ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES
COMPTE RENDU N° 11
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mardi 3 novembre 1998
(Séance de 16 heures 45)
Présidence de M. André Lajoinie, Président
SOMMAIRE
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Audition de Mme Michelle D EMESSINE, secrétaire dEtat au tourisme sur les crédits de son département pour
1999 ;
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Examen pour avis des crédits pour 1999 :
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Tourisme (M. Robert Honde, suppléant
M. Jean-Pierre D EFONTAINE, rapporteur)
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La commission a entendu Mme Michelle Demessine, secrétaire
dEtat au tourisme sur les crédits de son département pour 1999.
Mme Michelle Demessine a tout dabord rappelé que le
tourisme constitue la première industrie française devant lagro-alimentaire et
quil rapporte chaque année à notre pays 170 milliards de francs de devises
étrangères pour un chiffre daffaires dépassant les 720 milliards de francs.
Il est ainsi un facteur essentiel de développement économique et social.
Il représente également un gisement demplois tout à fait
significatif. Un rapport remis récemment à la Commission de Bruxelles par un collège
dexperts internationaux indique que dans les dix prochaines années, entre deux et
trois millions demplois supplémentaires devront être créés en Europe pour
répondre au triplement attendu des flux touristiques mondiaux. Diverses autres études
laissent escompter une très forte progression du tourisme daffaires, dans la mesure
où les séminaires, salons et congrès tendent aujourdhui à se multiplier.
Il est donc difficile dimaginer que la France, première
destination touristique au monde, ne puisse pleinement bénéficier de ces perspectives de
croissance et ainsi offrir à une jeunesse parfois désorientée de nouveaux débouchés
professionnels.
Lannée 1999 sera une année charnière, durant laquelle le
Gouvernement sera conduit à définir de nouveaux objectifs pour laménagement du
territoire à travers les contrats de plan. Au cours de cette année, notre pays doit se
préparer à répondre au défi de ce nouvel âge du tourisme qui souvre devant lui
et qui ne se conçoit quà visage humain, respectueux de lenvironnement et de
la culture des populations. Loccasion peut en être fournie par les retombées très
positives en termes dimages de notre succès lors de la coupe du monde de football.
LEtat ne sest que trop longtemps désintéressé du
tourisme, raccrochant tour à tour et sans véritable stratégie ce secteur à
lindustrie, au commerce extérieur ou à léquipement.
La véritable hémorragie budgétaire dont le secteur a souffert est
désormais stoppée. Avec 372 millions de francs de crédits de paiement et
45 millions de francs dautorisations de programme, cest un budget en
augmentation de 7,18 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998 qui est
aujourdhui soumis au vote du Parlement ; une partie importante des dotations
supplémentaires sera affectée à la promotion de notre pays à létranger.
Ainsi, le budget de Maison de la France passe de 123 à
153 millions de francs, ce qui représente une progression de 23,4 %. Cette
dotation permettra, dune part, de conforter la structure et les moyens daction
des services français du tourisme à létranger et, dautre part, de mobiliser
plus largement les partenaires professionnels, quils soient publics, privés ou
associatifs, grâce auxquels la présence de la France en Europe et dans le monde est
assurée.
Mais laugmentation de la fréquentation touristique passe aussi
par la reconnaissance dun droit aux vacances pour tous : cet axe important de
la politique du Gouvernement en 1998 le demeure en 1999.
Lélargissement de lattribution des chèques vacances aux
salariés des PME de moins de 50 salariés, qui ne pouvaient pas jusquà
présent en bénéficier faute de comité dentreprise, en constitue une bonne
illustration : 7,5 millions de salariés et leurs familles sont concernés par
cette disposition. Il est hautement souhaitable que le projet de loi présenté
lété dernier en conseil des ministres sur ce sujet soit très rapidement inscrit
à lordre du jour des assemblées parlementaires.
La campagne annuelle de sensibilisation en faveur de laccueil des
personnes handicapées sur les lieux de vacances, dont la première édition a eu lieu en
septembre dernier, a permis une vaste mobilisation des professionnels du tourisme et leur
mise en relation avec les associations spécialisées. Elle sera reconduite et amplifiée
en 1999. Des actions de formation en direction des professionnels viendront par ailleurs
sy ajouter.
