ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DES FINANCES,
DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN
COMPTE RENDU N° 61
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mardi 23 juin 1998
(Séance de 16 heures 15)
Présidence de M. Augustin Bonrepaux, Président
SOMMAIRE
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Examen de la proposition de résolution (n° 869) de M. Alain Barrau, Rapporteur de la Délégation pour lUnion européenne, sur la proposition de décision du Conseil sur les modalités relatives à la composition du comité économique et financier (COM [98] 110 final/n° E 1053) (M. Gérard Fuchs, Rapporteur).
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Examen dun rapport dinformation de Mme Nicole Bricq sur la fiscalité écologique.
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La commission des finances, de léconomie générale et du plan a procédé, sur le rapport de M. Gérard Fuchs, Rapporteur, à lexamen de la proposition de résolution (n° 869) de M. Alain Barrau, Rapporteur de la Délégation pour lUnion européenne, sur la proposition de décision du Conseil sur les modalités relatives à la composition du comité économique et financier (COM [98] 110 final/n° E 1053).
M. Gérard Fuchs, Rapporteur, a indiqué les raisons qui avaient conduit la Délégation pour lUnion européenne à sintéresser à un sujet qui, au premier abord, semblait strictement technique. Il a rappelé que, pour la deuxième phase du passage à la monnaie unique, avait été prévue la mise en place dun comité monétaire à caractère consultatif, où chaque État serait représenté, dune part, par un membre de ladministration des finances et, dautre part, par un représentant de la Banque centrale nationale, et qui comporterait deux représentants de la Commission des Communautés européennes. Il a déclaré que, si cette composition correspondait logiquement aux compétences de lépoque du comité monétaire, elle ne concordait plus avec le changement profond de la gestion de la politique monétaire au cours de la troisième phase du passage à la monnaie unique et avec la transformation du comité monétaire en comité économique et financier. Il a noté que cet élargissement de compétences allait de pair avec louverture de cette instance à deux représentants de la Banque centrale européenne.
Se référant au récent débat parlementaire sur ladaptation des statuts de la Banque de France à la monnaie unique, le Rapporteur a rappelé quil avait mis en lumière la nécessité, face à une Banque centrale européenne dotée de pouvoirs importants, dun contrepoids politique, constitué, aux yeux du Gouvernement français, par le Conseil de leuro. Il sest demandé si la présence au sein du comité économique et financier de banquiers nationaux se justifiait toujours, alors que la Banque centrale européenne était par ailleurs représentée au sein du comité. Il a redouté quune représentation trop marquée des banquiers ne conduise le comité à privilégier une approche strictement monétariste, au moment même où lon pouvait constater que lobjectif de stabilité monétaire ne coïncidait pas parfaitement avec la préoccupation essentielle de lutte contre le chômage qui inspire la politique économique des États. Il sest prononcé pour le renforcement de lindépendance du comité.
Abordant la proposition de résolution adoptée par la Délégation pour lUnion européenne, il en a approuvé lorientation, considérant avec elle quil convenait de laisser aux États la liberté dêtre représentés au sein du comité économique et financier par des personnes de leur choix. Il a toutefois fait remarquer, en se fondant sur des contacts quil avait pu avoir avec des partenaires européens, que la solution radicale retenue par la Délégation risquait de heurter des usages auxquels ceux-ci semblaient attachés. Il a proposé en conséquence, à titre de solution intermédiaire, un amendement prévoyant que les hauts fonctionnaires, membres du comité économique et financier et appartenant aux banques centrales nationales, ne prendraient pas part au vote sur les grandes questions de coordination et dorientation de la politique économique et de change débattues par celui-ci.
Après avoir rappelé que la proposition de résolution avait été votée à lunanimité par la Délégation pour lUnion européenne, M. Alain Barrau a expliqué que celleci avait voulu réagir au caractère excessif de larticle 3 de la proposition dacte communautaire qui lui est apparu trop contraignant pour le choix par les États de leur représentation au comité économique et financier. Il a confirmé que lidée initiale de la Délégation pour lUnion européenne était de rendre aux États leur liberté de nommer leurs représentants au sein de ce comité et a, en conséquence, approuvé lamendement de M. Gérard Fuchs, qui participe de la même inspiration.
