ASSEMBLÉE NATIONALE
COMMISSION des LOIS CONSTITUTIONNELLES,
de la LÉGISLATION et de
lADMINISTRATION GÉNÉRALE de la RÉPUBLIQUE
COMPTE RENDU N° 7
(Application de l'article 46 du Règlement)
Mercredi 28 octobre 1998
(Séance de 9 heures)
Présidence de M. Gérard Gouzes, vice-président,
puis de Mme Christine Lazerges, vice-présidente
SOMMAIRE
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Proposition de résolution tendant à créer une commission denquête visant à évaluer le coût, pour les comptes sociaux et les finances publiques, de la régularisation des étrangers liée à la circulaire du ministère de lIntérieur du 24 juin 1997 (n° 1037) (rapport) ....................................
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Projet de loi, adopté par le Sénat, portant diverses mesures relatives à la sécurité routière (n° 825) (rapport) ...........................................................................................................................
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Projet de loi de finances pour 1999 : Intérieur
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Avis : Police ...............................................................................................................................
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Sécurité civile ...................................................................................................................
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Informations relatives à la Commission
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La Commission a examiné, sur le rapport de M. Raymond Forni, la proposition de résolution tendant à créer une commission denquête visant à évaluer le coût, pour les comptes sociaux et les finances publiques, de la régularisation des étrangers liée à la circulaire du ministère de lIntérieur du 24 juin 1997 (n° 1037).
Rappelant, en préambule, que la commission des Lois avait déjà eu loccasion de se prononcer en novembre dernier sur une proposition de résolution tendant à la création dune commission denquête sur la circulaire du 24 juin 1997 et soulignant quune commission denquête sénatoriale chargée « de recueillir des informations » sur les régularisations opérées en application de ce texte avait remis son rapport le 2 juin dernier, M. Raymond Forni, rapporteur, a indiqué que la Commission devait examiner la recevabilité de cette nouvelle proposition de résolution avant de se prononcer sur son opportunité.
Considérant que les conditions de recevabilité étaient réunies sagissant de la détermination des faits susceptibles de donner lieu à enquête comme de labsence de poursuites judiciaires en cours, le rapporteur a souligné que la publication de la circulaire, prélude à ladoption dune législation plus juste et plus réaliste, répondait au souci de mettre un terme à des situations humainement inacceptables dans lesquelles des ressortissants étrangers ayant des liens réels avec la France ne pouvaient plus prétendre à une admission au séjour. Il a fait valoir que les implications financières éventuelles de ce geste politique fort étaient évidemment assumées par le Gouvernement et la majorité. Jugeant que la démarche des auteurs de la proposition de résolution participait de lexagération et de la simplification, il a précisé quau 30 septembre 1998, 77.250 demandeurs avaient fait lobjet dune admission au séjour, 63.417 dun rejet et 3.000 dossiers étaient encore en cours de traitement, et ajouté que 35.000 recours gracieux avaient été formés, ainsi que 30.000 recours hiérarchiques, les deux tiers et le quart dentre eux ayant respectivement été traités.
Sagissant des coûts induits par ces régularisations, il a fait observer que ceux-ci correspondaient, pour lessentiel, aux droits sociaux versés à des personnes qui ne pouvaient y prétendre auparavant en raison de lirrégularité de leur séjour et précisé quils pouvaient être estimés à environ 500 millions de francs, dont 190 au titre des prestations familiales, ce qui représente 0,08 % du total des prestations versées et 0,7 % de celles versés aux seuls ressortissant étrangers, 300 millions de francs au titre des dépenses dassurance maladie et 27 millions de francs pour le R.M.I. Il a ajouté que ces chiffres étaient des données brutes desquelles devaient être défalquées les prestations actuellement versées aux personnes en situation irrégulière en détresse et surtout les cotisations sociales quacquitteront désormais les titulaires dun titre de séjour, soulignant que cette observation avait déjà été faite par la commission denquête du Sénat.
En conclusion, le rapporteur a considéré quil ny avait de véritable sujet dinvestigation ni en ce qui concerne les comptes sociaux, ni sagissant des dépenses engagées par les collectivités locales pour les crèches, écoles ou autres équipements collectifs prestations ou installations dont laccès nest pas nécessairement lié à la régularité du séjour des bénéficiaires ou des parents dont lévaluation est pour le moins aléatoire. Il a enfin insisté sur le fait que lintérêt de lAssemblée nationale commandait que les demandes tendant à la constitution de commissions denquête ne soient acceptées que lorsquelles portent sur des sujets réellement dignes dinvestigations parlementaires, à linstar de celles concernant les tribunaux de commerce ou la situation en Corse.
Après avoir approuvé les conclusions du rapporteur, M. Louis Mermaz a ajouté quil y aurait plutôt lieu de sinquiéter du coût politique, moral et financier provoqué par la non régularisation de quelque 63.000 personnes. Il sest, en outre, ému de la situation des personnes poursuivant une grève de la faim depuis plusieurs semaines et aujourdhui accueillie dans la mairie de la commune socialiste de Limeil-Brévannes.
M. Gérard Gouzes, rappelant que lobjectif du Gouvernement et de la majorité avait été de mettre un terme à des situations humaines inacceptables, a estimé peu opportun de relancer un débat malsain sur limmigration.
Considérant quune politique de limmigration différente de celle mise en uvre par le Gouvernement était concevable, M. Pascal Clément a souligné que lopposition était évidemment dans son rôle en proposant la création dune commission denquête sur ce sujet.
