ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES
COMPTE RENDU N°10
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 28 octobre 1998
(Séance de 16 heures 15)
Présidence de M. André Lajoinie, Président
SOMMAIRE
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Audition de Mme Marylise L EBRANCHU, secrétaire dEtat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et
à lartisanat sur les crédits de son département pour 1999
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Examen pour avis des crédits pour 1999 :
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PME, commerce et artisanat (M. Jean-Paul C HARIé, rapporteur).
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Information relative à la commission
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La commission a entendu Mme Marylise Lebranchu, secrétaire
dEtat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à lartisanat sur
les crédits de son département pour 1999.
Mme Marylise Lebranchu, secrétaire dEtat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce et à lartisanat, a indiqué que les crédits pour 1999
étaient maintenus en francs courants et quil sagissait dun budget
dintervention, cest-à-dire directement consacré aux entreprises. Ce budget
donne la priorité à la formation des jeunes (au travers de lInstitut de formation
commerciale permanente, des contrats dinstallation formation en artisanat et des
centres de formation dapprentis) et il est consacré de façon équilibrée au
commerce et à lartisanat, grâce au Fonds dintervention pour la sauvegarde,
la transmission et la restructuration des actions commerciales et artisanales (FISAC).
En ce qui concerne les petites et moyennes entreprises, les priorités
de ce budget portent sur laide à la création dentreprises, sur certaines
mesures fiscales qui leur bénéficient en priorité (comme la suppression progressive de
la part de la taxe professionnelle assise sur les salaires), sur certaines actions de
simplification administrative et sur lintroduction des 35 heures. En ce qui
concerne le commerce et lartisanat, les priorités budgétaires visent à garantir
un équilibre entre les différentes formes de commerce et à assurer une modernisation de
la distribution créatrice demplois ainsi quà moderniser lentreprise
artisanale en renforçant sa compétitivité par linnovation et les actions en
faveur de la qualité.
Les moyens budgétaires du commerce et de lartisanat sont stables
par rapport aux crédits votés pour 1998. Ils se montent pour 1999 à 425 millions
de francs, cest-à-dire 386,9 millions de francs, auxquels sajoutent
38,1 millions de francs figurant dans le budget des services communs et finances.
Les crédits du titre IV (action économique et interventions)
sélèvent à 358,4 millions de francs qui se décomposent en aides à la
formation, en actions économiques et en crédits pour les contrats Etat-régions. Les
crédits pour les aides à la formation sont en progression et passent de
93,21 millions de francs en 1998 à 101,21 millions de francs. Les crédits pour
les actions économiques se montent à 88,68 millions de francs et les crédits pour
les contrats Etat-régions à 17,51 millions de francs, ce qui porte le total à
106,19 millions de francs (contre 121,79 millions de francs en 1998). Les
crédits de bonifications dintérêt sélèvent à 151 millions de
francs, mais il conviendra à terme de revoir leurs modalités dutilisation.
Les crédits du titre VI (subventions dinvestissement)
sélèvent à 28,5 millions de francs, dont 5 millions destinés au Fonds
daménagement des structures artisanales (FASA), contre 2,77 millions en 1998,
et 23,5 millions de francs pour les contrats Etat-régions (contre
20,33 millions en 1998). Il faut souligner le bon niveau dexécution des
crédits des contrats de plan Etat-régions (88 %).
La ministre a indiqué que ce budget sinscrivait dans la
continuité de la politique défendue dès lorigine et quil comportait un
ensemble de mesures destiné à faciliter le développement et la croissance des PME. Elle
a ainsi observé quelle avait obtenu laugmentation du crédit dimpôt
recherche qui constitue une partie importante de laide aux PME et quavaient
été élargis aux entreprises de moins de quinze ans les bons de souscription de parts
sociales des nouvelles entreprises. Elle a également cité plusieurs mesures de
simplification administrative parmi lesquelles la réduction des délais de paiement des
achats ou commandes de lEtat et des collectivités locales, la déclaration unique
dembauche, le délai dimmatriculation des entreprises (ramené à un jour
franc), ainsi que luniformisation de plusieurs déclarations fiscales. Elle a
indiqué que plusieurs autres mesures étaient encore en discussion notamment celles
relatives à lextension du régime des micro-entreprises, au soutien des PME pendant
leurs deux premières années dexistence, à la création dentreprises par les
cadres et à la lutte contre le travail clandestin.