M. Pierre Forgues a fait part de ses réserves sur les pouvoirs de la Banque centrale européenne. Qualifiant dexorbitante la méthode suivie par les instances européennes, il a jugé quil nappartenait pas aux hauts fonctionnaires de définir la politique dun pays.
M. Charles de Courson a déclaré que limportance très relative du sujet abordé justifiait, en lespèce, labstention du groupe UDF.
M. Didier Migaud, Rapporteur général, a manifesté son accord avec lamendement de M. Gérard Fuchs. Il a vivement regretté quen sopposant aux demandes présentées par lAssemblée nationale française, en vue dune plus grande transparence des décisions, la récente réunion des gouverneurs des banques centrales nationales ne se soit engagée sur une mauvaise voie. Il a estimé que le rejet ainsi manifesté de tout contrôle sur la politique monétaire allait à lencontre de lapprofondissement de la construction européenne et nétait dailleurs pas conforme à la pratique constatée dans de grands pays, comme les États-Unis et le Japon.
M. Alain Barrau a considéré que lattitude dabstention du groupe UDF nétait pas conforme aux traditions de la démocratie chrétienne et ne concordait pas, de plus, avec les propositions récemment faites par le Président Valéry Giscard dEstaing, au cours du débat parlementaire sur la résolution relative au passage à leuro, en faveur dun renforcement du contrôle de la politique monétaire. Il a ensuite demandé que la commission des Finances invite le Président de la Banque centrale européenne à expliquer son action devant elle, estimant que lattitude contraire équivaudrait à un déni de démocratie, tant devant les Parlements nationaux que le Parlement européen.
M. Charles de Courson a répété que lUDF sabstenait dans la mesure où elle considérait que le débat avait une portée très limitée. Considérant que le choix des représentants de la France au comité économique et financier se porterait de toute manière sur un fonctionnaire de ladministration des finances ou un représentant de la Banque de France, qui y exerceraient leurs compétences normales, il a estimé que le véritable problème résidait en ce que les ministres nexerçaient pas leurs pouvoirs. Il a jugé que, faute dêtre ainsi placée sur son véritable terrain, la discussion sur le choix des fonctionnaires représentant la France au sein du comité risquait dêtre perçue comme une manifestation de défiance à leur égard.
M. Gérard Fuchs a souhaité préciser le sens de son amendement, en rappelant que la Banque centrale européenne avait déjà des représentants dans le comité économique et financier. Il a ajouté que le risque de déséquilibre lié à la présence de banquiers centraux nationaux dans le comité était particulièrement illustré par la récente préparation du Conseil de leuro dont les résultats navaient pas été satisfaisants pour ce qui concernait la coordination des politiques économiques ce qui confirmait que la composition du comité économique et financier nétait pas une question politiquement neutre.
A lissue de ce débat, lamendement du Rapporteur a été adopté puis le texte ainsi modifié de la proposition de résolution.
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La Commission a ensuite procédé à lexamen du rapport dinformation présenté, en application de larticle 145 du Règlement, par Mme Nicole Bricq, sur la fiscalité écologique.
Mme Nicole Bricq, Rapporteur, a tout dabord déclaré quun rapport sur la fiscalité écologique était utile et légitime, car la façon dutiliser linstrument fiscal à lappui des objectifs environnementaux navait pas fait lobjet détude spécifique jusquà présent. Elle a indiqué que les propositions quelle présentait devant la Commission sinscrivaient parfois dans une perspective de moyen et de long termes, mais que certaines mesures avaient vocation à être mises en oeuvre dès la prochaine loi de finances.
