation du troisième dortoir de la maison
déducation de Saint-Denis.
Sagissant des recettes, qui connaissent, par construction, une
évolution parallèle à celle des dépenses, le Rapporteur spécial a indiqué que la
subvention inscrite au budget de la Justice, qui représente 93 % des recettes du
budget annexe, augmentera de 2,8 % en 1999, tandis que les ressources propres
progresseront de 2,2 %, en raison de la hausse de 3,1 % des prix de pension et
du trousseau des élèves, le montant des droits de chancellerie, relevés de 10 % en
1998, restant stable.
Après avoir fait le point sur la gestion des deux ordres nationaux et
des médaillés militaires, il a rappelé les excellents résultats scolaires obtenus, une
fois encore, par les élèves des deux maisons déducation.
Abordant ensuite le budget annexe de lordre de la Libération,
M. Christian Cabal a annoncé que ses dépenses, entièrement couvertes par la
subvention inscrite au budget de la Justice, atteindraient 5 millions de francs en
1999, soit une augmentation de 21,9 %. Il a précisé que cette forte progression
résultait principalement de la hausse des dépenses en capital, conséquence dune
mesure nouvelle dun montant de 850.000 francs correspondant à une première
tranche de travaux de réfection de linstallation électrique de la chancellerie.
Le Rapporteur spécial a conclu en invitant la commission,
conformément à la tradition, à adopter les crédits des budgets annexes de la Légion
dhonneur et de lordre de la Libération.
M. Yves Tavernier a demandé au Rapporteur spécial de
faire le point sur lattribution de la Légion dhonneur aux anciens combattants
de 1914-1918.
Le Rapporteur spécial a indiqué que tous les anciens
combattants de 1914-1918 avaient été décorés de la Légion dhonneur grâce à un
contingent exceptionnel et supplémentaire qui bénéficie désormais aux anciens
combattants de 1939-1945 ainsi quaux anciens combattants des TOE et dAFN.
Sur la proposition du Rapporteur spécial, la commission a adopté
à lunanimité les crédits de ces budgets annexes.
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La Commission a ensuite examiné, sur le rapport de M. Patrick
Devedjian, rapporteur spécial, les crédits de la Justice.
M. Patrick Devedjian, rapporteur spécial, a tout
dabord observé que le budget de la Justice pour 1999, soit 26,3 millions de
francs, était en progression de 5,59 % qui faisait suite à une augmentation de
4,03 % en 1998. Malgré cette progression et la création de 930 emplois, il a
estimé que la question essentielle était moins le montant absolu des crédits alloués
à la Justice que la réorganisation de ses structures et la nécessité de rechercher des
gains de productivité.
Après avoir souligné que les autorisations de programme seraient
stables en 1999 après une augmentation de plus de 26 % lan passé, il a
ajouté que les crédits des services judiciaires augmenteraient de 5,7 %
(11,7 milliards de francs) et permettraient de créer 140 postes de magistrats.
Il a vivement regretté que les crédits consacrés à linformatique ne permettent
pas de rattraper les retards considérables constatés dans ce domaine, notamment dans la
mise en place de la chaîne civile, alors même que linformatisation avait permis
des progrès considérables dans la justice administrative. Il sest dit favorable à
une rationalisation des procédures judiciaires en matière de délinquance économique et
financière, aujourdhui trop longues, à lheure où étaient mis en place des
pôles économiques et financiers assistés de fonctionnaires mis à disposition par le
ministère de lÉconomie et des Finances. Il a, par ailleurs, estimé que la
réforme de la présomption dinnocence nécessiterait des créations de postes de
magistrats au-delà même de celles prévues dans le budget pour 1999. Il a considéré
que les efforts financiers consentis pour la réforme de la carte judiciaire étaient
insuffisants.