M. Renaud Donnedieu de Vabres a estimé que le Parlement ne disposait pas dun instrument adapté pour contrôler laction de lexécutif dans la mise en uvre de la circulaire. Considérant que chaque membre de la Commission était en droit de connaître les conditions concrètes dapplication de ce texte, il a plaidé pour lorganisation dune journée dauditions au cours de laquelle pourraient être entendus les acteurs de terrains de cette politique, tels que des préfets ou des responsables de bureaux des étrangers.
M. René Guédon a jugé que les conditions de travail de la Commission ne pouvaient empêcher celle-ci de travailler sur un sujet de cette importance.
En réponse aux intervenants, M. Raymond Forni a souligné que les parlementaires disposaient déjà de multiples moyens pour obtenir des informations complètes sur la mise en uvre de cette circulaire, citant notamment les pouvoirs dinformations dont bénéficient les rapporteurs budgétaires. Jugeant quune commission denquête était une procédure totalement inadaptée en lespèce, il a insisté sur le fait que la multiplication de demandes injustifiées pouvait conduire à altérer la crédibilité de la procédure.
Suivant les conclusions de son rapporteur, la Commission a rejeté la proposition de résolution n° 1037.
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M. Renaud Donnedieu de Vabres a exprimé le souhait quà défaut dautres travaux préparatoires, la Commission procède à laudition de la Garde des Sceaux sur la proposition de loi relative au pacte civil de solidarité.
Le Président a fait valoir quelle avait déjà eu loccasion de sexprimer devant lAssemblée nationale, le 9 octobre dernier sur la précédente proposition de loi, qui sans être identique, portait sur le même sujet.
La Commission a examiné, sur le rapport de M. René Dosière, le projet de loi, adopté par le Sénat, portant diverses mesures relatives à la sécurité routière (n° 825).
Après avoir salué la présence de M. Jean-Pierre Baeumler, qui avait été rapporteur des précédents projets de loi relatifs à la sécurité routière au nom de la commission de la Production et des échanges, le rapporteur a rappelé que le présent projet de loi avait recueilli un accord assez large au Sénat. Il a indiqué que ce projet résultait de la préoccupation du Gouvernement daméliorer la sécurité routière, constatant que celle-ci ne progressait plus en France, alors que les résultats y sont parmi les plus mauvais de la Communauté européenne, après ceux de la Grèce et du Portugal. Il a précisé que la France enregistrait chaque année environ 8.000 décès consécutifs à des accidents de la route, soulignant que cette statistique serait plus proche de 9.000 décès si lon tenait compte des décès survenus plus de huit jours après les accidents, ces résultats étant trois fois plus élevés que ceux de la Suède et deux fois et demi que ceux du Royaume-Uni.
Il a indiqué que, pour obtenir de nouveaux progrès, le comité interministériel de sécurité routière du 27 novembre 1997 avait préconisé diverses mesures, dont le présent projet comprend le volet de nature législative, organisées autour de quatre grandes orientations, avec pour objectif de réduire par deux le nombre de morts dici à 2002.
Il a dabord observé quafin de sensibiliser et de former les conducteurs tout au long de leur vie, il était proposé dinstaurer un stage obligatoire de sensibilisation pour les conducteurs novices auteurs dinfractions graves et dassainir le fonctionnement des établissements denseignement de la conduite, en complément de diverses dispositions réglementaires. En deuxième lieu, il a souligné, que, pour assurer à lEtat de nouvelles formes daction en matière de sécurité routière, le projet de loi prévoyait de renforcer la répression contre les grands excès de vitesse qui concernent 3 à 4 % des conducteurs et correspondent à des dépassements de plus de 50 km/heure de la vitesse autorisée en qualifiant de délit toute récidive intervenant dans lannée, dinstituer un dépistage des stupéfiants en cas daccident mortel et dinstaurer le principe de responsabilité pécuniaire du propriétaire du véhicule pour améliorer lefficacité des contrôles automatiques de vitesse. Il a noté que le projet de loi ne comportait pas de dispositions destinées à améliorer la sécurité des infrastructures, puisquelles relèvent principalement du domaine réglementaire, annonçant toutefois son intention de déposer un amendement tendant à instaurer le principe dun contrôle de sécurité des infrastructures routières. Enfin, il a évoqué le quatrième objectif du comité interministériel de sécurité routière qui est dencourager les politiques locales en matière de sécurité.
Le rapporteur a indiqué à la Commission que le présent projet de loi avait fait lobjet dinterprétations divergentes, en particulier de la part des porte-parole des auto-écoles, dune part, et des associations de victimes daccidents de la route, dautre part, ces dernières lestimant insuffisant sévère. Enfin, il a exprimé le vu que le Gouvernement se dote de moyens financiers suffisants pour assurer une communication efficace en matière de sécurité routière, à lexemple de lEspagne dont les succès se sont appuyés sur un effort considérable de communication. Il sest demandé si les 38 millions de francs de crédits de communication prévus pour 1999 en matière de sécurité routière étaient à la hauteur de lenjeu.