Au-delà des mesures législatives et réglementaires, laction du
Gouvernement en faveur du tourisme pour tous se traduit également par un effort
budgétaire substantiel en direction du secteur associatif, puisque 4 millions de
francs supplémentaires lui seront consacrés.
Il a été inséré dans la loi du 29 juillet 1998 relative à la
lutte contre les exclusions, un article consacrant " légal accès de
tous, tout au long de la vie, aux vacances " au rang d" objectif
national ". Cet article précise que la réalisation de cet objectif passe par
le développement de structures à caractère social et familial et lorganisation du
départ en vacances de personnes en situation dexclusion. Sur les 11 millions
de francs affectés en 1999 au soutien du secteur associatif, 2 millions de francs
serviront au fonctionnement dune " bourse solidarité vacances "
dont le rôle sera de rapprocher, dans une démarche de solidarité, les professionnels du
tourisme, les associations caritatives et les comités de chômeurs, afin de mettre en
commun les moyens et les compétences de chacun, pour que les plus démunis aient aussi la
possibilité de rompre avec le quotidien. Deux autres millions de francs contribueront à
financer des actions favorisant les séjours à létranger et les échanges
bilatéraux pour les jeunes en difficultés sociales.
Les signatures de conventions dobjectifs entre lEtat et les
associations de tourisme seront poursuivies et financées à hauteur de 7 millions de
francs, afin de conforter et de relayer laction de ladministration en faveur
de linsertion sociale des jeunes et des familles en difficulté, mais aussi du
développement local, de lemploi et de la formation.
A ces mesures, viendront sajouter les " aides à la
pierre " du " plan patrimoine " que la circulaire du
25 mars 1998 oriente en faveur dune plus grande mixité sociale. En 1999,
leffort au titre de la réhabilitation du parc immobilier du tourisme social et
associatif sera maintenu, puisque 13,9 millions de francs y seront consacrés.
La secrétaire dEtat au tourisme a ensuite rappelé son souci de
voir loffre touristique se diversifier. Il faut en effet aider les petites et
moyennes entreprises, qui sont la richesse de notre tourisme, à se moderniser. Beaucoup
souffrent dun endettement important, alors même quelles devraient pouvoir
investir, pour sadapter plus efficacement aux nouvelles exigences de la clientèle.
Un certain nombre de dispositions ont dores et déjà été mises
en place pour leur venir en aide et, notamment, le mécanisme de restructuration de la
dette des entreprises hôtelières au travers des crédits SOFARIS ou les prêts bonifiés
accordés au secteur de la restauration pour financer des travaux de mise aux normes.
Dautres mesures viendront rapidement conforter ces premiers dispositifs, notamment
en matière de redevance télévisuelle pour lhôtellerie, ou daides à la
formation du personnel.
Moderniser loffre touristique, en répondant au souci de
préserver lenvironnement, appelle de surcroît une réaction face au vieillissement
de lhébergement de loisirs, tant en zone de montagne que sur le littoral.
Devant linquiétude exprimée par les élus locaux et leurs
associations au sujet de la dégradation du parc immobilier de loisirs, une mesure fiscale
a été proposée, afin dinciter les propriétaires à améliorer la qualité et la
mise en marché de leurs hébergements, par le biais dune possibilité de
récupération de la TVA sur les travaux entrepris. Le nouveau concept de
" village résidentiel de tourisme ", validé par le vote intervenu
sur la première partie du projet de loi de finances, devrait donc pouvoir devenir
opérationnel à brève échéance. Il consiste à regrouper un minimum de 100 lits
touristiques -cest-à-dire à peu près 20 appartements- et à confier leur
gestion à un opérateur unique, qui assurera la maîtrise des travaux de réhabilitation,
lanimation et la commercialisation de lensemble. Ceci ne pourra que favoriser
la valorisation de sites parfois délaissés par les touristes, en raison de
linadéquation de leur offre dhébergement aux aspirations actuelles.