Sagissant des crédits de ladministration pénitentiaire,
le Rapporteur spécial a noté quils progressaient de 5,8 % (7,4 milliards
de francs) permettant la création de 344 emplois. Il a mentionné
laugmentation de 6,4 % des crédits de la protection judiciaire de la jeunesse,
mettant laccent sur les nécessaires réformes à réaliser dans ce domaine. Enfin,
il a souligné que les juridictions administratives verraient leurs crédits progresser de
9,2 %, compte tenu de transferts en provenance du budget du ministère de
lÉconomie, des Finances et de lIndustrie. Il a conclu son exposé en
recommandant labstention lors du vote sur les crédits.
M. Yves Tavernier a mis laccent sur les
disparités de moyens entre les juridictions, notamment entre les tribunaux de Paris et
ceux des départements périphériques qui connaissaient, pour certains dentre eux,
une importante progression démographique. En outre, il a déploré lécart qui
existait, dans de nombreux tribunaux, entre les effectifs budgétaires et les effectifs
réels.
M. Pierre Méhaignerie a estimé que laugmentation
des moyens du ministère de la Justice passait davantage par une réorganisation de ses
méthodes de travail que par une croissance de ses crédits budgétaires. Il a estimé que
des efforts importants devaient être réalisés en ce sens, notamment dans les domaines
de la protection judiciaire de la jeunesse et de ladministration pénitentiaire. Il
a observé que, dans ce dernier secteur, labaissement de lâge de la retraite
à cinquante ans pour les gardiens surveillants qui avaient effectué vingt-cinq ans
de service allait entraîner de fait une diminution des effectifs disponibles. Il
sest prononcé pour la réalisation daudits dont les conclusions permettraient
certainement daccroître lefficacité de laction de lÉtat et de
réaliser dimportants gains de productivité. Il a fait remarquer que la réforme de
la carte judiciaire, si elle recueillait un assentiment de principe du Parlement dans son
ensemble, se heurtait sur le terrain à la résistance de nombreux élus. Il a considéré
quelle ne pourrait se faire quau prix dune large concertation avec les
communes concernées et moyennant des compensations financières pour les collectivités
locales. Enfin, au regard du faible recours à la procédure dite du
" référé-liberté ", il a émis des doutes sur lefficacité
de la mise en place de juges de la détention provisoire.
Mme Nicole Bricq sest déclaré très attentive
à lévolution de la carte judiciaire et a souligné quelle partageait
lavis du Rapporteur spécial sur cette question, insistant sur la nécessité
dassurer la transparence de ces opérations. Puis, elle sest prononcé en
faveur de lintroduction de magistrats professionnels aux côtés des juges
consulaires dans les tribunaux de commerce.
Après avoir relevé la contradiction quil y aurait à envisager
des augmentations deffectifs dans chaque budget et, parallèlement, à refuser tout
alourdissement de la fiscalité, M. Gérard Saumade a souligné que
linformatisation permettrait de manière effective des gains de productivité
au-delà même des seules créations demplois.
Répondant aux intervenants, M. Patrick Devedjian,
rapporteur spécial, sest déclaré favorable à une réforme progressive de la
carte judiciaire, alors même que la méthode employée par le Garde des Sceaux semblait
être globale et rapide au risque de se heurter à de nombreuses résistances, tant de la
part des élus que des professionnels. Il a jugé nécessaire de réduire le nombre des
tribunaux de commerce et dassurer une présence permanente du Parquet auprès
deux.
La Commission a ensuite adopté les crédits de la Justice.
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La Commission a examiné, sur le rapport de M. Pierre Hériaud,
rapporteur spécial, les crédits du secretariat général de la défense nationale
(SGDN).
