ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DES FINANCES,
DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN
COMPTE RENDU N° 67
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 8 juillet 1998
(Séance de 15 heures)
Présidence de M. Augustin Bonrepaux, Président
SOMMAIRE
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Audition de Mme Dominique Voynet, Ministre de lAménagement du territoire et de lEnvironnement, sur lexécution 1998 et les perspectives pour 1999 des crédits de lAménagement du territoire
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Examen dun rapport dinformation de M. Charles de Courson, Rapporteur spécial, sur la Caisse de Mutualité sociale agricole de Corse.
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La Commission a tout dabord procédé à laudition de Mme Dominique Voynet, Ministre de lAménagement du territoire et de lEnvironnement, sur lexécution 1998 et les perspectives pour 1999 des crédits de lAménagement du territoire.
Évoquant les conclusions du rapport sur la fiscalité écologique présenté récemment par Mme Nicole Bricq, au nom de la commission des Finances, M. Didier Migaud, Rapporteur général, a dabord interrogé Mme Dominique Voynet sur ses traductions éventuelles dans le projet de loi de finances pour 1999. Il lui a ensuite demandé si le rapprochement entre les missions daménagement du territoire et de protection de lenvironnement au sein de son ministère avait conduit à des modifications significatives des procédures administratives et du mode de gestion des fonds. Enfin, il a souhaité obtenir des éclaircissements sur lorigine de la sous-consommation des crédits consacrés au financement de la prime daménagement du territoire (PAT).
Renvoyant pour la définition précise du dispositif aux arbitrages gouvernementaux à intervenir, Mme Dominique Voynet a rappelé les principes de la fiscalité écologique : sans rechercher un alourdissement global de la fiscalité, donner des signaux fiscaux différents en mettant à contribution les comportements qui se traduisent par une dégradation des ressources collectives, et en profitant des ressources ainsi dégagées pour alléger la fiscalité pesant sur le travail et contribuer ainsi à la création demplois. Elle a ensuite énuméré les axes de la réflexion menée par son ministère, qui consistent soit à augmenter la taxation de certaines activités, soit à mettre à contribution des champs jusquà présent exonérés, notamment par la création de taxes sur la pollution de lair, sur la mise en décharge et sur la modification du régime des eaux. Abordant le problème de la fiscalité des carburants, elle a constaté le caractère exceptionnellement élevé du différentiel de taxation entre lessence sans plomb et le gazole par rapport à la moyenne européenne et rappelé que le Gouvernement entendait, au niveau européen, rapprocher la fiscalité de lessence sans plomb de celle du gazole et, au niveau national, aligner le différentiel sur lécart européen. Elle a manifesté le souci déviter la pénalisation des transporteurs français par la réforme grâce à lorganisation, sous une forme ou une autre, de la restitution totale ou partielle à ce secteur, socialement fragile, de la ressource nouvelle ainsi créée, tout en rappelant que lidée, un temps envisagée, dun fonds de modernisation des transporteurs routiers, avait été considérée par les autorités communautaires comme incompatible avec les règles de lUnion européenne.
Abordant la question de la gestion des fonds, elle a dabord noté que le budget de 1998 avait rompu avec la baisse des crédits constatée entre 1994 et 1997 ( 27 % sur le total dépenses ordinaires + crédits de paiement). Elle a manifesté la volonté de renforcer le Fonds national daménagement et de développement du territoire (FNADT), en améliorant la qualité de ses méthodes de gestion et en accroissant la sélectivité du mécanisme et son caractère interministériel. Elle a souhaité également promouvoir la coopération entre collectivités locales et des formules privilégiant le développement durable.
Elle a reconnu que la prime daménagement du territoire (PAT) était actuellement mal adaptée au financement dimplantations dentreprises internationales, et quelle avait un faible effet attractif sur de grands projets dinvestissement, davantage déterminés, comme dans le cas du dossier Toyota, par la qualité des services publics, le marché potentiel, le niveau de formation et le réseau de sous-traitance. Elle a manifesté sa préférence pour une réorientation de la prime vers des investissements de taille plus modeste dans des zones très dégradées, ou vers le développement du secteur des services et des techniques environnementales durables. Elle a enfin annoncé que la nouvelle définition de la PAT était inscrite à lordre du jour du prochain comité interministériel daménagement du territoire (CIAT). Au sujet de la sous-consommation chronique des crédits de la PAT, elle a précisé que le reliquat pour 1997 sélevait en définitive à 267 millions de francs et que la consommation des crédits de paiement saméliorait sensiblement. Quant au FNDAT, elle a indiqué que le taux de consommation au 30 juin se montait déjà à 45 % et quil était supérieur à celui de lannée précédente.