Le tourisme à visage humain passe également par une nouvelle
impulsion donnée au développement local. Mettre en tourisme de nouveaux espaces sera
lun des objectifs défendus lors des négociations avec les régions dans le cadre
de lélaboration des futurs contrats de plan. Ces derniers jouent un rôle majeur
dans la diversification et ladaptation de loffre touristique, dans le
fonctionnement des structures en charge de sa gestion et de sa commercialisation, comme
dans la mobilisation des fonds structurels européens, bien souvent indispensables à
léquilibrage financier des projets.
Cest pourquoi 48,5 millions de francs, dont
30,8 millions de francs de crédits dinvestissement y seront consacrés -les
17,7 millions de francs restants étant réservés au fonctionnement. Ces projets
seront soutenus par la capacité dexpertise de lAgence française de
lingénierie touristique, à laquelle 8 millions de francs sont alloués,
cest-à-dire une augmentation de 14,29 % par rapport au projet de loi de
finances pour 1998. Par ses compétences et son savoir faire, cette structure ne peut
quaider à mieux appréhender la viabilité dun projet et permettre de cerner
la manière de limiter au maximum le risque quil y aurait à se lancer dans une
entreprise qui ne pourrait être pérennisée, ou qui ne pourrait assurer à celles et
ceux qui y travaillent un emploi durable.
Le secrétariat dEtat au tourisme est partie prenante à
14 accords cadres nationaux susceptibles daboutir à la création de 6000
" emplois jeunes " dans le tourisme. Au 30 septembre dernier
,1874 embauches effectives de jeunes étaient répertoriées dans ce secteur et
1548 conventions signées. Il est aujourdhui certain que le seuil des
2000 embauches a été franchi.
Il apparaît également nécessaire de lutter contre la précarité qui
affecte le secteur touristique et daméliorer la qualité des services offerts par
une meilleure formation des personnels : la qualité est, en effet, une des données
essentielles du développement futur du tourisme national, alors que la concurrence
dautres destinations est de plus en plus marquée.
Si la saisonnalité des activités touristiques est une réalité,
dailleurs évolutive, la précarité quelle entraîne nest pas fatale.
Il faut aider les acteurs du tourisme à développer une offre pluri-saisonnière et à
explorer de nouvelles pistes, comme celle des contrats multi-employeurs, de sorte
quun travail saisonnier soit désormais vécu comme un emploi à part entière.
Cest pourquoi une mission de réflexion et de proposition a été confiée à
M. Anicet Le Pors, ancien ministre et conseiller dEtat, afin
daméliorer la situation professionnelle des salariés saisonniers du tourisme. Le
rapport qui sera rendu le 31 décembre prochain doit permettre de présenter aux
partenaires sociaux et aux chefs dentreprises au cours de lannée 1999 une
série de mesures législatives et réglementaires dadaptation.
Sagissant des moyens du ministère du tourisme, les effectifs de
ladministration centrale seront maintenus en 1999 : contrairement aux trois
années précédentes, aucune réduction de postes ne sera opérée. Les moyens de
fonctionnement des délégations régionales au tourisme seront augmentés de
0,5 million de francs et leurs moyens en personnel renforcés par la mise à
disposition de personnels qualifiés en provenance du ministère de léquipement,
des transports et du logement.
La création au sein de la direction du tourisme dun bureau
emploi-formation plus particulièrement attaché à suivre les questions liées au
tourisme social et à la réduction du temps de travail est envisagée, ainsi que celle
dune cellule de réflexion prospective et de recherche sur les potentialités du
secteur. Le suivi des flux, des attentes et des potentiels est, en effet, fondamental pour
anticiper les évolutions de la demande et mener une politique de développement durable
cohérente. Une augmentation importante des moyens de lObservatoire national du
tourisme est prévue, qui se traduira par une progression des moyens humains mis à sa
disposition et par le développement dun partenariat étroit avec les autres
services de lEtat en charge de lobservation économique (INSEE, Banque de
France).