Elle a souligné que le FISAC bénéficiait dune dotation
supplémentaire de 100 millions de francs, comme en 1998, ce qui permet de maintenir
lenveloppe pour 1999 à 400 millions de francs.
Elle a enfin indiqué que les associations de consommateurs
bénéficiaient de 10 millions de francs de dotation supplémentaire mais
quelles devront être réorganisées afin de rendre les échanges plus constructifs.
M. Jean-Paul Charié, rapporteur pour avis des crédits des PME, du
commerce et de lartisanat pour 1999, a estimé que les hommes politiques avaient
pris conscience de la nécessité de mettre en place une politique en faveur des PME.
Mais, au sein des partis de gauche comme de ceux de droite, on passe difficilement du
discours aux actes. Il a cependant salué les mesures déjà prises, notamment la
création de la Banque du développement des PME, les simplifications administratives
ainsi que lattitude de lURSSAF à légard des PME.
Il a ensuite jugé que le ministère de léconomie et des
finances ne traduisait pas suffisamment dans ses actes la nécessité dagir en
faveur des PME. Il a dénoncé, sur ce point, la trop grande influence des services des
finances sur ceux du commerce et de lartisanat, qui disposent de moyens insuffisants
pour faire valoir, auprès du ministère de léconomie et des finances, la
spécificité des PME au sein du monde économique.
Concernant le budget des PME, du commerce et de lartisanat, il a
jugé très difficile la lecture des crédits, seules les réponses du secrétariat
dEtat à ses questions lui ayant permis den faire une analyse claire.
Abordant la question de la simplification des procédures
administratives, il a dénoncé la tendance des parlementaires à créer de nouvelles
réglementations sans bien en mesurer les conséquences sur les charges supportées par
les PME. Il a illustré cet accroissement des charges administratives en évoquant les
mesures adoptées en 1996 pour modifier certaines procédures du code des marchés publics
et qui conduisent les chefs dentreprises retenues à la suite dun appel
doffres à signer en préfecture vingt documents identiques au lieu de trois
pour passer un marché. La charge est devenue telle pour les PME que celles-ci sont
aujourdhui découragées par la lourdeur des procédures de passation des marchés
publics et ne répondent plus aux appels doffres. Pour inverser cette tendance, il a
suggéré aux députés de proposer la suppression de deux mesures administratives
lorsquils proposent den créer une nouvelle.
En matière du respect du droit de la concurrence, il a attiré
lattention sur la pression financière que font peser les revendeurs sur leurs
fournisseurs. Il a indiqué que désormais la grande distribution exigeait dun
fournisseur 8 millions de francs pour lui accorder le simple droit de mettre dans ses
rayons un de ses produits. Il a dénoncé linaction de la direction générale de la
concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui devrait
pourtant veiller au respect de léquilibre et de la loyauté de la concurrence dans
la lettre comme dans lesprit de la loi.
En matière de délais de paiement entre les entreprises, il sest
déclaré hostile non pas à lexistence de ces délais, mais au fait quils ne
soient pas rémunérés. Pour améliorer la situation des fournisseurs, il a proposé
dimposer systématiquement les règles de lescompte afin que quiconque paye
plus tard achète plus cher.
Il a ensuite évoqué la menace que fait peser le commerce
électronique sur lexistence des commerces de centre ville et leffet pervers
de leuro, en faveur duquel il sest cependant prononcé, sur les petites et
moyennes industries dans la mesure où il rendra aisées certaines comparaisons et pourra
donc être un élément dévaluation de la rentabilité des délocalisations
dactivités industrielles.