Après avoir noté que les instances communautaires réexaminaient actuellement les modalités de fonctionnement du mécanisme des fonds structurels, M. Alain Rodet, Rapporteur spécial, a demandé à Mme Dominique Voynet quelles suites elle entendait donner aux suggestions contenues dans le rapport Trousset, qui préconise particulièrement lévaluation de lefficacité de la politique des fonds structurels en France et lamélioration de la procédure interne de délégation des crédits. Évoquant la multiplication des cadres daction, des politiques daménagement du territoire (bassins demploi, pays, agglomérations), il sest interrogé sur le risque de complexité quelle provoquait dans la gestion des procédures daide. Il a souhaité que la politique daménagement du territoire, à lopposé de lorientation suivie par la loi Pasqua de 1995, reconnaisse le dynamisme représenté par les zones urbaines et donne toute sa place au développement des villes. Enfin, il a exprimé la crainte que la fin de la crise de limmobilier de bureaux dans lagglomération parisienne, accroissant le volume des locaux disponibles, ne vienne contrarier la politique de délocalisation des services publics.
Répondant au Rapporteur spécial, Mme Dominique Voynet a considéré que la complexité de gestion des fonds structurels soulignait la nécessité dune réforme, dont les grands traits avaient été présentés le 18 mars dernier par la Commission européenne : concentration accrue des aides, répartition plus claire des rôles entre la Commission et les États, simplification des règles financières. Elle a ensuite indiqué que, malgré laugmentation du montant global des crédits affectés aux fonds structurels, il fallait sattendre à une diminution du pourcentage des populations européennes, et donc françaises, éligibles. Elle a rappelé que les propositions de la Commission européenne comportaient, outre la diminution du nombre des programmes dintérêt communautaire, le passage de 7 à 3 des objectifs des fonds structurels. Elle a illustré son propos en considérant comme très probable, dans la nouvelle configuration, la sortie du Valenciennois et de la Corse de lobjectif 1, auquel seuls les DOM-TOM resteraient éligibles et fait part du désir du Gouvernement dobtenir que cette sortie se fasse de manière progressive. Elle a noté que la concentration géographique financière accrue exclurait du mécanisme de nombreuses régions en difficulté, et quil faudrait veiller à articuler le nouvel objectif 3 et les politiques nationales de lemploi. Rappelant le fort effet de levier constitué par ces fonds structurels, elle a souhaité que les parlementaires suivent particulièrement ce dossier.
À propos de létat dexécution des programmes communautaires, , la Ministre sest déclarée satisfaite de lavancement des objectifs 1 (développement et ajustement structurel des zones en retard de développement) et 5 b (développement rural), programmes facilement compréhensibles et bien connus des préfets et des élus locaux. Elle a estimé plus préoccupante lexécution de lobjectif 2 (reconversion des régions gravement affectées par le déclin industriel), mettant particulièrement laccent sur la sous-consommation des crédits correspondant à la période 1997-1998, quelle a pour partie imputée aux délais plus courts laissés à la réalisation des programmes relevant cet objectif, et qui atteint, par exemple, dans la région Rhône-Alpes, un montant de 200 millions de francs. En ce qui concerne les programmes dintérêt communautaire (PIC), elle a souligné, là encore, la sousconsommation des crédits, tant en France que dans dautres pays européens, en raison dun démarrage tardif des programmes et dune émergence nécessairement lente des actions à caractère innovant, comme le programme LEADER II. Elle a considéré que les préfets de région avaient bien étudié lensemble des projets et que lÉtat serait ainsi en mesure darbitrer entre les projets parfois similaires proposés par les régions. Elle a également constaté que linformation sur les PIC était inégalement accessible, selon les régions, à lensemble des acteurs quils concernent et que la même hétérogénéité affectait la qualité des programmes remontant de ces régions. Elle a indiqué que la mission dévaluation confiée par le comité interministériel daménagement du territoire du 15 décembre 1997 aux services dinspection de différents ministères devait donner lieu à un rapport qui lui serait remis avec un certain retard.