Elle a considéré que le manque de réflexion sur le lien entre fiscalité et environnement avait trop souvent conduit la France à se contenter de transposer les directives européennes, ce quelle a jugé dautant plus regrettable que les Français sont très sensibilisés à la question de lenvironnement et considèrent que les pouvoirs publics ne sen occupent pas suffisamment. Elle a ajouté que laction dans le domaine de lenvironnement comportait également une dimension politique, les inégalités environnementales recoupant largement les inégalités sociales. Elle a enfin rappelé quen matière de changement climatique, des engagements forts ont été pris à Kyoto en décembre 1997 et que la France devrait réaliser des efforts importants, notamment dans le domaine des transports, pour respecter lobjectif de stabilisation des émissions de gaz à effet de serre qui lui a été fixé lors du Conseil environnement du 17 juin 1998.
Mme Nicole Bricq a observé que la fiscalité nétait pas le seul instrument dont disposent les pouvoirs publics pour préserver lenvironnement, mais elle a jugé que son utilisation présentait des avantages en termes de souplesse et de transparence. Elle a cependant précisé que lutilisation dun instrument fiscal à des fins environnementales présentait des aspects spécifiques, observant notamment que les principes budgétaires de la non-affectation et de lannualité étaient largement contournés, de façon sans doute excessive pour le premier. Elle a ajouté que la fiscalité pouvait permettre dagir directement sur les pollutions ou de dégager des ressources pour financer des politiques publiques telles que le développement des transports en commun. Elle a souligné la force du principe pollueur-payeur, tout en observant quil rencontre parfois des limites sociales ou économiques restreignant son application. Elle a considéré quil convenait avant tout de faire preuve de pragmatisme et de cohérence.
Elle a ensuite précisé que sa démarche avait dabord été de tenter dintégrer le souci environnemental dans le système fiscal existant, plutôt que de chercher à mettre en place de nouveaux instruments, sans pour autant lexclure lorsquil sagit de remédier à des problèmes spécifiques.
Mme Nicole Bricq a ensuite indiqué que son rapport portait sur les cinq thèmes prioritaires que sont lair, leau, les déchets, les sols et le bruit.
En matière de pollution atmosphérique, Mme Nicole Bricq sest prononcée en faveur dun rééquilibrage progressif de la fiscalité sur les carburants. Elle a proposé de réduire lécart de taxation entre le gazole et le supercarburant sans plomb de façon à tendre, en cinq ans, vers lécart moyen européen des fiscalités pesant sur ces deux produits. Elle a précisé que sa proposition conduirait à une majoration des taxes sur le gazole de lordre de 13 centimes par litre et par an, mais quen contrepartie, la fiscalité sur le supercarburant sans plomb pourrait être réduite en francs constants.
Elle sest par ailleurs prononcée en faveur dune harmonisation de la fiscalité sur les carburants au niveau européen à travers un relèvement des minimas communautaires. Elle a souhaité que la France relance le processus communautaire en vue détablir une taxation des énergies qui pourrait permettre, à terme, de diminuer les charges qui pèsent sur le travail. Elle a considéré que, dans lattente de cette harmonisation, un système de remboursement de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) devrait être mis en place au profit des transporteurs routiers, dont la situation est difficile et qui sont soumis à une vive concurrence émanant dautres pays de lUnion européenne.
Elle a indiqué que son rapport proposait également de supprimer progressivement les abattements qui avantagent les véhicules anciens, et donc plus polluants, sagissant de la vignette, de la carte grise et de la taxe sur les véhicules de société, tout en maintenant ces abattements pour ceux qui en bénéficient déjà. Elle a souhaité que le gain fiscal résultant de cette disposition soit affecté au financement dune politique ambitieuse en faveur du développement des transports collectifs locaux.
Mme Nicole Bricq a ensuite recommandé la mise en place de plusieurs instruments destinés à encourager lutilisation de carburants et de véhicules « propres ». Elle sest prononcée en faveur dun gel de la TIPP sur le gaz de pétrole liquéfié (GPL), de linstauration dune prime dEtat pour tout achat de véhicule neuf fonctionnant au moyen de ce carburant et dun soutien aux entreprises qui incitent leurs employés à pratiquer le co-voiturage.