Usant de la faculté offerte par le premier alinéa de larticle
38 du Règlement, M. Didier Chouat, rapporteur spécial de la commission des
finances pour les crédits des PME, du commerce et de lartisanat, a demandé à la
secrétaire dEtat quelles étaient les orientations principales retenues pour les
prochains contrats de plan. Il sest ensuite félicité que la dotation budgétaire
consacrée au FISAC soit maintenue et a souhaité que le mode de fonctionnement de ce
fonds soit au moins en partie déconcentré afin de faciliter le maintien du commerce en
milieu rural.
Après avoir demandé quel premier bilan pouvait être tiré des
réductions dimpôt accordées pour les travaux dentretien effectués dans les
résidences principales, M. Didier Chouat sest inquiété des conséquences du
relèvement des plafonds de chiffre daffaires pour la définition des
micro-entreprises. Il a estimé quil fallait mobiliser le capital de proximité pour
favoriser la création de petites entreprises et a souhaité que soient présentées les
mesures concrètes qui seront prises pour aider les entreprises à passer à leuro.
Il a ensuite souhaité connaître la position de la secrétaire
dEtat sur le projet de réforme des chambres consulaires et le bilan que lon
pouvait dresser des mesures de simplification administrative mises en place à la suite
des propositions présentées par M. Dominique Baert. Il a enfin souhaité quun
point soit fait sur les délocalisations fictives dentreprises commerciales et
artisanales.
En réponse aux deux rapporteurs, Mme Marylise Lebranchu
a donné les éléments dinformation suivants :
la secrétaire dEtat a pris acte de la difficulté
accrue de lecture du fascicule budgétaire de son département ministériel mais a
annoncé que sa lecture sera encore plus difficile lannée prochaine avec
lachèvement de la réorganisation des services du ministère de léconomie,
des finances et de lindustrie. Si linconvénient ne tient quà la
lecture du fascicule, on peut étudier la possibilité de mettre à la disposition des
parlementaires un document spécifique de lecture des crédits ;
lintégration des services du commerce et de
lartisanat dans lensemble du ministère de léconomie, des finances et
de lindustrie comporte de nombreux avantages. Avant tout, cette réorganisation
permet dintégrer pleinement la dimension des PME dans ce ministère. Désormais, la
voix des PME est prise en compte lors des discussions sur les mesures fiscales ; les
projets de loi ou de réglementation fiscale ou commerciale sont rédigés en intégrant
la spécificité des PME ; il en a été ainsi pour la réforme du crédit
dimpôt recherche et la simplification du régime fiscal de la
micro-entreprise ;
la future direction du commerce intérieur, de
lartisanat et des services regroupera les 160 fonctionnaires des deux
directions du commerce intérieur et de lartisanat auxquels viendront sajouter
40 fonctionnaires, issus de redéploiements de postes du ministère et destinés à
renforcer les moyens daction dans le secteur des entreprises de services ou pour la
mise en place des schémas de développement commercial ;
les contraintes des PME sont prises en compte par le
ministère de léconomie, des finances et de lindustrie lors des discussions
portant sur la refonte du code des marchés publics. Contrairement aux PME, les grandes
entreprises ne connaissent pas de difficultés majeures dans lutilisation du code
des marchés publics ; il en est de même en matière de délais de paiement publics
dont lamélioration constitue un corollaire important de la réforme des marchés
publics ;
la secrétaire dEtat aux PME, au commerce et à
lartisanat sest sengagée à ce que la DGCCRF exerce des contrôles
complets et précis en matière de relations commerciales entre clients et fournisseurs,
mais il est très difficile de détecter les remises dites arrière. Cependant, elle est
disposée à ce que les agents de la DGCCRF se rendent chez les fournisseurs pour déceler
ces pratiques et poursuivre les clients déloyaux ;
lutilisation du commerce électronique est courante
en matière de négoce car les Français ont été habitués à passer des commandes par
minitel. Il est donc urgent de prendre les mesures de protection des consommateurs
nécessaires. Ladoption de telles mesures à léchelon international est
