ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES
COMPTE RENDU N°8
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 21 octobre 1998
(Séance de 17 heures 30)
Présidence de M. André Lajoinie, Président
SOMMAIRE
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Examen pour avis des crédits des services du
Premier ministre : IV. Plan pour 1999
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M. Patrick O LLIER, rapporteur
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La commission a examiné, pour avis, sur le rapport de M. Patrick
Ollier, les crédits des services du Premier ministre : IV. Plan pour
1999.
M. Patrick Ollier, rapporteur pour avis, a relevé
lambiguïté de la politique gouvernementale en matière de plan. Alors que
lannée 1998 aurait pu être considérée comme lannée de la relance du plan,
force est de constater que les intentions gouvernementales nont pas été suivies
des initiatives souhaitées.
Le Gouvernement a certes affiché une volonté de relance du plan en
soulignant la fonction particulière du Commissariat général du Plan,
" animateur de lanalyse prospective et stratégique, lieu privilégié de
la concertation socio-professionnelle et de la réflexion interministérielle,
programmateur et évaluateur des politiques publiques ", ainsi quen
initiant un important programme de travail dont les thèmes sarticulent autour de
trois grands axes : développer léconomie française dans le cadre de la
mondialisation et de lintégration européenne, renforcer la cohésion sociale et
moderniser les instruments de laction publique.
Le rapporteur a estimé positive cette vision dynamique du plan de
même quil a jugé favorablement le projet de réforme de la procédure
dévaluation des politiques publiques entreprise par le nouveau Commissaire au plan.
Alors que la procédure actuelle est très sérieusement affaiblie puisquil ny
a plus de réunion du Comité interministériel de lévaluation (CIME) depuis 1993,
la réforme projetée prévoit une simplification et une accélération de la procédure
par la création dun Conseil national de lévaluation (CNE).
Le rapporteur a ensuite souligné combien les initiatives nouvelles du
Gouvernement étaient en retrait par rapport aux intentions affichées. La suppression du
schéma national daménagement du territoire (SNADT), déjà succédané du plan,
prive le Gouvernement dun instrument permettant dencadrer les initiatives
européennes et de cordonner les initiatives des collectivités territoriales en assurant
une meilleure cohérence des différentes politiques sectorielles.
Sinterrogeant sur la multiplication des organismes de
prospective, le rapporteur a souhaité leur rationalisation et sest
sinterrogé sur lintégration éventuelle au sein du Commissariat général du
Plan de certains organismes rattachés et du Conseil dAnalyse économique (CAE),
récemment créé auprès du Premier ministre.
Il a estimé souhaitable que la représentation nationale
sexprime par un vote sur les orientations à moyen terme retenues par le
Gouvernement à partir dune synthèse élaborée par le Commissariat du Plan.
Abordant lexamen des crédits du Plan, il a souligné que la
quasi-reconduction des crédits de 1998 cachait deux éléments importants :
une forte progression des crédits détudes qui sont
la traduction budgétaire de limportant programme de travail décidé par le Premier
ministre ; il a regretté à cet égard que ces travaux demeurent souvent
confidentiels et souhaité que la commission puisse en débattre ;
une forte baisse des crédits dévaluation des
contrats de plan Etat-régions, caractérisée par une forte diminution des crédits de
vacation et de fonctionnement et un maintien des crédits détudes. Cette baisse
globale des crédits consacrés à lévaluation des contrats de plan Etat-régions
est le point le plus négatif de ce projet de budget et ne peut se justifier car ces
contrats arrivent en phase terminale, cest-à-dire à un moment où
lévaluation est particulièrement cruciale pour la préparation des prochains
contrats.
Il a également insisté sur limportance dune révision de
la procédure délaboration, de suivi et dévaluation des contrats de plan
Etat-régions. Évoquant le rapport de M. Jacques Cherèque sur cette question, il a
souhaité, pour sa part, que soit renforcé le partenariat avec lensemble des
collectivités territoriales, quil y ait une plus grande souplesse de la
contractualisation grâce aux pays et aux agglomérations, que le suivi financier des
contrats de plan Etat-régions soit amélioré et que soit développé le dispositif de
leur évaluation.