Abordant la question de leau, Mme Nicole Bricq a jugé que la communication présentée le 20 mai dernier en Conseil des ministres par la ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement avait été trop timorée. Elle a souhaité que le Parlement intervienne enfin dans le processus de fixation des redevances perçues par les agences de bassin. Elle a rappelé que cette mesure était préconisée depuis des années tant par des parlementaires que par la Cour des comptes ou, plus récemment, par le Commissariat général du Plan. Elle a considéré que le taux des redevances pouvait être fixé par les agences, mais dans des limites étroites votées par le législateur et, le cas échéant, sur avis conforme des communautés locales de leau. Elle a ajouté que le principe pollueur-payeur devait conduire à assujettir lensemble des irrigants aux redevances de prélèvement et les agriculteurs aux redevances de pollution. Elle a également recommandé la mise en place dune redevance de prévention des inondations. Enfin, elle a souhaité une réforme de la facturation de leau, avec la mise en place dune tarification progressive accompagnée dune gratuité pour les quinze premiers mètres cubes consommés annuellement par personne. Elle a par ailleurs préconisé la généralisation des compteurs deau individuels.
Mme Nicole Bricq a ensuite présenté les principales mesures proposées dans le domaine de la gestion des déchets. Elle a tout dabord fait part de son souhait de voir appliquer le taux réduit de TVA au service public local de collecte et de traitement des déchets ménagers. Elle a souligné que les règles communautaires permettaient, en effet, cette diminution de 20,6% à 5,5%. Elle a cependant estimé que, compte tenu de limpact de cette mesure sur le budget de lEtat, il était possible dencadrer son champ dapplication, par exemple en la réservant, tout au moins dans un premier temps, aux collectivités locales ayant mis en place un système de collecte sélective.
Elle a ensuite souhaité conforter lobjectif délimination des décharges (hors déchets ultimes) fixé par la loi du 13 juillet 1992 en permettant aux collectivités locales de récupérer, par le biais du Fonds de compensation pour la TVA (FCTVA), la taxe ayant grevé les investissements en matière de traitement des déchets, quel que soit le montant des recettes de valorisation auxquelles donnent lieu ces installations.
Enfin, elle a estimé que le dispositif de la taxe denlèvement des ordures ménagères était moins efficace et moins juste que la redevance, qui est ajustée en fonction du service effectivement rendu. Elle a relevé, cependant, que les maires étaient réticents à utiliser la redevance, car ce système nécessite demployer des agents supplémentaires et expose au risque dimpayés. En conséquence, elle a jugé quil convenait de surmonter ces réticences en mettant à la disposition des communes concernées, pour la gestion de la redevance, les agents du Trésor public.
Après avoir rappelé quelle préconisait, à linstar de nombreux parlementaires ces tout derniers mois, léligibilité au FCTVA des investissements réalisés par les collectivités locales pour la consolidation des berges des canaux et cours deau appartenant à des propriétaires défaillants, Mme Nicole Bricq a exposé les deux mesures quelle jugeait prioritaires dans le domaine de la protection des sols.
Soulignant lintérêt dune gestion efficace et écologique du patrimoine forestier national, elle a tout dabord fait valoir que les collectivités locales devraient pouvoir moduler lexonération trentenaire de taxe foncière sur les propriétés non bâties selon la qualité des reboisements effectués. Elle a souligné que cette mesure permettrait de lutter contre lappauvrissement de la diversité forestière, les reboisements seffectuant de plus en plus à laide despèces standardisées. Elle a ensuite préconisé de créer une taxe sur la production et limportation des engrais et produits phytosanitaires, qui génèrent un chiffre daffaires annuel important et qui sont essentiellement consommés dans le cadre des activités agricoles.
Mme Nicole Bricq a ensuite abordé les problèmes posés par les nuisances sonores. Elle a tout dabord rappelé que les « points noirs » autoroutiers et ferroviaires concernaient près de 300.000 personnes et que lon estimait à 10 milliards de francs le montant des dépenses nécessaires pour éliminer les nuisances en cause. Soulignant le caractère très insuffisant des 100 millions de francs dépensés chaque année à cette fin par le ministère de léquipement, elle a proposé la mise en place dun financement spécifique, visant à éliminer les points noirs en dix ans. Elle a indiqué que le problème devait aussi être envisagé dans le cadre des contrats de plan Etat-régions.