cependant rendue très difficile par lattitude des Etats-Unis dont la position
commence toutefois à évoluer sous linfluence des associations de consommateurs
américains ;
les chambres de commerce et dindustrie accueillent de
nombreux emplois jeunes, notamment pour aider les PME à entrer dans la société de
linformation et tirer profit des services en ligne. Il faut expliquer aux PME
quelles peuvent créer des boutiques sur Internet. Le FISAC peut même aider les
commerçants à se regrouper pour créer des boutiques collectives et concurrencer ainsi
la grande distribution localement. Répondant à M. Jean-Paul Charié qui
faisait valoir que ces boutiques seraient un élément supplémentaire conduisant à la
disparition du petit commerce, Mme Marylise Lebranchu a estimé quen tout
état de cause un catalogue électronique ne pourrait jamais remplacer le contact direct
avec la marchandise et encore moins lessayage dun vêtement ou la manipulation
dun outil ainsi quun conseil qualifié ;
lorsque des mesures fiscales sont adoptées en faveur des
PME, il faut toujours avoir pour objectif que ces entreprises puissent grandir car la
France manque de grandes entreprises, notamment celles de plus de 2 000
salariés ;
le ministère a élaboré une charte Euro-PME afin de
soutenir les PME lors du passage à leuro. Dores et déjà, les donneurs
dordre effectuent des comparaisons internationales de prix mais neffectuent
des délocalisations que lorsque leur activité ne nécessite pas de personnels
qualifiés ;
le taux dexécution des volets PME, commerce et
artisanat des contrats de plan Etat-régions en cours atteint 85,9 %. Les projets
arrivés à maturité ont toujours été réalisés. Pour la préparation du prochain
contrat de plan, des premières lettres de cadrage ont été adressées aux
préfets : elles fixent, comme premier objectif et critère danalyse des
demandes de subventions, le soutien à la création dentreprises ; en outre,
les projets daménagement du territoire ou ceux maintenant léquilibre de
celui-ci doivent être soutenus ; les instructions attirent lattention sur
limportance des projets dinvestissements immatériels car les PME recourent
insuffisamment au conseil, notamment ceux fournis par des réseaux consulaires ;
doivent également être soutenus le recrutement de cadres et de chercheurs, la
modernisation de la gestion des ressources humaines, laccès aux marchés
extérieurs et le regroupement dinvestisseurs ;
le fonctionnement du FISAC doit rester centralisé car une
politique nationale, cohérente en tous points du territoire, en matière de PME, de
commerce et dartisanat est indispensable. Sa déconcentration même partielle a
été étudiée et finalement écartée ;
les directions régionales du commerce et de
lartisanat sont trop isolées administrativement. Des expérimentations, notamment
en Bretagne, sont conduites pour les rapprocher des directions régionales du commerce
extérieur et des directions régionales de lindustrie, de la recherche et de
lenvironnement ;
la faible utilisation de la réduction fiscale pour travaux
dentretien de la résidence principale tient au manque de communication sur cet
avantage fiscal. Le fonds de promotion et de communication prévu par
larticle 1 601 du code général des impôts pourrait être utilisé pour
sa promotion ;
des assises seront organisées au mois de décembre
prochain sur la mobilisation des capitaux de proximité :
le débat sur la réforme des chambres de commerce et
dindustrie doit être engagé auprès de toutes les chambres, des acteurs
économiques et des élus ; il devra prendre en compte la réforme des tribunaux de
commerce. Le Gouvernement proposera ensuite une réforme des chambres consulaires. Il
faudra, en redéfinissant leurs missions, dissocier de lensemble la mission de
gestion des équipements et la question de laffectation des produits de gestion de
leurs fonds ;
en matière de délocalisation fictive dactivités
commerciales ou artisanales, il faut informer plutôt que chercher à réprimer les
commerçants ou artisans ayant choisi de délocaliser leurs services. Les échecs et
déceptions engendrés par plusieurs tentatives sont aujourdhui connus. En revanche,
il faut poursuivre ceux qui ont incité les commerçants et artisans à se lancer dans
cette aventure.