Exprimant déjà ses doutes sur la justification de son application au stationnement des véhicules en infraction, M. Philippe Houillon sest inquiété de lextension du mécanisme de la responsabilité du fait dautrui aux excès de vitesse. Sinterrogeant sur la portée du second alinéa de larticle 4, qui affirme que la personne déclarée responsable pécuniairement nest pas responsable pénalement, il a estimé que cette disposition napportait rien au droit existant et serait une source de difficultés dans son application. Il a considéré que les automobilistes étaient harcelés par les forces de police et de gendarmerie et trop systématiquement soupçonnés dêtre en infraction. Insistant sur la nécessité de tout mettre en uvre pour réduire le nombre daccidents, il a suggéré que les constructeurs automobiles prennent les mesures nécessaires pour limiter la vitesse maximale des véhicules. Il a regretté quau nom dimpératifs économiques, les pouvoirs publics privilégient la répression plus sévère des excès de vitesse plutôt que dexiger de lindustrie automobile la fabrication de modèles moins puissants. Il sest dailleurs étonné à ce propos quaucun avocat nait encore attaqué un constructeur sur le terrain de la complicité pour fourniture de moyens servant à la commission dune infraction.
Insistant sur limportance de ce texte, M. Alain Tourret a considéré quil venait en discussion à un moment opportun, les statistiques des accidents de la route les plus récentes faisant ressortir une remontée des accidents mortels après la décélération observée ces dernières années. Se déclarant favorable au principe de lamende civile, il sest montré, en revanche, sceptique sur la création dun délit en cas de récidive de grand excès de vitesse, jugeant quil conviendrait de prendre en compte les circonstances de sa commission et notamment la configuration des lieux. Il a souligné, en effet, que les contrôles révélaient que 2 % seulement des automobilistes respectaient les limitations de vitesse. Il sest enfin inquiété du fait que le Japon fabrique des motos de 1.100 cm3, interdites à la circulation sur place et destinées à lexportation.
M. Jacques Floch a souhaité connaître le budget qui avait été alloué ces cinq dernières années à lélimination des points noirs sur les routes. Il sest par ailleurs demandé pour quelles raisons les dispositions relatives au dépistage systématique des stupéfiants, introduites à larticle 7, ne visaient pas également les médicaments.
Tout en convenant quil y avait quelque hypocrisie à limiter la vitesse tout en autorisant la fabrication de voitures puissantes, M. Dominique Bussereau a souligné que la difficulté dimposer aux constructeurs automobiles la fabrication de modèles moins rapides tenait à la part importante du marché de lexportation, lAllemagne, qui napplique pas de limitation de vitesse sur autoroute, constituant notre premier débouché. Considérant que cest en ville quil était le plus important de faire respecter les limitations de vitesse, il a regretté que les communes ne disposent pas de radars et indiqué quil déposerait, en deuxième lecture, un amendement au projet de loi sur les polices municipales pour leur permettre lusage de cinémomètres.
Estimant que la sécurité routière devait mobiliser toutes les énergies, M. Jean-Luc Warsmann a regretté toutefois que le projet de loi ne sinspire pas de lexpérience espagnole citée par le rapporteur et ne comporte aucun volet de communication et déducation à destination du public. Après avoir rappelé que le précédent Gouvernement avait déjà déposé un projet de loi sur le délit de grand excès de vitesse, il sest inquiété des conséquences de lédiction de sanctions financières élevées pour les personnes disposant de faibles revenus.
Rappelant quun projet sur la sécurité routière avait été déposé, non seulement par le précédent Gouvernement, mais également par son prédécesseur, M. Pascal Clément a estimé quil y avait quelque hypocrisie de la part du ministère de lEquipement à prendre de telles initiatives, alors quil faisait preuve de la plus grande inertie pour laménagement des points noirs sur le réseau routier. Il sest étonné que le Gouvernement et la majorité actuelle retiennent, pour le code de la route, le principe de la responsabilité du fait dautrui, quils avaient combattu autrefois dans le cadre de la discussion du projet de loi anti-casseurs.
Pour lutter contre les excès de vitesse, M. Jean-Antoine Léonetti a suggéré que les automobiles soient équipées dalarmes sonores qui se déclencheraient au-delà dun certain seuil de vitesse. Il sest, par ailleurs, interrogé sur le sort qui avait été réservé à une proposition du ministre de lEquipement tendant à immatriculer tous les véhicules à deux roues.
Soulignant que beaucoup daccidents se produisaient à 80 ou 100 km/heure dans des endroits où la vitesse maximale aurait dû être de 30 km/heure, M. Jacky Darne a exprimé la crainte que la limitation de la grande vitesse nait quun impact limité. Jugeant quune réflexion devait être engagée sur la signalisation, il a, par ailleurs, regretté que le texte ne contienne aucune disposition dordre éducatif et proposé que les auteurs dexcès de vitesse soient astreints, par exemple, à visiter un centre de soins pour les accidentés de la route. Il a demandé au rapporteur si le principe de la responsabilité du fait dautrui existait dans certains pays étrangers, notamment européens. Il a, enfin, plaidé pour que les polices municipales puissent contrôler les excès de vitesse à lintérieur des communes.
M. Jérôme Lambert a estimé que laugmentation des accidents, notamment mortels, nétaient pas sans lien avec la diminution des budgets dentretien des routes constatée ces dernières années. Soulignant que les amendes étaient plus pénalisantes pour les conducteurs ayant des revenus modestes, il a souhaité que laccent soit mis sur léducation plutôt que sur la répression.
M. François Colcombet a considéré que le projet de loi avait le mérite de dégager des solutions à un problème récurrent, tout en reconnaissant que des améliorations étaient encore possibles. Il a estimé quil ne fallait pas tout attendre des aménagements routiers, qui peuvent être source daccidents en donnant une fausse impression de sécurité aux conducteurs. Il a jugé quil était indispensable de prendre conscience des risques de la conduite sous lemprise de médicaments, dalcool ou de drogue. Enfin, dans la mesure où ce nouveau régime de responsabilité est encadré, il ne lui est pas apparu choquant que le propriétaire dun véhicule soit pécuniairement responsable des contraventions à la réglementation sur le stationnement, les vitesses maximales autorisées et les signalisations imposant larrêt, observant quil devrait dailleurs être possible, notamment pour les employeurs, de sassurer contre ce type de risques.