A propos des bassins demplois, des pays ou des agglomérations, Mme Dominique Voynet a affirmé quil nétait pas question de reconnaître de nouvelles organisations territoriales, mais seulement de recourir à de telles structures dans la mesure où elles seraient les vecteurs de projets concrets, pour lesquels existeraient des garanties sérieuses de réalisation. Elle a fait valoir que les difficultés apparues dans le montage des projets des transports collectifs urbains ne pouvaient être surmontées, à lexpérience, quà léchelle des agglomérations, et quil fallait dès lors encourager les efforts consentis pour une organisation dans ce cadre, afin de permettre la mise en oeuvre de projets lourds techniquement et financièrement. Elle a inscrit, en conséquence, la prise en considération des pays ou des agglomérations dans une dynamique de projet.
Se démarquant de lopposition tranchée entre ville et campagne et de la démarche de réparation quelle attribue à la loi Pasqua, elle a précisé quelle avait souhaité, sans remettre en cause systématiquement les dispositifs utiles que comportait cette loi en faveur du développement rural, proposer un projet permettant une meilleure adaptation des outils de la politique daménagement du territoire aux attentes des 80 % de la population habitant en zone urbaine. Elle a annoncé quelle avait prescrit une évaluation des instruments financiers institués par la loi de 1995, comme les zones de revitalisation rurale ou les territoires ruraux de développement prioritaire.
La Ministre a ensuite confirmé la poursuite de la politique de délocalisation demplois publics et privés hors du grand bassin parisien, dont linstrument financier est le Fonds daide à la délocalisation ; elle a relevé la difficulté paradoxale dassurer une consommation correcte des crédits, quelle a imputée à des refus de dossiers eux-mêmes explicables par la crainte paradoxale de ne pouvoir faire face à toutes les demandes. Elle a rappelé que, sur un objectif de délocalisation de 30.000 emplois publics dici lan 2000, 26.000 emplois avaient fait lobjet, à ce jour, de décisions, dont 12.600 avaient fait lobjet de délocalisations effectives, 4.000 étaient en cours dexécution et 9.400 étaient en attente dexécution. Elle a estimé que le succès des actions de délocalisation dépendait des efforts de concertation et daccompagnement social, notamment en faveur de lemploi des conjoints, de ces délocalisations, et a souligné que lÉtat transférait des emplois et non des personnes, de sorte que les fonctionnaires qui refuseraient la délocalisation seraient invités à rechercher dans dautres services du ministère les emplois correspondant à leurs compétences. Elle a enfin indiqué que les programmes de délocalisation visaient la constitution de pôles de compétences permettant la valorisation maximale de leur mise en uvre dans les villes daccueil
Mme Nicole Bricq, faisant état dune perspective daugmentation de plus de 15% des crédits pour 1999 en matière denvironnement, sest enquise de lampleur de leffort budgétaire consenti en faveur de la recherche. Notant avec satisfaction que lADEME recevrait, en 1999, une dotation spécifique supplémentaire de 500 millions de francs qui mettrait un terme à la tendance constante à la débudgétisation des années précédentes, elle a souhaité des précisions sur les orientations de la politique de lutte contre la pollution et ses prolongements fiscaux.
M. JeanPierre Balligand, constatant que les décisions budgétaires relatives à la prime daménagement du territoire étaient de fait arbitrées par le ministère des finances et non par la DATAR, a déclaré redouter que la réforme annoncée du régime de cette prime ne soit, sous couleur de modernisation, loccasion dune diminution de la politique de délocalisation, alors que les pays européens les plus libéraux consacraient quatre à cinq fois plus de crédits à de telles actions. Il a attribué lamélioration récente de la consommation des crédits, dont sétait prévalue la Ministre, à la reprise économique et à laugmentation des investissements des entreprises qui laccompagne. Se refusant, à propos du zonage, à instruire le procès de la Commission des communautés européennes, il a rappelé les difficultés surgissant lorsque, par suite dune sous-consommation de crédits, les élus étaient confrontés à lobligation de restituer des aides dont ils avaient vigoureusement demandé loctroi, et sest prononcé en conséquence pour une simplification de la réglementation des zones dans le sens dune amélioration de laide à la compétitivité. Rappelant lopposition quil avait exprimée en son temps à la fusion des fonds spécifiques (FIAT, FIAM, GIRZOM...) au sein du Fonds national daménagement du territoire (FNADT), il a considéré que les régions les plus marginales avaient toujours souffert de la tendance à la globalisation et sest interrogé sur lopportunité de conserver le FNADT dans sa forme actuelle.