Plusieurs commissaires sont ensuite intervenus.
M. Jean-Claude Daniel a estimé quà dotation
équivalente, ce budget marquait une volonté de réorienter la politique en faveur des
PME ainsi quen témoignent leffort fait en direction de la formation
professionnelle et de laction territoriale, ainsi que la poursuite des mesures de
bonifications dintérêt qui permettent daccorder un volume de prêts égal à
quinze fois la dotation budgétaire.
Il a approuvé le maintien des crédits alloués au FISAC, rappelant
que ceux-ci avaient progressé dun tiers en 1998, pour atteindre 400 millions
de francs. Il a également indiqué que les mesures fiscales touchant les PME, tel
lallégement de la taxe professionnelle, allaient être une puissante incitation à
lembauche dans 800 000 entreprises.
Il sest ensuite félicité de lextension du champ du
régime fiscal des micro-entreprises et de la baisse du taux de TVA applicable aux travaux
portant non seulement sur des logements locatifs sociaux, mais aussi sur les travaux
subventionnés par lagence nationale pour lamélioration de lhabitat. Il
a ensuite posé plusieurs questions portant sur :
les mesures incitatives prévues, dans le cadre du passage
aux 35 heures, pour les PME de moins de sept salariés ;
les risques dinégalité présentés par
lextension de lassiette de la taxe sur les locaux à usage de bureaux en
Ile-de-France aux locaux commerciaux de plus de 300 m² ;
la création prochaine de lObservatoire national du
commerce ;
larticulation entre la politique du commerce et de
lartisanat et la politique de la ville, insistant en particulier sur les problèmes
de livraison rencontrés en zones urbaines et sur la nécessité de créer des lieux de
" stockage tampons " ;
les mesures budgétaires permettant daider la
transmission des entreprises.
M. Patrick Rimbert, après avoir fait remarquer que
le budget des PME, du commerce et de lartisanat était pour la première fois en
progression depuis cinq ans, a observé que pour bien apprécier leffort fourni un
document faisant ressortir limpact des mesures fiscales serait nécessaire. Il a par
ailleurs souhaité que le FISAC intervienne sur des projets plus structurants.
Sagissant de la concurrence entre petits commerces et grandes
surfaces, il a estimé que le développement du commerce électronique permettrait
" une redistribution des cartes ". Il sest par ailleurs
interrogé sur les conséquences que pourraient avoir la mondialisation de
léconomie sur la grande distribution.
Selon M. Serge Poignant, les grandes
innovations de ce budget sont difficiles à percevoir. Alors que les PME sont
potentiellement créatrices demplois et que la croissance est revenue en France, les
crédits restent très largement insuffisants. Il a ensuite déploré les délais trop
longs, jusquà 2 à 3 ans, pour obtenir un soutien financier du FISAC et
sest prononcé pour une déconcentration des procédures dattribution de ces
aides. Il a ensuite estimé quil fallait accentuer leffort public en faveur de
lapprentissage, déplorant en particulier la limitation des conditions doctroi
des aides à lembauche dapprentis désormais arrêtée au niveau V
(détenteurs de CAP ou BEP).
Il a jugé que le financement détudes ne réglera pas les
problèmes dadaptation rencontrés par les PME pour le passage aux 35 heures et
a souhaité que les prêts bonifiés soient étendus aux PME commerciales.
Il a ensuite interrogé la secrétaire dEtat sur les mesures
permettant daccompagner les entreprises sur les marchés internationaux et lui a
demandé de ne pas remettre en cause la réglementation interdisant louverture des
commerces le dimanche.
M. Léonce Deprez a mis laccent sur limportance
de lactivité commerciale pour le développement de léconomie touristique.