En conclusion, la secrétaire dEtat au tourisme a dit souhaiter
que laugmentation de ce budget soit ressentie comme un signe fort de sa volonté de
mettre en uvre une politique touristique ambitieuse, soucieuse des attentes des
populations et capable de mettre la France au premier rang, non pas seulement des
destinations touristiques, mais aussi des pays les plus innovants en la matière. Il faut
construire une politique où lEtat joue pleinement son rôle en assurant les
cohérences et les synergies indispensables et qui réponde enfin au droit légitime aux
vacances pour tous et aux espoirs dune jeunesse en mal demploi.
M. Robert Honde, suppléant M. Jean-Pierre Defontaine,
rapporteur pour avis a estimé que lanalyse de lévolution du secteur
touristique en 1997 comme au cours des premiers mois de 1998 ne peut quinciter à
loptimisme ; le nombre des visiteurs étrangers a encore augmenté en effet de
manière significative en 1997 (il atteignait alors 66,9 millions de
personnes) ; il a augmenté aussi cette année, avec notamment la Coupe du monde de
football organisée en France.
Il a estimé par ailleurs que le budget du tourisme pour 1999 était
particulièrement prometteur, les dotations densemble saccroissant de plus de
7 %, celles de lAgence française de lingénierie touristique, qui joue
un rôle majeur en matière de valorisation de loffre saccroissant de
14,29 % et les dotations de Maison de la France, chargée de la promotion de nos
produits sur les marchés étrangers augmentant de 23,41 %. Cette situation diffère,
a-t-il fait remarquer, de celle du budget pour 1998, dans lequel on avait observé des
diminutions de ces différents crédits.
Il a souhaité savoir néanmoins si des études avaient été menées
sur " leffet coupe du monde de football " et sur limpact
de celle-ci sur la fréquentation touristique.
Notant que la secrétaire dEtat avait affirmé à plusieurs
reprises son attachement particulier au développement du tourisme social et à la prise
en compte des problèmes de plusieurs catégories de personnes, les personnes
handicapées, les 40 % de Français qui ne partent pas en vacances, il a rappelé,
quen 1998, les dotations visant à la restauration des hébergements du tourisme
associatif avaient été doublées. Pour 1999, il a demandé des indications sur les
perspectives du tourisme social, ainsi que sur celles des chèques vacances, moyen de
répondre à une forte demande.
M. Robert Honde a ensuite demandé à la secrétaire dEtat
quelles étaient les perspectives de mise en place dun serveur national dans le
secteur du tourisme, annoncée pour 1998. Il a souhaité avoir des précisions également
sur les " emplois jeunes ", sur les répercussions sur le passage à
35 heures de la durée légale hebdomadaire du travail ainsi que sur la situation de
deux types de tourisme prometteurs, celui de la montagne et le tourisme thermal.
M. André Lajoinie, président, a jugé que les salariés des
petites et moyennes entreprises devaient avoir accès aux chèques-vacances. Le projet de
loi modifiant lordonnance n° 82-283 du 26 mars 1982 portant création des
chèques-vacances (N° 1074) constitue donc une grande avancée sociale.
Il a par ailleurs félicité la secrétaire dEtat pour avoir
intégré dans son projet de budget lobjectif du développement de lemploi. Il
a enfin attiré lattention sur lexistence de gisements insoupçonnés
dactivités touristiques en de nombreux points du territoire qui devraient donner
lieu à un déploiement de laction touristique des pouvoirs publics.
M. Jean-Michel Couve a donné acte de laugmentation de
plus de 7 % des crédits pour 1999, qui contraste avec leur diminution de
lannée précédente, mais a qualifié cette augmentation de contrastée. Il a
ensuite interrogé la secrétaire dEtat sur la participation du secrétariat
dEtat et de la DATAR à la mise en place du serveur national de réservation.