M. Christian Cuvilliez a exprimé des doutes sur lefficacité de la fiscalité écologique, dont le coût est répercuté sur le consommateur final par les entreprises assujetties et porte ainsi atteinte au pouvoir dachat. Il a estimé que le principe du pollueurpayeur semblait constituer un droit de polluer, dès lors quon était en mesure dacquitter une taxe. Il a suggéré, plutôt que daugmenter la fiscalité pesant sur le diesel, de diminuer les taxes frappant les carburants ordinaires. Abordant la question du traitement des déchets, il a rappelé que lassociation des maires de France sétait interrogée sur lapplication de la loi du 13 juillet 1992, et sur la réalité des partenariats et de la programmation quelle impliquait, et regretté que les collectivités locales soient désignées comme responsables alors que les pollueurs étaient en amont et les profiteurs, cest-à-dire les prestataires de services, en aval. Évoquant les propositions faites en faveur de lassujettissement des opérations de traitement de déchets au taux réduit de TVA, il a appelé à un soutien plus rigoureux de lÉtat et de lADEME aux collectivités locales, rappelant que seulement 75 % des plans départementaux délimination des déchets étaient aujourdhui publiés.
Après avoir estimé, en accord avec M. Jean-Pierre Balligand, que la prime à laménagement du territoire était un élément important du montage des dossiers dinvestissements étrangers en France, M. Pierre Méhaignerie a fait part des inquiétudes des élus quant à lémergence de nouvelles structures intercommunales consacrées à la négociation des prochains contrats de plan alors quun consensus semblait se dessiner en faveur dun rassemblement des communautés de communes existantes.
Attentif à ne pas renforcer la traditionnelle opposition ville/campagne, il a souhaité savoir si le ministère disposait dune base scientifique incontestable permettant de mesurer le volume dargent public, dotation globale de fonctionnement comprise, consacré aux différentes régions françaises et, au sein des régions, entre les zones rurales et urbaines.
M. Pierre Méhaignerie sest enfin prononcé en faveur dune simplification et dune stabilisation des règles et des procédures régissant les aides à laménagement du territoire et il a déclaré ressentir une certaine confusion de la part du gouvernement dans ce domaine puisque ses orientations napparaissaient pas clairement non plus que la définition de ce quil appelait développement durable.
M. Jean-Jacques Jegou a dabord interrogé la Ministre sur les mesures incitatives et industrielles permettant dassurer la promotion des carburants propres pour lesquels la balance commerciale française était déséquilibrée alors que le diesel bénéficiait de mesures fiscales favorables. Il a précisé que le GPL était souvent victime de fausses affirmations comme le montrait linterdiction de laccès de certains parkings aux véhicules GPL au prétexte dun risque accentué dexplosion, ce qui était complètement infondé.
Il a ensuite souhaité savoir si le gouvernement entendait aider les communes qui avaient mis en place une politique de collecte des produits toxiques comme les piles, les peintures ou encore les batteries puisque ce type de tri sélectif nétait pas actuellement soutenu par lADEME.
M. Pierre Hériaud a demandé des informations sur les engagements de lÉtat au titre de la directive territoriale daménagement consacrée à lestuaire de la Loire, actuellement en cours délaboration. Il sest plus précisément interrogé sur la contradiction apparente dans les zones humides entre la volonté de reforestation et celle de privilégier le peuplement de lespace rural, sur les critères qui régiraient les contrats-type dexploitation et sur les difficultés de promouvoir le tourisme vert dans les zones de protection spéciale.
Après avoir indiqué que le chiffre de 12 milliards de francs cité par la Ministre pour évaluer leffort de lÉtat au titre des fonds structurels lui paraissait considérable, et, en tout état de cause, excéder les crédits budgétaires du seul ministère de laménagement du territoire, M. Yves Deniaud a affirmé que les 10 milliards de francs actuellement consacrés par lUnion européenne à cette politique ne seraient pas reconduits après la réforme en cours de discussion et quil conviendrait de réfléchir à des dispositifs de remplacement en faveur des régions qui ne figureraient plus dans le nouveau zonage européen, ce qui poserait le problème de ladéquation entre les zonages nationaux et les zonages européens.