M. Pierre Hériaud a tout dabord indiqué que le projet de
budget du SGDN était globalement en retrait de 13 % par rapport au budget voté de
1998, à périmètre constant, ce qui, compte tenu des importantes réductions de crédits
précédentes, posait la question de la crise didentité de cette institution. Il a
évoqué la suppression de 6 emplois civils et de 20 emplois dappelés qui
aurait pour conséquence de porter les effectifs budgétaires du SGDN à 192 en 1999,
auxquels sajouteraient 36 emplois du Service central de la sécurité des
systèmes dinformation transférés cette année sur le fascicule budgétaire du
SGDN.
Il a indiqué que les crédits de fonctionnement, dun montant de
46,1 millions de francs hors rémunérations et charges sociales, diminueraient de
3,3 % à structure constante, et que les dépenses déquipement seraient
fortement réduites avec un montant de 19,4 millions de francs en crédits de
paiement pour 1999. Il a souligné que cette situation affecterait aussi bien le centre de
transmissions gouvernementales que le programme civil de défense, qui ne comporte plus
quun nombre très limité dactions comme le réseau interministériel de base
uniformément durci Rimbaud et le programme interministériel déquipement en faveur
de la lutte contre le terrorisme nucléaire, biologique et chimique.
M.Pierre Hériaud a ensuite évoqué les effets du changement de statut
de lInstitut des Hautes études de la défense nationale, érigé, en septembre
1997, en établissement public administratif, qui avait eu notamment pour effet
daméliorer la connaissance de son coût et de ses moyens grâce aux conventions
passées avec le ministère de la Défense à propos des prestations en nature et des
mises à disposition de personnels.
Il a conclu que le budget du SGDN, globalement en diminution, ne
pourrait que reconduire les priorités exprimées par le Premier ministre, comme la
sécurité des systèmes informatiques ou le renseignement, sen remettant au nouveau
secrétaire général, récemment désigné, pour donner une impulsion nouvelle à cet
établissement.
Puis la Commission a adopté, sur la proposition du Rapporteur
spécial, les crédits du secretariat général de la défense nationale.
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Elle a enfin examiné, sur le rapport de M. Charles de
Courson, rapporteur spécial, les crédits du budget annexe des prestations
sociales agricoles (BAPSA).
M. Charles de Courson a, en premier lieu, évoqué la
stabilité globale du BAPSA, qui naugmenterait, en 1999, que de 1,1 %. Il a
précisé que les économies résultant du recul du nombre dayants droit du régime
social des non salariés agricoles, supérieures à 1,2 milliard de francs,
suffisaient en effet à compenser le coût de la poursuite de la revalorisation des
petites retraites à linitiative du Gouvernement.
Sagissant des recettes, il a noté le ralentissement de la
croissance du produit des cotisations sociales, du fait du ralentissement de
lévolution du revenu agricole, et salué la mesure de simplification que constitue
la suppression de limposition additionnelle à limpôt foncier non bâti. Puis
il a émis des doutes sur les prévisions effectuées sur le rendement de la fraction
dassiette de TVA affectée au BAPSA : dune part, il a observé que la
dégradation de la conjoncture internationale rendait incertaine la prévision de
croissance économique du Gouvernement ; dautre part, il sest étonné de
lécart existant entre lévolution prévue du produit global de la TVA de 1997
(réalisations) à 1999, soit + 8,5 %, et lévolution du produit de la
fraction affectée au BAPSA sur la même période, soit + 11,8 %. Il a
également insisté sur la dotation dun milliard de francs qui serait prévue au
profit du budget annexe sur le produit de la contribution sociale de solidarité des
sociétés (C3S). Considerant que ce prélèvement servait à financer la revalorisation
des retraites, il en a critiqué le caractère non reconductible, puisquune dépense
pérenne devrait être financée par une recette pérenne ; observant, en outre, que
la C3S était désormais, depuis lélargissement de son assiette en 1995, à la
charge de nombreux redevables du monde agricole (coopératives et Crédit agricole
notamment), il a souhaité une pérennisation du financement du BAPSA par une fraction de
C3S au moins égale à la contribution due par ces redevables.
