ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION DES FINANCES,
DE LÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN
COMPTE RENDU N° 6
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 7 octobre 1998
(Séance de 21 heures 15)
Présidence de M. Augustin Bonrepaux, Président
SOMMAIRE
Suite de lexamen des articles de la première partie du projet de loi de finances pour 1999 (n° 1078) (M. Didier Migaud, Rapporteur général)
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- Après lart. 28
- Art. 29
- Après lart. 29
- Après lart. 30
- Après lart. 31
- Art. 33
- Art. 34
- Art. 35
- Art. 36
- Art. 37
-Årt. 38
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- Art. 39
- Art. 40
- Art. 41
- Art. 42
- Après lart. 19
- Art. 23
- Art. 24
- Art. 43
Seconde délibération
Vote sur lensemble de la première partie
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La Commission des finances, de léconomie générale et du Plan a poursuivi, sur le rapport de M. Didier Migaud, Rapporteur général, lexamen des articles de la première partie du projet de loi de finances pour 1999 (n° 1078).
Après larticle 28 :
La Commission a examiné un amendement du Rapporteur général, visant à mieux prendre en compte les spécificités du fonctionnement des sociétés dassurance mutuelles.
Le Rapporteur général a précisé que ce dispositif visait à renforcer les fonds propres de ces sociétés, en assimilant, sur le plan fiscal, à des apports les droits dadhésion versés par les nouveaux sociétaires. Il a évalué le coût de cette mesure à 100 millions de francs.
M. Philippe Auberger ayant demandé sil ne sagissait pas dune anticipation sur les résultats de la mission créée par le Gouvernement sur les sociétés dassurance mutuelles, le Rapporteur général a répondu par la négative.
La Commission a adopté cet amendement.
La Commission a examiné un amendement présenté par M. Christian Cuvilliez, visant au plafonnement de la taxe dhabitation pour les contribuables dont la cotisation dimpôt sur le revenu nexcède pas 18 000 francs.
Le Rapporteur général sest déclaré défavorable à ladoption dune telle mesure, faisant valoir que de la réforme de la taxe dhabitation serait abordée dans le cadre du collectif budgétaire.
La Commission a rejeté cet amendement.
La Commission a examiné un amendement présenté par M. Christian Cuvilliez, complétant le précédent et tendant à accroître le dégrèvement doffice de la taxe dhabitation dont bénéficient les contribuables ayant des revenus modestes.
Le Rapporteur général a, pour la même raison que précédemment, émis un avis défavorable.
La Commission a rejeté cet amendement.
La Commission a examiné un amendement de M. Jean-Pierre Brard, visant à instituer pour les bénéficiaires de minima sociaux, un mécanisme de dégrèvement doffice de la taxe foncière.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a également rejeté un amendement de M. Christian Cuvilliez, supprimant le mécanisme de restitution de lavoir fiscal.
Article 29 : Réforme de la taxe professionnelle :
La Commission a examiné un amendement de suppression présenté par M. Pierre Méhaignerie.
M. Pierre Méhaignerie a considéré que la réforme, proposée de façon très précipitée, serait moins efficace, en terme de créations demplois, que la poursuite de la baisse des charges sur les bas salaires, qui pourrait être accompagnée par des conventions de branches et par des incitations fortes de retour au travail. Il a fait état de plusieurs simulations montrant que la mesure envisagée avantagerait les entreprises de services à hauts salaires, au détriment des entreprises industrielles à fort taux de main duvre soumises à la concurrence internationale. Il a estimé que cette réforme allait déresponsabiliser les collectivités locales, qui allaient être de plus en plus dépendantes de lEtat, celles ayant un taux de taxe professionnelle inférieur à la moyenne risquant de devoir doubler leurs cotisations.
Le Rapporteur général sest déclaré défavorable à lamendement. Il a estimé que la proposition du Gouvernement était positive, notant, en outre, quelle allait concerner, dans un premier temps, les petites et moyennes entreprises. Il a ajouté que la taxe professionnelle était décriée par tous les acteurs économiques, y compris les chefs dentreprises, mais considéré quil faudrait apprécier progressivement les effets de la réforme au niveau des collectivités locales et des entreprises. Enfin, le Rapporteur général a indiqué que les allégements de charges sociales évoqués par M. Pierre Méhaignerie représenteraient un coût de lordre de 80 milliards de francs.
M. Alain Claeys sest déclaré peu convaincu par le discours sur la déresponsabilisation des collectivités locales. Il a souhaité que lon aille plus vite dans la voie des réformes de la taxe dhabitation et de la taxe professionnelle dagglomération. Sagissant des dispositions de larticle 29, il a fait valoir que la taxe professionnelle était, à bon droit, considérée comme un impôt anti-économique et anti-social et que les orientations retenues étaient satisfaisantes, en tant quelles paraissaient susceptibles de favoriser lemploi. Il a ajouté que la poursuite de la baisse des charges sociales, sujet différent, posait le problème de sa méthode de financement.
M. Daniel Feurtet a demandé si la France devait devenir un pays à bas salaires et faibles charges sociales, plutôt quun pays à haute valeur ajoutée. Il sest déclaré favorable à la suppression de la part des salaires dans la taxe professionnelle, mais a demandé comment on allait réalimenter la taxe professionnelle. Il a suggéré de regarder du côté des actifs financiers des entreprises pour les intégrer dans lassiette de calcul, car il faut éviter de faire supporter le coût de la réforme à lensemble des contribuables.
M. Gilles Carrez a dénoncé les conditions dans lesquelles la réforme de la taxe professionnelle avait été révélée par la presse au mois de juillet. Il a souligné lalliance objective du ministère de léconomie et des finances et du patronat, au détriment des collectivités locales. Il a dit sa conviction que la suppression de la part des salaires dans le calcul de la taxe professionnelle entraînerait, à terme, la disparition de cette dernière. Quant à lindexation de la dotation globale de fonctionnement sur les prix et la moitié de la croissance, proposée par le Gouvernement à titre de compensation, M. Gilles Carrez a fait valoir que ce dispositif entraînerait seulement une augmentation de 2,3% des ressources, alors même que le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 était fondé sur une progression de la masse salariale estimée, pour 1999, à 4,2%. Il a considéré également que lEtat allait tirer de nombreux avantages financiers de la réforme, au détriment des collectivités locales, qui nauraient, de surcroît, plus aucun intérêt à sunir pour attirer des entreprises. Concluant son propos, M. Gilles Carrez a souscrit aux observations de M. Pierre Méhaignerie et souligné limportance de la baisse des charges sur les salaires.
M. Charles de Courson a fait part de son scepticisme quant à la capacité de la réforme proposée de déboucher sur la création de 100.000 emplois en cinq ans. Récapitulant lensemble des éléments chiffrés, il a rappelé que lallégement effectif de la charge fiscale des entreprises serait de 7,2 milliards de francs en 1999, sous réserve dun prélèvement supplémentaire de 2 milliards de francs lannée suivante au titre de limpôt sur les sociétés ou de limpôt sur le revenu. Il a souligné que ce chiffre représentait une proportion extrêmement faible (0,2%) de lensemble de la masse salariale, cotisations sociales comprises, estimée à 2.400 milliards de francs. Il a considéré quà lissue de la période de cinq ans, le montant net de lallégement de taxe professionnelle représenterait 27 milliards de francs, soit 1,2% de cette même masse salariale et que leffet de la réforme serait également négligeable sur le coût du travail, toutes les études montrant que les dispositifs daide à la création demplois nétaient efficaces que sils représentaient une proportion significative dau moins 5 à 6% du coût du travail.