Elle a conclu en récapitulant les mesures qui lui paraissaient être particulièrement prioritaires :
laugmentation et la réintégration au budget général du produit de la taxe sur la pollution atmosphérique, instaurée en 1985 et affectée à lAgence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME) ;
le rééquilibrage de la fiscalité des carburants ;
des mesures pour favoriser les véhicules et les carburants « propres », ainsi que les transports en commun ;
linstauration dun régime légal pour les redevances des agences de leau, afin de favoriser la transparence démocratique ;
la prévention des inondations ;
le passage au taux réduit de TVA pour les services publics locaux de traitement des déchets ;
les actions tendant à favoriser le système de la redevance plutôt que la taxe denlèvement des ordures ménagères ;
la modulation de lexonération trentenaire en fonction de la qualité des reboisements ;
la taxe sur la production et limportation des engrais et produits phytosanitaires.
Mme Nicole Bricq a enfin souligné que son travail avait pour ambition de dresser un premier état des lieux, aussi exhaustif que possible, de la fiscalité à vocation écologique et de définir les compléments quil convenait de lui apporter, à échéance rapprochée ou plus lointaine. Elle a souhaité que ce rapport dinformation alimente le débat et apporte une aide à la décision.
M. Dominique Baert a estimé quen matière de politique écologique, il était préférable de chercher à faire évoluer les comportements à moyen et long termes plutôt que de se limiter à des mesures conjoncturelles. Il a jugé particulièrement intéressantes les propositions tendant à confier au Commissariat général du Plan une mission permanente dévaluation de limpact des politiques publiques sur lenvironnement et de prévoir une prise en compte systématique de lenvironnement dans les études dimpact concernant les projets de loi et de décret.
Il a approuvé la suggestion de créer une prime dEtat pour achat de véhicule fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié (GPL), avec une majoration spécifique aux taxis. Il a cependant manifesté une grande réserve devant la perspective dabaissement de mille litres par an, pour les nouvelles immatriculations, du quota annuel de gazole défiscalisé dont bénéficient les taxis, considérant que cette mesure risquerait de créer des difficultés aux artisans taxis.
M. Jean-Jacques Jégou a estimé que le rapport traitait un grand nombre de problèmes sans quapparaissent les lignes de force dune véritable politique fiscale de lenvironnement. Il a regretté que peu délus aient été rencontrés par Mme Nicole Bricq, notamment aucun maire ni aucun président de syndicat des eaux.
Il a approuvé lorientation du rapport pour la promotion du GPL, considérant quil convenait daméliorer linformation sur ce type dénergie en réfutant les arguments tirés de sa dangerosité supposée. Il a souscrit à linstitution proposée dune prime incitant au développement du GPL, tout en observant quil était important que les industriels de lautomobile puissent proposer des moteurs diesel propres et quils devaient réduire le coût des véhicules fonctionnant en bi-carburation.
Sagissant de la politique de leau, il a exprimé sa prévention à lencontre de la suggestion de rendre obligatoires les compteurs deau individuels dans les immeubles à construire, en observant que les distributeurs appliquaient, quelquefois, pour chaque compteur, des facturations spécifiques atteignant des montants très élevés. Il a estimé quil était possible de mettre en uvre une politique dinformation sur le prix de leau pour rendre la facturation plus transparente.
Abordant la question des ordures ménagères, il a regretté que lélimination de certains déchets extrêmement polluants ne reçoivent aucune aide de lEtat, indiquant que des camions sont destinés à cet usage dans la commune dont il est le maire.
M. Pierre Méhaignerie, se déclarant partisan dune économie sociale et écologique de marché, a approuvé lorientation générale du rapport en saluant la qualité du travail accompli. Il a jugé utile deffectuer une comparaison avec les politiques menées dans les autres pays européens. Il a estimé quil convenait en cette matière de respecter trois principes.
Il a souhaité tout dabord que la création de nouvelles taxes nentraîne pas une augmentation du prélèvement global et donc soit compensée par le redéploiement de taxes préexistantes.