Traitant ensuite des dépenses, le Rapporteur spécial sest tout
dabord étonné du niveau assez faible de dépenses dintérêts prévu
(173 millions de francs en 1999 contre 165 millions de francs en gestion 1998),
contradictoire avec le relèvement de 8,5 à 10,5 milliards de francs du plafond de
découvert de trésorerie quentraînerait apparemment la réduction de la subvention
déquilibre. Il a ensuite approuvé la mesure de clarification que constitue la
réintégration au budget général des dépenses de fonctionnement du budget annexe, mais
regretté que les crédits inscrits au titre de lallocation de remplacement pour les
femmes enceintes ne tiennent pas compte de lamélioration proposée par le projet de
loi dorientation agricole en cours de discussion, alors que les autres dispositions
de celui-ci (accès à la retraite proportionnelle pour les conjoints, majoration
forfaitaire des retraites des conjoints et aides familiaux retraités après le
31 décembre 1997) sont dores et déjà prises en compte dans le BAPSA. Il a
enfin analysé la revalorisation des retraites agricoles proposées par le Gouvernement,
dont le coût annuel brut, 1,6 milliard de francs, sajouterait à celui des
autres mesures adoptées depuis 1993, soit 5 milliards de francs.
Le Rapporteur spécial a, par ailleurs, indiqué quil
reviendrait, dans son rapport écrit, sur le débat relatif à lopportunité de
conserver un budget annexe pour le régime social agricole compte tenu des lois de
financements de la sécurité sociale, ainsi que sur la gestion de la Mutualité sociale
agricole. Il a en particulier souligné les mesures quappelait la situation de la
Caisse de Corse.
Considérant que le caractère non pérenne du financement par la C3S
de la revalorisation des retraites constituait un grave problème, le Rapporteur spécial
a indiqué quil sabstiendrait sur le vote du budget annexe.
M. Charles de Courson a ensuite présenté un amendement proposant
de réduire les crédits afférents à lallocation de remplacement des femmes
enceintes, afin damener le Gouvernement à ajuster ces crédits en fonction du
projet de loi dorientation.
Après que le Président Augustin Bonrepaux eut souligné que le
BAPSA 1999 comportait une importante mesure pour les retraités, la Commission a rejeté
cet amendement, puis adopté les crédits du budget annexe des prestations sociales
agricoles.
Après ladoption des crédits, le Rapporteur spécial
a présenté un amendement, portant article additionnel, tirant les conséquences, dans le
code rural, de la réintégration au budget général des crédits de fonctionnement du
budget annexe. La Commission a adopté cet amendement.
Puis, le Rapporteur spécial a présenté un second amendement, portant
article additionnel, visant à garantir lattribution pérenne au budget annexe
dune fraction de la C3S au moins égale à la part de la contribution qui est assise
sur les redevables agricoles. Il a indiqué quil sagissait de préserver le
financement des revalorisations des retraites agricoles, et ce dans la logique propre à
la C3S, qui est de faire contribuer les sociétés aux régimes de sécurité sociale des
professions indépendantes de leur secteur.
Mme Béatrice Marre a estimé quil était nécessaire
de distinguer la question de la revalorisation des retraites agricoles, qui constituait un
engagement fort du Gouvernement, et serait donc financée de toute façon, de la question
de la répartition du produit de la C3S, qui devrait être débattue dans un autre cadre.
Après que le Président Augustin Bonrepaux eut indiqué que la
loi de financement de la sécurité sociale, qui comporterait des dispositions relatives
à la C3S, pourrait naturellement être ce cadre, la Commission a rejeté cet
amendement.
Information relative à la Commission
La commission des Finances, de lÉconomie générale et du Plan a
nommé Mme Nicole Bricq rapporteur sur la proposition de résolution de
MM. Dominique Bussereau, François dAubert et Gilbert Gantier visant à créer
une commission denquête sur Air France (n° 980).
f p f p
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