Il a déploré la sous-consommation des crédits quil a attribuée à lattitude de ladministration nationale dans le traitement des dossiers et qui se caractérisait par une volonté de retardement au prétexte de la complexité des procédures.
Après avoir demandé des informations sur le calendrier de la discussion parlementaire du projet de loi dorientation pour laménagement durable du territoire, qui devrait privilégier une approche modeste et efficace à la différence des gouvernements précédents qui avaient pu susciter en cette matière certaines déceptions, M. Jean-Louis Idiart a souhaité la mise en place dun inventaire des services publics afin déviter des fermetures anarchiques et démultipliées. Il a ensuite souhaité savoir quelle forme prendrait la consultation des collectivités territoriales sur la réforme du réseau de la Banque de France et a déploré la sous-consommation des crédits des fonds structurels, quil a rapprochée de lattitude de ladministration qui agissait plus souvent comme un frein que comme un animateur, mais aussi de labsence de services techniques suffisants dans de nombreuses collectivités territoriales, ce qui naccélérait pas les dossiers. Il a jugé inadmissibles les détournements de procédure parfois commis par ladministration comme le montrait lexemple des trésoriers payeurs généraux qui sétaient érigés récemment en juges de lopportunité des projets financés par la procédure LEADER II. M. Jean-Louis Idiart sest ensuite successivement interrogé sur :
limportance des crédits budgétaires consacrés à lentretien des cours deau domaniaux qui présentaient des dangers, notamment en zone de montagnes ;
les modalités de la contractualisation et le volume des crédits prévus en faveur du réseau Natura 2000 ;
le suivi administratif de la réintroduction de certains fauves qui avait parfois entraîné, dans certaines régions, une crispation des populations concernées ;
la date de la prochaine réunion du Conseil national de la montagne.
M. Jacques Guyard a souhaité savoir si la prochaine réunion du comité interministériel daménagement du territoire fournirait loccasion dexaminer les questions de lintercommunalité en Ile-de-France, actuellement absente en raison de la saturation de loccupation de lespace et des écarts importants entre les différentes collectivités locales, ainsi que dune meilleure coordination des crédits consacrés à la politique de la ville.
Le Président Augustin Bonrepaux a insisté sur la nécessité de remédier à la complexité des procédures dutilisation des moyens destinés à laménagement du territoire, quil a considérée comme la principale cause de sousconsommation des crédits. Après avoir rappelé que, lors de lexamen de projet de budget pour 1998, la commission des Finances avait adopté une observation visant à maintenir le niveau des crédits affectés aux zones de revitalisation rurale, il a interrogé la Ministre sur les mesures susceptibles de maintenir lefficacité de ce dispositif pour la réalisation de projets dampleur restreinte en milieu rural. Il a, dautre part, souhaité connaître les suites qui seraient réservées aux propositions faites par M. Jean Auroux en faveur de la reconfiguration de zonage.
Répondant aux intervenants, la Ministre a fourni les précisions suivantes :
laugmentation de 16,6 % des crédits de lenvironnement prévue pour 1999 permettra de faire face aux obligations de lÉtat en matière de prévention des risques naturels et industriels, d« écotoxicologie », de qualité de lair et de leau, ainsi quaux engagements du fonds de gestion des milieux naturels ; elle permettra également de créer 140 emplois pour renforcer les effectifs de ladministration centrale, des DIREN et des DRIRE. Les crédits de laménagement du territoire seront simplement reconduits ; le plan de réduction progressive des effectifs de la DATAR, incompatible avec lampleur de ses tâches de gestion des fonds structurels et de la prime à laménagement du territoire, a été abandonné;
lenvironnement nécessite des moyens supplémentaires en matière de recherche fondamentale et de recherche appliquée qui auraient tout avantage à venir compléter le budget civil de recherchedéveloppement du ministère ;
lexécution de la directive Natura 2000 se fera selon la voie contractuelle et ne suivra pas une logique dexpropriation ou de privation de jouissance à lencontre de propriétaires ou dexploitants. Le ministère de lenvironnement renoncera à créer un site Natura 2000 dans les territoires où cette procédure entraînera des contraintes trop lourdes mettant en cause des activités indispensables. Son objectif est de mettre en place des pratiques dexploitation respectueuses de lenvironnement ;