Il a demandé si les excédents de gestion de lAgence pour les
chèques-vacances au titre de lexercice 1996, qui sélevaient à
24 millions de francs, intégraient les excédents des années précédentes, car, en
comparaison, lexcédent de lexercice 1997, qui sélève à
18 millions de francs alors que lactivité de lAgence a augmenté par
rapport à 1996, paraît faible. Par ailleurs, après avoir rappelé que le Gouvernement
avait refusé le débat sur la proposition de loi présentée par M. Bernard Pons
tendant à étendre lusage du chèque-vacances, il a demandé à quelle date le
Gouvernement envisageait dinscrire à lordre du jour son projet de loi relatif
aux chèques-vacances.
Il a ensuite souhaité savoir quand le Gouvernement présenterait au
Parlement le rapport sur la dotation aux communes touristiques, qui aurait dû être
déposé en septembre 1996. Il a également attiré lattention sur la concurrence
déloyale que causait le tourisme associatif, qui nest pas soumis aux mêmes règles
fiscales et sociales que les entreprises commerciales.
En matière dapplication de la loi sur les 35 heures, il
sest interrogé sur les modalités dadaptation aux hôtels, cafés,
restaurants, auberges, de la réduction de la durée légale du temps de travail
hebdomadaire.
Il a également rappelé les distorsions de concurrence nées des
régimes de TVA différents applicables à la restauration classique et à la vente à
emporter. Sur ce point, le groupe RPR a proposé dappliquer un taux uniforme de TVA
de 14 %.
Il a ensuite souhaité avoir des indications sur les orientations du
XIIe Plan lequel aura dailleurs une durée de sept ans, en matière touristique. Il
a enfin salué les initiatives du Gouvernement en faveur de la récupération sous
conditions de la TVA sur les travaux de rénovation de limmobilier de loisir, mais a
demandé quels types dexploitants, quelles garanties et quels types de contrats
liant propriétaire et exploitant seraient concernés.
Après avoir indiqué quil était daccord avec les
objectifs définis par la secrétaire dEtat en matière de politique touristique, M.
Léonce Deprez a indiqué quil avait déposé une proposition de loi portant sur
lorganisation territoriale du tourisme à la suite dune mission qui lui avait
été confiée par un des prédécesseurs de Mme Demessine, M. Stirn et a
souhaité quun accord soit trouvé autour de ce texte. Il a estimé que les
questions du développement du tourisme devaient être abordées dans un esprit de
consensus.
Il a reconnu que le Gouvernement menait une politique volontariste
marquée par une progression des dotations budgétaires mais que leffort public en
direction du tourisme doit trouver une traduction dans les budgets de différents
départements ministériels. Cest pourquoi le secrétariat dEtat au tourisme
devrait, selon lui, dépendre directement du Premier ministre.
Il a ensuite indiqué que cest la mise en valeur du territoire
qui doit améliorer notre offre touristique et quen ce domaine un long chemin
restait à parcourir. La mise en oeuvre des contrats de plan et des schémas régionaux
prenant en compte la dimension touristique, il importe que laction du secrétariat
dEtat soit conduite en coopération avec celle du ministère de laménagement
du territoire et de lenvironnement.
Il a enfin souhaité que la dotation touristique fasse lobjet
dune utilisation plus transparente, quelle puisse apparaître ainsi en
dépenses comme en recettes dans les budgets communaux et a appelé de ses voeux le
développement dune structure partenariale de léconomie touristique.
M. Félix Leyzour sest félicité du projet de budget
présenté par Mme Michelle Demessine et a salué, au-delà des questions
budgétaires, la politique active du tourisme mobilisant les ministères et les acteurs du
terrain conduite par la secrétaire dEtat.
Il a approuvé laccent mis sur le tourisme populaire par la
secrétaire dEtat, qui permet à des familles modestes de partir en vacances. Il a
sur ce point estimé que la politique en faveur du développement du chèque-vacances
devait être appuyée par la commission de la production et des échanges.
Il a ensuite attiré lattention de la secrétaire dEtat sur
la nécessité de rapprocher les taux de TVA applicables à la restauration rapide et à
la restauration traditionnelle. Il a souhaité savoir sil existait un calendrier
gouvernemental en ce sens.