M. Charles de Courson a, ensuite, précisé quune approche plus fine, par catégorie dentreprises, renforçait ses craintes, dans la mesure où nombre dentreprises verraient leurs cotisations saccroître en raison de laugmentation de la cotisation de péréquation et de la cotisation minimale ou de la suppression du dispositif de la réduction pour embauche et investissement (REI). Il a estimé à 20% la proportion des entreprises concernées, et a jugé que ce dispositif conduirait à des destructions demplois dans certaines dentre elles. Il en a conclu quune mesure de lissage serait nécessaire et que lon retomberait rapidement dans les errements du passé, avec laccumulation des dispositions de plafonnement ou de modération de limpôt. Concluant sur ce point, il a repris largument précédemment évoqué par M. Pierre Méhaignerie, selon lequel les entreprises industrielles ne bénéficieraient pas de la réforme, puisquelles étaient les moins taxées sur les salaires et les plus capitalistiques, et il a estimé que lemploi ne pouvait être favorisé que par une réduction des cotisations sociales, thèse partagée tant par léconomiste M. Edmond Malinvaud que par la ministre de lemploi et de la solidarité, Mme Martine Aubry.
M. Charles de Courson sest ensuite inscrit en faux contre le deuxième argument avancé par les promoteurs de la réforme, celui de la simplification de la gestion des entreprises, relevant que les opérations les plus complexes concernaient la partie relative aux investissements de la déclaration et non la partie relative aux salaires.
Il a ensuite jugé que la modification des règles de la taxe professionnelle conduirait à un affaiblissement de la démocratie locale, puisque les collectivités ne bénéficieraient plus dun impôt directement levé par elles, mais dune compensation calculée en fonction des bases imposables en 1999, intégrée par la suite à la dotation globale de fonctionnement. Il a observé que, dans ces conditions, la proportion du produit de la taxe professionnelle provenant de lEtat, qui est actuellement de 30%, sélèverait, à terme, à 55%. Il a ajouté que cette évolution pouvait sinterpréter en termes idéologiques, en ce quelle était conforme aux thèses ultralibérales mises en oeuvre au Royaume-Uni et reposait sur lidée que le contrôle de la dépense publique était assuré grâce au financement des collectivités par des dotations dEtat et par des prélèvements locaux pesant exclusivement sur les ménages, ces derniers mesurant immédiatement le poids de lévolution de la charge publique.
M. Charles de Courson a ensuite abordé la question de la compensation, estimant quun système de dégrèvement représentait le minimum de ce qui était nécessaire. Il a ensuite insisté sur le fait que la réforme nallait pas, contrairement à ce qui avait été dit, dans le sens dune meilleure péréquation, puisquune compensation intégrée à la DGF ne se partageait pas.
En conclusion, M. Charles de Courson a jugé indispensable un rejet de la réforme et a souhaité que lon prenne acte de ce quil en prévoyait des effets si désordonnés quil serait nécessaire dintroduire des mesures de lissage, rendant encore plus complexe un dispositif qui létait autant quune « usine à gaz ».
Après sêtre étonné de limportance du nombre des défenseurs de la taxe professionnelle, M. Francis Delattre a fait part de laccord du groupe Démocratie libérale avec le principe de la suppression de la part salariale de la base de cette taxe. Il a, néanmoins, estimé quun certain nombre de questions ne devaient pas rester sans réponse, notamment celles des garanties sur lévolution de la compensation. Il a rappelé que lexpérience passée rendait nécessaire un examen attentif des modalités précises de cette compensation et de lévolution de la dotation correspondante. Il a demandé au Rapporteur général des précisions sur létat des négociations avec le Gouvernement sur ce point. Il a ensuite insisté sur le fait que le problème de fond de la taxe professionnelle, celui de la péréquation, dépendait du contenu du futur projet de loi relatif à lintercommunalité, lequel prévoyait une extension de la taxe professionnelle dagglomération.
Après avoir indiqué quil souscrivait à lidée dune diminution de la part de la taxe professionnelle dans les ressources des collectivités locales, M. Philippe Auberger a regretté limprovisation dans laquelle la réforme proposée avait été élaborée. Lhistoire de cette taxe, a-t-il poursuivi, montre que les Gouvernements successifs qui avaient voulu improviser sétaient lourdement trompés.
Il a jugé que les effets du triplement, dès la première année, de la cotisation minimale seraient particulièrement brutaux et a regretté que lon ne montrât pas la même prudence que celle dont il avait lui-même tenté de faire preuve, lors de linstauration de la taxe minimum, il y a quelques années, en instituant une clause de sauvegarde. Il a également déploré le télescopage de la réforme proposée avec celle relative à lintercommunalité.
Enfin, M. Philippe Auberger a noté que cette réforme de la taxe professionnelle entraînait une véritable renationalisation des ressources, contraire à la liberté des collectivités locales, revenant ainsi sur la décentralisation opérée en 1982.
M. Marc Laffineur a dabord insisté sur limportance de la réforme proposée, mais, sappuyant sur les résultats du rapport sur les aides des collectivités locales aux entreprises, quil avait rédigé lors dune mission auprès du précédent Gouvernement, a regretté que celle-ci se fît dans limprovisation. Il a noté que le résultat le plus paradoxal du dispositif proposé serait de favoriser les hypermarchés, alors même que ce secteur nétait pas nécessairement celui dont les charges devaient être le plus allégées. Il sest ainsi associé à lidée de M. Pierre Méhaignerie, selon laquelle la réduction des charges sociales, notamment sur les bas salaires, représentait le dispositif le plus favorable aux créations demplois. Sur lestimation dune création de 100.000 emplois en cinq ans, il a souhaité que le ministre de léconomie, des finances et de lindustrie fît part à la Commission des études ayant permis daboutir à ce résultat. Il sest ensuite inquiété des modalités de compensation, craignant que celles-ci ne tournent au désavantage des collectivités locales, avant de sassocier aux précédentes observations et de déplorer laugmentation de la proportion du produit de la taxe professionnelle payée par lEtat, jugeant cette situation contraire à la liberté dadministration de ces collectivités.
M. Gilbert Gantier a observé que lallégement proposé aurait dû résulter dune diminution de la part des salaires prise en compte dans le calcul de la base, et non pas dune réduction fixée en valeur absolue, afin de profiter aux grandes entreprises dès la première année. Il a également noté quil devait être institué un seul abattement par commune et par redevable, et non par établissement, ce qui créerait des distorsions entre les entreprises selon leurs structures juridiques, que la cotisation minimale passerait de 0,35% à 1% de la valeur ajoutée en 1999 et quil serait interdit de déduire les loyers dès 1999 pour déterminer la valeur ajoutée.
M. Jean-Pierre Balligand a considéré que la réforme nétait pas improvisée, ce qui nétait pas nécessairement de nature à rassurer. Il a estimé quelle profiterait en priorité aux petites entreprises. Il a ajouté quil convenait dêtre vigilant, les conséquences de la réforme pouvant poser problème, non pas en 1999, mais les années suivantes. Il a donc jugé indispensable de faire un bilan dès 1999, pour éviter des conséquences fâcheuses sur la fiscalité des ménages (taxe dhabitation et taxe foncière sur les propriétés bâties), si la compensation savérait insuffisante. Il a ajouté quune perspective de réforme de la taxe professionnelle par la révision de la base salariale nétait pas incongrue et quil aurait fallu mettre en place une taxe professionnelle dagglomération, dans le cadre de lapplication de la loi n° 92-125 du 6 février 1992 dorientation relative à ladministration territoriale de la République.