Après avoir rappelé quil plaidait depuis de nombreuses années en ce sens, il a
jugé indispensable de modifier le régime des baux commerciaux saisonniers, dune
durée inférieure à 24 mois, dont il a dénoncé les effets pervers, tant au plan
économique quau plan social, le non-renouvellement de ces baux se traduisant par la
généralisation des emplois précaires dans les zones touristiques. Il a également
dénoncé le régime de la taxe professionnelle applicable à ces activités.
Soulignant ensuite le dynamisme de certaines chambres de commerce et
dindustrie, il a suggéré que la commission de la production et des échanges soit
associée à la réforme de leur statut. Il a enfin estimé que les prochains contrats de
plan Etat-régions devraient marquer une politique plus volontariste daménagement
du territoire et prévoir, en particulier, des aides de lEtat pour assurer un
meilleur équilibre dans limplantation des commerces.
M. François Brottes, après avoir apprécié la politique
plus dynamique engagée envers les PME-PMI, a cependant considéré quil restait un
long chemin à parcourir. Il a souhaité, à cet égard, que les PME soient considérées
avec le même intérêt que les grandes entreprises pour la mise en uvre des
35 heures. Il a également souligné que la notion de branche navait plus rien
à voir avec celle de marché, notamment pour les PME-PMI. Citant lexemple du
commerce électronique, il a plaidé pour la constitution de réseaux de PME aux métiers
différents mais complémentaires et suggéré que les prochains contrats de plan
prévoient des mesures incitatives pour cette mise en réseau.
M. Gérard Voisin, après avoir déploré la perte
dautonomie du ministère chargé des PME, du commerce et de lartisanat, a
demandé des précisions sur les mesures destinées à permettre la mise en uvre des
35 heures, dune part, et sur les aides à la modernisation de la distribution,
dautre part. Soulignant la nécessité de préserver un équilibre entre les
différentes formes de commerce, il a dénoncé le développement de points de vente
dautomobiles dans les grandes surfaces, venant concurrencer directement les
concessionnaires sans assurer par ailleurs lentretien des véhicules et les services
que ceux-ci rendent à leur clientèle. Après avoir indiqué que la plupart des
emplois-jeunes avaient été créés par les collectivités locales et le secteur
associatif, il a souhaité savoir si de tels emplois avaient été créés dans le secteur
marchand.
M. Joseph Parrenin sest interrogé sur la pertinence
du seuil de 2 000 habitants pour que les projets soient éligibles aux aides à
linstallation dentreprises dans le cadre du FISAC.
Abordant ensuite le problème de la transmission des entreprises
commerciales et artisanales, il a souligné que les mesures fiscales adoptées, comme la
réduction dimpôt sur le revenu au titre des travaux damélioration de la
résidence principale, perdaient une partie de leur intérêt dans certaines régions où
il nexiste plus assez dentreprises dans le secteur du bâtiment, faute de
repreneurs. Il a estimé que des solutions à ce problème devraient être incluses dans
les prochains contrats de plan. Il a enfin demandé confirmation de lexistence
dune aide de 100 000 francs, versée aux commerçants ne trouvant pas de
repreneurs.
M. Jean Proriol, faisant part à son tour de sa
préférence pour un ministère chargé des PME, du commerce et de lartisanat plus
autonome, sest inquiété de la baisse des crédits danimation économique
dans le projet de budget pour 1999 et a souligné la part active que prennent les chambres
de commerce et dindustrie dans les actions de proximité. Se référant à une
étude réalisée par la Banque du développement des PME qui précise notamment que
5 000 entreprises de plus de 9 salariés changent de mains chaque année,
il a estimé nécessaire de prendre des mesures daccompagnement pour les repreneurs
de ces entreprises.
Abordant ensuite la question des prêts à taux bonifiés, il a
souligné que si les taux dintérêt avaient baissé de 4,10 % en 1996 à
1,85 % en 1998, celui des bonifications restait fixé à 3,50 %, ce qui
dénotait un manque deffort de la part de lEtat, contrastant avec le soutien
de certaines régions pour ces opérations.