Il a ensuite appelé à la responsabilité et à la simplification en matière de fiscalité de lenvironnement, observant que la taxe sur les engrais et les produits phytosanitaires proposée par le Rapporteur serait difficile à mettre en uvre. Il a préconisé laffectation des sommes recueillies au titre du fonds dinvestissement pour les transports collectifs locaux, dont le rapport souhaite la création, au financement des transports collectifs départementaux et régionaux.
Il a enfin souhaité que lesprit de dialogue inspire la politique de lenvironnement, afin déviter une confrontation des cultures et de favoriser leur rapprochement.
M. Pierre Forgues a fait part de ses doutes sur la possibilité de résoudre les problèmes environnementaux grâce à la fiscalité et à lapplication du principe pollueur-payeur. Il a considéré, en effet, que la fiscalité ne pouvait être que curative, et non pas préventive. Il a jugé que la taxe sur les produits phytosanitaires serait probablement répercutée sur les consommateurs et que laide au co-voiturage risquait de défavoriser les collectivités locales dans lorganisation de leurs transports collectifs. Il a estimé quil serait préférable de sorienter vers une prévention de la pollution en favorisant, par exemple, les progrès technologiques ou lévolution des comportements sociaux. Il a enfin regretté que lEtat ne fournisse pas daide pour lutter contre la pollution générée par les transports collectifs locaux.
M. Maurice Adevah-Poeuf a fait observer que, précisément, la fiscalité ne suffit pas pour mener une politique environnementale, puisque son objet en la matière est justement de réduire lassiette taxable. Il a dailleurs relevé que Mme Nicole Bricq considérait la fiscalité comme un simple moyen daccompagnement dune politique de lenvironnement.
Constatant que le rapport reprenait, en ce qui concerne les carburants, certaines des récentes conclusions de la mission dinformation sur lautomobile, il a regretté que le Gouvernement nait donné suite à aucune de ses propositions depuis six mois, observant que lincertitude décourage à la fois les producteurs et les consommateurs. Il a émis une réserve sur la proposition tendant à réduire progressivement les avantages accordés aux véhicules anciens, dont il a estimé quils étaient certes très polluants mais quils étaient souvent utilisés par une population modeste nayant probablement pas les moyens de les remplacer par des véhicules neufs.
Il sest également montré très réservé sur la centralisation qui résulterait de lapplication des propositions relatives aux agences de leau.
Il a exprimé quelques doutes sur la possibilité dimposer aux agriculteurs à la fois une taxe sur les engrais et une augmentation du prix de leau, sans une mise en oeuvre très progressive de ces mesures.
Concernant les déchets, il a admis que la taxe sur les ordures ménagères était moins juste que la redevance, mais a souligné que les communes navaient pas les moyens de mettre à jour la liste des abonnés nécessaire pour linstauration de la redevance et que leffectif des agents du Trésor était insuffisant pour effectuer cette tâche.
Soulignant lintérêt du rapport, clair et complet, M. Alain Barrau a considéré quil était important que ce travail soit effectué au sein de la Commission des finances dans loptique de préparer utilement la discussion sur le prochain projet de loi de finances. Il a indiqué que, si la fiscalité ne pouvait prétendre constituer, à elle seule, une politique de lenvironnement, elle pouvait cependant être un instrument utile de soutien à cette politique. Il a observé que le retard de la France par rapport à ses voisins ne devait pas perdurer. Il a jugé quil y aurait un paradoxe à vouloir prendre en compte la volonté, exprimée par les citoyens, dune réduction de la pollution tout en refusant dappliquer des principes simples, tel que celui du pollueur-payeur.
Abordant le problème de leau, il a considéré que la proposition daccorder la gratuité pour les quinze premiers mètres cubes deau potable était aussi progressiste quattendue. Il a souligné que les problèmes dentretien des berges et de prévention des inondations imposaient que la question de léligibilité au FCTVA des travaux daménagement des cours deau fût à nouveau posée.
Evoquant la question des déchets, il a appelé à une réflexion sur la pertinence des aides distribuées, jugeant que lincinération est encore trop souvent retenue dans les schémas départementaux de traitement des déchets.