lADEME bénéficiera de 500 millions de francs supplémentaires pour développer la maîtrise de lénergie et les énergies renouvelables, la lutte contre les pollutions constituant désormais un secteur économique porteur et créateur demplois au sein duquel les compétences françaises sont reconnues et suscitent de nombreuses demandes de la part des pays étrangers ;
les critères de sélection de la politique daménagement du territoire demandent à être révisés afin de permettre un traitement plus sélectif des dossiers, le montant actuel de la prime daménagement du territoire nétant pas suffisamment attractif pour certains projets et le nombre minimal de vingt créations demplois exigé étant trop important pour le développement de petites entreprises dans des zones en difficulté où ces entreprises pourraient jouer un rôle dentraînement significatif ;
il existe dans tous les domaines dimportantes distorsions de concurrence entre pays européens ; on ne peut sempêcher de remarquer que certains pays comme lIrlande ont été jugés éligibles à leuro et donc capables de faire face à certains impératifs économiques, tout en bénéficiant du fonds de cohésion et de lobjectif 1 (promouvoir le développement et lajustement structurel des zones en retard de développement), ce qui leur permet dattirer des entreprises en pratiquant un taux de taxe professionnelle particulièrement bas ;
la simplification des zonages est la meilleure réponse aux risques de marginalisation des territoires touchés par la globalisation des fonds , le Gouvernement étudiant actuellement les suites à donner au rapport de M. Jean Auroux dont elle a déclaré partager le constat et les grandes orientations ;
lefficacité de la fiscalité écologique comme instrument de modification des comportements dépend du niveau de la taxe, et des exemples étrangers montrent quune telle modification est possible. On ne peut nier lexistence du risque dintégration de la taxe dans les prix, notamment dans le secteur agricole, compte tenu du coût de la dépollution, mais il ne faut pas sous-estimer le coût de certaines pratiques pour la santé, et le coût de la dégradation des milieux commence seulement à apparaître. Lintroduction dune TVA réduite dans certains secteurs, comme les déchets ménagers, la filière bois et lénergie serait une bonne mesure ;
sil na pas les moyens dordonner la fermeture des exploitations déficientes, lÉtat doit mettre les élus locaux devant leurs responsabilités en matière de traitement des déchets, en faisant valoir quils ont dores et déjà disposé de sept années pour procéder à la mise aux normes prévue par la réglementation, et en rappelant que lADEME apporte un soutien important à cette action ;
les procédures contractuelles liées à laménagement du territoire doivent saccompagner dun développement de lintercommunalité, les contrats devant être passés avec des syndicats de communes de préférence à des structures de type associatif ;
la multiplicité des financements en cause et labsence de distinction claire entre zones rurales et urbaines rendent difficile une évaluation précise des moyens réservés, dans chaque région, à chacune de ces zones ;
les projets du Gouvernement en matière de fiscalité des carburants sont motivés par un souci de rééquilibrage, le gazole ne présentant aucune particularité scientifique justifiant un traitement de faveur. Une compensation au profit des transporteurs routiers est envisagée de manière à accélérer la modernisation de ce secteur.
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La Commission a ensuite procédé à lexamen du rapport dinformation, présenté, en application de larticle 146 du Règlement, par M. Charles de Courson, rapporteur spécial du budget annexe des prestations sociales agricoles, sur la Caisse de Mutualité sociale agricole de Corse.
M. Charles de Courson a indiqué quil sétait rendu en Corse du 17 au 19 juin dernier, afin de procéder à un contrôle sur pièces et sur place de la Caisse de Mutualité sociale agricole (MSA) dans le cadre de ses prérogatives de rapporteur spécial. Il a déclaré quaprès avoir envisagé de rendre publiques ses constatations dans le cadre dun rapport annexé à son rapport spécial sur le BAPSA, il avait proposé au Président de la Commission de publier un rapport dinformation distinct, comme ly autorise larticle 146 du Règlement. Il a ensuite évoqué successivement les éléments anormaux découverts lors de son contrôle : les conditions dimmatriculation des exploitants agricoles à la MSA ; la faiblesse de lassiette de leurs cotisations ; le recouvrement désastreux de ces cotisations ; la dérive statistique de certaines prestations ; les défaillances de la gestion de la Caisse de Corse.