M. Christian Cuvilliez a estimé que la réforme proposée ne cédait pas à limprovisation, mais constituait au contraire un élément dun tout, dont on ignorait cependant la finalité. Il a considéré que la taxe professionnelle nétait ni absurde, ni injustifiée, mais un impôt économique lié aux services rendus aux entreprises par les communes. Il a ajouté quasseoir cet impôt sur la base salariale avait faussé cette perspective. Il a regretté quaucun dispositif contraignant pour les entreprises ne permette datteindre lobjectif affiché daméliorer lemploi et il a appelé de ses voeux lincorporation des actifs financiers dans les bases de la taxe professionnelle. Il a annoncé que les membres de son groupe ne voteraient pas larticle 29.
M. Pierre Méhaignerie a déploré labsence de simulations et fait état de travaux réalisés par M. Yves Fréville, dans le cadre du laboratoire de recherche quil dirige à Rennes. Il a donné des exemples, selon lesquels lavantage résultant de la réforme serait beaucoup plus élevé pour une entreprise fiduciaire dont les salariés étaient bien rémunérés, que pour une entreprise du secteur agro-alimentaire employant du personnel ayant des bas salaires et ce, dans un rapport de lordre de dix à un. Il a regretté que la France pratiquât dans lindustrie et le secteur du BTP des salaires inférieurs à la moyenne européenne, ce qui décourageait lemploi dans ces secteurs et a réitéré son souhait dune baisse des charges sociales profitant aux salariés.
Le Rapporteur général a observé que lopposition était divisée, ses intervenants évoquant, tour à tour, le caractère improvisé ou le caractère remarquablement étudié de la mesure proposée par le Gouvernement et nétant finalement pas daccord entre eux sur lopportunité de ladopter. Il a ajouté que la substitution dun mécanisme de dégrèvement à la compensation prévue par le texte ne constituait pas une garantie, car un dégrèvement pouvait ne pas assurer une compensation intégrale de la perte subie. Il sest réjoui que la compensation ne doive pas être calculée en référence à lévolution de la base salaire, peu dynamique ces dernières années. Il a admis que, sil ny avait pas de problème de compensation en 1999, des difficultés pourraient survenir à partir de 2000, même si la compensation prévue était relativement intéressante et si la base investissements devait demeurer dynamique. Il sest étonné des critiques portées contre laugmentation des taux de la cotisation minimale de taxe professionnelle, alors que la Commission des finances avait souhaité son relèvement lan dernier.
Le Président Augustin Bonrepaux a rappelé que la compensation de labattement de 16% des bases institué il y a dix ans avait été très mauvaise, estimant quaujourdhui, la perspective dintégration dans la dotation globale de fonctionnement était positive, compte tenu du caractère dynamique de la DGF. Il a constaté que la mise en oeuvre de la cotisation minimale avait été décevante, du fait de la clause de sauvegarde prévue par la précédente majorité. Il a observé que les amendements proposés par le groupe socialiste tendaient à mettre en place des mécanismes de suivi dès 1999, afin de prévenir les difficultés susceptibles de survenir après cette date.
La Commission a rejeté lamendement de M. Pierre Méhaignerie proposant la suppression de larticle.
Elle a ensuite examiné un amendement de rédaction globale de larticle 29 présenté par M. Gilles Carrez, tendant, dune part, à substituer à la compensation proposée la technique du dégrèvement et, dautre part, à limiter lapplication de la réforme à 1999.
M. Gilles Carrez a expliqué que lexpérience de la dotation de compensation de la taxe professionnelle, qui avait été amputée par tous les gouvernements depuis 1992, plaidait en faveur de la technique du dégrèvement.
Sur la proposition du Rapporteur général, la Commission a rejeté cet amendement, puis deux amendements du même auteur ayant le même objet.
La Commission a examiné un amendement présenté par M. Gilbert Gantier ayant pour objet de supprimer les dispositions de larticle prévoyant lextinction de la réduction pour lemploi et investissement (REI) sur deux ans.
M. Gilbert Gantier a rappelé que cette suppression ne seffectuait pas au même rythme que celle de la part salariale. Il a ajouté que la REI concernait, par définition, également linvestissement et que sa suppression porterait atteinte, en définitive, à lemploi.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite adopté un amendement rédactionnel présenté par le Rapporteur général.
La Commission a examiné un amendement de M. Marc Laffineur, visant à rétablir le taux unique de 3,5% pour le plafonnement en fonction de la valeur ajoutée.
M. Marc Laffineur a estimé quau moment où le Gouvernement augmentait sensiblement la cotisation minimale de la taxe professionnelle, il apparaissait inopportun de pérenniser le régime dérogatoire institué en 1995, fixant trois taux différenciés de plafonnement selon le chiffre daffaires des entreprises.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement présenté par M. Gilbert Gantier, ayant pour objet de maintenir la déduction des loyers pour déterminer la valeur ajoutée servant à la mise en oeuvre du plafonnement.
M. Gilbert Gantier a jugé quil était anormal de ne pas considérer les loyers comme une charge. Il a noté qualors que labattement sur les salaires montait très lentement en puissance, les mesures de financement de la réforme étaient, quant à elles, dapplication immédiate.
Le Rapporteur général a précisé que larticle visait, dune part, à assurer une égalité de traitement entre les propriétaires, les locataires et les crédits-preneurs et, dautre part, à permettre aux propriétaires de déduire les amortissements se rapportant aux biens loués, ce qui permettrait à certaines entreprises de réduire le supplément dimposition dû au titre de la cotisation minimale.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite rejeté:
un amendement présenté par M. Philippe Auberger, ayant pour objet déviter la prise en compte de la part incorporelle des redevances de location-gérance pour le calcul de la valeur ajoutée ;
un amendement présenté par M. Marc Laffineur, supprimant laugmentation progressive jusquà 1,5% du taux de la cotisation minimale de taxe professionnelle ;
un amendement de M. Jean-Pierre Brard, prévoyant que les recettes induites par laugmentation des taux de la cotisation minimale alimenteraient, non pas le budget général de lEtat, mais le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle ;
un amendement présenté par M. Christian Cuvilliez, visant à porter à 2% la cotisation minimale de taxe professionnelle pour les entreprises ayant comme raison sociale la gestion de participations dans des sociétés industrielles ou commerciales.
La Commission a ensuite examiné un amendement présenté par M. Marc Laffineur, ayant pour objet de supprimer laugmentation progressive des taux de la cotisation de péréquation de taxe professionnelle.
M. Charles de Courson sest interrogé sur le produit estimé de cette majoration.
Le Rapporteur général a précisé que le produit de la cotisation de péréquation serait de 4,3 milliards de francs en 1999 et de 4,7 milliards de francs en 2003.
M. Pierre Méhaignerie sest inquiété de laspect déresponsabilisant de laugmentation de la cotisation de péréquation pour les collectivités faisant un effort pour limiter la progression de leur fiscalité.
M. Marc Laffineur a ajouté que les collectivités locales navaient pas, en fait, la possibilité de saligner sur la moyenne nationale en matière de taux de taxe professionnelle, car elles seraient obligées daugmenter également la taxe dhabitation, en raison des règles liant lévolution des taux de ces taxes.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement présenté par M. Gilbert Gantier, visant à diminuer la progression des taux de la cotisation de péréquation.
M. Gilbert Gantier a déclaré que la forte progression des taux de la cotisation induirait une charge excessive.
Le Rapporteur général a précisé que la mesure proposée ne représentait quun doublement des taux de la cotisation de péréquation, dont leffet serait dailleurs atténué par le mécanisme de « cliquet ».