Il a enfin mis laccent sur les difficultés que rencontrent les
candidats aux stages en entreprise, quil sagisse de contrats de qualification
ou de formation en alternance, et suggéré lélaboration dune
" charte daccueil dans les entreprises " assortie du versement
daides à celles qui la mettraient en pratique.
En réponse aux différents intervenants, Mme Marylise
Lebranchu a donné les éléments dinformation suivants :
il est admis quen dessous de sept salariés une
entreprise doit accroître son chiffre daffaires pour être en mesure
dembaucher un salarié supplémentaire en application de la loi sur les
35 heures. Des embauches à temps partiel sont donc acceptables pour les entreprises
de moins de sept salariés ;
le seuil de 300 m² utilisé pour définir
lassiette de la taxe sur les locaux à usage de bureaux en Ile-de-France applicable
aux locaux commerciaux ne représente pas un seuil de profit pour les commerces. Le
secrétariat dEtat est disposé à étudier toute amélioration technique du
dispositif fiscal, mais le Fonds pour laménagement de lIle-de-France a besoin
des ressources supplémentaires dégagées par le projet de loi de finances pour
1999 ;
lObservatoire national du commerce nest pas
encore installé car la signature du décret dapplication a pris du retard. La
création de cet office est attendue car personne ne dispose de statistiques fines sur
léquipement commercial, notamment les commerces de moins de 300 m² ;
le secrétariat dEtat aux PME, au commerce et à
lartisanat est disposé à soutenir les demandes de financement par le FISAC des
projets tendant à créer des unités de " stockage tampon " ;
la transmission des entreprises est soutenue dans le projet
de budget pour 1999, en particulier par le doublement de la dotation allouée aux contrats
installation formation en artisanat ;
le mécanisme de lindemnité de départ des
commerçants et artisans les incite à comprimer leur chiffre daffaires avant leur
départ en retraite afin de bénéficier de laide publique. Le secrétariat
dEtat réfléchit donc sur un projet de transformation de lindemnité en
vigueur en indemnité pour la transmission dentreprise, qui devrait éviter à tout
prix de créer des rentes de situation. La modification du régime de lindemnité de
départ est cependant délicate car elle est gérée par les caisses de retraite et donc
un accord des partenaires sociaux est indispensable ;
les crédits des PME, du commerce et de lartisanat
pour 1999 naugmentent pas car le secrétariat dEtat a préféré diminuer la
fiscalité pesant sur les PME ;
le secrétariat dEtat a décidé de ne plus faire
financer par le FISAC les animations de Noël afin dorienter les subventions vers
des projets structurants ;
lEtat a indemnisé tous les commerçants ayant subi
des dégradations en raison de manifestations liées à la coupe du monde de football,
sauf dans le cas de Montpellier où les demandes ne sont pas encore parvenues ;
pour soutenir le commerce extérieur des PME, il faudrait
chercher à regrouper ces entreprises autour de produits, à linstar des districts
italiens qui ne doivent toutefois pas être considérés comme des modèles à imposer en
France ;
le risque doffre publique dachat étrangère
touchant des entreprises de grande distribution française est réel car celles-ci
bénéficient dun avantage compétitif incomparable sur le territoire français en
raison de la législation sur lurbanisme commercial qui, de fait, protège les
surfaces commerciales installées ;
le délai séparant la réception au secrétariat
dEtat dune demande de subvention du FISAC et la notification de la décision
est denviron un trimestre. Les dossiers de demandes de subventions sont en fait
surtout très longs à préparer avant leur soumission au secrétariat dEtat ;
les aides à lembauche permettent de soutenir des
recrutements de tous niveaux de formation. Les plus grands succès sont certes obtenus
avec les titulaires de BTS. En fait, linégalité la plus grave tient aux
inégalités entre les territoires, certains étant marqués par un déséquilibre entre
le nombre de titulaires de BTS et dentreprises de services susceptibles de les
accueillir. Une attention particulière doit donc être prêtée à la formation choisie
par les élèves dune région ;