M. Louis Guédon a jugé anormal que soient placées sur le même plan lhypothèse où les épreuves de dépistage sont impossibles et celle où le conducteur refuse de les subir.
M. Gérard Gouzes a exprimé son malaise devant ce texte, tout en se déclarant conscient de la nécessité dapporter des solutions législatives à linsécurité routière et de la difficulté de trouver une réponse définitive à ce problème.
En réponse aux interventions des commissaires, le rapporteur a donné les précisions suivantes.
Il est incontestable que le nombre de morts par accidents de la route est anormalement élevé en France.
La lutte contre linsécurité routière dépasse le champ du projet de loi, qui na pas pour ambition de résoudre tous les problèmes mais dapporter un commencement de réponse.
Le projet ne venant en discussion en séance publique que le 15 décembre, il reste plusieurs semaines pour lui apporter des améliorations.
Toutes les mesures législatives prises pour lutter contre linsécurité routière, comme les limitations de vitesse ou le permis à points, ont dans un premier temps entraîné une nette décrue des accidents, suivie dune stagnation.
Limmatriculation des deux-roues relève dune disposition dordre réglementaire, que le Gouvernement sest engagé à prendre.
Il serait intéressant de connaître le montant des dépenses consacrées aux points noirs routiers.
Linformation sur les risques de la conduite sous lemprise de certains médicaments doit être développée.
Article premier (art. L 11-6 du code de la route) : Formation spécifique pour les conducteurs novices auteurs dinfractions :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur limitant lobligation de suivre un stage de sensibilisation aux accidents de la route aux auteurs dinfractions graves ayant entraîné le retrait, à elles seules, dau moins quatre points, après que son auteur eut indiqué à M. Jean-Luc Warsmann que tout conducteur infractionniste pouvait se soumettre volontairement à un tel stage, qui permet de récupérer des points. Puis elle a adopté un amendement du même auteur proposant que le stage obligatoire ne sajoute pas à lamende sanctionnant la dernière infraction commise, mais se substitue à celle-ci, M. René Dosière ayant fait valoir que le coût du stage était financièrement lourd pour un jeune qui, par définition, gagne peu ou pas dargent.
La Commission a alors été saisie dun amendement du rapporteur rendant obligatoire le stage de sensibilisation pour les conducteurs ayant commis une infraction donnant lieu à une perte dau moins quatre points et titulaires du permis de conduire depuis plus de trente ans. Considérant que le stage obligatoire était justifié pour les jeunes conducteurs par leur inexpérience, M. Jean-Luc Warsmann sest interrogé sur les motivations dune telle disposition pour les conducteurs expérimentés. Le rapporteur a, alors, fait valoir que ce stage permettrait de mettre à jour les connaissances de conducteurs ayant passé leur code depuis plus de trente ans. Après que Mme Christine Lazerges eut souligné quil était préférable de prévoir un dispositif totalement identique pour les jeunes conducteurs et ceux qui possèdent leur permis depuis plus de trente ans, le rapporteur a retiré son amendement et sest engagé à le redéposer pour la séance publique dans la forme souhaitée.
La Commission a ensuite adopté larticle premier ainsi modifié.
Avant larticle premier (précédemment réservé) :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur modifiant lintitulé de la section 1 par coordination avec les amendements adoptés à larticle premier.
Article 2 (art. L. 29 à L. 29-11 [nouveaux] du code de la route) : Enseignement de la conduite et de la sécurité routière :
Article L. 29-2 (nouveau) du code de la route : Retrait et suspension de lautorisation denseigner à titre onéreux :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur qui remplace, pour justifier la suspension de lautorisation denseigner, la mention de faits contraires à la probité et aux bonnes murs jugée imprécise, par une référence aux faits susceptibles de constituer une infraction interdisant lenseignement de la conduite automobile.
Article L. 29-5 (nouveau) du code de la route : Agrément pour lexploitation dun établissement denseignement :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur qui supprime les dispositions relatives à lagrément des associations uvrant dans le domaine de la sécurité routière, M. René Dosière ayant souligné quelles navaient pas leur place dans un chapitre du code de la route ne concernant que les établissements denseignement à titre onéreux et jugeant donc préférable de les reprendre sous forme dun article additionnel après larticle 2.
Article L. 29-7 (nouveau) du code de la route : Conditions requises pour lexploitation dun établissement denseignement :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur supprimant la référence à lexpérience de lenseignement de la conduite, après que son auteur eut fait valoir, que cette disposition était inutile puisque lexpérience devait être un des critères pour juger « laptitude professionnelle » des dirigeants des auto-écoles, selon les auteurs de cette disposition introduite au Sénat.
Article L. 29-9 du code de la route : Retrait et suspension de lagrément des établissements :
La Commission a adopté deux amendements du rapporteur : le premier supprime la notion de faits contraires à la probité et aux bonnes murs, par coordination avec ce qui a été fait à larticle L. 29-2, et le second déplace la référence à la décision de lautorité judiciaire trouvant mieux sa place après lalinéa qui mentionne des faits constitutifs dinfraction pénale.
Article L. 29-10 (nouveau) du code de la route : Sanctions en cas de non-respect des dispositions relatives à lagrément ou des mesures de suspension provisoire :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur précisant que les sanctions sappliquent également aux exploitants détablissements de formation des candidats à lexercice de la profession denseignants de la conduite qui ne respectent pas la procédure dagrément, avant dadopter un amendement rédactionnel du même auteur.