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite rejeté :
deux amendements présentés, respectivement, par M. Gilles Carrez et M. Christian Cuvilliez, ayant pour objet daffecter au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle la majoration de la cotisation nationale de péréquation ;
un amendement présenté par M. Pierre Méhaignerie, proposant de remplacer la compensation prévue au titre des pertes de recettes nées de la réforme de lassiette de la taxe professionnelle par un dégrèvement.
La Commission a ensuite adopté trois amendements rédactionnels du Rapporteur général.
Elle a ensuite examiné un amendement présenté par MM. Didier Migaud et Augustin Bonrepaux, cosigné par MM. Marc Laffineur et Gilbert Gantier, ayant pour objet de demander au Gouvernement de remettre un rapport détape avant que le Parlement ne soit appelé à se prononcer sur le projet de loi de finances pour 2000.
M. Charles de Courson a observé que la date de dépôt retenue, fixée au 1er octobre 1999, ne permettrait pas dapprécier correctement les effets de la réforme.
Le Président Augustin Bonrepaux a déclaré que, dans un souci de vigilance, il convenait que le Parlement soit informé dès le dépôt du projet de loi de finances pour 2000 et que cette vigilance ne se relâcherait pas au cours des exercices suivants.
La Commission a adopté cet amendement et larticle 29 ainsi modifié.
Après larticle 29 :
La Commission a rejeté un amendement présenté par M. Christian Cuvilliez, ayant pour objet daffecter les recettes de la cotisation minimale au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
Elle a ensuite examiné un amendement de M. Christian Cuvilliez, visant à revenir progressivement sur la spécificité de France Telecom en matière de fiscalité locale, en faisant bénéficier les collectivités territoriales de la taxe professionnelle payée par cette entreprise.
M. Christian Cuvilliez a rappelé quil sagissait dune demande récurrente des élus locaux.
Le Rapporteur général a estimé que le coût de cette mesure était trop élevé.
La Commission a rejeté cet amendement.
Article 30 : Taxe générale sur les activités polluantes :
La Commission a examiné trois amendements de suppression présentés par MM. Philippe Auberger, Pierre Méhaignerie et Marc Laffineur.
M. Philippe Auberger a déploré que cet article propose de détourner le produit des taxes jusquà présent perçues par lADEME vers le budget général. Rappelant le précédent de la réintégration, au sein de ce dernier, de la taxe additionnelle au droit de bail, il a observé que la subvention aujourdhui versée à lANAH, en remplacement de cette taxe qui abondait auparavant directement son budget, était désormais largement inférieure aux encaissements constatés. Il a craint, par ailleurs, que ce dispositif ne prépare, à lhorizon 2000, un véritable « hold-up » du ministère de lenvironnement sur les redevances des agences de bassin, dont le produit était de lordre de 10 milliards de francs. Il a jugé que rien ne garantissait que la renationalisation de ces taxes et redevances se traduirait par une efficacité accrue des politiques de lenvironnement.
M. Pierre Méhaignerie a estimé que la recentralisation proposée était pernicieuse, car elle mettait fin à un système efficace et décentralisé.
M. Marc Laffineur a jugé que les pouvoirs du ministre de lenvironnement ne seraient guère accrus, dans la mesure où celui chargé du budget détiendra désormais la maîtrise de la recette.
M. François Loos, rappelant que la meilleure façon de lutter contre la pollution consistait à privilégier des objectifs locaux de qualité, a estimé que la mesure proposée reviendrait en fait à instaurer un système de « droit à polluer », sans lien avec létat réel de la pollution constatée localement et sans effet incitatif sur les entreprises.
M. Charles de Courson a jugé que cet article traduisait lirritation des services du ministère de lenvironnement face à lindépendance de gestion de lADEME et surtout de certaines agences de bassin. Il a considéré que cette solution recentralisatrice ne serait pas efficace.
M. Jean-Pierre Brard, tout en estimant que larticle 30 avait bien un but incitatif et nallouait en aucun cas des droits à polluer, sest inquiété de la pérennité des budgets affectés à la protection de lenvironnement. Il est également étonné de certains propos tenus par des orateurs précédents, rappelant, à titre dexemple, limportance de la pollution dans la vallée de la Maurienne.
M. Yves Cochet, évoquant limportance des politiques de lenvironnement, qui ont des conséquences aussi bien sur léconomie que sur la santé publique, a estimé nécessaire déviter leur éparpillement au sein dagences diverses. Il a défendu le bien-fondé des « pollutaxes », fondées sur le principe pollueur-payeur. Il a jugé que deux autres taxes pourraient, à terme, entrer dans le champ de la taxe générale sur les activités polluantes, à savoir, effectivement, les redevances affectées aux agences de leau, ainsi quune future taxe européenne sur lénergie nucléaire. Il a affirmé que les sommes dégagées pourraient également permettre dobtenir un « double dividende », le premier sur le plan environnemental, le second sur le terrain de lemploi, en finançant une baisse des charges sur les bas salaires.
M. Marc Laffineur a souhaité répondre à M. Jean-Pierre Brard que la pollution dans la vallée de la Maurienne nétait en rien comparable à ce que lon peut constater aujourdhui dans certains pays de lex-camp soviétique.
M. Gilbert Gantier sest également étonné du manque de courtoisie de M. Jean-Pierre Brard, contraire aux habitudes de la Commission.
Le Rapporteur général a observé que cet article permettait au pouvoir politique de réaffirmer ses prérogatives en matière de définition des priorités et dattribution des dotations budgétaires. Il a jugé paradoxal que lADEME pût disposer dun budget supérieur à celui du ministère de lenvironnement. Il a donc considéré que la réforme proposée permettrait à la fois de renforcer les compétences du ministère de lenvironnement, daméliorer lefficacité de la gestion des recettes ainsi collectées et dassurer une répartition plus efficiente des dotations entre les différentes politiques menées dans le domaine de lenvironnement, et ce, sans pénaliser pour autant lADEME, qui a reçu, de la part du Gouvernement, des engagements précis quant à la poursuite de ses actions.
La Commission a rejeté ces trois amendements.
Elle a ensuite adopté deux amendements de précision et un amendement rédactionnel présentés par le Rapporteur général.
Puis elle a rejeté un amendement rédactionnel présenté par M. Christian Cuvilliez, et a adopté un nouvel amendement rédactionnel présenté par le Rapporteur général, et larticle 30 ainsi modifié.
Après larticle 30 :
La Commission a examiné un amendement présenté par M. Yves Cochet, visant à étendre aux véhicules fonctionnant en bicarburation les dispositions favorables, en matière damortissement, applicables aux véhicules fonctionnant exclusivement au GPL ou au GNV.
Après que le Rapporteur général eut indiqué quun tel dispositif figurait déjà à larticle 31 du projet de loi de finances, M. Yves Cochet a retiré cet amendement.
La Commission a ensuite examiné un amendement de M. Yves Cochet, tendant à créer une taxe sur les engrais due par les producteurs et les importateurs.
M. Yves Cochet a constaté que, par tradition, la profession agricole bénéficiait de dispositions fiscales très favorables, alors même que lagriculture productiviste avait causé dimportants dégâts en matière demploi et de pollution. Il a donc estimé nécessaire de soumettre progressivement ce type dagriculture au droit commun. Il a déclaré que la taxe proposée dégagerait un produit très faible, mais quelle contribuerait à la protection de lenvironnement et de la santé. A cet égard, il a rappelé que la moitié des communes de Bretagne ne disposaient pas de leau potable au robinet.
M. Pierre Méhaignerie a observé quil avait toujours milité pour une agriculture autonome des facteurs de production importés, mais il a jugé que la solution proposée par lamendement devrait être examinée dici deux à trois ans.