En ce qui concerne les conditions dimmatriculation à la MSA, il a tout dabord souligné que sur environ 3.500 exploitants agricoles affiliés en Corse, 1.500 étaient, il y a quelques années, des éleveurs sans titres fonciers immatriculés sur le seul fondement de la possession de 13 unités de gros bétail au moins, possession attestée par de simples certificats de vaccination ; il a précisé que cette pratique contraire à la législation en vigueur navait cessé quen 1993, la vérification des dossiers alors engagée ayant conduit à plus de 300 radiations. Il a cependant considéré que limmatriculation nétait toujours pas assurée dans des conditions satisfaisantes en Corse, compte tenu dune part des difficultés résultant de labsence de déclaration des successions et donc de la médiocrité du cadastre, dautre part de la nature des « preuves » dexploitation fournies dans les dossiers, lesquelles ne sont pas, sauf exception, des baux ruraux ou des conventions de pâturages en bonne et due forme, mais de vagues attestations rédigées sur papier libre...
Sagissant de lassiette des cotisations sociales dues par les exploitants, il a fait part des considérations qui lamenaient à penser quelle était sousévaluée de moitié : dune part, il lui paraissait improbable que les 93 % dexploitants agricoles corses soumis au régime du forfait collectif vivent réellement avec 14.200 francs par an, ce qui était le forfait moyen en 1997 ; dautre part, le recoupement avec les comptes économiques de lagriculture faisait bien apparaître un rapport de lordre de 1 à 2 entre lassiette sociale déclarée et lestimation du revenu net dexploitation de la région. Il a indiqué que cet écart provenait sans doute moins de la sousestimation du forfait à lhectare que de la sousdéclaration des surfaces exploitées, en labsence de recoupements entre administrations.
Abordant la question du recouvrement des cotisations, il a déclaré que le taux de recouvrement final des cotisations agricoles était difficile à évaluer du fait de linsuffisance des instruments comptables de la Caisse de mutualité sociale de Corse, indiquant cependant que sur les années 1994 à 1997, le taux de recouvrement moyen des cotisations durant leur exercice démission avait été seulement de 38 %. Il a comparé ce taux avec ceux observés par la MSA sur lensemble du territoire, supérieurs à 90 %, mais aussi le taux de recouvrement des cotisations salariales par lURSSAF en Corse, qui a atteint 91 % en 1997. Il a souligné quil était inacceptable que des établissements publics et des organismes agricoles, comme la SAFER, lOffice national des forêts, le Crédit agricole, les Centres départementaux des jeunes agriculteurs et les Fédérations départementales des syndicats dexploitants agricoles ne paient pas leurs cotisations ; il sest étonné du non retrait par ladministration fiscale de lagrément du Centre rural de gestion, alors même que celuici devait un montant considérable de cotisations. Il a ensuite dénoncé linsignifiance de la politique de recouvrement forcé, notant que la transmission à un huissier coordonnateur de plus de 3.500 dossiers de 1993 à 1998 navait conduit, par exemple, quà deux liquidations judiciaires et huit saisiesarrêt sur salaires...
Il a souligné que le non recouvrement avait conduit à laccumulation dune dette de plus de 900 millions de francs visàvis de la caisse de MSA, dette dont les trois quarts seraient concentrés sur environ 500 exploitations. Il a précisé que la dette visàvis de la MSA des personnes citées dans le récent rapport de lInspection générale des finances sur la Caisse de Crédit agricole atteignait 26 millions de francs. Il a enfin indiqué que le non paiement des cotisations entraînait en permanence la déchéance visàvis de lassurance maladie de plus dun millier dexploitants corses et évoqué léchec des mesures gouvernementales successives de règlement de la dette, à peine 10 % des plans conclus dans le cadre des mesures de 1988-1990 ayant, par exemple, été respectés ; à ce propos, il a dénoncé la perversion dun système conduisant certains à cumuler les impayés pour bénéficier de ces mesures.