En conclusion, il a constaté que les crédits du Plan nétaient
pas à la hauteur des ambitions affichées, et quil convenait que la commission de
la production et des échanges tire la sonnette dalarme en rejetant les crédits de
ce projet de budget ce qui aurait pour effet daffirmer son souhait de voir réussir
une véritable politique de relance du Plan.
M. André Lajoinie, président, tout en indiquant
quil partageait certaines positions du rapporteur pour avis sur le renforcement de
la planification ou la meilleure utilisation des travaux du Commissariat général du
Plan, a toutefois souligné quil ne pouvait souscrire à lensemble des
critiques et orientations exprimées. Il sest en particulier interrogé sur
lintérêt de rattacher le Conseil danalyse économique au Commissariat,
rappelant que ce Conseil présentait lavantage de constituer une équipe pluraliste
composée de représentants de toutes les écoles économiques et que ces deux structures
étaient directement placées sous lautorité du Premier ministre.
M. Léonce Deprez, après avoir regretté que le
Commissaire au plan ne soit pas présent pour dialoguer avec les députés, a insisté sur
la nécessité de ne pas dissocier le Plan et laménagement du territoire, le
Commissariat général et la DATAR devant appuyer laction du Premier ministre en
exerçant respectivement une fonction prospective et une fonction horizontale et spatiale.
Il a déploré la suppression du schéma national daménagement et de développement
du territoire (SNADT), créé par la loi dorientation pour laménagement et le
développement du territoire, sest félicité du maintien des schémas régionaux
daménagement du territoire (SRADT), mais a estimé que labandon du SNADT
risquait de conduire à une juxtaposition de schémas régionaux, sans grande cohérence,
malgré la création de schémas de services collectifs dans le projet de loi
dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire. Il
a enfin jugé positif le maintien des contrats de pays et dagglomérations en
indiquant quils constitueront le volet territorial des futurs contrats de plan
Etat-régions.
M. Pierre Micaux a stigmatisé labsence de volonté
politique pour réduire le nombre des niveaux de décision existant dans notre pays, de la
commune à lEtat, soulignant que cette situation était contraire à
lintérêt général et notamment à la maîtrise des dépenses publiques.
Sappuyant sur lexemple de la position exprimée récemment par
lassemblée des présidents de conseils généraux (APCG) contre la création de
pays, il a jugé que cette attitude allait à lencontre du respect de
lAssemblée nationale qui seule vote la loi en dernier ressort, après avoir relevé
que la loi dorientation pour laménagement et le développement du territoire
du 4 février 1995 comme le projet de loi qui tend à la modifier, retenaient cet
élément de solidarité territoriale.
M. André Lajoinie, président, a fait observer que,
si des simplifications et des clarifications de compétences étaient souhaitables, il ne
lui semblait pas que lon puisse trancher le débat sur les échelons territoriaux de
décision, chacun ayant un rôle à remplir.
En réponse aux intervenants, M. Patrick Ollier,
rapporteur pour avis, a estimé quil y avait unanimité des participants pour
considérer que le Commissariat général du Plan ne fonctionnait pas correctement mais
quil ne fallait pas que cela conduise certains à poser la question de son existence
même. Il a considéré que si le Gouvernement souhaite que les politiques publiques
soient suivies deffet et correctement évaluées, il convient de faire fonctionner
cette institution et lui donner les crédits nécessaires. Il a rappelé son attachement
au pays, à condition quil ne devienne pas une collectivité territoriale
supplémentaire. Il a exprimé sa crainte que la suppression du schéma national
daménagement du territoire (SNADT) et le maintien des seuls schémas régionaux
daménagement du territoire (SRADT) ne permette plus de rétablir les équilibres
entre régions et que lon assiste à un appauvrissement des régions pauvres et à
un enrichissement des régions riches.
En conclusion, il a souhaité que les commissaires rejoignent sa
position et décident de repousser les crédits du Plan.
Contrairement aux conclusions du rapporteur pour avis , la commission a
ensuite donné un avis favorable à ladoption des crédits des services du
Premier ministre : IV. Plan pour 1999.
f p f p
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