Il a souhaité quun travail comparatif permettant de connaître les actions menées par les autres Etats membres de la Communauté soit conduit, soulignant que, contrairement à certaines idées reçues, les pays de lEurope du Sud étaient parfois en avance sur la France.
M. Pierre Hériaud, évoquant le problème des espaces fragiles, a noté que la préparation dune directive territoriale daménagement dans sa région mettait en évidence des problèmes de conciliation entre, notamment, la nécessaire protection des zones humides et laménagement du territoire, ou entre la tendance au reboisement et la capacité de développer le peuplement des zones rurales. Il a souhaité que, dans le cadre de lélaboration de la loi dorientation agricole, une attention soutenue soit portée aux contrats territoriaux daménagement.
M. Charles de Courson a déclaré que le rapport présentait trois faiblesses. Il a tout dabord considéré quen matière denvironnement, la fiscalité était souvent moins adaptée que des mesures réglementaires ou législatives. Il a ensuite noté que la dimension communautaire ou la question de la compatibilité des propositions avec les normes européennes était insuffisamment abordée. Il a enfin estimé que certaines des mesures proposées risquaient dêtre difficilement applicables.
Il a fait valoir que le fait de considérer seulement lécart de taxation entre lessence et le gazole conduisait à oublier que le problème de fond réside, en réalité, dans le niveau densemble trop élevé de la TIPP. Evoquant la proposition de reculer le seuil dancienneté des véhicules ouvrant droit à des abattements en matière de vignette, il a noté que les véhicules anciens étaient généralement détenus par les ménages modestes et quil conviendrait plutôt de renforcer le contrôle technique. Il a jugé que laugmentation des avantages fiscaux pour les véhicules fonctionnant en bi-carburation pouvait être détournée de son objectif, les utilisateurs ne recourant pas, en pratique, au GPL. Il sest opposé à labaissement de mille litres par an du quota annuel de gazole défiscalisé dont bénéficient les taxis, considérant que certaines entreprises artisanales nétaient pas en mesure de subir un accroissement de leurs charges. Il a jugé que lidée dintégrer dans le calcul de la DGF des préoccupations environnementales était impossible à mettre en pratique, sauf à construire des schémas dune extrême complexité.
Abordant le problème de leau, il a affirmé que la démocratisation réelle des agences de bassin supposait que lon en revienne au principe fondamental selon lequel limpôt est levé par les élus du peuple. Il a estimé que seuls ces élus devraient être autorisés à voter les redevances de bassin, qui constituent en fait de véritables impôts du fait de labsence de contrepartie. Il a estimé que seul un taux plafond devait être fixé pour les redevances, afin de ne pas limiter la liberté des élus. Il a considéré que la gratuité des quinze premiers mètres cubes deau nétait pas une bonne idée, car sa mise en uvre se heurterait à des problèmes pratiques, tant en ce qui concerne lidentification du nombre de personnes susceptibles den bénéficier quau regard du problème des résidences secondaires.
Il a considéré que la généralisation de la taxe départementale de protection des espaces naturels sensibles nétait pas opportune, car il appartenait aux collectivités de juger si la création de cette taxe était justifiée ou non.
Il a relevé que linstitution dune taxe sur limportation dengrais et de produits phytosanitaires serait, dans une large mesure, incompatible avec les dispositions communautaires et que, si les produits considérés étaient nocifs, il conviendrait plutôt de mener une politique visant à leur élimination.
Il a conclu en regrettant que la tendance générale du rapport consiste à sappuyer sur toutes les mesures fiscales existantes, sans quaucun examen de leur réelle pertinence ait été mené.
Mme Nicole Bricq, Rapporteur, a ensuite répondu aux différents intervenants.
Elle a dabord considéré que linsuffisante utilisation du GPL en France imposait de surmonter les obstacles que son développement rencontre encore trop souvent, comme une insuffisante utilisation par les taxis, alors que des pays comme le Japon ou la Corée ont dores et déjà atteint des résultats très satisfaisants en la matière, ou bien le trop faible nombre de points de distribution dans les zones urbaines.