La Commission a adopté larticle 2 ainsi modifié.
Article additionnel après larticle 2 : Agrément des associations denseignement de la conduite et de la sécurité routière :
La Commission a adopté un amendement du rapporteur qui reprend, en y apportant quelques modifications rédactionnelles, le dispositif sur les associations dinsertion qui figurait à larticle 2.
Article 3 (art. L. 211-1 du code des assurances) : Définition des tiers pour lapplication de larticle L. 211-1 du code des assurances :
La Commission a adopté larticle 3 sans modification.
Article 4 (art. L. 21-1 du code de la route) : Responsabilité pécuniaire des propriétaires de véhicules :
La Commission a été saisie dun amendement de suppression de larticle de M. Dominique Bussereau. Celui-ci a considéré que le dispositif proposé était liberticide et ne résoudrait pas le problème de lapplication effective du code de la route, les contrôles étant insuffisants et les forces de police et de gendarmerie ne prenant pas les dispositions nécessaires pour arrêter les véhicules. M. Gérard Gouzes a rappelé que cet article proposait une simple extension, limitée à certains délits très précis, dun dispositif qui existe déjà pour les contraventions de stationnement. La Commission a alors rejeté cet amendement.
Présentant son amendement qui propose que la responsabilité pécuniaire du propriétaire ne soit pas automatique mais soit laissée à lappréciation du tribunal, M. Gérard Gouzes a considéré quil fallait aligner le droit routier sur le droit du travail qui prévoit une telle marge dappréciation du tribunal, ce qui permettrait de mieux protéger la présomption dinnocence. M. Alain Vidalies a souligné que cet amendement remettait en cause tout le dispositif actuel damendes forfaitaires et risquait de provoquer lencombrement des tribunaux. Appuyant les propos de M. Alain Vidalies, le rapporteur a fait valoir que cette disposition modifiait complètement la philosophie du texte et estimé quil était préférable de modifier les conditions dans lesquelles le propriétaire du véhicule peut sexonérer de sa responsabilité pécuniaire, comme le propose un de ses amendements. M. Jérôme Lambert a rappelé que le dispositif actuel permet déjà au propriétaire du véhicule de fournir des renseignements permettant didentifier lauteur de linfraction. La Commission a alors rejeté lamendement de M. Gérard Gouzes.
Elle a ensuite adopté un amendement de M. Gérard Gouzes substituant le terme de redevable à celui de responsable, avant de rejeter un amendement du même auteur précisant que la responsabilité pécuniaire ne fait pas obstacle à lapplication des peines au responsable pénal de linfraction, M. Jean-Luc Warsmann ayant souligné que ce principe allait de soi.
Puis la Commission a été saisie dun amendement du rapporteur remplaçant la référence à la fourniture de renseignements par le propriétaire du véhicule par la notion didentification de lauteur véritable de linfraction ; M. René Dosière a fait valoir quune telle modification permettrait déviter tout encouragement à la délation et présenterait lavantage dinciter les forces de police à rechercher lauteur véritable de linfraction et à ne pas se contenter de la responsabilité pécuniaire du propriétaire du véhicule. Après que M. Jean-Luc Warsmann eut souligné quune telle modification était purement formelle, la Commission a adopté cet amendement. M. Gérard Gouzes a alors retiré un amendement précisant que la responsabilité pécuniaire du propriétaire du véhicule nest pas engagée si lenquête fait apparaître que le propriétaire nest pas impliqué dans la conduite du véhicule, après avoir indiqué quil reprendrait ultérieurement cette idée sous forme dun sous-amendement à lamendement du rapporteur.
La Commission a adopté larticle 4 ainsi modifié.
Article 5 (art. L. 4-1 [nouveau] du code de la route) : Création dun délit en cas de récidive de dépassement de la vitesse autorisée égal ou supérieur à 50 km/heure :
Présentant son amendement de suppression de larticle, M. Jean-Luc Warsmann a rappelé quune telle disposition avait déjà été proposée sans succès par les gouvernements précédents et estimé que le niveau de répression atteint était déjà très élevé ; il a fait valoir que le délai dun an prévu par le texte pour lappréciation de la récidive était contestable et manquait de souplesse. M. Jérôme Lambert a considéré que ce dispositif de sanction de la récidive pouvait également être appliqué à toutes les infractions de nature contraventionnelle, ce qui conduirait à linflation répressive que connaît actuellement le droit routier. Le rapporteur a précisé que les précédents textes étaient différents, le grand excès de vitesse constituant alors un délit dès la première infraction. Il a rappelé quun tel comportement était actuellement sanctionné par une contravention dun montant maximum de 10.000 F mais quil nexistait pas de disposition réprimant la récidive. La Commission a alors rejeté lamendement de M. Jean-Luc Warsmann et adopté larticle 5 sans modification.
Article 6 (art. L. 11-1 du code de la route) : Réduction du nombre de points en cas de délit de récidive de grand excès de vitesse :
La Commission a adopté larticle 6 sans modification.