Le Rapporteur général a rappelé que le rapport dinformation de Mme Nicole Bricq sur la fiscalité écologique contenait une proposition similaire, qui mériterait cependant une étude approfondie, afin de mesurer exactement son impact.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement de M. Jean-Pierre Brard, tendant à augmenter le droit de timbre annuel du permis de chasser.
M. Jean-Pierre Brard a jugé anormal que les astreintes, que la Cour de justice des communautés européennes ne manquera probablement pas dimposer à la France à la suite de ladoption de la loi du 3 juillet 1998 relative aux dates douverture et de clôture de la chasse des oiseaux migrateurs, soient supportées, notamment, par les personnes hostiles à cette activité. Il a donc considéré quil convenait détablir un principe « tueurs-payeurs », par parallélisme avec le principe « pollueurs-payeurs ».
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement de M. Yves Cochet, tendant à la création dune taxe sur « lartificialisation des sols ».
M. Yves Cochet a expliqué que cette taxe avait pour objectif de limiter la vente des terrains à bâtir en périphérie urbaine.
Le Rapporteur général a considéré que cet amendement était intéressant, mais mériterait dêtre approfondi. Il sest demandé si la fiscalité était bien le meilleur instrument dans ce domaine.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement de M. Yves Cochet proposant détendre le champ de la taxe unique et de la redevance annuelle sur les installations classées aux exploitations agricoles possédant des installations classées.
M. Yves Cochet a fait valoir que les élevages hors sol constituaient, en fait, des exploitations industrielles, méritant, à ce titre, dêtre soumises à la législation sur les installations classées. Il a toutefois retiré son amendement.
La Commission a ensuite examiné un second amendement de M. Yves Cochet, visant à actualiser les tarifs de ces taxes sur les installations classées.
M. Yves Cochet a jugé que cette actualisation était nécessaire pour couvrir laugmentation des coûts administratifs liés au contrôle de ces installations.
Mme Nicole Bricq sest interrogée sur lintérêt de cet amendement, puisque les installations agricoles ne constituent précisément pas des installations classées.
M. Michel Bouvard a jugé que ces amendements auraient mérité une discussion dans le cadre du projet de loi dorientation agricole, actuellement examiné par lAssemblée nationale.
Après que le Rapporteur général eut estimé nécessaire un réexamen de cet amendement, M. Yves Cochet a accepté de le retirer.
Article 31 : Amortissement exceptionnel des véhicules fonctionnant en bicarburation et des accumulateurs nécessaires à leur fonctionnement :
La Commission a examiné un amendement du Rapporteur général, proposant de modifier la rédaction de cet article et de proroger la validité du régime damortissement exceptionnel sur douze mois, jusquau 1er janvier 2003.
La Commission a adopté cet amendement et larticle 31 ainsi rédigé.
Après larticle 31 :
La Commission a examiné un amendement présenté par Mme Nicole Bricq, prévoyant dexonérer les véhicules fonctionnant en bicarburation de la moitié du montant de la taxe sur les véhicules de société.
Mme Nicole Bricq a jugé cette disposition nécessaire, dans la mesure où la bicarburation devrait connaître un important développement dans les villes.
Le Rapporteur général sest déclaré favorable à cet amendement, sous réserve dun sous-amendement rédactionnel. En réponse à une question de M. Marc Laffineur, il a précisé que cette disposition visait environ 40% des 30.000 véhicules immatriculés fonctionnant en bicarburation.
La Commission a adopté cet amendement ainsi sous-amendé.
La Commission a ensuite examiné un amendement du Rapporteur général, visant à avancer la date dapplication de la suppression de la taxe sur les briquets et allumettes à compter du 1er octobre 1998.
Le Rapporteur général a, en effet, fait valoir que lannonce de cette suppression sétait traduite par des phénomènes de reports dachat au 1er janvier 1999, date prévue pour la suppression de la taxe précitée, ce qui posait des problèmes pour les fabricants et importateurs des produits concernés.
A M. Charles de Courson qui voulait savoir si cette question se posait pour dautres impôts, le Rapporteur général a répondu par la négative.
La Commission a adopté cet amendement.
La Commission a adopté larticle 32 ainsi modifié.
Elle a ensuite examiné un amendement de M. Marc Laffineur, tendant à exonérer les étudiants de droits dinscription aux examens et concours administratifs à compter du 1er janvier 1999.
M. Marc Laffineur a fait valoir que cette mesure serait peu coûteuse la perte de recettes pour lEtat étant évaluée à 4 millions de francs , tout en servant les intérêts des étudiants.
Le Rapporteur général a fait valoir quà sa connaissance, les concours administratifs ne donnaient plus lieu à des droits dinscription.
La Commission a rejeté cet amendement.
La Commission a ensuite examiné un amendement de M. Marc Laffineur, tendant à supprimer limposition forfaitaire annuelle pesant sur les sociétés.
M. Marc Laffineur a fait observer que cette imposition pénalisait les entreprises en difficulté, tout en abondant relativement peu le budget de lEtat.
Le Rapporteur général a proposé de ne pas retenir cet amendement, en raison de son incidence budgétaire, évaluée entre 2 à 3 milliards de francs.
La Commission a rejeté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement présenté par M. Christian Cuvilliez, tendant à supprimer la taxe sur les surloyers.
Après intervention de M. Christian Cuvilliez, le Rapporteur général a admis que cette taxe avait pu soulever, dans le passé, des difficultés. Mais il a rappelé que ladoption de la loi contre lexclusion avait permis de favoriser la mixité de lhabitat, répondant ainsi aux problèmes précédemment soulevés. Il a émis un avis défavorable à lencontre de cet amendement.
La Commission a rejeté cet amendement.
Article 33 : Suppression de la taxe perçue au profit du budget annexe des prestations sociales agricoles :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 34 : Suppression du prélèvement sur les bénéfices des entreprises exploitant des gisements dhydrocarbures :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 35 : Suppression de la taxe perçue pour toute demande dautorisation administrative dexploitation deau minérale naturelle :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 36 : Prélèvement exceptionnel sur les caisses dépargne :
La Commission a examiné deux amendements, présentés respectivement par MM. Philippe Auberger et Marc Laffineur, tendant à supprimer le prélèvement de 5 milliards de francs opéré par lEtat sur les caisses dépargne.
M. Yves Deniaud sest élevé contre ce prélèvement, faisant valoir quil remettrait en cause les fonds propres des caisses dépargne, alors même que notre système bancaire était confronté aux effets de la crise financière internationale. Il sest également inquiété des projets de Mme Martine Aubry, ministre de lemploi et de la solidarité, dopérer un prélèvement, à hauteur de 20 milliards de francs, sur ces mêmes fonds propres, afin de créer un fonds de soutien au régime général de retraite. Il a condamné avec fermeté une démarche consistant à réduire ainsi ces fonds propres, alors que ceux-ci pourraient utilement conforter le développement de cette institution financière.
Il a enfin souligné le caractère, pour le moins prématuré, dun prélèvement de 5 milliards de francs, alors même que la réforme densemble du statut des caisses dépargne ne doit intervenir quen 1999.
Assimilant le prélèvement opéré par lEtat sur les fonds propres des caisses dépargne à une véritable « main mise », M. Marc Laffineur a fait part de son opposition à une telle démarche, qui, certes, permettrait de réduire le déficit budgétaire, mais ne réglerait nullement le problème du financement des retraites du régime général, contrairement aux déclarations faites en ce sens par le Premier ministre. Il a jugé que cette question appelait, eu égard à son importance, une étude approfondie.