Elle a jugé raisonnable sa proposition de hausse progressive de la TIPP applicable au gazole, à la condition toutefois quun tel rééquilibrage soit garanti à moyen terme, pour nous rapprocher de la tendance qui prévaut généralement en Europe, cest-à-dire en évitant de renouveler certains errements comme ceux constatés en 1994-1995, lorsque laugmentation de la TIPP sur lessence a été plus forte que celle sur le gazole.
Regrettant que les conclusions de la mission dinformation sur lindustrie automobile naient pas eu de suites concrètes jusquà présent, Mme Nicole Bricq a observé que la pollution atmosphérique résulte essentiellement de la circulation des voitures particulières en ville et des camions sur les routes. Aussi a-t-elle défendu lidée que toute mesure qui conduirait à un renouvellement plus rapide du parc automobile serait bienvenue, par exemple la suppression dabattements fiscaux peu incitatifs sur la vignette et les cartes grises, même sil est concevable, pour des raisons sociales, de faire avant tout porter une telle mesure sur les véhicules de sociétés.
Elle a indiqué par ailleurs quelle recommandait une extension de la démarche « Eco-Emballages » à dautres déchets ménagers en « fin de vie ». Elle a ajouté que la modulation des aides de lADEME est particulièrement nécessaire, par exemple pour éviter dinciter systématiquement à lincinération, alors même que les normes en la matière napparaissent pas stabilisées.
Mme Nicole Bricq a ensuite jugé que le transfert de lassiette de la taxe denlèvement des ordures ménagères sur la taxe dhabitation est une idée intéressante qui devrait être explorée dans le rapport dinformation sur la fiscalité locale.
Elle a fait remarquer que lutilisation économe de leau passe par lindividualisation des consommations, des engagements de la profession, au moyen de « contrats de progrès » devant permettre déviter, pour les consommateurs, les surcoûts excessifs liés à la réalisation des investissements nécessaires. Rappelant que lencadrement parlementaire de la fixation des redevances deau est indispensable, elle a admis quil conviendrait de préserver une certaine décentralisation dans la gestion du dispositif.
Elle a appelé, en matière de fiscalité écologique, comme dans dautres domaines, à ladoption dune démarche pragmatique : tantôt linstrument fiscal semble le plus approprié, par la transparence, la souplesse et la précision quil garantit, tantôt la réglementation apparaît plus efficace, sous réserve que lon se prémunisse contre larbitraire et la complexité. Elle a jugé hautement souhaitable la simplification qui résulterait dune moindre dispersion des taxes au profit dune « grande taxe » anti-pollution. A cet égard, elle a appelé de ses voeux une relance de la négociation communautaire sur une taxation de lénergie permettant « un double dividende », à la fois en termes environnementaux et en termes dallégement du coût du travail.
Mme Nicole Bricq a fait valoir quune même préoccupation defficacité doit prévaloir en ce qui concerne, par exemple, la lutte contre lutilisation excessive des produits phytosanitaires ou lincitation au développement du co-voiturage et des transports collectifs, expliquant que dans de tels domaines, lessentiel est de trouver le niveau adéquat de péréquation : le niveau national semble adapté, à moins quune gestion départementale, ou même un regroupement intercommunal, ne garantissent une réelle valeur ajoutée.
Elle a affirmé que, si le principe « pollueur-payeur » a fait ses preuves il ne faut pas exclure, chaque fois que possible, la nécessaire « internalisation des coûts », dores et déjà pratiquée par de nombreuses entreprises et qui pourrait être davantage encouragée au moyen daides accrues.
Elle a enfin souligné que le maintien dune cohérence densemble entre les approches partielles constitue un enjeu essentiel, dont témoignent, par exemple, les exigences contradictoires quil convient de concilier, visant les unes à protéger certaines zones, comme les zones humides, les autres à laménagement de ces mêmes zones, relevant que les débats sur la loi dorientation agricole et la loi relative à laménagement du territoire ne manqueront pas de fournir de nombreuses occasions de tenter de concilier ces approches.
La Commission a ensuite autorisé la publication du rapport dinformation, après que le Président Augustin Bonrepaux eut félicité le Rapporteur pour la qualité du travail accompli.
fpfp
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