Il a demandé comment seraient coordonnées les actions du secrétariat
dEtat avec celles des comités régionaux et départementaux du tourisme.
Il a enfin attiré lattention sur la nécessité de moderniser
les installations de la petite hôtellerie, qui constitue léquipement adapté aux
régions ne connaissant pas un tourisme de masse mais un tourisme diffus, de découverte
ou culturel. Il a souhaité connaître les possibilités dinterventions dont dispose
lEtat en complément des conseils régionaux et généraux pour soutenir la
modernisation de la petite hôtellerie.
M. Jean-Pierre Dufau a jugé le projet de budget présenté
par Mme Michelle Demessine significatif et traduisant un effort sensible de lEtat en
faveur du tourisme social et populaire ; ce budget apporte en outre un soutien
important à Maison de la France.
Il a ensuite exprimé le voeu que le tourisme ne soit pas oublié dans
le prochain contrat de Plan et la future loi dorientation pour laménagement
et le développement durable du territoire. Les volets tourisme des contrats de plan
Etat-régions doivent promouvoir des accueils touristiques diversifiés (petits hôtels,
campings), qui doivent pouvoir sappuyer sur la politique daménagement du
territoire, notamment sur la définition des pays. La politique du tourisme doit prendre
en compte tous les acteurs économiques et intégrer une véritable politique de la
qualité incluant les préoccupations environnementales.
Après avoir regretté que le projet de loi dorientation agricole
ait banalisé léconomie de montagne, M. Jean Charroppin a demandé
quelle était la place de la montagne dans la politique touristique du Gouvernement.
M. André Capet sest félicité du soutien au
développement du tourisme social par lextension prévue de lutilisation du
chèque-vacances qui devrait concerner 7,5 millions de personnes, soit probablement
une partie importante des 40 % de Français ne partant pas en vacances. Il a jugé
que le touriste devait devenir un acteur économique à part entière. Il a également
fait valoir que cette mesure complétait laction du Gouvernement en faveur des
petites et moyennes entreprises. Il a ensuite souhaité avoir des informations sur
lorganisation des assises nationales du tourisme social.
Faisant observer le succès de lorganisation de la Coupe du monde
de football, il a également proposé quune catégorie demplois directement
liés au développement touristique soit créée dans le cadre dun projet de loi
spécifique afin que soit prise en compte la saisonnalité de lactivité
touristique.
En réponse aux intervenants, la secrétaire dEtat au
tourisme a apporté les précisions suivantes :
le secrétariat dEtat se félicite de sêtre
investi dans la coupe du monde de football ; la mobilisation et le partenariat
réalisés à cette occasion en ont fait une vraie réussite. Le défi considérable qui
nous était lancé a été relevé et notre pays a su donner de lui même une image à la
fois accueillante et plus dynamique. Les " retombées " de cet
événement ont été constatées dailleurs dès le mois daoût 1998, sous la
forme notamment de larrivée de nouvelles clientèles étrangères. De nombreux
articles ont été publiés sur limage de la France à loccasion de la coupe
du monde de football ; sil avait fallu les payer, la contre valeur publicitaire
de tels articles se serait élevée à 773 millions de francs ;
le serveur national de réservation qui a été récemment
présenté au salon " Top Resa " doit entrer en application le
1er janvier 1999 ; de nombreux problèmes techniques ont dû être surmontés
pour réaliser ce projet, qui bénéficie dun soutien de 3 millions de francs
de lEtat. Son développement est assuré par une association, mais la gestion du
serveur national sera confiée à une société de droit privé. La phase de mise en
application concrète et de commercialisation du serveur national débutera
bientôt ;
le tourisme en montagne a vu sa fréquentation augmenter au
cours des deux dernières saisons ; cette même remarque peut dailleurs être
faite pour le début de cette année, comme pour lété 98. La France qui possède
le plus beau domaine skiable du monde bénéficie dune image particulièrement
positive. Le nouveau dispositif retenu en matière dimmobilier de loisirs se met en
place, cependant que la procédure damélioration des congés scolaires a donné