M. Jean-Pierre Brard a fait valoir que la mesure envisagée participait de la volonté du Gouvernement de restructurer « par petits bouts » notre système de caisses dépargne et déluder ainsi le débat avec la représentation nationale sur lavenir de notre système bancaire et financier. Il a déploré cette démarche, soulignant quelle allait à lencontre des efforts menés depuis bientôt un an, notamment dans les matières relevant du droit du travail, pour associer, en amont, les parlementaires à lélaborationdes textes. A défaut dun vrai débat sur lavenir de notre système financier et bancaire, il a jugé impossible daccepter des mesures partielles, telles que le prélèvement de 5 milliards de francs, qui, insidieusement, remettent en cause certains leviers de mise en oeuvre de la politique économique du Gouvernement et engagent ainsi lavenir du pays.
M. Yves Cochet a souhaité savoir comment lEtat entendait utiliser les 5 milliards de francs prélevés sur les caisses dépargne. Dans lhypothèse où ceux-ci seraient affectés à la politique de lemploi ou au relèvement des minima sociaux, il sest interrogé sur lopportunité dopérer des prélèvements similaires sur dautres établissements financiers.
Il sest également enquis des effets de ce prélèvement sur le ratio de solvabilité des caisses dépargne.
Se fondant sur les travaux quil avait précédemment menés en qualité de parlementaire en mission, M. Raymond Douyère a tout dabord fait valoir que le prélèvement exceptionnel de 5 milliards de francs opéré par lEtat ne remettrait pas en cause lassise financière du Fonds commun de réserve et de garantie, pas plus quil ne compromettrait son ration de solvabilité, qui, après prélèvement, sétablirait à 16%, soit le double du minimum réglementaire.
Il a par ailleurs relevé que les efforts consentis dans le passé par la Nation, à laquelle les caisses dépargne appartiennent, pour permettre à celles-ci daccroître leurs fonds propres et dabonder leurs fonds de garantie autorisaient désormais lEtat à obtenir une rétrocession.
Il a rappelé que, compte tenu de ces éléments, il avait, en son temps, recommandé au Gouvernement dopérer un prélèvement de 8 milliards de francs.
Il a toutefois reconnu que ce type de mesure ne faciliterait pas le règlement du problème soulevé par le régime de retraite des agents de caisse dépargne, lequel nécessiterait, à terme, un financement évalué à près de 40 milliards de francs.
Il a enfin souhaité que la représentation nationale engage un véritable débat sur ces différentes question, à loccasion de la présentation du projet de réforme du statut des caisses dépargne.
Qualifiant de véritable « hold-up » la ponction opérée par lEtat sur les fonds propres des caisses dépargne, M. Gilbert Gantier a fermement condamné cette mesure, faisant valoir quelle conduirait à affecter une épargne de long terme au financement des dépenses courantes de lEtat. Il a estimé que limportance des sommes gérées par les caisses dépargne, peut-être dailleurs trop élevées, appelait une révision du statut de ces institutions, et non pas le recours aux mesures envisagées par le Gouvernement.
M. Jean-Jacques Jégou a jugé que lEtat était fondé à opérer un prélèvement, lequel ne constituait que la rétrocession dune dotation exceptionnelle versée à ce réseau en 1984.
Il a toutefois fait valoir que cette démarche pouvait être critiquée en raison de son opacité, la représentation nationale nen ayant été que tardivement informée. Il a par ailleurs souligné que lavenir et la place, au sein de notre système financier, du réseau des caisses dépargne demeuraient largement incertains. Il sest, en particulier, inquiété de limpossibilité, pour ce réseau, de participer, grâce à limportance de ses fonds propres, au capital dautres institutions financières. Cest pourquoi il a souligné lurgence de légiférer au plus vite sur le statut des caisses dépargne.
Marquant son accord avec cette dernière remarque, M. Charles de Courson sest inquiété de la faible rentabilité du réseau des caisses dépargne, laquelle rendrait nécessaires de profondes restructurations internes, nécessitant de prélever sur les fonds propres les financements nécessaires. Il a donc déploré que lEtat se lance, avec ce prélèvement, dans une politique contraire aux intérêts du réseau des caisses dépargne.
Le Rapporteur général a souhaité dissocier le débat de fond sur la réforme du statut des caisses dépargne de la question du prélèvement que lEtat souhaitait opérer sur leurs fonds propres. Choqué par lutilisation du terme de « hold-up », il a justifié cette mesure par la volonté du Gouvernement de récupérer une dotation versée dans le passé à ce réseau et fait valoir que le choix avait été fait dune actualisation minimale de cette dotation, afin de ne pas pénaliser les caisses dépargne.
Afin de rassurer M. Yves Cochet, il a rappelé que le prélèvement envisagé naffecterait pas véritablement le ratio de solvabilité des caisses dépargne, lequel passerait, une fois le prélèvement opéré, de 16,8% à 16%, ce qui représenterait encore le double des ratios minimum de solvabilité imposés par la réglementation.
Il a, en conséquence, émis un avis défavorable sur les amendements proposés.
Evoquant les réflexions actuellement menées, au niveau gouvernemental, pour mobiliser des ressources de long terme au profit dinfrastructures non rentables à court terme, M. Michel Bouvard a estimé que la ponction opérée par lEtat nuirait à la capacité du réseau des caisses dépargne de contribuer à cet objectif. Il a donc souhaité que le Gouvernement donne réellement les moyens aux institutions compétentes daccompagner des projets de développement de long terme.
M. Jean-Jacques Jégou a déploré la volonté du Gouvernement de poursuivre les prélèvements opérés sur la Caisse des dépôts et consignations, afin de financer son déficit budgétaire. Il a précisé que, depuis 1982, c'étaient près de 400 milliards de francs qui avaient ainsi été transférés, alors que la loi imposait à la caisse de protéger lépargne des Français. Il a indiqué par ailleurs que ces ponctions avaient été opérées en labsence de toute indication sur leffet de levier de telles sommes et sur leur utilité pour le budget.
Marquant son accord avec les observations présentées par M. Michel Bouvard quant à limpact de ce type de mesure sur le financement des infrastructures de long terme, il a souhaité que cette question fasse lobjet dun débat.
Prenant acte des déclarations du Rapporteur général sur la compatibilité du prélèvement de 5 milliards de francs avec le maintien du ration prudentiel des caisses dépargne, M. Yves Deniaud a toutefois fait observer quà cette somme viendraient se rajouter, dune part, un prélèvement de 15 milliards de francs destiné à alimenter un fonds de garantie du régime général des retraites et, dautre part, le coût du financement des dépenses de retraite des agents des caisses dépargne, évaluées, sur la base dune simple garantie des droits acquis, entre 15 à 20 milliards de francs. Il a relevé que les fonds propres de ces caisses seraient réduits dautant, compromettant ainsi lavenir du statut du personnel, ainsi que la rentabilité dexploitation, donc lavenir, du réseau.
Après avoir rappelé les performances de la Caisse des dépôts et consignations, seul établissement de la place de Paris à bénéficier dune notation triple A, M. Jean-Pierre Balligand a soutenu lidée que ces performances pourraient davantage servir lintérêt public. Il a rappelé que les caisses dépargne se caractérisaient par une très forte liquidité de leurs fonds et estimé que ces ressources pourraient être utilement affectées à des investissements de long terme, tels que le financement de moyens de transports collectifs au sein des agglomérations. Il a souhaité que le Gouvernement présente des propositions en ce sens.
La Commission a rejeté les deux amendements de suppression, puis elle a adopté larticle 36 sans modification.