Article 7 (art. L. 3-1 [nouveau] du code de la route) : Dépistage systématique des stupéfiants en cas daccident mortel :
La Commission a été saisie dun amendement de M. Dominique Bussereau créant un délit spécifique de conduite sous lempire de produits stupéfiants puni des mêmes peines que pour la conduite sous lempire dun état alcoolique, soit deux ans demprisonnement et 30.000 F damende. Après avoir rappelé quenviron 15 % des conducteurs impliqués dans un accident mortel conduisaient sous linfluence de stupéfiants, M. Jacques Floch a souhaité que lon réfléchisse au problème des médicaments. Tout en reconnaissant que certains médicaments entraînaient une somnolence de lutilisateur, M. Jean-Antoine Léonetti a estimé que lon ne pouvait pas interdire de prendre de tels médicaments et considéré que cette question soulevait à la fois des problèmes de dosage et des interrogations en termes de liberté individuelle. La Commission a alors rejeté lamendement et adopté larticle 7 sans modification.
Article 8 (art. L. 14 du code de la route) : Suspension du permis de conduire :
La Commission a adopté larticle 8 sans modification.
Article 9 (nouveau) (art. 36 de la loi du 30 décembre 1982) : Licence de transport intérieur ou licence communautaire pour le transport routier de personnes :
La Commission a adopté deux amendements dharmonisation rédactionnelle du rapporteur avant dadopter larticle 9 ainsi modifié.
Articles 10 et 11 (nouveaux) (art. 3 de lordonnance du 23 décembre 1958 et L. 9-1 du code de la route) : Sanctions en cas dabsence de chronotachygraphe et de limitateur de vitesse :
La Commission a adopté les articles 10 et 11 sans modification.
Article additionnel après larticle 11 : Contrôle de la sécurité des infrastructures routières :
La Commission a examiné un amendement du rapporteur indiquant que la sécurité des infrastructures routières doit faire lobjet dun contrôle dans des conditions fixées par décret en Conseil dEtat. Après avoir souligné quune telle disposition risquait de susciter de fortes réserves de la part des services techniques, M. Jacques Floch a rappelé que les normes actuelles concernant certaines installations, comme les jeux denfants, étaient trop strictes et limitaient la marge de manuvre des acteurs locaux. Après que le rapporteur eut souligné que lamendement avait pour seul objectif de poser le problème du contrôle des infrastructures routières, la Commission la adopté.
Puis la Commission a adopté lensemble du projet de loi ainsi modifié, MM. Jean-Luc Warsmann, Jean-Antoine Léonetti, Dominique Bussereau et Jean-Pierre Michel ayant déclaré sabstenir.
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La Commission a procédé, sur le rapport de M. Louis Mermaz, à lexamen pour avis des crédits du ministère de lIntérieur pour 1999 : Police.
M. Louis Mermaz, rapporteur, a tout dabord constaté une montée de la petite et moyenne délinquance qui sexporte, par ailleurs, de plus en plus vers la périphérie des villes et le milieu rural. Il a rappelé que, pour répondre à ce phénomène, la France possédait un nombre record de policiers et de gendarmes rapportés à la population, soulignant que leurs effectifs étaient cependant répartis de manière très inégale. Il a ajouté que, si la question des moyens était évidemment importante, il sagissait également de modifier les états desprit. Il a ensuite évoqué les points positifs que présentait le budget du ministère de lIntérieur pour 1999. Il a tout dabord indiqué que le système de transmissions cryptées de la police, ACROPOL, serait développé à Paris, dans la petite couronne et en Corse. Il sest réjoui du recrutement de 7.600 adjoints de sécurité cette année, observant cependant quil était en partie compensé par la baisse du nombre des appelés affectés à la police nationale, ajoutant que ces adjoints ne sauraient se substituer complètement à des policiers. Il a souhaité quun certain nombre daméliorations soient obtenues auprès du Gouvernement, notamment dans le cadre du collectif de fin dannée. Il a ainsi indiqué que, pour mener à bien les opérations de rénovation de commissariats, les crédits affectés à linvestissement immobilier devraient être augmentés de 110 millions de francs. Il a ajouté que, pour améliorer le parc automobile, les crédits de fonctionnement devraient bénéficier de 100 millions de francs supplémentaires. Ensuite, il a estimé que des efforts devaient être menés pour augmenter les indemnités des officiers de police et des gardiens de la paix, ce qui correspond à une dotation complémentaire de lordre de 110 millions de francs. Enfin, il a noté que la mise en place du système dinterception sur le réseau des téléphones mobiles coûterait environ 60 millions de francs et que les mesures daccompagnement du redéploiement police-gendarmerie représentaient une enveloppe complémentaire de 100 millions de francs. Pour conclure, il a constaté que lon se trouvait seulement au début dun changement détat desprit et quil était nécessaire, dans les commissariats, dêtre plus à lécoute des victimes et dassurer un meilleur suivi des plaintes.
M. Dominique Bussereau a fait part de ses inquiétudes à propos des contrats locaux de sécurité et a souhaité que soit établi rapidement un bilan de cette opération. Il sest ensuite étonné que les adjoints de sécurité se voient confier des armes alors que leur formation demeure insuffisante. Il a enfin considéré que, dans le cadre de la suppression des commissariats de police, les élus navaient pas été correctement traités, le Gouvernement parlant de concertation alors que la réforme était déjà très avancée, regrettant que les élus soient, en quelque sorte, placés devant le fait accompli. A titre incident, il a déploré que le ministre de lIntérieur par intérim ne soit pas venu présenter son budget devant la commission des Lois.