la suppression progressive de la part salariale de
lassiette de la taxe professionnelle recueille laccord de la grande majorité
des PME. La réforme saccompagne dune compensation de la perte de recettes
supportée par les collectivités locales ainsi que par les fonds départementaux de
péréquation de la taxe professionnelle ;
les taux de bonification des prêts à lartisanat
sont justifiés et équitables. Il nen demeure pas moins que les banques
nexpliquent pas suffisamment aux artisans que les prêts qui leur sont accordés
sont financés pour moitié par des crédits bancaires et pour lautre moitié par
des prêts bonifiés ou conventionnés ;
des mesures facilitant laccès des PME aux marchés
étrangers figurent dans le budget du commerce extérieur pour 1999. Il sagit de
laide à linterprétariat, de lextension aux très petites entreprises
de lassurance prospection et de lextension du soutien financier de lEtat
pour la présence dans les foires organisées sur le territoire national ;
les magasins dusine implantés hors des zones de
production sont nocifs pour léconomie et illégaux car ils servent de couverture à
des ventes à prix abusivement bas ;
le secrétariat dEtat aux PME, au commerce et à
lartisanat sengage à étudier en liaison avec le secrétariat dEtat au
tourisme, des solutions permettant daméliorer le régime des baux
saisonniers ;
sur le territoire, seules les directions régionales du
commerce et de lartisanat se préoccupent vraiment des très petites entreprises. Il
conviendrait de les mettre en réseau avec les directions régionales du commerce
extérieur et les directions régionales de lindustrie, de la recherche et de
lenvironnement afin daméliorer leur efficacité ;
le secrétariat dEtat poursuit ses études pour la
mise en place des schémas de développement commercial ;
lintérêt des consommateurs est dacheter leurs
voitures chez un garagiste qui offre des garanties de services et de compétence, de
préférence à des points de vente de la grande distribution ;
les opérations " coeur de pays " et
les aides directes à linstallation dune entreprise commerciale ou artisanale
financées par le FISAC sont effectivement réservées aux communes de moins de
2000 habitants. Les autres opérations financées par le FISAC ne sont pas soumises
à cette condition de seuil. En matière daide à linstallation, le FISAC peut
cependant prendre en charge le soutien à la création dune entreprise si elle
sinsère dans le cadre dune opération globale, comme par exemple, la
réorganisation dun centre ville ;
la diminution des crédits danimation économique
pour 1999 résulte dun choix politique en faveur du renforcement des crédits
daide à la formation ;
la proposition de création dune charte de
laccueil, validée par une norme ISO, formulée par M. Jean Proriol est très
intéressante.
Puis la commission a procédé à lexamen des crédits des
PME, du commerce et de lartisanat pour 1999.
M. Jean-Paul Charié, rapporteur pour avis, a jugé que le
projet de budget présenté par Mme Marylise Lebranchu, était avant tout marqué par
la continuité et que, dès lors quil avait donné un avis favorable à
ladoption des crédits pour 1998, il ne pouvait quinviter la commission à
donner un avis favorable à ladoption de ceux pour 1999. Si les crédits
dintervention, en faveur de lartisanat, baissent fortement il faut saluer le
relèvement marqué des crédits destinés au financement des contrats de plan. Il a
cependant dénoncé la mesure dannulation de crédits intervenue le 16 janvier
1998, soit quelques jours après ladoption définitive du projet de loi de finances.
Il convient en outre de regretter labsence de contrôle parlementaire sur les
ressources extrabudgétaires du secrétariat dEtat et attirer lattention sur
les difficultés de financement que connaissent les centres de formation dapprentis.
Puis, conformément aux conclusions de M. Jean-Paul Charié,
rapporteur pour avis, la commission a émis un avis favorable à ladoption des
crédits des PME, du commerce et de lartisanat pour 1999.
f p f p
Information relative à la Commission

La commission a désigné MM. Jean-Pierre Dufau et Roger Meï pour
siéger à la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages
© Assemblée nationale
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