Article 37 : Dispositions relatives aux affectations :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 38 : Actualisation des taux de la taxe sur les huiles perçue au profit du BAPSA :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 39 : Versement dune contribution des organismes collecteurs du 1% logement :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 40 : Enveloppe normée des concours de lEtat aux collectivités territoriales :
La Commission a examiné, en discussion commune, trois amendements similaires de M. Gilles Carrez, M. Christian Cuvilliez et M. Pierre Méhaignerie, tendant à indexer lenveloppe normée des concours de lEtat aux collectivités locales sur la somme de lévolution des prix et de la moitié de la croissance du PIB à compter de lannée 1999, ainsi quun amendement du Rapporteur général tendant à porter la fraction de la croissance du PIB prise en compte de 15 à 25% pour lannée 1999, de 25 à 33% pour lannée 2000 et de 33 à 50% pour lannée 2001, et trois amendements similaires de MM. Michel Bouvard, Jean-Louis Idiart et Philippe Auberger.
M. Gilles Carrez a indiqué que son amendement répondait à une demande unanime du comité directeur de lAssociation des maires de France, comme du Comité des finances locales. Il a précisé que le taux dindexation de lenveloppe normée serait ainsi le même que celui de la DGF et sétablirait au niveau nécessaire pour éviter une réduction de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP).
Après les observations de M. Christian Cuvilliez, M. Charles de Courson a indiqué que seule ladoption de ces amendements permettrait de ne pas diminuer les dotations destinées aux groupements de communes. Il a rappelé que lon constatait actuellement certains cas daugmentation de la fiscalité intercommunale en réponse aux fortes réductions de la DGF versée aux structures de coopération correspondantes. Il a conclu quil était nécessaire de ne pas attendre 2001 et de procéder, dès 1999, à une indexation sur la moitié de la croissance.
Le Rapporteur général sest prononcé contre les amendements de MM. Gilles Carrez, Christian Cuvilliez et Pierre Méhaignerie, estimant trop coûteux le dispositif proposé. Il a fait valoir que ladoption de son amendement offrait une solution satisfaisante. Il a rappelé que le contrat de croissance et de solidarité constituait une avancée incontestable par rapport à lancien dispositif du pacte de stabilité institué par la loi de finances pour 1996.
Le Président Augustin Bonrepaux a relevé que lan dernier la baisse de la DCTP avait été atténuée, grâce à la décision du Gouvernement de neutraliser la régularisation négative de la DGF pour 1996, en abondant de 450 millions de francs la DCTP. Il a jugé que la solution proposée par lamendement du Rapporteur général semblait suffisante, avant de rappeler que lenveloppe normée évoluait sous le précédent Gouvernement dans un sens défavorable aux collectivités locales.
La Commission a rejeté les trois amendements de MM. Gilles Carrez, Christian Cuvilliez et M. Pierre Méhaignerie et a adopté lamendement du Rapporteur général portant les fractions du taux dévolution du PIB prises en compte pour lindexation de lenveloppe normée des dotations de lEtat à 25% en 1999, 33% en 2000 et 50% en 2001. Les trois amendements de MM. Michel Bouvard, Jean-Louis Idiart et Philippe Auberger ont été considérés comme satisfaits.
La Commission a ensuite examiné un amendement de M. Gilles Carrez, tendant à supprimer le dispositif de calcul de lenveloppe normée sur la base du montant « recalé » de la DGF.
M. Gilles Carrez a insisté sur le caractère technique de sa proposition et a rappelé que la prise en compte dune DGF « recalée » avait conduit à limiter la progression de la DGF durant trois années. Il a jugé nécessaire de mettre fin à cet inconvénient.
Le Rapporteur général a rappelé que le raisonnement sur lequel se fondait cet amendement nétait pas totalement cohérent, car il revenait à ne pas prendre en compte les évolutions réelles des indices retenus pour lindexation de la DGF, et il sest prononcé contre lamendement.
Après les observations de M. Charles de Courson, la Commission a rejeté cet amendement.
La Commission a ensuite adopté un amendement rédactionnel du Rapporteur général.
Puis, elle a examiné un amendement du Président Augustin Bonrepaux, tendant à réduire la baisse de la DCTP pour les collectivités les moins favorisées.
Le Président Augustin Bonrepaux a jugé nécessaire d'améliorer la situation des collectivités locales relevant du champ de cet amendement et a insisté sur le fait que les autres communes éligibles ne seraient pas pénalisées, puisquun effort supplémentaire serait demandé, par un autre amendement, à celles qui disposent des bases de taxe professionnelle les plus importantes.
M. Gilles Carrez a observé que cet amendement accroîtrait les effets prévus sur les communes ne bénéficiant pas de la modulation de la baisse de la DCTP. Il a jugé que limportance des sommes en cause méritait dêtre prise en compte.
La Commission a adopté cet amendement.
Elle a ensuite examiné un amendement présenté par le Rapporteur général, tendant à éviter toute diminution de la DCTP, à structure constante, pour les communes figurant dans la première catégorie des communes de plus de 10.000 habitants éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU), qui ressentiraient particulièrement une baisse de leur DCTP en raison de limportance de cette dernière dans leurs ressources.
M. Charles de Courson a demandé les raisons dune mesure qui visait seulement une partie des bénéficiaires de la DSU.
Le Président Augustin Bonrepaux a rappelé que les communes éligibles à la DSU pourraient être néanmoins pénalisées par les mesures proposées par le Gouvernement et quil convenait de limiter la baisse de leur DCTP, dautant que les dotations quelles recevront de lEtat diminueront, puisque lindexation de la dotation générale de décentralisation sur lévolution de la DGF, importante cette année, favoriserait surtout les départements et les régions.
M. Gilles Carrez sest interrogé, dans un souci déquité, sur les mesures prévues en faveur des communes rurales. Il a également insisté sur le cas des communes non éligibles à la DSU et dont la base de taxe professionnelle était très inférieure à la moyenne de leur strate démographique. Il a jugé que la recherche dune péréquation la plus équilibrée possible exigerait un grand nombre damendements.
Le Président Augustin Bonrepaux a rappelé que lesprit des amendements déposés était déviter la pénalisation des communes en difficulté et quune de ces mesures concernerait les bourgs-centres situés dans les zones de revitalisation rurale. Il a également indiqué quafin de ne pas pénaliser les autres communes, un effort serait demandé aux communes ayant de fortes bases de taxe professionnelle.
Cet amendement a été adopté.
La Commission a ensuite examiné un amendement de M. Michel Bouvard, tendant à appliquer également la modulation de la baisse de la DCTP au bénéfice des communes éligibles à la fraction bourg-centre de la dotation de solidarité rurale.
M. Michel Bouvard a considéré quil convenait de maintenir le parallèle entre les communes éligibles à la DSU et celles éligibles à la DSR.
Le Rapporteur général sest prononcé défavorablement, jugeant nécessaire de cibler davantage la mesure.
Cet amendement a été rejeté.
La Commission a ensuite adopté un amendement présenté par le Président Augustin Bonrepaux, visant à accentuer la baisse de la DCTP dans les communes les mieux dotées en bases de taxe professionnelle et prévoyant un élargissement du dispositif de modulation de la baisse de la DCTP aux bourgs-centres situés en zone de revitalisation rurale.
Puis elle a adopté larticle 40 ainsi modifié.
Article 41 : Majoration exceptionnelle de la dotation de solidarité urbaine (DSU) :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Article 42 : Évaluation du prélèvement opéré sur les recettes de lEtat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes :
La Commission a adopté cet article sans modification.
Elle a ensuite abordé l'examen des articles et amendements précédemment réservés.
Après larticle 19 :
La Commission a repris l'examen de l'amendement (précédemment réservé) de M. Christian Cuvilliez, assujettissant au taux réduit de TVA certains produits de chocolaterie et de confiserie de grande consommation.