Jugeant le budget du ministère de lIntérieur extrêmement décevant, M. Jean-Luc Warsmann a rappelé que la part de ce budget par rapport au produit intérieur brut atteignait son niveau le plus bas depuis 1991, ajoutant que les dépenses de fonctionnement par agent étaient en baisse de 3,6 %. Notant que la préparation des adjoints de sécurité à leurs missions était un point particulièrement important, il a regretté que les dépenses de formation connaissent une chute de 4,68 %. Il a estimé que le recrutement de ces adjoints de sécurité ne suffisait pas à compenser le départ de 8.000 policiers auxiliaires à moyen terme. Il a indiqué, par ailleurs, que la suppression de postes de policiers et de gendarmes était mal vécue, dautant plus que les élus navaient pas été véritablement entendus sur cette question. Il a ainsi regretté que, à la fin du mois daoût dernier, le ministre de la Défense ait donné instruction aux commandants de légions de gendarmerie de fermer certaines brigades avec la consigne de ne pas en parler aux élus. Il a jugé quau total, ce budget nétait pas à la hauteur de la situation alors que la délinquance ne cesse de sétendre.
Mme Christine Lazerges a appelé ses collègues à manipuler avec précaution les statistiques, surtout pour ce qui concerne la question de la délinquance. Elle a ensuite rappelé que cest la commission des Lois qui avait décidé de ne pas entendre le ministre de lIntérieur par intérim et non pas celui-ci qui avait refusé de sexpliquer sur son budget.
M. Jean-Antoine Léonetti a noté que lanalyse du budget du ministère de lIntérieur faite par le rapporteur pourrait recueillir lassentiment de tout député de lopposition. Jugeant ce budget critiquable du fait de ses insuffisances, il sest déclaré étonné que la majorité plurielle puisse proclamer que la sécurité était une valeur de gauche.
M. Jacques Floch a tout dabord indiqué quil existait des maires, dont il était, qui avaient accepté que des postes de police ou de gendarmerie soient fermés. Exprimant son accord avec le rapporteur, il a estimé que ce budget soulevait des difficultés qui justifieraient des suppléments dinformations et de moyens.
Il a par ailleurs indiqué que M. Jacques Brunhes, retenu par la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif au mode délection des conseils régionaux, lui avait demandé de faire connaître à la Commission que le groupe communiste napprouverait pas, en létat, le budget de la police quil jugeait mauvais, parce quil ne permettrait ni de moderniser les forces de sécurité, ni de rénover le parc des commissariats, ni de répondre aux attentes des syndicats, tandis que le problème de lencadrement des adjoints de sécurité restait posé.
M. Alain Vidalies a précisé que le droit à la sécurité était bien une valeur de gauche et quil ne devait pas être confondu avec lidéologie sécuritaire. Il a considéré que le budget présenté par le ministre de lIntérieur pouvait être approuvé avec la mention « peut mieux faire ». Il a jugé que le ratio policier par habitant était plutôt favorable, admettant cependant que la question des moyens telle quelle a été posée par le rapporteur méritait dêtre examinée avec attention et souhaitant que des réponses positives soient apportées à ces interrogations. A propos de la réorganisation des forces de police et de gendarmerie, il a indiqué que la concertation était ouverte, les élus pouvant sexprimer non seulement sur la carte du redéploiement mais également sur le principe même de celui-ci, comme la fait savoir très clairement le Premier ministre. Il a insisté sur la complexité de ces questions au regard en particulier des enjeux liés à laménagement du territoire. Il a approuvé ensuite le budget présenté par le ministre de lIntérieur ainsi que les propositions complémentaires faites par le rapporteur.
En réponse aux intervenants, le rapporteur a apporté les précisons suivantes.
La hausse apparente des dotations pour 1999, qui résulte largement de limpact de mesures acquises, ne doit pas dissimuler les lacunes ; à cet égard, il appartient aux parlementaires de la majorité de les mettre en exergue et, tout en lapprouvant, de faire en sorte que le projet de budget soit amélioré par le Gouvernement.
Les Contrats locaux de sécurité sont des instruments utiles mais ils nempêchent pas de recruter des policiers titulaires.
Labsence de gestion prévisionnelle du corps des gardiens et gradés est préoccupante au moment où lon va assister à de très importants départs en retraites ; de ce point de vue, les effectifs dadjoints de sécurité vont constituer une pépinière pour les recrutements importants qui devront être organisés dans les années à venir, mais il faudra veiller attentivement à la formation que ces derniers recevront.
Sagissant de la répartition entre police et gendarmerie, il est incontestable que la concertation initiale a été menée dans de mauvaises conditions, aussi doit-on souhaiter que celle qui vient dêtre engagée puisse effectivement associer lensemble des parties concernées et, en particulier, les parlementaires et les élus locaux.
Au-delà dune approche purement quantitative, laccent doit être mis sur lamélioration continue de la qualité du service rendu par la police nationale, et notamment sur lévolution de létat desprit dans cette administration.
Conformément aux conclusions du rapporteur pour avis, la Commission a émis un avis favorable à ladoption des crédits du ministère de lIntérieur pour 1999 : police.
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La Commission a ensuite procédé, sur le rapport de M. Jean-Antoine Léonetti, à lexamen des crédits du ministère de lIntérieur pour 1999 : Sécurité civile.