dexcellents résultats dans les zones de montagne. Il faut mentionner enfin le rôle
essentiel que joue le service détudes et daménagement touristique de la
montagne, qui constitue pour lEtat et pour les professionnels de la montagne, un
outil détudes précieux ; des recherches très utiles ont été menées ainsi
récemment par cet organisme sur les nouvelles activités en montagne et sur la question
de la sécurisation de ces activités ;
le tourisme thermal vit aujourdhui une période de
régression ; il représente toutefois une partie importante de limage
touristique de la France et il faut remarquer que nos stations thermales se trouvent
localisées dans des parties déjà très touristiques de notre territoire. La secrétaire
dEtat au tourisme a insisté pour que le tourisme thermal soit appréhendé sous ses
divers aspects, et non seulement sous langle de la santé. Les problèmes auxquels
est confronté notre tourisme thermal tiennent à la durée des cures (en général de
21 jours), à labsence dactivités diversifiées, à linsuffisante
modernisation des équipements. Il faut saluer cependant la dynamique apportée par
lAgence française de lingénierie touristique (AFIT), qui a su créer
notamment un réseau des villes deaux dans le Massif Central ;
les excédents de gestion de lAgence nationale pour
les chèques-vacances ont atteint en réalité, pour 1996, 27,8 millions de francs
et, pour 1997, 27,9 millions de francs, données chiffrées qui ne correspondent pas
à celles présentées par M. Jean-Michel Couve ; les chèques-vacances
représentent un outil social daide au départ, tout à fait décisif, ce qui
explique lexamen cet été par le Conseil des ministres dun projet de loi
visant à étendre le droit aux chèques-vacances aux salariés des petites et moyennes
entreprises. Le souhait très fort de la secrétaire dEtat au tourisme est que la
discussion de ce texte puisse intervenir à lAssemblée nationale au début de 1999
et que son entrée en vigueur se fasse dans lannée 1999 ;
les problèmes de la dotation touristique ont un caractère
récurrent . Les demandes des parlementaires, qui tendent pour lessentiel à son
individualisation, se heurtent au fait que cette question sinscrit dans un cadre
plus large, qui concerne les finances locales dans leur ensemble ;
sagissant des mesures fiscales applicables au
tourisme social et associatif, il faut saluer lampleur du chemin accompli. Alors
quil existait un certain flou dans lattitude des services fiscaux quant au
statut des associations, ce qui avait mis en difficulté de nombreux organismes de ce
secteur, une récente instruction fiscale a défini des règles précises, sagissant
notamment des redressements, ce qui a constitué un important " ballon
doxygène " pour de nombreuses associations. Pour autant, les problèmes
du tourisme social demeurent ; ce sera là un sujet de réflexion important pour les
" états généraux du tourisme social " qui interviendront au
printemps de 1999. Le tourisme social et associatif a déjà une histoire, consacrée pour
lessentiel à la reconnaissance du droit aux vacances ; aujourdhui, cette
forme de tourisme doit se préoccuper des personnes en situation dexclusion ;
une mobilisation de tous les acteurs est nécessaire pour définir, dans le respect
dune concurrence loyale avec le secteur privé les nouvelles missions du tourisme
social ; cest là un effort que mène précisément le secrétariat
dEtat ;
en ce qui concerne la question des 35 heures, il est
établi que le secteur touristique en bénéficiera, car le temps libéré ira
nécessairement davantage aux loisirs et aux vacances. Des mutations sont dailleurs
à prévoir, quil faudra savoir anticiper. Les répercussions de cette réforme sur
la situation des entreprises de tourisme ne seront dans un premier temps pas
considérables, car un nombre réduit dentre elles comporte plus de
20 salariés. En toute hypothèse, cette question doit donner lieu à une réflexion
de tous les acteurs concernés ; le secrétariat dEtat a pour sa part confié
la réalisation dune étude sur ce thème à un cabinet spécialisé. Un nouveau
texte législatif devra affiner la réalisation de la semaine de 35 heures. Le
Premier ministre a dit récemment avoir entendu les préoccupations du monde artisan. Il
importe avant tout dutiliser loutil des 35 heures pour les créations