Sagissant des dépenses de prestations sociales, il a observé que le secret médical avait limité ses investigations. Il a mentionné les écarts statistiques considérables que lon relevait dans lattribution de certaines prestations entre la Corse et la moyenne nationale : cet écart est de 1 à 3, voire 1 à 4 pour les pensions dinvalidité et les allocations dadultes handicapés, de 1 à 2 pour les accidents du travail agricoles ; le nombre de jours darrêt maladie par salarié agricole est supérieur à 20. Il a également souligné laugmentation récente mais très rapide du nombre dallocataires du RMI dans le monde agricole. Rapportant les entretiens quil a eus avec le médecin conseil de la Caisse, il a fait part de son étonnement devant les explications avancées par celuici à propos de la surconsommation médicale, soit quelles ne puissent justifier un écart à la moyenne nationale (par exemple, lexplication par le vieillissement de la population, qui nest pas spécifique à la Corse), soit quelles paraissent peu convaincantes (par exemple, linvocation dun « stress » lié à linsularité). Il a enfin observé que les conséquences du non recouvrement comme celles de la distribution généreuse de certaines prestations étaient financées par la solidarité nationale, que ce soit celle du contribuable ou des autres exploitants et employeurs agricoles.
En ce qui concerne la gestion de la Caisse de Corse, il a en premier lieu observé quelle était la moins productive de France, avec un sureffectif qui pouvait être de lordre de 40 %, ce qui nétait pas étonnant quand lon constatait que sur un effectif budgétaire de 141 agents, 14 étaient en longue maladie et 5 en invalidité, tandis que le taux dabsentéisme maladie des autres agents avoisinait les 10 %. Il a ensuite critiqué le régime comptable dérogatoire établi en 1988, qui avait délivré la Caisse de toute responsabilité financière en matière de recouvrement et a souligné lextrême difficulté dun retour à léquilibre de gestion de la Caisse, qui nécessiterait une diminution de 20 à 25 % de ses dépenses de gestion.
Il a conclu en évoquant les moyens dun retour à une situation normale :
une grande rigueur dans la constitution des dossiers dimmatriculation des exploitants, qui devraient comporter des titres de propriété et dexploitation en bonne et due forme ;
des recoupements systématiques entre administrations pour contrôler les surfaces agricoles déclarées ainsi que louverture des droits à prestations (conditions de ressources, condition de vie) ;
un plan social pour accompagner la nécessaire cessation des exploitations non viables, dont le nombre serait compris dans une fourchette de 250 à 800, ainsi que des mesures de relance des filières agricoles prometteuses ;
lapplication systématique, à lavenir, de toutes les procédures de recouvrement forcé ;
la saisie, le cas échéant, des aides publiques ;
une rotation régulière des médecins assurant le contrôle médical ;
de très importantes économies sur la gestion de la Caisse , ce qui posait la question de sa fusion avec une caisse continentale.
M. Dominique Baert a félicité le Rapporteur pour le caractère exhaustif de son enquête.
M. Raymond Douyère sest demandé sil ne convenait pas que le Rapporteur étende ses travaux à des caisses de mutualité sociale du continent afin de mieux renforcer la pertinence de ses conclusions.
M. Gilbert Mitterrand sest interrogé sur larticulation des travaux du Rapporteur spécial avec ceux de la commission denquête sur la Corse constituée, depuis mars dernier, à lAssemblée nationale.
Répondant aux intervenants, M. Charles de Courson a souligné que la Caisse de la Mutualité sociale agricole de Corse était la seule à connaître un recouvrement aussi faible des recettes. En matière de prestations, il a indiqué que la COTOREP attribuait lallocation aux adultes handicapés sans même procéder à un examen du bénéficiaire. Il a précisé que, daprès ses estimations, le taux de recouvrement final des cotisations agricoles (à distinguer du taux de recouvrement sur lexercice démission, qui est de 38 %) était de lordre de 70 %, soit 80 % pour les cotisations sur salaire (régime des salariés agricoles) et 50 % pour les cotisations sur le revenu des exploitants (régime des non salariés). Il a enfin souligné quà la demande de son Président, il avait récemment fait part, oralement, des conclusions de son enquête à la commission denquête sur la Corse rappelant que le Rapporteur de cette commission lavait en partie accompagné durant son déplacement.
Le Président Augustin Bonrepaux a félicité M. Charles de Courson pour le travail quil avait accompli, souhaitant que dautres rapporteurs spéciaux suivent son exemple. Afin déviter que les travaux menés par M. Charles de Courson ninterfèrent avec ceux de la commission denquête, il a suggéré que la publication du rapport nait lieu quà compter du 1er septembre prochain.
Sous cette réserve, la Commission a autorisé la publication du rapport dinformation.
fpfp
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