Le Rapporteur général sest prononcé en faveur de cet amendement, jugeant quil relevait de lesprit des réductions ciblées de TVA, sous réserve quil soit gagé sur une augmentation des droits sur les tabacs et non pas une majoration du taux de limpôt sur les sociétés.
MM. Charles de Courson, Raymond Douyère, Jean-Louis Dumont et Gilbert Gantier ont observé que le dispositif de cet amendement, fort détaillé, ne concernait pas certains produits de chocolaterie, dont le bon sens voudrait peut-être quils bénéficient également du taux réduit de TVA.
M. Jean-Louis Dumont a insisté sur la nécessité dune réduction cohérente et généralisée de la TVA sur ces produits, laquelle semblait indispensable pour éviter les distorsions de concurrence entre certains produits fabriqués en France et ceux fabriqués à létranger.
M. Gilbert Gantier sest interrogé sur lintérêt dinclure les pâtes à mâcher, qui ne semblaient pas intéresser directement lindustrie française.
Le Rapporteur général a insisté sur la nécessité, dictée par des considérations financières, de procéder par étape pour résoudre les incohérences constatées en matière de taxation du chocolat.
M. Christian Cuvilliez a fait part de son accord sur la substitution de gage proposée par le Rapporteur général.
La Commission a adopté cet amendement.
Article 23 : Augmentation des taux de réduction de droits sur les donations :
La Commission a adopté un amendement (précédemment réservé) du Rapporteur général, proposant de supprimer, à titre exceptionnel et temporaire, pour la période allant du 7 octobre 1998 au 31 décembre 1999, toute limite dâge pour bénéficier de labattement de 50% sur les droits applicables aux donations, son auteur ayant insisté sur lintérêt de la disposition en matière de transmission dentreprises.
Article 24 : Moralisation des avantages liés à la transmission des patrimoines par le biais de lassurance-vie (précédemment réservé) :
La Commission a examiné deux amendements de suppression présentés par MM. Philippe Auberger et François dAubert.
M. Philippe Auberger a considéré que, même sil était juridiquement possible de revenir sur les avantages liés à la transmission du patrimoine par le biais de l'assurance-vie, les souscripteurs de tels contrats avaient été cependant influencés par la législation en vigueur. Il a noté que certains produits dassurance-vie avaient même été placés dans le public par des fonctionnaires de lEtat. Il a jugé que la véritable morale consistait à respecter la parole donnée.
M. Gilbert Gantier a estimé que lEtat avait pris un engagement juridique et moral, remarquant que les dispositions en question avaient été adoptées sous des majorités différentes. Il a considéré que, même si le Conseil constitutionnel admettait la rétroactivité en matière fiscale, il sagissait là dune atteinte au crédit de lEtat.
Le Rapporteur général a d'abord noté que ce texte poursuivait un but de justice. Il a rappelé que certains moyens doptimisation fiscale étaient désormais utilisés dans des conditions proches de lévasion fiscale et quune correction était indispensable pour respecter légalité lors de la transmission des patrimoines. Relevant que le dispositif proposé ne soulevait pas de difficulté au regard du principe de non-rétroactivité, il a cependant remarqué que sa rédaction n'était pas sans poser des problèmes de droit, sagissant notamment de légalité entre les contribuables. Il a indiqué quil étudiait une nouvelle rédaction de larticle, en concertation avec le Gouvernement, dans le respect des objectifs de justice qui avaient présidé à son élaboration.
M. Charles de Courson a concédé que larticle ne posait effectivement pas de problème en terme de rétroactivité, dun strict point de vue constitutionnel, mais a noté quil remettait en question la situation de personnes ayant souscrit un contrat de bonne foi dans un cadre bien défini. Il a jugé que ce type de mesure ne pouvait avoir deffet que pour lavenir et que lEtat ne shonorait pas en ne respectant pas ses engagements.
Le Rapporteur général a souhaité que les amendements de suppression, motivés par des considérations qu'il ne partageait pas, soient rejetés, mais a appelé la Commission à voter contre l'article, afin de bien marquer qu'elle ne remettait pas en cause les finalités du dispositif proposé.
La Commission a rejeté ces deux amendements.
Elle a ensuite rejeté :
un amendement de M. Philippe Auberger, soumettant aux droits de mutation par décès les sommes issues de contrats dassurance-vie supérieures à cinq fois la septième tranche du barème de limpôt sur le revenu ;
trois amendements identiques de MM. Philippe Auberger, François dAubert et Pierre Méhaignerie, proposant que la mesure ne sapplique que pour les contrats conclus à compter du 1er janvier 1999 ;
un amendement de M. Christian Cuvilliez, ayant pour objet de limiter à 500.000 francs le plafond de lexonération des droits de mutation à titre gratuit, dont bénéficient les contrats dassurance-vie ;
un amendement de M. Charles de Courson, portant à 1.000.000 francs par part le seuil au-delà duquel les sommes issues de lassurance-vie sont soumises aux droits de mutation ;
un amendement de M. Christian Cuvilliez, ayant pour objet de soumettre aux droits de mutation à titre gratuit les sommes issues de lassurance-vie pour leur fraction supérieure à 1 million de francs ;
un amendement de M. Michel Inchauspé, ayant pour objet de maintenir le régime actuel dexonération, quand les bénéficiaires des contrats dassurance-vie sont les petits-enfants des souscripteurs de ces contrats et si ceux-ci ont été souscrits avant ler septembre 1998.
La Commission a ensuite rejeté larticle 24.
Article 43 : Équilibre général du budget :
La Commission a examiné un amendement de M. Pierre Méhaignerie, ayant pour objet de réduire de 18,3 milliards de francs les dépenses du budget général et de diminuer dun montant identique le déficit.
M. Charles de Courson a indiqué qu'il s'agissait de limiter laugmentation des dépenses du budget général à 1,3%, soit à la seule hausse des prix, ce gel en francs constants des dépenses devant permettre de réaliser une économie substantielle. Il a indiqué quen cas dadoption de cet amendement, les économies correspondantes devraient être trouvées fascicule par fascicule dans le cadre de lexamen de la deuxième partie du projet de loi de finances.
Le Rapporteur général a jugé que cet amendement allait à lencontre des orientations politiques de la majorité. Il a rappelé que le présent projet de loi de finances organisait une maîtrise raisonnée des dépenses publiques, alors que les gouvernements précédents affichaient souvent, en loi de finances initiale, une rigueur qui nétait pas suivie deffets lors de lexécution. Evoquant les amendements de réduction de crédits adoptés par la précédente majorité lors du débat sur le projet de loi de finances pour 1996, il a rappelé que seuls 2 milliards de francs avaient pu, péniblement, être trouvés.
Le Président Augustin Bonrepaux a fait part de son scepticisme quant à leffet, sur léconomie et le niveau du déficit, des amendements de réduction de crédits votés il y a trois ans.
La Commission a rejeté cet amendement et a adopté larticle 43 sans modification.
Seconde délibération :
A la demande du Rapporteur général, la Commission a procédé à une seconde délibération de l'amendement portant article additionnel après larticle 22, précédemment adopté à l'initiative de M. Marc Laffineur, et ayant pour objet de soumettre au taux réduit de TVA les prestations liées aux activités sportives et à l'utilisation des équipements sportifs.
La Commission est revenue sur le vote positif précédemment émis sur cet amendement, qu'elle a donc rejeté.
Vote sur lensemble de la première partie :
Elle a ensuite adopté lensemble de la première partie du projet de loi de finances 1999 ainsi modifiée.
© Assemblée nationale
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