demplois et de ne pas affirmer demblée que la mise en uvre de la
réforme est impossible dans le secteur touristique ;
les problèmes que pose lharmonisation des taux de
TVA dans le secteur de la restauration sont réels, mais leur solution est complexe, car
elle fait intervenir aussi dautres administrations et elle interfère avec les
règles européennes applicables en la matière. Le passage des entreprises de tourisme
dun taux de 18,6 % à 20 % a dailleurs été difficile car absorbé
sur les marges de ces entreprises. Au-delà dailleurs des questions que pose la TVA,
il faut remarquer que les entreprises de tourisme rencontrent des problèmes de charges
sociales, car il sagit dindustries de main doeuvre, pour lesquelles il
faudrait améliorer lassiette des cotisations sociales applicables. Ces entreprises
subissent aussi des problèmes de financement, le poids de lendettement y étant
souvent très élevé. Sagissant plus particulièrement de lharmonisation des
taux de TVA, il semble que lon soit sorti désormais du mode incantatoire ; les
professionnels comme les parlementaires, dailleurs de lensemble de
léchiquier politique, se sont véritablement emparés du problème ;
un travail important a été accompli déjà avec les
régions, sagissant de la définition des nouveaux contrats de plan. Les axes
retenus pour ces contrats seront la création demplois, un meilleur aménagement du
territoire, une valorisation touristique de nouvelles zones, le développement de
lobservation économique comme de nouvelles filières, la promotion de la qualité.
Ces orientations permettront de mobiliser ainsi les fonds européens ;
sagissant de limmobilier de loisirs, les
acteurs concernés seront diversifiés, car le dispositif se veut très ouvert. Les
contrats auront une durée de 9 ans, comme cela a été prévu pour les résidences
de tourisme. Les textes dapplication devraient intervenir en toute hypothèse avant
la fin de lannée ; quant au décret en Conseil dEtat sur le zonage, il
sera pris au premier trimestre de 1999 ;
la France a besoin dune nouvelle loi sur
lorganisation globale du tourisme. Les travaux menés par M. Léonce Deprez
pourront y être utilement intégrés ;
les différents ministères jouent un rôle important en
matière touristique, la tâche du secrétariat dEtat étant danimation et de
coordination. Une convention a été récemment signée avec le ministère de la culture,
pour laquelle un suivi régulier a dailleurs été prévu. De la même façon, un
colloque sur le tourisme rural a été récemment organisé en partenariat avec le
ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement et celui de
lagriculture. La volonté de partenariat du secrétariat dEtat est ainsi de
plus en plus large.
M. Léonce Deprez a estimé que la secrétaire dEtat
faisait preuve dun volontarisme louable, mais que ses idées devaient être mises à
lépreuve des faits. Il a souhaité savoir si la secrétaire dEtat soutenait
réellement le développement du tourisme rural, si elle reconnaissait lexistence
des " pays " et si elle accepterait disoler la dotation
touristique dans lensemble de la dotation globale de fonctionnement et de la faire
apparaître en recettes comme en dépenses dans les budgets communaux.
La secrétaire dEtat au tourisme a fait part de son souci
particulier pour le tourisme rural attesté par lorganisation récente dun
colloque national sur ce thème. Elle a indiqué que laction menée par les comités
régionaux et départementaux du tourisme sinscrivait dans la politique
densemble conduite par le secrétariat dEtat. Sagissant de la petite
hôtellerie, elle a insisté sur la nécessité de son maintien en zone rurale et estimé
que les nouveaux contrats de plan Etat-régions devront prévoir des efforts importants en
ce sens.
Elle a estimé que la pérennité du tourisme, comme la promotion
dun tourisme des quatre saisons supposait un vaste effort en faveur de la qualité.
Conformément aux conclusions de M. Robert Honde, suppléant
M. Jean-Pierre Defontaine rapporteur pour avis, la commission a ensuite donné un
avis favorable à ladoption des crédits de léquipement, des transports et du
logement : V. - tourisme pour 1999.
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© Assemblée nationale
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