M. Jean-Antoine Léonetti, rapporteur pour avis des crédits de la sécurité civile, a rappelé la place modeste occupée par les crédits de la sécurité civile, 1.220 milliards de francs et 1 % des effectifs, au sein du budget du ministère de lintérieur. Il a indiqué que laugmentation de 9,7 % de ces crédits tenait en fait à la reconduction des moyens et au remplacement des appelés par des professionnels lié à la réforme des armées. Il a regretté que la progression trop faible des moyens des services opérationnels ne permette pas le renouvellement de certains matériels des unités militaires et sest inquiété des difficultés de mise au point technique des Canadair. Il a constaté que la subvention à lInstitut national détudes de la sécurité civile diminuait de 300.000 F, ajoutant que les subventions allouées aux services dincendie et de secours diminuaient de près de 50 % en raison de la non-reconduction de crédits dorigine parlementaire. Mais surtout, il a déploré la modestie de ce budget au regard des sommes colossales engagées par les collectivités locales pour la mise en uvre de la réforme des services dincendie et de secours. Il a souligné que les interventions des personnels de la sécurité civile avaient été multipliées par trois en vingt ans, tout en étant de plus en plus diversifiées en raison de la part croissante des risques technologiques et des secours aux victimes daccidents. Par ailleurs, il a constaté que les employeurs hésitaient de plus en plus à embaucher des pompiers volontaires et que la négociation des statuts et indemnités applicables aux professionnels associée au manque de moyens mettaient les services départementaux dans une situation très difficile. Cest pourquoi il a regretté que le budget de la sécurité civile se contente de maintenir les capacités dintervention sans quune réflexion densemble soit conduite sur les conséquences matérielles et financières de la mutation des services dincendie et de secours et sur les missions que lEtat devrait assumer conjointement avec les collectivités locales. Considérant que les collectivités locales supportaient la charge croissante dun service sur lequel elles avaient de moins en moins de pouvoir de décision, il a proposé à la Commission de donner un avis défavorable à ladoption des crédits de la sécurité civile inscrits au projet de loi de finances pour 1999.
Après avoir indiqué que son groupe ne voterait pas les crédits de la sécurité civile, M. Jean-Luc Warsmann a insisté sur la nécessité de refonder les principes dorganisation des services dincendie, la réforme fondatrice de 1996 ayant eu pour conséquence une mobilisation financière colossale pour les communes et les conseils généraux. Il a indiqué quil nétait pas rare quun pompier consacre une à deux semaines par an à sa formation en raison des demandes de plus en plus nombreuses et de plus en plus variées auxquelles doivent répondre les services de secours.
M. Jacques Floch a estimé que les difficultés rencontrées par les services dincendie et de secours ne tenaient pas tant à la faiblesse du budget, si ce nest pour le renouvellement dappareils défectueux, quaux lacunes de la loi de 1996 qui nétait pas allée jusquau bout de la logique de départementalisation, laissant à la charge des communes des dépenses souvent considérables résultant de décisions prises au niveau départemental. Il a estimé inéluctable une évolution vers une semi-professionnalisation, voire une professionnalisation des cadres et une réforme de la loi sur les services départementaux dincendie et de secours, la réflexion devant être engagée dans les meilleurs délais.
En réponse aux commissaires, le rapporteur a apporté les précisions suivantes.
Il nest pas admissible que lEtat ne prenne pas en charge les risques dépassant léchelle des collectivités locales, tels que de grandes catastrophes climatiques ou des attentats terroristes, la diversification des risques nécessitant une prise en charge conjointe.
Il serait souhaitable dassurer la même formation à tous les personnels de sécurité, volontaires ou professionnels, tout en réfléchissant au fait que certains volontaires sont devenus, de fait, des professionnels en raison, notamment, de leur défraiement.
La dérive financière observée depuis la réforme de 1996 tient en partie à la position technique hégémonique de certains responsables des sapeurs-pompiers, qui sont parfois en situation dimposer des matériels un peu disproportionnés par rapport aux moyens et aux risques. Une réflexion simpose, en liaison avec les préfets chargés darrêter les schémas départementaux danalyse et de couverture des risques, sur la répartition de la prise en charge des moyens opérationnels.
Une réflexion sur les transferts de charge de lEtat devient également indispensable dès lors que, dans certaines zones urbaines, les pompiers sont appelés à assurer les missions autrefois dévolues au S.A.M.U. et au S.M.U.R.
Il ne serait pas anormal que le secteur privé prenne en charge le coût de la « sécurisation » des bâtiments assurée par les personnels des services dincendie et de sécurité.
Contrairement aux conclusions du rapporteur pour avis, la Commission a émis un avis favorable à ladoption des crédits du ministère de lIntérieur pour 1999 : sécurité civile.
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Informations relatives à la Commission

La Commission a procédé à la nomination de rapporteurs. Ont été désignés :
M. Christian Paul, pour la proposition de résolution sur la proposition de directive du Parlement européen du Conseil sur lharmonisation de certains aspects du droit dauteur et des droits voisins dans la société de linformation (COM [97] 628 final/E 1011 (n° 1109) ;
Mme Claudine Ledoux, pour la proposition de loi instituant un médiateur des enfants (n° 1144) et sur la proposition de loi organique relative à linéligibilité du médiateur des enfants (n° 1145) ;
M. Jean-Luc Warsmann, pour la proposition de loi organique modifiant lordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances.
La Commission a ensuite procédé à la nomination de M. Didier Quentin pour siéger au sein de lOffice parlementaire dévaluation des politiques publiques.
La Commission a enfin procédé à la désignation de candidats à la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif au mode délection des conseillers régionaux et des conseillers à lAssemblée de Corse et au fonctionnement des conseils régionaux. Ont été désignés :
· Membres titulaires :
Mme Catherine Tasca, MM. Gérard Gouzes, René Dosière, Mme Michèle Alliot-Marie, MM. Renaud DONNEDIEU de VABRES, Jacques BRUNHES et Alain TOURRET.
· Membres suppléants :
MM. Christian Paul, Arnaud Montebourg, André Vallini, Jacques Floch, Mme Nicole Feidt, MM. Christian ESTROSI et Pascal CLÉMENT.
fpfp
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